Cela fait si longtemps que je n’ai pas vu Chiaki, j’en ressentirais presque un manque. Elle était après tout une ancienne fiancée, parfois j’en éprouve de la rancœur en y repensant. J’étais forcé à sortir avec elle, à la supporter et surtout, à devoir l’écouter et faire semblant. J’ai essayé de lui faire peur au début mais Chiaki n’ait pas du genre à se laisser faire (et bien que cela m’a profondément agacé), je compris que nos intérêts étaient communs, au final, nous nous sommes liés pour faire céder nos parents. Mais les résultats furent décevants.
Puis après son accident, je ne ressentais pour elle que de la sympathie. Mon père l’a lynché, a rompu la promesse d’engagement et à clairement montré combien la jeune fille était devenu une « estropiée ». Méprisable personnage que je déteste tant. Ce soir-là, je me souviens clairement avoir reçu un mail incendiaire et des menaces évidentes après lui avoir envoyé moi-même mon point de vu sur ses paroles abusives. La prochaine fois que je le verrai, je sais très bien ce qu’il se passera et pour être honnête, mon cerveau flanche encore en me disant que je l’ai clairement cherché.
Je tape à la porte de la chambre de la japonais après que ses colocataires m’aient laissé entrer puis ouvre doucement, passant la tête via l’ouverture.
« Chiaki ? » Dis-je dans un chuchotement intimidé face au silence de la pièce, glissant dans son espace intime en faisant attention à où je mettais les pieds. Ce n’est pas la première fois que je viens ici donc en soit, je ne m’y sens pas de trop mais cette fois-ci, elle dessine alors j’hésite à m’approcher, de peur de la déranger. La regardant un moment de dos, concentrée sur son papier. C'est fascinant de voir autant de passion chez les autres, j'aimerai pouvoir en faire autant quelque part.
Finalement, j'avance, posant ma
veste sur son lit, curieux de ce qu’elle peut bien trafiquer dans son coin pour ne même pas me remarquer. Ayant déjà retiré mes chaussures dans l’entrée du dortoir, mes chaussettes glissent silencieusement jusqu’à elle puis je me poste derrière elle, mes pupilles s’élargissant à vue d’œil en observant ENFIN ce qu’elle mijote.
« Euhm. » Je fronce les sourcils et baisse mon torse à sa hauteur, mon visage à côté du sien.
« Qu’est-ce que c’est ça ? » dis-je en tentant de garder un visage placide face à l’image lubrique qu’elle me présente devant les yeux, un dessin de moi et Ayden dans une position fortement compromettante. Pour être honnête je ne sais vraiment pas quoi penser. Je veux m’énerver et lui dire de ne pas reporter ses fantasmes bizarres sur moi et mon ami. Je veux m’énerver et lui crier dessus que je ne suis pas intéressé par ce genre de relation mais je n’arrive pas à le faire. Non parce que c’est Chiaki et que j’aime passer du temps avec elle et qu'importe ce qu'elle fait, je ne me vexerais pas. Mais pour une raison qui me reste encore inconnue et c'est bien cela qui m'effraie le plus…
« C’est déplaisant. » grognais-je avant de tourner mon nez vers le sien, la fixant d’un regard noir et furieux.
« Tu n’as que ça à faire, humilier tes amis ? »Mes paroles sont acres, je le conçois. Et franchement, sa réaction ne sera pas sans surprise… Toutefois je ressens comme cet oppressant besoin de me protéger, de contredire ce qu’elle peut insinuer par ces traits… J'ai un gros pincement au cœur face à cette érotisme qui ne me dérange pas de la façon dont tout le monde pourrait l'imaginer. Et comme je le disais, c'est bien cela qui me terrifie en fait.