Je m'étais levé assez tôt après une bonne nuit passée à finir mes planches pour le prochain tome de ma série. Autant le dire franchement, je n'avais dormi que 5h. Mais je ne me sentais pas si fatigué que ça. Au contraire, j'étais même gonflé à bloc ! Aujourd'hui j'avais un fanmeeting et donc une belle journée à passer en compagnie de mes fans. Je pouvais même en profiter pour finir mes planches !

En me voyant dans la glace, de nouveau je trouvais que je faisais peur avec de telles cernes. Alors je cachais le tout avec une belle couche de maquillage. J'en mettais rarement, mais là... non vraiment je n'avais pas eu le choix. Je pris le temps de choisir la tenue la plus convenable et présentable qui soit et puis j'étais repassé dans la salle de bain pour arranger correctement mes cheveux.

Une fois toutes mes affaires de dessins prêtes, une fois aussi sûr de n'avoir rien oublié, je quittais mon logement et partais en direction du quartier de Chuo. J'arrivais bien en avance, de façon à pouvoir aider à l'installation du matériel et autre pour l'occasion. Dire que j'allais présenter en exclu certaines parties du prochain tome. J'en étais légèrement nerveux.

Une fois le tout bien installé, je n'avais plus qu'à attendre sagement l'arrivée de mes lecteurs.... Qui s'avèrent être plus des lectrices que des lecteurs. Mais qu'importe ! La journée dédicace et conférence allait être cool ! Très honnêtement je ne vois même pas pourquoi ça se passerait mal. Vraiment ! J'affichais même un grand sourire face à la petite foule qui avait pris le temps de se déplacer pour me rencontrer. Elle avait même fait preuve d'un très grand enthousiasme en voyant les premières planches du prochain volume en cours. Et puis la scéance des dédicaces commença.

Et sans me méfier, j'avais laisser mes planches, face cachée, sur la table juste à côté de moi, laissant mes lecteurs et lectrices s'approcher de moi, me serrer la main et me donner leur manga à signer. J'étais vraiment gêné de recevoir autant de petits mots gentils. Ils étaient si mignons tous ! Et puis un drôle de personnage se présenta devant moi...

Quelle journée !! Moi qui étais déjà sur place depuis quelques heures, je fus plus que surpris comme toujours de voir autant de gens venir. D’abord ce furent les amis, les amis des amis, et puis après ce fut le flux des jeunes adolescentes qui poussait déjà des cris en me voyant. Et quand je voyais la file des lecteurs s’étendre jusque l’extérieur de la librairie, je ne pouvais qu’être en train de me dire que j’allais finir épuisé sur mon lit.
A un moment donné des cris se firent entendre. Je levais la tête et je voyais mon chef être là. Il me salua de loin avec un sourire. Et puis, derrière lui je devinais mes compagnons de travail. Je leur fis signe de s’avancer et je glissais même un mot à l’oreille d’un des membres du staff et ce dernier fit couper la file à mes camarades de travail. Mon chef me serra la main et me tapota amicalement l’épaule : « Eh bien ! Ca marche toujours aussi bien tes mangas. Continue comme ça ! J’ai hâte de voir ce que vont donner tes prochaines planches ! » Je lui offris un grand sourire pleins de remerciement. « Haha ! Ne vous en faites pas ! Je me ferai un plaisir de vous les montrer en avant première. » Je tapotais le tas des feuilles A3. Il sourit : « Mais non ! Je les découvrirai en même temps que les fans voyons ! J’aime les surprises » Et voilà. J’avais la pression. Mon dieu. Je parlais un peu avec mes potes de boulot - assistants, mangakas etc…

Et puis un grand bruit ce fit entendre au bout de la file. Je penchais la tête pour voir ce qu’il se passait. Un… espèce de… clochard -?- roulait par terre en hurlant… Ou s’égosillant. Qu’est-ce qu’il vient faire là ? J’aperçu mon manga dans sa main. Une dédicace ? Il voulait une dédicace ? Hum… Je sais pas pourquoi mais il me fit un effet.. Trop bizarre. Disons que je n’avais pas l’habitude de signer des dédicaces à des clodos hurlant à la mort… Le staff le fit rentrer sous la clim. Autant dire que maintenant que je le voyais de près, il me semblait encore plus bizarre… Qui porterai autant de vêtements par une chaleur pareille ? Enfin, le staff s’occupe de lui, donc je n’ai pas à m’en faire si ? Je me rassis alors à ma table pour signer les dédicaces des gens qui attendaient patiemment là devant moi, non sans jeter un regard vers cet individu…

Mon regard resta fixé sur lui tout le temps que je le vis s’approcher de moi. J’allais dire quelque chose pour le saluer et je m’étais même levé, mais je le vis trébucher. Pas loin de la table. Et moi j’avais poussé un cri : « ATTENTION !! » La canette… Mais j’ai des réflexes si nuls que je n’avais pas pu éviter le pire. Mon chef avait tout vu. Les gens avaient tout vu. Mes collègues avaient tout vu. Mes planches. Mes… Précieuses planches… Mouillée… Non. Inondée d’Ice Tea… Je devins blemme. Je ne savais pas quoi faire : rire ? Pleurer ? Tuer cet individu ? Lui faire avaler ses cheveux ? Ou bien me pendre là sur place ?

Je crois que je devins second. « Mes……. Planches… »  Du bout des doigts, je soulevais la catastrophe. Il n’y avait plus un bruit dans la queue. Tout le monde retenait son souffle. Je reposais la feuille, un rire nerveux s’échappant de mes lèvres. Je me fis craquer la nuque et me déliais les poignets. Je me tournais face à mon chef. Oh la tête… « Maaaaaaaaaah……. Je vais les refaire ahaha…. C’est… Juste…. plus de 30h de travail par jour ahahaha… Ce n’est rien comme travail hahaha… » Il poussa un soupir et puis il partit non sans faire partir les gens.

Le coupable ? Je le vis essayer de me rendre plus gentil avec un regard du genre timide et de chien battu. Comme un fourbe. Je le chopais au col. Et un sourire bien sadique sur le visage, le regard disant Tu n'iras nulle part à présent et surtout pas avant que je ne t’ai coupé en rondelle et donné à manger à mon chat en guise de déjeuner : « Tu crois qu’un désolé va réparer ta catastrophe ? Non non… Je ne dois pas être le seul à souffrir ce soir. » J’allais le tuer en fait. Oui oui… Le tuer. Le mettre dans le feu, le faire griller, et le donner à manger à des lions…

En plus de foutre en l'air mes planches, il avait foutu en l'air ma plus belle journée... Celle qui annonçait aussi mes vacances.... Parce qu'il venait de réduire en miette la moitié du volume prochain... soit... L'équivalent de six mois de travail... Six mois d'insomnies... six mois de nuits blanches.... Je vais le réduire en charpie...

J’étais à cran. Comment un simple personnage tel que le jeune homme mal fringué qui s’était présenté devant moi pouvait en 3 secondes ruiner ainsi mon travail de 6 mois ? J’avais trimé, mis ma santé en danger pour parvenir à un résultat parfait et à la hauteur des exigences de mon chef. Laisser ce trouble fête toucher encore mes planches ? HAHAHA. Même pas en rêve. Mais il allait payer de sa personne pour m’avoir mis dans un tel embarras, pour avoir ruiné ma journée avec mes fans et pour m’avoir détruit mes planches. Présenter des planches à mon chef, mouillées, pleines d’Ice Tea ? Même séchées, il y aurait les tâches dessus !! Ce n’est pas du tout mon genre de présenter un travail si peu professionnel !! Non non non…. J’allais tout refaire. Et avec comme esclave, le responsable de mon nouveau calvaire. OUI j’avais décidé de me montrer plus que diabolique.

Il faut dire que je n’avais encore pas du tout récupéré de mes heures de sommeil en moins, que je n’avais toujours pas le temps de bien manger, de bien me faire la cuisine, que j’avais failli mourir d’un rhume ou d’une fièvre, je ne sais plus exactement, mais bref… En ce moment, j’avais seulement les nerfs à vifs, l’envie d’être en vacances, de me reposer pour de bon, de me mettre en hibernation. Mais comment le faire quand un imbécile débarque de nulle part et fasse disparaître en un seul tour de main tout espoir de vacances et de repos ? Oui, oui juste pour ça je suis en train de me venger de ce type là, qui me supplie de le laisser tranquille, d’être magnanime, de le grâcier, le tout en évoquant la bonté divine. J’eus un léger rire et un semblant de sourire gentil, mais je me mis à serrer les dents et resserrant mon emprise sur lui.

« Dans tes rêves pour que je te fasse une bonne grâce et pour que je ne te fasse pas payer ce que tu viens de foutre en l’air. »

Et me voilà en train de l’entraîner dans notre bureau. A cran. Sur les nerfs. Je pourrais presque lui faire manger ses chaussures, si j’étais vraiment, vraiment méchant et pas du tout dans mon état normal. La pièce était grande, déjà remplie d’un coin avec de quoi manger, et de plusieurs bureau où il y avait de quoi dessiner. Oui certes. Mais tout soulignait le travail en urgence, le fait que pratiquement personne ne quittait la pièce sans dormir, ni même manger un vrai dîner. Il y avait des tas de papiers un peu partout, des piles de dossier rangés dans des étagères pleines à craquer, mais aussi bien allignée le long d’un des murs de la pièces. Les poubelles étaient à moitié pleines et des bureaux encore bien encombrés de paperasses en cours de réalisation.

« Je m’en fiche, je vais te faire travailler, te faire payer quand même. » A ma façon mais quand même. Et puis le voilà qui se glisse derrière moi pour fermer la porte et… Bordel. Qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu pour me retrouver avec lui ? Je poussais un soupir et plaqua ma main sur mon visage, alors que dans l’autre il venait d’y mettre la poignée. Et tout parta en sucette. Comme tout à l’heure. J’étais au bord de la crise de nerf. Il courrait en rond, dans tout les sens et la goutte d’huile tomba sur le feu déjà bien enflammé. Il était tombé. En glissant sur des planches neuves. Perdant patience, je posais violemment la poignée sur la table se trouvant pas loin de moi. Je m’avançais vers lui et l’attrapa par le col pour le redresser d’un coup et le faire assoir sur une chaise. J’allais ensuite chercher un pac de glace et le lui plaqua sur la tête :  « Tu bouges encore d’un pouce, tu parles ou hurle encore, et tu respires encore ne serait-ce que 10 secondes sans que je ne t’en donne l’autorisation et je te fais avaler la poignée tout rond. » En clair, il avait intérêt à rester tranquille. Je m’installais ensuite à ma place, en face de lui. Je retirais ma veste, me remontais les manches, me fis craquer les cervicales et les jointures des doigts et des mains.  M’emparant de tous mes crayons, plumes et encres,  je recopiais mes planches ruinées sur de nouvelles planches toutes neuves, commençant par tracer les marges, et les cases d’un mouvement de mains assuré, m’aidant d’une règle. Je jetais un regard vers lui : « Je t’autorise à respirer. MAIS tu te TAIS et tu ne BOUGES PAS ! Et tu touches à rien non plus ! » Et après l’avoir fixé un moment d’un regard menaçant, je me remis au travail.

De temps à autre, je le jetais un regard vers lui pour le surveiller. Je continuais comme ça un bon moment, jusqu’à ce que je lui pose la question : « T’es venu faire quoi ici au juste ? » Nouveau craquement de cervicales.

«AAAAH !! J’ai cru mourir !! »

Justement. Pourquoi n’est-il pas mort par suffocation ? Je secouais la tête à cette pensée. Allons allons, je n’étais du genre bien méchant normalement. Et puis bon je n’allais pas non plus l’empêcher de respirer. Mais j’avais simplement la trouille qu’il fasse encore une gaffe. Nous n’étions plus n’importe où à présent. Et ici, il y avait tout le travail de plusieurs mois voire année entreposé, et il n’y avait pas juste le mien. Ce n’était pas que mon bureau. Il y avait le bureau de tout mes collègues et surtout le bureau du Chef de notre service. Notre Editeur principal. Notre CHER patron. Alors si jamais une gaffe venait à mettre le bureau sens dessus dessous, ça allait forcément me retomber dessus. Alors non. Je ne voulais pas de ça. Surtout pas non plus quand le fautif est un individu juste bien louche.

Je continuais de m’activer à mes planches. Mais comme il était là, je me devais aussi de lui parler. Ce n’était pas possible de le laisser me fixer pendant 1h ou plus. J’aurais fini par craquer de nouveau. Alors, je lui avais posé une question. J’avais bien envie de savoir pourquoi monsieur était venu à ma session de signatures et surtout si son but n°1 était bien de me pourrir la journée. J’attendis qu’il me réponde, continuant de dessiner, sans même lever les yeux vers mon interlocuteur, le regard bien rivé et concentré sur mon dessin. Et j’avais eu la naïveté aussi de penser qu’il ne fera que me répondre et rien d’autre.

Je souris à sa réponse. J’en ris un peu même. L’amusement ? Je l’ai bien souvent quand Adrien vient me décrocher de mes planches, quand je prends le temps de profiter de mes rares vacances. Mais oui ! le métier de mangaka n’est pas une partie de plaisir ! Et encore moins quand un trouble fête vient réduire votre boulot en cendres…

Cendres…

D’un coup je sens une odeur de cramé. Du feu ? Dans le bureau ? D’un coup je lève la tête et vois qu’il n’est plus sur sa chaise mais au milieu de la pièce, en train de faire bruler du papier, et faire une pseudo brochette avec sa saucisse et un crayon. J’en perdis tout mes crayons. J’en étais complètement…. Comment vous dire… Sous le choc ? Non même « choc » n’est pas assez puissant pour décrire l’état de mon expression en voyant tout ça. Même s’il chantait, je n’avais pas bougé d’un pouce pour le moment. Et puis d’un coup je me suis levé. « Rah mais c’est pas vrai !! » et mouillant un torchon, je le jetais sur le paquet de feuille enflammé. Sauf que c’était déjà bien trop tard. L’alarme se fit entendre, l’eau fut diffusée depuis le plafond.

Eau… Papier… Planches… 

Même si l’eau avait éteint les quelques flammes qui s’étaient attaquées à la pièce, voilà que d’un coup, ce fut moi que je voulais tuer. Me suicider. Je pouvais non ? Surtout quand je voyais au loin mes nouvelles planches réduite à néant. Le travail de tout le service réduit en miette. Je m’assis par terre. Les bras ballant, le regard dans le vide, je me mis à pousser un soupir. J’étais dans un état ! Oui oui j’étais désespéré. Je devenais fou. J’allais devenir fou.

« Amusement hein ?….. » Je lâchais un profond soupir. « je peux mourir avant ? oui c’est ça. Laisse moi mourir avant. Là. Tout de suite. Ou pleurer. Je sais pas. Non même pas pleurer avant. Juste mourir direct. » Nouveau soupire profond de désespoir.

On secouait la porte, on frappait dessus tellement fort que ça faisait un boucan d’enfer avec l’alarme. On nous appelait -enfin surtout mon nom en fait- aussi. En hurlant.  Mais la porte était fermée. Tout bonnement fermée. Comment sortir hein ? Surtout quand vous avez un fou à côté de vous ?

« Hahahaha…. oui. Laisse-moi mourir. Quand mon chef verra l’état dans lequel t’as mis le bureau, je vais mourir. Quand il verra l’état des planches, je vais mourir une nouvelle fois, et je mourrais encore quand il verra le travail des autres. Et les autres me tueront aussi. Et j’aurais plus de vie de rechange. Et Adrien sera malheureux. Et y’aura qu’un abruti qui va en rigoler…. » Je le regardais fixement en disant les derniers mots. Nouveau soupirs désespérer.

Je me renversais vers l’arrière et allongé, je fermais les yeux. « J’vais attendre que la mort me prenne du coup. Disparais ! » Fis-je en faisant un mouvement de la main pour lui signifier de partir. Et puis voilà. Je fis le mort. Savoir s'il était là ou pas ? M'en fiche. Je vais mourir noyé de toute façon. Allez, petite faucheuse, viens prendre mon âme ! TOUT. EST. FOUTU.

Une sensation humide. Une pression sur mes lèvres. Moi qui fais le mort par terre, je m'attendais à ce que je me confonde de manière naturelle avec la moquette du bureau pour qu'au final le fou m'oublie. Mais suis-je bête ! C'est un fou. Essayez donc de leurrer un fou. Vous finirez comme moi. Le fou vous prendra au sérieux. Et ce sera la fin. Vous serez comme moi : sur le point de faire une crise cardiaque. Sa langue contre la mienne, et lui qui en profite comme il veut tout ça sous le prétexte qu'il "croit" que je suis mort, ou en train de faire une vraie syncope... Dieu veut que je meurs vraiment ?

Moi qui avait les yeux fermés. Le temps que je comprenne ce qu'il se passe, j'ouvris d'un coup les yeux, les joues furent rouges pivoine, et d'un coup je m'agite dans tous les sens, le frappe, le pousse, me redresse, m'écarte de lui d'au moins 10 mètres, et surtout m'en vais me laver la bouche.

CHOC EMOTIONNEL.

IL M'A.
VIOLE.
LES LEVRES.

ADRIEN. NON. AH ! DONNEZ MOI UNE CORDE !!! JE VEUX MOURIR MAINTENANT ! OU TUER DE SUITE CE VIOLEUR !!! POURQUOI ?! AAAAAAAH !!!!

.... je suis dans un état de confusion totale. Adrien envahit direct mon cerveau. J'ai envie de pleurer, et je passe encore cinq minutes à purifier mes lèvres de ce... ce... contact DESAGREABLE...

Enfin...

pas.. si désagréable en plus....

Tuez moi. Tuez le. Tuez nous.

Et comme sur un ton de désespoir :

- J'étais pas MORT ni même EVANOUI ! SALE PERVERS !

Je ne me remettais vraiment pas de ce qu'il venait de me faire. En plus, je ne pourrais même pas le cacher à Adrien, parce que je suis beaucoup trop honnête avec lui, parce que je l'aime vraiment trop pour ne pas le faire. Mais bordel, je veux juste tuer ce type ! A cause de lui, il se pourrait bien qu'adrien me déteste, me rejette et que tout s'arrête là, alors que j'ai juste été victime d'un pervers fou à lier qui ne fait que des conneries.

En parlant de ça, je crois que je finis par ne plus essayer de l'arrêter. Il était partit trop loin, et moi je n'avais plus la force de faire quoi que ce soit pour l'empêcher de faire les catastrophes. Alors, je regardais les feuilles voler à travers la fenêtre, impuissant, poussant un profond soupir.

Et le pire ? J'avais pris sa bouteille de saké et en avait bu la moitié cul sec.

- C'bien. J'avais b'soin d'force !

Je ne tiens pas l'alcool. Alors là. Vu la quantité que je venais de boire, c'était bon. J'étais OUT. Aussi quand il me proposer de passer par la fenêter, je secouais vivement la tête.  « Mais PFFFFFFFFF !! J'veux pas finir crêpe !  » Titubant un peu je me mis face à la porte. Je la fixais un moment avant de la pointer de mon doigt. « J'vais les défoncer  ! T'vas voir !  » Je me remontais les manches et puis je me mis à y mettre un gros coup de pied, faisant ébranler la porte, sans pour autant qu'elle ne s'ouvre. Je poussai alors un soupir : « Aaaah...... Elles font les coriaces en plus ! TSSSSSSSK.... C'pas ça qui va m'arrêter wesh !  » Et me voilà en train de frapper encore et encore la porte de mon pied, manquant presque de me casser la figure en plus.  

Je me tournais après vers mon compagnon de bureau. Et le regard déjà bien embrumé, je lui fis un signe de la main.

« Yah... J'besoin d'force encore là... L'est où ta potion magique là ? T'as mis où la bouteille. Azy... Fais pas ton radin, passe la moi !   »

Je ne tiens absolument pas l’alcool et je venais de m’avaler tout une bouteille de saké apportée par le diable en personne, avec qui je partageais en ce moment même la pièce. Je pense que j’avais besoin de me sentir saoul, pour au moins avoir moins mal à la conscience d’avoir pu laisser ce type m’embrasser comme ça sans mon consentement… Il m’a…. RAH ! non je ne m’en remettrais pas du tout. Je suis saoul, en colère et je m’acharne sur une pauvre porte qui n’a pas du tout envie de s’ouvrir… Le monde est contre moi c’est ça ? Je ne remarquais même pas qu’il me filmait présentement… Du moins pas encore. Il me disait que non, je ne finirais jamais aplatit dans une jolie flaque couleur rouge après avoir sauté de la fenêtre, parce qu’il est mon prince charmant….. 
….
OH. Eh bien écoutez, si c’est lui qui finit explosé par terre en bas de l’immeuble et pas moi, alors… oui pourquoi pas ? Ca nous débarrassera d’un problème comme ça non ? Vous ne trouvez pas ? Au moins j’aurais sauvé le monde d’un type qui viole les lèvres des gens, qui les embrasse comme ça… J’aurais débarrassé le monde d’un serpent !
Si tu le dis….
….
Non non je ne dois pas penser ainsi. Je me retourne en l’entendant me soutenir et m’encourager à défoncer une porte qui de toute évidence ne le sera jamais. Je remarque bien entendu son téléphone. Je me doute qu’il doit être en train de faire un petit fichier compromettant sur ma personne et mais je me retrouve qu’à penser à une chose. IL A UN PORTABLE BORDEL.
Depuis le DEBUT il avait dans sa poche UN FOUTU PORTABLE. Avec du réseau, des touches pour taper un numéro d’urgence et tout le tintouin. CE SALE TYPE AVAIT DANS SA POCHE DEPUIS LE DEBUT L’OBJET DE NOTRE SALUT !
Et il venait de le sortir…

Seulement maintenant. 

Pour me pourrir… 



PERDU. Enfin. Pour lui hein. C’est GAGNE pour moi. Je lui demandais tout de suite s’il n’avait pas d’autre saké dans son manteau ou dans l’une de ses poches. Le serpent s’était alors rapproché de moi pour me le proposer en me tendant ses lèvres. Je ne bougeais pas d’un pouce, mais dans mon esprit, je faisais une belle grimace. BARK. Comme si j’allais l’embrasser pour aller chercher à boire… non mais SERIEUX. Si c’était Adrien encore… J’aurais pas dit non. Mais c’est pas Adrien qui est là devant moi.

Elles m’enivreront ? Je suis déjà assez saoul. Merci pour l’invitation. Me sentirais à l’aise ?
- Vraiment ?… Pourquoi j’en doute…
LA BONNE BLAGUE. Je veux juste sortir de ce trou pour ne plus le voir LUI. Et pour ne plus avoir à protéger ma bouche d’un Succube en manque d’amour ! Je le fixais en train d’agiter la bouteille devant mon pif et puis s’installer sur le bureau et se préparer à me donner à boire par le moyen d’un baiser.

Je suis saoul. Oui. Mais je suis extra-lucide surtout en fait. Donc même si je dis des conneries, je reste réfléchis et logique. Donc là, je peux vous dire que mes yeux naviguent entre la bouteille et son portable… Je finis par m’avancer doucement mais surement vers lui.
- Je sais pas si tu le mérite vraiment…. T’as pas été sage du tout…
Il va imaginer que je vais direct répondre à ses avances, mais non. HAHAHA. Loupé. Tant pis pour lui. Il aura bien tenté. Je suis tout près de lui et je rapproche même mon visage du sien, l’air de dire : oui oui je viens t’offrir ton plus beau baiser…
- … T’as même été un  vilain petit garçon…
mais non, je lui vole son portable et m’écarte d’un coup. Je tape sur l’écran, je tombe sur l’écran de déverrouillage mais ce n’est pas grave, parce que sur cet écran-là il y a ce petit bouton salutaire : « APPEL D’URGENCE ».

HINHINHIN… je vais me sauver tout seul. Très vite je compose le numéro des secours. Mouahahahaa… je suis diabolique. Je donne toutes les informations au gars, je lui dis même que j’ai un peu bu et que je suis en compagnie d’un pervers violeur qui essaie même de me harceler. Hum.
-Venez assez vite, juste pour mon salut hein ? Vous faites vite ? Oh.. je me sens déjà pas bien là… Il veut en plus qu’on saute par la fenêtre… C’est VRAIMENT URGENT ! JE VEUX PAS MOURIR !! 
Le type au téléphone me demanda de me calmer et m’annonça qu’il a déjà passé l’information et que les secours arriveront d’un moment à l’autre…

OUF.

SAUVE.

Je pousse un soupir de soulagement et puis je raccroche. Je rejoins mon violeur et lui rend son portable avant de lui prendre la bouteille pour boire de nouveau, mais de soulagement cette fois.
- Ah.. Enfin… Sauvé… Pour de bon…. 

Et je me laisse tomber sur une chaise, absolument détendu. Il pouvait m’arriver n’importe quoi, je saurais que de toute façon les secours arriveront et me tireront de cette merde. Sauf que par précaution je remonte le col de ma veste pour me le coller sur la bouche. Hors de question qu’il revienne me violer d’un baiser… Je le surveille aussi d’un air suspicieux…