Bien que le japonais avait encore du mal à réaliser tout ce qu'il s'était passé ces derniers jours, sa vie avait fini par reprendre son cours. Régler les problèmes d'incompréhension et de non-dits entre Alak et lui avait permis qu'au niveau du basket, tout avait fini par rentrer un peu dans l'ordre. Après les quelques jours de sa mise-à-pied, il avait fait son retour aux entraînements. Les mecs qui s'en étaient pris au thaïlandais n'avaient bien entendu rien dit. De toute manière, ils étaient en tord et le décoloré ne serait pas gêné pour ramener le témoin clé s'ils l'avaient ouverte. Ce n'était pas dans leur intérêt, ils auraient aussi risqué des sanctions. Quant aux marques sur leur tronche, ils avaient prétexté avoir été maladroit en tombant. L'entraîneur n'avait pas eu l'air d'être dupe, mais il ne pouvait pas non plus les obliger à dire la vérité. Ça avait bien arranger ses propres affaires. À la fin de la semaine, son adresse était entièrement revenue. La seule chose qui l'avait encore un peu fait souffrir était l'hématome sur ses côtés qui avait mis un certain temps à se résorber. Avec les soins d'Alak, ça avait bien aidé à le faire passer.

Les vacances étaient enfin arrivées avec le mois d’août. Même si les entraînements continuaient de manière plus légère et que le sportif ne pouvait pas s'empêcher de passer beaucoup de temps sur le playground. Avec Alak, ils avaient déjà prévu avec ses parents de retourner ensemble à Osaka durant quelques jours, histoire de changer d'air. Daiki attendait ça avec impatience, il ne pouvait pas le nier. Enfin, avant de s'absenter, il y avait quelque chose qu'il devait régler. Comme il l'avait dit à Reon, il ne comptait pas lâcher l'affaire avec une certaine personne, quitte à devenir son ennemi si ça pouvait le faire se bouger. C'était du gâchis de laisser pourrir autant de talent derrière la fierté mal placée de son propriétaire. En plus, il savait ce que c'était que de vivre pour le basket, ce n'était pas une situation qui plaisait à son sempai, il en était convaincu. Ce fut pourquoi il avait dû ruser pour pouvoir le surprendre.

Partant de chez lui avec son sac de sport sur le dos contenant serviette et eau, son ballon adoré était coincé sous son bras alors qu'il marchait. Une casquette sur la tête afin d'éviter une insolation durant le trajet, il portait déjà débardeur large et short, prêt au combat. Car connaissant la bête, ça en serait forcément un. Daiki passa par l'arrière pour une fois afin de surprendre son sempai. Rien qu'à son visage dès qu'il l'aperçut, ça le conforta dans son idée et le rendit encore plus déterminé. Profitant du fait de ne pas avoir été repéré, il décida de tester les capacités de Sasuke en lui envoyant directement une passe canon en direction de la tête, soucieux de faire une entrée remarquée et de s'attirer éventuellement les foudres de celui qu'il visait. « Les réflexes c'est vraiment plus ce que c'était... » Commença-t-il d'une voix railleuse. « Tu t'es sacrément ramolli, Sempai... »  À la lumière, il s'avança et récupéra son ballon qui avait roulé dans sa direction.

TENUE ✘ C’était vraiment une année de merde, si certains jours étaient longs et ennuyants d'autres me paraissait être passé tellement vite que je n’ai pas eu le temps de voir arriver la saison de l’été. C’est durant cette période que je m’entrainais le plus à une époque, sans cours, sans rien pour bloquer mon ascension. Pourtant, j’ai l’impression que cela remonte à loin. Trop loin pour en garder de bons souvenirs, surtout quand je m’entête à fermer les yeux sur ce désir de reprendre le ballon entre mes mains, de sentir cette goute de sueur couler quand je traverse le terrain en driblant écoutant le son du ballon frapper sur le sol puis enfin de sauter décollant mes pieds en ayant l’impression de voler jusqu’au panier. Cette adrénaline qui me faisait vibrer et sourire semble n’avoir existé que dans mes songes.

C’est du passé. Je vis sans cesse avec cette fierté criant à qui veut l’entendre que je ne jouerais plus, que c’est terminé. C’est ce que j’ai décidé et c’est pourquoi j’ai fermé la porte à ceux qui tente de m’en dissuader. Aujourd’hui j’aurais dû prendre Neji avec moi, mais j’ai finalement laissé le garçon avec sa mère, tout ce qui ce passe avec Reon, sa maladie m’inquiète un peu trop et me rempli l’esprit m’interrogeant sur ce que je pourrais faire pour lui afin de l’aider et de lui faire oublier cette pourriture qui le ronge. Avoir promis de refaire du sport est surement la chose la plus ridicule que j’ai faite, mais faut croire que je n’ai pas de limite quand il s’agit de mon meilleur ami.

Pensif, je n’ai même pas entendu cette balle fonçant droit sur moi, honnêtement à une autre époque personne n’aurais réussi à me surprendre de la sorte, mes réflexes étaient aiguisés et sans failles, mais comme je dis, c’était une autre époque. Lançant un regard noir au propriétaire du ballon, caressant ma tête à l’endroit de l’impact grognant de mécontentement. « La ferme. » Celui-là, il ne me lâchera jamais les baskets. En même temps combien de fois on s’est entrainé ensemble ? Combien de paniers on a partagés ? D’heure sur le terrain à s’épuiser ? J’étais surement un senpai modèle à ce moment-là, mais ce n’est plus le cas. Bien entendu, le fait que mes réflexes ne soient plus ce qu’ils étaient m’enrage intérieurement, même si par fierté je rejette le sport ses mots me laissent un gout amer faisant grimper la tension et l’agacement, surtout que je ne suis pas vraiment d’humeur en ce moment. « Normalement t’es censé t’excuser petit con arrogant. » Aucun respect. « Qu’est-ce que tu me veux ? » Crachais-je sans amabilité.

La balle fusa jusqu'à la tête de son sempai, à croire qu'il l'avait aussi dure que son entêtement pour ne pas avoir été sonné voire pire. Mais bref, les détails de ce genre n'étaient pas à prendre en compte, la logique n'existait pas toujours. En plus, ça l'arrangeait, au moins il pourrait enchaîner dans la discussion. La ballon récupéré et sous le bras, le décoloré voyait parfaitement son vis-à-vis bouillir. Sa remarque ne le tacla pas, au contraire, elle lui permit d'en rajouter une couche. « On présente des excuses seulement lorsqu'on a fait quelque chose d'involontaire. » Sourire en coin. Depuis que la situation avec Alak s'était éclaircie et arrangée, il se sentait doté d'une grande force. Sa volonté n'avait jamais servi que sa propre cause, sauf que là, pour une fois, il ne voulait pas lâcher le morceau. Pas avec ce crétin de sempai qui avait carrément mis la tête dans un trou d'autruche. Et le seul qu'il pénalisait, c'était lui-même.

S'approchant d'un pas assuré, prêt avant d'arriver à affronter un éventuel danger, il se stoppa à quelques pas. Le basketteur avait encore pris un peu de muscles et ça lui donnait une allure plus masculine malgré la couleur rose de ses cheveux. « Je suis en vacances, alors j'avais du temps à tuer. » Son air se remit à être un peu arrogant quand il continua. « Je n'avais aussi pas envie que tu le lises dans les journaux. » Légère pause. « J'ai signé un contrat avec l'équipe première. » Pas besoin de préciser que c'était pour un des deux plus grands clubs le Toyota Alvark Tokyo puisque Daiki en faisait déjà parti et que le plus vieux le savait déjà. Cette déclaration n'était que pour le rendre envieux, qu'il soit reflété à c qu'il aurait pu faire s'il n'avait pas été aussi prompt à baisser les bras. Le plus jeune s'était même mis à rêver qu'un jour ils pourraient jouer dans la même, atteindre le même niveau de Sasuke. Il avait été un moteur non négligeable dans sa soif de progrès. Qu'il en avait eu conscience ou non, le décoloré ne pouvait pas le laisser tomber.

Il fit rebondir lestement la balle devant lui, sans lâcher des yeux le plus âgé. « Et toi sempai, qu'est-ce que tu as fait entre temps ? Rien. Le néant. Tu te complets tellement dans la fuite que tu en es devenu ridicule de t'obstiner. Ce n'est pas une question de fierté. Tu crèves de trouille de subir un nouvel échec, rien de plus. Tu es un lâche en réalité. Tu ne sais que grogner, faire de grands gestes ou bien être violent dans le seul but d'éloigner les autres de toi et qu'ils n'aient pas l'opportunité de se pencher sur tes défauts. Celui que j'admirais n'est plus... Et puisque tu es devenu aussi naze... »  Le ballon cessa de rebondir, à nouveau sous son bras, il se rapprocha jusqu'à être à moins d'un mètre de Sasuke. « Reon sera bien mieux avec moi. » Termina-t-il son monologue.

TENUE ✘ Ce petit... Le rencontrer maintenant était vraiment une malchance de plus dans mon quotidien, je n’avais pas envie de faire face à ce gamin et ses remarques agaçantes. La balle aurait pu me sonner, mais j’ai toujours eu la tête dure. Puis à part me mettre en colère et me laisser cette douleur dans le crâne il n’a rien gagné à venir m’emmerder, je n'ai déjà pas la tête à faire mumuse, mon humeur de chien va rapidement se faire sentir s’il dépasse les bornes et connaissant mon Kohai j’imagine qu’il n’est pas venu me voir « volontairement » pour rien. Du temps à tuer ? Même en vacances je ne gaspiller pas mon temps à faire l’idiot quand je jouais dans l’Équipe nationale... Faut croire qu’il ne prend pas les choses aussi sérieusement que je pensais et au final j’en ai rien à foutre, sérieusement qu’il aille casser les couilles à quelqu’un d’autre. Le voir se vanter de grimper les échelons alors que je les avais dégringolé me fit lâcher un grognement intérieur. C’était sa vie, tant mieux pour lui. « Je ne vois pas en quoi ça me concerne, tu veux que je te félicite ? » Il s’attend à quoi au juste ?

J’étais allé en national, je faisais déjà partie d’une de ses grandes équipes, être envieux . Il pourrait faire un effort, ce n’est pas ça qui va m’impressionner. Au fond j’avais juste l’impression de voir le plus jeune suivre le parcours que j’ai emprunté il y a quelque temps, être excité et heureux à en avoir du mal à fermer les yeux le soir, j’étais loin d’être comme je suis aujourd’hui à l’époque. J’étais beaucoup plus souriant, heureux, toujours le ballon à la main, saoulant presque mon entourage à le faire rebondir n’importe où, n’importe quand. Ce sentiment d’exaltation lorsque je marquais des paniers que ce soit dans des matchs d’entrainements ou important je sentais sans arrêt mon cœur battre, pulser à chaque pas qui me rapprochait de mon but. C’était mon heure de gloire, ma plus grande victoire. Personne ne peut comprendre ce que ça fait d’être soudainement remis en question, jugé sur ses compétences et son jeu, accusé d’être un sale dopeur de merde qui triche en national. Se faire regarder de haut et traiter d’incompétent, jeté par sa famille et déshérité par honte de son fils. Non, ce n’était pas la joie et malgré mon fort caractère j’ai préféré fuir que me battre et faire éclater la vérité. Et alors ?

Les paroles dégoulinant à la seconde du plus jeune cherchant à me faire sortir de mes gongs, m’agacent je l’avoue. Si certaines choses sont vraies, d'autres sont ridicules pourtant. Avoir peur est un crime ? Je ne l’avouerais pas, pourtant c’est en effet ce que je ressens, ma fierté est un bouclier derrière lequel je me protège, ce n’est pas l’échec qui me fait peur, mais de revivre cette injustice a chaque fois que je frôlerais le terrain de basket. J’ai les nerfs, je bous toujours de l’intérieur en espérant trouver une solution de calmer cette instabilité, mais rien à faire. Quand je vois le ballon ce n’est pas l’excitation que je ressens, mais l’envie de l’envoyer au loin pour ne pas lui faire face. Ce petit con est comme tout le monde à juger sans arrêt, ça me frustre et mes poings se serrent avant que mon regard devienne noir a sa dernière phrase. Reon ? Sans vraiment savoir pourquoi j’ai envoyé mon poing pour qu’il s’écrase sur le visage du plus jeune. Avant de lui choper son haut et le fixer durement yeux dans les yeux. « Ne joue pas à ça avec moi, tu peux avoir les couilles pour me rabaisser, mais ne t’avises pas de mettre Reon dans l’histoire sale enfoiré. » Il m’avait déjà mis en rogne avec sa tirade me mettant plus bas que terre, mais là ça suffit. Je n’ai rien à perdre à me battre contrairement à lui.

Les hostilités étaient à présent lancées. Si l'animosité du brun était palpable, celle du décoloré était simulée. Il n'avait rien à lui reprocher en particulier, si ce n'était son attitude envers lui-même et ce gâchis qu'il faisait de sa vie. Le tout n'avait pour but que de faire sortir toute la fureur emmagasinée de Sasuke et qui l'empêchait de voir les faits en plus de sa grande mauvaise foi. « Encore heureux que non, sinon je serais mal barré d'attendre quelque chose qui n'arrivera jamais. Tu n'en as jamais rien eu à foutre de ma personne, je n'ai jamais été que ton faire-valoir, le gamin devant lequel tu pouvais prouver que tu étais le plus fort d'entre nous deux en lui mettant des branlées et qui te regardait avec des étoiles dans les yeux. De toute manière, l'amitié est un gros mot dans mon mode de fonctionnement. Tu n'as jamais été que mon principal rival et donc c'est normal de t'annoncer que je t'ai dépassé, peut-être que dans le fond j'espère que tu reprendras les armes, naïvement. Tu es tombé de ton piédestal alors que j'ai continué de monter. De plus, tu te débrouillais peut-être au Japon, mais ça reste un pays où le niveau est inférieur à celui de l'Europe ou des dieux du basket américain, pas de quoi crâner comme tu l'as toujours fait. » Dit-il juste pour replacer les choses dans leur contexte. Bien que Daiki n'avait jamais aspiré au plus haut niveau que de faire partie d'une des grandes équipes pro et d'avoir l'honneur un jour de porter le maillot de l'équipe nationale, il n'avait jamais pensé à tenter de percer dans le pays du basket, à savoir les States. Ce n'était pas donné à tout le monde ce genre de chance.

Cette longue tirade fut enchaînée par une autre. Le japonais ne mettait pas du tout de gants durant tout l'échange et, si Sasuke ne connaissait peut-être pas tout de Daiki et inversement, lui, savait au moins où appuyer pour que ça le fasse réagir. Sa discussion avec Reon l'en avait convaincu. Puis, le plus jeune avait beau ne pas dépendre ou avoir besoin des autres, peut-être que s'il n'était pas ainsi, il pourrait appeler ça de l'amitié. A la différence près qu'il ne donnerait sa vie pour personne. Instinct de conservation fortement développé oblige. La violence intervient aussi vive que le bruit du craquement sinistre de son nez sous la force de ce coup qui le sonne un peu. Daiki n'a jamais été un violent, ça n'allait pas commencer. Mais pour le moment, l'adrénaline l'empêchait de ressentir vivement le mal puis au moins la poigne sur son col l'empêchait de tomber en arrière, bien qu'il devrait aller à l'hosto plus tard. « Alors c'est ça que tu es devenu ? Un dictateur violent qui n'est même pas capable d'exprimer ses idées à part en molestant les gens ? » Le sportif lutta contre les images de son oncle qui le tapait aussi très souvent à l'époque où il vivait encore chez lui. « Justement si je le ramène dans l'histoire puisque c'est la seule chose qui te fait réagir, comme toujours. Tu ne penses pas que dans son état de santé il aurait mieux à faire que de se prendre la tête car il se fait du souci pour toi ? Toi le crétin centré sur son nombril et qui est encore en pleine crise d'ado. Il a besoin de ton soutien, pas de tes états d'âme pour des conneries putain. » Si, ça arrivait à Daiki de jurer des fois. « Il est celui qui est le plus admirable, à continuer à garder le sourire alors qu'il doit vivre avec la boule au ventre de faire une rechute. » Ses sourcils se froncèrent légèrement. « C'est vraiment comme ça que tu veux vivre ta vie ? A te terrer, à te fuir toi-même ? Merde, tu t'es fait baiser la gueule et en beauté, mais tu ne vois pas que tu continues à jouer leur jeu depuis tout ce temps ? Le seul que tu pénalises c'est toi. Si tu me sors que tu veux arrêter le basket parce que toi tu l'as choisi, alors ok, je respecterai ton choix. Mais pas comme ça. Grandis un peu ! » Ouai c'était le petit qui faisait la morale au plus grand, mais ce n'était pas très grave. « Si demain tu te fais renverser par une voiture et que tu crèves, ce serait avec un paquet de regrets. Et s'il lui arrivait un truc grave hein ? Tu serais content et fier de toi d'avoir passer la majorité des années avec Reon à rester bloqué sur une connerie ? Je ne pense pas non plus. On ne sait jamais quand quelqu'un peut nous être enlevé, c'est vraiment ainsi que tu veux passer ton précieux temps avec lui ? à ruminer ? Si c'est le cas, c'est que tu es définitivement irrécupérable et qu'il ira bien mieux avec moi. » Au moins au passage, il lui indiquait qu'il était au courant qu'il était malade, à défaut de savoir quoi, il n'était pas idiot, le fait que Reon n'avait pas voulu dire quoi était bien la preuve que c'était grave voire mortel. D'un revers de la main, il essuya le sang qui coulait un peu de son nez,
en ne montrant pas que ça faisait mal, fierté oblige.

TENUE ✘ Je n’arrivais pas vraiment à comprendre pourquoi Daiki ne voulait pas me laisser tranquille, honnêtement plus ont essayé de me faire reprendre et plus j’avais envie de fuir à nouveau, je me souviens de nos affrontements, de ces moments qu’ont partagés en s’amusant, je ne pense pas que je le prenais de haut, pour moi le basket était une passion et la partager était ce que je préférais. Ce gosse était doué et faire des matchs avec lui j’adorais ça, mais c’était une autre époque, qui aujourd’hui me semble bien loin. Dès qu’il commence à parler il s’arrête pas celui-là, c’est à peine si je l’ai vraiment écouté, en deux phrases il m’avait déjà saoulé. J’ai arrêté parce qu’on remettait en question mon talent, mon intégrité, mon sérieux, mais Daiki fait exactement la même chose, j’ai l’impression que c’est plutôt lui qui a pris la grosse tête parce qu’il s’est élevé à un niveau identique ou supérieur au mien. Soupirant, je secoue la tête désespérée. « Cool pour toi. » Réponse qui montre à quel point ce qu’il raconte me passe par une oreille et ressors de l’autre, je pourrais vraiment m’énerver ou lui répondre, mais c’est surement ce qu’il cherche et j’ai tendance à ne pas donner ce qu’on attend de moi.

Seulement Daiki entama un sujet sensible, surtout depuis quelque temps, je détestais le fait qu’on puisse impliquer Reon dans mes affaires, je savais qu’il était en train de me chercher et de me provoquer, pourtant ça me mettait en rogne qu’il ose l’utiliser et finalement le coup était parti. Si c’est ce que je suis devenu . Peut-être, la violence était quelque chose que j’avais toujours renié, quand le sport faisait partie de ma vie il était hors de question pour que je tape quelqu’un ou sois impliqué dans des histoires. Seulement je n’avais plus rien pour me retenir aujourd’hui et la colère j’en avais profondément enfoui depuis ses dernières années. Son état de santé ? Les paroles de Daiki affluent sans que je ne pus le stopper, cette fois pourtant j’avais tout entendue, aucune information ne m’avait échappé, surement parce qu’il parlait de mon meilleur ami ? Je l’ignore. Pourtant je sentais mon organe se serrait à ses paroles, il avait raison et j’en avais conscience, il avait raison sur toute la ligne, en tout cas sur ce point-là... Mais j’avais trop de fierté pour assumer mes torts et contrairement à ce qu’on pensait j’avais surement peur de remonter sur scène. Cette appréhension qui me hante depuis tout ce temps autant que les regards qui me jugent croyant à ma culpabilité, non vraiment, je n’avais pas envie de revivre ça. Et j’avais encore moins envié qu’on me juge sur tout à tout bout de champ, mes choix, mes regrets, ça ne regardait que moi et personne d’autre. Ce que je réalisais aussi c’est que Daiki était au courant pour la maladie de mon meilleur ami et cela me surprit, ce dernier ne m’en a parlé que tard et je ne pensais pas qu’il en avait parlé à quelqu’un d’autre.

« Tu en dis des belles paroles, mais tu ne peux pas comprendre, tu parles comme un moulin en enchainant tes jolies phrases et ta morale, mais tu devrais éviter de faire comme si tu savais tout juste parce que ta vie te réussit. » Ça l’amuse tant que ça ? « Quand je déciderais de jouer ce sera ma décision, si je dois crever avec des regrets alors tant pis, mais ne te mêlent pas de mes affaires. » Lâchant son col je soupire avant de reprendre. « Ce que je vis avec Reon ou comment je passe mon temps à ses côtés ça ne te regarde pas, ne t’avise même pas de l’approcher. » Je ne supporte pas qu’il puisse imaginer que Reon serait mieux avec lui, les choses que je suis capable de faire pour mon meilleur ami restent entre nous, Daiki n’a pas besoin d’être au courant, mais encore moins de penser que je ne suis pas son soutien ou là pour lui, c’est une erreur. « D'ailleurs comment tu as su pour sa maladie ? » Est-ce que c’est vraiment Reon qui lui a dit ?

Le silence et encore le silence. Voilà ce qu'il avait de l'autre en face de lui. C'était un peu fatiguant de voir autant de conneries réunies en une seule personne. Plus la peur dirige la vie et plus on n'a plus le contrôle sur rien du tout. Là, par exemple, le coup parti, le nez pété et son col relâché, le plus jeune avait vu ses jambes se dérober et il était tombé sur son séant, incapable de se relever. Sur le sol, son corps ne pouvait pas s'empêcher de trembler légèrement. Pas parce que Sasuke l'effrayait, mais parce qu'il n'y a encore pas si longtemps que ça on l'avait encré dans sa peau à coups de ceinture et de canne en bambou. Mais ce n'était pas la fierté de Daiki qui était mise à mal, juste son instinct de survie qui ne supportait pas d'être immobilisé ainsi et à la merci de n'importe qui. Bouge. Voilà ce qu'il se martelait dans sa tête. Il ne pouvait pas rester ici, son nez commençait à lui faire sérieusement mal, le sang cognait dans ses tempes. Bouge putain. L'auto-persuasion était une arme redoutable, elle pouvait faire des miracles avec l’adrénaline. Lentement, il sentit le bout de ses doigts répondre et il persista ainsi jusqu'à parvenir à se relever.

« Ma vie me réussit ? Pff laisse-moi rire. Tu n'as jamais rien su de la mienne alors ne me dis pas de pas faire ce que toi tu fais. » Quant au fait qu'il ne se mêle plus de ses affaires, le décoloré estimait en effet qu'il avait eu sa dose. Après tout il le réalisait bien mieux à présent : il n'avait jamais fait qu'idéaliser ce joueur qu'il aurait pu continuer à qualifier de magique s'il n'avait pas été aussi dépourvu de capacité à se remettre en question et de bêtise. Par contre, à nouveau, il ne manqua pas de sentir le changement de ton lorsqu'il s'agissait de Reon et des insinuations que certains faisaient à leur égard. Même s'il n'y avait jamais rien eu réellement. « Le seul à pouvoir m'interdire de le voir, c'est Reon. » Répondit-il aussi sèchement que son sempai avait émis l'interdiction. Comme si ça ne suffisait pas, son nez se mit à pisser le sang. Rapidement, Daiki fouilla dans la poche de son short pour en sortir un mouchoir propre avec lequel il appuya sur son nez pour retenir le saignement, non sans grimacer. Il aurait pu aider en parlant de cette jalousie manifeste dont bouillonnait l'autre en face de lui, mais il l'avait bien trop gonflé. Puisqu'il voulait jouer au con, ben il allait lui montrer ce que c'était. « Ça ne te regarde pas. » Réponse simple et concise.

Le sportif déplorait grandement le fait qu'au lieu d'encadrer et d'épauler Reon, ils allaient continuer à faire la guerre tout ça parce que l'autre idiot refusait de s'exprimer à cœur ouvert. A trop accumuler de colère, son esprit et son corps ne manqueraient pas d'en pâtir et ce serait sûrement de manière brutale. Mais ça non plus il ne le dit pas, de toute manière, ce n'était pas comme si ses mots avaient le moindre impact chez Sasuke. Depuis le début, Daiki avait toujours senti cette bulle autour d'eux quand ils étaient ensemble, et c'était une bonne chose que les notions d'amitié lui passaient par dessus la jambe parce que sinon il se serait senti exclu. Enfin bon, il n'allait sûrement pas donner de bonnes nouvelles à Reon, ce qui l'ennuyait un peu. A croire que depuis qu'il était avec Alak il se découvrait un aspect bien plus rempli d'empathie qu'il ne le réalisait avant. Même si pour le moment, il ignorait si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Se baissant comme il put, le plus jeune ramassa son précieux ballon et commença à partir de là où il venait. Son petit-ami allait sûrement pleurer à cause de son état, il n'était plus tout seul désormais et ne pouvait prendre de risque en se comportant comme un égoïste en partant encore en guerre contre le vent.