J’aimais mon métier. Il n’y avait aucun doute là-dessus. J’adorais ce que je faisais, sauver des vies tous les jours bien qu’il nous arrivait malheureusement d’en perdre aussi. J’étais fier de ce que j’étais, de celui que j’étais devenu en grandissant et je ne regrettais aucun de mes choix. Chaque jour était propre et chaque seconde était précieuse. Il y avait la majorité du temps cette angoisse dans le creux du coeur et cette boule au ventre par peur de ne pas réussir la mission à temps, par peur qu’une victime est encore coincée dans l’un de ces bâtiments mais on gardait toujours notre sérieux, notre sang froid afin de parvenir au mieux à leur porter notre aide. J’aimais voir leur sourire une fois sortir de là, les entendre me dire « Merci » et les voir rassurer d’être encore là parmi nous. Certes, malheureusement ce n’est pas tous les jours aussi fantastique et on a notre lot de déception également, à cause de ceux qui ont perdu la vie avant même d’arriver à l’hôpital ou de ceux qui n’ont pas tenu dans un incendie par exemple... Et ce n’est sans parler de notre job, parfois, je m’inquiète de mes coéquipiers qui plusieurs fois ont frôlé la correctionnelle et même si j’étais l’un d’eux, je ne souhaitais la mort de personne. Si c’était moi, ce n’était encore pas très grave. Je m’étais lancé là-dedans dans le but d’offrir ma vie au monde entier afin de pouvoir en sauver ne serait-ce qu’une seule. Elle ne m’appartenait plus réellement parce que je n’avais rien contre le fait qu’on me l’enlève. Enfin, dans le sens où elle serait utile pour une autre personne. Je n’avais pas envie de mourir non plus. Je disais simplement que c’était mon métier et que si j’avais le choix entre ma vie et celle de quelqu’un d’autre. Je choisirais celle de quelqu’un d’autre. Avec le temps, voilà le genre de personnes que j’étais devenu. Si dans le passé, on m’avait expliqué que je deviendrais pompier, que la vie du monde entier serait plus importante que la mienne et que je me démènerais pour n’avoir qu’un misérable sourire sur les lèvres des gens, j’en aurais probablement rit au nez de plus d’un. A cette époque, tout ça me paraissait probablement inconcevable.

Néanmoins, malgré le fait que j’aimais plus que tout mon métier, il y avait bien une chose qui ne changeait pas, c’était les missions concernant les tremblements de terre ou les éboulements. Je ne pouvais m’empêcher de les lier à lui. Bien sûr, maintenant, je ne suis plus aussi choqué que je l’ai été par le passé, je n’ai plus ces images qui me traumatise quand je dors - bien que ça revient parfois - cependant dés que je subis une situation similaire, je repense à Shin et je crois qu’il me donne la force de dédoubler d’effort encore plus. Aujourd’hui heureusement, on avait pu sauver cette dame et son fils qui s’étaient retrouvés ensevelis dans des débris même si ça avait été difficile. Alors je ne pouvais que comprendre à quel point ces pompiers à l’époque avaient du se battre pour essayer de le sauver et ce qu’ils avaient du ressentir en découvrant que son coeur ne battait plus. C’était un sacré métier... Et il fallait une volonté de fer pour tenir, pour ne pas craquer à la moindre impasse.

C’était en réfléchissant à tout cela, qu’après avoir amené les victimes à l’hôpital, j’étais parti prendre l’air à l’extérieur, m’allumant une nouvelle cigarette. Plus qu’une envie, c’était devenue une habitude, une sorte de rituel que je ne parvenais pas à arrêter. Parce qu’il était concerné. Et de toute façon, j’avais terminé ma journée donc on n’aurait pas à me reprocher de fumer pendant mes heures de travail. Mais - j’aurais du m’y attendre - ce n’était ni mes collègues, ni mes supérieurs qui me réprimandèrent à ce sujet, c’était Sae Ra qui venait tout juste d’apparaître et que je n’avais pas remarqué avant. J’étais trop perdu dans mes réflexions pour remarquer sa présence. Je la regardais, expirant quelques bouffées de nicotine avant de soupirer discrètement à sa remarque. Elle ne pouvait s’en empêcher, dés qu’on se voyait et que j’avais une clope au bec, c’étaient les mêmes réprimandes. On se connaissait depuis un certain temps maintenant alors je suppose que ce n’était qu’une façon comme une autre de s’inquiéter pour moi cependant il n’y avait de quoi s’en faire à ce sujet. Je l’observais en train de me tendre sa barre chocolatée et j’arquais un sourcil comme pour savoir s’il n’était pas simplement en train de se ficher de moi avant de sourire, amusé malgré tout par sa rétorque. Bien qu’elle me grondait toujours sur la cigarette, je l’aimais bien. Elle ne se prenait pas la tête, était bon vivante, forte et rares étaient les fois où elle n’avait pas le sourire. A chaque fois que j’étais avec elle, il y avait cette ambiance agréable qu’il n’y avait pas avec d’autre. Je ne saurais comment l’expliquer mais j’appréciais ça.

Mes pupilles s’écarquillèrent toutefois de surprise quand elle jugea bon d’utiliser l’expression « fumer comme un pompier » et même si je me doutais que derrière tout ça se cachait une pointe de sérieux, qu’elle était curieuse à propos de ma vie privée dont je ne parlais jamais, je ne pus retenir le doux rire qui s’était échappé de mes lèvres.

- Merci, Rétorquais-je en prenant quelques chips avant de reprendre la consommation de ma cigarette.

Je la contemplais d’un air amusé et secouai ma tête afin de dire qu’elle n’était pas possible et qu’elle ne pouvait décidément pas s’empêcher de faire des remarques stupides. Mais c’était drôle.

- Tu es incorrigible ! Mais c’était bien trouvé, je l’admets. Seulement, c’est un peu stupide comme question non ? Y a-t-il besoin d’une raison particulière pour fumer ? Ce n’est pas si facile de s’arrêter même si on le souhaite.

Certes j’admettais de ne faire aucun effort parce qu’au fond de moi je n’avais pas envie d’arrêter néanmoins c’était justement là toute l’astuce pour ne plus être accro à une drogue comme celle-ci : la volonté. Si on le désir fermement, qu’on le veut de tout notre coeur alors tout devient plus facile. Cependant ce n’était pas comme pour mon métier, le tabac était l’une des seules choses qui me reliaient à lui hormis mes souvenirs, certaines photographies et ce tatouage que j’avais à mon poignet. Je ne voulais pas arrêter donc je suppose que oui, il y avait une raison à tout ça toutefois je m’abstiendrais de le dire.

- Et toi ? On ne t’a jamais dit que ce n’était pas bon de manger autant, Me moquais-je gentiment, désirant par-dessus tout contourner le sujet, Tu vas grossir si tu continues ! En tant que fille, tu pourrais au moins faire attention à ta ligne. Ou plutôt en tant qu’infirmière au moins, c’est censé être sexy une infirmière.

Souriant de cet air taquin, je la contemplai avec intensité, la détaillant de haut en bas avant d’ajouter :

- Mais je dois dire que ça n’a pas l’air d’être ton cas.

Je ris en guise de complément à mes dires, justifiant ainsi que ce n’était qu’une plaisanterie à prendre au second degré. Cependant Sae Ra devait être habitué puisqu’elle me connaissait et que cela faisait partie de mon caractère. En plus, je n’avais pas tout à fait menti, assise comme ça avec ses chips, sa barre chocolatée et son sandwich, ce n’était pas très glorifiant pour une jolie fille. Mais au moins, ça avait le don de me faire rire. Ce qui était déjà un bon point.

Pourquoi je fumais ? On s’en fichait. Ca n’avait pas vraiment d’importance. J’étais le mieux placé pour savoir que c’était mauvais pour la santé mais et alors ? Il y en a qui n’ont jamais touché à du tabac de leur vie et sont morts d’un cancer des poumons tandis qu’au contraire d’autres ont fumé plus que moi et son encore en vie alors qu’ils ont dépassé le stade des quatre-vingts ans. Cela ne signifie rien. Ce n’était même pas une question de dépendance pour moi, je suppose que c’était plus une habitude. Bien que oui, cela me faisait du bien à chaque fois que j’en prenais une. Ca m’apaisait et quoi qu’il arrive, je refusais d’essayer de m’en passer. Je n’étais pas encore prêt pour ça. Probablement que l’effet drogue n’était pas l’unique raison pour que je consomme autant soit, cependant j’aimerais qu’on me laisse tranquille à ce sujet. C’était mon problème et si je n’en parlais pas, c’est que je me satisfaisais très bien ainsi. Je ne pris pas la peine de répondre à sa remarque, cela n’aurait sûrement fait qu’attiser sa curiosité si je l’avais fait. La voir toutefois essayer de me prouver à quel point elle était sexy me fit rire. Non, je n’étais pas jaloux. La poitrine, pas de muscle, un petit ventre et des jambes fines, ça va bien sur les femmes. A ce que je sache, je n’avais pas encore ce genre de penchant. Je m’aimais très bien tel que j’étais et on n’allait pas se le cacher, pour un homme, j’étais plutôt bien foutu. De toute façon, rien que pour être pompier, il fallait l’être. ça devait être écrit quelque part dans la close du contrat « être beau et sexy ». Puis au cas où on ne le serait pas, avec les heures d’entraînements qu’on passe afin d’être plus fort, d’entretenir sa forme et de maîtriser le métier nous transformait aussitôt en un jeune homme beau et sexy. Je levai les yeux au ciel, blasé de mes propres pensées et rigola de plus bel en la voyant s’amuser à jouer au basket avec ses déchets. Mais on ne s’improvise pas basketteur du jour au lendemain donc elle avait évidemment raté son coup, ce qui malgré moi m’avait plus amusé que ça ne l’aurait du.

Toutefois mon rire s’estompa aussi vite qu’il était venu, mon attention se figeant sur ma camarade. Celle-là, je ne m’étais pas attendu. Elle s’était encore faite agressée ? Cette remarque m’inquiéta aussitôt et je lui en voulais presque de me le dire seulement maintenant. Certes, on venait tout juste de se croiser néanmoins au lieu de me réprimander sur la cigarette elle aurait du me le dire. Allait-elle bien ? Elle en avait l’air cependant j’étais probablement l’un des mieux placés pour savoir que cette histoire avait du la chambouler mais par dessus-tout lui rappeler un nombre incalculables de souvenirs. Alors oui, ça me tracassait. Je l’écoutais me parler et elle mentionna un certain joueur de baseball. J’ignorais lequel était-ce cependant je le remerciais d’être intervenu et de l’avoir aidé. Comme quoi tous ne sont pas si idiots... Je m’intéresse un peu à tout ça, je ne suis pas un fanatique mais il m’arrive de regarder quelques matchs à la télévision quand je ne suis pas trop fatigué donc je suppose que je le « connais ».

- Ne dit pas ça, Rétorquais-je posément, Si vraiment tu étais malchanceuse, ce joueur de baseball n’aurait pas été là pour toi tu ne crois pas ?

Cela pouvait paraître idiot de dire ça néanmoins je préférais voir le côté positif de l’évènement plus que de dramatiser et de penser au fait qu’elle aurait pu être grièvement blessée. Ce qui n’avait pas l’ai d’être le cas bien qu’intérieurement, ça devait certainement être autre chose.

- Mais le principal est surtout de savoir comment tu vas, tu veux en parler ?

Je ne la quittai pas du regard et lui montrai ô combien j’étais sérieux que j’avais cessé toute trace de plaisanterie, écrasant mon mégot dans le cendrier près de moi.

- Tu as été blessé ?

En réalité, je mourrais d’envie de connaître l’entièreté de l’histoire, de comment tout s’était déroulé cependant je préférais ne pas être trop curieux. Cela ne devait pas être évident de devoir tout se ressasser alors je pensais qu’aller à l’essentielle de mes inquiétudes était déjà suffisant.

Keisuke ? Machinalement, je détournai mon attention vers elle, surpris. On parlait bien de ce Keisuke là ? Si elle disait un joueur de baseball et qui se nommait Keisuke, je ne voyais que lui. Takeda Keisuke. L’as des Giants. Je n’étais pas spécialement fanatique de ce sport mais ça m’arrivait de suivre des matchs ou des émissions parfois et ce type, j’avais toujours eu une mauvaise impression sur lui. Je ne pouvais pas expliquer quoi cependant je ne l’appréciais pas particulièrement et il était bien trop mis en avant pour un joueur de baseball. Certes il avait beaucoup de talent, je ne disais pas le contraire néanmoins son caractère m’avait toujours semblé des plus hautains alors qu’il devrait juste être heureux de faire ce sport. Dans tous les cas, jamais je n’aurais envisagé une telle chose venant de lui alors quoi que j’ai pu penser de lui jusqu’à aujourd’hui, peu importait, je lui étais extrêmement reconnaissant. Il l’avait protégée. Plus que protégée d’ailleurs. Malgré le sport qu’il effectuait, il s’était mis en danger pour quelqu’un d’autre. Avec une agression, ce n’est pas rare non plus de perdre l’agilité de ses bras, ou de ses jambes et pour un joueur de baseball, cela aurait pu être handicapant. Voir même, il aurait pu ne plus jamais pouvoir faire partie de l’équipe à cause d’une blessure qu’il aurait à vie néanmoins il était intervenu. Il avait évité à Sae Ra un choc encore plus énorme que ce qu’elle avait déjà à présent. Je n’étais pas idiot et remarquais ô combien cela la touchait, cela la torturait encore après tout ce temps. Et c’était normal. Plus que l’agression, elle avait perdu un enfant. Et ça pour une femme, c’est certainement la chose la plus douloureuse au monde. Si je pouvais, je tuerais ces hommes qui se comportent sans réfléchir, qui blessent volontairement des individus par simple but d’avoir un peu d’argent, de voler ou autre. Je ne dis pas que j’étais mieux cependant jusqu’alors je n’avais jamais blessé quelqu’un physiquement. Je m’étais bagarré mais on était plusieurs et ce n’était pas par pur plaisir de faire du mal à l’autre, c’était simplement comme ça dans le feu de l’action, par la colère... Je n’avais agressé personne juste parce que je voulais son sac. Et je ne pardonnais pas ces gens-là qui s’en prenaient aux autres sans raisons précises... J’en vois tous les jours et j’en veux au monde entier d’être aussi injuste. Mais malheureusement, ce n’était pas un vulgaire pompier comme moi qui allait pouvoir changer les choses. Bien sûr j’aidais à ma manière, en sauvant des vies et tentant du mieux que je le pouvais d’intervenir rapidement. Néanmoins ce n’était pas toujours suffisant.

Je la regardais tristement et m’approchant d’elle, je la forçai doucement à se rassoir sur le banc. Sans rien dire, je m’échappai en direction des distributeurs puis revins quelques minutes après, une bouteille d’eau à la main que je lui tendis aussitôt.

- Boit un peu, ça te fera du bien.

Un sourire chaleureux et je m’installai à côté d’elle, ne la quittant pas du regard avant d’égarer mes prunelles ailleurs dans la cour de l’hôpital.

- En premier lieu, arrête de culpabiliser pour ce gars, Déclarais-je calmement, Je comprends ce que tu peux ressentir mais ce n’est pas de ta faute. Il a décidé lui-même d’intervenir non ? Donc plutôt que de culpabiliser, soit lui reconnaissante. Je me doute que tu l’ais alors soit le encore plus.

Et c’était la vérité. A quoi cela lui servait-il de se le reprocher ? Ce Keisuke n’avait certainement pas agi dans ce but là. Si j’avais été à sa place, je n’aimerais pas qu’on culpabilise pour moi. Alors il fallait que Sae Ra comprenne cela cependant je me doutais bien évidemment que ce n’était pas une chose facile.

- Pour ce qui est du reste, si tu as besoin d’évacuer, ne te retient pas. Au contraire. C’est en relâchant tes émotions que tu parviendras à vivre avec. Je pense que c’est quelque chose que tu ne pourras pas oublier mais avec le temps, tu finiras par simplement vivre avec. Il ne faut juste pas que tu te bloques Sae. Et puis tu sais très bien que tu n’as pas à hésiter avec moi.

Ne souhaitant pas la brusquer non plus, je posais simplement ma main sur son dos et doucereusement, je commençai à y dessiner quelques ronds de manière à la réconforter. Je ne pouvais malheureusement pas faire grand chose, je ne pouvais pas corriger le passé cependant je pouvais l’écouter, être présent s’il en avait besoin et surtout ne pas la lâcher. De plus, si on regardait attentivement, quelque part, elle me ressemblait.

Parler de Shin m’avait quelque peu troublé néanmoins j’avais su ne rien montrer et rester le même malgré la mélancolie qui me gagnait à chaque fois que je parlais de lui. Seulement je me disais qu’ainsi cela serait peut-être plus facile de faire comprendre à Sae Ra que malgré les aléas de la vie, il ne fallait pas s’en arrêter là et continuer à être heureux. La roue tourne pour tout le monde et un jour tous ces mauvais souvenirs resteront cachés quelque part dans le coeur et on pourra aborder le sujet facilement, un sourire aux lèvres lorsqu’on mentionnerait ceux qu’on aime et qu’on a aimé autrefois. Mais j’étais quand bien même satisfait de constater que ma camarade de baisser pas les bras et qu’elle se battait. Bien sûr, comme tout le monde, cela lui arrivait d’avoir des moments difficiles comme aujourd’hui cependant c’était à cela que servait les amis non ? Dés qu’elle aurait besoin de parler, je serais là si ça pouvait l’apaiser et l’aider à aller mieux, à aller de l’avant.

Un sourire étira toutefois mes lèvres quand elle parla de la cigarette sans savoir que le tabac était lié à Shin. Même si je ne fumais certainement pas autant à l’époque. C’était juste que c’était la seule chose que mon meilleur ami me laissait faire et parfois de lui-même il m’achetait des paquets de clope, parce qu’il ne savait pas quoi m’acheter d’autre pour me faire plaisir. Il n’appréciait pas le fait que cela puisse me détruire la santé cependant il comprenait le bien que j’avais en fumant alors il n’avait jamais chipoté à ce propos là. Puis il répétait souvent que c’était bien moi, que la cigarette allait parfaitement à un gars comme moi au vue de ces airs de bad boy que j’abordais tout le temps. Je ne serais plus « Tachibana Yano » s’il n’y avait pas un jour sans que j’ai une cigarette aux creux des lèvres. C’était ce qu’il rétorquait. Il avait des pensées étranges parfois quand on savait qu’il me réprimandait pour toutes les conneries que je faisais mais pas pour le tabac.

- Non, j’ai fini pour aujourd’hui, Déclarais-je en écrasant mon mégot dans le cendrier près de moi, Mais j’ai hâte d’entendre cette bonne nouvelle en tout cas ! Et ne t’en fait pas, cela ne me dérange pas que tu viennes m’en parler si ça peut t’aider. Même si au contraire, je ne parle pas trop de moi, cela ne signifie pas que je me fiche du reste, c’est juste dans ma nature d’être ainsi.

Je n’ai jamais vraiment aimé me confier à qui que ce soit. Que cela soit dans le passé ou maintenant, j’ai toujours été comme cela. Mais ça s’était accentué avec le temps parce que parler de la mort de Shin restait quelque chose de tabou à mes yeux car cela m’obligeait à faire un bon à des années en arrière, à ce moment où j’avais tout perdu et je n’en avais pas envie. Je peinais déjà à me rappeler de beaucoup de choses quant à ma vie d’avant alors si je pouvais éviter de songer aux pires instants de mon existence, ce serait bien.

- Mais pour la cigarette détrompe-toi, Ajoutais-je malgré tout, égarant mes iris en sa direction, C’était la seule chose pour laquelle il ne me grondait pas. Et même si je sais que c’est mauvais pour la santé, je n’ai pas envie de me forcer à arrêter, j’ai trop besoin de ça.

Evidemment parce que cela me rappelait mon meilleur ami mais pas seulement, la nicotine me permettait de tenir, d’évacuer le stress dans les coups durs et de m’apaiser. Ce n’était pas par plaisir ou juste pour me la « péter », j’en avais simplement besoin, c’est tout. Pour certains c’était l’alcool, d’autre le sport ou autres choses, moi c’était le tabac.

- En tout cas, je suis content de voir que tu n’abandonnes pas. Garde cette force de caractère là et si tu as besoin, n’hésite pas.

Je lui fis un clin d’oeil avant de m’échapper vers les distributeurs et de revenir avec deux nouvelles boissons en main dont une que je lui donnais.

- Puisque tu ne fais pas attention à ta ligne, un soda de plus ne te fera pas de mal je suppose ? La taquinais-je alors avant de m’asseoir sur le banc et de siroter la mienne.

J’étais tout de même heureux d’avoir pu discuter avec elle. Après tout cela faisait un certain temps qu’on ne s’était pas croisé.