flour, & rock 'n' roll ~

Outre la gêne occasionné à cause de ses paroles, je passais au dessus de cela pour essayer de mieux le comprendre. D'après lui, aimer à sens unique n'était pas une véritable preuve d'amour. Logique et compréhensible. Si moi-même j'éprouvai cela et pas l'autre, je serai déçu, blessé, voir même frustré. Connaissant mon caractère, peut-être même haineux envers le concerné. Baehyun réagissait plutôt bien, s'il accordait le "ou plus, si tu veux.." pour ma part, ce ne serait pas le cas. Sauf sans sentiment, au pire, ce cas là n'est pas tellement inquiétant ou important. « Je suis sûr que tu la trouvera, tôt ou tard. Comme me disait ma mère, ça nous tombe dessus sans qu'on s'en aperçoit. » Parler de ma mère me fit un drôle d'effet, comme si mon coeur se jetait dans le vide. Une impression de manque, soudainement. Pourquoi aurais-je envie de la revoir après ce qu'elle nous a fait, à mon père et moi ? Triste réalité qu'est la stupidité humaine. Qu'importe la peine, ça reste un besoin primaire.

C'était faux. Nao n'était pas moche, bien au contraire. Il devait attirer beaucoup de fille, comme d'homme. Ce mec-là n'était pas aussi grand que lui, mais il avait un corps musclé et une carrure plutôt imposante pour sa taille. Je me surprenais à penser ça de lui, rougissant un peu plus -si possible-. Qu'il me réponde cela me fit aussi rire, malgré moi. Je devrais lui avouer, que cet abruti n'est pas laid, mais je me contentais d'un sourire sans réponse. Il s'excusait encore. Bon dieu, il ne sait faire que cela ? Je roulai des yeux, avant de faire une petite moue. « ça ne me fait rien, tu sais ? Et puis, c'est plutôt pour lui que c'est vexant! » Raillais-je en imaginant déjà sa tête, puis je repris en soupirant doucement. « En vérité, il n'est pas laid. J-Je ne sais pas comment le décrire mais... J'imagine qu'il attire beaucoup les regards. » Jalousie. Je fronçai les sourcils en me mordillant le coin de ma lèvre inférieure. ça me rend dingue de savoir que des gens posent leurs yeux sur lui avec des pensées... dégueulasses, quoi. Sa réplique me fit de nouveau rire. Effectivement que penserait-il de moi. « Je n'ai pas besoin de te le présenter pour que tu tombes sur lui, j'en suis sûr. Il est plutôt... facilement repérable. » Disais-je en prenant une mine résolue.

De quoi ai-je l'air à lui révéler mes secrets ? Peu de personne savent que je suis cleptomane, à tendance brillance. Mais là, je venais carrément de lui dire -avec gêne-. Wow! Sa question ne manquait pas de m'amuser, m'arrachant un petit rire enfantin. D'accord, bien trouvé. « En quelque sorte! Si je ne l'ai pas déjà piqué avant qu'on ne me l'offre, bien sûr. » Plaisantais-je, me relaxant sans vraiment m'en rendre compte. C'est bien la première fois que je ris autant avec quelqu'un. évidemment, Nao pourrait y arriver aussi, mais mon coeur m'empêche toujours de dédramatiser la situation. Faut dire, je n'ai pas matière à rire avec lui, non plus. Peut-être quand les choses se tasseront et que je pourrais me décoincer sans craindre le moindre reproche ou jugement. J'espère.

Passons mon secret pour en revenir à son tatouage. ça m'intriguait, dans le fond. bae m'expliquait le sens de ce dessin à l'encre noire. Un oiseau sur le point de prendre son envole ? J'aurai juré que c'était la lettre "J" ! Mais à bien le fixer, je pouvais doucement imaginer les ailes de l'animal s'étendre, prêt à écumer les airs. Certes, je n'étais pas yakusa et je pigeais pas non plus le véritable sens, mais tant pis. « C'est très beau, en tout cas. » Complimentais-je pour la première fois avec un grand sourire. Dire que l'instant d'avant, je voulais lui piquer de sa marchandise... Et maintenant, je me comporte comme si rien n'était arrivé.

Sa question me troubla malgré moi. Mon appétit, c'est un sujet plutôt délicat. Personne n'a jamais comprit pourquoi je mangeais si peu. Je peux me contenter d'un biscuit pour une journée entière, sans avoir le besoin de plus. Premièrement, j'hochai la tête, avant de la secouer aussitôt à la négative. « Non! Bien sûr que non... Je ne suis pas malade, c'est juste que... Je ressens pas ce besoin de manger.... Les gens pensent que je suis anorexique, mais je ne fais pas ça pour être maigre. » Qu'est-ce que j'en ai à foutre de cela. Mais la vérité, personne ne la connaissait. « En fait... Quand j'étais au primaire, des garçons de ma classe ont trouvés marrant de foutre des insectes dans mon assiette... J'en suis tombé malade tellement ça m'a dégoûté et depuis, je n'éprouve plus cette envie de manger. » Entre ça et mon précédent commentaire sur les autres, Bae allait se poser des questions. Mais c'était comme ça. Déjà que l'enfant est mauvais, alors quand l'un est différent des autres, c'est pire.

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Quand je ne m'y attendrais pas. Bien sûr, mais moi avec mes étoiles dans les yeux, je ne m'y attendais jamais, et ça ne tombait que sur moi. Enfin, j'espère qu'un jour on m'aimera, et je pense que c'était ça le sens de ses paroles. Le passage sur sa mère me fit tourner mon regard vers le sien. Sa mère, c'était un sujet sensible aussi, si j'avais bien compris. Mais ça restait sa mère, il avait envie de la voir quand même, et c'était normal. Moi même, il m'arrivait d'aller dans des bars de Shinjuku, espérant la voir, même si je ne savais pas à quoi elle ressemblait. C'est aussi pour ça que je ne déménagea pas. J'avais l'intime sentiment qu'un jour elle viendrait toquer à ma porte pour me prendre dans ses bras.

Percy gardait le rouge sur ses joues. Apparemment, -et si j'avais bien compris sa moue et son roulement des yeux- ma nouvelle "excuse" l'exaspérait. En même temps, je le faisais beaucoup avec Percy. Pourquoi? Aucune idée. Le fait que ce garçon attire les regards n'avait pas l'air de l'enchanter. Normal, s'il avait des sentiments pour l’intéressé. Ma dernière phrase l'avait fait rire, -tant mieux.  « C'est drôle que si t'es là aussi! », lâchais-je en souriant et en prenant une gorgée de bière, -qui était presque vide désormais. « J'ai pas l'intention de le rencontrer, t'en fais pas. », concluais-je sur le sujet "garçon", abrégeant les "souffrances" de mon interlocuteur, plus proche de la tomate que de l'être humain désormais.

Ma phrase l'avait fait rire, c'était le but en même temps. Sa réponse me fit éclater de rire. Il arrivait bien à dédramatiser! Tant mieux pour lui, c'est toujours plus agréable comme ça. J'aimais beaucoup la compagnie de Percy, il était surprenant et drôle, et ça me plaisait d'être détendu comme ça, en apprenant à le connaître. « Haha, c'est sûr! Je note, je note! », dis-je, toujours en souriant. « T'es vraiment un mec sympa, Percy! C'est cool de parler avec toi. », lâchais-je en terminant ma bière.
Il était désormais penché sur mon tatouage, qu'il avait l'air d'aimer. Il avait dit que c'était beau, m'arrachant un pincement au cœur. Oui, objectivement, c'était beau, en effet... Mais j'évitais de trop le regarder, il me rappelait ma solitude et mon rattachement à ce semblant de "famille". Un sourire forcé se pressa sur mon visage pour cacher ma peine. M'enfin, je me connaissais, ça ne devait pas être très convaincant.

Un soupir de soulagement sortit de mes lèvres. Heureusement, il n'était pas malade. Pas d'anorexie ou d'autre chose. J'avais vraiment eu un doute. La suite de sa réponse me fit tout de suite moins rire. Quelle horreur, pensais-je immédiatement. Un air indigné prit place sur mon visage, et un « C'est horrible! » força le barrage de mes lèvres.  Percy avait vécu ça? Mais alors, ce qu'il avait dit tout à l'heure, sur les autres... Il parlait de ça? « C'est peut-être indiscret, mais tu... quand tu étais plus jeune, les autres enfants... Ils étaient toujours comme ça avec toi? Et euh... avant de continuer, tu veux autre chose? De la bière, par exemple? », proposais-je.

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Justement, ce serait affreux si je suis avec lui ou proche de lui. J'ai tellement tendance à tout gâcher que je risque de causer une catastrophe. Genre, tsunami ou éruption volcanique. Surtout que si Nao se monte la tête en présence de Bae Hyun, nous ne sommes pas dans la merde. Excusez mon langage, mais j'ai déjà eu à faire avec la colère de ce nabot.. Et il tape fort! Naohito, faut pas le prendre à la légère. Limite faut y aller avec des pincettes, pour pas qu'il pète sa durite. Mais à quoi je pense, au juste ? à croire que je parle du grand méchant loup, eurf. Du coup, il ne voulait plus le voir ? Je refis une moue perplexe, avant d'hausser encore des épaules. « Je ne vais pas te tuer si tu le rencontre. Il n'est pas bien méchant, tant qu'il ne tente pas de te défoncer les côtes, hm. » Souvenir, souvenir. Je me pliais presque en deux comme si je me rappelais que mes côtes étaient encore brisées. Or, elles ne sont que fragilisé, à présent. Dans le fond, je ne pouvais pas empêcher Bae Hyun de tomber ou de parler avec l'autre garçon. Il faisait ce qu'il voulait de sa vie, je crois.

Il note. Compte-t-il fait un dossier sur moi ? Au cas où il doit faire attention à lui. Je plaisante, bien évidement. D'ailleurs, c'est rare que je le fasse avec quelqu'un que je connais si peu. Quoi que, même avec les gens que je fréquente depuis plus d'un an, j'ai du mal. Un handicapé sentimental, comme dirait mon confident. Ses compliments m'allaient droit au coeur, tellement qu'il s'affolait en faisant circuler bien trop rapidement le sang jusqu'à mes joues. Bon sang! Quand est-ce que j'allais cesser de rougir pour un rien ? Mais, faut dire, je ne reçois pas des compliments tout les jours. Surtout pour dire que je suis sympa et cool, chose que personne ne me sort. Je me sens flatté, mais gêné aussi. à croire que je passerais ma vie à rougir. Je préférais largement me détourner de tout cela pour me pencher sur son tatouage. ça, c'est intéressant. Bien que Bae tire une tête d'enterrement, malgré son sourire quelque peu forcé. ça ne m'échappe pas, mais autant lui rendre pour ne pas l'inquiéter.

Si j'étais vraiment anorexique ou quoi, je ne tiendrai surement pas debout. Or, je me sens en pleine forme! Jusqu'à me battre contre les plus idiots des racailles. Parler de mon enfance m'enchantait autant qu'énoncer l'existence de ma mère. Et je m'en rendis compte en l'entendant prononcer son "c'est horrible". Oui, effectivement. Indiscret, c'était aussi le cas. Automatiquement, je baissais ma tête en me pinçant les lèvres, serrant mes poings contre mes genoux, sous la table. Là où il ne pouvait le voir. De la bière ? « Je... Je ne supporte pas l'alcool... La dernière fois -enfin, plutôt première fois- que j'en ai bu, j'ai failli me faire vio- embarquer par un gars... Et j'ai, apparemment, embrassé tu sais qu- oublie ça. » Pourquoi je venais de lui raconter cela ?! quel idiot, je vous jure! Pour détourner une nouvelle fois le sujet, je répondis à sa précédente question. « Je n'étais pas bien vu là où je vivais avant. Les autres enfants étaient tous pareil, teint clair, cheveux clair, yeux rond. Enfin bref, un asiatique dénotait un peu trop avec leur quotidien. » Lui disais-je avant de soupirer, remontant une main dans mes cheveux pour dégager cette tignasse qui barrait mon front. « Ils m'ont toujours exclu, comme si je n'avais pas ma place parmi eux. L'école, j'avais juste horreur de cela. ça ne fait qu'un an que je vis ici, à Tokyo, et tout est si différent. » Normal, un asiatique parmi des asiatiques, ça ne change rien. Qui se moquerait ? Finalement, je lâchais un petit rire en haussant les épaules, reposant mon regard sur lui. « J'ai perdu la solidité de ma famille pour gagner une normalité hors du commun. Je n'ai plus de problème avec d'autres adolescents, mais je n'ai plus non plus mes parents pour me soutenir. Je me demande ce qui est le mieux, dans les deux cas. Avoir la famille mais pas les amis, ou les amis mais pas la famille ? » ça me peinait de me poser la question, et je refoulais un sanglot en ravalant difficilement ma salive. « Une bière, ce serait cool. »

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Le garçon en question était violent à ce point là? Mes yeux s'ouvrirent en grand. Pas bien méchant? Défoncer les côtes? Le geste de Percy ne me rassura pas, il commença même à m'inquiéter plus qu'autre chose. « Hey... », commençais-je en posant ma main sur son épaule. Ce qu'il venait de dire puait le vécu. « S'il est trop violent, viens me voir, j'ai des contacts que je peux appeler... si tu vois ce que je veux dire. », lâchais-je en souriant, un peu plaisantin. Plus Percy en parlait, moins j'avais envie de voir ce gars. Tant pis, c'était juste une proposition comme ça...

Ma phrase l'avait fait -une énième fois-, devenir rouge. Il recevait si peu de compliments pour être dans cet état? Je pensais vraiment ce que j'avais dit, donc ça m'étonnait encore plus. Je ne faisais peut-être que m'excuser, mais Percy rougissait depuis un moment aussi! Cette pensée me fit sourire. Quant à mon tatouage, il m'avait rendu mon précédent sourire. Je me doutais cependant que le mien l'avait fait tiqué : il avait remarqué que ce n'était pas fait sincèrement, évidemment. Je pense qu'il avait fait cela plus pour ne pas s'y attarder, comprenant que je ne veuilles pas en parler plus que ça.

Il avait baissé la tête après ma question. Merde, encore un sujet sensible..., pensais-je immédiatement. En même temps, c'était ma faute, à toujours vouloir avoir des réponses à mes questions... Mais Percy était si intriguant! Evidemment que j'avais envie d'en savoir plus. Ma proposition de bière ne l'enchantait pas non plus. Il ne supportait pas l'alcool? Oui, j'aurais dû m'en douter... Ma main passa dans ma nuque. Je regrettais mes paroles, j'aurais mieux fait de me taire... Mon corps se figea quand il prononça la suite de sa phrase. Il faillit se faire violer? Mes yeux s'ouvrirent en grand. Ma surprise grandissait quand je compris qu'il avait embrassé ce mystérieux garçon le même jour. Ah, il avait donc menti ~ Il s'était bien passé quelque chose entre eux! Mon sourire réapparu sur mon visage. Je ne fis pas de commentaire, de peur de le gêner encore plus, même si ma langue me démangeait.

Oh, je vois. Percy me fit comprendre que les autres enfants n'étaient pas toujours « aimables » -même si le mot est faible- avec lui. Cette pensée, de savoir qu'il était exclu -et aussi harcelé, si j'avais bien tout saisi-, me serra le cœur. Ça avait dû être dur, de vivre aussi longtemps comme ça... Son petit rire m'avait presque fait plus de mal que ces paroles précédentes. « Oh mon dieu, je... pardon, ne répond plus à mes questions, si c'est trop dur. Je m'en veux, là... de t'avoir poussé à en parler... », m'excusais-je encore, en mordillant ma lèvre inférieure, en commençant à fixer le sol, serrant mes mains l'une contre l'autre. Entendre la suite de ces paroles, cette question sans réponse et son sanglot refoulé me brisèrent définitivement le cœur. Le pauvre, pensais-je en continu. Il voulait une bière, finalement? Bah, il pouvait bien en boire une, je le surveillerais de toute façon. Et s'il est trop « bourré », il dormira ici, de gré ou de force.

Je me levais donc pour aller chercher la bière, en silence, après un bref hochement de tête. Je m'en pris une nouvelle également. En revenant, toujours choqué par ses paroles, je ne su que dire. Je déposais simplement sa bière sur la table, gardant la mienne dans ma main, m'asseyant à ses côtés. « Je ne sais pas... quoi te dire, je... Je te dirais que moi j'ai toujours avec les amis, mais pas la famille, et j'en suis encore vivant, donc c'est que ça va. Mais en même temps, je n'ai jamais connu ça, -la famille je veux dire-, donc quelque part, ça ne créer pas de « manque ». Bah, si, quand même, remarque... », lâchais-je, parlant au fil de ma réflexion. Oui, ce manque je l'avais déjà senti. A la sortie de l'école, quand ce n'était pas ma mère ou mon père qui venaient me chercher. Devant un film, quand je voyais une famille heureuse, j’avais toujours un pincement au cœur.

Je terminais par pointer la bière du doigt en souriant et en disant : « Je te surveilles, hein! Si t'es trop « sous l'emprise de l'alcool », diront nous, tu reste dormir ici, et c'est pas négociable! Je te passerais mon lit, dormir sur le canapé me dérange pas. ».

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Des contacts ? Comment ça ? Mais... Oh mon dieu! Il n'y pensait pas quand même ? Je le regardai avec des gros yeux, avant d'agiter mes mains devant moi, imitant un refus.  « Oh non! Nao n'est pas si... Enfin, juste un peu impulsif mais pas mauvais pour autant! Ce n'est pas la peine de ... Je ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose.. » M'emportais-je aussitôt avec une mine affolé. Nao a assez eu de soucis comme ça pour lui envoyer des cas le fracasser. Et puis, qu'est-ce que c'était trois côtes cassées contre toute la douceur qu'il a fait preuve. Je me sentais bête de réagir si précipitamment en avouant mon attachement pour le jeune japonais. Je baissais les yeux, me mordillant aussitôt la lèvre en me retenant de prendre feu.

Suite à cela, le sujet changeait encore. Passant de son tatouage, au traitement peu méritant de mes anciens camarades de classe. Ils ne me manquait pas du tout, à dire vrai. Mais dans mon explication sur l'alcool et ma tolérance, j'émis le fait que j'ai faillit me faire violer et que j'ai embrassé le fameuse garçon que je mentionne depuis quelques longues minutes déjà. Voila, je me suis bêtement vendu ! Pourtant, Bae ne fit pas son curieux en passant, venant finalement au pire moment de révélation que j'ai fait depuis que je vis dans cette ville. Mon ancienne vie. Je ne le prenais pas mal, malgré mon rire un peu faux et amer. Oui, ça restait frais dans mon esprit, même après un an de tranquillité. Sa façon de s'inquiéter me fit sourire, et je secouais doucement ma tête. « Hey! ce n'est rien. Je n'en parlerais pas si c'était trop insupportable, t'en fais pas. » Au pire, j'aurai gardé le silence. Bien que ça me fasse mal de m'en souvenir, au point d'étouffer un sanglot. Ou de vouloir une bière pour passer tout cela.

J'attendis donc qu'il revienne et dépose la bière sur la table pour la récupérer et l'ouvrir en silence. Le spitch caractéristique de la canette me fit sourire, avant la porte à mon visage, humant l'odeur forte de la boisson. Je ne m'attendais pas que Bae me réponde entre temps, m'avouant qu'il a toujours eu des amis, et non une bonne famille. Nous étions bien l'inverse, mais cela ne semblait pas nous déranger. En l'écoutant, je bu une gorgée de bière en manquant de m'étouffer à cause de ce goût affreux. Pourquoi j'en buvais, alors ? Bonne question, mais autant faire genre de rien et continuer à la siroter doucement. « ça ne manque que si on connait. » Dis-je tout bas, la canette contre mes lèvres. Malheureusement, j'ai connu la famille et j'en ressens le manque. Quant aux amis, j'y prend lentement goût avec le temps et les connaissances qui défilent dans ma vie.

Sa remarque m'arrache un petit rire. Il me surveillait, c'est sûr. Pourquoi se montrait-il si sympathique avec moi ? Je lui fis un sourire amical en reprenant une nouvelle gorgée de bière, la levant pour lui souhaiter la santé. « Si monsieur insiste, je resterai là pour la nuit  ~ Tu es sûr que cela ne te dérange pas ? Je ne suis pas chez moi, je peux très bien prendre le canapé. » Remarquais-je en regardant ledit canapé, avant de me mordiller la lèvre. Pour le moment, je gérais parfaitement les quelques gorgées que j'avais ingurgité en l'espace de deux minutes. Bien que je n'allais pas protester son hospitalité, et ça m'éviterait de rentrer au dortoir aussi tard. Bonne excuse.

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Percy était très agité après ma proposition. Ses mains se secouaient énergiquement devant son visage, ses yeux étaient écarquillés, et il avait l'air plus affolé qu'autre chose. Sa réponse entraîna mon sourire. Il tenait vraiment à ce garçon, et ma « plaisanterie », il la prenait suffisamment au sérieux, apparemment... « Hey, détend-toi, Percy! C'était de l'humour! Je connais des gars, ça c'est vrai, mais j'ai dit ça pour rire! », avouais-je, espérant qu'il se détende un peu. « Tu l'apprécie vraiment beaucoup, hein...? ». Ce n'était pas vraiment une question, ça crevait les yeux que le jeune homme en face de moi en pinçait pour le garçon évoqué plus haut.

Mouais. Sa réponse à mes excuses me satisfaisait à moitié. Il aurait pu en parler, même si c'était dur pour lui. Et son sanglot étouffé montrait bien qu'il se sentait « mal à l'aise » -même si clairement le mot est faible- à ce sujet. Une fois revenu avec les bières, Percy ouvrit la sienne en souriant. Je ne m'étais pas posé de questions là-dessus, commençant ma réponse à sa question -qui n'en était pas vraiment une, au final, plus une réflexion-. Il buvait la boisson en m'écoutant. Ça n'avait pas trop l'air de lui plaire, mais bon. Moi, j'aimais bien le goût de la bière. J'aimais être rafraîchi, et sentir un goût plus fort, plus amer derrière. Après ma phrase, j'entamais moi aussi ma bière. Percy répéta la fin de ma phrase, murmurant face à sa canette. Oui, pour lui, c'était différent. S'il avait eu des problèmes à l'école, il ne devait pas avoir eu beaucoup d'amis. Et si j'avais bien compris, tout se passait bien avec sa famille « avant ». Si moi, qui n'avait pas connu cela, pouvait désirer une famille, alors la sienne devait lui manquer énormément. Je me mordillais la lèvre en pensant à ça, et reprit une gorgée de bière pour chasser mes pensées.

Après ma remarque, il me souria chaleureusement en levant sa canette. Je fis de même, lui souhaitant la santé en retour, un grand sourire sur le visage. Il semblait plus détendu, désormais. Il était loin, le Percy qui voulait prendre de la drogue pour s'évader. Cette pensée augmenta mon sourire à elle seule. Oui, j'avais accompli une belle victoire avec ça, aujourd'hui. Il acceptait? Tant mieux, mais hors de question de le laisser dormir sur le canapé.  « Attend, t'es fou ou quoi? J'ai peut-être pas été élevé, mais je connais l'hospitalité! Tu dors dans mon lit, un point c'est tout. », concluais-je, faussement ferme, oubliant la « blague » sur mes origines qui avait franchi mes lèvres. Oui, un peu déplacé, certes. Mais il fallait dédramatiser un peu, aussi.

« Viens, je vais te montrer mon appart', si tu veux. Comme ça, tu saurais où aller si t'as besoin de quelque chose. », proposais-je en souriant. Je me levais donc, l’entraînant à ma suite. « Bon, la cuisine et le salon, tu connais déjà... », dis-je en passant devant. « Dans le couloir... », dis-je en y rentrant, « La porte là, c'est les toilettes », j'ouvris ces dernières, « Celle-ci la salle de bain, et là ma chambre. ». J'ouvris successivement la salle d'eau et ma chambre. Mon appartement n'était pas très grand, ce n'était pas le grand luxe non plus, mais je m’efforçais de le tenir propre et accueillant. La salle de bain était en carrelage blanc basique, et les murs de ma chambre étaient peint en gris foncé. Ma housse de couette était bleue nuit, et la télévision faisait face au lit. Mon armoire, fermée, renfermait ma collection de casquettes et quelques vêtements. Mon appartement était très lumineux, et j'avais des fenêtres dans la plupart des pièces (sauf la cuisine). Il avait très peu évolué depuis que j'y avais emménagé, je m'y sentais donc chez moi à cent pour cent.

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j'ai eu peur. peur pour nao, surtout. peur que quelqu'un lui tombe dessus pour le tabasser, tout cela par ma faute. j'ai tellement eu peur en l'imaginant mal en point, à l'article de la mort. Tellement peur que j'ai sentit mon nez me piquer sous une remonter de panique et de larme. fallait pas qu'il me fasse des choses comme ça! je le prenais au sérieux, surtout si ça concerne le japonais. l'apprécier beaucoup ? cette fois-ci, je baissais les yeux par gêne, torturant une nouvelle fois mes doigts, à présent que j'avais abaissé mes bras. « cela se voit tellement ? » demandais-je en me pinçant les lèvres, désespéré par mon propre comportement. fallait pas que je montre ô combien nao était important pour moi, et pourtant, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure. irrécupérable.

il y a des cas qui ne s'expliquent pas, comme le siens. perdre une chose pour en obtenir une nouvelle, et finalement ressentir un manque évident. non, percy avait horreur de cela. il aurait préféré ne jamais avoir de famille, ou pire encore, de l'avoir encore aujourd'hui. mais dans un autre sens, il aurait aussi désiré avoir des amis bien avant de quitter son pays natal. la vie est injuste, mais pourquoi pleurer dessus ? qu'importe, le rouquin passait ce sujet en buvant doucement sa bière, prenant goût à cette boisson déplaisante à ses yeux. au final, lui, c'était bien un ami. au point de me forcer à rester chez lui juste pour une petite canette de bière! mais bien que je m'en refuse dans les premières secondes, je terminai par accepter. sauf que je ne voulais pas m'imposer au point de lui voler son lit. pourtant, bae insistait pour le contraire et je me résignais encore à accepter. « je ne peux pas protester, apparemment. » soupirais-je en roulant des yeux, ne tentant pas de repousser encore sa proposition. d'accord, je prendrais son lit pour ce soir! dans le fond, je crois que je lui en suis beaucoup trop reconnaissant, pour une simple invitation à dormir.

visite guidée, génial! pensais-je en souriant et en me levant à mon tour. pour la peine, je déposais la canette sur la table de son salon, pas très désireux de la garder avec moi de partout, puis je le suivais en silence. j'hochais la tête à son affirmation, réalisant que oui, je connaissais déjà cette partie-là de l'appartement. les toilettes, dans le couloir. je regardais la porte en acquiesçant une nouvelle fois, enregistrant le plan des lieux au fur et à mesure que l'on avance. salle de bain, puis sa chambre. ce n'était pas très grand, ni compliqué à s'y retrouver. dieu merci, je n'avais pas envie de courir partout si une envie pressante me prenait dans la nuit. mon regard se perdait lentement sur les murs gris foncé de la chambre, puis sur son lit. c'est donc là que je dormirai ? ma voix dépassait subitement ma pensée, réalisant bien trop tard ma demande. « tu es sûr que tu ne veux pas dormir avec moi ? »

loin de moi l'idée de paraître obscène, je ne pensais même pas à ce genre de chose! sauf que, je me sentais coupable de le pousser à dormir dans son canapé alors qu'il pouvait largement avoir avoir assez de place pour nous deux. je n'étais pas bien gros, comme il a pu le constater avec mon manque d'alimentation. doucement, je baissais les yeux en me mordillant la lèvre, sentant mon visage prendre feu. « ex-excuse moi... vraiment, j'ai pas envie de t'envoyer dormir dans ton canapé alors qu'on pourrait se serrer un peu dans ton lit et éviter des courbatures, hm.. » gêne, quand tu nous tiens. mais je m'enfonçais à chaque nouvelle parole, me rendant plus ridicule que je ne le suis d'ordinaire. que quelqu'un m'enterre, je vous en prie!

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Percy avait vraiment eu peur pour Nao, je n'avais aucun doute là-dessus. Il semblait prêt à pleurer, et avait l'air terrorisé, presque paniqué à cause de mes mots. Un sentiment de culpabilité m'envahit soudain. Quel idiot, pensais-je, faire une blague comme ça... Je me mordit la lèvre. A ma question, le visage du jeune homme passa de terrifié à très gêné. Il était vraiment adorable en cet instant. Tellement intimidé et exaspéré de son propre comportement.  « Oui, c'est assez impressionnant! Mais c'est très mignon, je te rassure ~ ». Evidemment, je savais que ça n'allait pas le rassurer. Mais j'avais envie de le taquiner un peu, histoire de le faire décompresser. Je ne voulais pas qu'il ressorte demain matin, encore plus stressé et paumé que la veille. Une de mes mains ébouriffa gentiment sa tête. Je pense que j'aurais aimé avoir un frère comme Percy, me surpris-je à penser à cet instant.

Si Percy buvait -et avec ce qu'il m'avait dit à ce sujet-, il se devait de rester dormir chez moi. C'était catégorique, et pas négociable. J'étais heureux de le voir se détendre de plus en plus, accepter de dormir ici et boire sa bière avec envie. C'était une bonne récompense, et j'avais l'impression d'avoir gagné un ami proche. Ça me mettait du baume au cœur, quelque part, parce que cela faisait depuis longtemps que je ne m'étais pas senti aussi bien avec quelqu'un. J'avais des amis, certes. Mais aujourd'hui, j'avais pu me dévoiler totalement, sans vraiment prendre gare à mes paroles. Le fil de mes pensées avaient suivi celui de ma bouche, et c'était très agréable.
Voir mon interlocuteur sourire à l'idée de visiter mon appartement me fit plaisir. Je prenais ma tâche à cœur, et Percy m'écoutait avec attention. Une fois dans ma chambre, il lâcha une phrase, qui -je le savais- se voulait innocente. Mes yeux s'écarquillèrent et mon regard se tourna vers lui aussitôt.

Mes joues, comme les siennes, avaient prit feu immédiatement. Avait-il conscience de ce qu'il venait de dire? Ma main passa nerveusement sur la nuque et mon regard trouvait soudain le sol très beau. Je me doutais qu'il voulait simplement être gentil, sans vraiment réaliser que cette proposition était plutôt... comment dire... osée? Il semblait, maintenant, gêné autant que moi. Il s'excusa, et dit qu'il voulait simplement que je dorme convenablement. « Je sais que tu as dit ça sans... arrière-pensées... » ai-je dit, en murmurant les deux derniers mots. Je mordis un peu ma lèvre, ne sachant pas encore ce que je pouvais répondre. « Percy... Je vais dormir sur le canapé, c'est mieux. Je ne peux pas accepter de dormir avec toi... » répondis-je, préférant au final choisir la raison. Voulant détendre l'atmosphère, mon humour prit le dessus pour lâcher : « Et puis... Si Nao apprend ça... J'ai pas tellement envie de me faire tabasser, tu comprend... ». J'avais dit ça sur le même ton que ma précédente phrase, avant de lâcher un rire franc pour lui montrer que je blaguais.

Ma tête se tourna vers ma fenêtre. On avait parlé si longtemps que le soleil était entrain de se coucher. Oui, c'était vraiment une meilleure idée que Percy dorme chez moi. Shinjuku, la nuit, seul et avec sa gueule d'ange, c'était pas une bonne idée -même si je l'aurais raccompagné en cas de refus-. Je lui lançais un petit sourire, avant de m'étaler sur mon lit. « Aaah ~ » soupirais-je de bonheur en sentant le confort de mon lit, « Peut-être que je vais dormir là, finalement! Mon lit est vraiment le meilleur endroit que je connaisse! » avouais-je en un sourire, l'invitant à s'asseoir près de moi en tapotant la couverture. « Tu veux que je te prête un pyjama? Ou tu préfère dormir en boxer? » demandais-je, la gêne ayant quitté mon corps.

 « Tu veux regarder la télé dans mes bras? ~ », demandais-je, faussement dragueur et taquin, avant d'éclater de rire, ne doutant pas de sa gêne.

flour, & rock 'n' roll ~

mignon. je ne pouvais pas être plus embarrassé qu'à l'instant présent. baehyun me trouvait mignon à être amoureux de nao. pourquoi était-ce si facile à me l'avouer alors que je ne serais sûrement jamais capable de lui avouer en face ? je me désespérais tout seul. sa main venait me décoiffer, comme le ferait un grand frère avec son cadet. quelle drôle de situation, pensais-je, en le regardant avec intimidation. avec notre différence d'âge, nous pourrions effectivement être frères. étrange comme idée, mais dans le fond, était-ce déplaisant ? peut-être pas pour moi. je me sentirais sûrement moins seul.

cet instant passé avec lui me faisait du bien, finalement. autant que n'importe quelle drogue au monde. je n'avais finalement pas besoin de cette merde pour passer mon humeur et retrouver un semblant de moral. baehyun s'occupait de prendre ce rôle, me redonnant le sourire et l'envie de m'amuser. bien que je me contente de boire une bière gentiment offerte et visiter son appartement après qu'il m'est forcé à rester. je ne pouvais pas dire non, pas après toute les choses que l'on venait de se dire l'un sur l'autre. il m'avait remonté le moral en me racontant sa vie et je m'étais allégé le coeur en disant un morceau de la mienne, en lui parlant de mes soucis. alors je n'avais aucun effort à faire avec lui. rien de plus que sourire naturellement en le suivant et en l'écoutant, bien que la parole dépasse mes pensées. en toute innocence, je ne disais pas ça dans un but pervers ou à double-sens. rien de plus qu'une intention enfantine et "fraternelle".

pourtant, mon esprit calculait rapidement mes mots et je rougissais à l'idée de lui demander une telle chose. il ne pouvait pas se casser le dos dans son canapé, alors qu'il y avait assez de place pour nous deux dans son lit. pour quoi je passais à présent ? me justifier n'arrangerait pas les choses, mais je le faisais quand même. non, il n'y avait aucune arrière-pensées derrière ma phrase. rien de plus qu'une bonne intention. finalement, baehyun refusait ma proposition. déçu, mes yeux s’abaissèrent aussi vers le sol. je ne pouvais pas le forcer s'il ne voulait pas. mais de quoi avait-il peur ? ce n'est pas comme si nous allions faire quoi que ce soit dans son lit, quand même. quant à nao, il n'en serait jamais rien, de toute façon. « nao ne ferait jamais une telle chose... je t'assure... » chuchotais-je tout bas avant de me mordre la lèvre inférieure. faut-il encore qu'il le sache, avant de s'énerver. je lui expliquerais, au pire, que ce n'était pas plus que de l'amitié. pourquoi riait-il ? je croyais vraiment qu'il avait peur de nao avec mes histoires. quel idiot, tellement naïf.

mon regard suivit le siens, vers la fenêtre. c'est vrai qu'il se faisait tard et que c'était mieux que je reste chez lui pour ce soir. demain, je retournerai à l'école. cette idée ne me réjouissait pas tellement, mais je ne pouvais pas squatter plus longtemps ici, alors qu'il y avait cours. un soupir discret quittait mes lèvres tandis qu'il s'avachissait sur son lit en soufflant joyeusement. sa remarque me fit sourire, mes yeux revenant vers lui. c'était une bonne chose, finalement, qu'il reste avec moi. à son invitation, je venais m'asseoir sur le rebord du matelas, encore un peu intimité par la proximité. un pyjama ? dormir... en boxer ? je rougis doucement, secouant doucement ma tête. « juste un t-shirt suffira. » répondis-je avant de lui offrir un sourire. sa dernière question, bien qu'elle soit ironique, me fit prendre encore plus de couleur.  je lui donnais un léger coup dans l'épaule en bégayant brusquement. « a-a-arrête tes b-bêtises! » pas crédible comme répartie, c'est sûr. mais je le poussais un peu pour récupérer un coin du lit.

finalement, je retirais mon haut et mon jean avant d'aller me cacher sous la couverture, oubliant un quelconque pyjama. en boxer, ce sera bien. je remontais le tissu par dessus ma tête, jusqu'à ne plus être vu. « merci... pour tout... tu m'as bien remonté le moral. » avouais-je finalement en serrant un morceau de couverture entre mes doigts. demain serait sûrement meilleur, grâce à lui. demain, je pourrais peut-être tout affronter, qui sait. le pire comme le meilleur.