i hate you so much.

choi a. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Debout devant la porte fermée de la chambre à ma mère, je tape à nouveau dessus, l'air désespéré et ennuyé. Un plateau entre les mains, recouvert de plusieurs plats préparés par les cuisiniers. « Maman, mange un morceau. » Aucune réponse. Je n'ai pas besoin de l'entendre, ni de la voir, pour savoir qu'elle pleure encore cachée sous ses draps. Ma mère est inconsolable depuis que mon père est mort, depuis qu'elle a perdu son mari. Son boulot n'arrête pas d'appeler, pour savoir comment ça se passe et si au début je décrochais à sa place, je me suis rapidement énervé contre mes interlocuteurs. Ils téléphonent beaucoup moins, peut-être ont-ils compris que ma mère allait vraiment mal et que ce n'était pas le moment de faire chier. Sauf qu'elle ne mange pas depuis plusieurs jours ou je l'entends se lever la nuit pour fouiller dans les frigos, quand personne n'est là pour la voir. Je ne comprends pas, même si elle a perdu une personne chère, elle ne devrait pas se laisser aller de la sorte. C'est étrange, parce qu'il avait beau être mon père, je ne ressens pas autant de tristesse que ma mère. Je continue à vivre, à aller à l'école, à sortir avec mes potes, à manger, boire, respirer. Ce scénario répétitif me lasse, j'abandonne le plateau devant sa porte en lui disant que je m'en vais. Je suis sûr qu'elle le récupérera d'ici dix minutes, quand j'aurai quitté la demeure. Enfilant une combi et des grosses chaussures, je ne dis rien à personne et m'en vais, direction l'entrée de métro. Je dois voir un docteur à l'hôpital par rapport à mes côtes fracturées, même si j'ai beaucoup moins mal que la dernière fois, cela ne veut pas dire que je suis à cent pour cent guéri. Les marques ont disparus, elles. Seulement les marques, seulement mon corps se régénère, pas mon esprit. Je suis toujours en colère contre tout le monde, bien que je ne laisse rien paraître. J'évite de gueuler sur ma mère, d'exploser face aux employés de la maison, d'envoyer bouler mes amis, de m'enfermer dans ma bulle à injurier la moindre parcelle de vie sur cette putain de planète. Non, je continue de faire les choses que je fais tous les jours, en gardant pour moi cette haine qui me ronge un peu plus à chaque seconde. Cette haine qui est susceptible de se déverser à la moindre occasion, comme une étincelle pourrait faire exploser une pièce remplit de gaz. L'hôpital est toujours animé, y a pas une seule fois où je l'ai trouvé calme et reposant. Je déteste cet endroit. Je ne l'ai jamais apprécié, mais depuis la mort de mon père, je le hais. Mes pas me mènent à la réception, où j'indique ma présence. La femme derrière son ordinateur m'indique un étage et une porte, rien de plus. Sans un mot, je me dégage du comptoir dans l'intention de prendre l'ascenseur, mais je n'ai même pas envisagé d'appuyer sur le bouton que mes yeux tombent sur une silhouette familière. Même en fauteuil roulant, je le reconnaîtrais... Et c'est à ce moment-là que l'étincelle vient allumer la bombe. « Toujours vivant. » Lâchais-je avec retenu, contrôlant au mieux mes sentiments et mon envie de l'expédier à la morgue, lui et notamment son frère.

calimena

i hate you so much.

choi a. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Lorsque je me suis endormi cette nuit-là je ne pensais en aucun cas que je me réveillerai, je savais que j’allais mourir et voir la lumière lorsque mes paupières se sont doucement entrouverte m’aurait presque fait penser que j’étais au paradis, sauf que la douleur dans mes membres m’avais prouvé le contraire, les tuyaux branché passant dans mon nez, ma gorge, cette sensation étrange de sentir mon cœur battre de nouveau, je ne peux pas l’expliquer, j’étais à la fois content et effrayé par ce qui avait pu se passer durant mon sommeil. Les infirmières et le docteur m’avaient entouré pour m’expliquer que j’avais eu un don d’organe, bien entendu je ne saurais pas qui était la personne en question, mais ce cœur pouvait me permettre de vivre plus longtemps. Rien n’était assuré quant à la greffe, si j’allais l’accepter ou la rejeter, personne ne pouvait répondre à cette question et je devais simplement prendre mon mal en patience pour le savoir. Ma famille pleurant, Orion soulagé aussi qui me répété « je te l’avais dit », j’étais épuisé et pas en état de réellement parler ou sourire, mais j’étais vivant.

Les jours sont passés, je ne pouvais pas encore sortir de mon lit, marcher ou faire des folies, mais je recevais de la visite, je parlais et le reste du temps on me faisait des examens, bien que j’eus un nouveau cœur ce n’était que le début. Aujourd’hui il n’y avait personne dans ma chambre et j’ai demandé une chaise roulante pour qu’on me permette de me promener dans l’hôpital et prendre l’air, bien que je sois habitué à rester enfermé dans une chambre, je pouvais au moins voir autres choses que les murs blancs et les appareils auxquels j’étais branché non stop. J’avais accroché la perfusion a la chaise et j’avançais dans les couloirs, lorsque je vis Momiji devant moi. Je ne l’ai pas revu depuis ce soir-là où je me suis écroulé devant lui, la dernière chose que j’ai entendue c’était sa voix. « On dirait. » Je n’avais jamais prié pour avoir un donneur, je n’ai jamais rien demandé, mais il faut croire qu’on a jugé bon de me laisser vivre. J’aimerais m’excuser et remercier aussi la famille qui a perdu quelqu’un et offert son cœur, mais le secret médical m’empêche de savoir, alors je ne peux que me résigner. « Comment vont tes côtes ? »

calimena

i hate you so much.

choi e. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ De tous, j'étais le dernier -loin derrière les autres- à croire au miracle qui permettrait à Kellian de survivre à sa maladie. à mes yeux, il était condamné à mourir et aucune parole de son jeune frère ne pourrait changer cette évidence. Alors, où est-ce que ça a foiré pour qu'il soit toujours en vie ? Pourquoi fallait-il que ce soit mon père qui meurt pour lui permettre à lui de vivre ? Je suis en colère, bien que ce ne soit pas la faute de Kellian. Il était déjà quasiment mort quand la roue a tourné, quand le destin a changé de direction et a préféré favoriser un garçon comme lui que moi. L'incompréhension me rend mauvais, l'injustice me pousse à être haineux envers le monde entier. Ils sont tous fautifs, tous complices. Personne ne me comprend, personne ne sait pourquoi je suis si méchant, si aigris. Suite à son décès, je n'aurai jamais dû remettre les pieds dans cet hôpital, quitte à ignorer les rendez-vous de sûreté. Je m'en fiche qu'ils m'examinent, qu'ils me disent si mes côtes vont mieux ou non, je m'en fou de moi. Fallait que je tombe sur lui, qu'il soit là devant moi et que mon coeur se serre au point de vomir tant d'injure dans mon cerveau qui tente de bloquer ce flot jusqu'à mes lèvres. « C'est tout ce que tu trouves à dire ? » C'est lui à qui ont a retiré et remplacé son coeur qui me demande comment vont mes côtes ? Putain, s'il n'avait pas son coeur, je l'aurais déjà assassiné. « Pourquoi c'est toi qui l'a eu ? Pourquoi tu ne pouvais pas mourir sans faire chier ton monde ! C'était prévu comme ça ! » Criais-je, les sourcils froncés et le visage rouge sous l'effet de l'énervement qui éclate brusquement. C'est comme un bouilloire qui siffle et fume. « Tu aurais dû mourir, toi et seulement toi ! Y avait pas de p'tain d'miracle ! » C'est de sa faute s'il est mort, de sa faute.

calimena

i hate you so much.

choi a. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ J’étais comme Momiji au fond. Contrairement à mon frère je ne pensais pas m’en sortir, c’était encore étrange pour moi de me promener avec un cœur qui n’était pas le mien, ce n’était pas la première intervention que je connaissais, mais je savais qu’une personne était morte et par cette terrible vérité, elle m’avait sauvé. Je ne pense pas que les choses nous sont dues, je ne souhaitais pas la mort d’un inconnu pour survivre, bien entendu je mentirai si je disais ne pas être heureux de respirer, mais ce n’était que le début je ne pouvais même pas me déplacer sans cette chaise et cette perfusion pour l’instant. Puis rien n’assure que je vais vivre, si je rejette le cœur et qu’il n’y a aucun donneur au final ce ne serait qu’un sursit, de quelques semaines, quelques mois, peut-être quelques années, mais tout peut arrivé et je suis bien placé pour le savoir. Croiser Momo lors de ma première balade est une bonne chose, je peux au moins lui demander comment vont ses côtes, j’ignore ce qu’il traverse alors forcément je prends ses paroles comme son habituel comportement de rejet envers moi, bien que je pense qu’on avait un peu dépassé ce stade, j’imagine qu’il avait juste pitié d’un mourant malgré ses dires et ça me fait sourire, même si ses mots pourraient sembler horrible et cru, méchant et insensible, je ne suis pas facilement blessé par ses attaques et il le sait surement mieux que n’importe qui. « Je suis d’accord avec toi. Mais je n’ai aucune réponse à te donner. » J’aurais dû mourir oui, je ne peux pas le contredire dessus. Mais j’ignore pourquoi ce n’est pas le cas, j’ignore ce qu’il veut dire par « seulement toi » l’observant un instant en silence avant de hausser les épaules. « Désolé d’être en vie. » Miracle ou non je suis là et je suppose que c’est vu ainsi quand on a un greffe de dernière chance, dernière minute. « Pourquoi t’es en colère, je pensais que tu t’en foutais que je vive ou que je meurs. » À quoi bon me reprocher quoi que ce soit si ça le laisser indifférent. Je reste calme, mais même si je suis un gars extraverti et très positif, je suis aussi intelligent, loin de m’embrouiller pour des bêtises ou de m’enfuir dès qu’une personne m’attaque, sinon je ne me serais pas rapproché de Momo... Mais il semble souffrir derrière ses paroles blessantes et c’est surement ce qui m’inquiète le plus malgré moi.

calimena

i hate you so much.

choi e. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Moi-même je pensais avoir dépassé ce stade de la haine avec Kellian. Je n'avais pas pitié de lui, alors qu'il soit mort ou qu'il soit toujours vivant, ça n'aurait rien changé à mon existence, sauf que sa survis implique la mort de mon père et je ne peux faire autrement que je trouver mon amertume des premiers jours. Je le déteste uniquement à cause de cette transplantation, même si sans elle, il ne serait pas là à recevoir ma colère. Il n'a pas tué mon père, celui-ci a été attaqué dans ses fonctions, cruellement touché par des connards qui pensent qu'à faire le mal et se fiche bien de descendre des policier. Je peux parler, je me rapproche sûrement plus de ces enfoirés fauteur de trouble que de l'honnête citoyen qui félicite les autorités. J'en veux au monde entier, mais ça ne veut pas dire que je m'excuse ou me supporte pour autant, parce qu'à bien regarder, je suis plus proche de ce genre d'abrutis qui font gratuitement du mal plutôt qu'un bon samaritain qui ne réclame rien en retour. Je n'aurai jamais tué personne, même avec mon comportement de merde, mais j'ai dû pousser des gens dans la déprime ou le suicide, avec les hapslap, les vidéos, les moqueries. Ce n'est pas la meilleure chose à faire que crier contre un malade qui n'a rien demandé, qui subit sans broncher, sans comprendre, sans savoir. Je pourrais retourner la terre, tout faire exploser mais il est le seul pour le moment à recevoir ce flot de noirceur. Les excuses ne changeront plus rien, désormais. ça ne ramènera pas mon père, ça ne lui rendra ni la vie, ni son coeur, ni le reste. Il ne renaîtra pas de ses cendres tel un Phoenix et inconsciemment, je m'en voudrais éternellement de ne pas avoir été plus gentil avec lui, ne pas avoir profité et de l'avoir sans arrêt jeté. « J'aurai préféré que tu meurs. » Crachais-je méchamment, le regardant droit dans les yeux. Si ce n'était pas mon père le donneur, je m'en foutrais royalement de son sort mais fallait que ça se passe ainsi. « Tu aurais mieux fait de disparaître... » Et si je l'avais tué ce soir-là, est-ce que mon père serait décédé à l'heure où je parle ? Malheureusement, je ne peux plus rien faire et ça me frustre au point de sentir cette boule m'étouffer, grossissant dans ma gorge jusqu'à couper l'air.

calimena

i hate you so much.

choi a. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Sans explication comment pourrais-je savoir ce qui tracasse Momiji. Je n’ai pas le droit de savoir qui est mon donneur et la simple idée que cela puisse être le père du garçon ne me viendrait jamais à l’esprit, c’est impossible. Momo a toujours été comme ça, attaquant sur les faiblesses, jouant les durs et les méchants, même si avant que je ne tombe il semblait moins aigri, je ne vois en lui que le retour de ce garçon qui cherche à faire mal et dans un sens je pourrais trouver ça normal et banal. Pourtant j’ai cette sensation qu'il y a plus derrière cette haine soudaine que je peux voir dans ses yeux, cette colère plutôt, je ne pense pas avoir fait quoi que ce soit pour mériter un jugement pareil, certes... Je suis vivant, mais est-ce un crime ? Je n’ai rien demandé, j’ai survécu alors que je devais mourir et j’en suis conscient, mais je suis encore en sursit, peut-être que s’il prie assez fort je finirais par réellement disparaitre et le combler de joie. Je souris à peine à ses paroles en ajoutant. « Je sais. » Ce n’est pas une nouveauté. Même si c’est méchant, même si c’est blessant, je ne peux pas l’obliger à ressentir quoi que ce soit de positif envers moi. « J’ai compris, ce n’est pas la peine de le dire cent fois. J’ai compris. » Répétais-je. Mourir, disparaitre, au final c’est la même chose. Je soupire en le fixant un instant. « Je suppose qu’on n'a rien de plus à se dire ? » Ce n’est pas dit avec méchanceté ou froideur, mais vu son état j’ai l’impression qu’il n’a réellement aucune envie de me voir ou de me parler. « Si tu veux me dire ce qui te met en rogne tu sais où me trouver, de toute façon je ne risque pas d’aller bien loin. » Montrant ma perfusion, j’y ai droit tous les jours, tout le temps. Je suis peut-être vivant, mais ça ne veux pas dire que je suis guéri pour autant. « Je suis content de t’avoir vu, même si ce n’est pas réciproque. » Je lui souris sincèrement, je n’ai aucune rancœur, aucune haine, aucune colère envers lui malgré sa méchanceté, comme si j’y étais habitué au fond. Ça me fait mal, mais je préfère intérioriser ce sentiment, Momo semble souffrir et je sais que même si je lui demande pourquoi il ne me répondra pas, alors je vais lui laisser du temps et advienne que pourra. « Soigne bien tes côtes. »

calimena

i hate you so much.

choi e. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Même le maudire chaque seconde de ma vie ne le tuera pas réellement, il sera toujours là par le plus pur des miracles, tel que son idiot de frère le souhaite. Je pourrais les enterrer vivant tous les deux si je n'avais pas une valeur morale là-dessus. Taper, oui. Casser un membre ou deux, ça passe. Tuer, non. Jamais. Je peux lui souhaiter, le vouloir de toute mes forces, ce n'est pas moi qui irait lui planter un couteau dans le dos. ça ne m'empêche pas de cracher mon venin, d'être toujours aussi méchant et froid envers lui, avec une pointe de haine. Il sait. Que sait-il au juste ? Qu'il est toujours vivant ? Ouais, et comment d'après lui ? Avec le coeur de qui ? Je n'ai pas encore la bonté d'esprit de lui dévoiler la vérité, d'abord je pète ma durite, je chie ma pendule et peut-être qu'après, je serais un peu plus indulgent avec lui. Peut-être, parce que pour le moment, ça ne semble pas vouloir devenir plus raisonnable et calme. Est-ce la seule chose que j'ai à lui dire ? Pourtant, j'ai la sensation d'avoir beaucoup plus à lâcher. Pour moi, ce ne sera jamais terminé, même si mon sac semble être vidé. Ce qui me met en rogne .... Je me pince les lèvres, contenant cette vague de colère qui me submerge à nouveau, tel un raz-de-marée. Tout ce qu'il dit ne fait qu'alimenter ma colère, comme s'il jetait de l'huile sur le feu. Il ne dit rien de méchant, rien de bien désagréable, mais c'est moi qui prends tout mal. Qu'il s'inquiète pour moi ou qu'il puisse me souhaiter une quelconque sorte de rétablissement est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Je n'attends pas qu'il cherche à s'enfuir pour saisir brusquement la poignée du fauteuil roulant et tirer brusquement dessus, au point de faire pencher le siège et son occupant avec. Dans un fracas, Kellian se retrouve au sol, l'une des roues tournant dans le vide. J'ai agis trop vite, par énervement, sans réfléchir. « Monsieur ! Qu'est-ce que vous faites ! Vous êtes fou !? » Une infirmière, alertée par le bruit, s'est précipitée vers nous pour me réprimander et aider Kellian à se remettre dans son siège. « J'en ai pas fini avec toi. Ne crois pas pouvoir t'échapper aussi facilement. » Je suis sérieux, et s'il faut, je resterais planter là jusqu'à avoir totalement terminé avec lui. L'infirmière me fait clairement comprendre de ficher le camp mais je lui lance un regard suffisamment noir pour qu'elle perde ses moyens et ne sache quoi faire contre moi. Je l'ai dit, je ne compte pas partir.

calimena

i hate you so much.

choi a. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Je n’ai pas envie de le forcer à me faire face s’il n’en a pas le désir, vu sa colère, je préfère encore m’en aller et le laisser. Je voudrais comprendre ce qu’il ressent et surtout pourquoi il agit ainsi, qu’est-ce qu’il me reproche, mais Momiji ne semble pas décidé à me le dire, pas la peine de se torturer d’avantages, ses paroles sont comme toujours méchante et blessante, dire que je suis habitué est un peu pitoyable, mais c’est la vérité. Je voudrais changer les choses, mais je dois déjà prendre conscience que je suis vivant, Momo ne doit pas se douter de combien c’est ... pesant pour moi. Je porte le cœur d’un autre, je pensais mourir et d’un coup on me greffe l’organe alors que je n’étais pas le suivant sur la liste des donateurs, je ne comprends pas grand chose et c’est un peu effrayant. Pourtant je reste moi-même, amoureux de la vie je ne peux que remercier cette chance qu’on me donne sans me demander comment se passera demain, un jour en vie et un jour de gagner. Lui souhaitant un bon rétablissement je compte m’en aller pour le laisser à ses occupations, mais Momo tire brutalement sur ma chaise, sans vraiment comprendre je me retrouve au sol, le menton cognant contre ce dernier et la perfusion s’arrachant sous la violence soudaine de l’acte. Qu’est-ce... Qu’est-ce que je lui ai fait au juste ? Je ne sais pas pourquoi je me sens si mal tout a coup, je me sens oppressé, déjà épuisé, mais là c’est l'incompréhension totale, je ne pense pas mérité ça... Gardant le silence encore surpris pas ce qui vient de se passer, c’est l’infirmière qui s’en mêle, m’aidant à me redresser sur ma chaise. Je crois le regarde sombre de Momo, tandis que l’infirmière est démunie et à deux doigts d’appeler la sécurité, je tends le bras pour qu’elle me regarde et secoue la tête. « Ce n’est rien, je m’en occupe. » Lui souriant gentiment, elle soupire résignée, mais un peu inquiète, ramassant la perfusion pour me l’a remis, alors que je laisse un combat de regard avec Momiji se créer, attendant d’être « seul » puis une fois que c’est le cas je serre les poings sur les reposes bras de ma deux roues. « C’est quoi ton problème ? Si tu as quelque chose contre moi alors balance au lieu de jouer les gamins, je ne peux pas deviner tout seul. » C’est rare que je m’énerve, mais là je trouvais vraiment ça injuste. « Qu’est-ce que tu veux ? Si ça t’agace tant que ça pourquoi tu me ne me l’arraches pas toi-même. » Agrippant l’endroit où se trouve mon cœur pour accentuer mes dires.

calimena

i hate you so much.

choi e. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Il ne peut savoir la raison de ma colère, autant que j'ignore ô combien c'est lourd pour lui. Pourquoi a-t-il été privilégié sur la liste des donneurs ? Pourquoi mon père ? Tant de question sans réponse et cela n'arrange pas ma colère, mon envie de tout foutre en l'air. J'ai l'impression que la période où nous commencions à nous entendre est très loin derrière nous, comme si elle n'avait jamais réellement existé. C'est difficile de fermer les yeux sur certaines choses, c'est difficile de se dire qu'elles n'arrivent pas et que tout est faux... Parce que rien ne l'est, tout est vrai. Kellian ne comprend pas, il ne peut pas non plus savoir ma douleur, ma peine, ce genre de sentiment que j'ai toujours refoulé et caché au plus profond de moi. On dirait que ça remonte, mais en désordre et seulement traduit par la haine et la rancœur. J'explose quand il pense s'échapper, le faisant brusquement tomber au sol. Est-ce que je voulais vraiment cela ? Est-ce que je voulais le blesser à nouveau ? Oui, non, j'en sais rien. Je suis simplement énervé au point de ne plus faire la différence entre ce que je souhaite et ce que je fais. Une infirmière intervient pour l'aider et me réprimander mais ce n'est pas ce petit bout de femme qui va me faire plier. Au contraire, je la regarde suffisamment de travers pour qu'elle ferme sa bouche et s'en aille aussi vite que ses jambes lui permettent quand Kellian dit s'en occuper. Nos regards ne font que s'entrechoquer et se défier, tel deux animaux sauvages. Pour une fois qu'il se fout en rogne et perd de sa patience ... Ce qui n'améliore toujours rien. « C'est toi mon problème ! Combien de fois vais-je devoir dire que le simple fait que tu existe, que tu respire, me fait royalement chier ! » Oui, il sait tout ça. « Si je pouvais, je le ferais ! Mais ça ne changera rien pour lui ... » Serrant les poings, je me mords fortement la lèvre pour contenir ma rage. « Je te tuerais de mes propres mains si ça pouvait le ramener ... » Mais c'est impossible et tout le monde le sait. Je ne suis pas Orion à croire à des miracles débiles. Je ne suis pas non plus Kellian pour accepter le destin. « Tu ne pourras pas me rendre mon père. » Dis-je sèchement, avec une pointe de résolution dans la voix. De la tristesse, de la culpabilité, du remord, tant de sentiment qui se bousculent à la fois dans une simple et unique phrase. Je m'en veux, mais ça personne ne peut le remarquer.

calimena

i hate you so much.

choi a. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ forcément que j’étais énervé, il venait de me jeter par terre avec sa brutalité injustifiée, je ne comprenais simplement pas ce que j’avais pu faire pour mériter ce traitement cruel et je me sentais con parce qu’au fond je pensais que malgré le fait que je doive vivre avec le cœur d’un autre, j’avais encore la chance de lui parler et là il me rejette sans explication redevenant ce petit con de nos premières rencontres. Je suis agacé, c’est rare, mais je veux savoir ce qui se passe pour qu’il me haïsse tout à coup à ce point, s’il veut que je meure il n’a qu’à me tuer au lieu de tourner autour du pot et me retenir de cette façon, sans tenir compte de mon état. Je sors du coma, d’une opération a risque, j’ai beau sourire et me promener en fauteuil dans les couloirs je suis faible et encore sujet à une rechute, peu-il comprendre ça où cherche-t-il réellement à me voir mourir une nouvelle fois ? Je ne sais plus. Il se répète encore, je sais tout ça, à force de l’entendre je l’ai déjà bien compris, même si je ne sais pas pourquoi, je ne cherche pas à savoir car il a surement ses raisons et je ne lui ferai pas changer d’avis. Lui ? Je ne réponds rien le laissant parler et déballer ce qu’il a sur le cœur sans intervenir. Son père ? « Pourquoi tu me parle de ton père ? » Je réalise ses paroles et sa colère, roulant quelques centimètres en arrière pour le distancer sans le quitter du regard. « Ne me dis pas que ... » Je suis loin d’être bête, même si je parais naïf ou collant avec mon comportement, je suis intelligent, donc je réalise une chose, sans savoir si j’ai raison ou tort, mais si c’est le cas je comprendrais son sentiment, je me sens déjà oppressé avant même d’avoir la réponse. « Ton père est... mort ? » Pourquoi ? Il allait bien avant que je ne tombe dans le coma, du moins Momiji lui faisait toujours la guerre, qu’est-ce qui s’est passé.

calimena

i hate you so much.

choi e. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Je pourrais le répéter cent fois, mille fois, un million de fois jusqu'à ne plus avoir de voix. ça ne le tuera pas pour autant. Certes, cela voudra dire que je le hais du plus profond de mon âme, mais il ne va pas mourir parce qu'un sale petit con le déteste. J'ai beau parler, m'énerver, le pousser ou le faire tomber, je n'irai pas jusqu'à le rouer de coup ou lui arracher le coeur de mes propres mains. ça me frustre. Être humain me frustre. Avoir des principes me frustre. Je ne sais pas de quoi je suis réellement capable que je suis en colère, et j'ai peur de tuer vraiment quelqu'un un jour, sans le vouloir, par mégarde, sous un coup de nerf trop puissant. Kellian est juste tombé de sa chaise roulante, mais ça aurait pu être pire dans d'autres circonstances. Une mauvaise chute, des escaliers, un meuble. Bref, j'aurai pu le tuer si la chance était contre moi. Impossible de retenir mes émotions plus longtemps, ma langue se délie suffisamment pour qu'il comprenne et pige mon comportement. Je ne fais pas ça par hasard, je ne suis pas dans cet état par envie. Il recule. Cela m'irrite davantage. Pourquoi recule-t-il ? A-t-il peur que je l'agresse à nouveau ? Que craint-il ? Moi ? Je lâche un rire ironique quand il pose sa fichue question. « Bravo Sherlock. Tu veux une médaille ? » Répondis-je sèchement, les yeux rouges et brillants, à la limite de laisser éclater cette bulle de négativité. Je n'ai jamais été tendre avec mon père, je n'ai jamais dit que je l'aimais ou que j'étais fier de lui... Je n'ai jamais eu l'occasion de me rattraper et aujourd'hui, j'ai pitié de moi-même pour être ce que je suis. Je ne dois pas pleurer. Glissant une main dans mes cheveux, je tire dessus pour ne pas m'énerver et taper n'importe où, même si je lâche un coup de pied dans un banc. Le bruit résonne dans l'espace large, se répercutant jusqu'aux couloirs. « Ne te barre pas. » Même si je ne le regarde pas, je peux savoir s'il se casse ou pas. J'ignore pourquoi je le retiens à ce point, même après avoir dévoilé l'information. Il ne pourra pas le ramener, il n'est même pas fautif...  

calimena

i hate you so much.

choi a. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Je ne pouvais pas deviner ce qui se passe dans la tête de Momiji, je ne sais absolument pas comment faire pour diminuer cette colère et même cette haine qui semble ressentir envers moi sans que je sache pourquoi. Honnêtement j’apprécie Momo, depuis le début en fait, même lorsqu’il m’a blessé et trahi j’ai souffert parce que je voulais vraiment être son ami, quand j’ai cru que c’était la fin pour moi et que j’ai eu peur il était là, il m’a aidé, soutenu dans ma solitude et sa présence m’a permis de penser à autre chose et d’accepter mon sort. Je me souviens de ce crabe, de la visite de lui, de sa façon de répondre à mon petit frère à ma place, il était vraiment un pilier dans ma situation et voir que soudainement tout semble balayé par une rage palpable me laisse dans l’incompréhension. Je sais que Momo n’est pas gentil, je sais qu’il se fiche totalement de moi, mais à cet instant c’est comme si nous n’avions réellement jamais rien partagé, le fait qu’il me jette au sol me blesse aussi, dans mon état je suis physiquement incapable de me redresser seul, cette faiblesse me donne un gout amer face au comportement du garçon. Mais ça a eu au moins le don de m’énerver cette fois, jusqu’à rassembler quelques pièces du puzzle et comprendre qu’il a perdu son père. Cette vérité me fait peur, c’est pour ça que j’ai reculé, pas parce que je le crains lui, mais parce que je crains d’y faire face et surtout de voir la souffrance de Momo. Je suis un gars collant, extraverti, qui parle beaucoup et s’impose à la vie, mais les émotions que je peux ressentir sont réelle et si je sens la tristesse de Momo je serais incapable de ne pas l’exprimer à sa place. Mes yeux le regardent avec insistance, il se retient tellement et c’est loin d’être une bonne chose. Il est en colère et je comprends, je ne sais pas encore que le cœur que j’ai est celui de son père car pour moi le fait qu’il ait perdu ce dernier est déjà une raison de m’en vouloir d’être en vie, je suppose.  Il frappe et laisse raison sa rage alors que les gens nous regardent, mais j’en ai que faire, il a le droit, faisant signe aux gens de ne pas intervenir. J’attrape mes roues pour m’approcher de lui, me barrer ? J’en ai pas l’intention. Une fois assez proche j’attrape un bout de sa combi sans qu’il ne s’y attende pour le tirer avec les forces que j’ai afin qu’il bascule vers moi et le serrer dans mes bras, cachant son visage et ma main dans ses cheveux, j’ai agi par impulsion, je veux juste qu’il ne se sente pas seul. « Déteste-moi, frappe-moi, hais-moi, je m’en fiche. Mais ne souffre pas tout seul. » Il peut me rejeter, me repousser, me maudire pour ma « compassion », mais j’aimerai qu’il puisse simplement vider sa rage une bonne fois pour toutes.

calimena

i hate you so much.

choi e. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Pourquoi veut-il tant devenir mon ami ? Qu'est-ce qu'il trouve de bien ou de particulier chez moi pour vouloir se rapprocher ? Je ne comprends pas. Je ne suis ni gentil, ni adorable, ni protecteur envers lui, bien au contraire je suis le pire des connards qu'il ait eu la malchance de rencontrer dans sa vie. Alors pourquoi s'entête-t-il à m'apprécier ou à me voir comme quelqu'un capable de changer ou d'avoir un bon fond ? Je pourrais lui prouver le contraire à n'importe quelle occasion, même maintenant tandis qu'il va mal. Je l'ai fait tomber de sa chaise roulante, je pourrais très bien faire pire encore. à ce moment-là, j'ai oublié nos instants passés ensemble, crabe, la piscine, la visite chez moi, le fait de m'imposer face à son frère pour lui faire réaliser pleins de choses, tout ça n'est plus. Je ne songe qu'à mon père que j'ai négligé, que j'ai laissé seul jusqu'à la fin, que je n'ai jamais rendu fier. Le reste n'explique plus, il semble effacé par cette nouvelle tempête de ressentiment négatif. Pourtant, j'ai beau être un salaud, ça ne veut pas dire que je suis incapable de ressentir quoi que ce soit.... Parce que je suis vraiment énervé et triste à la fois de réaliser autant de chose sans le vouloir. Je n'en veux pas à Kellian parce que mon père est mort, c'est seulement parce qu'il a été le receveur d'un organe lui appartenant. ça, c'est plus difficile à accepter qu'une simple mort. C'est la première fois qu'il doit me voir si vulnérable, à fleur de peau, les larmes aux yeux mais tapant quand même à quelque part pour évacuer tout ça. J'ai mal, mal à un endroit où je ne pensais pas pouvoir avoir mal. Tout m'échappe, je me sens nul à chier, bon à rien. J'allais donner un nouveau coup quand je sens la pression sur ma combi, basculant à moitié sur lui, me rattrapant aux accoudoirs de son siège pendant que mes jambes se croisent avec les siennes. L'étonnement doit se sentir dans ma façon de retenir mon souffle. Je ne m'attendais pas à une telle réaction, ni à ce qu'il me prenne dans ses bras et je serais prêt à le repousser, à vouloir le frapper, si je ne ressentais pas cette immense peine. Pourquoi ? Pourquoi est-il comme ça avec moi ? Quelques larmes coulent sur mon visage, échappant à mes efforts pour les retenir et les faire disparaître. Aucun mot sort de ma bouche, mais je n'ai franchement rien à dire, glissant à genoux vers le sol, ma tête tombant contre ses jambes. Je suis épuisé de chercher un coupable, de détester tout le monde, de ressentir ce superflu d'émotion.

calimena

i hate you so much.

choi a. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ J’étais complètement dans l’ignorance, bien entendu je ne pouvais pas deviner ce qui ce passé alors que j’étais prisonnier dans cette chambre d’hôpital, encore trop faible pour mettre un pied dehors, je n’ai vu personne en dehors de mon petit frère et mes parents descendu à Tokyo depuis mon opération et voir Momiji aurait pu être une bonne chose s’il ne m’avait pas de suite fait comprendre que j’étais loin d’être la personne qu’il avait envie de voir et que je semble être sa haine incarnée. Pourtant apprendre pour son père ne me laisse pas indifférent, je n’ai aucune envie de fuir, aucune envie de lui tourner le dos, je ne peux pas comprendre ce qu’il ressent vu que dans ma famille celui qui devait mourir c’était moi... Mes parents vont bien Dieu soit loué et mon petit frère aussi, mais perdre quelqu’un en si peu de temps ça a dû être brutal pour le garçon, entre ma perte de conscience, mon coma et aujourd’hui les jours sont passés, mais pas assez pour dire que ça fait « longtemps » Je ne sais que dire, la seule chose que je trouve à faire en le voyant perdu et en colère, frappant ce qu’il peut et déjà prêt à recommencer c’est d’attraper son vêtement pour le tirer contre moi, je n’ai pas réfléchi, j’ai juste agi en pensant que c’est ce que je voulais faire et avais envie de faire. Si je tenais sur mes jambes je me serais levé, mais là je ne peux que le faire se courber et le laisser tomber à genoux pour laisser mes mains dans ses cheveux, les caressant tendrement en me retenant de laisser mes émotions s’échapper sous la souffrance palpable de Momiji, il a beau la cacher, maintenant je comprends. Je n’ai pas besoin de parler, je me contente de le laisser pleurer en gardant sa tête sur mes jambes a l’abri des regards curieux. Je le rassure avec des caresses, il pourra me détester ou faire ce qu’il voudra après, mais pour l’instant qu’il vide ce qu’il a sur le cœur, je suis certain que depuis la disparition de son père il n’a pas pleuré ou lâché prise. Faire le dur et jouer au fort en permanence n’est-ce pas fatigant ?

calimena

i hate you so much.

choi e. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Kellian aurait dû être la dernière personne à savoir pour mon père. Il n'aurait même jamais dû savoir pour lui. S'il n'avait pas reçu son coeur, sûrement que je ne serais pas venu jusque là pour vociférer contre le pauvre malade. Quoi que à la base, je n'étais pas là pour Kellian, mais plutôt pour une rendez-vous sans importance avec le médecin qui me suit pour mes côtes brisées quelques semaines plus tôt. Un pur hasard de le croiser ici, de l'avoir sous les yeux, de l'agresser, mais surtout de me montrer faible. Toute cette haine fait jaillir d'autres sentiments que je ne voulais pas rendre visible, cette peine que j'ai refoulé jusqu'à présent remonte bien trop vite à mon goût. Suffit que Kellian chope mon vêtement et me tire vers lui dans une étreinte pour que la bulle éclate et que le poids sur mes épaules m'écrase. Les larmes viennent d'elles-mêmes, coulant sans que je puisse les retenir ou les arrêter. Ajoutez à cela la délicatesse et l'attention que me porte malgré tout mon pire ennemi. Je me sens comme un enfant perdu sans ses parents, en plein milieu d'un endroit sordide où il ne peut dissimuler sa crainte, sa peur d'être perdu, d'être seul, sans défense. C'est la première fois que je laisse autant ressortir une facette si fragile de moi, surtout devant Kellian. J'ai la sensation que tout tourne subitement autour de lui, même si je le déteste, même si j'ai souhaité qu'il soit mort à la place de mon père. C'est lui qui est là, à me caresser les cheveux pendant que je pleures sur ses jambes, le visage caché du regard des autres. Plus tard, je le haïrais plus tard. Pour le moment, je me contente de déverser ma tristesse sur ses genoux, mes bras croisés sous mon front. Plusieurs minutes s'écoulent avant que je ne renifle, ramenant mon poignet sur mon visage pour effacer les gouttes d'eau salée. Je me redresse, dégageant doucement mais maladroitement ses mains de mes mèches. Mes yeux rencontrent les siens mais je ne dis rien, l'observant en silence comme s'il pourrait comprendre tout ce que je ressens à l'instant présent. Je dois faire peur avec mes yeux et mon nez rougit, mes lèvres légèrement gonflées et les cernes sous mes paupières. Lentement, tel un robot, je me relève sur mes jambes en titubant deux secondes, l'air d'avoir pris trente ans d'un coup.

calimena

i hate you so much.

choi a. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ On a tous un moment de faiblesse, mais plus on est fort et plus il est difficile de laisser sa douleur s’exprimer et se libérer du mal qui nous ronge. Pour ma part j’ai passé ma vie à voir le bon côté des choses et je continue encore aujourd’hui parce que je suis bien placé pour savoir à quel point cette dernière est précieuse. On ignore quand tout va se terminer, on ne sait pas jusqu’à quand on pourra respirer, voir, entendre, sourire, pleurer, ressentir toutes ses choses, ses sentiments, ses émotions, un jour tout s’arrêtera brutalement et je ne veux rien regretter. Pourtant devant lui j’ai craqué, la peur d’être seul il l’a comblé par sa présence, même moi j’ai baissé ma garde et eu besoin de lui, aujourd’hui c’est lui qui a besoin de moi. Il pourra me haïr tant qu’il voudra après, mais pour l’instant il a besoin de pleurer, de relâcher cette souffrance que je ne peux comprendre, mais que je ressens à travers son état, finissant par avoir les larmes aux yeux en lui caressant les cheveux, imaginant simplement cette douleur qu’il est en train de ressentir, c’est tout ce que je peux faire, le soutenir malgré sa colère, le soutenir malgré sa haine, parce que quoiqu’il arrive je reste là, je ne vais nulle part. Quoi qu'il fasse je ne fuis pas, quoiqu’il dise je ne râle pas, quoi qu'il me reproche je l’accepte. N’était-ce pas pour ça que dès le début il a voulu me blesser ? Parce que j’étais une « mauvaise » victime. Quand il se calme doucement en se redressant, je peux croiser son regard, je ne dis rien, ses yeux parlent bien assez et je préfère le laisser agir comme il le sent. Suivant ses mouvements toujours sans un mot, l’observant. Appelant l’ascenseur qui se trouve à côté de nous, j’attends qu’il soit là pour lui faire signe de me suivre. « Allons prendre l’air. » Sur le toit de l’hôpital, c’est plus calme.

calimena

i hate you so much.

choi e. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Plus la personne est forte, moins c'est facile d'accepter les choses. On a beau croire qu'elle est solide, capable de tout surmonter, de ne jamais pleurer ou céder à la panique, mais si c'est vraiment le cas, ceci est uniquement parce que cette personne ne réalise ou n'accepte pas ce qu'il lui arrive. En étant fort et sans faille, je ne veux pas me dire qu'il est mort, que je l'ai perdu aussi tôt, sans avoir eu le temps, l'opportunité ou la chance de changer quoi que ce soit chez moi, de faire de toute cette haine un nouveau sentiment qui m'aurait permis de me repentir et d'être excusé pour tout le mal que j'ai fait autour de moi. à ce moment-là, je ne réalise même pas que je peux toujours le faire d'une manière ou d'une autre, pas seulement pour mon père, mais pour ma mère qui est toujours là et qui se sent seule sans lui, pour mes amis qui m'apportent tout ce que j'ai toujours voulu avoir en amitié, pour les gens autour de moi qui n'ont rien demandé à subir. Je peux changer avec le temps, avec la volonté que de là-haut, il soit fier de moi. Je ne suis pas croyant, ces histoires de paradis, d'esprit ou d'âme, je n'y crois pas. Comment pourrais-je vouloir devenir quelqu'un d'autre quand je pense seulement à cette haine qui me consume, cette haine envers les gens qui n'ont pas su le soigner et envers ceux qui l'ont blessé. Je pense à la vengeance avant le repentit. Je songe à rendre la monnaie de sa pièce à ces connards qui ont butés mon géniteur. Je réfléchis à détruire le mal par le mal. Bien que dans l'immédiat, je relâche surtout la pression sur les genoux de Kellian. Pour cette fois, je craque, mais la prochaine ne sera pas la même. Reprenant mes esprits, je me redresse et essuie rapidement mon visage, sans croiser le regard du malade. J'ai honte. Honte de lui montrer ça. Moi qui ai passé mon temps à le brutaliser, à souhaiter sa mort, à dire que les miracles n'existaient pas et que seul les niais ou simple d'esprit y croyaient vraiment. Je ne donne aucune réponse à Kellian, tandis qu'il appelle l'ascenseur pour monter sur le toit. Je le suis simplement jusqu'au dernier étage, où les portes donnent sur une sorte de grande terrasse. C'est comme se sentir proche de lui, mais trop loin pour le toucher. La sensation de colère revient et je me rapproche du bord, m'appuyant contre la balustrade qui délimite le bâtiment du vide. Qu'a-t-il ressenti en partant ? Pourquoi lui, alors que c'était une bonne personne ? Je commence à croire que mourir à sa place était sûrement plus judicieux et utile au monde entier.

calimena

i hate you so much.

choi a. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Je ne vais pas le juger parce qu’il se montre faible face à moi, je ne peux que comprendre pourquoi il pleure, je pense comprendre aussi sa colère bien que j’ignore encore un point important de cette haine envers moi. Si je comprenais que mon cœur était celui de son père, qu’est-ce que je ferais ? Est-ce que je le fuirais pour ne pas le blesser ? Est-ce qu’au contraire je m’accrocherais à lui en lui disant que celui qu’il a perdu vit toujours à travers moi ? Je l’ignore, je ne pourrais le savoir que lorsqu’il me le dira lui-même ou que je l’apprendrais, mais cette option est mince vu que les donneurs sont anonymes. Dans tous les cas pour le moment la seule info que j’ai me suffit à minimiser davantage ce que peut dire ou faire Momiji envers moi. Appelant l’ascenseur, il y a trop de monde ici, il ne veut surement pas qu’on le voie comme ça, c’est en pensant ainsi que je le conduis sur le toit, il pourra prendre l’air et se vider un peu l’esprit, je n’aime pas voir Momiji triste, qu’il soit cruel ou méchant je m’en fiche. Une fois en haut, c’est dans le calme qu’on sort de la cage pour atteindre l’extérieur, il n’y a personne comme souvent, seuls quelques patients viennent ici ou des médecins pour fumer leur cigarette au moment de leurs pauses, après avoir vécu dans un hôpital bien assez longtemps j’ai pu voir que les habitudes étaient les mêmes dans tous. J’observe simplement Momo s’approcher du bord, avançant en guidant mes roues et faisant attention à ma perfusion, une fois assez prêt, j’ose briser une nouvelle fois ce silence. « Tu veux sauter ? » Je ne manque pas de tact, mais c’est ce qu’il aurait presque l’air de penser. « Nous sommes seuls, si jamais tu as envie de balancer quelqu’un, je n’aurais pas la force de résister. »  Je ne suis pas suicidaire, je tente surtout de le faire réagir pour qu’il comprenne que malgré tout, rien ne pourra changer. « Tu peux crier aussi, ça détends il parait. » On dit que ça fait du bien de hurler à en perdre la voix, dire tout haut ce qui blesse tout bas.  Je reste calme et ma voix est amicale, douce, aucunement agressive ou provocante, j’ignore ce qu’il traverse, mais étant à ses côtés je tente simplement de l’aider.

calimena

i hate you so much.

choi e. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Kellian pourrait faire ce qu'il veut en sachant la vérité, ça ne changera pas ma colère, ni le fait qu'il porte son coeur dans sa poitrine. Vit-il seulement à travers lui ? C'est son coeur, mais est-ce vraiment suffisant pour considérer qu'il soit toujours un peu vivant ? Il ne sera plus jamais là pour me disputer, pour me dire que les choses ne sont pas facile, pour me défendre quand je fais une connerie. Kellian me guide vers le toit, prenant l'ascenseur pour monter jusqu'au dernier étage où nous pouvons profiter de l'air et de la vue. D'ici, on peut voir une bonne partir du quartier, mais aussi le ciel. Levant les yeux vers lui, je m'interroge encore et toujours sur mon vieux. C'est comment de mourir ? Est-ce qu'on vit dans les nuages ? Je n'ai plus cinq ans pour croire à ce genre de chose, mais je voudrais que ce soit si simple pour lui. La réalité ne me plait pas, l'affronter encore moins. évidement que je pense à des idées noires. Qui dans sa vie n'a jamais songé une seule fois à cela ? Mourir, c'est beaucoup plus facile que vivre. Regardant la cour en contre-bas, la voix de Kellian me ramène doucement à moi. Sauter ? Oui, l'espace de trente secondes, j'ai songé à grimper et tomber. Mais à quoi bon ? C'est stupide, je n'arrangerai rien comme ça. « Tu insinues que je pourrais te jeter du toit ? C'est une idée. » Dis-je en me décollant et en me tournant vers lui. Pas à pas, je me rapproche de son siège, profilant mon ombre sur sa silhouette. Je pourrais le soulever et le balancer de l'autre côté, mais là encore, à quoi bon ? Je soupire, m'arrêtant à quelques centimètres de lui. « Je ne suis pas débile à ce point. » Crier ? C'est faisable. Hochant doucement ma tête, je reviens vers le bord où je m'appuie pour prendre pleinement mon souffle et laisser l'air sortir d'un coup en hurlant. « J'vais vous buter! » Pas lui, mais eux. La tête basse, je lâche un petit rire. ça ne me ressemble pas de me laisser abattre si rapidement et facilement. « Je les trouverais et les tuerais. » J'avais pour principe de ne jamais ôter une vie, mais pour la peine, ce ne sont ni des innocents, ni des êtres humains. « Ne cherche même pas à m'en dissuader. » Il pourrait le faire, je le connais assez pour me douter qu'il cherchera à me raisonner.

calimena

i hate you so much.

choi a. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Une fois sur le toit, le voir ainsi proche du bord me fait forcément énoncer des remarques à voix hautes pour détruire ce silence qui impose. Je souris à ses paroles. « Sauf que tu n’en serais pas capable. » Je garde le sourire, on pourrait croire sans mal que je le provoque, mais c’est faux. Disons simplement que je le connais, il est cruel, quelques fois violentes et surtout impulsives, mais je veux croire en cette relation, il a beau parler, hurler, me haïr, il ne me tuera jamais. « Si cela aurait réellement pu te soulager ou ramener ton père je ne t’en aurais pas tenu rigueur de le faire, mais rien ne changera cette situation. » C’est là la seule vérité. Et comme il le dit lui-même, il n’est pas aussi débile. Je lui suggère de hurler pour relâcher un tout ce qui semble l’oppresser, voyant qu’il se prête à mon idée je continue simplement de l’observer, écoutant tout d’un coup sa déclaration de guerre transporter avec sa colère, je serre les accoudoirs de mon siège. « Est-ce que tu sais qui ils sont ? » Je demande parce que j’ignore tout de cette histoire. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Comment son père est mort au final ? Je ne sais rien. Je m’approche de lui jusqu’à atteindre le bord, puis posant les pieds au sol, je suis encore trop faible pour me redresser, pourtant en m’accrochant à la barrière je me mets debout pour m’appuyer et voir le paysage, loin de ses murs blancs que je vois continuellement depuis mon réveil.  « Je n’ai aucune envie que tu deviennes un meurtrier, ton père n’aurait pas souhaité ça et tu le sais. » Dis-je en le regardant en biais, avant de reporter de nouveau mes iris sur l’horizon, levant ensuite les yeux au ciel. « J’ignore pourquoi je suis encore en vie, mais si ce donneur ne m’avait pas donné son cœur, j’aurais pu être avec ton père en ce moment et je suis sûr qu’il aurait envie de te mettre des coups de pied au cul en t'écoutant. » Je souris, parfois ça fait du bien de simplement l’imaginer. « Ne fait pas deux fois la même erreur Momo. » Soufflais-je plus bas. En le regardant simplement. Vivre avec des regrets, il doit savoir ce que c’est aujourd’hui.

calimena

i hate you so much.

choi e. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Non, je n'en serais pas capable et il a raison. Je ne veux pas tuer quelqu'un qui ne le mérite pas, mais je sais que je pourrais le faire contre quelqu'un qui a fait du mal à mes proches. Kellian n'est pas un ennemi, même si je le vois comme une nuisance, il n'est pas une personne qui mérite d'être tué. J'ai souhaité sa mort, ça s'arrête là. Ses paroles sont absurdes, ce garçon est insensé. Je ne le comprends pas. Accepté de mourir, accepté son sort, et maintenant accepté de se sacrifier pour des gens qu'il ne connait pas ? Pourquoi est-il si stupide. « Tu te serais sacrifié pour mon père ? » C'est complètement idiot. Y a aucune logique à vouloir faire cela, ni pour moi, ni pour mon père. Kellian a eu la chance de survivre, alors qu'il ne me dise pas ces choses-là. Crier, ça semble être ma seule et unique option pour l'instant, bien que je veuille buter ces merdes. « Non. » Je n'ai aucune information sur eux, je n'ai même pas encore cherché quoi que ce soit, mais ce n'est qu'une question de temps avant que je ne fouille dans les affaires de mon père ou de la police. « Je n'ai pas les détails exacts. Un règlement de compte entre voyous et policiers. » Très certainement. Son métier était à risque, lui-même savait le prix à payer à vouloir faire régner l'ordre et la tranquillité. Voilà ce qu'on gagne à courir après la paix, que des emmerdes. Kellian roule jusqu'à moi, s'aidant de la barrière pour se relever et voir ce que je vois. « Je m'en fou de ton avis. » Et il le sait pertinemment. Quoi qu'il dise, il ne m'empêchera pas d'agir, ni d'être ce que je suis. C'est étrange d'entendre le mot « donneur » pour désigner mon père, mais je suppose qu'il n'y a pas d'autre manière de le nommer pour lui. « Quelle erreur ? » Où est-ce que j'ai commis une erreur que je suis capable de refaire ? Je le regarde à mon tour, un instant, avant de secoué la tête de façon résignée. « Tu sais c'que ça fait de perdre un parent ? J'ai passé toute ma vie à désobéir à mon père, à toujours être à contre-sens ou à lui parler mal. Je n'ai jamais montré une once d'amour, autant que je n'ai jamais vu de la fierté dans ses yeux... Et maintenant il est mort en croyant que je le détestais. » Intérieurement, ce n'était pas le cas. J'étais juste trop con pour savoir exprimer mes sentiments, pour accepter qu'il était mon père et qu'il était classe à faire ce qu'il faisait, à vouloir sauver la veuve et l'orphelin tandis que moi, je tournais mal. « Je veux le venger. Qu'importe comment je dois m'y prendre, mais ces types regretterons leurs actes. »

calimena

i hate you so much.

choi a. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Me sacrifier ? Je ne sais pas si le mot est juste, mais disons que j’étais déjà condamné de toute manière. « Honnêtement j’ai encore du mal à réaliser que je peux vivre. » Dis-je en riant par maladresse. « Si une vie pouvait en ramener une autre alors je te laisserais la prendre, mais c’est impossible, quoi que tu fasses, peu importe ce que tu as en tête, rien ne le ramènera. » C’est une chose qu’il doit savoir sans que je n’ai besoin de lui dire, mais parfois il faut entendre les mots pour en prendre davantage conscience. Il ignore qui a fait ça et ça risque d’être difficile pour lui de le découvrir, après tout n’importe qui aurait pu s’en prendre à la police, je ne veux pas le décourager, je ne veux simplement pas qu’il fasse de connerie en fonçant tête baissée. « Je le sais. » Mon avis compte peu à ses yeux, mais ça ne m’empêchera pas de le donner et encore moins de continuer à le faire. « Justement, cette erreur. » Dis-je après qu’il m’ait parlé de sa relation avec son père. Je me tiens debout à côté de lui malgré le fait que sans soutien j’en serais incapable actuellement, mais je veux pouvoir lui parler et regarder ce qu’il voit, être a sa hauteur pour cet échange sérieux malgré tout, peut-être qu’il va partir à un moment parce qu’il en aura marre de m’écouter, mais dans ses moments-là on a besoin d’une personne capable de dire les choses, que ce soit celle qu’on veut entendre ou au contraire, celle qu’on voudrait taire à jamais. « J’ignore ce que ça fait, je n’ai perdu personne, mais toute ma vie j’ai vu le regard de ceux qui m’entourent, ceux qui savaient que j’allais mourir et leur peine, leur douleur, les rôles étaient inversés, mais au fond je me sens comme ton père. » Je souris encore de manière maladroite, c’est étrange, mais c’est un message que je veux lui passer. « Je suis certain que ton père t’aimait plus que tout, mais tu as fait l’erreur de lui tourner le dos en imaginant pas une seconde qu’il puisse disparaitre, tu as même surement souhaité qu’il s’en aille sous la colère, tu lui en as voulu pour des choses stupides, mais il t’a toujours protégé pas vrai ? » Mon regard jusque-là posé sur lui dévie vers le ciel de nouveau. « Tu devrais faire des choses qui le rendront fier à partir de maintenant, je suis sur que ton père savait que tu l’aimais, avant que tu ne deviennes un abruti tu as surement du être proche de lui non ? » Je le tourne avec un peu d’humour, mais il n’a pas tout le temps été distant pas vrai ? « La seule manière de venger ton père ce n’est pas de tuer ses types Momo. » Je me réinstalle sur mon fauteuil sentant la fatigue. « Mais tu finiras surement par le comprendre, puis je n’ai pas mon mot à dire dans tes choix, même si je suis plus sage que toi pour donner des conseils. » Riant légèrement je soupire en relâchant mes bras.

calimena

i hate you so much.

choi e. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Vivre est un grand mot dans son cas, puisqu'il vient à peine d'être opéré. Je ne suis pas médecin, je me doute que ce n'est pas un combat encore terminé pour lui. « Tu es complètement con de penser comme ça. » Alors peut-être que si cela aurait été possible, je l'aurai échangé contre mon père, mais il le dit lui-même, c'est impossible. Autant de clôturer ce discours-là, parce qu'il n'y a aucun « si » de réaliste dans cette histoire. Son avis m'importe peu et il le sait déjà, quoi qu'il pense, dise ou fasse, ça ne fera pas de moi une personne plus raisonnable. Cette erreur ? Mon père ? Il est mort, de tout façon. Je ne pourrais commettre la même erreur. Kellian ne peut pas comprendre ce que je ressens, il ne peut même pas se mettre à ma place. J'ai été un mauvais fils, mon père est décédé avec l'idée en tête que je ne l'aimais pas, mais c'était mon père. Jamais je ne lui aurais causé directement du tord, mes magouilles ne le concernaient pas et même si cela le rendait triste, ça ne le tuait pas. Aujourd'hui, je ne peux que regretter mon comportement et vouloir remonter le temps pour lui dire que je m'excuse. « Tu n'es pas mort. » Je pourrais l'accuser de ne pas être mort, comparé à mon géniteur. Oh oui, combien de fois j'ai souhaité qu'il disparaisse de ma vie et foute définitivement la paix. Maintenant que c'est le cas, je me rends compte ô combien j'étais débile et complètement con de l'avoir songé deux secondes. Je ne voulais pas qu'il disparaisse, ni qu'il me laisse tranquille. Au contraire, me disputer et me prendre la tête avec lui prouvait qu'on tenait l'un à l'autre, à notre manière. Sans ça, on n'aurait aucun lien à se partager, aucun regard à s'échanger, ni aucun mot. Parce que l'indifférence est pire que tout, alors se disputer devient plus efficace pour ne pas s'éloigner. « C'est vrai. » Il m'a toujours protégé malgré tout. Un abrutis ? Je le regarde en biais, le jugeant un instant. « Jusqu'à un certains âge, disons que j'étais un peu plus calme. » Et docile avec mes parents, mais une fois que j'ai pris conscience de certains trucs, ça n'a plus jamais été pareil. Me tournant vers lui, je continue de l'écouter me donner des conseils. « Tu sais que tu me fais royalement chier ? Je te l'ai déjà dit, non ? » Plusieurs fois même, il doit avoir l'habitude. « Qui a dit que j'allais vraiment les tuer ? » Un fin sourire s'esquisse au bord de mes lèvres, à moitié malsain. « Mon père était flic et ma mère est une avocate, j'ai suffisamment d'opportunité. » Si la justice ne va pas eux, c'est moi qui les amènerais à la justice. Il n'est pas difficile d'entrer dans la base des données du commissariat quand on est le fils de l'ancien chef, ni même d'utiliser la justice quand sa mère est avocate.

calimena

i hate you so much.

choi a. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Je souris un peu plus, habitué à entendre de sa part ce genre de choses. « Tu as surement raison. » mais on a tous une façon d’aborder les choses et surtout de les interpréter, j’ai ma vision et il a la sienne, il a son histoire et j’ai la mienne, mais au final même sans avoir vécu ce qu’il traverse actuellement je peux le comprendre et si je ne le comprends pas alors je peux au moins le soutenir et le conseiller, l’épauler et l’énerver, parce que je sais qu’il se fiche de ce que je raconte, pourtant je continue de lui donner mon avis, de rester à côté de lui, je suis là où je pense devoir être, j’ignore si ça peut aider Momo, mais je me dis que même si je ne suis surement pas la personne qu’il souhaite voir, le fait de ne pas être seul peut l’aider, ne serait-ce qu’un peu... Je déteste la solitude et je suis sûr qu’au fond il n’a pas envie d’affronter cette épreuve sans personne, quoiqu’il puisse dire. « Tu as raison, je ne suis pas mort. » Je souris en reprenant. « Pas encore en tout cas. » Je ne suis pas du tout une personne négative, mais je suis une personne réaliste. Je suis encore en sursis, devant me battre pour que ce cœur reste compatible et que je puisse vivre comme tout le monde, mais cela seul le temps et les examens pourront me le dire. « Tu ressembles à ton père ? » Demandais-je soudainement. « Si je meurs je le trouverai surement pour lui dire ô combien son fils tenait à lui. Et je suis certain qu'il me dira ô combien il le sait.» Je ne me moque pas de lui, c’est une sorte de réconfort aussi, il pourra peut-être se rattraper quand son heure viendra, on ne sait jamais ce qui nous attend, mais il faut parfois se rattacher à des choses, des idéaux, croire et vivre en se disant que ce n’est jamais fini, plutôt que se renfermer dans une bulle de souffrance et s’empêcher d’être heureux. « Je sais, tu te radotes beaucoup pour ton âge. » Je lui tire langue, le narguant un peu. « Fais ce que tu veux, si tu as besoin de ça pour avancer alors fait-le, mais ne fais simplement pas des choses que tu risques de regretter, c’est ce que je voulais dire en te disant de ne pas faire encore la même erreur. » Je souris, puis souffle en prenant une grande respiration d’air frais. « Aussi ennuyant que ce soit à entendre, la vie est précieuse. » Je le dis souvent, mais c’est parce que je suis bien placé pour l’affirmer, les gens ont tendance à l’oublier.

calimena

i hate you so much.

choi e. kellian
& usagi momiji

TENUE ◭ Pas encore ? De quoi se plaint-il, il a la chance de vivre encore quelque temps, même si j'ignore combien de jour, de semaine ou d'année. Ce n'est pas comme si il allait clamser là, devant mes yeux. Je crois que si cela arrivait vraiment, je serais encore plus en colère qu'il ne se batte pas après le sacrifice de mon père. à bien réfléchir, son coeur est suffisamment précieux pour que je prenne soin de celui qui le porte. Ce n'est pas pour autant que je ferais des effusions d'amour, juste éviter d'être brusque et trop méchant. Je l'ai déjà vu faire une crise sous mon nez, la première fois que je lui ai montré un hapslap, je ne referais pas deux fois cette même erreur. Ressembler à mon père ? Comment ça ? J'hausse un sourcil, ne comprenant pas de suite ce qu'il veut dire. « Qu'entends-tu par "je ressemble à mon père" ? » Je n'ai pas le sens de la justice comme lui, tout le monde -ou quasiment- me fait chier et je suis loin de vouloir sauver des vies, qu'importe la raison. Sa manière de parler est agaçante, mais si c'était possible, peut-être que je serais moins tourmenté. « Tu n'as pas intérêt à mourir. Prends soin de ce coeur. » C'est une partie de mon père qu'il possède, la seule partie qu'il me reste de vivant. Kellian m'a toujours emmerdé, même pour rien, parfois juste parce qu'il respire et je crois bon de lui rappeler. Il le sait, évidement. Des choses que je pourrais regretter. Un petit rire m'échappe, comme si je me moquais de ses paroles. « Je ne compte pas rentrer dans le tas les yeux bandés, si c'est ça qui t'inquiète. » Non, je ne battrais pas la violence par la violence, comme il pourrait le croire. Je vais me servir davantage de mon cerveau, moins de mes muscles. C'est un boulot de titan, parce que depuis des années, je n'ai pas été si docile et calculateur. La vie est précieuse. C'est bien pour cela qu'il ne doit pas vouloir rencontrer mon père là-haut, ou où qu'il soit. « Tu devrais te faire un tatouage, ça t'irais bien comme phrase. » Me moquais-je, avant de m'éloigner du bord. « J'ai toujours un rendez-vous. » Non, je ne suis pas venu là pour lui, et je dois sûrement être en retard sur l'heure donnée. Je m'en fiche, ça ne changera certainement pas ma vie, mais je perds aussi de mon temps ici.

calimena