La musique plein la tête, le bras autour de la taille d'une fille qu'il ne connaissait pas, quelle importance. Son déhanché lui filait le tournis et il avait à peine bu. Sorti avec une bande de potes, comme à son habitude, une habitude qui devenait un peu trop prononcée, bien qu'il puisse avoir des justifications à donner sur la dégradation de son état mental... Tout partait en couille en ce moment  et quelque chose lui disait que c'était pas fini, alors pour fuir cette vie merdique, même s'il ne manquait pas de tune, comme on dit , l'argent ne fait pas le bonheur. Son bonheur à lui s'était cassé la gueule il y avait bien 5 ans, et plus encore après que Zander son meilleur ami,  au passé commun fort s'était éloigné de tout, y compris de lui. Un pilier qu'il avait accepté et qui lui avait échappé. Comme tout le reste. Li Shen le mec qui ne sait pas garder ses amis, celui qui est insupportable, qui gueule, est cynique, se bat comme une furie, qui se fout des avis des autres quand ça lui pète les couilles et qui en plus de ça vous sourit avec un regard qui vous dit: jolie poitrine, c'est quand que j'te baise. Li Shen: Le sale chiot, fils d'ambassadeur aux couilles aussi grosses que sa prétention, mais aussi que sa douleur. En somme, un gosse détruit, ruiné de l'intérieur par une famille en décadence et une univers qui lui crache dessus sans qu'il ait demandé depuis gosse, alors il crache plus fort et le vit bien. Ses mains ont glissé sur le cul de la jolie blonde qui lui sourit et se frotte à lui. Il va se la faire celle là, elle est bien chaude. Les minutes de déviance sensuelle se prolongent quand la nana le tire par le col vers la sortie. Un large sourire s'affiche sur son visage, il la bouffe des yeux. Elle doit crier bien fort cette biche, il va tester tiens. Dix neuf ans et dépravé pour sûr. Et? Les manières c'est pour les mielleux, il n'a rien à faire de toutes ces mœurs à la con, et ne fait bonne figure, beau dandy de la vingtaine qu'auprès de son paternel quand il le suit dans les évènements officiels. Il s'extirpe avec la belle de cette foule de drogués, d'alcooliques, de danseurs plein de sueurs qui pue le sexe à plein nez, pour finir dans une ruelle annexe à la boite de nuit, en plein Tokyo. Il y a déjà plusieurs couples qui se bécotent. Franchement, c'est vulgaire ici, l'ambiance et lourde et ça pue, mais bon, il n'a jamais prétendu faire dans la finesse non plus. Elle le pousse et il se mange le mur dans le dos. S'en suit un baiser langoureux, la belle est affamée et c'est pour son grand plaisir. Il baisse ses mains et lui cramponne la croupe, accompagnant volontiers la sérénade de cette petite folle qui sent quand même vachement la vodka. Et alors quoi, elle se souviendra pas de lui demain et? Ca l'arrange bien en fait , il en a un peu rien à foutre et n'est pas là pour faire dans le détail. Il va l'enfiler contre le mur de brique, et basta, rentrer au campus pour pioncer. Pourquoi , y'a une autre manière de fois? Il la retourne contre le mur, et lui passe les mains sous le haut, y prenant gout quand un mec percute de plein fouet la poubelle dans l'angle de la rue. Il est à quelques mètres de là à peine. Deux couples s'enfuient en criant, dont trois filles. Il devait y avoir un duo de bichettes ensemble dedans. Li Shen a le temps de noter ça. Il s'est redressé, haussant un sourcil. Bordel, qui c'est qui l'empêche de baiser... Un autre mec finit par terre. Et il en voit un autre se précipiter furieux et se jeter limite sur celui déjà au sol, sonné.

Nom de dieu, il le reconnait. C'est pas le fameux geek là? Sa réputation n'est pas à refaire, ses potes en parlaient la dernière fois, foutus accrocs aux jeux vidéos. Li Shen, lui, s'en contrefout mais vu qu'il était à coté, il a noté qu'il parlait de lui. Du coup, il l'a plusieurs fois croisés, mais rien de plus. Mais ... il est fou? Elle vient d'où cette violence? La fille s'en fout, elle percute rien, elle est bourrée. Elle lui reprend le visage pour essayer de le rembrasser. Il grimace et la repousse. "Casse-toi toi, tu fais quoi là? Vas te trouver une autre queue. " Il se détache d'elle et se décale, observant la baston. Putain ouais, c'est bien lui. Il a trop bu ou est défoncé? Il l'a jamais vu comme ça, c'est un mec calme le peu qu'il l'a croisé. Li Shen essaie de se souvenir de son nom. Bone... non.. Maun... non , c'est.. il l'a retenu parce que c'est un truc qui est pour une nana d'habitude. Du moins il ne l'a que croisé sur des filles... Dome... dow... Dawn! Voilà! Ouais enfin, pendant que tu cherches, il leur fracasse la gueule. Il est bon putain en plus. Li Shen en sourit , amusé. Un cri retentit derrière lui. Un vigile de la boite. Puis deux, puis trois. Li Shen se retourne, et siffle dans ses dents. Merde, il va prendre cher. Rah. Et sa nana est parti, adieu la baise. Il grogne et grimace se maudissant. Et cet abruti qui va finir en taule. Les autres péteux n'ont pas l'air finauds, ils vont lui coller des plaintes au cul s'il va trop loin. Sans réfléchir, il court vers l'autre brun, et se fout entre lui et le mec déjà à moitié séché. Il esquive un coup et leve les mains: WOH WOH ! STOP DAWN! " qu'il gueule, puis le pousse au niveau du torse sans aucune douceur et lui regueule dessus : "TU VAS LE TUER PUTAIN ARRÊTE! C'est bon ! Il est KO! Hey , tu m'écoutes! Arrête! " Il a plutôt intérêt à arrêter ou lui coller une beigne en pleine gueule, ça va le calmer, ou un coup dans le foie. Déjà Li Shen qui aide quelqu'un c'est rare, mais faut pas trop abuser de sa patience. Le vigile s'avance. Putain , il est baraqué. Son pote aussi, et Li shen lève les mains, reculant avec Dawn dans le dos. "Y'a un problème les jeunes?"

Li Shen a envie de l'insulter ce gros tas de muscles. De quoi il se mêle. A la place, il inspire, se contient et sourit jaune. "Aucun, on partait." Il prie pour que Dawn ferme sa gueule et le pousse vers l'extérieur de la sortie. "Non mais t'es con ou quoi? Faut de décoller de tes putains de jeux vidéos, t'es pas dans Call of Duty! "

Deux jours, ça fait à présent deux jours que je joue quasiment sans relâche à mon jeu, parlant en même temps avec les autres joueurs de l'équipe. Certains ne sont pas restés autant, tournant par période entre url et irl, mais pas moi. J'ai quitté l'ordinateur dix minutes pour manger, puis plus pour prendre une douche et je suis revenu me coller à mon écran sans relâche. L'école ? Je crois que j'ai un peu zappé ce détail, à dire vrai. Mon sponsor me fournir des absences quand je lui demande, bien que cela l'embête d'avoir affaire avec ma mère, et elle est forte pour casser les oreilles au téléphone. évidement en deux jours, j'ai aussi oublié de prendre mes médicaments, bien que mon frère m'ait un peu secoué pour que je le fasse. Il a dû les poser à côté de moi avec un verre d'eau, mais le verre est vide, quant aux médocs... Ils ont disparus. Sûrement sont-ils tombés dans la poubelle au-dessous, ou par terre sous un meuble, je l'ignore. Dans tout les cas, je n'ai rien avalé. Le second jour en fin de journée, les autres membres de l'équipe ne sont pas là et les seuls joueurs en ligne sont des noobs. Aucune envie de participer à un massacre et être le seul à tuer l'équipe adverse en assurant sur les trois lignes. Du coup, je déconnecte le jeu. Oui oui, j'ai bien fermé league of legend pour m'étirer un bon coup et souffler en même temps. Deux jours, ça encrasse les muscles. Mes yeux se posent sur le verre toujours posé à sa place et l'envie de bouger m'envahit sans prévenir. Je m'ennuie, en vérité. Je pourrais appeler un gars de ma classe pour demander les cours, mais je n'ai pas envie de bosser là-dessus... Puis en regardant mon portable, je vois un sms d'un pote qui m'invite. Bon, il date d'hier mais la soirée est pour ce soir. Mieux vaut tard que jamais, non ? Ils ont l'habitudes de ma lenteur d'esprit, ou juste le fait que je sois h24 dans mon mmo. J'y réponds rapidement, assurant ma présence à l'heure. Un simple « cool » m'est rendu et je souris en balançant mon téléphone sur mon lit. Zéro semble occupé et je n'insiste pas pour qu'il vienne avec moi, surtout en sachant que je risque de boire et d'abuser sur la patience des autres.

Pile à l'heure, comme promis. Les gars en sont étonnés, ce qui peut être vexant parfois. D'accord, j'ai tendance à oublier la vie quand je suis dans mon jeu, mais quand ce n'est pas le cas, je tiens mes engagements! Surtout depuis le jour où j'ai failli défoncer mon frère après une grosse dispute. Accoudé au bar, mon verre déjà commandé, je sirote ma vodka en rigolant avec des potes, mes yeux voyageant dans la salle pour mater les filles présentes. Toujours la plaisanterie moqueuse pour décrire les énergumènes de la boite, tandis que j'enfile un verre puis un second. Bizarre, mais l'effet de l'alcool renforce ce manque. Ce n'est pas le genre de manque que l'on ressent quand on se drogue, mais plutôt quand on oublie un truc... Dans mon cas, ça augmente mon stresse et pousse mes nerfs à ressortir plus facilement, à fleur de peau. Au départ, ce n'est pas visible. Tant que je ris, plaisante et passe du bon temps avec mes amis, ça va. Mais dès l'instant où un gros lourdingue s'en prend à une nana en essayant de la tirer à l'extérieur de force, là ça monte sans prévenir. J'ai horreur des cons pareils, surtout quand la fille tente de le taper mais qu'elle n'a aucune la force pour se défendre. La rage au ventre, je me lève de mon siège en posant trop brusquement mon verre sur le comptoir. « Dawn ? » Mais je ne l'entends pas, déjà à la poursuivre de l'autre enflure qui tente de prendre la sortie, le poignet de la fille entre ses doigts.

Mon poing s'abat dans sa mâchoire, arrachant une plainte mécontente alors qu'il revient à la charge pour me rendre mon coup. Je suis tellement en colère que même si son coup m'atteint, il n'a aucun effet sur moi. Psychologiquement, je suis imbattable. Physiquement, c'est une autre histoire. La bagarre dégénère jusqu'à continuer un peu plus loin, le sale type rejoint par sa bande que je n'épargne pas non plus. Rien à foutre, je suis hors de moi, incontrôlable, continuant à marteler le pauvre gars jusqu'à sentir ses os craquer sous mes doigts. Le prochain allait partir directement dans sa tête, avant qu'un autre mec s'interpose, évite mon coup et me sommes d'arrêter. Pardon ? On se connait ? Je ne me souviens pas avoir déjà discuté avec lui, ni rien d'autre. Le fait qu'il me pousse au niveau du torse est une mauvaise idée quand je suis en crise noire, mais ça ne semble pas l'inquiéter pour autant. Je ne sais pas ce qui me retient de lui sauter à la gorge. « Rien à foutre. Dégage. » Marmonnais-je entre mes dents en tentant de le repousser, toujours aussi remonté contre l'autre. L'arrivée du vigile ne m'aide pas, au contraire, ça me coupe dans mon élan. J'ai l'impression d'être materné avec l'autre débile, je n'aime pas ça.

« Va te faire foutre! Je t'emmerde d'abord! » La politesse ne risque pas de m'étouffer, mais je ne fais pas attention à mon langue quand je suis comme ça. Une fois, je l'ai même tagé sur un mur, après avoir brisé toute les vitres aux alentours. « T'es qui d'abord ? D'où tu connais mon nom ? T'es un espion, c'est ça ? » Putain, j'ai envie de le taper aussi... Je serre les poings jusqu'à sentir mes ongles se planter dans mes paumes, le regard noir et les lèvres pincées. S'il ne trouve pas une excuse pour son geste, je le bouffe.

Li shen regarde le vigile qui se barre. Ouais, bon, ça c'est déjà fait. Putain... cette soirée avait trop bien commencé, et voilà qu'il se retrouvait avec un abruti de terroriste de rue sur les bras. Pourquoi tu l'as pas laissé se faire défoncer par les vigiles tiens Li Shen, vu comme il a l'air d'apprécier ton geste pour sa vie. Quel con ce Dawn serieux... Li Shen plisse le regard, le poing qui se serre. Il peut être sympa en faisant des efforts, mais fallait pas trop poussé non plus, il va lui foutre sa main dans la gueule à ce gueulard poétique s'il se calme pas.

« Tu veux pas un peu fermer ta gueule ?! Tu pues l'alcool ! Tu veux finir en taule c'est ça ? Vas y j't'en prie, jette toi sur eux, mais tu vas te faire éclater la gueule ! » brailla-t-il en s'approchant de lui, montrant la ruelle en arrière. « Je m'en fous de pourquoi tu l'as fait , mais tu vas pas être champion de quoi que ce soit sur ton putain de web là, si tu finis tétraplégique ! Y'a quoi qui déconne dans ton cerveau ? »

Pourquoi il se faisait chier à essayer de le convaincre au juste ? Li Shen beugua totalement sur la question de Dawn... Il haussa un sourcil, le bras toujours tout droit vers la rue, comme stunté sur place par un putain de mob. Il hallucinait ? Non, il était atteint à ce point le mec ?

Un... espion... ? Non mais t'es sérieux...
Il leva les yeux au ciel en se passant une main sur la visage. Putain, il en tenait un bien là. La nuit allait être longue. Il regarde autour de lui et secoue la tête, soudainement plus calme, les mains allant se placer sur ses hanches. Il rêvait.
Sans déconner... qui voudrait espionner un mec comme toi ? Suffit de poser une camera dans ta piaule pour ça... Je me ferai pas chier à te suivre pour ensuite griller ma couverture. Elle est débile ta théorie. T'es complètement beurré ouais.

Il soupira et le détailla de haut en bas. Il ignorait la raison de la dispute, mais bon, il n'avait pas à lui faire la morale pour la raison. En fait, il s'en foutait du pourquoi de la chose, il n'était pas mieux dans son genre. Surtout que la dernière fois, il avait carrément pété le nez de son bro'. Pauvre Zander qui avait tenté de l'arrêter, alors... lui faire la remarque à lui, ce serait débile. Même si ça avait été pour une paire de chaussettes volées ou une fille, (quoi c'est pas pareil en importance?) c'était le problème de Dawn pas le sien. Mais bon, même si Li Shen était un bel enfoiré parfois, il ne laissait pas non plus les gens dans une merde irréversible... Comment dire que l'homicide faisait parti de la liste des « irréversibles » ? Il regarda l'allure de la gestuelle de Dawn. Il est bien pété ouais. C'était pas prévu qu'il joue les bons samaritains, il fait chier celui-là, il l'a empêché de baiser en plus, et ça ! Ça ! Ça le frustre. Mais à un point ! Il lui faut son coup de la semaine au moins, et bah non, il se retrouve à se faire agresser par un type qu'il connaît presque pas et qu'il a voulu aider. Et on se demandait pourquoi il aidait quasiment jamais personne.

Ma soirée est foutue, je te ramène chez toi..., soupira-t-il en se frottant le visage, en espérant que le furieux se calme. Et arrête de gueuler.

Li Shen enfonce ses mains dans ses poches, repensant à l'époque où il était plus serviable que ça... une époque plutôt révolue, à moins qu'il change dangereusement depuis quelques temps, il n'en savait mais ne le vivait pas si mal. Et qu'il ose le toucher, il allait l’exploser en retour. Il n'avait pas pu baiser, au moins, il se serait défoulé autrement. Deux jolies nana passent juste derrière eux, et Li Shen tourne les yeux, descendant les yeux sur les deux belles paires de jambes qu'elles affichent. Elles leur font un petit bonjour discret, s'éloignant vers le fond de la rue, vers d'autres bars. Il hésite un instant. Il pourrait les suivre et finir avec les deux, du moins une des deux. Mais il ne bouge pas, regarde le ciel et grogne... Putain! Pourquoi il reste avec cet abruti! Il le regarde de nouveau et plisse les yeux... là de suite, vaut mieux pas trop le faire chier.

C'est la troisième guerre mondiale dans ma tête, j'ai l'impression que mon cerveau vise tout le monde en mode « ennemi à abattre » façon terminator. Mon sang surchauffe dans mes veines, palpites violemment sous ma peau. Je deviens dingue, l'alcool n'arrangeant strictement rien à l'effet des médicaments qui s'envolent rapidement. Je perds le contrôle de ma matrice, mais où est donc la pilule bleue ? Je gueule comme un mouton qu'on égorge, râlant après ce gars qui venait de me sortir de cette merde. Qu'il m'excuse, je ne suis pas à 100% de mes capacités intellects. Comment il sait tout ça, lui ? Quoi que, j'ai ma petite réputation dans cette ville depuis que j'ai intégrer les Blue river, mais quand même! Il parle comme s'il connaissait tout de ma vie et je n'aime pas cela, pétant un autre câble. Ce n'est pas bien difficile de s'énerver quand je suis en pleine crise, sauf qu'il ne doit pas le savoir ça. Un truc qu'il ignore, tiens donc.

C'est une sorte d'espion, c'est ça ? Comme les corbeaux dans le seigneur des anneaux. Le temps que mon cerveau analyse ses paroles, je ne trouve rien à répondre dans l'immédiat, l'alcool aidant à réduire mon état de pitoyable à plus que minable. « T'es jamais aller dans ma piaule, ptain! » Respect ? Connais pas. J'ai surtout capté que ça... Comment sait-il que ma chambre en dit aussi long sur ma façon de vivre ? Franchement, il y a de quoi être parano, non ? Beurré, ouais ça doit être un peu ça aussi. Pourquoi je suis en colère déjà ? Voilà, j'ai oublié la première raison qui m'a poussé à devenir hulk. J'étais pénard au départ, avant qu'un truc me fasse voir rouge. Ma cervelle me joue des tours, elle doit bien se moquer de moi. Du coup, c'est lui qui m'énerve le plus dans l'immédiat. C'est surprenant comme je ne fais aucune différence dans ces moments-là. N'importe qui pourrait être une cible, lui, ma famille, mon jumeau, mes amis, tous. J'ai déjà failli défoncer zero pour une histoire de jeu vidéo, quand même. Ce con avait coupé le fil de l'ordinateur pour que je décroche et ... Beurré, ouais ouais.

Gâcher sa soirée est bien la dernière chose qui me préoccupe, qu'il le sache. Bon, la pression commence à diminuer, jusqu'à réduire le flot de sang dans mon corps, apaisant ma colère au ralentis. ça va s'arranger, pensais-je sans vraiment le penser. En plus, je suis à moitié à bourré. « Tu sais pas où j'habite. » Répondis-je gentiment. C'est ironique, j'ai craché cela tel un serpent mordant sa proie, projetant son venin dans le corps de l'animal. « Je gueule pas. » Mais quand je crie pas, je parle froidement et amèrement. ça m'en coûte de parler, d'ailleurs. C'est magique comme la tension s’affaisse d'un coup et pompe le trois quart de mon énergie, amenant un joli mal de crâne avec elle. « Putain... » Râlais-je en passant une main dans mes cheveux roux, laissant mes doigts agripper une tignasse avec une grimace de douleur.

« T'as envie de baiser ? » Dis-je soudainement, voyant qu'il lorgne les filles avec envie et intérêt. Je disais pas ça pour moi, hein. Comparé à lui, je dois être puceau depuis ma naissance... Qu'importe. Je lâche un gros soupir, reprenant difficilement mon calme. ça peut toujours péter à nouveau, mais dans l'immédiat me faut un nouveau déclencheur. « C'est quoi ton prénom ? Tu connais le miens. » Je m'épargne de savoir comment, ça ne servirait à rien. C'est la première fois que je le vois, pourtant il sait mon nom et affirmerait presque là où j'habite. Enfin, je doute qu'il sache mon adresse... Ah, je sais pas. Je dois m'asseoir deux secondes avant de rendre ma tournée de boisson sur le bitume, tombant fesses les premières au sol.

Le regard de Li Shen avait suivi les deux gazelles, détaillant chaque parcelle de leur croupe, de leur décolleté et de leurs hanches... oufh... elles devaient bien couiner celles-là. Il se racla la lèvre des dents, tout sauf discret. Il en avait un peu rien à battre de l'être ou pas, et sans même le regarder qu'il dit, avec une voix calme et une nonchalance certaine :
« J'ai pas besoin de t'espionner pour savoir qui t'es. Certains de tes potes sont les miens aussi. Je les ai entendu causer et j't'avais vu leur parler aussi. Ils avaient l'air de t'admirer...»
Il le regarde de nouveau , de haut en bas, et hausse un sourcil. Il était plus trop sûr de savoir pourquoi son entourage geek le prenait pour un demi dieu. Il avait surtout la gueule d'une cuve bien pleine avec la tignasse en pétard, un genre de toxico fou qui dit que des conneries. Enfin que des conneries... « T'habites au campus. Ça aussi j'l'ai entendu. Ah Li Shen, et sa capacité à se souvenir de tout, même les truc gênants ou les trucs qu'on préfère oublier mais qui veulent pas partir... « Je sais aussi que t'as un jumeau. » Lui il ne riait pas, il avait failli se faire applatir la gueule par King Kong en voulant empêcher un mec qu'il connait même pas, de faire de la prison. La prochaine idée lumineuse que tu as Li, bah oublie là. Tu te remercieras toi-même après.

Il semblait se calmer. Li Shen l'observait sans vraiment paraître plus optimiste sur le cas du jeune geek. Il sourit en coin quand le « putain » arriva et qu'il vit le rouquin se passer une main dans les cheveux, semblant souffrir d'un mal de casque carabiné. Ah bah ouais mec, ça fait mal hein de jouer au con, dixit celui qui se soûle tous les quatre matins depuis quelques semaines maintenant. Déjà qu'avant c'était pas glorieux, mais là, Li Shen cumule la déchéance, même s'il se maîtrise encore, et baise plus qu'il ne boit. Justement en parlant de ça, le rouquin soulève un point crucial. Il plisse les yeux et regarde de nouveau les deux gonzesses qui disparaissent en coin de rue, sa langue passant en commissure de sa bouche. Il soupire en levant les yeux au ciel, enfonçant encore plus une de ses mains dans ses poches et se sort son paquet de clopes. Il s'en cale une dans les lèvres en haussant les épaules, en proposant possiblement une à Dawn s'il est fumeur, faut d'être en plus dans le rôle du fumiste du soir. « Ouais, mais c'est mort... Et puis tu m'as coupé dans mon élan avec ton exploit. T'as fait flipper tout le monde. » Il sourit en coin. Quelque part, il trouvait ça plutôt drôle en y repensant. De voir toutes ses filles courir et crier en plein attentat, et un taré surgir en tabassant tout ce qui passe. Il secoua la tête, amusé, pour finir par allumer sa clope et cracher la fumée. « Je tirerai mon coup plus tard avec un peu de bol. » A la question, il regarda de nouveau Dawn, cherchant à savoir s'il était toujours en plein trip ou si la descente se prolongeait. « Li Shen. »

Il le voit se poser au sol de manière quand même vachement bancal. Il tient pas l'alcool ce mec, ou bien il a pas bouffé ? Ou il s'est enfilé dix milles verres, mais il pue pas plus que ça l'alcool , comme puerait un gros pochtron bien cuvé. Il regarde autour de lui, voyant une épicerie de nuit. Il inspire, soupire.
« Je reviens. Deux secondes. » Il entre, choppe des Bounty, parce que voilà, il a la dalle et que la noix coco, putain ce qu'il aime ça. Il choppe une bouteille de flotte, des cachets de paracétamol, paie et ressort pour s'arrêter devant le rouquin. Il s'accroupit devant lui et lui tend une plaquette de cachets de deux doigts et la bouteille de flotte, clope aux lèvres. « Hey, me fais pas un coma éthylique hein. » Un court silence le tend que l'autre se démerde. «Bon.. toujours réticent à c'que j'te ramène à ton donjon ? Le trottoir c'est pas c'qui y'a de mieux pour pioncer tu sais. »

C'est difficile de tout comprendre dans un état à moitié shooté et alcoolisé, bien que je n'ai pas tellement touché à tout ça et que le simple fait de piquer une grosse colère soit l'équivalent d'une bonne cuite. Je me sens un peu vidé sur le coup, avec la migraine qui suit et les hauts le coeur désagréable en prime. Je vais être malade, mais je préfère largement questionner mon vis-à-vis pour savoir le fond de sa pensée ou simplement pour occuper mon esprit vagabond et lourd comme du plomb. « On a des potes en commun ? » Je savais même pas. ça ne m'étonne pas qu'ils puissent m'admirer, sûrement parce que je suis un mec sans vie qui s'amuse h24 sur son jeu, qui gagne pas mal de fric sans bouger le petit doigt et en plus, qui voyage un peu partout pour disputer des championnats avec d'autres énergumènes dans mon genre. Ah oui, le dortoir. J'en oubliais ce petit détail parfois. Ah ? Il sait pour Zero ? Je le regarde un instant avec une mine de zombie, avant de souffler. « Et t'es pas espion, hein. » Il en sait beaucoup trop pour un inconnu, voilà ce que j'avance. Parler calme mes ardeurs, je me sens moins sur les nerfs, mais pas mieux pour autant. J'ai toujours la sensation d'être passé sous un rouleau compresseur, l'estomac retourné et la tête en pagaille. ça fait drôlement mal et je m'en cache pas, farfouillant mes cheveux de ma main comme si la douleur allait s'en aller. Manque de pot, ça fait toujours le même bruit assourdissant dans mon crâne, tel un concert de percussion.

Ce gars semble être le genre à baiser la première fille qui passe, ce n'est pas étonnant en voyant ses yeux se balader sur les courbes avantageuses des passantes. Quant à la cigarette, je refuse vaguement, déjà trop mal pour me foutre davantage dans la merde. C'est mon jumeau qui fume comme un pompier, moi je ne touche pas à ça. « Hey! Elles n'avaient pas l'air d'avoir peur ces deux-là. » Non mais vous avez vu leurs yeux de biche quand elles ont déshabillés monsieur du regard ? Qu'il ne me dise pas que je fais fuir tout le monde, c'est complètement faux. Ce n'est pas ma faute s'ils sont cons aussi... Je suis comme une tornade, ravageant tout sur mon passage, mais suffit de ne pas être sur ma route pour ne pas subir ma rage. En fait, ce n'est pas vraiment mon problème qui se trouve une fille ou pas pour la nuit, moi je m'en fiche largement. Par contre, je veux bien savoir comment il s'appel. Li Shen. Je note, acquiesçant d'un mouvement de tête. Mine de rien, ça me fatigue toute cette histoire, décidant de me poser au sol, fatigué par ma précédente bagarre. Je m'en souviens maintenant... J'ai tapé l'autre connard parce qu'il voulait forcer une fille à venir avec lui.

« Hm.. » C'est le seul truc que je trouve à dire quand il s'en va, remarquant à peine l'épicerie de nuit. Bah, pourquoi il va là-bas ? Ma tête penchée vers l'arrière, je soupire bruyamment en fixant le ciel sans étoile. Il y a trop de lumière dans cette ville pour profiter de la beauté de la nature, ramenant finalement mon regard vers Li Shen et les trucs qu'il me tend. D'un  geste lent, je récupère les cachets et la bouteille, prenant deux comprimés avec une grosse gorgée d'eau. Comme si j'allais faire un coma, haha! « Tu as déjà testé le trottoir pour affirmer cela ? » Plaisantais-je avec un sourire moqueur, la tête penchée sur le côté. Je profite pour boire une autre gorgée, reprenant doucement mes esprits. « Ramène moi, si tu veux. » De toute façon, la soirée est bien gâchée à présent. Tanguant sur mes jambes, je tente de me relever après avoir fourré la plaquette de médoc dans une poche, la bouteille d'eau toujours dans ma main. J'ai une impression de fatigue, une lenteur d'esprit incroyable mais je sais d'avance que je ne pourrais pas dormir. Déjà qu'en temps normal, je pionce deux heures maximums, alors dans mon état... « Tu comptes repartir après ? » S'il me ramène au campus de l'université, il compte revenir jusque là après m'avoir déposé ? Il a du courage ou du temps à perdre, au choix.

Des potes en commun, c'était vite dit. Il avait sorti ça sur le coup, mais à bien y réfléchir, ces mecs là, c'était des fréquentations classiques, et puis à ses yeux, ils étaient trop mous, trop superficiels, le genre de mecs à qui tu sers la main, tu souris, tu passes ton chemin, et si tu prends sur la gueule, eux aussi passeront leur chemin. En réalité, peu de connaissances du Lu Fheng avaient de l'importance. Peut-être une ou deux, mais celles-là aussi, il ne leur demandait pas une présence constante, il ne se le permettrait pas. Après tout, à quoi bon partager sa merde, si ce n'était pour faire naitre la pitié dans les yeux des autres, les énerver ou encore se faire juger. Le silence à son sujet était mieux. Histoire trop compliquée, qui demande trop de temps, et le temps, les gens ne l'ont pas. Lui, il en a toujours. Un trait de famille apparemment. Même débordé, il en a toujours, c'est comme ça. Pourtant, depuis quelques temps, ça lui arrache la gueule d'aider les autres. Alors pourquoi il l'aide celui-là. Non parce que question première impression, on fait mieux, ce Dawn est un boulet maladroit et violent et maintenant, il a une tête bien critique. Pourquoi il l'aide. T'es si désespéré que ça Li Shen ? En plus t'as failli te faire cogné par un gorille à cause de lui et ta biche du soir t'a échappé. Ah...

Il soupire et regarde le ciel en se relevant. Ce soir, c'était pas le bon, ça allait être long. Il rebaisse les yeux sur son acolyte qui pour le coup se met à être docile. Retournement de situation. Et bien ? Ça lui rappelle Zander, en plus grand et plus musclé. Faut dire son meilleur ami, c'est une crevette à coté d'eux deux. Mais question instabilité ou lunatisme momentané, y'en a pas un pour rattraper l'autre apparemment. « J'suis pas espion, je suis attentif à ce qui se dit autour de moi. Et elles... "  Il tousse un peu de clope. Il faudra qu'il arrête un jour. Y'a assez de son frère qui a choppé le cancer. Son frêre... Ah putain voilà pourquoi il préfère baiser le soir ! Au moins il pense pas pendant qu'il se tape une fille ! Se passant deux doigts sur le nez. « Elles, elles sont là pour ça t'façon. Vu leur tenue, elles cherchent juste une queue. » Li Shen le voit penché la tête et sourit en coin, en se recollant la clope dans les lèvres, rangeant son bordel dans ses poches. « Plus souvent que tu le penses. Et j'tiens mieux l'alcool aussi. » A force de boire ouais. C'était pas une chose dont il devait se vanter, mais ce soir, fallait croire que y'avait rien de normal, alors peu importait. Est-ce qu'il y avait au moins une soirée de normale avec toi Li ? Si ! Y'en a ! C'était.... c'était... Il sait plus.

Ouais bon ça va, mais y'en a eu c'est sûr ! Peut-être. Oh le oui détourné. Li Shen secoua un peu la tête. Ok, allez, il le ramène. Il le voit tanguer d'ailleurs et le retient d'une main au coude. « Attends, non, par là. Là bas, c'est la Russie tu vois. Le Campus, il est de l'autre coté. » Ils sont pas arrivés. En plus, ils doivent traversé un genre de parc et y'en un ou deux ponts au dessus de canals classiques aussi. Ca va être beau. Pourvu qu'il décide pas de dormir dans un buisson ou de sauter des ponts parce qu'il a cru voir un truc au fond qui ressemble à un de ses niveaux de jeux vidéos. Li Shen ne sait pas trop quoi penser de lui en fait, faut dire que ce genre de types, c'est pas très courant, et il a beau être bon pour soutenir le mec beurré, par habitude, mais il sait pas trop s'il peut sauver un mec de la noyade ou lui expliquer que les buissons peuvent pas s'accoupler avec les humains, que ça donnerait des trucs trop bizarres. Il frappe intérieurement à penser à des trucs comme ça et regarde les pieds de Dawn. Ok on oublie les « monsieur veuillez marcher sur cette ligne s'il vous plait ».. Il pourra pas. Il reste à coté de lui, près à le rattraper s'il tomber. Tombe pas trop vite ok ! Non parce que sinon, il finit avec toi dans le bosquet le pauvre gars. Ca va être beau tout ça. Allez, partons à l'aventure ! Après « Martine à la plage », « Dawn et les buissons » Comment ça, c'est quoi cette question. Li Shen hausse un sourcil. Repartir après ? Bah pourquoi, y'a une autre option ? C'est pas ce qu'on fait tous ? En général quand on ramène quelqu'un qui s'est miné la tête, il finit la gueule dans son coussin à baver partout et s'endort comme un vieux chien qui a trop couru.

« Pourquoi ? Tout à l'heure tu voulais me tuer, et là tu veux que je reste chez toi? Tu as prévu un truc ? »
Bah oui qu'il demandait. Habitué à toutes les propositions possibles, entourés constamment d’hurluberlus au point de se sentir limite comme un mec ordinaire, il s'attendait au pire. Un pas sur le coté et il rattrape du bras Dawn qui part un peu trop sur le coté. Y'a des piliers en béton sur le trottoir mec, faut gaffe, tu vas te castrer. Il va jamais réussir à le ramener entier chez lui. Li Shen change de coté, et passe du coté de la route. Faudrait pas qu'il finisse le nez sous une bagnole.

Attentif ou espion, qu'est-ce que ça change à ma vie ? Il sait des trucs sur moi qu'un inconnu s'en ficherait sûrement, mais pas lui. Quoi, je l'intéresse ou un truc du genre ? Je dois avoir des fans quelques parts dans cette ville, des gens qui admirent le jeu auquel je joue et m'envie sûrement d'être à cette place, en plus de gagner autant en m'amusant. Je pense pas que celui-ci ce range dans cette case-là, mais faut dire que je connais rien sur lui non plus. à part qu'il fume et adore les filles, ça m'aide bien. En parlant d'elles, il m'explique une chose pas si étonnante et que je sais déjà en vérité. Une queue ? J'ai envie de rire sur la façon dont il dit ça, imaginant ces filles courir après un chien ou un animal quelconque possédant une queue. Okay, je suis pas trop frais, ni à l'endroit dans ma tête. Au point de poser des questions cons quand il dit des trucs plutôt banal. Je déglingue un peu, entre alcool qui monte au cerveau et le manque de médicament qui s'est fait cruellement sentir deux minutes plus tôt. Je lui ai dit que c'était dû à ça ou il pense que je supporte vraiment mal la boisson ? « Ah, t'es un comique alors. » Pourquoi je dis ça moi ? Bon, je sais pas mais ce n'est pas grave. Il me fait délirer à sa façon de parler ou parfois même pour un rien. Je suis comme ça, à l'ouest. Heureusement que je ne suis pas suffisamment ivre pour me croire dans mon game, sinon je serais sûrement le pire homme sur terre imitant un personnage virtuel. Je me contente de faire mon bowser casseur de tête, avant de revenir une sorte de toad euphorique. Voyez ma limite, même en pensant je suis dans mes jeux-vidéos.

Le monde est comme un bateau, ça tangue et chavire comme si une vague roulait sous la coque du navire. Heureusement que Li Shen me retient par le coude, me permettant de reprendre un équilibre stable sans rejoindre à nouveau le trottoir. « La russie, sérieux ? Je n'y suis pas encore allé. » On s'en fiche mais j'aimerais bien visiter les pays que je n'ai pas encore eux l'opportunité ou la chance de voir, telle la Russie. Campus, c'est noté. Je le suis sans trop faire de bruit, si ce n'est mes pieds qui raclent le sol d'une manière agaçante, démontrant bien qu'une ligne ne m'aiderait même pas à foutre une jambe devant l'autre. Je n'ai pas les idées claires, mais je ne songe pas non plus à dormir dans un buisson ou piquer une tête dans une ruisseau, quand même. Au contraire, je pose des questions stupides pour m'occuper l'esprit, ne sachant pas trop de quoi parler avec lui. Est-ce qu'il va s'amuser à faire le chemin jusqu'aux dortoirs pour repartir en ville après ? Ce n'est pas stupide comme programme ? Je serais capable de décuver en une heure de sommeil et de retourner me vautrer devant mon pc portable comme d'habitude. Je ne suis pas normal, mais tout le monde sait déjà ce petit détail. J'ai un ordinateur à la place du cerveau, mais ça ne me rend pas plus intelligent pour autant.

Chez moi ? Ce n'est qu'une chambre, pas une maison. « J'ai peut-être changer d'avis, qui sait ? » Il se doute que je n'ai pas envie de le tuer, même si j'ai songé à le frapper plus tôt. « Tu pourrais rattraper ton coup que je t'ai fait perdre ? » Une once de provocation aguicheuse passe dans ma voix, mais j'éclate de rire la seconde après en dérivant sur le coup, ne voyant même pas que  je pars de côté avant qu'il ne me rattrape par le bras. Punaise, l'alcool part pas... « J'déconne, mec! Non mais sérieux, tu perds ton temps avec tes aller et retour. » Comme si ce n'était pas de ma faute. Mon fou rire m'aura retourner l'estomac et je m'arrête brusquement en posant ma main sur mon ventre, le visage blême. Deux secondes, le temps de respirer un bon coup et de faire passer cette envie de recracher tout l'alcool que j'ai bu ... Je ne vais pas m'asseoir encore, sinon il pourra jamais me ramener ou repartir s'amuser après. « Je vais mourir avant d'arriver au campus ... Mon ordi me manque... » Ouais, c'est très important à dire. Je souffle en me redressant, fixant mes yeux au ciel noir pour calmer les pulsations désagréable de mon coeur. Pourquoi je bois déjà ? Ah oui, pour faire comme les gars normaux de notre époque, même si je passe déjà pour un alien à cause de mon « boulot ».

Li Shen le voit tanguer, et se demande bien s'il va pas le louper à un moment ou un autre et le voir s'échouer comme une baleine trop pleine dans un quelconque espace de verdure ou même un espace spécial chien, vous savez, l'endroit où on leur fait faire caca là. Le Taïwanais se frotte le visage rien qu'à l'idée de cette hypothèse, partagé entre le sourire et le possible dégout que dans sa chute, l'autre mette la main dans un truc non identifiée. Oh non, ok, on fait gaffe aux espaces caca de chien alors. Li Shen regarde autour de lui vite fait. Rien à l'horizon et le chhhrk chrrk des pompes de celui qu'il vient d'aider. Si on lui avait dit qu'il jouerait les samaritains ce soir, il ne l'aurait pas cru. C'est pas lui qui envoie tout le monde se faire foutre en ce moment ? Si. Aucune, y'a eu un beug alors. Il a du se prendre un virus pour la soirée ou un  « error system » comme ils disent dans le langage du geek qui suit mais dans un état pas terrible. « J'suis pas sûr que y'ait du réseau tu sais en Sibérie. » dit-il avait un sourire en coin, fumant sa clope lentement. Ca au moins ça pouvait calmer sa frustration passée et aussi lui éviter de trop penser. C'est con, mais le geste et le goût de la nicotine sur sa langue, ça l’apaisait et le centrait sur l'essentiel.

Le brun marche peinard sur le bord de la barrière de béton quand il entend l'autre faire une boutade ? A moins qu'il était sérieux ? Non serieux ? Il hausse les sourcils, manquant de s'étouffant avec sa clope. Le nuage sort en toussant, ne ressemblant plus à rien et s'enroule sur ses joues, lui piquant les yeux. Oh putain, mais il est fout de lui dire ça ? Il le fixe, un peu interdit. Attends, il le draguait de manière détourné là ? Un bi ? Il avait pas la gueule d'un gay. Ça a une gueule spéciale un gay ? Faut croire que t'as bu un peu toi aussi ? Il a mal à la tempe d'ailleurs. Sa tête ne tourne pas, mais il a l'estomac un peu merdique, et ses sens sont plus détendus. Sans alcool, il aurait probablement participé à la baston. Chez certains, l'alcool rendait dingue, mais Li Shen, ça le posait totalement. Après cet instant de beug total, il rit en secouant la tête, ce foutu de grand sourire qui lui allume tout le visage, contagieux bien souvent. Et l'autre qui se marre aussi. Ils ont l'air malin tous les deux. C'est n'importe quoi, mais Li Shen se surprend à penser que Dawn est de bonne compagnie finalement, même s'il est bien attaqué dans sa tête. Mais c'est peut-être une bonne chose au final, ça le rend atypique, et il faut ça pour que Li Shen daigne s'arrêter sur les gens. Mort de rire, il ouvre de grands yeux quand il voit changer de couleur.

« Oh merde, ça va ? » Il ne peut pas s'empêcher de rire en même temps. Il va mourir comme lui à ce stade, il a trop mal au bide entre l'alcool et ces conneries. Il l'observe de haut en bas, vérifiant d'avance que y'a rien dans ses fringues qui risque de tremper dans le vomis s'il gerbe. Quoi ça vous étonne ? Vous avez jamais vu des mecs vomir, et avoir des écharpes autour du coup et faire le balai brosse dedans après ? Ou ceux qui se gerbent sur les pompes aussi. Il le regarde soufflé profondément et sourit en coin, se retenant de rire, clope aux doigts. « Tu veux que … »  Il s'approche et le touche du doigt sur l'épaule, appuyant vers l'arrière. Stabilité zéro, ils vont jamais arrivé entier, et la voiture c'est à proscrire, il va vomir dedans. « Ok, on va faire un truc. » Encore une idée hyper lumineuse Li Shen, surtout que là, vous devez traverser le parc pour être plus rapide. Il finit sa clope rapidement, la jette , et l'écrase, souffle sa dernière taff et se retourne, tendant les bras vers l'arrière. T'as pas l'air con. « Je te porte, on ira plus vite. ». Il lui choppe le bras et le rapproche. « Allez. On va pas dormir dehors. Mais tu me gerbes pas sur l'épaule hein. » Il rit en disant ça mais c'était pas drôle. Après, il devrait se laver, et puis ça pue ça, ce serait pas une douche qu'il devrait prendre, mais se faire récurer quoi. Est-ce qu'il le sentait ? Absolument pas, il savait qu'il était capable de le porter, ils avaient la même carrure, mais est-ce qu'ils se casseraient pas au moins une fois dans le parc. Fallait voir. Les attaques d'écureuils en pleine nuit, c'est super courant. « T'façon, t'as pas le choix. Imagine qu'il y a un court circuit dans le campus, et que parce que tu marches pas assez vite, ton ordi flambe avec. » Comment lui foutre la pression pour qu'il se décide ? Plus ou moins ? Il en sait rien, il dit n'importe quoi mais faut qu'il monte ou il va rester coincé en position caca là. Un peu de compassion. Et après, ce serait le parcours du combattant. Une chose est sûre, s'ils croisent des filles l'un sur l'autre, sûr qu'ils ramèneraient personne dans leur lit.

Pas de réseau en Sibérie, suffit de me dire cela pour me couper l'envie de partir à l'aventure. Non, Tokyo est magnifique, c'est trop bien ici. Je ne veux pas m'en aller, quitte à embrasser le sol chaque jour qui passe pour prouver ma dévotion. J'aime beaucoup trop mon ordinateur pour m'exiler dans un pays où il me serait inutile sans internet. Dans le genre cloîtré de la vie moderne, on ne fait pas mieux. Quant à mon humour, il reste légèrement à douter. Suis-je sérieux en lui proposant cela ? Est-ce que l'idée grimpe réellement à mon cerveau ? Je ne pense pas, mais ça m'amuse de dire n'importe quoi en étant dans un état médiocre, tel une bouteille à la mer qui dérive sans but. Bi, homo ou hétéro, qu'est-ce que cela change à nos vies ? Mon orientation ne m'a jamais posé un quelconque soucis, faut bien l'avouer. Finalement, je met à rire pour casser le tournant déplorable de ma question, sans savoir s'il comptait y répondre ou pas. Je suis perché, à la base mon cerveau ne tourne pas rond, mais avec de l'alcool ça doit être deux fois pire. Je m'y fait, j'arrive à vivre avec moi-même. De toute façon, pas sûr que Li Shen soit d'accord pour se taper un gars bourré, puis il semble préféré la gente féminine à un gros geek dans mon genre. Je me rabaisse pas, je sais juste comme je suis. Bon, le moment plaisanterie ne dure pas longtemps quand la boisson semble faire le chemin inverse jusqu'à rendre mon visage aussi blanc que neige. Wow, c'est pas cool comme retournement de situation, pas cool du tout. Une chance pour moi, ça ne fait que passer sans sortir.

ça pourrait aller mieux, franchement ça pourrait aller dix fois mieux. La chaleur augmente considérablement dans cet instant-là, mais je me contrôle en reprenant bien ma respiration, dégommant cette envie de vomir comme un monstre de jeu-vidéo. ça va, je m'en sors plutôt bien dans la vie réelle. à bout de souffle, je passe ma main sur mon front pour en retirer les quelques gouttelettes de sueur dû à mon état, incapable d'aligner deux mots à la suite. Je veux que quoi ? Mon cerveau tourne en rond dans ma caboche, ça ne va pas. Il n'y a pas que lui qui va mal, mon corps en lui-même ne m'obéit plus trop, à la dérive. J'ai envie de dormir... C'est étrange quand on connait mon quota de sommeil. « Hm ? » Parvenais-je à sortir en relevant mes yeux vers lui, à la ramasse. Si Zero été là, sûrement qu'il aurait pété une durite en voyant son geste avec la cigarette. Dangereux ces trucs-là, ça fout le feu en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Il fait quoi là ? Je le regarde perplexe, les yeux plissés. « Sérieux ? » Il est sûr de vouloir porter un mec qui pèse son poids ? Il m'y force, tant pis pour lui. Mon torse s'écrase contre son dos et un petit ricanement m'échappe. « T'inquiète... » J'allais dire qu'au pire, j'avalerais mais... Ouais, non non.

Au point où j'en suis, hein ? Son histoire est incompréhensible et je ris encore contre son épaule. « J'ai rien compris ~ » Faut pas chercher plus loin, vraiment. Finalement, je me cale contre lui, passant mes bras autour de son cou sans trop faire attention à la pression que j'exerce dessus. C'est lui qui m'a obligé à grimper sur son dos pour me porter, qu'il ne vienne pas se plaindre après! De toute façon, je m'en fiche. Ma joue est aplatie contre son épaule, le regard dérivant sur un côté. Si je m'endors contre lui, qu'est-ce qu'il va bien pouvoir faire ? « Tombe pas... Je dois sauver... Mon ordinateur... » Cerveau hors circuit, hs. De quoi est-ce que je parle ? Il pourrait faire n'importe quoi de mon cadavre, cela ne me choquerait même pas. Plus que mon ordinateur, mon lit me manque fortement et je commence à capituler sous la fatigue, fermant doucement mes paupières. Entre alcool et crise de nerf, ça ne fait pas bon ménage. Li Shen passe de mon sauveur à la nounou d'enfer... J'ai l'impression d'être un gosse sur ce coup-là, lâchant un gros soupir sous le coup de la frustration. « N'en profite pas pour me jeter aux piranas... » Baragouinais-je dans un Japonais approximatif, le monde à demi-noir. Il y a des piranas au Japon ? Paraît qu'ils ne mangent pas vraiment les gens sur un coup de tête, que c'est un mythe et... On s'en fou, je crois. ça ne m'aide pas de regarder des vidéos sur internet...

Bien sûr qu'il est sûr de vouloir le porter oh ! Tu l'as pris pour un faible ? A les voir comme ça, il devait en effet faire à peu près le même poids. Il allait en chier un peu mais s'il s'équilibrait bien, ça devrait le faire. Enfin ça, c'était sans compter Dawn, qui s'affala sur lui. « Oufh.. » échappa Li Shen en accusant le poids de son torse sur son dos. Y'avait plus qu'à prier pour que son cul pèse pas cinquante kilos, où il perdrait ses reins, et d'autres trucs dans la lignée. Son « t'inquiete », ne le rassura pas pour autant. Posant un genou au sol, le taïwanais se dit qu'il fallait qu'il fasse tout le boulot. L'autre était trop HS. Ok... a trois... Il souffle un bon coup. Un... deux... trois ! Ses mains passent derrière les cuisses, sous les genoux de Dawn, il grogne sous l'effort fourni et se redresse, hissant Dawn à cheval sur ses reins. Ses bras passent sous les genoux du geek, et il le faut sauter un coup sur son dos pour l'ajuster en soutien correct.  Ok, là … c'est... bon ? Non , c'est pas bon, putain il fout quoi avec son bras. Li ouvre la bouche et tousse. Il l'étrangle. Il tire d'une main sur ce bras qui lui tue la pomme d'Adam. Encore un idée ingénieuse que t'as eu là ! Comme d'habitude ! Ses couleurs reviennes et Li Shen gonfle les joues en lui retenant les genoux, penché en avant. Ok, ils vont décédés avant d'arriver au dortoir, il en est persuadé. Si en plus, il l'empêche de respirer, ils vont finir la gueule dans la terre, avec un mec qui s'étouffe et un autre qui gerbe. Glorieux ! Li Shen se tortille lourdement sous l'autre et se redresse.

Ok. Ok. Tout va bien. Il gonfle son torse d'air et se concentre sur un point au loin. Il fait nuit, facile à dire. Et traverser le parc contre, alors qu'on voit pas à plus de cinquante mètres, c'est complètement débile, mais il préférait aller au plus vite pour lui trouver des chiottes et qu'il fasse copain avec elles, sans lui vomir dessus. Non pas qu'il avait peur pour son sweet à capuche, mais franchement, c'était dégueulasse, même si ça se laver. Et puis ça colle. On lui avait déjà gerbé sur les mains une fois et ...et … ouais non plus jamais. Forcément que son acolyte n'a rien capté. Li Shen se demandait d'ailleurs s'il l'avait pas pris pour une nana et si on lui en mettait une à poil devant les yeux, à coup sûr qu'il la prendrait pour un chien. Li Shen baisse les yeux. Bien regarder où il marche. Il le porte et se concentre sur ses pies et sur ce qui  se passe par terre autour de lui , dans un périmètre de deux trois mètres de chaque coté. Il baragouine dans sa barbe, le pas peu sûr et pas grand. « Moi non plus j'ai pas envie de tomber.  Chut j'me concentre. » Vous avez déjà essayer de dire à un mec soul de se taire ? Bizarrement, c'est toujours le contraire qu'il fait. Et c'est ça que ça donne, puis qu'il repartit dans un trip sur les piranhas. «  Y'a pas d'piranhas au Japon » que répond Li Shen, toujours concentré sur ses pieds. Son pas se fait plus sûr. Putain, il est lourd, c'est moins dur les portés de filles dans une partie de cul que de porter un autre mec. Et puis ses plus faciles à soutenir aussi. Ses cuisses sont plus épaisses. Bon oh moins, il se dit qu'il se fait pas perdurer les muscles du dos par un soutif aux baleines agressives. Faut pas croire, ça peut être dangereux ces trucs là. C'est comme se faire attacher avec un bas, et bien prendre une ceinture accidentellement dans la gueule. Oui, bah Li Shen et le sexe doux en même temps, c'est pas trop ça. Quand ça vole, le feu de l'action tout ça... vas y enfonce toi Li Shen ! Non ! C'est pas ça qu'il voulait dire ! Ok, tu la vois l'herbe là ! Fixe-là. Fixe la bien. Li Shen secoue un peu la tête, sous des pensées douteuses et reprend « T'façon, vu ce que t'as bu, ils te boufferaient pas, t'es toxique. » On s'en fout de si c'est vrai ou pas, il ne savait plus trop lui non plus ce qu'il disait. La fatigue, un peu d'alcool et cette putain de pelouse avec des trous dedans. C'était un complot de taupes, y'avait aucun doute là dessus. Ses pieds évitent les déformations du sol du cou. Il laisse Dawn prendre ses aises, il s'en fout et puis c'est pas comme s'il était pudique ou autre. Il y avait plus qu'à espérer que Dawn ait pas la bétise de lui foutre sa capuche trop grande sur la tête dans l'optique de s'amuser, sinon, ils se caseraient la gueule en beauté faute de voir où ils allaient aller. Ok, un chemin. Bah ouais on coupe à travers attends, sinon on est pas arrivé demain. Déjà que là, ils en ont au moins pour vingt minutes rien que pour le parc. Sa vessie commence à l'emmerder en plus... Il a envie de pisser. Oh non, il doit se retenir hein. Ouais non parce que vu l'état de son camarade, si jamais il le pose par terre, il va jamais se relever et le porter en princesse, déjà , non ça craint, et de deux, c'est un coup à se claquer un muscle des bras ou du dos. Ceux qui pensent que c'est facile n'ont jamais porté quelqu'un de leur poids. On voit ça que dans Shrek, où la princesse, elle peut porter Shrek avec le gros orteil quoi. Li Shen, c'est plus le chevalier, qui a tout juste un mulet comme destrier et un écuyer alcoolique. Enfin là pour le coup, le mulet sexy c'est lui. Ok, là , ça va.... Et... Il s'arrête lève les yeux vers l'énorme portail au fond. Il regarde à gauche et à droite. Oh non putain... Il souffle et regarde le ciel, puis Dawn en coin, dont le visage et à ras le sien. Ok... donc là en fait , soit on fait un détour d'un quart pour sortir dans une rue plus loin que prévu, soit on traverse là. Et là , c'est un contre bas d'un mètre, avec un bosquet, et le portail et juste derrière.... Le taïwanais hésite, les yeux baissés sur la pente. Ils vont mourir. Faut pas faire ça. « Accroche toi, on est des guerriers hein. T'as pas un cri de guerre? » Et bah si, il va le faire. Il le ré-hisse comme il faut sur son dos...  « Sérieux, j'espère que ta sœur sait faire les massage du dos, parce que je me détruis là... » dit-il en serrant les dents, descendant lentement.

Ste plait, chaussure, glisse pas, et je te cirerai tous les jours. Les converses aux pieds, semelles lisses, ouais, c'est presque tenter le diable. L'herbe est humide en plus. « putain j'le sens pas...  » se murmure-t-il a lui-même concentré sur là où il fout les pieds. Putain Dawn, il est où ton skill pour sauter au dessus des bosquets ou te rendre immatériel?! Dawn, il a pris un gros débuff spé "machin mou". T'es tout seul sur ce coup Li. Emporté par le poids, son pas s'accélère et il voit arrivé le bosquet à vive allure. Wooh... une esquive de buisson avec Dawn sur le dos, deux, et BAM. Oh putain son épaule gauche. Heureusement que ce n'était pas celle où était Dawn, ou il serait mort la tête fracasser dans l'écorce du chène ... douleur... Il était sûr que même à travers le tissu, il avait la marque du choc. Forcément ça l'a pas arrêté. Et deux secondes après, il se bouffe une branche horizontale en plein front. Séché sur place Li Shen. Ses pieds partent en avant, sans la tête. Le corps passe de debout, à diagonale. Un cri de douleur et les deux s'écrasent au sol dans l'herbe dans des râles de douleur. Li Shen s'éclate sur Dawn comme une étoile de mer à l'envers, lui réduisant probablement une partie des bijoux en bouillie, vu qu'à la base, il avait ses jambes autour de lui, dans ses reins se sont affalés entre ses jambes. Le reste de son dos, s'écrase sur son ventre et son torse et Le taïwanais se tient le front des deux mains. Il a plus de crâne. Il avait déjà mal à cause de l'alcool mais alors là... Il voit un peu flou, ça l'a tué. Il l'avait dit il le sentait pas. Il roule sur le coté, au passage donc sur une jambe de Dawn et pose son front dans l'herbe, en râlant de douleur : « Putain le portail était tout près !!! Pourquoi y'avait cette branche de merde ! Ça fait trop mal putain.. » Vive Molière ! Il gémit en se redressant à genoux, les mains toujours sur le front et se redresse, son dos craquant, grimaçant. Il a une grosse marque rouge tout griffée sur le front, bien au milieu dans ses mèches brunes. Il soulève en plissant un œil... et regarde Dawn en coin, avant d'éclater de rire, mais il rit en ayant trop mal en même temps putain... « Headshot par un arbre... je suis sûr que même dans tes jeux videos, t'as pas des levels comme ça... » il dit ça , mais il a vraiment trop mal...

à deux doigts de l'étouffer comme un goret, je décide de laisser mes bras droit sur ses épaules, les mains pendouillantes dans le vide. Déjà qu'il doit avoir du mal à me porter, vu la masse écrasante que je peux être, mais si en plus je laisse mes bras autour de son cou... Vers l'aventure et au-delà ? Je suis plus proche du sommeil qu'autre chose, n'aidant en rien mon pauvre sauveur qui va finir plier sous mon poids. Au pire, il fera un bon matelas s'il s'écrase tête la première, cas contraire il ferait une bonne couette. Je pense déjà à dormir tel un paresseux, rêvant de mon ordinateur et de mon lit, mélangeant même les deux. La seule chose que je puisse faire dans mon état et en étant sur son dos, c'est regardé le paysage qui défile devant mes yeux en pensant à ce code de la route que j'ai raté une fois déjà. Faut pas rouler à plus de 50 kilomètre/heure si on ne voit pas à plus de 50 mètre... Sérieux, je m'en fiche. Mon envie de vomir passe plus ou moins en étant somnolant sur son dos, la joue écrasée contre son épaule en mouvement. Qu'est-ce qu'il peut bien faire ou penser à ce moment même ? Je ne vois rien de lui à part ses cheveux et son dos, m'imaginant la tête qu'il doit tirer sous l'effort. Je vois un truc rouge, les yeux exorbités et la motivation qui fait tourner son cerveau dans un course contre la montre. Et moi qui me prélasse tranquillement, des images débiles dans le crâne. S'il tombe, je tombe. Voilà, je pense à des trucs idiots, jusqu'au potentiel piranhas vivant dans les rivières. « Ah bon ? Il y a un restaurant qui les cuisines pas très loin de chez moi... Il a un nom de pays paumé... » Il doit s'en moquer comme l'an quarante, mais je parle pour ne rien dire. Je suis très loin de ses pensées sexuelles où il peut retracer ses ébats... Puisque je suis puceau. Bah ouais, je n'ai jamais rien fait avec qui que ce soit. Monsieur lol n'a pas la tête à voir une fille dans son lit, bien trop occupé à violer les touches de son clavier. Parlons pas de ma souris...

Toxique ? Qu'est-ce qu'il veut dire par là ? Je suis pas bon à manger ? Des sushi Dawn pas comestible ? Je me vois sur un lit de riz trop cuit et... Bordel, ça me donne encore plus envie de dormir! En même temps que mon ventre grogne doucement et timidement, stimulé par les séquences dans ma tête. Li Shen continue de marcher là où il peut et moi, je ne fous rien de plus qu'attendre d'être arrivé. Que puis-je faire, de toute façon ? Il n'a pas besoin de mon aide, sauf peut-être que je reste immobile comme maintenant. Je n'ai pas à l'idée de bouger, qu'il se rassure. Autant que je tente de garder les yeux ouverts, fixant toujours les arbres ou le ciel, sans grande importance. Finalement, je ne sens plus son corps en mouvement, tournant ma tête pour examiner ce qui vient de l'arrêter. Un trou ? Un portail ? C'est quoi au juste ? Je plisse les paupières pour mieux voir, mais ça ne m'aide pas du tout au contraire... J'y vois encore moins. Cri de guerre ? Je lève les bras en manquant de me décoller de son dos et de tomber à l'arrière pour gueuler un truc avec une voix qui déraille et part un peu trop dans les aiguës. « POUR FRELJORD! » Lol un jour, lol toujours. Puis je reviens m'écraser contre lui en soufflant proche de son oreille, fatigué par mon geste. Ouais non, j'ai pas envie d'avoir encore envie de vomir... Je n'ai pas de soeur ... Hein ? « J'ai pas de soeur, mais un frère... Et il sait faire les massages cardiaques. » Bah ouais, la classe. Le truc qui rassure, tu sais. Il est pompier volontaire, pas masseuse professionnelle.

Qu'est-ce qui ne sent pas ? ça pue la nature fraîche ici... Ouais bon, je suis à dix mille lieux d'ici. Je ne pourrais rien pour l'aider, ni super attaque, ni super technique. Si jamais il se gamelle, je ne pourrais pas non plus remonter le temps comme Ekko, mon personnage de jeu. En fait, c'est à lui de se débrouiller pour le coup, et à moi de le soutenir mentalement pour ne pas finir en roulé-boulé au fond. Finalement, il se débrouille plutôt bien, jusqu'à sentir un choc me secouer. Qu'est-ce qu'il a foutu ? J'ouvre les yeux, mais ce n'est pas une si bonne idée quand je vois le paysage filer plus vite, refermant aussitôt en plaquant ma main contre ma bouche. Ah non non! Pas ça! De toute façon, je n'ai le temps de rien que Li Shen se mange sa branche dans le front et que je sens mon corps partir vers l'arrière avec le siens. Enfoiré de bon à rien! Une plainte étouffée s'échappe de ma bouche quand mon dos s'écrase brutalement dans l'herbe et que lui-même s'étale sur moi, appuyant là où il ne faut pas. Aie... ça tue, carrément. Une vague d'insulte me passe par la tête, mais je ne fais que gémir, le tête enfoncée dans l'herbe pour calmer la jauge de tension qui s'affole et augmente. Quand Li Shen roule d'un côté, moi je roule de l'autre pour me foutre en boule et jurer en silence. ça fait mal, okay ? Il vient à moitié de mon castrer! « Aaaah t'es con! » Baragouinais-je dans ma barbe, le front plissé sous le coup de la douleur. Qu'est-ce qui le fait rire à ce débile ? J'en reviens sur le dos, les yeux fixés sur lui. « Level idiot, tu devrais te faire connaitre, ça pourrait être intéressant à jouer. » Contrôle ton sarcasme, petit scarabée. L'agonie passée, je me redresse pour m’asseoir, posant ma main entre mes jambes pour masser l'endroit endoloris. Je m'en fiche, nous sommes entre mecs quoi. « Si jamais je peux pas avoir de gosse, je porte plainte! » J'ai que ça à dire, lâchant un gros soupir en mordant dans ma lèvre. Punaise, il va marcher encore ? Pas que je m'en sers tellement ...

« Je vais continuer à pied, t'en fais pas. » Dis-je en me relevant sur mes jambes, tanguant à droite puis à gauche avant de me stabiliser correctement. Deux secondes, le sang revient brusquement dans mes veines et je souffle pour la énième fois. « J'ai l'impression d'être dessaoulé d'un coup. » Je dis ça parce que je suis soudainement bien conscient des choses qui m'entoure, jusqu'à la marque sur son front. D'ailleurs, je m'approche de lui en tirant sur ma manche, venant tapoter sur sa blessure comme si cela pourrait le guérir. « Désolé, pas de potion magique. » Bah ouais, fallait que je le sorte tôt ou tard cette réplique. Il va devoir souffrir en silence. « à moins que tu veuilles un bisou magique ? ça fonctionnait bien quand j'étais gosse. » Le mec qui raconte sa vie comme n'importe qui parle d'un film.

Pour freljord ? Mais qu'est-ce qu'il a gueulé au juste ? En plus, il a manqué de partir en arrière avec lui dans son mouvement soudain ! Pourquoi est-ce qu'il fait ça, il veut se tuer ? S'il tombe, Li Shen le laisse tomber ! Ou pas, en fait , c'est du n'importe quoi parce que Dawn était revenu s'écraser sur lui, et sans le vouloir avait accélérer la descente. Quoi vous connaissez pas ? Une masse lancée dans un sens avec une vitesse donnée voit sa masse ajouté quand elle prend son équivalent en force dans le direction initiale de l'objet. Oui sauf que ça c'est valable dans le vide. Et puis c'est bien ça la théorie physique non ? Il croit. Il sait plus trop. En tout cas, question vide, même si c'est pas le même ça marche bien quand même. Einstein tu nous a bien couillonné !

Tout s'est passé très vite et le choc. Brutal. Sec. Li Shen n'avait même pas eu le temps demander s'il avait pas une mère qui traînait ou une belle sœur, qu'il entend que son frangin savait faire des massages cardiaques. Quelques secondes plus tard c'était des massages cérébraux qu'il aurait voulu... il avait trop mal... et probablement qu'il allait garder au moins deux jours l'empreinte de l'écorce sur le front. You lose. Il le fixe du coup, et le voit se masser les couilles. Il fait quoi ? Li Shen a pas trop les idées claires, à demi sonné, mine de rien, par le double poids qu'il devait freiner... Et ça lui a rapé la peau. Limite comme les enveloppes on pourrait prendre ça pour un gros timbre. Du coup, il se demande ce que Dawn fout. Il espère dans son fort intérieur qu'il est pas en train de s'exciter, parce que le partage de branlette dans la pelouse façon hippie, c'est vraiment pas son truc et ça pourrait choquer les gens ! Si y'a des gens ! Eux ! Ça suffit amplement ! Ça le fait de nouveau rire quand il lui sort qu'il va porter plainte s'il peut pas avoir de gosses.

«  N'empêche que ça m'a amorti... » Non c'est pas ses couilles qui t'ont amorti Li Shen, c'est lui tout court. Oh c'est bon, un peu d'humour ! Faut bien, sinon il va insulter tout Tokyo pendant la nuit entière. Il va avoir une bosse en plus de s'être déchiré le front et l'épaule il en parle même pas. Il est content de pas se l'être déboîtée, mais elle tire grave la gueule. Il pourra plus le porter c'est certain. « Et bah t'aurais perdu à un level idiot alors..... putain, j'me suis laté aussi... » Il se redresse grimaçant, se tenant l'épaule... « t'es marrant toi, t'es pas léger aussi... » Il retient de ne plus jamais descendre une pente avec quelqu'un sur le dos, même un bébé. JAMAIS ! Surtout si y'a des arbres en face. Pourtant en snowboard, ça lui pose pas problème de slalomer entre. Il est bien sonné pour faire ce comparatif. Plusieurs litres d'alcools, ça lui fait moins d'effet qu'une branche dans la gueule. Faut être maso quand même, même s'il aurait préféré ne jamais tester.

Il se relève sur ses jambes en titubant, une main sur le visage, un œil fermé, des fois qu'en fait on voit pas double quand on ferme un œil, mais ça aussi c'est des conneries, ça marche pas ! Il voit Dawn partir sur la gauche. Enfin, deux Dawn. Enfin un et demi , mais faut choisir entre un et deux, donc c'est deux. Il tend un bras vers lui, comme par réflexe de lui dire d'arrêter de marcher, qu'il va se retrouver encore plus mal, vu qu'il a encore de l'alcool dans le sang, mais son propre malaise l'en empêche. Il s'appuie sur ses genoux avec ses mains, bras tendus et souffle, joues gonflées. Allez t'es un warrior Li. Il  renifle et se redresse lentement, en expirant. Ok, ok. Ça va le faire.

« Tu crois qu'on peut marcher avec un traumatisme crânien ? » Pourquoi il demande ça à un mec qui pense que les piranhas vivent au Japon....? Il monte doucement une de ses mains à son coté du crâne, touchant à peine, tellement il a l'impression d'avoir pastèque à la place de la tête. Sérieux, il devait vendre sa trouvaille. Si t'as pas de tune, que tu peux pas t'prendre de murge, cours dans une pente, jette toi dans un arbre et tu verras, l'effet est le même et ça te coûte rien ! Faudra mettre dans les conditions générales en bas : a consommer avec modération, provoque des douleurs intenses voir la mort en cas d'abus. Il n'a pas le temps de rire de sa pensée, un rictus naissant en coin de ses lèvres, quand il voit Dawn s'approcher. Enfin, il voit davantage une masse noire boucher son champ de vision. Et son sourire en coin se change en une grimace et un gémissement, sa tête partant un peu en arrière. « aah... » la manche du geek venait de se coller sur sa blessure de surface. S'il lui avait pas lui-même fait mal avant ça, il lui aurait collé un coup putain ! Arrête ! C'est quoi cette idée débile ! Au lieu de ça, il serre les dents, se laissant torturer, levant les mains, les doigts écartés de chaque coté de sa tête. Il se tord sur le coté, lui prenant le poignet lentement dans ses mains. « Aïe... aïe... »  Il rit nerveusement à approchant sa main sans oser toucher, l'endroit déjà caché par le bout de tissu... Douillet Li Shen ? D'habitude pas du tout, mais là, entre les frustrations d'une soirée foutue, de l'alcool qui rend son corps plus sensible, la fatigue n'arrangeant rien, si. Une potion magique, oh... il aurait tellement aimé là, de suite. Il aurait voulu lui gueuler un -t'es pourri comme heal- mais il connait pas ce mot, alors il souffre en grimaçant et ouvre un œil sous sa proposition de bisou magique. «  t'es dégueu, tu veux embrasser ça ? En plus j'sais même pas si tu vas viser juste... » ça c'est son front tout moche. Non parce qu'il faut pas chercher trop loin, Li Shen est vraiment séché, il a du mal à récupérer ses sens. Ce qui le dérange le plus c'est le fait qu'il a mal aux yeux, et qu'il a l'impression d'avoir une grosse pression sur le crâne. Peut-être bien que ça gonfle dedans ?

« On va jamais rentré au campus, j'vais mourir avant avec toi. »  rit-il en se décollant un peu de sa main. Il touche du bout du majeur et de l'index et serre les dents. Ça pique. « Ca ressemble à quoi ? » A rien. En plus Li , t'es des feuilles partout sur le cul et le jean en général. Il baisse les yeux, ça le gratte en plus. Il secoue une jambe et manque de se casser la gueule. «  je mute en plante regarde.. » Il se baisse pour taper sur son jean et virer le plus gros , mais part en avant au bout de quelques secondes et a le réflexe de poser la main devant lui dans l'herbe, cul en l'air, très gracieux tout ça ma foi, pour ensuite se redresser et plisser un œil, l'autre ouvert. On peut pas lui reprocher de pas être souple au moins. Il est là ce putain de portail meurtrier. Il grogne un peu et montre machinalement le portail en se tenant un coté de la tête. « C'est là qu'je voulais aller...

  Il marqua une pause mentale et regarda en coin Dawn, perplexe, puis baissa les yeux sur son bassin pour le regarder de nouveau , marchant bancal.
« Ça va aller? Je suis désolé, si tu veux, si ça marche plus, je te prêterai mes gosses... J'crois que je saurai pas quoi en faire. Comme d'une femme remarque... »

Mais pourquoi il parle de ça? Et puis il dit ça, comme si c'était normal... Même s'il est pas très stable, parce que sa vue ne s'est pas arrangée pour autant, il fait gaffe à Dawn, il n'a pas envie qu'il s'éclate quelque part par un moment d'inadvertance. Regarde où tu vas Li Shen. Il observe le brun à coté de lui, bloquant quelques secondes sur lui, et secouant un peu la tête. Ok, presqu'une minute... A quoi tu p.... BONG. La silhouette s'arrête net, sa bouche s'ouvre lentement. Le lampadaire n'a pas bougé lui. Aucun son ne sort de sa bouche, il ferme lentement les yeux. Douleur intense... Ses cheveux ont bougé dans le choc. Il vient de se bouffer un lampadaire dans l'épaule, et la moitié du torse... Son oreille a senti le truc passer aussi, son pied et son genou ont tapé net dedans. La douleur lui irradie la moitié du corps et son épaule le tue carrément. Il se recule, bouche toujours ouverte d'un coup, il se plie en deux en poussant un mugissement entre la douleur et le blasement. Sa main se porte à son épaule, et l'autre sur son genou, il a une démarche super bizarre, vu comme ça.

Se décalant, il fait un tour sur lui même, plié en deux. « Aaaarhhh ! J'en ai marre merde.... » suivi d'une simulation de pleurs factices, et son visage qui affiche qu'il a carrément mal. "Pourquoi je pouvais pas juste baiser comme les autres jours..." Il regarde le lampadaire, ce bâtard, il lui foutrait bien un coup de tronçonneuse. Quoi que non, tout l'agresse ce soir! Avec sa gueule de chiot, ça n'arrange rien. Peut-être bien que le seul truc pas dangereux à faire ce soir, c'est dormir! Ah... Il regarde le ciel, puis Dawn. "T'as des antidouleurs chez toi? Ou de la fume, n'importe quoi ste plait. Du moment que je sais plus combien j'ai de bras après les avoir pris, le reste j'm'en fous..."

Ce foutu Lishen m'a carrément castré, violenté mes bijoux de famille à coup de rein... Je me sens pas super bien dans l'immédiat, replié sur moi-même en massant là où ça fait mal. Il croit quoi ? Que je vais attendre sagement que la douleur passe en faisant des exercice sur la respiration ? Bah non! Je me masse bien les cou*lles pour diminuer la souffrance, et non pour me branler ouvertement dans un parc publique. Je ne suis pas un pervers, ni un gars mal éduqué, sauf que j'ai trop mal aux boules pour faire des manières. Il en rajoute, souffrir physiquement ne doit pas me suffire avec lui. « Elles ne sont pas si grosses. » Râlais-je sans vouloir me descendre. Au moins, je risque pas d'avoir une bosse à cette endroit... Trêve d'égarement, Lishen s'est rappé le front comme un fromage avec sa branche, je le plains. Perdre ? Il parle de perdre là ? Sérieux, il ne sait pas à qui il parle. « Je perds jamais, tu devrais le savoir avec les rumeurs. » Ouais ouais, je me lance des bouquets de fleur là. Il traite mon poids en plus ? Je fais genre de l'ignorer avec une grimace, un sourire à l'envers façon pas content. S'il n'était pas aveugle, il aurait pu éviter la branche. C'est de sa faute, voilà je l'accuse! Faut un coupable, je n'étais qu'une victime incapable de marcher. Les malades ne comptent pas dans les crimes, sinon ce serait trop facile.

Le monde tourne toujours autour de moi, façon simulateur de l'espace, mais je parviens à me relever sans tomber, debout sur mes deux jambes. Ce n'est pas facile, bien que je me sentes étrangement mieux. Il a dû secouer mon cerveau en me tombant sur mes parties génitales, mine de rien. « J'ai vu des abrutis avec moins de neurone marcher mieux que toi, tu peux le faire. » Je me moque un peu de lui alors qu'il s'offre comme un débile. Quelle idée de vouloir prendre cette foutue pente, hein ? Il aurait pu se briser la nuque ou s'ouvrir complètement le crâne. Ce n'est pas un jeu, il n'a pas plusieurs vie comme zelda ou une jauge de PV comme dans final fantasy. Quant à moi, je n'ai aucune potion pour le soigner, rien de mieux qu'appuyer doucement ma manche sur son front, frottant le sang qui perle légèrement entre les griffures. Un gros pansement et ça ira beaucoup mieux! J'arrête le moindre mouvement quand il saisit mon poignet, portant mon regard vers lui pour l'examiner en silence. Son « aie aie » veut-il dire qu'il a mal au point de se tordre sur place ? Bon, ça ne fonctionne pas comme prévu, peut-être un bisou magique comme pour les gosses ? Dégueu ? Il y va fort, non ? « ça, c'est ton front. Quoi ? Tu as peur que je te gobe un oeil ? » Non mais sérieux, j'ai envie de taper sur sa blessure telle une cible pour fléchette.

« Tu veux que j'appel le samu ? » Dis-je en sortant mon portable de ma poche, un sourire taquin aux lèvres. à quoi ça ressemble ? à rien. « à un front ? Ou un début de contamination zombie. » Ce serait trop cool qui devienne un monstre assoiffé de chair fraîche! Il mute en rien du tout, mais je voudrais pas casser son délire. « Ouais, tu ressembles à rien quoi ~ » Je fais finir par bien aimer l'emmerder comme ça. Bon, Lishen et l’athlétisme, ça fait deux. Il manque de se vautrer, m'offre une magnifique vue sur son cul -que mon pied voudrait bien rencontrer- et me pointe le portail du doigt. « Tu ne pouvais pas le dire plus tôt ? » Comme si ça changerait quelque chose à son problème ou au miens. Si ça va ? Non, j'ai toujours l'impression d'avoir un hérisson dans le caleçon, ça pique. « S'ils te ressemblent, je n'aurai pas très envie. Tu devrais plutôt porter des cabotes et offrir des pilules à tes copines, évite les conneries. » Hey! Je suis gentil, je fais ma prévention pour éviter les orphelins et les mères célibataires. « Mais ça va, je pense qu'elle fonctionne toujours. » Sait-on jamais qu'il s'inquiète pour mon mini-moi, hein.

Donc récapitulons, il veut atteindre le portail en prenant la descente ? Il n'a qu'à regarder où il met les pieds, rien de bien compliqué. Je fais en sorte de ne pas glisser, gardant mon bras devant moi pour me protéger au cas où, plutôt préventif malgré tout. Quant à Li Shen... Irrécupérable. Il en faut pour se manger un lampadaire quand même... Mes yeux se porte à nouveau sur lui et j'abaisse mon bras avec une mimique étonnée. Quel comique, il pourrait être clown dans un cirque. « Arrête de remuer, tu vas tomber! » Je l'avertis au cas où, pour ne pas qu'il meurt cette fois-ci. Ah bah voilà, il revient à sa baise que j'ai dû couper avec ma crise. Je roule des yeux, regardant autour de nous puis lui. « Je n'ai que mes médoc' pour mes crises, pas sûr que ça te fasse quelque chose. Sinon j'ai des bons jeux! » Il cause avec un geek, il ne devrait pas l'oublier~ Bon, qu'est-ce qu'on fait ? Deux minutes et j'attrape son bras valide pour le tirer bien au milieu du chemin. « Je passe devant, toi tu restes dans mon dos. Je suis bon pour éviter les obstacles, fais moi confiance. » Je me crois dans GTA en pleine conduite, évitant les passants qui traversent la route au mauvais moment. Sur ces mots, je lâche sa main en faisant attention qu'il marche bien derrière moi, prenant mon temps pour avancer vers le portail pas très loin. On s'en rapproche mine de rien, même après nos nombreuses blessures.

« Tu me payeras des Sushi pour mon aide ? J'adore ceux au poulet. » Sinon ça va, il fait pas trop froid et le ciel est dégagé pour une nuit aussi sombre. En gros, on s'en fiche mais je cause toujours pour combler les vides. Li Shen va péter une durite par ma faute, mais au moins je l'amène sans encombre jusqu'au portail! à moins qu'il trébuche sur un caillou sauvage, ça ne serrait pas étonnant. « J'ai de l'alcool et des cotons dans ma chambre, tu veux que je désinfecte tout ça ? » Demandais-je en pointant son front du doigt, l'air intrigué. J'ai déjà joué à des jeux d'opération, même si je doute que savoir retirer un globe oculaire de son trou soit super intéressant. Il ne tient qu'à Li Shen de répondre et savoir ce qu'il veut faire maintenant.

Il allait lui en foutre du samu... Il aurait bien voulu échanger ses couilles avec son front tiens. Enfin pas aux endroits respectifs, ça devait être trop bizarre, une paire sur le front et un front entre les... tu t'es tapé fort la tête hein Li Shen. Un début de contamination zombie ? Le Taïwanais avait aussi un sourcil à cette réponse, qui en plus était assez imagée pour lui décrire ce qu'il avait vraiment comme blessure. Et ça n'envisage rien de bon. Ça saignait pas trop non plus, ça va, de grosses griffures crado quoi, avec les poussières d'écorce, parce qu'il faut bien faire les choses. On peut pas s'arracher le front sans preuve de ce méfait stupide.

Il s'était relevé après une acrobaties des plus sexy. Un peu plus et il lui aurait sorti que c'était une technique de kung fu pour évaluer la distance avec ce traître de portail qu'ils auraient juste pas pu mettre au bout d'un chemin droit. Non. Il avait fallu faire un rond autour d'un immense bosquet. Ça faisait plus « disaïgne. » C'est comme le samu ça. Aux chiottes ! Il avait mal, il s'en foutait du design! Il aurait juste voulu un chemon droit... Pourquoi il pensait à des trucs si stupides... surtout que, non seulement il suivait à moitié la conversation, mais son cerveau avait lâché les commandes de ses pieds qui s'étaient cru en reve party et dans le poteau direct. Épouse-moi je suis malheureux ! Juste au moment où il voulait crier à l'outrage, qu'il n'avait jamais foutu enceinte une seule fille et qu'il était réglo comme mec (même dans la rue contre un mur.) La prévoyance ça s'appelle. Li Shen est plein de prévoyance. Enfin surtout pour le cul. Uniquement pour le cul en fait, mais personne ne sait donc c'est pas important. Et juste après que Dawn ait bien sûr dit que ça allait, il pensait que ça fonctionnait.

Li shen, plié en deux à grogner contre la douleur et lui-même, tout un corps du corps bien niquer par la nuit de noce, courte
mais intense, avec une tige de métal de deux mètres cinquante de haut avec embout lumineux. Tu m'étonnes qu'on le sent passer ! « Moi... tu vois j'crois que y'a plus grand chose qui fonctionne là... » rit-il nerveusement avant de regrimacer. Il avait marre de cette fin de soirée. Il avait juste envie de poser son cul par terre et dormir dans le buisson, quitte à être malade demain. Un peu bancal, faut dire qu'il s'est pas loupé. Soirée auto-snipping. Il savait pas, invité surprise et il va gagner à cette allure. Sans prévenir Dawn lui attrape le bras et il part en avant alors qu'il commençait à se redresser, bien que maladroitement. Il s'arrête pile avant de le percuter. Ouf, pas d'accident. Non, ça suffisait, il l'a assez percuté pour ce soir là non ?

Il se redresse et regarde encore le ciel en fermant un œil. Il a mal. Partout. Il comprends alors en retard et le fixe, fronçant les sourcils alors qu'il lâche sa main, au milieu du chemin. « Tes crises ? » Un instant de silence à le dévisager, pour comprendre. «  Me dis pas que tout à l'heure c'était... t'as pris tes médocs ce soir ? » Li Shen avait un doute soudain. Ça l'avait bien ramené dans le bon sens de la réalité pour le coup, même s'il était encore un peu sonné par la suite des chocs qui en auraient couché plus d'un. Lui faire confiance ? Eviter les obstacles ? Li Shen trouvait que Dawn était balaise pour foncer dans les obstacles vivants lui en fait. Il se partageait la réalité. Il toucha son front du bout des doigts et souffla. Ça faisait un peu beaucoup là. Ce mec était fou. Li Shen qui a lui tout seul était déjà un phénomène, allié à Dawn, c'en devenait le duo de choc. Concentré sur les talons de Dawn qui avance à un gros mètres devant lui, Li Shen pense à... il sait pas trop en fait, il essaie juste de penser à un truc. Il se dit que s'il arrive à penser, son cerveau est pas foutu. Il ralentit un peu le pas quand l'autre lui parle de sushis. Il hausse les sourcils surpris et se masse le nez. Ok , ne pas chercher à comprendre. Il enregistre juste. Lui aussi il adore ceux au poulet, voilà ce qu'il arrive à penser. C'est un bon début. Il a le front en feu t'façon, et voit Dawn qui a une démarche pas très sûr. Mais reste à savoir si c'est l'alcool qui fait encore son effet et si ce sont ses couilles qui ballottent trop. Plates, ça doit moins tenir en place en fait. Il l'écoute et fait oui de la tête, quand il lui propose l'alcool et les cotons.

D'un coup plus calme, il a eu cette rupture provoquée par la douleur. Quand il a trop mal, il devient calme et souvent la fatigue joue son rôle de tolérance, ou bien une étrange docilité, même si le caractère reste bien là , caché derrière et toujours aussi pourri. Il réalise autre chose et s'arrête, plongé sa main dans une de ses poches et sort la seconde partie de la boite d'antidouleurs qu'il a filé à Dawn tout à l'heure. Il soupire. Il l'avait complétement oublié … il vient de l'acheter et il l'a oublié... Et la bouteille d'eau, elle est où d'ailleurs. Il regarde Dawn. On dirait qu'il l'a plus. Bon tant pis, à sec. Il prend deux cachets et les avale difficilement... Le genre de trucs où si ça se dilue dans l’œsophage, ça vous donne la gerbe. Il doit trouver de quoi boire. Une fois sorti sur le trottoir, il attrape le poignet de Dawn en douceur et lui fait signe de traverser, direction l'épicerie de nuit en face. Le campus est par là bas. Traverser au rouge, c'est mieux, mais y'a pas de voiture donc on s'en fout.

« Je dois boire, reste là. » souffla-t-il fatigué et endolori. Il en profite pour demander s'ils ont pas de sushis, mais la vendeuse n'a que des nems au poulet, un bon stock maison en plus... Ok. Va pour les nems. Il va pas faire son difficile quand même. Et puis Li a trop faim aussi, alors il prend le stock de la nana. «37 nems énormes dans une grosse poche de papier craft et un paquet de serviette. Une grosse bouteille d'ice tea, il paie, et ressort.

Son réflexe direction, mettre les trois kilos de nems dans les bras de Dawn. « C'est pas des sushis mais des nems au poulet maison. J'ai faim.  On y va. Ça va ? » Depuis quand il demande si ça va lui. Il a du se péter fort la tête oui, il en est de plus en plus persuadé. Machinalement, il pioche dans le sachet énorme et mord dans un nem, le gardant dans les dents pour remonter d'une main le coté de son jean qui se barre en couille, comme d'habitude, puis ouvre la bouteille d'ice tea, croque, boit longuement en marchant pas très sûr de lui, et mange le reste du nem. Après quoi, il pousse un grognement entre la satisfaction et la douleur. Trop de sensations en même temps. Il lui tend la bouteille et réalise qu'il est peut être un peu trop chargé. Son front a un peu gonflé en plus, il va bientôt lui pousser une corne. Ou un champignon. Ou un truc bizarre que Dawn pourra pas s'empêcher de toucher bien sûr. Des morfals à moitié estropiés voilà ce qu'ils sont.
« Je suis nul en jeux vidéos mais si tu veux tenter de m'instruire, vas y. Vu l'état de mon front, je vais voir en 5D tout ce que tu vas me montrer. » Bien sûr que ça n'existait pas. Enfin, il n'en savait rien, mais il préférait inventer un truc pour définir l'état de sa vision actuel. Genre des vagues autant de certains trucs et la lumière qui lui tuait les yeux à chaque fois qu'il dépassait un lampadaire. Oui, ne plus approcher tout ce qui se rapprocher d'un poteau pour ce soir.

Quand l'un se prend un poteau en pleine poire à s'en décoller le cerveau, l'autre parle de crise. ça pourrait être n'importe quelle crise, genre d'asthme ou cardiaque, mais non. Une crise de colère excessif surtout, un cas extrême d'une personne qui ne sait pas gérer cette émotion comme tout le monde. Je suis une sorte de kamikaze, prêt à exploser à la moindre étincelle si on ne pense pas à jeter de l'eau directement dessus. Mes médicaments sont comme l'eau, ils me calment et mouillent la mèche, sauf qu'ils ne doivent plus faire effet depuis ce matin ou la nuit dernière. Faut dire que mon rythme de vie est hasardeux, que je ne prend pas mes pilules à la même heure et que parfois, ça fait un trop gros écart et une perte d'efficacité. Donc oui, c'était dû à ça tout à l'heure, pas besoin de faire un dessin pour que Lishen pige. Si j'ai failli l'agresser, le taper ou le réduire en pâtée pour chat, c'est seulement parce que mes médocs ne sont plus utiles dans l'immédiat et que je dois reprendre ma dose. « J'ai dû les prendre la nuit dernière, mais ça doit faire plus de 24h maintenant ? » En plus d'être accro à mon ordinateur, je suis un zombie qui ne dort quasiment pas ou très peu. Il peut donc comprendre que mon cas est à part, ou que je suis moi-même un cas. En attendant, je lui propose mon aide pour avancer et éviter une nouvelle blessure. à moins qu'il trébuche et se ramasse dans mon dos, là je ne pourrais rien pour lui. Des deux, je suis le moins amoché et l'alcool commence doucement à s'évaporer, idem que ma précédente colère sans nom. Je suis donc le plus apte à prendre les rennes, à ouvrir la marche et à guidé dans ce dédale d'obstacle jusqu'au portail.

La bouffe, c'est un peu le truc qui occupe mon esprit, en dehors de mes jeux vidéos. Même en jouant, je pense à manger de toute façon. Là, je songe à des sushi, parce que j'ai une envie de manger. J'ai faim pour le peine, comme si ça ne suffisait pas à nos péripéties. Lishen doit s'en moquer, mais je donne quand même une info pas si importante sur moi. J'aime les sushis au poulet, voilà voilà. Sinon, je tente de bien marcher sans mettre les pieds n'importe où, regardant vers le bas, puis parfois devant moi. Faut faire attention, voilà la morale de cette histoire. Si Lishen est prévoyant en sexe pour ne pas avoir un gosse, je suis prévoyant en course à pied pour justement rester productif plus tard. Chacun son truc, je ne tiens pas à perdre un testicule ou un neurone à cause d'une branche ou d'un lampadaire. Dans mon dos, l'autre garçon est étrangement silencieux, voir presque inexistant et je commence à douter de sa présence. M'a-t-il suivit au moins ? Un coup d'oeil par dessus mon épaule et je constate que oui, il est toujours là. D'ailleurs monsieur récupère un truc dans sa poche, sûrement les anti-douleurs qu'il m'a filé plus tôt pour ma migraine... Sauf que j'ai lâché la bouteille sans faire exprès, les mains étrangement vide. Tant pis, il se débrouille sans.

Une légère pression sur mon poignet, je m'arrête pour regarder Lishen, voyant qu'il veut traverser vers un petit commerce encore ouvert. La supérette du coin, servant surtout pour les étudiants qui crèche à la semaine dans le campus, ou pour les habitants du quartier. D'accord, je le suis sans broncher, comprenant aussitôt qu'il veut s'acheter un truc là-bas, sûrement à boire. Bingo! J'hoche ma tête et attend, comme prévu. Sur le trottoir, j'observe la silence qui habite cette rue, chantonnant un air d'anime célèbre en frottant mes mains entre elles, pour me réchauffer vite fait. Il en met du temps pour une bouteille, mais quand il ressort, Lishen semble plus chargé que prévu. Qu'est-ce qu'il a pu prendre pour se balader avec un aussi gros sachet ? Qu'il me fourre dans les bras, en plus. Genre! Je ne suis pas un transporteur, aish. Des nems, c'est tout aussi bien que des sushis, en fait. « C'est cool les nems aussi. » Commentais-je en regardant à l'intérieur du sac, plutôt affamé d'un coup. « ça va, la douleur est passée. Et toi, ta tête ? » Je le laisse piocher dans le sac ouvert, faisant de même pour manger tranquillement l'un des nems au poulet. C'est super bon! Je sens mon ventre s'éveiller et émettre des gargouillis bizarres et bruyants. Bah ouais, il réclame le saligaud.

Terminant ma bouchée, je tiens le sac dans un bras et attrape la bouteille avec ma main libre, la portant aussitôt à mes lèvres pour en boire plusieurs gorgées et lâcher un gros soupir d'aise. Bon dieu, ça fait un bien fou après tout ça! Même si c'est stupide de manger des nems et boire de l'ice tea après une soirée boite de nuit et castagne à la sortie. à ses paroles, je le regard étonné qu'il puisse me dire une telle chose. Pourquoi il me parle de jeu vidéo ? Je souris quand même, amusé. « Il y en a pour tout niveau et pour tout les goûts, j'ai même déjà joué à un jeu où il fallait s'occuper d'une ferme virtuelle et faire de la bouffe et la revendre sur le marché. » Bah ouais, mon portable en était ravi d'ailleurs. « Tu sais, ils se sont arrêtés à 4D pour le moment, mais tu peux toujours innover dans l'avenir. » Dis-je ironiquement en tendant la bouteille vers lui, histoire de me dégager une main au moins. La main libre, je cale bien le sachet pour avoir mes deux mains à disposition et récupère mon portable dans ma poche. J'appuie sur un icone et lui montre rapidement mon écran avec des personnages fantasy. « Je peux pas trimbaler mon ordi avec moi, du coup je joue à autre chose là-dessus. C'est un mmorpg sur portable, jouable en solo. » Expliquais-je en trifouillant mon écran, glissant mon doigt dessus pour valider des quêtes. « Certains me font encore la morale sur ma façon de vivre, mais ils ne se rendent pas compte qu'elle me permet justement de vivre. » Je termine rapidement de sélectionner mes trucs et quitte l'application, un sourire aux lèvres.

« Je suis payé pour jouer, et je touche bien plus qu'un simple salarié. Les championnats doublent les mises, surtout si nous gagnons. » ça devrait en faire rêver plus d'un, alors pourquoi on me critique ? Je reprend en rangeant mon cellulaire dans ma poche et en choppant un nem pour le mâchouiller tranquillement. « Mon frère est pompier volontaire, c'est la fierté de la famille puisque notre père est haut gradé dans l'armée, mais moi qui touche une petite fortune, je suis une sorte de parasite. Je comprends pas la façon qu'on de réfléchir les gens. Ils veulent des héros sans paye, mais refusent les zéros avec des sous. » Je dois me voir ainsi, un nul bon à rien qui n'a qu'une carte mère à la place du cerveau. Malgré mes paroles peu valorisante, je reprend mon sourire et termine de manger, m'essuyant négligemment mes mains à tour de rôle sur mon pantalon, étalant le gras. Tant pis, je suis comme je suis, non ? Je m'en fiche des gens, au final.

Ok. Certains mettent des notes chez eux, pour penser à certaines choses, des post it, des machins comme ça. Li Shen allait inventé le contraire : la « non-note », des trucs auxquelles il ne faut ABSOLUMENT PAS penser. Comme casser la gueule à Dawn pour l'unique raison qu'il lui fait vivre toute cette soirée de merde, juste parce qu'il a « oublié » de prendre un cachet. Tout ça pour un cachet ! Défiguré pour un cachet ! Il allait avoir des bleus partout pour un cachet ! L'humain est un faible. Il peut monter sur l'Everest et mourir par le coup fatale d'un lampadaire. Il peut contruire des technologies de fous et il finit comme un primate juste parce qu'il a oublié un cachet... Li shen avait préféré se taire, ne rien dire, parce que ne rien dire, dans son état, c'est bien. Et puis s'il le relançait sur cette conversation, il avait la nette impression que la discussion serait de nouveau houleuse, parce qu'on est bien d'accord sur une chose : Dawn n'a toujours pas pris son cachet.

Le taiwanais n'est pas con non plus, mettre de l'huile sur le feu c'est complètement absurde. Donc il se tait et observe la structure du trottoir. Très instructif. On s'imagine pas à quel point le bitume peut-être irrégulier. Son estomac grogne. Écoute-le on s'en fout de ton bitume, va chercher à manger et c'est tout naturellement que le brun embarque son collègue de débillissitude dans un exploit de passage de route, sans même regarder si le feu était bon pour eux. Un peu plus ou un peu moins hein. Il entre dans une boutique rempli de bouffe et de trucs en tout genre et dévalise la nana de plusieurs kilos de nems maison et d'une grosse bouteille d'ice tea pour ressortir, et confier le trésor culinaire à Dawn. Il a faim aussi visiblement, ce sera pas plus mal, ils vont se remplir le ventre et faire moins de conneries. Quoi que c'est vite dit ça. Il l'aime bien en fait ce mec. Il est bizarre mais il l'aime bien. Faut dire qu'il est pas vraiment « normal » aussi Li Shen. Qui l'est de toute façon.

« Y'a un début à tout. P'tin c'est super bon... » Et voilà qu'il replonge sa main dans le sac pour en sortir un autre, et en mange la moitié en grognant de satisfaction. Il aime toujours autant manger. En fait entre baiser et manger, c'était manger direct, donc pas si désespéré que ça le Lu Fheng. Il avait trouvé chaussure à son pied question goinfreries : Dawn. Il lui avait détruit le dos au passage, mais surtout... surtout … le front et il lui rappela d'ailleurs. Comment l'oublier t'façon, il avait une barrique à la place de la tête. « Je sais pas trop , j'ai bien mal. »

Il a pas tout compris sur le coup et l'arrête en riant un peu tout en continuant d'avancer après avoir récupérer la bouteille. « T'occuper d'une femme virtuelle, lui faire à manger et la revendre sur le net ? En gros quoi, tu l'engraisses et c'est celle qui a la plus grosse ? » Ah moi qu'il ait rien compris. Ce serait pas une surprise vu la bosse qu'il se paie. Bah oui, ça a gonflé. Et c'est rouge, vert , bleu bizarre. Oh la zone, c'est carrément pas sexe ce truc. On dirait une mutation génétique qui lui pousse sur le front. Machinalement, il rabat sa capuche sur sa tête, comme si la capuche allait le protéger d'une quelconque douleur, mais c'est psychologique. Li Shen observe le portable que lui montre Dawn et penche la tête.
« T'es vraiment accroc à ça en fait. » Il écoute, s'instruit, tout en mangeant. Bah oui, faut pas oublier l'estomac, c'est pas bon sinon. « Tu sais, c'est un moyen comme un autre de gagner sa vie. J'vois pas pourquoi j'te ferai la morale. »

Le sujet que Dawn aborde ensuite fait totalement décuvé Li Shen, qui finit de manger son nem et regarde le sol en coin, soupirant et reprenant sa marche lente vers le campus...
« Un zéro ? Dis pas de connerie. Et j'sais ce que tu ressens. Mes parents ont vénéré mon frere jusqu'à ce qu'il choppe le cancer, et après ils se sont rabattus sur moi dans l'espoir que je sois meilleur... J'ai l'impression qu'on est des jouets au final. Mon frangin c'est un putain d'artiste, gentil avec tout le monde, et qui fait l'unanimité... il se bat comme un fauve contre sa maladie, respecte les autres... je crois que je suis foutrement... » Vas y dis le Li Shen... Il soupire « … dégouté.... J'ai de la tune, je me bats pour mes études en droit, pour succéder à mon vieux, et j'en récolte rien. J'trouve ça dégueulasse quelque part. Les filles j'en parle même pas. Mes joues pleurent encore, et pourtant elles sont toutes gentilles avec mon frangin.. » Il fout un coup de pied dans une vieille canette et choppe un autre nem. « Ils sont dans quoi tes vieux ? » C'était pas dégouté qu'il était mais surtout archi jaloux.

Les grilles du campus apparaissent au détour d'une intersection et Li shen montre du doigt la direction en mangeant. Ils étaient enfin arrivé et son mal de crâne ne passait pas, il en avait même mal aux yeux, au visage et dans la nuque tellement la chute avait été sêche. Les couilles de Dawn semblaient aller mieux. Il était quand même un peu désolé de lui avoir fait subir ça. C'était à lui de le guider à sa chambre maintenant. De toute façon, il n'avait pas du tout envie de rentrer à son dortoir.

Oublions mes médicaments, j'ai l'estomac dans les talons. Il n'y a pas à dire, Lishen n'est pas un mauvais bougre. Du moins, ce n'est pas le gars égoïste qui s'achète une portion pour lui et mange devant les yeux affamés de son compère mort de faim et la langue dehors pour baver sur le bitume. Au contraire, il a carrément dévalisé la boutique pour nourrir le campus entier! Au moins, j'ai de quoi remplacer ce manque de cachet par des nems fait maison, les meilleurs à mon avis. Enfin, tant que je ne tombe pas sur un cheveux ou un poil, parce que là je recrache tout partout. Entre deux nems, on s'informe sur notre état de santé mutuel. Mon entrejambe va bien, comparé à sa tête qui doit bourdonner comme un essaim d'abeille, en plus d'être toujours raflé au niveau du front. Il a une tête de soldat durant la guerre, sans fusil ni uniforme. Il ne paye pas d'mine, surtout. Heureusement qu'on a les nems pour nous remonter le moral et remplir le bide, parce qu'on serait bien triste sans ça. Ou plutôt, je serais plutôt triste sans nourriture, sans cachet et avec un blessé de guerre sur les bras.

Une femme virtuelle ? « Mais non ! Tu revends les femmes, toi ? Comment ça ? La plus grosse de quoi ? » Je suis perdu, lui lançant un regard de merlan frit avant de reprendre. « C'est un jeu où tu dois t'occuper des animaux et de tes champs. » C'est nettement moins intéressant, hein ? Puis sérieux, je ne suis pas comme lui à penser aux femmes h24. Moi, j'ai plutôt une console dans le crâne et des revues jeux vidéos dans mes songes. J'en profite pour faire deux ou trois manipulations sur mon portable, pendant qu'il se cache derrière sa capuche. Sérieux, il devrait essayer de jouer à des jeux sur son téléphone, c'est super addictif. « Tu as tout compris. Quand tu penses à la prochaine fille dans ton lit, moi je songe à mes carottes qui poussent dans mon jardin. » Mais merde, c'est complètement ouf des carottes virtuelles! Enfin, certains critiquent ma passion et mon boulot, sûrement parce qu'ils pensent que tout ça rend débile. Au contraire, j'ai bien plus dans mon crâne qu'eux, mais ça personne ne le remarque. « C'est sympa. »

Zero s'ajoute à la conversation. Autant mon frère que l'état dans lequel je me sens, comme un zero pointé. Mes parents voient en mon jumeau un bel avenir, et moi je ne suis qu'une poubelle qui traîne. Quoi que là, c'est ma vision des choses, parce que je ne me suis jamais pointé devant ma famille en posant la question. Je serais trop mal de savoir la réponse, surtout. « Tu as un frère ? Sérieux, il a le cancer ? » Je n'enfonce pas le couteau dans la plaie en répétant avec curiosité, hochant la tête en fonction de son dialogue. Donc, son frère est malade mais il se bat contre sa maladie, c'est courageux de sa part. Artiste ? Attendez, il fait quoi ? « Tu n'es pas atteint du cancer, mec. Peut-être qu'avec une maladie, tu aurais plus de vue ? » Ce n'est pas une vidéo youtube, Dawn. En gros, je dirais que les gens éprouvent de la pitié envers ceux malades. Du coup, Lishen ne récolte pas ce genre de sentiment que je trouve agaçant et hypocrite. « Hey, je suis gentil avec toi. » Bien qu'on s'en fiche, mais je tente de lui remonter le moral à mon tour.

Mes vieux ? Je souris faiblement, prenant aussi un nem que je picore à peine. « Mon père est dans l'armée, un poste important mais je ne sais pas trop ce qu'il fout en vrai. Je suis sûr qu'il serait ravi que je m'engage. » Lâchais-je difficilement dans un gros soupir, abandonnant mon nem pour le tendre à Lishen. Ouais, je refile ma bouffe sans pression, un problème ? « Ma mère ne fait rien, elle s'occupe de la maison. » Passionnant, mais voilà. « Et les tiens ? » J'ai toujours cette manie de renvoyer la question, comme si on me demandait « ça va ? » ouais, et toi ? Bref, ça m'intrigue aussi d'en savoir plus sur lui, bien qu'on se connaisse officiellement depuis quelques heures.

Je n'avais plus mal aux cacahuètes, si c'est cela qui l'inquiète. Comparé à lui, j'étais même en super forme! D'ailleurs, je me réjouis de voir le portail du campus, me dirigeant vers ce dernier en dépassant un peu Lishen. C'est ouvert, génial! Je ne suis pas fort pour crocheter une serrure, d'ailleurs je n'ai aucun talent dans la délinquance, qu'importe sa forme. « Suis-moi, je t'emmène dans ma chambre pour soigner ton front. » Je lui fis signe avant de passer le portail et rentrer dans l'académie, l'attendant à l'intérieur pour grimper jusqu'au bâtiment, puis dans les étages. à cette heure-ci, ils doivent tous dormir, à moins qu'ils soient festif comme nous et se baladent de nuit. Pour l'instant, ce n'est pas ça qui m'inquiète mais plus l'état de Shen. Comme d'habitude, j'attends après lui jusqu'à atteindre mon dortoir, le salon commun puis la porte de ma chambre. Mon havre de paix, mon chez moi loin de chez moi. Bref, une chambre remplie de mange, console, jeux vidéos, figurines, vêtements qui traînent par-ci par-là, lit pas fait, et j'en passe des meilleurs. Une chambre d'ado bordélique et puceau, ouais ouais.

En fait Li shen n'a rien compris. Pas étonnant vu l'oeuf qu'il a sur le front. Il se crois probablement dans un quelconque univers annexe où on vend des nana et où les légumes ont une autre gueule. Il regarde Dawn en quoi , et cligne plein de fois des yeux et se passant la main sur le visage, choqué de ses pensées. La plus grosse des bonnes femmes était devenu la plus grosse des... oui, non en fait , un quiproquo de fou, et il ferma les yeux. 

« Rien j'dis des conneries, fais pas gaffe... J'ai super mal au crâne sérieux, t'as des glaçons chez toi... ? » Les carottes n'avaient ni la même forme, ni la même taille dans la tête de Li Shen, qui était en manque. En même temps, quand est-ce qu'il ne l'était pas aussi... Irrécupérable, même le crâne défoncé, il pensait au cul. Et Dawn n'avait pas tord quand il disait que quand il pensait à une nana dans son pieu , lui pensait aux jeux videos. Une bonne paire de seins ou de fesses dans les mains, y'avait que ça de vrais. Li shen, le mode d'emploi de la dépravation, aux éditions Lu Fheng, en soldes, à prendre d'urgence. Enfin, surtout à se donner. Il disait n'importe quoi et pensait n'importe quoi, sauf quand le sujet de sa famille arriva sur le tas... c'est pas vrai... pas ce sujet...

Il ne fallait pas chercher très loin sur sa déprime soudaine. La fatigue et la douleur, sans compter qu'il avait l'alcool triste en fin de décuve. Le sujet n'aidant pas, Li shen était passé par toutes les humeurs en peu de temps ce soir. Il jeta un regard à Dawn qui mange comme lui. Ouais, il a un frere qui a le cancer, mais il ne sait plus quoi penser. Pourquoi en sont-ils arrivés là alors qu'ils étaient proches petits. Il soupira. C'était peut etre le dessein de tous les enfants de personnalités politiques reconnues... il n'en savait rien et cette idée fit tilte dans son esprit. Qu'avait-il fait tous les deux pour mériter ça ? Etait-ce vraiment leur faute ? Il en voulait à Tâm. Depuis qu'il était à RPS, il avait certes passé son temps à l'éviter mais les autres avaient le droit à son attention, alors pourquoi pas lui putain !? Et toi Li shen pourquoi tu vas pas le voir, après tout, il ne peut passer sa vie à te courir après. La mauvaise foi est un bien mauvais fléau surtout quand on nie en plus. « C'est con mais je pense que c'est vraiment un mec bien... juste que je digère pas notre séparation et notre différence... »

Il sourit à Dawn quand il lui fit une parenthèse sur sa gentillesse. « Vrai et suicidaire, parce que je suis pas un exemple. Je sais pas si t'as conscience, mais tu t'es battu, on s'est mangé un arbre et on vient de dévaliser un épicerie de nuit... question normalité on fait mieux. » Il rit un peu , mais grimaça. Rire lui faisait mal au crâne ! Ah putain, il pouvait rien faire avec cette bosse ? C'était quoi cette blague ! Il écoutait Dawn parlait de ses vieux en le suivant, prenant au passage le nem qu'il lui tendait pour l'engloutir. Jamais rien ne lui coupait l’appétit. Il en reprit deux autres et répondit entre deux bouchées.
«L'armée hein... quelle connerie ça aussi... toujours pour les satisfaire, comme d'habitude. Ils pensent même pas qu'on puisse avoir un avenir propre... Moi... disons que... enfin... je suis le fils de l'ambassadeur de Taiwan au Japon en fait... et ma mère fait rien, j'sais même pas où elle est là. Elle aide mon père il paraît... Mais t'sais, les gens sont cons, ils pensent que c'est cool d'être le gosse d'un homme politique puissant... franchement j'aurais préféré avoir une famille de vendeur de journaux. Les medias ça a détruit notre famille et les ambitions de mon vieux aussi. J'essaie d'être quelqu'un pour lui mais franchement, j'le sens mal... il me snobe une fois sur deux, et avant c'était pire, j'existais même pas... j'ai l'impression d'être un ustensile jetable...»

Le taiwanais suivit son camarade s'en broncher davantage, ce sujet le soulait un peu et puis il en avait presque jamais parler à personne. Ce devait être sa blessure qui le poussait à se lâcher ou bien le contexte, il n'en savait rien. Avec une certaine prudence, il traversa le terrain qui les séparait du bâtiment en question. Il aurait pu bifurquer à sa chambre direct pour être tranquille. T'façon, il s'en foutait de ses colocataires, et ils ne devaient probablement pas le voir d'un bon œil non plus vu sa réputation à RPS depuis plusieurs mois, mais peu importait. Ce soir, il irait chez Dawn. Il rêvait de s'affaler sur un truc mou et d'oublier ce qu'il était, et son état. Il marchait pas super vite, sans s'en rendre compte. Il avait du mal à analyser son environnement. Son mal de crâne en dépit du cachet pris l'empêchait de voir les marches distinctement. Il les monta en faisant gaffe de pas se mélanger les idées. Sérieux, plus jamais il ne prendrait un mec sur son dos, surtout pas un qui se prendrait pour Lancelot. Il passa en silence dans le dortoir de Dawn, juste derrière, tenant la bouteille d'ice tea, mais il manquait de l'échapper quand son tibia heurta un truc qui trainait. Il le retint par un réflexe qu'il n'aurait pas pensé avoir, et se faufila derrière lui, prenant connaissance d'une chambre qui... ouais ressemblaient à la sienne. Excepté le fait qu'à la place de ses trucs de jeux vidéos, lui c'était plus des magazines de culs, des fringues et du matos de sport. Il posa la bouteille sur le rebord d'un meuble et se posa sur une chaise au pif, soufflant sous l'effort fourni. Il avait le tournis c'était décidé. Il se posa une main sur le front, en fermant les yeux, finissant son nem au passage. Il souffla un coup et rouvrit les yeux sur Dawn et sa chambre. « je suis désolé , t'es sur que tu veux pas que j'parte ? Penses à tes cachets aussi. Tu mets tes nerfs à l'épreuve avec moi dans les parages. »

« Ah non, je n'ai pas de frigo non plus. » C'est une chambre universitaire, après tout. Il y a plus d'écran et de console qu'autre chose, qui pourrait m'en vouloir ? Puis Li Shen n'a rien compris à mon discours sur mon jeu de portable, je suis déçu. En même temps, qui peut comprendre mes délires de geek ? à part un gars comme moi, évidement. Je ne cherche pas plus loin la différence entre lui et moi, puisque nous sommes de garçon bien distinct. Il préfère les filles et le sexe, je suis plus adepte des réseaux sociaux et des gameplay. En  gros, le jour et la nuit. Jusqu'à en venir à la famille, par je ne sais quel moyen d'ailleurs. J'étais loin de me douter qu'il avait un frère malade, mais qu'ils ne s'adressaient même pas la parole. En même temps, mon jumeau et moi, nous nous entendions plutôt bien malgré la période d'indifférence dû à mon addiction aux jeux vidéos. Il a faillit passer à la trappe, comme le reste de ma famille ou de mes amis réelles. Bon, ça ne m'empêche pas d'être perdu dans le virtuel les trois quart du temps. « Pourquoi tu ne vas pas le voir ? » S'il regrette autant de chose, pourquoi ne les met-il pas au clair ? C'est plus facile à dire, qu'à faire... Je le sais mieux que quiconque.

Normalité qu'il dit ? Connais pas. Je n'ai jamais été normal du moment où je suis devenu un pro-gamer pour league of legend. « Je ne me sens pas plus normal que cette situation, à dire vrai. » Plaisantais-je en voyant sa grimace. J'en revenais donc à ma famille, ou mes parents plus précisément. Mon père dans l'armée et ma mère qui veille la maison. Bref, rien de bien intéressant mais suffisamment chiant pour un gars dans mon genre. ça me coupe limite l'appétit, donnant mon dernier nem à Shen pour qu'il le mange à ma place. L'armée, c'est genre le dernier espoir des cas perdus, non ? J'ai toujours vu cela ainsi. Quand quelqu'un n'arrive pas dans la vie, il s'engage. Ou sinon, c'est par passion mais je ne comprendrais jamais celle-ci. Ambassadeur ? C'est du lourd! Nous avons donc tous les deux un père plutôt « puissant », bien que ce ne soit pas dans le même domaine. « Nos familles pourraient bien s'entendre. » C'est de l'ironie, mais savoir que nos mères ne font rien.

C'est étrange la façon dont il parle de son père, comme s'il n'avait aucune considération pour lui. Je fis mine de réfléchir, avant d'hasarder. « Pourquoi tu ne ferais pas ce que tu as envie de faire ? » ça me parait tellement simple. Moi-même je fais ce que j'ai envie de faire, sans penser à mon père qui pourrait me préférer dans l'armée plutôt que sur un ordinateur. Mes parents étaient contre mon choix de carrière, ma mère a même voulu me mettre à la porte. Maintenant que je gagne un paquet de fric, ce n'est plus la même musique. Ils le tolèrent, mais je sais qu'ils n'apprécient pas pour autant. Je m'en fiche, ce n'est pas eux qui feront ma vie. Du coup, je ramène Li Shen jusqu'à mon dortoir, évitant de réveiller les autres pour m’introduire dans ma chambre et présenter mon bordel à monsieur. Je ne suis pas le genre à me gêner en disant de ne pas faire attention à tout ça, au contraire, cela me passe par dessus la tête. Il peut mettre les pieds où il veut, je ne vais pas m'en plaindre. Puis il trouve une chaise où s'asseoir, c'est bien. Déposant le sachet de nem sur mon bureau, je fais un tour dans la chambre pour trouver ma boite à pharmacie, celle que m'a faite mon frère au cas où. Je ne fais jamais attention aux blessures, toujours à dire que ça passera.

« Tu peux rester, ça ne me dérange pas. Mes cachets ? Ah oui! J'ai toujours eu les nerfs à l'épreuve, pas seulement avec toi. » Dis-je pour le rassurer en sortant une boite de médicament du tiroir de ma table de chevet. J'en prit un avec une gorgée d'eau -il y a toujours une bouteille qui traîne- et me ramène vers lui avec ma boite. « Je ne suis pas docteur, mais je sais comment fonctionne les trucs là-dedans... Attends. » Ce n'est pas tellement pour le rassurer, ahah. Accroupis par terre face à lui, je dépose la boite par terre pour l'ouvrir et fouiller. Des compresses et du désinfectant, c'est déjà ça. « Je vais soigner ton front, bouge pas. » à peine dis-je cela que j'asperge sa blessure avec mon antispetique pour enfant -sans alcool, qui ne pique pas- et tamponne une compresse dessus dans un geste mi-doux, mi-brusque. Je ne sais pas trop comment procéder, généralement je ne me soigne pas.

Leurs familles auraient pu bien s'entendre... Ouais probablement, quoi qu'à son avis, le père de Dawn aurait pété la gueule au sien. Li Shen admirait son père, ne vous méprenez pas, mais il savait aussi pertinemment que son père était très fier et fort de ses racines taïwanaises et chinoises, alors face à un japonais qui aurait imposé ses positions diplomatiques et tout ce à quoi on pouvait s'attendre entre un homme politique et un militaire, ça aurait fini comme entre les deux Corées cette histoire, avec les mères pour observer et soigner ensuite. Enfin si du moins il était japonais, il n'en savait rien, il ne rappelait même plus si Dawn lui avait dit. Ça bourdonnait sec là haut. Et la chaise avait été salvatrice pour le coup. Il se décalla un peu pour poser son coude sur un morceau de... bureau ? C'était pire que la sienne en fait mais ça va, y'avait pas d'odeurs particulières comme dans certaines piaules immondes où il avait fini. Ils avaient les souvenirs de chambres de filles tellement pires que ça, dans lesquelles il s'était réveillé au petit matin, et franchement, c'est dans ces moments qu'on envie les puceaux. Parce que les nanas même bien bonnes au pieu, peuvent être tellement plus crades que les mecs... Par pour rien qu'il préférait les love hotel ou les baiser dans la rue, ou dans une bagnole. Il observa Dawn faire en coin. Prendre ses cachets. La question qui tue était tombé mais il n'y avait pas répondu sur le coup...

Il soupira et avala sa salive, il devait répondre, comme une preuve qu'il était honnête avec lui-même. Il avait besoin de se prouver une telle chose ? Pourquoi ? Pour ne pas se sentir fautif, alors qu'il l'était en partir à le fuir depuis des années ?
« Pour mon frère... je sais pas... J'ai passé des années à le fuir... et … faire ce que j'ai envie... faudra déjà que je sache. J'aimerais reprendre la suite de mon père, mais je crois qu'il se sert juste de moi je sais pas trop... j'suis pas sûr de vouloir savoir pour le moment. Je fais mes études en sciences po et droits et ça m'suffit. »

Il suivit d'un léger grognement, témoignant de sa douleur infernale, grimaçant au passage. Il commençait à avoir envie de dormir en plus.
« Je peux … squatter ton pieu... ? J'me sens pas... » Pas le temps de finir sa phrase qu'il voit Dawn s'accroupir à coté de lui et il tourne un peu la tête, les yeux à moitié fermés. Il voit la bombe arrivé et son cerveau beug. Putain attends, il veut lui asperger le visage là, avec les yeux et tout. Y'a marqué sur la bombe : ne pas en mettre dans les yeux et sur toutes muqueuses, sinon rincer abondamment ! Il veut le tuer ? Pas le temps de reculer, Li Shen fout juste par réflexe, sa propre main carrément sur ses yeux , pendant que Dawn fait son affaire. Il sent le spray s'éparpiller en partie sur sa main, et le tapotement de la compresse lui fait ouvrir la bouche, mais juste une expiration en sort. Pas de bruit, il avait connu pire, c'est juste que cette soirée était un combo de n'importe quoi qu'il était dans une période pas terrible nerveusement.

Il respira profondément les yeux fermés sous sa main, et laissa faire Dawn. HS, voilà ce qu'on devait retenir... Il ôta sa main et ouvrit des yeux un peu perdus, surtout crevés, il se laissant nettoyer la mocheté docilement, plissant un œil de temps en temps. Ses rétines s'étaient fixées sur le col de Dawn et n'en bougeaient plus, les paupières mi closes. Il irait chez le médecin demain. Oui, voilà. C'était bien ça le médecin. Dans un souffle il dit en prenant la bombe lentement et appuyant machinalement son index sur la phrase qui marquait de pas en mettre dans les yeux. Au point où il en était , finir aveugle aurait été un dégât collatéral n'est-ce pas. Il soupire en posant sa tête contre son bras, sur le dossier de la chaise, puis sa tête sur le coté dessus, et avant sa main, pour foutre ses mèches en arrière et aider un peu Dawn. "merci..."
Ceux qui l'avaient aidé ces derniers temps se comptaient sur les doigts d'une main. Alors son merci était sincère. Franchement, il serait rentré chez lui sans soins, il n'aurait pas pris la peine de se soigner en se disant que ça passerait , qu'il était solide, et se serait encore fait gifler par Zander pour ne pas avoir fait gaffe. Alors pour une fois que quelqu'un s'occupait de lui , il n'allait pas faire le difficile.

Médicament prit, ça c'est fait. Maintenant, j'en venais à lui et son frère, qui apparemment avait des soucis pour s'entendre. Je connais ça, j'y suis passé avec Zero à une époque. Suffit de parler franchement l'un en face de l'autre, et le tour est joué. Pourquoi se prendre la tête quand on peut faire simple ? L'homme a été conçu pour être civilisé et non bestial, comme deux macaques. Bon, le cas de Li Shen est légèrement plus compliqué avec cette histoire de reprise, tout ça. Je fais la grimace, à la limite de ne pas trop suivre. Mon père aurait voulu que je sois un militaire ou un truc dans le genre, je pourrais essayer de comprendre son cas, mais moi je n'ai aucune envie de suivre et il ne se sert pas non plus de moi. Donc, notre cas est différent sur ce point-là. « C'est bête de se prendre la tête sur l'avenir alors que tu pourrais mourir demain, non ? » Je dis ça comme ça, pour qu'il évite de se triturer les méninges à trop réfléchir. C'est ce que je fais avec ma famille, je suis ma route coûte que coûte, même s'ils ne sont pas content ou peu fier. Dans le fond, je préfère me dire que je suis libre et que je décide de mes choix sans demander l'avis de personne. Au moins si je suis déçu, je le serais seul.

Squatter mon pieu ? Il n'a pas le temps de finir sa phrase que j'asperge son front avec le produit désinfectant, faisant attention de ne pas viser les yeux. Il me prend pour quoi au juste! Un bourrin ? J'ai déjà joué à duck hunt sans louper un seul canard, je sais viser. « Yah! Je vise pas tes yeux là! Pas ma faute si ça "spchitt" partout! » Râlais-je en voyant son réflexe et sa main devant ses yeux. Bon au moins, il s'épargne la tête dans le lavabo pour se rincer les globes. J'appuie doucement une compresse sur son front pour bien étaler le spray et le faire s'incorporer correctement à sa plaie, ne trouvant rien à redire pendant mes gestes. Ce n'est pas beau à voir, mais je parviens à virer les saletés qui se sont coincés dans les griffures. « C'est pire que crado. » Commentais-je en lui montrant la compresse sale. Il a dû se frotter avec son vêtement... Ah non, c'était ma manche. Bon bah, on s'en fiche. C'est nettoyé et soigné, il me reste plus qu'à déposer une compresse propre et mettre du sparadrap dessus. Il n'aura pas l'air malin, mais le temps d'une soirée, qui s'en inquiète ?

Mes yeux se portent sur la bombe qu'il trifouille, voyant la fameuse phrase que je prend avec un « hmpf » d'indignation. Je m'en fiche, il n'a rien eu de toute façon. S'il pouvait juste arrêter deux secondes de bouger, pour lui coller la nouvelle compresse sur le front et la fixer avec du scotch. « Pas de quoi. » Un sourire se peint sur mes lèvres et je termine mon petit bordel pour le laisser tranquille. « Tu peux rester dormir ici, si tu veux. Prend mon lit, je me mettrais par terre. » Non parce que j'ai qu'une place dans mon pieu. Les soins terminés, je me redresse en récupérant la bombe pour la ranger dans la boite et remettre cette dernière sous le lit. Ce n'est pas le meilleur pansement du monde, mais ça tient la route.

Je reviens m'asseoir sur mon lit, regardant Li Shen agoniser en silence. Ce n'est pas cool qu'il soit blessé de partout pour m'avoir ramené. « Je t'en dois une. Tu m'as empêché de finir en garde à vous et tu m'as même ramené jusqu'ici. » C'est déjà pas mal pour une première rencontre, non? Qu'est-ce que ce sera la prochaine fois qu'on se recroisera par hasard ? Tant que ce n'est pas durant un accident ou une prise d'otage, tout va bien. Parce que j'ai la sensation qu'avec lui, je n'aurai que des ennuies et inversement. Nous sommes des chats noirs, s'attirant les merdes sans les demander. J'arrive toujours à relativiser, mais pas sûr qu'il sache faire de même.

Pourquoi il ne ferait pas ce qu'il a envie de faire? Grande question. L'obsession d'atteindre l'objectif fixé par son père, sa reconnaissance et sa fierté paternelle avait tellement pris de place dans l'esprit du taiwanais, qu'il n'avait jamais pu penser à emettre l'hypothèse de se trouver un but personnel. Outre le fait de réussir ses études, de finir en politique et de reprendre le flambeau de son père, il ne savait pas trop pourquoi se battre. Le problème était qu'aujourd'hui, il commençait à comprendre que peut-être cela ne servait à rien. Comment auriez-vous réagi? C'était comme annoncé à un enfant après toute enfance passer près d'une femme qu'elle n'est en réalité par sa mère, ou bien de voir une maison qu'on a acheté et renover de ses mains durant des années, se voir emporter par les flots d'une crue démensionnelle. Et là, Li Shen commençait à voir l'eau monter tant est si bien que ses pieds inondés par ce flux sans réponse, lui intimait de gagner les hauteurs pour ne pas mourir noyer. Vous avez déjà eu ce sentiment de vouloir bouger face à un danger, mais de ne pas pouvoir? De se dire qu'il faut faire une chose primordiale, mais de ne pas la faire? Tout ceci prenait une ampleur dans la tête de Li qu'il n'arrivait pas à maitriser, et pour pallier à ça, il préférait carrément ne pas s'y confronter. Oublier. Nier. C'était lâche mais c'était mieux, et il ne le reconnaitrait jamais. Trop fier. Pourtant ce n'était pas un mauvais bougre au fond, il s'était trahi en aidant ce mec d'ailleurs. Les deux ensemble étaient un duo juste impossible et s'il avait du être colocataire, à coup sûr que tout aurait pété au bout d'une semaine...

Pourtant Li Shen se laissa faire, manquant quand même de se bouffer du désynfectant dans les yeux, mais il avait mis sa main. Il puerait juste ce truc jusqu'à demain, c'était pas cher payé après s'être défoncé le crâne. Dawn avait de nouveau oublié ses cachets. Pourquoi il ne le marquait pas en gros sur son mur. "CACHETS" , ça marchait bien aussi. Et puis avec le bordel qui régnait , pas grand monde devait venir, du coup, il ne se grillerait pas plus que ça, si tant est qu'il veuille cacher ce secret. Pas sa faute si ça pchit partout? Purée mais heureusement qu'il conduit pas de voiture ce gars, non parce qu'il aurait dit quoi au mec dans lequel il serait rentré dans le cul de la bagnole d'en face: Yah , c'est pas ma faute si le volant il tourne tout seul quand je le tiens pas? Il est fou. Li shen est chez un fou. Cela dit, peut-être autant que lui, donc quelque part, ça ne le choque pas plus que ça, ça lui avait même tiré un rictus en coin. oui , juste un rictus, il était trop mort de douleur et de fatigue pour rire clairement. Par contre il se redressa et le fixa:
"Attends, je suis peut-être un gros con, je le revendique mais..." -grimace en se levant, la main sur la tête et l'autre sur le dossier de la chaise- "je le suis pas, au point de piquer les pieux des gens. Je peux m'tasser t'sais, ou dormir par terre, mais c'est mort pour que tu dormes par terre. En fait j'ai juste besoin de m'allonger. je pourrais même pas dormir avec le mal de tête que je me tape... "

Li Shen n'aimait pas s'imposer alors squatter en plus les conforts des autres, c'était compliqué. Bon sauf quand c'est une fille, mais là, Dawn, c'en est pas une, il l'a montré de dix mille manières. Morfal, il attrape encore un nem, la pile diminuant à force et l'avale en entier, mode joues de hamster, posant son cul sur le rebord du pieu, à coté de lui et touche le pansement du bout du doigt." Merci pour... ça. Et arrête de dire des conneries, on a failli s'tuer. Quand c'était pas toi c'était moi.. la prochaine fois... fais moi penser à prendre des bouées, on s'en foutra partout, on passera pas inaperçu, ça changera pas grand chose mais au moins on se fera pas mal comme ça..." Une bouée autour de la tête. Ingénieux, surtout avec le grosse tête de canard ou d'autres choses en hauteur. QUoi. Halloween c'est pas loin. Li Shen rit un peu. " T'inquiète, on en riras plus tard. Je sais de quoi je parle, des merdes comme ça, j'en ai tous les quatre matins." Il s'affale en arrière en travers du lit et fixe le plafond d'un oeil. " Puis au moins tu sais que t'as pas les couilles en mousse, tes gosses seront solides!"

Combien de fois ai-je noté « remède » sur des post-it pour ne pas oublier de prendre mes médicaments ? beaucoup trop, à tel point que j'ai oublié jusqu'à le noter. ça ne sert à rien de vouloir faire des efforts quand l'envie n'est pas là, ou que la tête ne suit pas. Au final, je les prend quand j'y pense, parfois je ne les prends pas du tout et j'en reviens au même scénario que ce soir. Crise, colère, bagarre, dispute, etc. Je ne contrôle pas toujours tout même avec de la volonté, un peu comme avec ce spray qui part dans tous les sens quand je tente d'asperger son front blessé. Ce n'est pas ma faute, mais ce n'est jamais ma faute apparemment. évidement, on comprend pourquoi je n'ai aucune voiture et pas de permis. Zero dirait sûrement que je suis trop irresponsable pour cela, mais j'ai la capacité de le soigner quand même. Je vais finir par marcher sur la tête, à trop vouloir mettre de l'ordre. à la longue, je vais juste lui vider la bouteille sur la tête et coller tout les cotons sur sa blessure. Heureusement pour lui et sa douleur, je tente d'être le plus "tendre" possible en évitant les gestes brusques. Je ne suis pas le meilleur des infirmiers, mais il ne pourra pas dire que j'ai ouvert son front en deux non plus.

Li Shen peut bien prendre mon lit, j'ai l'habitude de pioncer n'importe où tant que le sommeil me touche. Ce qui est plutôt rare dans mon cas, mais même le sol est confortable à mes yeux. De toute façon, je risque à peine de fermer l'oeil, avant de péter la forme jusqu'au prochain coup de pompe. Un sourire se cale au coin de mes lèvres, puis un léger rire quant à ma pensée qui prend le dessus. « Je ne dors pas plus de deux heures par jour, que ce soit dans un lit ou dans le fauteuil, cela ne me dérange pas. » Ne l'ai-je pas déjà prévenu pour mon cas particulier ? Dormir, c'est très loin dans ma liste des choses à faire. « Je n'ai pas sommeil, en plus. Je pourrais jouer à la console jusqu'au matin si je m'écoutais. » Bah oui, évidement. Si je m'installe devant ma télé, manette en main, c'est mort. Je vais jouer jusqu'à ce que le soleil se lève, puis la douche fera l'effet d'une bombe d'énergie, en plus des tasses de café ou des boissons énergisantes. Peut-être que je tomberais raide sur ma table le temps d'un cours.

« J'ai de la graisse à revendre, t'inquiète pas pour la bouée. Je pourrais rouler si je tombe, haha ~ » Je ne trouve qu'à rire, soulevant mon haut pour pincer ma hanche et faire genre que j'avais du poids en trop. Petit, j'étais plutôt bouboule, mais avec l'âge et le sport, j'ai fondu assez rapidement. Pourtant, je ne me vois pas toujours comme les autres peuvent le dire. Musclé, mignon, attirant, tout ça. Un souffle et je me laisse tomber en arrière, le dos contre le matelas et les yeux rivés vers le plafond. « Je pourrais en parler avec mes potes, alors ? Candy va se moquer de moi, j'en suis sûr. » Mes lèvres s'étirent jusqu'à mes oreilles, fermant doucement mes paupières pour souffler à nouveau. Je parle rarement de mon équipe aux autres, alors qu'ils sont géniaux. Bon, il y a l'autre tête de pioche qui m'a en horreur, mais je le trouve amusant aussi.

Couilles en mousse ? Je ris de bon coeur, me tournant vers lui en me positionnant sur le côté, ma tête sur mon bras plié. « Merdi pour la remarque, j'avais oublié. » Mes gosses ? Je ris encore, rabattant mon autre bras plié sur mon visage, riant à couvert. « T'es bête, comme si j'avais envie d'avoir des gosses. Tu ferais mieux de dormir, j'imagine pas la prochaine connerie que tu vas me sortir. » Dis-je en me redressant pour me mettre correctement sur mon lit, sous la couverture. Je tapote à côté de moi, mort de rire. « T'inquiète, je ne vais pas te blesser en dormant. » Sait-on jamais s'il pense un truc louche sur moi. Ce n'est pas le cas, je ne vais pas le manger parce qu'il dort à côté de moi dans le même lit. Au pire, c'est une soirée entre « pote », ni plus ni moins.

Li shen était loin d'être douillet. Et même si sa blessure lui faisait mal, elle allait prendre une semaine à disparaître et après ce ne serait qu'un mauvais souvenir, ou un truc drôle à se rappeler. Il notera bien évident dans son mémoire de trucs débiles à ne pas faire que les branches d'arbres c'est nocif pour la santé quand on arrive pas loin de la majorité ou qu'on a bu. Il ne savait pas trop quel critère choisir pour se discréditer du simple fait qu'ils étaient juste deux boulets lancés dans une quête inconsciente qui s'était terminé par la victoire des arbres et des lampadaires. Heureusement qu'ils avaient un max de PV et des Nems revitalisants , un genre de skill pour goinfre qui te file plus l'envie de dormir que de combattre. C'est bon, il avait eu sa dose Li Shen. Etre un tank ce soir, c'était avec modération. Tout un vocabulaire qu'il ne connaissait pas, mais qui représentait bien toute la situation. Affalé sur ce lit après avoir durement guerroyé, il prenait son repos comme le meilleur des coups de cul en fait. Il n'avait plus vraiment envie de s'envoyer en l'air, ne regrettait pas ses cuisses de petites dindes de tout à l'heure. La soirée était un peu plus passionnante en fait, ce qui était assez inhabituel pour lui qui était habitué à sa solitude de faire de soirée, ou à se faire copieusement arraché la tête par une gifle féminine pour son manque de tact légendaire.

A la déclaration de Dawn, Li shen haussa les sourcils puis grimaça. Ah ouais, hausser les sourcils, ça fronce la bosse, et la bosse elle aimait pas, elle lui faisait savoir. Faudrait lui donner un nom à cette bosse. Josiane. Un truc bien occidental qu'on entend chez les vieilles moches et ridées c'est tout ce qu'elle mérite (toutes mes excuses si votre maman s'appelle comme ça) . Et DONC Josiane faisait la gueule parce que son priopriétaire tentait de vivre, alors qu'elle appuyait de toutes ses forces sur l'os du crâne pour essayer de prendre possession de son cerveau. Déjà qu'en ce moment, c'était un peu comme la chambre de Dawn là dedans, alors si en plus Josiane s'en mélait, Li Shen n'aurait plus qu'à dormir, en espérant se réveiller. Oh l'horrible révélation. Il beugua une courte seconde et se posa une main sur le front... Il allait pas mourir d'un coup hein ? Genre un AVC pour un caillot qui aurait poussé d'un coup comme ça à cause de cet hématome, un morceau dévié dans une veine et tout et... Il regarde d'un œil un peu figé Dawn après qu'il lui ait avoué tout ça...
« Tu crois que je peux crever d'un caillot dans le cerveau à cause de ma bosse ? Non, c'est complètement con... » Il s'inquiétait comme un con maintenant. Bah oui mais c'est proche des yeux, de tout ! Voilà, la tête c'est proche de tout ! Ça allait de mieux en mieux n'est-ce pas petit taïwanais. Tu vas survivre... A ta bêtise pas sûr, mais à ta bosse sûrement. Quoi qu'avec Dawn à coté en fait, ton taux de survie passe de 98% de survie, à … 2.

Il le regarde s'éloigner, affalé comme une phoque sur le dos. « Toi , de la graisse ? » il se marre un coup, en fermant un peu les yeux pour plus voir double. « Si toi t'es gras, je veux bien devenir gay tiens. »

Il ne le voit pas soulever son haut , et quand il tombe en arrière, Li shen rouvre les yeux , se trouvant pas loin de sa tête en fait. « Pourquoi tu me demandes l'autorisation ? T'as peur que j'te fracasse pour en avoir parler ou quoi ? » il rit un peu , rien qu'à l'idée de voir un petit bonhomme dans un jeu video, Dawn, en fait d'un gros Mob de 20 fois sa taille et qui l'écrase du gros orteil avec un « Perfect score ». C'est sa faute aussi là à lui parler que de ça, son imagination travaille maintenant. « Après c'est surtout pour toi. J'ai pas bonne réputation à RPS tu sais. A coup sûr que tu vas les entendre te dire de t'éloigner de moi. Que j'suis qu'un batard ou un délinquant... ce genre là quoi... C'est qui Candy ? »

Il tourne la tête vers lui, les mains sur le ventre par défaut. « T'as pas envie ? Tu préfères d'autres bébés ordi ? Remarque... c'est moins chiant, quand t'en as marre tu mets off. Ça marche pas ça sur les nana... Et puis les pc, au moins, ça t'frappe pas. » Il allait y réfléchir, ça avait vachement d'avantages. Bon on peut pas baiser avec ou boire, mais Dawn semblait en vie, et il semblait tout aussi fracassé que lui... enfin non , pour ce soir, c'était pire vu son front mais il se comprenait.

Voyant que Monsieur Geek se déplace pour se mettre sur son lit, par politesse, il se redresse en fronçant un peu un œil et ça aussi ça lui fait mal . Mais putain, pause quoi ! Josiane, laisse lui deux secondes de répit. Il se bouge même dans le fond pour pas lui gêner les jambes. Li Shen en mode j'veux pas déranger, c'est rare , profitez ! Il voit Dawn l'inviter à s'allonger à coté et se regarde. Ouais mais... il pose ses pompes, ses chaussettes et vire son sweet par le haut , restant en tee shirt. Il se connaît, il va crever de chaud. « Euh dessus ou dessous ? » Quoi, elle est pas bizarre cette question, il veut juste savoir s'il a le droit de se foutre sous la couverture ou pas. Baillant, il se laisse tomber sur le lit et s'y glissera que s'il a le droit. «T'façon, je suis plus à ça près j'crois. Au pire, tu m'ferais grogner... ou j'tomberai seul en me tournant... déconne pas, ça m'est déjà arrivé... ça fait mal, surtout quand tu dors et qu'tu t'bouffes direct le sol. Après j'insulte tout le monde tellement j'étais vénère... » rit-il un peu en faisant la chenille sur le ventre. Puis il parle dans le matelas et on ne comprends absolument rien, se rapant le front sous la pansement contre le lit et c'est un gémissement grave qui sort de sa gorge.