Assis sur un siège dans une salle d’attente, je ne cessai de me triturer les doigts alors que mes yeux vaqués de part et d’autre du couloir. Je voyais les infirmières, les médecins faire des allers retours d’un pas pressé sans jamais écouter ce qu’il se disait. Je me contentais juste d’angoisser, priant tous les dieux de la terre à ce qu’elle aille bien alors que je ne cessais de penser ô combien c’était de ma faute. Jamais je n’avais imaginé qu’un tel évènement puisse arriver, encore moins que celle que j’aimais pourrait m’être enlevé. A croire que des gens fous, il n’y a pas qu’à la télévision qu’on en voyait et j’avais l’impression d’être l’un de ces protagonistes de films dramatiques. Je peinais à réaliser la situation, mon coeur battant si fort à cause de l’inquiétude qui se faisait de plus en plus grand au fil des secondes qui s’évanouissaient. Ca aurait dû être moi à sa place. Pourquoi s’était-elle sentie obliger de me sauver la vie ?! Et moi, pourquoi n’avais-je pas remarqué avant qu’à traîner autant avec moi ma petite amie était également en danger ? Je voulais la protéger, je m’étais juré de le faire et j’avais merveilleusement échoué. C’était elle qui m’avait protégé, non le contraire.

On s’était donné rendez-vous au parc près de chez moi comme on le faisait souvent et je lui avais promis une journée shopping. Parce que j’avais envie de lui faire plaisir, j’avais envie de lui acheter quelque chose - voir même plusieurs - pendant qu’elle regardait quelque chose qui lui plaisait dans une boutique, je m’étais rendu dans la bijouterie d’à côté. J’ignorais si je serais capable de lui offrir néanmoins je voulais prendre des risques, craquant sur un collier qui lui irait à merveille, je l’avais acheté sans hésiter. Puis réfléchissant à comment lui donner, je l’avais rejoint dans le magasin d’à côté. On avait discuté mais ailleurs à cause du cadeau que j’avais acheté, je n’avais pas fait attention à ce qu’il se passait autour de moi. J’aurais du et pourtant... Tout était allé si vite. Je revoyais cette voiture noire fonçait droit en ma direction, j’entendais encore Sae Ra criait avait de me retrouver bousculer, mes fesses heurtant les premières le sol. Le véhicule passa à mes côtés, roulant à vive allure néanmoins sans aucun doute, j’avais pu retenir l’identité du conducteur. Pensée qui s’enfuit rapidement de mon esprit aussi vite qu’elle était venu, me rendant compte que ma petite amie n’était pas à mes côtés. J’avais levé mes yeux en entendant tout ce vacarme autour de moi et la scène que je vis me glaça littéralement le sang alors que je n’osais accepter la réalité. Ma petite amie était là, allongée sur le sol, inconsciente et une inquiétude encore jamais ressenti auparavant s’était emparé de tout mon être. Je ne voulais pas la perdre. Non. Tout sauf elle. Je m’étais redressé dans un élan que je ne me connaissais pas et m’étais précipité à ses côtés, commençant à la secouer.

- Réveille-toi !! Réveille-toi !! Avais-je crié complètement paniqué.

Ma voix était saccadé, émue aussi alors que des personnes m’attrapèrent par le bras en m’ordonnant de me calmer. Mais j’en étais incapable. Et si elle mourrait ? Qu’est-ce que je deviendrais ? C’était la première fois que j’éprouvais ce genre de sentiments et c’était tellement atroce. Des larmes avaient déferlé le long de mon visage tandis que j’imaginais le pire.
Les pompiers arrivant ensuite, je m’étais retrouvé là, contraint d’attendre encore et encore le verdict du médecin. Je priais à ce qu’elle s’en sorte, c’était tout ce que je demandais. Rien de plus. Juste qu’elle ait la vie sauve. Et comme si le docteur avait entendu ma demande, il vint me voir, m’expliquant sereinement que sa vie n’était pas en danger, qu’il y avait eu plus de peur que de mal mais qu’elle n’avait heureusement que des blessures bénignes. Je n’avais pas cherché à en savoir plus, me contentant de savoir qu’elle était en vie et qu’elle dormait encore pour le moment à cause du choc.

Une fois que j’eus obtenu le numéro de sa chambre, je m’y rendis et entrant dans la pièce, je la contemplais tristement. Elle irait bien cependant c’était de ma faute... C’était à cause de moi si elle était là. Et pour sûr que celui lui ayant fait autant de mal le regretterait amèrement. Si je l’avais sous les yeux en cet instant précis, je crois que je l’aurais tué. Qu’on me fasse du mal à moi, je l’acceptais mais mes proches, c’était autre chose. Et je ne pouvais plus me permettre de la mettre encore plus en danger que je ne l’avais mis aujourd’hui. Compressant fortement le collier que je lui avais acheté et que je n’avais pu lui donner, je refoulais ce chagrin que j’avais au fond de moi, priant à ce que tout se passe bien pour elle plus tard.
D’un pas quelque peu hésitant, je m’approchai d’elle, remettant quelques mèches de ses cheveux pendant que je la contemplai en train de sommeiller paisiblement. Elle était sublime. Tellement sublime que j’avais encore envie de pleurer. Une infime esquisse étira mes lèvres tristement avant que je n’aille déposer doucereusement mes lèvres contre son front.

- Je t’aime, avouais-je dans un murmure qu’elle ne pouvait pas entendre.

Sans un mot de plus, je glissai le bijoux dans ma poche et quittai la pièce afin de m’aérer et de me préparer psychologiquement à la suite. Heureusement, elle était sauve. Je ne m’en serais jamais remis autrement néanmoins malgré tout, c’était fini. Je le savais que c’était mal de rester avec quelqu’un comme moi et pourtant, je l’avais laissé s’immiscer dans ma vie. Mais tout ça, à présent, c’était terminé. Parce que si je voulais qu’elle soit heureuse, si je voulais la protéger, je devais disparaître de son existence.

Adossé contre le mur à l’extérieur de l’hôpital, les paupières closes, je serrais fortement mes poings pour ne pas craquer. C’était la première fois que j’éprouvais une telle douleur dans le creux de mon coeur comme s’il se déchirait à l’intérieur et j’avais si mal que j’aurais voulu cracher tout ce chagrin qui menaçait de couler. C’était fini. J’allais la perdre. Pour toujours. Alors que je commençais tout juste à comprendre ce que signifier le mot « bonheur ». La vie était injuste et moi j’étais incapable d’être égoïste. Je voulais juste qu’elle aille bien, qu’elle s’en sorte et soit heureuse loin de moi. Puisqu’elle ne le serait jamais près de moi. Et c’était probablement ce qui m’affligeait le plus.

Mes phalanges vinrent agripper mon haut, le crispant de plus en plus fort alors qu’une, puis plusieurs, larmes naquirent le long de mes joues. Je l’aimais et je n’avais même pas pu le lui dire. Elle était si belle, si formidable à mes yeux. Idiot, et incapable, je n’avais jamais su lui dire que son sourire était ce qui m’avait fait fondre en premier, que j’étais amoureux du regard qu’elle me lançait lorsqu’on était tous les deux, que j’admirais sa force et que quand j’étais avec elle, j’avais l’impression de devenir quelqu’un. J’aurais pu parcourir le monde entier à ses côtés même si je ne le montrais pas réellement. Je pensais que ce genre d’amour n’existait que dans les films, que cela n’arrivait jamais dans la réalité et pourtant j’aurais pu faire beaucoup pour elle. Parce qu’elle était fabuleuse, parce qu’elle avait changé ma vie et que bêtement, je m’étais entiché d’elle. Elle m’avait fait découvrir tant de choses en si peu de temps. J’avais connu l’amour, l’importance d’avoir quelqu’un à ces côtés, ce que c’était de vivre vraiment... Elle m’avait appris à avoir plus confiance en moi, plus d’assurance également. Grâce à elle, j’avais compris ô combien la vie pouvait être merveilleuse si on apprenait à l’affronter correctement. Elle m’avait donné beaucoup de leçons rien que par ses agissements et elle avait fait de moi un homme que jamais avant je n’aurais cru vouloir devenir.

Ce n’était pas juste. Pourquoi fallait-il toujours que lorsque le bonheur vint frapper à notre porte, on nous l’enlève peu de temps après ? J’aurais aimé être plus fort, la protéger de cette voiture, la protéger du monde qui l’entourait tout court et pouvoir resté auprès d’elle malgré tout. Seulement tout cela n’était pas possible et j’avais merveilleusement échoué. On ne pouvait pas traîner avec quelqu’un comme moi, j’attirais toujours les ennuis. Peu importait où j’allais, c’était ce qui arrivait...
Séchant mes pleurs, je me dirigeai vers le distributeur, prenant un vulgaire café alors qu’une femme, voyant mon état m’avait gentiment proposé une cigarette. Elle m’avait dit que dans les moments tristes et effrayant, il n’y avait rien de mieux qu’une bonne clope pour se détendre. Et j’avais accepté. Même là, je ne me reconnaissais plus. Parce que je connaissais la suite et en plus d’avoir le regard vide, j’avais mon sang qui bouillonnait de rage contre cet homme qui avait renversé ma bien aimée.

En silence, j’avais consumé ce morceau de tabac jusqu’à ce qu’il n’y en est presque plus et de mon point de vue, ça ne me soulageait pas vraiment. Mon café fini, je m’étais installé sur un banc et j’étais resté là à le contempler sans grand intérêt, me demandant comment agir lorsqu’elle se réveillerait, qu’étais-je censé lui dire ? Devrais-je lui sourire ? Paraître indifférent ? Je ne savais guère. J’avais juste envie de quitter cet hôpital et partir loin d’ici, sortir de sa vie, pour toujours. Mais cela serait bizarre puis la connaissant, elle serait capable d’essayer de me retrouver dans le monde entier... Parce qu’elle m’aimait. Et j’allais la faire souffrir. Par ma faute, elle allait encore plus pleurer et rien que cette idée me torturait le coeur. Baissant la tête, je la relevai aussitôt quant une infirmière m’expliqua justement que ma petite amie était sortie de son sommeil, qu’elle allait bien et qu’elle voulait me voir.

Après quelques minutes, d’un geste avec un peu d’entrain, je me levai du banc puis jetant le verre en plastique à la poubelle, je rentrai à l’intérieur. Je ne pouvais m’empêcher de songer à l’avenir et j’appréhendais réellement sa réaction. Serais-je assez fort pour l’affronter ? Je l’ignorais mais je me disais que je le devais. Peut-être pas maintenant mais plus tard. Bien qu’elle risquait de remarquer un changement dans mon comportement. Si moi-même je m’en apercevais, elle s’en rendrait très certainement compte également.
La porte fermée derrière moi, je ne pus lui adresser de sourire. J’en étais incapable. Il ne serait pas sincère et les sourires factices, ça n’existait pas chez moi. J’étais un piètre comédien à ce niveau là de toute façon.

- C’est plutôt à toi qu’on devrait poser la question, Déclarais-je d’un ton détaché sans m’approcher d’elle.

Je ne relevai pas non plus la rétorque sur le fait que je n’étais pas là quand elle s’était réveillée. J’avais besoin de prendre l’air, de réfléchir, de libérer mes émotions aussi... Mais ça, elle ne pouvait pas le savoir.

- Mais si tu es capable de m’agresser dès le réveil, je suppose que ça va.

Cela sonnait comme un reproche et même si ça me faisait mal, je n’avais pas le choix. Il fallait mettre un terme à tout ça. Je la contemplai en silence, rassuré tout de même de constater qu’elle n’avait pas l’air d’avoir quelque chose de grave. Si déjà elle avait toute sa tête, c’était le plus important. Mais peut-être que cela aurait été plus facile si elle m’avait effacée de son existence, sa protection aurait été assurée...

- Enfin peu importe.

Soupirant, je parti m’appuyer près de la porte et me tus. Je n’avais pas le courage de dire autre chose. Pas pour l’instant. J’aurais juste tellement voulu m’approcher d’elle et l’enlacer fortement à m’en étouffer comme pour me dire que je ne la perdrais pas. Mais ce n’était plus qu’un rêve stupide et égoïste désormais. Je ne pourrais plus jamais la tenir dans mes bras ni sentir l’agréable sensation de ses lèvres contre les miennes. Et c’était dans ce genre de moment qu’on se rend compte qu’on n’a pas assez profité. Et on regrette. J’aurais dû la voir plus souvent, lui prouver mais surtout lui avouer qu’elle était l’unique personne sur cette terre que j’aimais et aimerais de tout mon coeur.

Dans le fond, même si je mourrais d’envie de la prendre dans mes bras et qu’on m’y autorisait, je crois que je n’aurais pas pu. Parce que c’était de ma faute et que je n’avais pas le droit de me permettre un tel acte égoïste. Je le voulais, oui, cependant je ne m’estimais pas en droit de vouloir quoi que ce soit... Le simple idée que je sois la cause de son état me bloquait dans tous mes mouvements et même si pour une dernière fois, j’aurais aimé sentir la chaleur de son corps contre le mien, je ne le pouvais pas. Et c’était horrible... La voir allongée dans ce lit d’hôpital encore plus. Je préférais tellement lorsqu’elle sautillait de partout avec cet éclat sur ses lèvres qui lui était propre. J’aimais la voir pétillante, débordant de joie de vivre... C’était comme si j’avais perdu tout cela... Même moi, je ne ressentais plus cette flamme qui illuminait mon coeur il y a encore quelques heures. Tout avait été remplacé par un immense morceau de glace accompagné d’une pluie abondante qui représentait toute la peine et la haine que je pouvais éprouver. Je n’aurais jamais dû m’attacher et encore plus, je n’aurais pas dû la laisser s’attacher et entrer dans mon existence. J’aurais dû savoir à l’avance qu’une telle chose arriverait, que je n’avais jamais été capable d’être heureux auparavant donc ce n’était sûrement pas maintenant que cela changerait.

Je m’en voulais de ne pas pouvoir la protéger et de ne pas avoir su la protéger surtout. J’étais juste trop faible. Mais ça aussi. Ce serait terminé désormais. Parce que je remarquai déjà moi-même que je ne serais plus celui que j’étais. Et c’était la première fois qu’un tel sentiment envahissait mon être tout entier. J’avais réellement cette envie de meurtre, je voulais vraiment faire payer à cet homme son erreur et l’empêcher d’avoir l’occasion de recommencer. Je ne voulais plus jamais entrevoir une telle image de désastre sous mes yeux ni la retrouver sans vie... J’avais eu si peur que j’avais cru que plus jamais je ne verrais son visage ni entendrais le son de sa voix. Ma vie s’était soudainement effondré dès le moment où j’avais aperçu le corps inerte de ma petite amie et que j’avais reconnu l’identité du coupable. Jusqu’alors, je n’avais pas songé que plus que vouloir me casser le bras, Hideo pourrait me tuer. Cela m’était inconcevable et à présent que je m’en rendais compte, que Sae Ra avait été touchée à ma place, je savais aussi que plus que moi, il pourrait me blesser en s’en prenant à mes proches. Et il en était hors de question... J’allais en pâtir, elle aussi mais avec le temps ça lui passerait. Elle rencontrera une meilleure personne que moi et finira par m’oublier au fil des jours. Elle se souviendra peut-être des bons moments qu’on avait pu vivre tous les deux, de l’idiot que j’étais et serais encore mais par-dessus tout, elle se remémorera le « connard » de petit copain et avec la haine, elle apprendra à avancer en se méfiant de ceux qu’elle côtoierait. Je l’espérais tout du moins. Peu importait le martyre que cela provoquait au sein de mon âme. Je n’avais que ce que je méritais.

Et puis elle me parla, s’étant aperçu de la distance que je mettais entre nous et probablement de la lueur qui se reflétait dans mes pupilles. Je pense que dés lors, elle ne me reconnaîtrait plus. Ce qui me détruisait parce que j’aurais aimé qu’elle voit les bons côtés de ma personnalité cependant je n’avais pas eu l’occasion de les lui montrer. Moi-même incapable de les discerner, on n’avait pas eu assez de temps pour que je parvienne à m’ouvrir complètement à elle. Mais avec le recul je me rendais compte à quel point je regrettais... Bien qu’un « je t’aime » est difficile à avouer, j’aurais dû le lui dire... J’aurais du prendre plus soin d’elle, la chérir comme un vrai homme, la faire rire, la protéger évidemment mais par-dessus tout l’aimer comme personne ne le ferait ensuite. Peu importait ce qui allait se passer, j’aurais égoïstement désiré qu’elle se rappelle de moi, qu’elle se dise que malgré tout j’étais le plus grand amour de sa vie. Hors une telle chose ne se passera jamais puisque je n’étais qu’un incapable et que par amour pour elle, j’allais la faire souffrir.

- Je m’en fous de ça, Lui crachais-je finalement à sa dernière rétorque.

Je n’avais pas répondu aux précédentes, perdus dans mes réflexions et dans mon comportement aussi.  

- Personne ne t’a demandé de m’aider à ce que je sache donc tu ne t'en prends qu’à toi-même.

Ma voix était glaciale, comme il ne l’avait jamais été auparavant quant à mon regard, il était indescriptible. Je pense que trop d’émotion se battait dans mon esprit qu’il était impossible de lire ce que j’éprouvais réellement. Elle avait peur de me perdre. Moi aussi. Et c’était malheureusement ce qui arriverait. Je luttais contre moi-même afin de ne pas craquer, afin de ne pas laisser place à ce chagrin qui menaçait de déferler et restai le plus indifférent possible.

- Je regrette que ça se finisse comme ça finalement. Mais je n’y suis pour rien si tu as atterris à l’hôpital et j’en ai marre de faire semblant. C’était en partie pour ça que je voulais qu’on se voit aujourd’hui.

C’était faux. Tellement faux. Je voulais simplement passer un agréable moment à ses côtés, lui faire plaisir et lui offrir tout ce dont elle pouvait rêver. Jamais je ne l’aurais quitté. Pas une fille comme elle non. Néanmoins, je n’avais pas le choix et mon coeur se compressait de plus en plus au fur et à mesure que je parlais.

« Je suis désolé » Pensais-je alors qu’à défaut de ne pas pouvoir libérer ma peine, mon coeur criait et pleurait de douleur à l’intérieur.

Comment pouvais-je la convaincre que ce n’était pas lié à cause de l’accident ? Bien sûr ça l’était néanmoins je devais mentir et faire comme si ce n’était qu’une pure coïncidence. Je pouvais lire la peur et l’inquiétude dans le reflet de ses yeux, je pouvais clairement l’entrevoir et j’avais l’impression qu’on m’arrachait le coeur. Cela ne serait que pire après et la douleur dans le creux de mon âme était déjà bien grande. Pourtant je ne flanchais pas, je restai là à la contempler de cet air impassible afin de lui faire comprendre que quoi qu’elle dise, rien de ses mots ni de son attitude de m’atteignait. Oui j’avais juré de vouloir devenir meilleur, de vouloir devenir plus fort et je promettais silencieusement que je le deviendrais un jour. Ce n’était même plus une question de fuir ou de lâcheté, c’était pour la protéger mais aussi parc que je ne la méritais pas. Si elle restait encore à mes côtés, j’allais finir par la retrouver morte sans avoir pu y faire quoi que ce soit. Et je n’avais pas envie qu’on vive tous les deux constamment dans la crainte de se faire attaquer, on ne serait jamais heureux ainsi. Elle, encore moins. Elle devait tout simplement se trouver une personne qui saurait prendre soin d’elle, qui n’aurait pas de problèmes et qui l’aimerait de tout son coeur. Quelqu’un de très fort, autant physiquement que mentalement. Elle devait m’oublier et je n’avais pas de solution de comment lui faire comprendre cela. Si je le lui disais tout simplement, elle ne m’abandonnerait pas, me rétorquerait qu’à deux on pourrait s’en sortir et qu’on pourrait se préparer au pire. Je voyais déjà sa réaction à des kilomètres seulement on n’était pas dans un film et encore moins dans une série japonaise... On était dans la réalité et une telle chose était impossible. Parce que Hideo ne baisserait jamais les bras lui, même s’il était enfermé derrière des barreaux, il trouverait sûrement encore le moyen de venir bousiller ma vie.

En silence, je la dévisageai comme si ses paroles n’avaient aucun sens puis afin qu’elle saisisse qu’elle faisait totalement fausse route, je me mis à rire sarcastiquement. Ce n’était pas drôle du tout. Mais je devais faire tout comme.

- Sérieusement Sae Ra, tu crois réellement que des mecs comme ça, ça existe ? Je serais vraiment pitoyable si j’étais vraiment celui que j’étais avec toi non ?

Je n’avais pas le souvenir de l’avoir déjà appelé par son prénom dans le passé. Si je l’avais fait, ce n’était pas lorsqu’on était ensemble puisque j’ignorais comment l’appeler et j’étais bien trop embarrassé pour lui trouver un petit surnom comme la grande majorité des couples.

- Je me fous que tu ais eu un accident et encore, c’est peut-être mieux. Au moins, c’est plus douloureux. Les femmes vous êtes toutes les mêmes.

C’était faux. Tellement faux. Si les femmes étaient toutes les mêmes, elle était différente. Elle était formidable, unique en son genre, spéciale... Pour que j’en tombe amoureux, c’était qu’elle n’était pas comme les autres, qu’elle avait ce petit « truc » en plus qui la différenciait du reste...
M’approchant enfin d’elle, je me saisis de la chaise pour m’asseoir près du lit et de la contempler toujours avec cette même lueur dans mes pupilles.

- Ne fait pas attention à tout ce que je t’ai dit ou fait, ce n’était que des mensonges. Mais vu que tu n’as pas l’air de me croire, je vais t’expliquer pourquoi.

Un sourire narquois étira mes lèvres alors que je posai mon coude sur le matelas afin de la voir d’un peu plus près et de lui montrer que la proximité entre nous ne me dérangeait absolument pas.

- Il y a quelques temps, je suis tombé éperdument amoureux d’une fille. Je pensais que c’était la même chose pour elle. Sauf qu’en plus d’avoir joué de moi, elle s’est enfui dès qu’elle est tombé enceinte. A mes yeux, c’était la femme de ma vie et ça a été extrêmement douloureux que je me suis juré de ne plus tomber dans le panneau et d’être à mon tour, un véritable connard.

Je m’inspirai de mon histoire, la tournant à ma façon alors que ça ne s’était pas passé comme ça. Je n’avais jamais aimé Natsuki et je l’avais vraiment maudit le jour où elle était parti avec notre fils. Mais si pour une fois, elle pouvait m’être utile pour quelque chose, tant mieux.

- Je ne dis pas que je ne tenais pas à toi, tu es quand même mignonne mais à force ça devenait chiant. Et désolé seulement, je n’ai pas envie non plus de m’occuper d’une handicapé. Il y a le championnat qui approche, j’ai d’autres choses à penser.

Ah. Ah. Le championnat... Quelle idée. J’étais sérieusement en train de me demander si je ne devrais pas arrêter tout ça néanmoins quand j’y réfléchissais, je songeais au fait que si la jeune femme connaissait la vérité, elle me forcerait à ne pas abandonner parce que c’était justement ce que tous attendaient. Cependant sans elle, serais-je capable d’y arriver ? Déjà que le baseball m’était devenu quelque chose d’insupportable, si je ne l’avais plus elle, pourrais-je réussir ? Mon coeur se compressait de plus en plus à un point que j’avais l’impression d’étouffer. Cela me prenait à la gorge et une pluie torrentielle déchirait mon âme toute entière. Plus les secondes s’évanouissaient, plus je m’apercevais que tout était bel et bien terminé.

Sans jamais effacer cette esquisse désagréable de ma bouche, je me saisis de son menton de deux de mes doigts pour y déposer un tendre baiser sur ses lèvres. Le dernier contact que j’aurais probablement d’elle.

- Je suis désolé, M’excusais-je en riant, me replaçant correctement, Mais il faudra que tu t’y fasses. Tu es peut-être gentille seulement... Je ne t’ai jamais aimé. Et ce n’est pas un misérable accident qui y changera quoi que ce soit.

En fin de compte, le fait que je ne lui ai jamais avoué mes sentiments avaient servi à une chose. Elle me croirait probablement plus facilement... Je l’espérais tout du moins. J’adoptais une attitude qui me surprenait moi-même cependant je n’avais pas le choix si je voulais être crédible. Je pouvais déjà sentir sa peine, tout ce chagrin qu’elle était en train d’éprouver et à quel point elle allait en pâtir. J’aurais juste voulu la consoler, lui dire que je plaisantais, la serrai dans mes bras et expliquer que ce n’était qu’un mauvais rêve, qu’en réalité je l’aimerais pour toujours et qu’à mes yeux, même si je refusais toujours de fonder de grands projets, c’était elle, la femme de ma vie.