Tenue –

« C'est malheureux de s'égarer, mais il y a pire que de perdre son chemin.
C'est de perdre sa raison d'avancer. »

Ploc ploc…

La ville était en train de se faire tremper par les larmes du ciel dans un torrent froid… Rare étaient encore les personnes à fouler les rues de Tokyo à cette heure de la nuit et surtout, par ce temps où il était hardi de voir à plus de deux mètres devant soi. Un homme à l’aura lugubre était en train d’avancer mais, il ne regardait pas devant lui… Non tout ce qu’il voulait, c’était mourir… Il trainait des pieds… Personne ne le calculait et, c’en était de même pour lui…. Il se faisait bousculer, on l’insultait, rien n’était relevé de sa part. A quoi bon relever quand la seule personne qui le maintenait en vie, sa lumière venait de s’éteindre hein ? Pourquoi ne l’a-t-il pas écouté hein ? Il lui avait formellement interdit de le suivre. Qu’il n’en aurait pas pour longtemps… A chaque fois c’était pareil… C’était la deuxième fois et cette fois-ci, il ne le reverrait plus. Il pensait pouvoir profiter de ce visage en revenant dans ce pays où tous les deux s’étaient rapprochés, s’étaient permis d’être proches, braver l’interdit mais il ne répondait pas sur son portable… Sa présence était introuvable… Maintenant il sait… Ayden n’était nulle part pour être trouver sur cette Terre. Il l’avait quitté. Qui avait osé s’en prendre à son garde du corps ? Parfois, il soupçonnait son frère… Ou bien cet « oncle » si gentil…. Inutile marionnette faites de chaire, de sang et d’os… Continuer de se relever pourquoi ? Qu’il gèle ce n’était pas si dramatique… Le vrai drame, c’était qu’il ne trouvait plus de sens à sa vie. Il était désormais seul contre tous… Un agneau dans une bergerie. Ce monde était trop noir pour « lui ».

Son père lui a demandé de rester à l’écart, de ne pas revenir encore pour le moment… Chine, Japon quelle différence… A la différence que ces plus beaux souvenirs se trouvent ici… Peut-être devrait-il se rendre à cet hôtel où ils se sont liés… Il peut encore sentir entre ces bras sa fine silhouette, ce cœur qui battait contre sa poitrine maintenant… Même dans ses songes, il s’éloigne encore et encore de lui…. Se relevant difficilement, il avance… Le froid s’insinue en lui mais, mourir de froid, de maladie ce ne serait peut-être pas si mal… Les idées claires ? Ce monde… Lui a volé la seule chose qu’il voulait posséder de toute sa vie ! Dieu le lui a arraché de la pire des façons ! Non… Il ne pouvait pas exister car, s’il existait, Ayden serait encore près de lui ! Cet abruti… Des larmes glissent et se mélangent mais, pleurer ne sert à rien. Cela ne ramènera jamais l’homme qu’il aimait… Vivre comme un âne bâté ? Non…. Il souffrait trop. Son cœur criait, il suffoquait et personne n’était capable de voir la détresse de cet étudiant. Il pouvait encore se rappeler l’annonce qu’on lui a faite… Se venger ? Trouver le coupable ? A quoi bon ? En quoi ce serait la solution pour le soigner hein ?

Rien… Qu’ils aillent tous au diable… La seule solution c’était de retrouver son cadet à l’endroit où il devait se trouver… Dans les profondeurs des ténèbres mais, il était certain qu’il devait se trouvait au paradis. Il avait pleuré crier, dans ce dortoir qu’ils partageaient, dans ce dortoir qui était devenu leur petit coin de « paradis » mais, ce sont toujours les meilleurs qui partent les premiers hein ? Le jeune homme était prêt à le rejoindre… Il était mort à l’intérieur… Tout était si noir et même la mort serait sans doute beaucoup plus douce que vivre sans « lui ». Quand il tournait la tête, il avait l’impression de le voir mais, ce n’était que de l’espoir vain…. Personne ne pourrait le remplacer dans cet organe en train de saigner à blanc. Cet organe vitale qui répondait de moins en moins à l’espoir de vivre, de s’accrocher. Le monde n’avait pas de pitié pour les braves… Il venait encore d’échouer. Sa faiblesse venait de lui être brutalement jetée à ce visage froid qu’est le sien.

Ce visage qu’il détestait plus que tout au monde c’était rien d’autre que le sien… Cet être incapable de protéger la seule chose qui comptait !! Ses yeux étaient encore rougis par les larmes… Le jeune homme avait les jambes flageolantes et au bout d’un moment il retomba pour se rattraper à une rampe d’un pont…. Un pont ? Sa faiblesse amplifia la force de ses idées noires. Il se releva… Le courant était si fort… Peut-être que ce serait le moment… Mourir dans l’eau… L’eau n’a-t-elle jamais était le symbole de la mort dans plusieurs cultures ? Il y avait des morts plus rapides mais, il était juste trop peureux de prendre un couteau et de se le planter. Sauter… Cela parait tellement si simple au moins… Il aura le temps d’apprécier les quelques souvenirs d’eux ensemble… Oui, il allait rencontrer Ayden de cette manière… C’était la seule façon…  Il grimpa sur la rambarde pour passer de l’autre côté… Il allait mourir… Au moins, son corps ne serait jamais retrouvé, son corps ne retournerait pas en Chine pas, dans cette prison…. Dans cette famille qui n’en a jamais été une pour lui… Ses mains bandées à cause des verres qu’il a explosé, leur douleur n’était rien… De toute façon, il ne ressentirait plus rien incessamment sous peu.

« Je vais venir te rejoindre idiot ! »

Il finit par se pencher de plus en plus vers le courant d’eau mais, évidemment cela aurait été trop facile si la vie n’avait pas décidé de mettre sur son chemin un homme aussi tourmenté sur son chemin.

Tenue – La faucheuse… Elle ne l’effrayait pas. Car le monde l’était bien plus, il en était persuadé sinon, les morts reviendraient sur terre s’ils étaient aussi bien sur cette dernière non ? Pourtant, ils restaient silencieux, laissant simplement leurs proches souffrir. Cet idiot !! Son cœur lui faisait mal que même parler était une torture. Leur dortoir… Etait un vrai zouc.. Il n’avait plus répondu à son téléphone portable ni à ses réunions à travers son ordinateur par vidéoconférence. Parler avec son paternel ? Lui qui sait qui a été responsable de cette attaque le jour de son anniversaire, laisser cette homme marchait à ses côtés comme si de rien n’était ! Son voyage en Chine. Il l’avait vu près de lui… Il aurait tant voulu le planter plus encore quand il apprit que des hommes dont on ignorait la provenance s’étaient mis à s’attaquer à « lui »… Des hommes ? Un avertissement ? Et son frère… Son propre frère qui désirait sa destruction.. Des fois son regard posait sur lui, lui glaçait le sang. Lui donnait envie de disparaitre. Il était une proie et Ayden n’était rien d’autre que son point faible. Oui… Il l’était car, il n’est plus… Les larmes du ciel le recouvrent… Le ciel pleure t’il avec lui ? Avec tous ces hommes qui sont en train de souffrir ? Peut-être est-ce un signe comme quoi il appelle l’enfant qu’il était vers lui ? Ou c’est simplement son esprit brisé qui interprète les signes comme il l’entend ? C’était possible. Quoi qu’il en soit la vie s’était échappée de lui. Il bougeait et après ? Commença à se lâcher il sursauta à l’entente de cette « voix » masculine mais, ne tourna pas son visage en direction de l’auteur.

Quoi ? Il ne peut plus disparaitre en paix ? Pourquoi il faut qu’on lui envoie quelqu’un pour l’empêcher de s’ôter la vie hein ? La vie ? Il n’y croit plus, il ne distingue plus le bout du tunnel. Tout est noir et froid.. Même ces grosses perles ne sont rien à côté. Il peut être bleu à cet instant, il en a que faire… Il subit le discours d’un homme qui semble plus âgé du moins, il le suppose à cause de l’intonation de sa « voix ». Douloureux ou pas, la douleur ne durera qu’un instant. Son regard toujours rivé vers ce courant qui semble survolté à cause du temps. Il avait qui à ses côtés ? Un bon samaritain ? Il ne manquait plus que ça…  Il devrait sauter, lui intimer de s’en aller, que c’est sa vie et que pour une fois, il aimerait la mener comme bon lui semble même si c’est vers l’au-delà. Il comptait réellement se lâcher mais, à son « On est pareil » tout en le sentant proche de sa personne. Il s’enfonce ses propres incisives dans sa lèvre inférieure jusqu’à sang afin qu’il puisse lui parler. Lui dire… ? Pourquoi pas… Il pourra toujours retenter de partir loin d’ici, loin de ce monde d’une autre façon…  En quoi cet inconnu est identique à lui ? Il a perdu quelqu’un ? La seule personne qui comptait pour lui ?

« Pa.. reil ? Est-ce que vivre est une torture pour vous ? Parce que pour moi, la douleur est beaucoup plus grande en restant que ce que je ressentirais en me jetant.»

Son cœur le brûle, il est l’équivalent d’un zombie.. Sans Ayden… Sans « lui »… Il n’est rien. Cela sert à quoi de continuer ? Il veut le retrouver, c’est tout ce à quoi il aspire à ce moment et, il le déteste ! Il lui en veut de ne pas l’avoir écouté, de ne pas avoir obéit à cet « ordre ». Pourquoi l’a t’il suivit hein ? Jusqu’au bout, il sera resté un abruti ! Une main toujours accrochée, tandis que l’autre se lâche pour empoigner fortement son haut, serrer ses vêtements où se trouve son organe. Là de suite, il a envie de se l’arracher pour ne plus ressentir cette souffrance. Il est crispé.. Jamais, il n’avait connu pire douleur depuis qu’il est né. Pourtant, pour cet homme dont il serait sûrement le dernier à parler, il ose se tourner vers lui mais, trop peiné pour voir que l’homme en face de lui se trouve aussi piégé dans les abysses de la douleur.

« Avez-vous déjà perdu la seule personne qui vous maintenait en vie ? La seule qui ait vraiment comptée ? Je ne pense pas sinon vous auriez sauté si, cette personne n’était plus.»

Pourquoi lui parler hein ? Autant qu’il se tue de suite… Il ne se reconnaissait plus… En même temps, sans son cadet, il était sans défense comme un enfant. Il n’existait plus rien pour le maintenir, le protéger, il s’écroulait tout simplement et il regarda de nouveau le vide pendant que d’autres larmes silencieuses et dissimulée par cette pluie diluvienne tracent leur chemin sur son facies obscurcit et funeste.

Tenue – Qui était ce type ? Il n’en savait rien mais, il semblait aussi désespéré que lui… Son intonation… Ses paroles … La vengeance ? Il était trop faible pour ça… Qu’est-ce qu’il pourrait faire hein ? Il n’en savait rien mais, en tout cas, cet homme, n’était pas ordinaire… Alors, il connaissait vraiment sa douleur ? Il était déjà mort.. Se venger ? Cela ne ramènerait pas Ayden auprès de lui et tout seul, qu’est-ce qu’il pouvait faire hein ? On ne lui a jamais appris à se battre.. Il sait qu’il n’y a pas que ce moyen pour faire mal mais, les paroles, les mots ? S’attaquer à son frère, c’était une trahison envers sa famille ! Des preuves ? Même son paternel faisait le guignol en laissant cet homme, celui qui lui avait promis de le protéger auprès de lui… Pourquoi ? Depuis le début, il aurait dû réfuter l’idée d’être l’héritier… Il aurait dû se rebeller depuis le début… Cependant, il était entré dans un moule que s’en détacher lui paraissait impossible. Seule la Mort pouvait le délivrer de « ça ». Pourtant, il écoutait ce parfait inconnu que Dieu a sans doute mis sur son chemin afin de le dissuader de sauter. Cependant, contrairement à une personne ordinaire, il ne l’empêchait pas foncièrement de se donner la mort pour se donner bonne conscience mais, pour ne pas assister encore à un terme de vie…. Il semblait n’en avoir rien à faire de sa condition… Quel homme égocentrique et bizarre mais, au moins, il avait le mérite d’être honnête… Honnête…. ? C’était peut-être la première fois et dernière fois qu’il rencontrait quelqu’un qui n’osait pas lui mentir. D’une lenteur extrême, il se retourne à nouveau vers cet homme, un regard vide de vie… Au point qu’on pourrait le confondre avec un aveugle…

La pluie l’empêche de le discerner correctement mais, sa silhouette imposante était malgré tout visible… Il se retrouvait devant un choix à faire… Périr maintenant ou remettre cela à plus tard ? La bouche légèrement entre-ouverte… Si c’était le dernier repas… La dernière conversation avec un homme… Alors pourquoi pas ? Il tremblait aussi bien intérieurement que physiquement… Un dernier regard vers cette eau glacée… Sa main ne s’était pas desserrée de son cœur, elle s’était crispée comme si, cela diminuerait la douleur mais, ce n’était qu’un leurre… Une illusion… Son visage fut défiguré par cette souffrance sourde, laissant de nouveau échapper ses larmes… Ayden.. Il voulait crier son nom… Pourquoi les hommes devaient autant souffrir ? Pourquoi, naissent-ils ? Pourquoi connaissent-ils l’amour si c’est pour devenir des larves à la fin ? Le goût cuivré du sang s’apposa sur sa langue…. Est-ce que son cadet pourrait lui pardonner de n’avoir rien pu faire ? D’avoir été incapable de lui dire qu’il comptait plus que tout pour lui ? D’être un maitre aussi bas ? Incapable même de se tuer immédiatement car, il veut suivre cet homme dont il ne connait rien ?

En tant que marionnette qu’il est, il décide de revenir sur le côté sain et sauf du pont et suit cet homme sans un mot à 5 pas derrière lui, son regard où plus aucunes lumière n’est visible est caché par ses cheveux… Qu’importe les regards des quelques piétons qu’il croise. Il suit comme un automate laissant ses larmes et sa lèvre sanglante être emportée par ces larmes venant tout droit du ciel… En réalité, il se fiche bien dans quel genre d’endroits il se rend… Il n’y fait pas attention.. Il suit juste ce dos… Rien ne dit qu’il ne mettra pas fin à sa vie suite à leur conversation mais, au moins, avant de rejoindre son bien aimé, il aura fait la rencontre d’un homme qui semble avoir survécut à cette douleur atroce… Malgré le poids qu’il arrive à apercevoir sur ses épaules….

Ils finirent par entrer dans un établissement. Jia Heng ne répond rien à la voix chaleureuse et accueillante et de toute façon, il n’en a rien à faire… Il suit le mouvement et s’assoit à une table à l’écart en face de lui après un moment d’hésitation. Il voit enfin le visage de son aîné qui semble épuisé… A-t-il déjà eu envie de mettre un terme à sa vie ? Toutes ces questions tourbillonnaient et au final, il finit par ouvrir de nouveau la bouche d’un ton faible :

« Pourquoi ?... Vous auriez pu très bien tourner le dos… Est-ce que la vengeance vous permet vraiment de continuer à vivre ?»

Les interrogations étaient d’un mélange mais, il ne rajouta rien d’autre… Car lui-même, avait du mal à parler, prononcer un mot, était douloureux… Ses mains étaient restées posées sur ses genoux sans réellement attendre une réponse en réalité.

Tenue – Abandonner avant même de commencer le combat semblait lâche mais, quand on est « faible », qu’on est seul, elle se trouve où l’issue de secours hein ? Il n’y en avait aucunes quoi qu’on en dise. Sa vie était menacée par son grand frère dont il avait eu petit l’envie de connaître mais, on l’a tellement apporté si haut que l’envie lui ait passée et puis, ces regards…. Emplis d’animosité, son existence était la pire punition. Il n’a pas appris à se tenir droit sur son chemin… Les murmures… Ce sont les employés de chaque partis qui créaient les histoires et, il comprenait mieux pourquoi les empereurs, les rois laissaient parfois leur trône. Comment vouloir commander alors que cela signifie tout simplement être attendu par la mort au bout ? Le pouvoir, il l’abandonnait…. Il n’en souhaitait pas. Seulement, son avis ne compte pas… Et aujourd’hui, il se retrouve d’autant plus sans défense… Son pilier s’est effondré. Il ne peut plus se tenir sur Ayden… Pourquoi est-ce qu’il est le fils de premier Ministre du gouvernement Chinois !? Pourquoi hein ? C’était la deuxième fois…. Et cette fois…. Il n’y aurait pas de « deux sans trois »…. Ayden ne reviendrait plus jamais vers son côté… Il ne pourrait plus voir cet air gêné qui le rendait si mignon…. Si fragile…. Le sentir tout contre lui… Finalement, il aurait mieux fait de se jeter avant de rencontrer cet « homme »… Ce serait sans doute leur seule rencontre…… Car… La douleur le saignait toujours un peu plus, les secondes passant… Il n’entendait rien… Les rires des autres clients…. Même leurs visages… Tout n’était qu’ombre. Il n’y avait que la voix de cet inconnu qui lui parvenait… Cet homme  qui semblait épuisé bien que contrairement à lui… Il y avait encore une infime partie de lumière… Ou peut-être était-ce tout simplement le reflet de l’éclairage de la salle ? Quoi qu’il en soit, l’ envie d’affronter ce monde mesquin, qui n’était « gentil » qu’en apparence n’était plus.
 
Jia Heng finit par poser une question simple et stupide…. Est-ce que la vengeance pouvait un minimum combler les trous ? Il en doutait fort… Pourtant il attendit… Se venger hein ? La bonne blague… Il était trahi de tous les côtés… L’homme qu’il considérait comme un membre de sa famille, un homme en qui il avait donné sa confiance celui qui, avant et même quand son amant est arrivé dans sa vie, qu’il aurait les capacités de devenir ce premier ministre qui pourrait changer le gouvernement Chinois ! Foutaises !!! Ce sourire faux… Il avait dû le supporter il y a encore quelques jours sans parler de son aîné et cette haine si farouche… C’était malgré tout son frère bien qu’ils n’aient tissés aucuns liens…. Vu sa place…. Sa position… Il ne possédait pas de preuves… Mais, ce murmure avant qu’il n’apprenne sa….. Est-ce qu’il était derrière tout ça ? Une injustice, il parlait ? Ce monde en était rempli. Rares sont celles réparées. Alors, il ne répondit pas à sa première question…. Il écouta sa proposition peut-être que finalement, il pourrait faire une bonne action pour une personne ici-bas en tenant compagnie à une personne aussi désespérée que.  Une oreille attentive ? Après tout… Qu’est-ce qu’il avait à perdre hein ? Dans quelques jours, il disparaitrait… Si ce n’est pas en se jetant dans un précipice, il restait d’autres méthodes, plus lentes… Mais, tout aussi efficaces et ainsi… Personne ne s’en rendrait compte. Ses mains se crispèrent… Il ne regardait quiconque…. Un sourire d’amertume s’affiche et il délie ses lippes afin de donner sa réponse.
 
« La seule personne qui me donnait la force d’affronter la journée, la seule qui comptait vraiment et mon seul allié, ma lumière…. Et mon amant…»
 
Un souffle… Voilà ce que c’était. Il ne pouvait pas sourire doucement même en prononçant ses paroles parce qu’il n’entendrait plus sa voix. Il n’a pas été capable de se faire obéir par lui…. Il aurait préféré 1000 fois qu’on le sépare de lui que le savoir mort. Il se souvint des paroles de vengeance… De cet homme, qui ont investi son esprit, sa psychologie brisée et fragile. Est-ce qu’il connaissait les personnes qui lui ont ôtés les personnes chères à son cœur ? Entretenait-il le même lien qu’il avait avec Ayden ? S’il avait encore la force… Il hurlerait, il pleurerait… Jia heng finit tout de même par regarder son vis-à-vis à travers ses mèches.
 
« Vous parliez de vengeances tout à l’heure… Est-ce que vous avez été trahis par des connaissances, des proches ? Ce « pouvoir » empoisonne mon existence et m’a enlever mon pilier… Injustice vous dîtes ? La vie n’est qu’injustice… Ce monde est pourri… Au gouvernement se dissimule le mal en personne qui se répand de partout, en commençant au sein de la famille de chaque homme qui se trouve à la tête.»
 
Pourquoi lui parlait-il de lui-même si c’était aussi sombrement… ? Peut-être parce que, il accusait le gouvernement de jouer un rôle important dans la perte de son cadet et la sienne. S’il n’était désigné depuis son plus jeune âge à prendre la suite, cet héritage maudit, Ayden n’aurait pas autant souffert et lui non plus. Il aurait pu le garder près de lui… Seulement, seul le pouvoir compte ainsi que l’argent… Son frère se porterait sans doute candidat pour la place de premier ministre…. Il s’était fermé et ne remercia pas le serveur pour les commandes…
 
« A part me donner la mort, c’est tout ce que je peux faire… En ayant une dernière prière pour la Chine. »

Tenue – Continuer à vivre était une perte de temps. Il se disait même que la fin du monde aurait été souhaitable en 2012 mais non… Il fallait que la Terre continue de tourner pour son plus grand malheur. Au moins, il aurait disparu en même temps que lui, à ses côtés et non en solitaire…. Lui, était mort seul.. Est-ce qu’il avait souffert ? Etait-il mort d’une mort rapide ? Il l’espérait même si aucunes de ces suppositions lui plaisait car, c’était devenu une loque…. Ayden ne méritait pas de souffrir, c’était l’être le plus pur qu’il connaissait et qu’il avait souillé… Il se rappelait encore de « ses » larmes quand ils s’étaient unis. Il lui avait avoué qu’il souffrait, est-ce qu’il avait pressentit qu’il allait partir ? Cet entêté, cet être égoïste qui lui avait tout pris… Sauf sa vie. C’était du Jiang tout craché ce comportement suicidaire… Le devoir, toujours le devoir… S’il l’aimait vraiment… Alors, il ne serait jamais partit à sa suite. Il n’aurait pas été à l’encontre de sa mort….. Et cet inconnu…. Semblait être le reflet de son en âme en peine. Même s’il semblerait que leurs idéologies ne soient pas les mêmes probablement causé par le rapport de force entre-eux. Cet homme était fort comme jamais il ne le serait…. Il finit par articuler quelques syllabes et voyelles afin de donner une réponse tel un jouet cassé parce que c’était ce qu’il était. S’il devait être une poupée pour faire plaisir, si cela pouvait ramener l’homme qu’il aime alors, il se trancherait la gorge ou se mordrait la langue. Se donner en spectacle ne l’effrayait plus. Qu’importe l’image projetée à ses proches ennemis….
 
Il mit un point d’honneur à donner son avis sur la question. Cette petite pensée pour cet univers qui finalement, était un enfer. La Mort devait être le paradis. Éreinté, son corps ne durerait pas bien longtemps et, ce ne serait pas étonnant qu’il soit pris d’aphasie au bout d’un moment. L’étranger reprit la parole et Jia Heng l’écouta. C’était la seule « voix » à cet instant qui lui permettait de rester conscient. Est-ce qu’il avait perdu son amant ? Sa tirade lui parlait mais, cela ne lui insufflait pas une nouvelle force de vie, de force tout simplement. Il ressentait cette part de sincérité car, son visage semblait aussi meurtri par des cicatrices invisibles à l’œil nu mais, cette fatigue bien installée, n’était pas venue d’un claquement de doigts. Qu’importe qui il était… Il trouvait en lui, la première personne qui l’écoutait sans le juger et comprenait cette détresse. Seulement, c’est seul qu’il devra faire front, son propre père ne se retournerait jamais contre son propre sang malgré le fait, qu’il n’ait pas pu le proclamer héritier car, il n’était pas « officiel ».  Le plateau reçut son regard mais… Il ne toucha rien… Comment pourrait-il manger alors, que la faim était inexistante ? Ses prunelles se creusèrent et, il se mordit la lèvre inférieure à sa énième question de but en blanc…. Pourquoi raviver la scène où il l’avait apprise, la mort de son bien-aimé. Peut-être qu'il devrait de son propre chef, mener une enquête sur ce qui est arrivé car, tout est incertain sur les conditions de « sa » disparition.
 
« Assassiner. »
 
C’est le seul mot qui sortit de ses lèvres et encore… Il l’avait dit tellement bas, qu’il n’était pas certain que son écoute active l’ait si bien entendue. Ce mot était fort. Il était conscient que cela lui porterait préjudice surtout le dire à un inconnu d’où le fait qu’il lui ait soufflé si bas pendant que l’une de ses mains avait pris sa fourchette mais, rien que se souvenir de l’annonce faite par son père il… Essaya de remettre un peu d’ordre… Pas de corps ? Attendez… Lui non plus….
 
« Qu’est-ce qui… Vous fait penser que le vôtre a disparu ? Vous n’en êtes pas sûr alors…. Vous l’enterrez déjà ? »
 
Qu’il enterre l’homme qu’il aimait alors qu’il n’avait aucunes nouvelles….. Et lui alors ? Il avait dû surmonter l’épreuve de ce kidnapping… Peut-être qu’il était plus fort que ce vieil homme ou alors que celui-ci, le menait en bateau ? Pourtant, son expression… Semblait si sincère.. Durcissant sa poigne sur la fourchette, il se planta cette dernière dans sa main mais, excepté quelques gouttes de sang et surtout une grimace il..
 
« Même la douleur sur ma main ne peut embaumer et taire cette douleur dans mon cœur…. Celle qui gronde à l’intérieur.  »

Tenue – Aucunes paroles ne semblaient lui faire entendre raison. Il était « faible ». En face ils étaient plus forts et plus nombreux que lui. Nul soutien derrière lui alors, continuer de vivre ? C’était être maso jusqu’au bout. D’un côté, il était rassuré de savoir qu’au moins cet homme n’abandonnait pas. Il ne se souciait de personne excepté son propre confort mais, cette rencontre, peut-être qu’au fond, il espérait que cet homme qui en impose, se souvienne de lui et de cette histoire si, elle lui parvenait à ses oreilles même si cela est impossible. Car, le meurtre de son amant, s’est établi dans un autre pays, son pays natal : La Chine.
 
« Tant mieux. J’espère pour vous qu’il reviendra vite.»
 
Qu’il ne soit pas incombé d’un nouveau décès. Car la mort d’un amant était plus violente que la mort d’un parent. Il ne soupçonne pas que cet homme a perdu de la famille proche mais, il sait que lui, si il apprenait que son paternel ou sa mère venaient à mourir, il serait peiné, ressentirait du remord même envers son propre frère mais, il n’aurait pas le souhait de retrouver le dieu de la Mort. Le Shinigami. Avaler quelque chose ? La nourriture lui paraissait fade et sans beauté et il le fit bien sentir en se plantant les dents du mini triton. Un filet de sang se déversa mais, il était comme attiré par ce dernier. Il en était presque euphorique de le voir s’écoulait ainsi. Finalement, se trancher les veines ne semblait pas aussi irréalisable qu’il le pensait. Des idées plus morbides les unes que les autres, prenaient le total contrôle de son esprit, de son âme.  Ce geste fut  peut-être la dernière preuve, celle qui parla pour lui à cet homme ! Son choix était irrévocable. Il l’écouta parler et… Avant que cet inconnu ne disparaisse il délia ses lèvres :
 
« Merci et bonne chance pour votre vengeance.»
 
Il ne dit plus rien mais, il tenait à ce qu’il le sache. Il était le premier à lui avoir prêté une oreille attentive et, il lui en était reconnaissant pour cette soirée aux allures anodines mais, importante à ses yeux. Il était le premier homme à l’avoir fait alors que rien ne le forçait ! Le premier à lui avoir prêté un peu d’attention au point d’entendre son cri de détresse. Même ses propres parents ne s’en sont pas aperçus. Ils ne l’ont jamais regardé en face car, sinon ils verraient sa véritable valeur, celle qui serait sans doute une preuve de faiblesse, un déshonneur sans nom. Se voiler la face était une attitude ancrée dans cette famille de pouvoir. Est-ce qu’à sa mort ils pleureront ? Ses grands-parents le feront certainement, déçus que cela soit le fils de cette relation indigne qui prenne les rennes. Quoi qu’en fait, pourquoi s’en soucier ? Il ne sera plus là pour le voir en fait, il sera dans les bras de son amant. Ce dernier l’attendait… Comment ne pas penser à Ayden ? Jusqu’à son dernier souffle, il ne penserait qu’à lui… Est-ce que ce dernier en a fait de même ? Qui sait…. ? Le jeune héritier n’en était pas certain. Cet idiot a dû encore pensé à son devoir et, il n’est pas sûr qu’il se soit rendu compte de ses sentiments à son égard. D’ailleurs est-ce qu’il a éprouvé de l’amour pour lui ? Il écarquilla les yeux à la vision de cette carte qu’il attrapa de ses doigts tremblants et « le »laissa tapoter sa tête. Avant qu’il ne parte et par reconnaissance…
 
« Li Jia Heng.»
 
A peine plus élevé qu’un chuchotement. Incertain qu’il l’ait entendu mais au moins, que ce chef de police sache qui il était car, dans son cœur c’était leur première et dernière rencontre. Après tout, ce soir n’était qu’un sursis. Il s’ôta le couvert planté dans sa main et, essuya sa blessure avec l’une des serviettes trouvée sur la table. Il donna les billets à la serveuse pour se précipiter rapidement hors de cet endroit devenu trop lumineux pour ses yeux au point de les lui brûler. Retrouvant la pluie, il leva le nez en l’air et resta ainsi légèrement balançant sans bouger. Il ne lui restait plus qu’à rentrer au dortoir y passer ses derniers instants… Dans cette chambre emplie de souvenirs d’eux car les souvenirs… C’était tout ce qui lui restait.