La dernière note de musique résonnait dans la salle. Ta respiration bruyante, ton front perlait de ton labeur. Tu n’étais pas satisfaite de ta petite prestation. Tu as toujours su que tu étais mieux faire. Ta chorégraphie était celle d’une amatrice. Franchement, tu avais l’impression de régresser. Toi pour qui la danse était toute ta vie, tu devais te ressaisir tu te dirigeais vers ton sac et regardais ton téléphone, voyant l’heure affiche je pestais avant de filer rapidement sous la douche et t’habiller. Tu espérais quand même ne pas faire attendre ton ami a qui tu avais donné rendez vous.

“Ami”... Franchement, ce mot te faisait toujours flipper. Et même il était difficile pour toi de l’admettre. Il faut dire que tu n’étais pas de celle qui accordait sa confiance au premier venu. Et ce, même si tous les deux aviez un passif. Ta crainte horrible de souffrir et tomber de haut. Le fait que tu sois une solitaire ne t’a jamais dérangé. Tu croyais dur comme fer à ce dicton qui disait qu’il fallait être seul que mal accompagné. Mais bon, Jin Hyun était différent… Il te ressemblait même un peu trop a ton goût. C’était agaçant comme amusant au fond. Tout ce que tu espérais, c’était de ne pas avoir commis une erreur. Une fois tes chaussures à talons misent tu t’empressais de sortir de ta salle d'entraînement et tentais de trouver un taxi pour te rendre au rendez-vous. Mais bon, dans cette foutue ville, c’était toujours difficile. Néanmoins pas impossible. Ta folle course terminée, tu arrivais à destination. Entrant dans le café, du regard, tu partais a la recherche de ton ami… Qui ne semblait pas être arrivée. Tu soupirais lourdement puis décidais de t’installer sur la première table à ta disposition. Tu fouillais ton sac pour attraper ton téléphone et cherchais le numéro du coréen pour lui envoyer un message. “Tu es où bordel ? T’as pas intérêt à être en retard au risque je t'en fou une”. Quoi ? Tu n’étais pas de celles qui brossais dans le sens du poil. Voilà ce qu’était tes mots pour lui tout simplement

Endormi… comment avais-je pu m’endormir en plein milieu de journée ? Au fond je le savais : la fatigue accumulée par les répétitions à outrance. La vie épuisante d’un danseur qui débutait sa carrière. Prisé par de nombreuses agences, je n’étais pourtant fidèle qu’à une seule, celle qui m’avait donné ma chance. Je me redressais en sursaut, bondissant de mon lit pour attraper mon sac et ma veste, et me ruer en direction de mon lieu de rendez-vous. Elle devait m’attendre depuis un long moment maintenant, cette amie que je considérais comme une extension de mon âme. Nous nous ressemblions bien trop pour qu’elle soit une simple rencontre fortuite durant une adolescence rythmée par la vie dans différentes familles d’accueil. Elle n’avait été qu’une fille parmi tant d’autre et pourtant, elle était devenue une constante. Mais cette amie, si importante soit-elle, n’avait aucune patience. Je savais d’ores et déjà qu’elle me passerait un savon pour avoir osé la faire attendre, et je souriais en l’imaginant me toiser de ses yeux noirs avant de croiser les bras sur sa poitrine pour m’acculer de tous les reproches du monde.

Je l’apercevais au loin, attablée seule et les yeux scrutant les alentours à la recherche de cet ami indigne qui osait la faire attendre. Je ne pus réprimer le rire qui s’échappa en quelques notes écourtées avant de la rejoindre à pas feutrés. Je me glissais dans son dos, faisant descendre mes mains sur ses bras avant de poser mon menton sur son épaule pour murmurer d’une voix suave. « Celui qui vous fait attendre est un bon à rien ! » Je la gratifiais d’un baiser chaste et rapide sur sa joue avant de m’éloigner pour prendre place face à celle dont le regard déterminé aurait pu m’achever de par son intensité. « Désolé, je t’ai fait attendre ? » Je savais d’avance qu’il me faudrait me racheter à ses yeux, mais je la connaissais suffisamment pour trouver une façon de faire amende honorable. « Tu veux un café, je te l’offre ! En guise d’excuses les plus plates ! »

Jin Hyun te connaissait depuis le temps, tu étais impatiente, tu ne supportais pas qu’il puisse te faire attendre ne serais-ce qu’une minute. Diva ? À peine. Tes ongles vernis claquaient à des secondes d’intervalle sur la table. Tu sursautais légèrement en sentant une chaleur, sans aucun doute, masculine t’envelopper. La voix rauque qui caressait tes oreilles a su te rassurer. À cet instant, tu voulais sourire, cependant, tu te pinçais les lèvres pour ne pas le laisser paraître. Non, tu devais rester quand même de marbre. Difficile quand il s’amusait a baiser ton cou. Tu le toisais du regard, histoire de la taquiner

« Tu sais que tu étais à deux doigts de te prendre ma main sur ton visage ? »

Il ne faut jamais faire de telles choses avec toi. Tu avais de mal avec les contacts physiques. Avec lui, c’était différent. En même temps, la pudeur n’était plus vraiment de mise dans votre relation au stade ou vous en étiez

« Oui, m’offrir un café est ce que tu puisses faire de mieux. Mais ce ne sera pas suffisant. »

Dis-tu pour te moquer.

« Tu me devras un café a chaque fois qu’on ce voit »

Et tu étais toujours prête à lui imposer cette nouvelle règle entre vous. Très rapidement, tu retrouvais un semblant de sérieux. Tes bras contre ta poitrine, tes yeux continuaient à croiser le sien.

« Alors, que me vaut ce rendez-vous. Est ce que cela à avoir avec tes recherches, tu as de nouvelles pistes ? »

Pourquoi tourner autour du pot, autant y aller franco. Tu le soutenais plus que tout dans cette recherche, tu devais l’avouer. Cependant, tu te gardais le fait que tu avais du mal à comprendre. Tu étais dans l’optique qu’il ne servait à rien à rien de retrouver des personnes qui vous avez abandonné. C’était pour cette raison que tu refusais de retrouver ton père biologique. Si ce n’est seulement pour lui mettre à lui la main dans la figure pour avoir fait souffrir ta mère. Cependant vos situations n'étaient peut-être pas comparable...