Quelques jours d'absence pour mademoiselle Baek avant de revenir. Ces entraînements ne vont pas se faire tout seul. Puis, elle ne peut pas rester dans cet appartement trop longtemps. Chaque pièce est remplie de souvenirs de Jiao. On a essayé de la sortir de là mais il n'y a que sa volonté qui l'a obligé à mettre les pieds dehors. On ne peut pas dire que ça va mieux, mais du moins, en surface, c'est comme si rien ne s'était passé. Beaucoup de larmes, beaucoup de journées à rester au lit, à peine manger. Les cigarettes ont remplacées la plupart des repas. On ne l'entend plus, la demoiselle, on ne l'entend plus autant qu'avant.
La fin des cours est annoncée et elle se dirige sur le toit pour une autre cigarette de plus. Le paquet est presque terminé et elle l'a juste acheté avant-hier. Tirant longuement sur la cigarette après l'avoir allumée, elle laisse un nuage de nicotine s'échapper de ses lèvres. Elle n'est pas aveugle, elle a vu que certains étudiants s'intéressaient à elle ces dernières semaines, mais elle n'a pas le temps de se préoccuper de ça, elle n'en a pas non plus envie. Elle fini sa cigarette jusqu'au filtre avant de la laisser tombe et l'écraser. Depuis quelques semaines, le toit est devenu son quartier général ; elle trouve cet endroit si calme, mais si bruyant en même temps. Depuis le toit, on entend des conversations assez intéressantes. Mais le toit en lui même est silencieux.
Elle s'allonge sur la surface lisse tout en fermant les yeux. Elle n'ira pas aux autres cours, elle l'a décidé maintenant. Le soleil qui se moquait d'elle tout à l'heure commence à disparaître pour laisser place à des nuages gris, mais ça ne l'empêchera pas de rester ici... Et la pluie se met à couler ; elle ne bouge pas vraiment, se redresse simplement. Assise en tailleurs, les bras croisés, elle regarde vers le gymnase d'un oeil distrait. Amy est simplement ailleurs à l'heure actuelle, le bruit de l'orage ne suffira pas à la ramener à la réalité.
you ocean, you swallowing, you take me in your vast blue mouth & spit me out as salt, & i will not complain. twilight refracts in my lungs, little molecules of you pitch & linger in my widening rill. once, i learned all rivers hold parts of each other Δ Raena Shirali
Le dortoir est long, lent, il ne ressemble pas à ce qu’il était avant. Heureusement qu’il n’y passe pas ses journées, ça serait horrible sinon, de devoir se taper la routine des gens normaux. Non, il a la possibilité de devoir remplir des publicités, des contrats, des obligations et des devoirs de sourire toute la journée.
C’est fatiguant de sourire quand on souhaite voir le monde autour de nous mourir lentement et couler profondément. Plus aucun bruit, mais il y en a tellement, et tellement d’agitation. Les jours passent et il a l’impression que rien ne se passe, que le calme disparaît progressivement ou qu’il n’a jamais existé. Se convaincre d’être passé à autre chose, se dire qu’il a toujours été comme ça de toute façon, tout a toujours été comme ça, que c’est pour le mieux. Est-ce que le soleil se lève alors qu’il vient de se coucher ? C’est une autre nuit blanche, une de plus dans un tas assez grand, confus.
Il passe devant un miroir et rit devant ses cernes avant de prendre l’escalier vers le toit de l’université. Les toits, on se croirait dans un anime, c’est haut, il y a toujours la possibilité de sauter et de finir. Peut-être est-ce ça ce qui l’attire le plus, depuis toujours, des toits, du dortoir, de son appart miteux, des endroits où il a bossé, comme si le risque planait à chaque endroit.
Plus de cours, il ne sèche même pas. Il y a un rebord, il marche dessus, d’abord normalement puis en pointe, s’amuse à reculer et avancer, il doit faire le tour du bâtiment ainsi. La pluie arrive, ça rend le jeu plus dangereux, plus drôle, avant qu’il ne tombe. Du bon côté ceci-dit, s’il en existe un, il se retrouve étalé par terre et sent son portable vibrer dans sa poche, s’allonge sur le dos, son manager, son manager attendra en se retrouvant une centaine de mètres plus bas. Plus de portable, plus de bruit, et de la pluie, que demande le peuple. Il regarde autour de lui, ennuyé, surpris.
« Amy ? Amy ! » Des phrases très construites avec pleines de sens, il se relève un peu difficilement mais rapidement, court, glisse, rattrape son équilibre pour courir encore et l’attraper avant qu’elle ne rentre à l’intérieur sauf que maintenant il ne sait pas quoi dire ou faire, il ne sait plus. C’est utile tout ça, il s’arrête en cherchant ses mots, « Il pleut. » lâche son bras qu’il avait agrippé pour la retenir. Il est légèrement essoufflé, ça s'entend dans sa voix, « J'ai encore le double des clés de ton appart »
You know, I have a feeling often and often that it’s dangerous to wait for things–that if you wait for things they only go further and further away Δ Katherine Mansfield
Lorsque la jeune femme entend la voix de Jiao, sans même le regarder, elle se relève avec l'intention de partir. Elle n'a pas tellement envie de le voir ces dernières semaines. Impossible de savoir combien de temps s'est écoulé depuis cette fête, cette rupture clarifiée. Elle ne veut pas vraiment savoir enfaite ; plus le temps passe et plus elle a l'impression d'être passée à autre chose. Mais si jamais elle le voit alors elle risque de ne pas le supporter. Il faut partir avant que ça ne devienne grave. Il faut juste, simplement partir.
Il l'attrape avant qu'elle n'ait le temps de rentrer mais ce n'est pas pour autant qu'elle se décompose. Non, elle croise les bras pour qu'il évite de la toucher et reste silencieuse, attendant qu'il lui dise ce qu'il a encore à lui dire. Elle pose son attention sur lui avant de lui dire d'une voix légèrement cassée et enrouée depuis ce matin déjà ;
Amy - Et donc ?
Son ton est calme mais tellement froid. Elle tend légèrement sa main pour qu'il lui rende le prétexte pour lequel il est venu. S'il avait voulu lui rendre les clés, il aurait du le faire ce soir là. Mettant les clés dans sa poche, elle regarde à nouveau le jeune homme sans rien dire. Le bruit de la pluie couvre le silence quelques secondes avant qu'elle ne se dirige à nouveau vers le bord du toit. Elle prend place, ramène ses genoux vers elle. Les cheveux de la jeune femme sont déjà humide, tout comme ses vêtements, mais elle n'a pas l'intention de partir tout de suite.
Allumant une autre cigarette, elle écarte les mèches rebelles de son visage. C'est la dernière du paquet. Puis elle va sans doute en acheter un autre ce soir. Ça part trop vite en ce moment. Doucement, elle ferme les yeux ; les traits du visage de Jiao apparaissent, un peu plus récents. Elle ne veut rien penser à propos de tout ça mais la fatigue sur son visage est difficilement supportable à regarder. Elle ferme les yeux, mais elle peut toujours sentir sa présence ici et lance alors d'un ton toujours aussi calme ;
Amy - Si tu tiens aussi à ce que je te laisse le toit...
Elle n'a même pas la force de terminer sa phrase, elle n'a pas envie, se redresse doucement avec l'intention de partir. C'est parce que si jamais elle reste, elle risque de se décomposer ; ce qui ne veut pas forcément dire pleurer. Justement, elle n'est pas sûre de ce qu'il pourrait se passer.
Broken sweethearts who sleep apart Both still pine for the other's side spine, spoon as sleep starts And pulse to pulse, now shush She makes the sound, the sound the sea makes to calm me down Δ Alt-J
Il fronce les sourcils mais sourit quand même, légèrement amusé par la situation, même s’il n’y a rien de drôle. Oui, et donc, ça n’a aucun sens, aller la voir pour ça, comme ça, sorti de nulle part. Il avait déjà demandé à ses amis où elle pouvait se trouver, elles avaient répondu après de nombreuses hésitations, le toit, comme si c’était évident. Et il traînait souvent là aussi, comme si c’était normal. A-t-il au moins les clés sur lui ? Il hésite à lui rendre malgré tout, les regardent vaciller lentement dans sa main et a l’impression de lui rendre une part de lui, d’en perdre une. Ce ne sont que des clés, des objets du quotidien, des clés.
Puis elle ne part pas finalement, et le jeune homme est encore plus confus. Il pleut. L’odeur de la pluie, des gens qui courent pour se mettre à l’abri plus bas, il les voit parce qu’il s’est rapproché du bord et d’elle en même temps. Au moins, elle n’a pas changé, un rayon de soleil sous la grisaille. Il se voit, tandis qu’elle se relève pour partir, il enlève son pull oversize et force celui-ci sur la tête trempée d’Amy « Tu vas tomber malade et dire que c’est ma faute, j’ai pas envie d’aller en prison », c’est une justification qui tient la route dans sa tête. Et il a toujours son débardeur noir en dessous, il connaît la pluie, c’est une amie, elle lui fera pas de mal. Elle est du genre, à l’accueillir dans ses bras, dans les pires moments comme dans les bons. Une bonne amie cette pluie, pas comme lui.
Quelque chose cloche quand même, la jeune femme apparaît encore plus frêle, fragile, dans son sweat déjà trop large pour lui, et son teint pâle et grisâtre jure avec le noir de son pull, de ses cheveux bruns, et il repense à sa voix légèrement enroué, « Ne pars pas.. Je, ça va ? Tu as perdu du poids. » Son ton n’est pas celui de la reproche, mais c’est si bizarre d’être là en face d’elle, il enlève des mèches humides qui brouille sa vue. Si bizarre, il prend sa main pour la tirer à l’abri mais elle résiste, alors il arrête. « Ecoute, on est grand.. On peut se comporter comme tel non ? » il évite soigneusement le mot adulte, ayant toujours en tête sa remarque, même après des semaines, et c’était plus une demande, une supplique mêlée d’une légère plainte qu’une reproche encore.
Amy - Ne t'en fais pas Jiao... Elle commence d'un ton calme Si c'est ça qui t'inquiètes, ça fait longtemps que j'ai arrêté de parler de toi...
A un point où elle ne souhaitait plus prononcer son prénom ni l'entendre, avant de simplement arrêter de faire des efforts à propos de tout ça. Mais pourquoi elle a l'impression que ces efforts sont ruinés ? Elle tente de s'écarter de lui, puis enlève le pull qu'il a commencé à lui mettre. Elle pose le pull sur son épaule sans rien dire. A l'heure actuelle, elle préfère encore tomber malade et crever de froid qu'accepter son aide.
Amy - Et qu'est-ce que ça peut te faire ?... Elle murmure avant de secouer doucement la tête à sa dernière requête J'ai pas envie. Arrête de conjuguer ta personne avec moi... Il n'y a rien qui m'oblige à supporter ta présence ou te faire supporter la mienne Elle marque une pause avant d'ajouter Ma mère m'a organisé un rendez-vous avec le fils du directeur d'une grande entreprise à l'international. Je vais le voir bientôt et on va sans doute se marier. Elle hoche doucement la tête et ajoute d'un ton calme et certain Je vais le faire, parce que je peux le faire. Alors tu pourrais simplement éviter de m'ennuyer plus longtemps ?
Les bras croisés, alors qu'elle le regarde dans les yeux, elle décide de le détourner la première pour se diriger à nouveau vers la sortie. Tout ça ce sont des mensonges, mais il fallait qu'elle lui balance quelque chose. Toutesfois, sa mère pourrait le faire. Oui, sa mère pourrait carrément le faire et n'attendrait alors que la requête d'Amy pour le faire. Mais Amy a toujours été le genre de personne à ne pas vouloir se mettre dans une case avec quelqu'un. Officialiser à ce point.
Ne pas être avec elle, ne pas lui parler, ne pas la voir, et pourtant, ça ne lui avait jamais autant été renvoyé en pleine face que maintenant, ils n’étaient plus ensemble. Il secoue doucement la tête, cette fois, il n’a pas envie de s’énerver. Qu’est-ce que ça peut lui faire, pleins de choses, beaucoup plus qu’elle ne l’imagine probablement, « J’ai juste envie de parler avec toi, on est pas obligés de se détester juste parce qu’on est plus ensemble. » ou juste parce qu’il avait balancé les pires horreurs histoire de. Il s’était convaincu, qu’après, avec un certain temps.. Plein de chimères, des illusions, de la fumée de cigarette qui s’évapore entre ses doigts. Il continue, alors qu’elle parle de supporter sa présence et qu’il se retient difficilement de lever les yeux au ciel et de soupirer, mais il n’a pas envie de lutter « Ouais, mais rien nous oblige à couper totalement les ponts » ça ne sert à rien de lutter, il essaye de ne pas lui dire que même si elle ne désire pas sa présence il lui imposera quand même.
Il recule, incertain de ce qu’il a entendu, et de ce que ce n’était pas supposé lui faire. S’il avait toute sa tête, il sentirait que ce n’est pas une anguille sous roche mais un requin, une baleine, un orque, quelque chose de gros. Justement, ce quelque chose de gros reste bloqué en travers de sa gorge et il n’arrive pas à digérer et à comprendre grand-chose. Oh, il était presque tout à fait d’accord avec l’idée qu’elle voit quelqu’un d’autre, mais après un certain temps, beaucoup de temps, et une personne qu’il aurait choisi, surveillé, et ce serait probablement jamais arrivé au final parce qu’il se serait amusé à effrayer chacun de ses prétendants. A nouveau, il attrape son poignet, peut-être brusquement, fort, et il ne lâche pas même si elle se débat « Non » c’est implacable, ainsi et pas autrement, « Tu ne vas pas le faire parce que tu ne peux pas le faire.. » Jiao essaye de regarder au plus profond des yeux de la jeune femme « parce que merde Amy, t’es à moi. » sa voix se brise légèrement tandis qu’il continue « Pas maintenant, c’est trop tôt, tu peux pas.. Tu peux pas te marier avec lui, parce que tu dois te marier avec moi. C'est Amy et Jiao pas Amy et le riche héritier d'un groupe multinational, et on était censés être installés ensemble, tu aurais remboursé ta mère, on aurait visité la Corée parce que c'est le pays de ton père et on devait habiter pas trop loin de tes amis sinon tu te sentirais trop mal même si les voitures existent et.. » il finit sans la relâcher, « Épouse-moi Amy »
I just miss you, in a quite simple desperate human way. Oh my dear, I can’t be clever and stand-offish with you: I love you too much for that. Too truly.You have no idea how stand-offish I can be with people I don’t love. I have brought it to a fine art. But you have broken down my defences. And I don’t really resent it Δ Vita Sackville
Avoir envie de lui parler ; Jiao a un sacré sens de l'humour, tout le monde ne peut pas le comprendre, tout le monde ne peut pas tout le temps le comprendre mais, il devrait sérieusement penser à faire humoriste si jamais il se lasse de sa carrière de chanteur.
Amy - Tout comme on est pas obligé de ressentir quoi que ce soit ou rester en contact...
Le ton sur lequel parle la jeune femme est si calme. Elle aimerait penser à cent pour cent ces paroles mais une partie d'elle n'y croit pas vraiment. Elle a essayé, vraiment, rester à l'écart de lui. Elle a fait de son mieux pour qu'ils ne se croisent plus, même pas par accident, elle a fait de son mieux pour qu'il ne la voit plus. Elle aurait voulu que ça dure plus longtemps ; si ça avait duré plus longtemps, alors elle se serait endurcie d'avantage. Elle se sent obligée de parler de ces rendez-vous, ce mensonge pour que ce soit lui qui s'écarte, lui qui pense qu'elle est devenue matérialiste à souhait. Parce que si Jiao recule alors elle restera forcément à l'écart. Mais si jamais c'est lui qui s'approche... Elle sent sa main autour de son poignet, tirer trop fort. Elle a besoin d'espace soudainement, mais il ne lui donne pas et parle, parle beaucoup, envoie d'autres bombes qu'elle n'est pas en mesure d'éviter. Elle est trop proche déjà pour s'éloigner et les éviter.
Amy - Pourquoi elle dit dans un faible murmure Pourquoi je devrais épouser quelqu'un qui ne m'aime pas, qui n'est pas sincère et qui a simplement eu pitié de moi ? Elle demande en le regardant dans les yeux. Elle détourne finalement le regard cherchant ses mots, relevant finalement les yeux vers lui Tu mérite quelqu'un de mieux non ? Elle demande en secouant faiblement la tête avant d'ajouter Et moi j'ai simplement ce que je mérite...
Elle hoche faiblement la tête, d'un air peu à peu convaincu de ses paroles et ajoute
Amy - Pourquoi qu'est-ce que tu compte faire si jamais je vais le voir, tu compte me frapper ? Toi tu as des tas de personnes qui s'intéressent à ta petite personne, et moi je devrais passer à côté de lui qui s'intéresse à moi ? Pourquoi ? Toi tu as le droit et vivre comme tu le souhaite et pas moi ? Elle secoue doucement la tête avant d'ajouter d'un ton toujours aussi calme, se détachant de sa main Je vais aller le voir, on va se marier et je serai aussi riche que toi, non, bien plus riche que toi, alors ne te soucie pas des sous que j'ai à rembourser
Elle s'apprête à partir à nouveau mais se retourne quelques instants ;
Amy - Tu trouve ça injuste ? Quelle importance puisque lorsqu'il verra mon visage sans défaut, dans quelques jours, je ne serai plus là pour t'embêter. Tu as ce que tu voulais au final
Jouer la sourde oreille et lui rendre les coups qu'il lui a donné. Jouer un rôle qui n'est pas elle, avoir une prétention qui n'est pas elle.
Il détourne le regard en même temps qu’elle, il sait qu’elle va renvoyer les coups, ne s’attendait pas à ce qu’elle lui saute dans les bras, et il sait qu’il le mérite et sa main desserre peu à peu son emprise sur elle et voit finalement son poignet glisser sous ses doigts et il a l’impression, non, il la perd, il le sent. Elle a raison, c’était ce qu’il voulait. Il avait essayé de croire que c’était ce qu’il voulait. Il devait le faire. Devrait se sentir heureux qu’elle rencontre quelqu’un pareil, qu’elle passe à autre chose, qu’elle puisse voir plus grand. Elle serait bien mieux avec l’autre qu’avec lui, c’était même inespéré que ça arrive aussi tôt mais il n’arrive pas à s’en réjouir, désespérément pas.
Il y a un léger silence pour accueillir ses paroles, sa gorge est trop sèche pour qu’il puisse répondre directement, mais il se force à le faire quand même parce qu’il la perd et il ne veut pas la perdre « Tu veux savoir la vérité ? » il se refuse de s’approcher, de la prendre dans ses bras ou de simplement la retenir encore, « J’ai jamais voulu ça. Oh, j’aimerais pouvoir te dire que tu mérites quelqu’un comme lui, mais je peux pas. Tu mérites pas d’un type qui sera probablement plus occupé à remplir des chiffres d’affaires qu’à s’intéresser à toi, parce qu’il s’intéressera jamais à toi et tu le sais, alors t’auras l’argent, tu feras semblant d’être heureuse un temps, mais si tu veux vraiment ça, soit. » Il ne sait plus où il voulait aller en commençant ainsi, croise doucement les bras « Mais j’ai jamais voulu ça, et il ne pourra jamais s’intéresser à toi comme je l’ai fait et t’aimer comme je t’ai aimé, non c’est impossible mais soit, va le voir. J’ai jamais rien dit de tel à personne, j’ai jamais cru en quoi que ce soit avant toi, mais si tu veux, pas de problème, pars. »
Il hoche la tête, essaye de se convaincre malgré tout que c’est le mieux, « Tu crois que je t’aurais emmené à Rio par pitié ? Que je serais resté avec toi, à chaque nuit, chaque cauchemar, par simple pitié ? Je suis si convainquant alors.. » il sourit, il était étonné, désespéré, « S’il te plait, Am. T’as pas le droit de faire ça. » puis une idée germe dans son esprit, foutu pour foutu « Il verra ton visage sans défaut, ton joli visage, mais il pourra pas louper ça. » Quoi ça ? Oh, rien, il s’approche et marque son territoire, rien de nouveau et d’incroyable, juste un suçon violacé au creux de son cou. Ça peut se cacher avec du maquillage ? Tant pis, au moins il aura profité de le faire.
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La jeune femme l'écoute, elle n'a pas manqué une seule de ses paroles, elle le regarde et il a l'air tellement sincère. Mais elle repense aux paroles qu'il lui a balancé et ça enlève la part de sincérité dans un sens. Elle ne sait pas quoi lui dire, peut être qu'elle n'a rien envie de dire. Elle inspire doucement, passant une main dans ses cheveux encore plus humide à cause de la pluie qui continue de tomber. Silencieuse, elle le regarde, les bras croisés. Elle aimerait ressentir ce qu'elle imagine et passer à autre chose. Elle aimerait vraiment. Mais aussi surprenant que cela puisse être, aujourd'hui encore quand elle le regarde, elle n'arrive pas à détester les traits de son visage.
Et il s'approche sans prévenir, trop vite pour qu'elle ne le voit venir. La main de la jeune femme le repousse doucement avant que l'autre ne prenne la relève et s'écrase sur la joue du jeune homme. Elle marche d'un pas certain vers la sortie avant de se retourner et hausser le ton ;
Amy - Je ne suis pas à toi. Tu m'as jeté comme une ordure ! Sa voix légèrement cassée se brise d'avantage.
Elle continue son chemin puis claque la porte derrière elle sans rajouter quoi que ce soit de plus. Descend rapidement les escaliers avant de progressivement ralentir. Finalement, elle remonte assez rapidement les marches qu'elle a descendu, pousse la porte du toit qui s'ouvre dans un bruit sourd. Elle revient d'un pas rapide vers lui et l'embrasse sans rien dire avant de se reprendre et s'écarter. Autant que ça ressemble à un baiser d'adieux rendu. Oui, plutôt un baiser rendu qu'autre chose. La jeune femme pose légèrement sa main au niveau de ses propres lèvres après avoir simplement marché vers la porte, s'apprêtant à tirer sur celle-ci. Mieux vaut partir tout de suite tant que c'est encore possible.
Il s’en fiche, de se faire baffer, il le mérite, il prendrait n’importe quel gifle venant de sa part, s’en est désespérant à ce point. Est-ce qu’il devient masochiste ? Est-ce qu’il aime se faire du mal à ce point ? Probablement, ou juste pour elle. Il ne cherche pas cependant à la rattraper encore, il n’a plus cette force là et fait ce qu’il aurait dû faire directement, il abandonne peu à peu. « Je sais » murmure-t-il, mais c’est trop tard, elle est partie déjà.
Peut-être aurait-il dû dire d’autres choses, il réfléchit, regarde vers le ciel pour trouver des réponses qui ne viennent pas. Lui dire, que c’était des conneries. Lui dire tout, avec plus de sincérité, ou la retenir. Il aurait dû la retenir, c’est évident, depuis quand abandonne-t-il ?
La pluie tombe en un clapotis étonnement réconfortant au milieu du désastre qu’il risque de devenir à tout moment. Un claquement de porte le réveille de loin, Jiao fronce les sourcils et est prêt à renvoyer le nouvel arrivant, ne se doutant pas que c’est Amy. Bien loin d’imaginer une seule seconde qu’elle reviendrait, alors il s’attend à une autre gifle, à des paroles blessantes, quelque chose dans la même catégorie et au lieu de cela elle l’embrasse. Elle l’embrasse, et il ne se rappelait même plus leur dernier baiser, avant la rupture. Elle l’embrasse.
Alors si elle croit qu’elle va partir comme ça, simplement, non, tout ce qu’il se disait tout à l’heure sur la rattraper et ne pas la laisser filer, c’était pas des conneries. Le jeune homme ne réagit pas immédiatement, un peu étourdi, un peu confus, mais il se retrouve éventuellement à marcher doucement vers elle. C’est confus, mais il a si peur qu’elle parte vraiment après ça, même si ça ne signifie rien pour elle il préfère s’y accrocher désespérément. Je t'en prie, excuse moi, j'ai été stupide, je voulais te protéger à ma manière, il aimerait les dire ces mots mais tout ce qu’il trouve à chuchoter en se penchant vers elle pour capturer ces lèvres « Je ferais absolument n'importe quoi pour que tu restes » il finira par lui dire et puis, c'est ressemblant légèrement, mais les non-dits c’est bien aussi, c’est bien le flou parfois, peut-être a-t-il trop peur qu’elle le rejette encore pour dire des choses plus grandes. Il goutte encore et encore ses lèvres et murmure par moments « Tu m’as manqué », « Amy », avant de s’arrêter finalement et d’encadrer son visage de ses mains et un très discret « Je t’aime » franchit ses lèvres qu’il rattrape comme si de rien n’était en l’embrassant à nouveau tandis que ses mains parcourent des endroits interdits sur son corps, « Frappe moi si ça peut te faire du bien, mais reste, excuse-moi, choisis-moi, aime-moi », son dos, ses hanches, son ventre, il n’est pas en position de demander quoi que ce soit et pourtant.
Il est temps de partir Amy. Il est temps de partir, lui dit une voix dans sa tête. La raison qui revient peut à peu sans doute. Elle sent la main de Jiao la retenir et ses lèvres se poser sur les sienne alors qu'elle sent qu'elle s'adosse contre le mur. Elle ferme doucement les yeux en pensant que c'est une mauvaise idée. Mais elle n'arrive pas à s'écarter de lui, du moins pas tout de suite. Et sans doute jamais. "Too late", ça sonne comme une évidence.
Amy - Ji-
Il lui coupe la parole, l'embrassant à nouveau et cassant un peu plus son intention de partir d'ici. Puis elle le regarde finalement dans les yeux quand il encadre son visage à l'aide de ses mains. Les mains de la jeune femme agrippent doucement les bords du débardeur de Jiao. L'attirer un peu plus contre lui, elle en a besoin même si ce n'est pas forcément la bonne chose. Les intentions de la jeune femme ne sont plus comme elle voulait qu'elles soient. Elles remontent au niveau de son cou alors qu'elle se rapproche plus que ce n'est possible. Son front légèrement appuyé contre le sien, ses cheveux se mêlant aux siens elle murmure ;
Amy - Alors, emmène moi dans le dortoir...
Le regard de la jeune femme croise le sien alors qu'elle continue sur le même ton ;
Amy - Quoi, tu ne peux pas faire ça ?
La jeune femme dépose un autre baiser dans son cou, avant de finalement remonter au niveau de ses lèvres. Elle ferme doucement les yeux. Elle aimerait pouvoir récupérer les paroles qu'Erin et s'éloigner mais c'est déjà trop tard. Elle voudrait que la raison revienne, mais ce n'est pas le cas. Non, si la raison revenait, elle lui dirait au passage que c'est une très mauvaise idée tout ça. Mais la raison ne revient pas.
Elle a dû voir, comprendre qu’il était… Ce n’était pas de la surprise, de l’étonnement, plus de la confusion. Définitivement de la confusion. C’en était depuis le début, mais ça se transformait progressivement en une mer de confusion dans laquelle Jiao se noyait à en perdre haleine, à perdre la raison. Elle le rendait complètement fou, et il lui a dit, il pourrait faire n’importe quoi pour elle.
Même s’il savait tout ce que sa représentait pour elle, qu’elle pouvait le regretter après, penser qu’il n’était revenu que pour ça. Il pourrait faire n’importe quoi pour elle, si à cet instant elle lui demandait de sauter du toit, il en serait capable.
« Tu es bien sûr de vouloir le faire ? »
Mais elle dépose un baiser dans son cou et s’en est fini de sa raison, on peut lui creuser une tombe à sa raison, c’était peut-être déjà fait et depuis longtemps. Il ne veut plus, non, ne peut plus attendre. Commence à détester ce mot, attendre. Son corps se colle plus que ce n’était possible au sien, la pluie ne l’empêche pas de s’embraser à chacun de ses baisers. C’est plus que de la passion, Jiao tâtonne pour trouver la poignée de la porte tandis que ses pensées se perdent. Devrait-il lui dire que c’est une décision prise impulsivement ? Peut-être, les impulsions, il connaît. La sienne aussi, qui ne veut pas perdre une occasion pareille. Des pensées se confondent, et si elle voulait juste lui dire au-revoir, comme ça. Au moins, Jiao se rassure en se disant qu’il l’aurait marqué, qu’elle se rappellera de lui, même si elle le regrette, ou si elle le quitte après, il en a besoin, il a besoin de quoi que ce soit venant d'Amy, de tout.
Alors il ne dit rien mais prend ses mains et tire la jeune femme à travers les escaliers en se retournant par endroit pour l’embrasser, essaye de ne pas courir trop parce qu’elle pourrait tomber, parce qu’il sait qu’elle est maladroite, qu’il connaît ses défauts et l’aime avec ceux-ci, qu’il l’aime elle.
Listen to me. Listen. Sometimes a love dies. Δ Marguerite Duras
Rendre les choses explicites, développer les mots, rendre les choses plus claires. Oui, sur le moment, tout cela paraissait inutile mais pourtant c'était nécessaire. C'était. Mademoiselle Baek entend le bruit de la porte qui s'ouvre. Des baisers qui s'échangent. Ignorant totalement ce qu'il se passe autour d'eau, s'il y a des gens où non qui traînent encore ici. Certes, les paroles de la jeune femme n'étaient pas claire, mais il aurait du le voir venir. Ou il aurait du l'anticiper. Est-ce qu'on est ensemble maintenant ou est-ce qu'on est toujours séparés ? Est-ce que tes sentiments envers moi sont sincères ou est-ce que tu n'es plus attiré par ce que je suis. Pas le physique, non, ce qu'il y a à l'intérieur. Est-ce que tu vas continuer à m'aimer ? Des tas de questions qu'elle ne prononce pas, qu'elle ne prononcera sans doute pas tout de suite.
La jeune femme n'a jamais essayé d'imaginer comment serait sa première fois. Oh, ses amies en ont parlés et elles ont cherché à savoir comment ça s'était passé pour elle, convaincue qu'elle l'avait déjà fait. Oui, la capitaine des cheerleader est populaire chez les garçons, elle l'a toujours été mais elle n'a jamais été fichue de se retrouver avec quelqu'un qui se soucie véritablement de lui. Jiao lui a dit le contraire. Jiao lui fait perdre la raison à des moments où elle a tout simplement besoin d'elle comme seule et unique compagnie. Jiao est supposé être la bonne personne mais elle a tellement souffert et elle ne peut pas l'oublier. Le voyage avec Erin, juste après que leurs rupture soit devenue explicite, ce weekend avec Erin, elle ne peut pas l'oublier aussi, tout comme tout ce qu'elle a pu lui dire.
Lorsque finalement ils se retrouvent dans la chambre, qu'elle est légèrement au-dessus du jeune homme et qu'elle a tout juste enlevé sa veste, elle s'écarte doucement du lit, décidant de se diriger vers le dressing du jeune homme. Oh, mademoiselle Baek, vous êtes si cruelle... Elle passe la main dans ses cheveux pour écarter les mèche rebelle et légèrement humide de son visage puis ajoute alors après avoir retrouvé le calme dont elle avait besoin ;
Amy - Bien... Maintenant que je suis dans le dortoir, je peux éventuellement elle attrape un pantalon de jogging et un t-shirt me changer !elle dit comme si c'était une évidence.
Un soupir quitte ses lèvres alors qu'elle attache doucement ses cheveux avant d'attraper une serviette ainsi que les vêtements. Elle compte ajouter quelque chose mais ne dit finalement rien. Un faible sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'elle ferme la porte derrière elle, avec l'intention d'aller dans les vestiaires des filles, elle n'est pas folle, elle ne va pas rester ici plus longtemps.
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