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Ce message a été posté Mer 20 Avr - 18:00
Brother ∞ Sister
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L'héritier traînait une drôle d'idée depuis son aventure campagnarde. Il passait son temps sur les sites d'alliances et de bagues de fiançailles alors même qu'il ne s'en rendait pas vraiment compte. Tous les modèles défilaient devant ses yeux sans jamais trouver grâce. Il ignorait ce qu'il cherchait mais ce qu'il voyait ne lui plaisait pas. Parfois, quand il prenait conscience de l'attention qu'il accordait à ces fouilles, il redescendait sur terre de manière un peu brusque et se distribuait des claques mentales. Il ne comprenait pas pourquoi il faisait ça et encore moins ce soudain désir qui l'obsédait tant. Il essayait de le justifier rationnellement en se disant qu'il s'agissait d'une obligation et qu'il ne faisait ça que pour son image. S'il réussissait à se raisonner, il se remettait aussitôt à éplucher les bijouteries en ligne. Un cercle vicieux qui accaparait ses pensées. Cela le rendait presque dingue mais surtout ça ne lui ressemblait pas. Chercher une bague pour Uriyel, n'était-ce pas grotesque ?

Et pourtant, cette après-midi là, après de longues heures passées enfermé dans son bureau, il choisit de se diriger vers la grande avenue en prétextant le besoin de se détendre un peu. Sur sa route jusqu'à la boutique, il croisa plusieurs connaissances auprès desquelles il bredouilla des excuses sans queue ni tête. Quand il poussa la porte de Tiffany & Co non sans ressentir une pointe de stress. Il avait l'impression que tout le monde l'observait. Nerveux, Ethan se mordillait l'intérieur de la joue en regardant les bijoux. Il avait même la gorge sèche. Lui-même n'en revenait pas de l'état dans lequel il se mettait juste pour une bague, juste pour Uriyel.

Comme si l'une des vendeuses avait deviné son combat intérieur, elle s'approcha de lui pour proposer son aide. Ethan bégaya qu'il cherchait une bague de fiançailles et la jeune femme se mit à battre des cils semblant trouver touchant qu'un homme aussi beau se sente aussi démuni. Ils se placèrent un peu à l'écart pour qu'elle lui présente plusieurs modèles. Il était maintenant encore plus perdu que devant son ordinateur. Uriyel préférerait-elle quelque chose d'imposant ou de discret ? Une bague avec beaucoup de diamants ou un seul ? En argent ou en or ? Le brun se retrouva avec deux modèles différents. L'une représentait une fleur et l'autre un cercle comprenant aussi des diamants sur l'anneau. Perplexe, il les tournait dans tous les sens. Plus il les analysait et plus il se réalisait qu'il ne connaissait que très peu les goûts de sa fiancée. Il trouvait aussi son idée encore plus ridicule à présent. Pourquoi voulait-il faire ça au juste ? Ça n'était pas son genre.

Et soudain, la pensée qu'elle puisse refuser son cadeau l'effleura. Peut être qu'elle ne voulait pas porter la marque de leur mariage, peut être qu'elle ressentirait ça comme une injure ou une manière de l'emprisonner. Il reposa donc les bagues, salua même la vendeuse. Prêt à faire demi-tour, il se retourna mais se retrouva alors face à une petite demoiselle qu'il connaissait bien. Il sursauta en portant la main à son cœur avant de lui tourner le dos en venant s'appuyer au comptoir. Remis de cette surprise, il leva les yeux vers elle. « Tu m'as fait peur putain ! » Jiao Li, voilà qu'il la croisait encore par hasard. Ou pas tant que ça dans le fond. Il le voyait mal faire son shopping dans ce genre d'endroit. « Qu'est-ce que tu fous là ? » Ethan poussa un long soupir. Il ne manquait plus que ça. Il lui avait pourtant bien expliqué qu'il ne voulait plus la voir ou lui parler. Qu'est-ce qu'elle n'avait pas compris là dedans ?

Alors qu'il s'apprêtait à lui répéter ces mêmes consignes, la vendeuse le coiffa au poteau en prenant la parole. « C'est une connaissance ? » L'aîné dévisagea quelques seconde sa petite sœur et grogna entre ses dents une réponse. « Disons que c'est une amie. » Et à nouveau, l'employée le coupa avant qu'il ne puisse ajouter quoi que ce soit. « Oh mais c'est parfait. Elle va pouvoir vous aider. Y a rien de mieux qu'une bonne amie pour ça. Monsieur était en train de chercher une bague pour sa fiancée et visiblement il semble avoir quelques difficultés. » Il n'en revenait pas. Elle osait balancer ça comme ça. Gêné et énervé, il se massa la nuque en se retenant pour ne pas lancer une remarque cinglante à la jeune femme. Il risqua un regard vers Jiao Li. Il n'avait qu'une envie, prendre la fuite. « Elle n'a pas le temps pour ça, pas vrai ? » Demanda-t-il en ancrant son regard à celui de sa cadette, loin de se douter que celle-ci n'avait pas dit son dernier mot.  
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Ce message a été posté Mer 20 Avr - 20:53
Le temps était si agréable ces derniers jours qu’il me fallait sortir. Je savais que Fu Hai ne serait pas à l’appartement cet après-midi-là, ainsi je n’avais aucune raison valable pour rester enfermée entre quatre murs. Mes projets universitaires avançaient de bons pas pour ce début d’année, je n’avais donc aucunement besoin de réviser pendant des heures. Et puis, le soleil brillait trop fort ; c’était distrayant. C’était ainsi que je m’étais retrouvée à marcher tranquillement dans les rues nippones, flânant une fois de plus dans le large quartier de Shibuya que j’étais encore bien loin de connaître comme ma poche, bien qu’y venant chaque semaine. Ecouteurs glissés dans mes oreilles, j’en profitais pour regarder les boutiques et autres attrapes touristes auxquels il m’arrivait d’avoir bien du mal à résister. Au détour d’une rue, j’en vins à traverser une petite zone bien trop huppée pour mon porte-monnaie. Je me retenais par ailleurs de pousser les larges portes du beau Mitsukoshi, sachant pertinemment que je ne pourrais retenir mon envie gourmande de gouter chacune des spécialités vendues au niveau moins un du grand centre commercial.

Tapotant un rythme léger contre le revers de ma veste alors que j’avançais en regardant à peu près partout autour de moi, sauf devant, mon attention se porta sur les jolies vitrines de Tiffany. Ces larges vitres sur lesquelles mon reflet paraissait à peine laissaient entrevoir l’intérieur épuré et luxueux de la boutique. J’avais beau avoir à en apprendre encore beaucoup sur la féminité, je ne pouvais nier que cette bijouterie faisait envie. Et alors que je m’apprêtais à poursuivre ma route, mon regard s’accrocha sur une silhouette connue. D’un geste rapide, je retirais mes écouteurs pour les fourrer à toute vitesse dans les poches de ma veste ; une erreur que je regrettais déjà inconsciemment tant je savais qu’il me serait difficile de les démêler après un tel geste. Ethan. Je ne réfléchissais plus à présent. Je fis rapidement demi-tour et entra dans la boutique, saluant silencieusement les vendeuses qui me souhaitèrent calmement la bienvenue. En quelques pas, j’étais derrière le jeune homme, un large sourire pendue aux lèvres. J’étais tellement heureuse de le recroiser. Quel hasard ! Quel heureux hasard ! J’avais bien du mal à contenir mon excitation, tout en repoussant très rapidement la pensée que peut-être j’étais en train de rêver et que l’homme qui me tournait à présent le dos était tout sauf mon frère aîné.
Il se leva rapidement, et je n’eus le temps de faire un pas pour reculer. Il laissa s’échapper un sursaut, et je retins un rire. Sans compassion aucune. « Tu m’as fait peur putain ! » Il avait l’air ravi, et je n’en souris que d’autant plus face à l’ironie dont je n’avais cesse de faire preuve.

« Bonjour ! »

Fut tout ce que je réussis à dire, alliant à la parole un petit geste de la main pour le saluer. Alors, la jolie vendeuse se penchant vers nous et je saisis l’occasion pour rester plantée à côté du jeune Anglais. « … Monsieur était en train de chercher une bague pour sa fiancée et visiblement il semble avoir quelques difficultés. » C’était donc cela ? Je ne le connaissais pas si romantique ; c’en était presque étonnant de le voir ici pour trouver une bague. Mais, ce n’en était pas moins touchant. « Elle n’a pas le temps pour ça, pas vrai ? » J’esquissais un sourire rempli de malice à l’attention de l’aîné, avant de reporter mon attention sur la vendeuse, comme si de rien n’était.

« Maintenant que je suis là, autant en profiter ! Ces deux modèles sont vraiment très beaux. »

Je me penchais un peu plus en direction de deux fines bagues, observant les détails de chacune. Le choix était vraiment difficile, je pouvais comprendre pourquoi il se prenait tant la tête pour se décider. Finalement, j’en vins à saisir délicatement la bague florale, passant doucement mon index sur les rebords des pétales diamantés.

« Celle-ci est vraiment originale. Dis-moi, Ethan, est-elle plutôt discrète ou bien plutôt extravertie, ta fiancée ? »

Demandais-je en le regardant avec de grands yeux, la bague toujours entre les doigts. J’imaginais bien que pour vivre avec un spécimen comme lui, elle devait avoir son caractère pour pouvoir lui tenir tête. Mais, je n’en savais pas grand-chose au final de cette personne… Ce qui n’empêchait en rien le fait que j’avais envie de l’aider, et qu’il aurait – une nouvelle fois – encore bien du mal à se débarrasser de moi.

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Ce message a été posté Ven 22 Avr - 21:56
Brother ∞ Sister
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Évidemment, qu'espérait-il ? Qu'il parviendrait à la congédier de la sorte ? Mais Ethan constatait une nouvelle fois que Jiao Li possédait un charme particulier. Il ne lui résistait pas. À chaque fois qu'elle lui souriait, quelque chose se fissurait en lui. Déjà lors de leur première rencontre il l'avait ressenti et c'était précisément pour cette raison qu'il avait énoncé le souhait de ne plus jamais la recroiser. Cela n'avait rien de négatif. Juste, elle faisait tomber ces barrières à une vitesse effrayante et ça l'ennuyait beaucoup. Alors quand elle choisit de rester malgré les éclairs qu'on lisait dans le regard de l'héritier, celui-ci poussa un long soupir. Quelle plaie. Il n'avait pas envie de partager ce moment avec elle. Il était hors de question qu'il lui laisse une place dans sa vie alors l'impliquer dans un choix qui relevait autant de son intimité le gênait. Il se sentait déjà suffisamment mal à l'aise dans cet endroit et voilà qu'elle en rajoutait une couche. Pour marquer sa décision de couper court à cet échange, il croisa les bras sur sa poitrine. Ainsi fermé à toute discussion, il la fixait du coin de l’œil.

À sa remarque, Ethan grogna un peu et se pivota légèrement dans sa direction. « Bien sur, j'ai l'air d'avoir de mauvais goûts ? » Attaquer restait sa meilleure défense. En même temps, difficile de cacher que ça l'avait un peu piqué. Ignorait-elle donc tout ce que le nom Beckford renfermait ? La classe à l'anglaise, le bon goût, le luxe. S'il n'était même pas capable de sélectionner de jolies bagues, il ne méritait pas de porter ce nom. Mais il fallait bien avouer qu'il était perdu. Cette nouvelle obsession le perturbait un peu. Il ne comprenait pas pourquoi il prenait cette peine ou ce qui le poussait à vouloir faire plaisir à Uriyel. Pour se faire pardonner peut être ? Ou pour la remercier d'être aussi patiente avec lui, quelque chose dans ce goût là.

Et voilà qu'elle lui posait des questions sur sa fiancée. Il se crispa alors un peu. Il baissa les yeux vers la bague que sa cadette tenait entre ses doigts et haussa les épaules. « Je ne sais pas. » Ronchonna-t-il. « Je m'en fiche. C'est pas pour lui faire plaisir de toute façon. J'ai juste pas le choix. » Mensonge. Pour une fois que ce n'était pas son père qui l'obligeait à agir ou le contrôlait. La vendeuse devant eux semblait avoir du mal à suivre la scène qui se déroulait devant elle. Sceptique, elle les écoutait en se forçant à sourire car totalement déstabilisée par la soudaine froideur du brun. « Mademoiselle est sur une bonne piste. Dites m'en plus sur la personnalité de votre fiancée, ça pourrait contribuer à vous aiguiller. » Et voilà qu'elles s'y mettaient à deux maintenant ? Il sentait qu'il n'y avait plus de moyen de s'échapper. Elles le tenaient. Autant battre en retrait. Après un énième soupir, il décroisa ses bras pour glisser ses mains dans ses poches et baissa les yeux vers la bague car il était plus facile pour lui de parler sans affronter le regard des jeunes femmes. « Elle est douce. Et délicate. Mais elle a peur de rien. » Pas de lui surtout, ce qu'il se retint d'ajouter. Il s'éclaircit la gorge. Embarrassé par ces quelques mots qui en dévoilaient pourtant bien trop sur ce qu'il ressentait pour sa fiancée. « Tu trouves celle-ci plus jolie ? » Étonnement, il venait bien de s'adresser à Jiao Li et de lui demander son avis. Mais pour une raison qu'il ignorait, faire ça le mettait encore plus mal à l'aise. Il n'avait pas l'habitude. Il n'aimait vraiment pas lui ouvrir sa porte et pourtant c'était bien ce qu'il faisait. 
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Ce message a été posté Dim 24 Avr - 19:22
J’étais profondément et sincèrement ravie de l’avoir croisé ; ravie d’être passée dans ce quartier où rien n’attirait réellement mon regard habituellement ; ravie d’avoir posé les yeux au travers des larges vitres de la bijouterie. Je ne pouvais cacher mon contentement, et à le voir légèrement bougonner face à la situation me rendait d’autant plus satisfaite d’avoir mis les pieds ici. C’était un ravissement bien étrange, que je ne ressentais que pour Fu Hai lorsque je prenais plaisir à le taquiner quelque peu. Etait-ce parce que je savais qu’Ethan était en réalité mon frère aîné, et non pas un simple jeune homme que je connaissais à peine ? Peut-être. Peut-être que cela me donnait une confiance que je ne pouvais avoir avec une vague connaissance, et encore moins de sexe opposé.

Emerveillée par la finesse des bagues déposées sous nos yeux, j’avais fait remarque à voix haute de mon enthousiasme face à leurs aspects respectifs. Il en avait toutefois semblé légèrement vexé, répondant une phrase que me fit rire plus qu’autre chose. Il avait l’air de penser hautement de sa personne, parfois. Cela venait-il de son éducation ? Je n’en doutais que très peu. J’avais eu la folle envie de répondre que le Grand Ethan ne pouvait avoir de mauvais goûts, mais me ravissais rapidement, me contentant de cacher maladroitement un rire qui semblait ne vouloir s’effacer.
La bague aux contours floraux entre les doigts, je m’intéressais alors à cette femme qui partageait sa vie. J’avais posé ma question en toute innocence, pensant que cela aiderait grandement au choix décisif du bijou. Il se renfrogna un peu plus, répliquant tel un enfant têtu qui voulait cacher sa gêne. « J’ai juste pas le choix. » finissait-il par dire, et je ne pus m’empêcher de lever les yeux au ciel, indiquant d’un léger mouvement de la tête mon désespoir à la vendeuse.

« Ben voyons… »

Soufflais-je, à demi voix. C’était une remarque faite pour être entendu par mon aîné, mais, dite suffisamment fort pour qu’il soit le seul à l’entendre… Et, ainsi pour qu’il ne puisse réagir trop fortement, car nous étions dans une boutique et il aimait garder son image intacte. Je m’étonnais à apprécier le frustrer. C’était inhabituel chez moi d’agir ainsi. Toutefois, la jeune vendeuse renchérit et me sortit de mes pensées. Alors, mon regard se posa sur Ethan, dans l’attente d’une réponse plus claire. Je souris doucement à son explication, touchée par ses paroles et secrètement fière qu’il lâche un peu son renfrognement habituel. La vendeuse acquiesça d’un signe de tête, et je tournais ses traits de caractères dans mon esprit. Douce. Délicate. Qui n’a peur de rien. Perdue dans mes pensées, observant avec toujours autant d’attention la bague que je roulais à présent entre mes doigts, je retins un sursaut lorsque le jeune Anglais s’adresse directement à moi. Je levais de grands yeux en sa direction.

« Elle est plus originale. L’autre est très belle mais, peut-être trop… statique pour une jeune femme qui a du caractère. »

Après, ce n’était que mon avis. L’avis d’une fille de dix-huit ans qui n’y connaît pas grand-chose en bijoux et autres délicatesses féminines. Je reposais la bague sur son présentoir.

« Mais toi, Ethan. Laquelle préfères-tu ? »

Il devait mettre une partie de lui dans son choix, afin que le cadeau soit totalement personnel et non plus obligatoire – comme il semblait s’obstiner à le penser. Je le regardais à nouveau, attendant sa réponse. Je n’avais aucune idée de qui pouvait être la belle fiancée à qui la bague allait être offerte mais, il semblait secrètement se trouver bien chanceux que ce soit elle et pas une autre.

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Ce message a été posté Lun 25 Avr - 20:21
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Peut être que l'avis d'une femme, et pas celui de la vendeuse qui essaierait sans aucun doute de lui vendre le modèle le plus cher, l'aiderait à se décider. Dans cet optique là, il questionna Jiao Li pour se renseigner sur celle qu'elle préférait. Cela ne signifiait pas forcément qu'il la choisirait mais ça pouvait l'aiguiller. C'est pourquoi il l'écouta avec attention. Il hocha même plusieurs fois la tête. Il approuvait. Jiao Li ne connaissait pas sa fiancée mais semblait avoir cerné ce qu'il cherchait pour elle. Lui aussi penchait pour la bague avec les diamants qui se mélangeaient pour former une fleur. Il ignorait pour quelle raison mais il trouvait que ça correspondait bien à Uriyel. Peut être parce que cela lui paraissait plus original et donc unique. À ses yeux, c'était ce qu'elle était. Unique. Elle était la première femme à le désarmer et à réussir à l'apprivoiser en même temps. Bien qu'un autre petit bout suive le même chemin.

Il regardait Jiao Li et même s'il refusait de le reconnaître, il mourrait secrètement d'envie d'en apprendre plus sur elle. Il ne voulait pas lui laisser de place dans sa vie et pourtant il était curieux. Il reprit la bague entre ses doigts pour à nouveau l'analyser sous tous les angles. Devant eux, la vendeuse s'impatientait un peu ignorant sans doute qu'elle s'occupait d'un client important. « Je crois que tu as raison. Je préfère aussi celle-ci. » Mais en même temps, qu'est-ce qui lui garantissait que ça plairait aussi à Uriyel ? Il ne la connaissait pas si bien que ça. « Et si elle n'aime pas ? » Ethan, d'habitude si sur de lui, affichait un visage nouveau. Un qu'il ne laissait pas souvent voir. Il désirait vraiment faire plaisir à Uriyel au travers de ce geste. Il avait envie de la remercier et peut être aussi de lui faire comprendre une partie de ses sentiments.

« Je vais la prendre. » Il la reposa et aussitôt la vendeuse s'empressa de la glisser dans un écrin. Ethan en profita pour dégainer sa carte gold. Quand elle lui annonça le prix vertigineux de la bague, il ne cilla même pas, habitué à dépenser de telles sommes. Uriyel méritait au moins ça en plus. Tandis qu'il tapait son code, l'employée se permit une petite remarque. « Vous vous ressemblez. Vous pourriez être frère et sœur. » Ethan leva la tête pour la foudroyer du regard et récupéra sa carte après avoir arraché le ticket de caisse lui-même. Il prit le petit sachet du bleu caractéristique de la boutique. « Au revoir. » Son ton sec et froid montrait combien cette remarque l'avait irrité. Et sans vraiment attendre Jiao Li, il quitta les lieux, agacé.

Cependant, une fois à l'extérieur, il se figea. Il pensait partir de son côté mais quelque chose le retenait. Il se sentait redevable envers la demoiselle et s'en voulait un peu d'être aussi désagréable avec elle. Il avait beau détester son frère, du fait de cette histoire digne d'un film dramatique, il n'arrivait pas à lui en vouloir car elle n'y était pour rien. Elle avait simplement découvert qu'elle avait un deuxième grand frère. Il pivota vers elle et passa sa main dans sa nuque, mal à l'aise. « Merci. J'étais à deux doigts de quitter la boutique quand tu es arrivée. » Un rire léger lui échappa. Il se sentait ridicule. « Si tu veux, je te paye une glace. » Quelque chose lui disait qu'elle allait sauter sur l'occasion, et intérieurement, il en avait envie. Ils pouvaient passer un peu de temps ensemble, pas vrai ? Juste le temps d'en savoir plus. Et après, il refermera la porte. Voilà ce qu'il se disait. « C'est juste pour te remercier, te fais pas d'idée. » Précisa-t-il pour se protéger.
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Ce message a été posté Mar 26 Avr - 12:38
Ethan prit la bague à son tour entre ses doigts, pour l’examiner à nouveau. Je passais alors un rapide coup d’œil sur l’intérieur de la boutique. C’était rarement le genre de lieu où il était possible d’entrer juste pour regarder, car bien vite les vendeuses accaparaient les curieux pour leur lancer quelques conseils de vente. Ainsi, je n’avais jamais mis les pieds dans une bijouterie de luxe… ni dans une quelconque véritable bijouterie à vrai dire. Quoi que, peut-être cela m’était-il arrivé lors d’une recherche pour un cadeau commun pour notre mère, avec Fu Hai. Mais, finalement, cela m’avait peu marqué et je doutais que la bijouterie d’alors égalait de près ou de loin de celle de Tiffany. Je reportais bien assez vite mon attention sur mon aîné qui semblait s’être enfin décidé. « Et si elle n’aime pas ? » Bien que sa question fût tout à fait normale, j’étais presque étonnée de l’entendre dire une chose pareille. J’imaginais que le doute n’était pas un trait qui se lisait avec facilité sur son visage ; cela le rendait d’autant plus humain !

« Tout cadeau offert avec sincérité plaît. Elle l’aimera, sois en sûr. »

J’esquissais un sourire, puis regardais la vendeuse faire son travail, silencieusement. J’en venais à penser qu’elle faisait là un métier que je serais incapable d’effectuer ; accueillir, être toujours au top avec les cheveux tirés en arrière et un visage uniformément poudré. Elle revint avec le sac bleuté, où le nom de la marque ressortait en plein centre en de fines lettres argentées. Lorsque le prix fut annoncé, j’eus comme l’impression d’avoir du mal à respirer. Je cachais mon étouffement du mieux possible, en trouvant une attention toute particulière aux autres bijoux présentés non loin de nous. « Vous vous ressemblez. Vous pourriez être frère et sœur. » Sa remarque ne pouvait me mettre plus en joie, mais je retins un sursaut en entendant le déchirement sec et distinct du reçu sur le lecteur de carte. J’ouvris la bouche, prête à dire quelque chose mais la referma aussitôt lorsqu’il salua la vendeuse et fila hors de la boutique. Mon regard alla très rapidement entre sa silhouette qui s’éloignait et la vendeuse qui semblait légèrement pantoise.

« Au revoir, et merci. »

Dis-je rapidement, en saluant d’une légère inclinaison. Je tournais les talons et filais à mon tour hors de la boutique. J’espérais qu’il ne soit pas parti trop vite. J’avais soudain peur qu’il n’ait tourné dans une rue voisine, ou soit monté dans une voiture qui m’empêcherait alors de le rattraper. Toutefois, à ma grande surprise la lourde porte en verre resta ouverte et Ethan se tenait à côté. Il me remercia, et j’en fus profondément touchée. J’étais si contente d’être passée par là, et d’autant plus heureuse lorsqu’il me fit une proposition qui signifiait que nous allions passer un peu plus de temps ensemble.

« C’est vrai ?! … Avec grand plaisir alors ! »

Je mordais ma lèvre inférieure pour m’empêcher de sourire de trop. J’étais aussi excitée qu’une puce, mais essayais tant bien que mal de me contenir. J’avais presque l’impression d’avoir dix ans de moins. « C’est juste pour te remercier, te fais pas d’idée. » rajoutait-il alors. Je trottinais en dehors de la boutique, et me retournais rapidement, tout sourire, pour lui faire face.

« Oui je sais. Ce n’est qu’une exception. »

Je lui fis un clin d’œil, sans laisser s’échapper le rire qui me grattait pourtant la gorge. Il pourrait dire autant d’excuses qu’il le voudrait ; cela ne changerait rien au fait qu’il acceptait – pour une raison que nous ignorions encore – de passer un peu de temps avec moi. C’était tout ce qui comptait pour moi.

« Alors, où va-t-on ? »

Etant nouvelle dans les parages, il y avait très peu d’endroits que j’avais finis par repérer. L’avantage était que les magazines regorgeaient d’adresses pour un encas, quel que soit l’envie et le budget. Mais, je n’avais vraiment eu l’occasion d’en noter plusieurs pour les essayer. Qu’importe ce qu’il me propose, au final, je savais que je le suivrais. Je comptais profiter de chaque instant, aussi précieusement que possible.

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Ce message a été posté Mar 26 Avr - 16:08
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Peut être bien que la remarque de la vendeuse l'avait irrité. Une part de lui refusait toujours d'être associé à Jiao Li, et encore plus à Fu Hai qui était son portrait craché. En plus, il ne partageait pas son avis. Il regardait sa cadette et ne voyait aucune ressemblance. Elle tenait bien plus de leur mère. Et contrairement à Ethan, elle dégageait une certaine délicatesse. Alors il quitta la boutique sans prendre la peine de remercier la demoiselle qui s'était occupé de lui avec beaucoup de patience. Il la salua sèchement. S'il avait pu, il l'aurait remise à sa place mais bizarrement faire une scène devant Jiao Li ne l'enchantait pas. En un sens, il n'avait pas envie qu'elle garde une trop mauvaise image de lui. Elle était la seule, en dehors d'Uriyel, à ne pas le regarder comme s'il n'était qu'un monstre et il tenait à ce que ça reste ainsi.

Curieusement, même s'il aurait pu prendre la fuite dès son premier pas dans la rue, il attendit la jeune fille. Tandis que son instinct lui hurlait de prendre ses distances et de la fuir, il ne parvenait pas à faire taire son cœur qui mourrait d'envie d'apprendre à la connaître. Prendre un glace avec elle n'engageait rien, pas vrai ? Comme lors de leur première rencontre, il se jura de ne plus jamais la revoir ensuite. « Une exception pour te remercier, rien de plus. » Il essayait de rendre les choses aussi claires que possibles alors même que dans son esprit tout se mélangeait déjà.

« Je ne sais pas trop. Ce n'est pas mon style de... » Il ne termina pas sa phrase. Jiao Li avait de toute façon sûrement compris. Ethan ne sortait pas beaucoup dans la journée sauf si c'était pour des repas d'ordre professionnel. Il vivait plutôt la nuit. « On peut aller là. » Il pointa du doigt un petit salon de thé qui semblait plutôt sympathique et qu'il pensait susceptible de plaire à une jeune fille comme Jiao Li. Parce que oui, même s'il essayait d'avoir l'air détaché, il s'en souciait. Il poussa la porte et laissa la demoiselle lui passait devant. Il la suivit ensuite jusqu'au comptoir. « Prends ce que tu veux. » Si elle voulait s'éclater le bide, elle le pouvait. Pas de limite budgétaire avec Ethan. Après sa commande, il choisit à son tour et opta pour un milk-shake à la vanille. Il paya une nouvelle fois avec sa carte dorée puis ils s'installèrent avec leurs desserts respectifs à une table près de la fenêtre.

Et maintenant ? Gêné, il s’éclaircit la gorge puis sirota de longues gorgées de sa boisson glacée. Il ne se sentait absolument pas à l'aise avec tout ça. Il n'était pas sensé passer du temps avec elle. Il prenait un risque trop important. Pourtant, il n'arrivait pas à détacher son regard. Tout ce qu'il voyait c'était sa ressemblance avec leur mère. Alors au bout d'un moment, il finit par le lui avouer. « Tu lui ressembles beaucoup. » Il baissa les yeux et se mit à faire tourner sa paille dans son gobelet pour s'occuper. « Je suis plus comme mon père. » Cela le tuait de l'avouer. Il détestait être comparé à cet homme horrible mais il savait aussi que c'était la triste réalité. Il poussa alors un long soupir. Il valait peut être mieux changer de sujet et opter pour quelque chose de plus léger. « Tu n'as pas cours aujourd'hui ? » Ethan essayait de rester vague. Il tentait de se comporter comme une simple connaissance alors que, inconsciemment, il agissait plus en grand frère. Il s'intéressait à elle. Cela l'effrayait. Mais en même temps, il sentait aussi que Jiao Li n'avait aucun mal à faire tomber les barrières qu'il mettait entre eux.
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Ce message a été posté Mar 26 Avr - 19:21
Ni je n’haussais les épaules, ni je levais les yeux au ciel. Et pourtant, comme j’en mourrais d’envie à entendre sa remarque. Nous tournions terriblement en rond à être aussi têtus, mais, j’étais bien trop contente pour répondre quelque chose. Alors, je me contentais de répondre un fin « hu-hum » en acquiesçant d’un très léger, voire indistinct, signe de tête. Finalement, je lui demandais où nous allions aller. J’avais beau avoir parcouru le quartier quelques fois, je n’avais aucune idée d’où nous rendre. C’était quelque chose qui me plaisait beaucoup d’ailleurs ; découvrir une nouvelle ville. Je connaissais Tianjin comme ma poche, mais, ma ville natale n’avait rien de comparable à la capitale nippone. Je ne m’étais jamais sentie très grande, ni pleine de ressources, et en arrivant ici c’était encore pire. Je me sentais minuscule. C’était parfois effrayant. Toutefois, c’était surtout excitant ; cela attisait une curiosité nouvelle dont je n’avais pas forcément l’habitude de jouer.

« On peut aller là. » Je suivais du regard le lieu qu’il pointait du doigt, et n’attendit pas vraiment qu’il commence à marcher pour déjà enclencher mes pas. Non seulement j’allais passer du temps avec Ethan, et du coup, pouvoir faire un peu plus sa connaissance, mais en plus, nous allions manger. Ce dernier point étant sans doute mon passe-temps favori, j’étais on-ne-peut-plus ravie. Il ouvrit la porte, et je me glissais à l’intérieur du petit café. Un écho de voix de deux ou trois voix nous souhaita la bienvenue à l’unisson, et je prenais le temps d’observer chaque douceur proposée sur un menu. Ethan commanda un milk-shake, ce qui me fit soudainement envie jusqu’à ce que mes yeux se posent sur les parfaits. Fronçant légèrement les sourcils, j’étais en pleine réflexion quant à mon choix à venir. Après de longues secondes de silence, je finis par émettre mon choix.

« Je vais prendre un parfait au thé vert. »

Nous alliâmes nous asseoir à une table d’où nous pouvions observer la rue. C’était réellement une agréable journée. Je glissais les bretelles de mon sac à dos sur le dossier de ma chaise, alors que mon dessert fut posé devant moi. La coupe avait une taille assez conséquente, remplie de crème, glace et biscuit. Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour me saisir de ma cuillère et ramasser la mousse de thé vert qui trônait au-dessus du chef-d’œuvre. « Tu lui ressembles beaucoup. » Je croisais son regard, juste avant qu’il ne baisse les yeux. Je glissais doucement la cuillère hors de ma bouche. J’avais envie d’hurler que non, mais, n’en fit rien.

« On me l’a souvent dit… »

Répondis-je simplement, d’une petite voix. Alors qu’il comparait son état à celui de son père, je ne savais trop quoi répondre. Je me doutais qu’il n’avait pas été un homme formidable pour notre mère le fuit ainsi… mais, il n’en restait pas moins un père. Non ? Je n’en savais rien. Je n’osais pas trop en demander, de peur de raviver des souvenirs bien trop délicat.

« Je.. suis désolée… Désolée de lui ressembler, parce que, ce doit être une peine supplémentaire pour toi. »

C’était ainsi que je voyais la chose. Il avait sans doute essayé de grandir en oubliant, au moins à moitié, sa génitrice et voilà qu’un mini-portrait de cette femme se montrait devant ses yeux. Je ne savais pas trop de quelle façon je réagirais, si cela avait été ma situation. Alors, je ne pouvais qu’exprimer une excuse. Une excuse sans fondement, car je n’y étais pour rien. Mais, je voulais pas le faire fuir.
Finalement, le sujet glissa sur toute autre chose, et je retournais à l’attaque de mon parfait aux saveurs typiquement nippones.

« Non. L’avantage avec l’université est qu’on peut choisir quel cours avoir et quand. Alors, je me suis arrangée pour avoir quelques après-midi de libre. C’est pratique pour étudier, ou, comme aujourd’hui, sortir pour se changer les idées. »

J’avais bien plus tendance à sortir maintenant que j’étais au Japon que lorsque j’étais en Chine. J’avais tant l’habitude de rester enfermée soit dans ma chambre, soit à la bibliothèque… donc, en compagnie de mes bouquins, depuis plusieurs longs mois que c’était un changement presque radical dans mes habitudes. Je ne savais pas encore si c’était parce que j’avais trop de mal à me concentrer ou bien parce que j’avais cette folle envie de visiter chaque recoin de cette ville.

« Et toi ? Dois-tu retourner au travail plus tard ? »

Je l’imaginais très occupé dans son boulot. Je n’avais strictement aucune idée du poste exact qu’il occupait mais, je restais persuadée que ce ne devait pas être un simple emploi du bureau. Il avait un nom à porter, et sans doute toutes les responsabilités qui viennent avec. Ainsi, j'espérais secrètement qu'il me réponde par la négative afin que notre après-midi ensemble traine sur la longueur.

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Ce message a été posté Dim 1 Mai - 14:48
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C'était bizarre. Il n'aurait jamais imaginé une telle scène. Il observait Jiao Li et ne parvenait pas à s'habituer à tout ça, à l'accepter. Vous lui auriez raconté ça quelques semaines plus tôt qu'il ne vous aurait pas cru. Cela semblait si irréel. Ethan, assis dans un petit café, face à une demoiselle qui partageait son sang. Il n'y a pas si longtemps il se pensait encore fils unique. Il avait maintenant découvert que non seulement il avait un frère biologique mais qu'en plus une petite sœur était comprise dans le paquet. Une part de lui désirait se protéger et les rejeter. Il avait bien assez de problèmes ainsi. Inutile de rajouter une couche. Mais le destin tirait les ficelles d'un jeu tordu au sein de cette fratrie. Il les rapprochait contre la volonté de s'éloigner de l'héritier. Il essayait de rester derrière ses barrières cependant juste cet échange prouvait qu'il n'y arrivait pas et qu'au fond, il avait envie de les connaître. Il existait bien sur cette rancœur, il sentait aussi la colère qui l'envahissait à chaque fois qu'il pensait à l'affection maternelle dont ils avaient pu jouir mais le côté raisonnable d'Ethan lui rappelait qu'ils n'y pouvaient rien. Surtout Jiao Li qui n'était pas le fruit d'une union catastrophique mais bien d'un mariage heureux.

Il voyait leur mère partout. Dans le reflet de ses yeux, sa façon de lui sourire ou la forme de son visage. Elle dégageait la même douceur que dans ses souvenirs. Ça lui serrait le cœur. Il avait du mal à soutenir son regard à cause de ces ressemblances. Même si encore une fois, il savait qu'elle n'y était pour rien. « T'excuse pas pour ça. Tu n'y peux rien. C'est juste bizarre. Je n'ai eu qu'une photo toute ma vie pour me souvenir d'elle et puis toi tu débarques comme un fantôme qui serait revenu me hanter. » Pendant de longues années, Ethan s'était demandé où avait fui sa mère ou ce qu'elle était devenue. Au final, il avait choisi de considérer sa disparition autrement. Bien que dans son fort intérieur il lui avait souhaité tout le bonheur du monde, il lui avait crée un tombeau imaginaire. Ses souvenirs avec elle, il les avait enterrés.

Pour éviter le malaise et ce sujet de discussion épineux, Ethan orienta volontairement leur discussion sur un thème plus léger. Il n'était pas vraiment prêt à se confier, à parler de tout ça avec elle. Il mourrait pourtant d'envie de lui poser tout un tas de questions mais il n'avait pas décidé si c'était une bonne idée ou non d'entretenir une relation avec elle. Sirotant son milk-shake, il hocha doucement la tête à ses paroles. « Tu es une bonne élève ? » Il ne supportait pas cet intérêt incontrôlable qu'il lui portait. Il voulait la connaître mais se l'interdisait en même temps. Cette oscillation constante lui donnait presque la migraine.

« Normalement oui, mais je fais ce que je veux. Ça a ses avantages d'être le fils du grand patron. » Et ses nombreux inconvénients aussi. Les gens attendaient beaucoup de sa part. Surtout après son passé tumultueux. On le pensait incapable de prendre la suite et pour cette raison on lui mettait des bâtons dans les roues ou on guettait le moindre de ses faux pas. Tout était bon pour lui voler sa place. « Fu Hai travaille pour nous. Il te l'a dit ? J'imagine que c'était un moyen de m'approcher. » Ethan haussa les épaules. Toute cette histoire l'affectait. Il ne supportait pas si bien que ça l'idée que son frère ne soit venu à sa rencontre que pour obtenir une greffe de sa part et survivre. Il n'y avait rien d'autre. Il l'avait bien vu dans son regard, dans sa façon de se comporter. Sur ce point, ils se ressemblaient beaucoup. Ils partageaient aussi le même sale caractère. « Mais parlons d'autre chose. Ça sera mieux. » Mais il ignorait ce qu'il pouvait lui demander ou non. Il n'était pas très doué pour parler. Les relations avec les autres ça n'était pas vraiment son fort. En même temps, ils ne pouvaient pas prendre leurs desserts dans le silence, cela serait bien trop gênant. Autant pour l'un que pour l'autre d'ailleurs.

« Au fait, quel âge as-tu ? » Il savait que Fu Hai avait presque vingt-et-un ans grâce à son contrat. Il aurait pu aussi le deviner assez facilement puisqu'il savait maintenant que sa mère était enceinte au moment de l'abandonner. Jiao paraissait jeune. Elle devait sortir du lycée puisqu'elle avait été acceptée à RPS. Mais une question aussi bateau était malheureusement tout ce qu'il avait trouvé à dire. Il n'osait déjà plus la regarder, occupé à jouer avec la paille de son milk-shake.
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Ce message a été posté Mar 3 Mai - 9:34
J’avais souvent été ravie lorsque j’entendais certaines personnes me comparer à ma mère ; nos visages étaient similaires, ainsi que nombreuses de nos expressions. J’avais attrapé certaines de ses manies. Cela ne m’avait jamais dérangé, car, au final, j’étais fière d’être la fille d’une telle femme. Maintenant, c’était tout autre chose. Non pas que j’en étais dégoutée, mais, la frustration était encore trop grande et chaque comparaison avec cette femme laissait à présent un arrière-goût doux-amer. Mais, je n’étais pas la plus à plaindre. « Je n’ai eu qu’une photo toute ma vie pour me souvenir d’elle et puis toi tu débarques comme un fantôme qui serait venu me hanter. » Je lâchais un très léger soupir, presque muet, à l’entente de ces mots. Je ne savais quoi y répondre… Toutefois, une certaine curiosité pointait le bout de son nez. Je voulais voir cette photo. Au final, notre mère n’avait pas tant de clichés d’elle plus jeune. Elle était sans doute partie si vite de son ancienne vie, qu’elle en avait laissé derrière non seulement un enfant, mais aussi tout un tas de souvenirs sur papier glacé. J’en venais à me demander si elle aussi avait secrètement gardé une photographie d’Ethan, quelque part dans une boite enfouie dans sa table de chevet… Une boite qu’elle ouvrirait de temps à autres, pour se replonger dans le souvenir d’un enfant qu’elle aimait sans doute malgré tout.

Alors que je plongeais avec entrain ma fine cuillère au long manche dans ma pâte d’haricot rouge, notre discussion dériva sur l’école. « Tu es une bonne élève ? » Je laissais la pâte rougeâtre fondre sous ma langue, laissant un goût à peine sucré dans ma bouche avant de répondre. Je ne voulais pas paraître arrogante à répondre un simple « oui ». Pourtant, cela n’aurait été que la pure vérité.

« Disons que j’ai de certaines facilités. »

Oui, c’était mieux dit ainsi. Je n’étais pourtant pas de ces élèves qui n’ont pas besoin d’étudier pour se souvenir d’une leçon. J’étais de ces personnes qui doivent passer de longues heures à étudier pour se souvenir de chaque parcelle d’un cours, mais, qui ne se lassent pas au bout d’une quarantaine de minutes et dont la mémoire flanche au bout de trois semaines. Ainsi, dire que j’avais des facilités n’était pas totalement faux. Le fils du grand patron, disait-il. J’esquissais un sourire amusé. Pour rien au monde je n’aurais apprécié être à sa place. Être dans une vie modeste et la fille de personne était quelque chose qui me convenait amplement… Pourtant maintenant, j’étais la demi-sœur de ; car Ethan était loin de passer inaperçu.

« Vraiment ? Oui. Enfin non. Enfin… On n’en a pas vraiment parlé. Avant qu’on se rencontre toi et moi, je n’avais aucune idée qu’un certain Ethan Beckford était mon frère aîné. Fu Hai ne m’avait rien dit. »

C’était un sujet encore un peu houleux. J’espérais qu’il me croit lorsque je disais cela. J’avais plus ou moins deviné que notre frère se trouve au Japon pour que Fu Hai s’y rende si rapidement. Je savais aussi que ma mère lui avait donné l’identité complète d’Ethan mais, j’avais été laissé de côté. Je l’avais appris lorsque l’Anglais m’avait hurlé dessus dans le parc, mais pas avant.

« Dix-huit ans. Et toi ? Non, laisse-moi deviner. »

Je tournais ma cuillère dans mon parfait presque terminé, examinant son visage avec un peu de trop de sérieux pour la situation. Puis, après de longues secondes dramatiquement silencieuse je repris parole.

« Vingt-six ! Ou, peut-être vingt-cinq ? Mais, pas plus. Enfin, je pense pas… Alors, verdict ? »

Je le regardais, dans l’attente de ma réponse. Je pensai soudain que j’aurais tout simplement pu dégainer mon téléphone portable et chercher l’information sur internet. J’étais persuadée qu’elle était très facile à trouver. Mais, cela n’aurait pas été intéressant. Très rapidement, je glissai la main dans mon sac à dos, en tirai un polaroïd que je trimbalais partout avec moi. En une fraction de seconde, je filais à côté d’Ethan et pris non pas une, mais deux photos. Je me rassis sur ma chaise aussi rapidement que je l’avais quitté, observant les clichés se teindre en silence. Ils étaient presque similaires. J’en tendis alors un à Ethan, en souriant.

« Aujourd’hui a beau être une exception, cela n’empêche pas d’en garder des souvenirs. »

A ces mots, je rangeais mon appareil et glissait le papier rectangulaire dans mon portefeuille où une autre photo de moi et Fu Hai prenait déjà place. J’espérais qu’il la garde. Ou, qu’il la jette plus tard. Pas tout de suite, et pas devant moi. Qu’il fasse au moins semblant, même un court instant.

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Ce message a été posté Mar 3 Mai - 18:41
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Ethan était la définition même du cancre durant sa scolarité. Il n'écoutait pas, perturbait la classe et ne travaillait jamais. Il rentrait avec résultats catastrophiques. Mais c'était volontaire. Il le faisait pour attirer l'attention de son père. Ça fonctionnaire d'ailleurs puisqu'il récoltait des coups ou dans le meilleur des cas une bonne gifle. En vérité, il aurait pu être un excellent élève. Il l'avait été au début et ses enseignants s'acharnaient à dire qu'il pouvait mieux faire sauf que ça ne l'intéressait pas. Puis à la fin du lycée, à peine son diplôme obtenu, son père l'avait foutu dans un avion pour le foutre en cure. Il avait ensuite tout appris sur le tas. Aujourd'hui, il tenait un rôle plutôt important au sein de la filiale japonaise et bientôt il aura le contrôle totale sur toute la compagnie.

Il imaginait Jiao Li en bonne élève. Elle en possédait l'allure. Plus il lui parlait, plus il constatait qu'elle était une jeune fille intelligente et pleine de bon sens. Ce qui se faisait plutôt rare à son âge. Il se souvenait des idiotes superficielles qu'il fréquentait au lycée et était fier de découvrir que sa petite sœur n'en faisait pas partie. « Ce qui veut dire que tu es une excellente élève. » Ethan lisait entre les lignes assez facilement. Il espérait que ça ne sonnait pas trop comme un reproche. Il suffisait de le regarder hocher la tête pour comprendre qu'il était en fait ravi d'apprendre ça.

En dehors des conflits qui subsistaient entre lui et Fu Hai, de ce que représentait la découverte de son existence ainsi que celle de Jiao Li, Ethan devait aussi veiller à garder tout ça secret. Il ne fallait surtout pas que cette information se répande. D'abord parce qu'il n'osait pas imaginer la réaction de son père s'il apprenait qu'il avait un second fils, ensuite parce que la presse et leurs concurrents se feraient un plaisir de se jeter sur l'histoire. L'héritier n'avait pas envie de ça. Il regardait Jiao Li et il espérait pouvoir la protéger le plus longtemps possible. C'était aussi pour cette raison qu'il préférait éviter d'entretenir un lien avec elle. « Ce qui explique pourquoi tu ne me regardes pas de la même manière. » Bien sur qu'il la croyait. Si vraiment elle avait connu son identité avant de venir et fait des petites recherches à ce sujet, elle ne serait pas aussi heureuse de faire sa connaissance. Fu Hai avait débarqué dans son bureau avec des yeux assassins. Il détestait son nouveau grand frère pour tout ce qu'il représentait. Un héritier égoïste et arrogant. Ce qu'il était en partie. « Je suis sûre qu'ils voulaient te protéger. Tu ne peux pas leur en vouloir. Ta mère a dû penser que c'était mieux si tu restais à l'écart. Imagine ce qui arriverait si on venait à découvrir que l'unique hériter Beckford ne l'est en fait pas du tout. » Malgré tout, il essayait encore de la dissuader et de la repousser. Il avait beau sentir que rien ne la ferait changer d'avis, il se devait de tout tenter. « Tu n'as pas envie d'être la petite sœur d'Ethan Beckford, tout comme ton frère ne veut rien avoir à faire avec nous. C'est pour votre bien. » Sur ces paroles sages, il sirota plusieurs longues gorgées de son milk-shake.

Dix-huit ans ? Si jeune encore. Elle sortait à peine de l'adolescence et elle se retrouvait mêlée à tout ça. Il dissimula derrière sa main un sourire amusé lorsqu'elle proposa de deviner son âge. « Fais attention à ce que tu vas dire. » Plaisanta-t-il doucement. Elle tapa juste dès le début. « Vingt-cinq. » Il lui adressa un clin d’œil pour la récompenser. Petit à petit, il commençait à se détendre.

Mais il ne l'était pas encore suffisamment pour la suite. Totalement surpris, il eut à peine le temps de cligner des yeux que par deux fois un flash l'éblouit. Il se les frotta ensuite pour les soulager et fronça les sourcils. Elle ne venait pas vraiment de faire ça ? Il n'en revenait pas. Quelle audace ! Elle n'avait pas froid aux yeux. Elle lui tendit l'une des photos et du bout des doigts Ethan la saisit. Leur image apparaissait progressivement. Il ne la quitta pas des yeux et était en quelque sorte -et aussi curieux que cela puisse paraître- impatient. Jiao Li était mignonne dessus. Lui, pas du tout. « J'ai une sale tête dessus. » Sans trop réfléchir, il imita la jeune fille et la glissa dans son portefeuille. « Tu vas vraiment la garder ? » Demanda-t-il alors qu'il fixait toujours ce petit bout d'eux.

Son milk-shake vide, il le secoua pour voir la paille tourner au milieu du gobelet. Il venait de payer sa dette envers Jiao Li, mais avait-il envie de la laisser partir aussi vite ? Pas du tout. Il ravala sa salive, et par la même occasion sa fierté, pour lui proposer autre chose. « Tu veux faire les magasins ? » Il ne précisa pas 'avec moi' parce que rien que cette question lui écorchait déjà la bouche mais Jiao Li devinerait sans mal qu'il le sous-entendait.
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Ce message a été posté Jeu 5 Mai - 21:29
Si j’étais une excellente élève, comme il venait de le dire, c’était en partie grâce à Fu Hai. Ce dernier, aussi longtemps que je puisse m’en souvenir, a toujours mis un point d’honneur à ce que j’étudie correctement. Je sais qu’il n’a jamais vraiment apprécié l’école, alors, peut-être qu’avoir une petite sœur qui étudie dur compensait, selon lui. Je ne savais pas trop. Toujours fut-il qu’écoutant sans aucun doute bien plus mon frère ainé que mes parents, j’avais simplement suivi ses conseils et étudié avec acharnement. Cela m’avait apporté beaucoup ; je m’en rendais compte maintenant. J’avais pu passer les examens d’entrer au collège et au lycée sans trop de mal, et j’avais pu dégoter une bourse d’étude pour l’université. C’était un beau parcours qui m’aiderait sans aucun doute lorsque j’entrerai sur le marché du travail à la fin de mes études. Toutefois, cela avait également été un peu cher à payer. J’avais très vite pris l’étiquette de la bonne élève ennuyante que les enseignants soi-disant préféraient ; ce qui m’avait valu de longues journées en solitaire, et plusieurs brimades. Je ne pense pas en avoir souffert, pas vraiment mais, cela reste malgré tout un souvenir un peu décevant.

Nous en vinrent à nouveau à dépoussiérer un recoin de notre relation à tous les trois. J’avais cette lourde impression que nous pourrions en parler pendant des heures, les choses ne se règleraient pas pour autant. Ethan n’était pas n’importe qui, et il avait été approché pour une raison purement médicale au départ… C’était compliqué, bourré de quiproquo et de préjugés. J’avais cessé de compter le nombre de soirée que j’avais passé à ruminer dans mon coin toutes les possibilités d’échanges que nous pourrions avoir afin que les choses s’éclaircissent enfin et prennent un tournant positif.

« Tu as sans doute raison, mais, ce n’est jamais très plaisant d’être mis de côté pour un sujet si important. »

Oui, je n’avais pas vraiment apprécié tout découvrir par moi-même. Je comprenais pourquoi rien ne m’avait été dit. Toutefois, j’avais bien du mal à l’accepter. Ce n’avait été qu’une bribe supplémentaire d’un dissimulé sous une once de secret. J’appréciais les situations claires et franches. J’étais sans doute trop têtue pour douter de mes capacités à prendre en main n’importe quelle situation, sans penser que parfois il est préférable de ne pas savoir. Cela, je ne voulais rien en entendre.

« C’est peut-être pour mon bien, comme tu dis. Toujours est-il que je me considère déjà comme ta sœur, que tu le veuilles ou non. »

A ces mots, je croquais dans le biscuit qui avait au départ trôné sur le haut de mon parfait, et que j’avais retiré pour le garder pour la fin. Un léger goût de spéculos tintait sa pâte dorée. Il était délicieux à souhait.

« Mais, n’en parlons plus pour le moment. Profitons plutôt de cette jolie journée. »

Je n’avais pas envie de relancer le débat. J’avais peur que cela tourne mal, que nous en finassâmes par se séparer sur de mauvaises notes. Je craignais tellement d’avoir une mauvaise relation avec Ethan, et que nos problèmes se concluent trop vite, que je voulais éviter le sujet pour le moment. J’avais bien trop crainte de ce qui pourrait advenir.
Le sujet dériva sur nos âges respectifs. J’étais ravie d’apprendre le sien. Cela permettait de mettre des dates à son visage, c’était plaisant. J’espérais que grâce aux longues minutes passées en sa compagnie j’arriverais à savoir bien des choses à son sujet ; même si, au fond, je savais qu’il n’appréciait aucunement cela. J’en vins à mes photographies instantanées. J’étais très satisfaite de moi. « J’ai une sale tête dessus ». A ces mots, j’examinais à nouveau le cliché.

« Mais non ! Tu dis n’importe quoi ! »

Je la glissais dans mon portefeuille, que je rangeais dans mon sac avant d’ajouter :

« Bien évidemment ! J’espère que tu en feras de même. »

Dis-je avec un large sourire. Je croisais secrètement les doigts pour qu’il la garde, malgré son avis totalement négatif et insensé sur la tête qu’il pouvait faire dessus. Cela, je n’en avais rien à faire. Je fixais un instant la coupe allongée de mon parfait terminé. Perdue dans mes pensées, je me dis qu’il me faudrait que je revienne ici. Je savais parfaitement avec qui venir ; une demoiselle rencontrée sur le campus et qui partageait la même gourmandise que moi. Oui, elle apprécierait surement ! Alors, Ethan fit une proposition qui me prit de court. J’étais loin de m’imaginer qu’il proposerait de lui-même d’aller faire un tour.

« Oui ! J’aimerais beaucoup ! »

J’avais bien du mal à garder mon enthousiasme pour moi, et me retenir de sourire était de toute façon déjà peine perdue. Alors, je me contentais de me lever de ma chaise et de mettre mon sac à dos sur mes épaules. Nous sortîmes du petit café, et je m’arrêtais net en posant une main sur son bras.

« Par contre… Je te préviens, je ne suis pas une grande habituée de ce genre de passe-temps. »

Un sourire maladroit, je retirais ma main de son bras. Je préférais le faire remarquer. J’appréciais faire les boutiques. Le concept était intéressant mais, j’avais eu de rares occasions de le faire et je n’étais pas très douée avec ce genre de choses. Il aurait été bien difficile de croire qu’un de mes frères ainés travaillait comme modèle !

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Ce message a été posté Lun 9 Mai - 20:32
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Ethan imaginait sans mal les termes de la séparation de ses parents. À l'époque, sa mère avait peut être menacé son père de dévoiler au monde entier quel homme violent il était, ce qui n'aurait pas été bon pour l'image de gentleman qui accompagnait sa marque. Elle lui avait certainement demandé de la laisser tranquille, de ne pas la chercher, en échange de quoi elle avait gardé le silence et refait sa vie. Il ne se la représentait pas réclamer de l'argent, pas dans sa position sinon il aurait pu l'acheter pour la garder à ses côtés. Elle ne devait pas être une femme vénale ou apprécier le luxe puisqu'elle n'avait eu aucun mal à quitter tout ça. Ethan se demandait à quoi ressemblait sa nouvelle vie, sa maison, son nouveau travail et même son nouveau compagnon. Qui était l'homme qui avait élevé son frère comme s'il était son enfant et très certainement en étant au courant de ce lourd secret ? Et au milieu de tout ça, il y avait Jiao Li. Il comprenait ce qu'elle ressentait. Il essayait de se mettre à sa place alors même que la compassion et l'empathie ne comptaient pas parmi ses qualités.

Mais il savait surtout pourquoi leur mère avait fait ça. Pour protéger ses enfants. Ne rien leur dire parce que ce n'était pas nécessaire d'entacher leur bonheur, de prendre le risque de les voir partir à la rencontre de ce frère encore sous le joug d'un sale type égoïste. Elle avait sûrement eu peur aussi que Fu Hai veuille connaître l'identité de son géniteur. Voilà que la maladie de ce dernier bouleversait tout. « Mais ne reste pas fâchée contre elle, d'accord ? Si tu veux me faire plaisir, ne lui en veux pas. Parce que moi, je suis de son côté pour ça, je ne lui en veux pas de vous avoir protégé. » Cela signifiait bien qu'en revanche il lui en voulait pour autre chose, pour son abandon. Évidemment qu'il la détestait de l'avoir laissé derrière, de ne jamais avoir pris de ses nouvelles, de ne pas avoir pensé à l'enfer qu'il allait vivre sans elle. Malgré tout, il n'aurait jamais souhaité mettre Fu Hai ou Jiao Li en danger. Personne ne méritait de supporter ce qu'il était obligé d'endurer, de garder pour lui.

« Demi-sœur. » Rectifia-t-il à voix basse, une façon pour lui de se protéger et d'établir de la distance entre eux. Il n'avait vraiment pas envie de s'attacher à elle. Il craignait bien trop de devoir revivre l'expérience de l'abandon. Il n'était pas sur d'y survivre une nouvelle fois. Mais Jiao Li avait raison. Ils pouvaient très bien profiter de cette petite parenthèse au milieu de cette histoire de fou. Dire que quelques semaines plus tôt, il était encore fils unique.

Il contemplait maintenant la photographie où leurs visages apparaissaient. Lui, pris de court, n'était pas à son avantage. Heureusement que Jiao Li était adorable dessus. C'était une belle jeune fille. Elle devait attirer les regards des hommes. Il en avait eu la preuve d'ailleurs lors de leur rencontre au parc. Sans prendre la peine de lui dévoiler si oui ou non il avait l'intention de la garder, il la glissa dans son portefeuille qu'il remit ensuite dans la poche de sa veste. Il n'avait pas envie de lui dire qu'il risquait peut être de faire plus que la préserver et plutôt la chérir comme un petit trésor, son secret et sa faiblesse bien gardées.

Dans la perspective de profiter de ces instants volés, il lui proposa d'aller faire les magasins. Ethan se retint de sourire devant son enthousiasme. Il l'imita et se leva à son tour, sans oublier d'emporter son petit sachet bleu turquoise ainsi que le reste de son milk-shake. « Vraiment ? » S'étonna-t-il. Il avait l'impression que toutes les filles aimaient ça. Toutes celles qu'il avait fréquentées adoraient cette activité en tout cas. Elles le traînaient toujours parce que c'était classe d'être au bras d'un Beckford et de tout se faire offrir. « Tu as un frère mannequin, le même sang qu'un Beckford, enfin deux Beckford en l’occurrence, et tu ne passe pas ton temps dans les boutiques ? » Il la taquinait un peu. Qu'elle ne soit pas de ce genre l'enchantait en vérité. C'est pourquoi il l'entraîna avec lui non pas vers les petits magasins abordables par la classe moyenne mais directement vers l'avenue qui regroupait tous les enseignes luxueuses.

Il tira la porte de l'une d'elle et aussitôt un vendeur les accueillit. « Monsieur Beckford. » Ethan hocha la tête pour le saluer. Il ne supportait pas qu'on l'appelle ainsi parce que ça lui rappelait son père mais en même temps il allait bien devoir s'y faire, un jour il sera bel et bien le nouveau Monsieur Beckford. Dans les rayons, il suivit Jiao Li et contempla parfois le tissus des vêtements. Lorsqu'il la vit s'arrêter devant une petite robe, il désigna les cabines d'un mouvement de menton. « Enfile-la. » Les cabines d'essayages étaient immenses. Ethan l'accompagna jusqu'à l'une d'elle puis l'attendit sagement devant en jetant un œil à ses mails grâce à son téléphone. Quand elle ressortit, sa bouche s'ouvrit laissant s'échapper la paille de sa boisson. La robe tombait plutôt bien sur la demoiselle et lui allait à ravir. Il s'approcha pour remonter tout en haut la tirette qui se trouvait dans son dos puis il contempla leur reflet dans le miroir devant eux. « Elle te plaît ? » Questionna-t-il par simple précaution, car bien sur, il voulait déjà dégainer sa carte gold pour la lui offrir.  
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Ce message a été posté Mar 10 Mai - 18:02
Ne pas rester fâchée contre elle. Pas trop longtemps en tout cas. Une partie de moi ne pouvait qu’acquiescer face à ces dires. Je savais pertinemment que cela ne mènerait à rien de ne plus parler à ma mère ; cela finirait par faire du tort à tout le monde dans la famille, et ce n’était pas quelque chose que je souhaitais. Toutefois, tout était encore bien trop frais pour que je laisse couler. J’avais besoin de temps. Pour le moment, je profitais du fait d’être à des centaines de kilomètres d’elle pour m’apaiser. C’était loin de fonctionner, étant donné la relation tumultueuse qu’entretenaient Fu Hai et Ethan. Au final, cela ne faisait que nourrir chaque sentiment négatif que j’avais à l’égard de cette femme. Si elle avait emmené Ethan avec elle à cette époque, alors nous n’en serions pas là. Enfin, je n’en savais pas grand-chose à vrai dire. Je ne faisais que supposer, encore et encore. Je passais mon temps à retourner un passé que je connaissais à peine, et chaque hypothèse me rendait un peu plus mal à l’aise. Peut-être étais-je trop jeune pour comprendre ? Personne ne m’avait jamais dit cela « Tu es trop jeune pour comprendre ». J’avais toujours été la plus mature, la plus sérieuse, celle qui apprécie les débats fondés. Mais maintenant, je me rendais compte que je n’étais encore qu’une enfant. Je m’en rendis particulièrement compte lorsqu’Ethan me dit qu’il la soutenait pour ce qu’elle avait fait, qu’il comprenait… Malgré sa souffrance, il comprenait. Mais moi, j’étais révoltée. C’était terrible. Et, c’était d’autant plus terrible que je ne savais pas quoi répondre à cela… Que pouvais-je ajouter d’autre ? Je n’étais pas faite pour haïr, mais, j’étais encore bien trop têtue pour me l’avouer.

Je me contentais donc d’acquiescer d’un léger signe de tête, sans lever les yeux vers lui. Je le respectais beaucoup, ce jeune Anglais. Bien plus qu’il ne souhaitait que ce soit le cas sans doute. J’esquissais un sourire à son « demi-sœur ». Une petite correction qui ne me fit ni chaud ni froid. Il était mon aîné, que nous partagions qu’une moitié de notre sang n’était qu’un minuscule détail à mes yeux.
Finalement, il rangea la photographie dans son portefeuille. J’en étais ravie. Je jubilais à l’intérieur. Ce n’était pas grand-chose, mais, c’était déjà cela de gagné. Une petite bataille en plein milieu d’une grande guerre. Enfin, nous nous décidâmes à sortir sous sa proposition d’aller faire quelques boutiques. Je n’avais strictement aucune idée d’où nous allions réellement aller, ni de quelle façon cela allait se dérouler. Je m’étais donc décidée à le prévenir que faire les boutiques était loin d’être une de mes activités favorites. Non pas que je n’appréciais pas cela. Mais, je portais que très peu d’attrait à la mode. « Tu as un frère mannequin, le même sang qu’un Beckford, enfin deux Beckford en l’occurrence, et tu ne passes pas ton temps dans les boutiques ? » Je ne puis me retenir de rire à sa remarque, qui rendait la situation d’autant plus ridicule. C’était bien difficile à croire, effectivement.

« Il y a une exception dans chaque famille ! Mais, j’apprends vite. Je suis certaine que je finirais par y prendre goût. »

Ce n’était pas impossible. Mon quotidien allait de changement en changement, et, je ne serais pas étonnée si quelques-uns de mes passe-temps finiraient par évoluer vers quelque chose de nouveau. J’imaginais que cela prendrait du temps, mais, si cela voulait dire rencontrer de nouvelles personnes et grandir vers une nouveauté positive alors j’étais preneuse.
En quelques pas, nous nous retrouvions sur une large avenue où chaque enseigne se démarquait des autres. J’avouais sans honte ne pas en connaître certaines. Je fis de grands yeux ronds en passant devant une ou deux vitrines, tant les vêtements et accessoires présentés-là étaient plus que farfelus à mes yeux. Je remarquais également que les prix n’étaient pas affichés, ce qui me mit légèrement mal à l’aise. Finalement, nous entrâmes dans une boutique qu’Ethan choisit. A entendre l’accueil personnel du vendeur, le jeune homme devait y avoir ses habitudes. C’était étrange. Je me sentais minuscule. Toutefois, je décidais que regarder un ou deux vêtements ne tuerait personne. Alors, d’un pas lent je voguais vers les présentoirs, glissant doucement mes doigts sur certains tissus. Une robe en particulier interpela mon regard. Elle était d’un vieux rose, avec des manches longues. Le tissu semblait épais, mais peu chaud. Parfait pour la mie-saison. Je m’attardais dessus, sans oser la toucher d’avantage. « Enfile-la ». Je retins un sursaut, et regardai Ethan avec étonnement.

« Tu crois ? »

Sans en ajouter d’avantage, je saisis le fin cintre et me dirigeai vers les cabines. Jamais de toute ma vie je n’avais eu autant de place dans une cabine d’essayage. J’avais suffisamment de place pour y poser ma veste, m’asseoir et même mon sac n’avait pas besoin de trainer dans un coin par terre. Retirant mes vêtements, je pris quelques minutes à enfiler la robe. N’ayant réussi à remonter la tirette jusqu’en haut, je sortis de la cabine avec une main plaquée sur le milieu de mon dos. Ethan s’approcha et ferma correctement la robe. Nos deux reflets dans le miroir étaient presque étranges. Je n’étais pas habituée à me voir vêtue ainsi.

« Elle est très belle. Qu’en penses-tu ? »

Je lui demandais son avis sans aucune arrière-pensée. J’étais déjà préparée à l’idée de quitter la robe au doux tissu, à le remettre sur son cintre et à la laisser derrière moi. Je remarquais que nous nous ressemblions bien plus, vêtus tous deux comme sortis du même univers. Ce n’était pas un sentiment désagréable.

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Ce message a été posté Mer 11 Mai - 18:21
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Cette journée lui permettait de goûter à ce qu'aurait pu être sa vie et sa relation avec Jiao Li si les choses s'étaient passées différemment. Si, par exemple, sa mère l'avait emmené avec elle ou si elle était revenue le chercher ou encore si elle avait pris la peine de lui écrire, de lui donner des nouvelles. Ethan était certain qu'il ignorait beaucoup de choses sur la séparation de ses parents. Peut être que son père avait tout fait pour la dissuader de garder contact avec lui, peut être qu'il voulait à tout prix garder son petit héritier pour faire bonne figure malgré le départ de sa femme. Cela lui ressemblait bien. Malheureusement, Ethan se rendait compte quand il entendait Jiao Li rire de tout ce dont il avait été privé. La normalité, la famille, l'amour. Tant de choses qu'il ne connaissait que trop peu et cela l'handicapait véritablement dans son quotidien, dans ses rapports avec les autres.

Il appréciait de découvrir ces petits détails au sujet de Jiao Li. Ainsi, au contraire de ses frères, elle n'était pas très familière avec le monde de la mode. Un comble tout de même. Fu Hai était le mannequin le plus populaire de ces dernières années en Chine et Ethan le successeur à la tête de Beckford, cette marque luxueuse spécialisée dans les costumes. « Difficile de croire que tu n'as pas profité de la popularité de ton frère. Tu n'étais pas intéressée par les strass et les paillettes ? » Ethan était né dedans. Plus que d'être son quotidien, ça faisait partie de lui. On guettait le moindre de ses faits et gestes, on l'attendait au tournant, on l'invitait aux soirées mondaines et aux galas de charité. Il était assis au premier à tous les défilés, se rendait à chaque fashion week et voyageait constamment.

Ils pénétrèrent ensemble dans une des luxueuses boutiques de l'avenue. Ethan suivit sa petite sœur entre les rayons. Il remarqua qu'elle frôlait à peine les vêtements. Elle ne devait vraiment pas être habituée. Néanmoins, elle s'arrêta sur une robe. Celle-ci semblait même lui avoir tapé dans l’œil. Ethan avait fini par réussir à lire ça sur le visage des femmes. Si en général elles le laissaient transparaître uniquement pour le faire sortir sa carte bleue, cette fois il se rendit compte que Jiao Li était juste une petite demoiselle fragile dans cet univers.
Il l'accompagna jusqu'aux cabines et patienta sagement le temps qu'elle enfile la robe. Lorsqu'elle ressortit, elle ressemblait à une petite princesse. Elle dégageait aussi la même classe que sa mère autrefois, du moins de ce qu'il avait pu voir sur les photos. Ethan la prit par les épaules et la guida jusqu'au miroir. Il remonta la tirette dans son dos pour qu'ils puissent tous les deux mieux admirer le résultat. Ethan avait du mal à cacher son sourire. Il essayait de garder une expression neutre mais on pouvait distinguer le coin de ses lèvres qui se relevaient un peu. « Tu es ravissante. » Souffla-t-il perdu lui aussi dans la contemplation de leur reflet. Là, ils avaient encore plus l'air d'un frère et d'une sœur. Côte à côte ainsi, Ethan pouvait même repérer quelques petites ressemblances. Mais le vendeur vint les tirer de cet instant presque magique. « Votre copine la porte très bien. » Ethan fronça les sourcils. Tout le monde était au courant pour son mariage arrangé alors cette remarque le fit grincer des dents. Il ôta ses mains des épaules de Jiao Li et pivota. « Elle fait partie de la famille. » Et à ce compte, il présumera sans doute qu'il s'agit d'une cousine. « Oh, excusez-moi. » Il s'adressa ensuite directement à la jeune fille. « Désirez-vous voir les bijoux de la même collection ? » Ethan hocha la tête et le congédia d'un signe de la main.

Pendant que le vendeur courait leur chercher ça, il en profita pour questionner Jiao Li. « Est-ce que tu la veux ? » Il ignorait encore le prix mais il s'en fichait. Ça ne changeait rien pour lui. Il était habitué à dépenser des sommes astronomiques, la jeune fille l'avait sans doute remarqué lorsqu'il avait acheté la bague de fiançailles. On leur apporta alors les bijoux et tandis qu'il donnait les boucles d'oreilles à Jiao Li, il lui passa lui-même le collier autour du cou. « Ça te va vraiment bien. » Il se pencha à son oreille pour éviter que le vendeur ne les entende. « Une vraie petite Beckford. » Dit sur le ton de la plaisanterie, elle espérait qu'elle ne le prendrait pas mal. Car bien sur, il n'était pas en train de l'assimiler à son père mais bien à lui.   
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Ce message a été posté Ven 13 Mai - 10:53
C’était dans ces moments-là où je me rendais réellement compte de ma différence avec la plupart des demoiselles de ce monde. Je n’appréciais pas faire de généralité et tenir haut et fort les propos que je m’amenais à penser était sans doute profondément idiot. Pourtant, en règle générale, la célébrité attire. Je connaissais mon corps, je savais que j’avais un visage qui n’inspirait pas le dégoût. Ainsi, lors que Fu Hai avait débuté dans l’univers de la mode, j’aurais très bien pu me montrer. J’aurais pu profiter de la situation, me faire remarquer et cela aurait parfaitement pu déboucher sur quelque chose de grandiose. Toutefois, tout cet univers me passait au-dessus de la tête. J’étais ailleurs. Je n’en souffrais pas particulièrement, car j’avais mes propres passe-temps, loin d’une vie sociale tumultueuse d’une personne qui touche à un univers brillant de flashs et de beaux vêtements. Toutefois, il m’arrivait de me demander si c’était normal… Et la remarque d’Ethan me ramena à ce questionnement qui demeurait, et demeurerait sans doute, sans réponse.

« Pas vraiment. Ce n’est pas un monde qui me met à l’aise… je crois… »

J’haussais les épaules, une légère moue de réflexion peinte sur le visage. A vrai dire, je ne savais pas vraiment quoi répondre. J’étais impulsive, dynamique et parfois un peu trop franche. Faire partie d’un univers où il faut se créer une image lisse et faire face à la critique n’était peut-être pas fait pour moi. J’étais malgré tout curieuse de cela, mais, au fond j’en avais peut-être peur aussi.
J’avais bien du mal à croire que j’avais mis les pieds dans une si jolie boutique. La décoration était épurée. Il y avait à peine plus d’un ou deux modèles d’exposés pour chaque vêtement. L’environnement était calme, et je me sentais un peu gauche. Je ne pouvais malgré tout nier le fait que j’avais des étoiles dans les yeux en regardant certains habits, bien que je me gardais de trop le montrer. Finalement, mon attention fut piquée par une robe aux tons clairs. Elle semblait simple, mais non pas moins travaillée. Une fois enfilée, j’eus comme une sensation étrange. Me voir ainsi, dans mon reflet m’intrigua. J’avais presque l’impression de faire une autre personne ; un personnage sorti d’ailleurs, dont l’histoire pourrait être différente de la mienne. Notre reflet m’inspira ce qu’aurait pu être une journée banale entre frère et sœur vivant dans le même monde, sans ce léger malaise qui prenait souvent place entre nous. Finalement, je lui demandais son avis et il me complimenta, ce qui me fit légèrement monter du rouge aux joues et esquisser un sourire. Alors que j’entrouvrais la bouche pour prendre à nouveau parole, un vendeur s’approcha de nous et fit une remarque légèrement maladroite qu’Ethan ne sembla guère apprécier. Je me tournais à mon tour. « Elle fait partie de la famille. » Une phrase, lancée en l’air, et qui ne voulait sans doute pas dire grand-chose, mais qui ne pouvait me faire plus amplement plaisir. J’espérais malgré tout que ce vendeur ne soit pas trop bavard, car, je ne voulais pas causer de tort à Ethan avec cette phrase qui cachait bien plus de vérité qu’il ne l’aurait sans doute souhaité. Je n’eus le temps de dire qu’il n’était pas nécessaire d’amener plus de fanfreluches, mais le vendeur déguerpit aussi vite qu’il était arrivé, profondément enchanté de la nouvelle mission qu’il venait de prendre.

« Pardon ? »

Je regardais Ethan avec de grands yeux, prise de court face à sa question. Voulais-je la robe, demandait-il. Par réflexe, je posais le regard sur le vêtement que j’étais en train de porter, touchant doucement du bout des doigts la bordure du tissu que je trouvais d’une douceur incroyable.

« Non. Non, non, non…. Ce serait bien trop ! »

Dis-je, en tournant très légèrement et rapide ma tête de droite et de gauche pour allier geste et parole. Je savais qu’il en avait les moyens. Je pensais que peut-être cela partait d’un bon sentiment mais, que pourrais-je bien faire d’une robe pareille ? Le vendeur revint avec un plateau sur lequel était présenté un ensemble de bijoux aux formes discrètes mais dont le prix m’aurait très certainement causé un arrêt cardiaque si je l’avais vu. J’observais la finesse des boucles d’oreilles, et Ethan me passa un collier autour du cou. Je passais mes doigts sur celui-ci, en regardant mon reflet. Légèrement abasourdie. « Une vraie petite Beckford. » La remarque me sortit de mes réflexions silencieuses, et j’esquissais un léger rire.

« Méfies-toi, je pourrais te faire concurrence. »

Chuchotais-je en lui faisant un clin d’œil. Je le regardais, un fin sourire étirant mes lèvres. J’en venais à me demander ce qui faisait qu’il se dénigrait tant. Je me souvenais de notre première rencontre. Du fait qu’il n’était pas à fréquenter, que je devais l’éviter pour mon bien. Pourtant, entretenir une conversation était si naturel… Comment pourrais-je en venir à me passer de lui ?

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Ce message a été posté Mar 17 Mai - 14:18
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À la voir déambuler dans l'immense et luxueuse boutique, aussi peu à l'aise, Ethan se rendait d'autant plus compte du fossé qui existait entre eux. La demoiselle avait grandi loin des projecteurs, peut être dans un milieu modeste, mais au moins elle lui semblait heureuse et épanouie. Tout son contraire en somme. Ethan n'avait jamais réussi à se sentir bien. Il était tourmenté depuis le départ de sa mère. Impossible d'apaiser ses maux. Et traumatisé par la violence de son père, il s'était renfermé sur lui-même jusqu'à en oublier le véritable sens de la vie. On ne lui avait pas appris comment aimer ou s'ouvrir au monde. C'était sans doute pour ça qu'il se comportait aussi maladroitement avec Jiao Li, Fu Hai ou encore Uriyel. Les derniers événements l'empêchaient en plus de prendre du recul. Habitué à garder ses sentiments sous contrôle, il se retrouvait pris au piège d'un tourbillon, non d'une tornade, qui balayait tout sur son passage et ébranlait sa forteresse. Il avait mis des années à la bâtir. Elle était là pour le protéger. Mais sans qu'il le veuille, de manière totalement inconsciente, il en descendait les marches pour rejoindre les autres, pour rejoindre Jiao Li d'abord.
Dans cette jolie robe, elle ressemblait plus aux demoiselles qu'Ethan avait l'habitude de fréquenter. Elle donnait l'impression d'appartenir au même monde que lui. L'héritier contemplait leur reflet, un brin mélancolique. Une part de lui souhaiterait accorder de la place à cette sœur et ainsi ne plus avoir à tout affronter seul. Il avait envie de savoir ce que ça faisait que de posséder une famille, d'être aimé et supporté. Mais de l'autre côté, il ne voulait pas l'embarquer dans tout ça. Elle ne méritait pas un frère aussi bancal que lui, aussi mauvais. Il préférait la mettre à l'abri des requins qui se baladaient dans son entourage. Et surtout, il pensait que sa présence était temporaire. S'il acceptait de passer les examens, peu importe le résultat, il les imaginait fuir à la fin et retourner à leur belle petite vie.

« Trop ? » Ethan ne put s'empêcher de rire. Ce n'était rien du tout. Il ne s'apercevrait même pas de la différence. « À mon échelle, ce n'est rien du tout. » Mais il voyait que cela l’embarrassait. Il pouvait comprendre. En même temps, pourquoi un frère qui ne voulait pas intervenir dans sa vie voulait-il à ce point lui faire plaisir ? C'était peut être un peu sa façon de se racheter. Sa manière de lui dire qu'il n'était peut être pas à la hauteur et qu'il s'en excusait. « Et si je te dis que ça me ferait plaisir ? » Il la laissa cogiter et en profita en même temps pour passer le collier autour de son cou, dégageant dans un premier temps sa nuque de ses longs cheveux.

Heureusement, elle ne s'offusqua pas de sa remarque. Mais il était vrai qu'ainsi vêtue, elle avait tout d'une Beckford. L'image dans le miroir reflétait ce qu'ils étaient vraiment. Un grand frère et sa petite sœur. Il poussa un long soupir, certain de ne pas mériter ça. Il redescendit sur terre à la réplique de la demoiselle non sans esquisser un sourire. « Oh, totalement. » Il ne put s'empêcher de se dire que son père aurait très certainement adoré avoir une aussi jolie fille. Elle présentait bien mieux que son aîné. D'ailleurs, même Fu Hai donnait meilleure impression. « Allez, rhabille-toi. Allons ailleurs. » Il tapota ses épaules avec ses mains puis la laissa se changer ayant une idée derrière la tête. Il n'attendit pas qu'elle réapparaisse et fila directement vers la caisse. Il dégaina sa carte gold au vendeur en lui demandant chaque article que Jiao Li avait essayé, les boucles d'oreilles comprises. Il tapa son code sans hésiter une seule seconde et le temps que la jeune femme arrive, l'employé avait préparé un grand sachet avec ses achats. Ethan l'attrapa et se tourna vers sa cadette pour le lui donner. « Et si ça te gêne, disons que c'est pour rattraper tous les anniversaires auxquels je n'ai pas pu assister. » Elle ne pouvait pas lui refuser ça, pas vrai ?

Ils sortirent ensemble du magasin pour continuer d'explorer l'avenue. Ils s'arrêtaient parfois devant les vitrines pour commenter l'une ou l'autre tenue. Il arrivait même à Ethan de rire face à la naïveté de la jeune fille. Difficile à croire, mais il passait réellement du bon temps. Ils arrivèrent alors devant une enseigne qu'il connaissait bien. Il pointa du doigt la vitre où était écrit en grand 'Beckford'. « Tu veux voir ? » Peut être était-elle curieuse ? Elle se demandait sans doute ce que représentait la marque. Dans la vitrine, une sublime robe de mariée trônait avec à côté un costume tout aussi parfait. Cela annonçait la couleur. Et d'une certaine façon, l'accompagner ici c'était lui ouvrir une porte sur son univers. 
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Ce message a été posté Ven 20 Mai - 10:59
Pendant un court instant, mon imagination prit plaisir à me jouer des tours, à me faire penser à ce qu’aurait été notre vie si notre mère était arrivée en Chine avec non pas un, mais deux enfants. Je restais certaine qu’elle aurait rencontré mon père de la même façon. Une femme avec enfant ne l’avait pas rebuté. Il était un homme sincère, ouvert d’esprit et travailleur. Je restais persuadée qu’il aurait accueilli Ethan comme son propre fils. Par contre, je ne serais peut-être pas née… car trois enfants n’est pas commun, voire même handicapant dans un pays où le gouvernement prône la loi de l’enfant unique. Cependant, admettons que j’eus vu le jour… Que serait-il advenu de notre relation ? Aurais-je été aussi pot-de-colle avec lui que je ne l’avais été avec Fu Hai ? Aurions-nous eu aussi une relation fusionnelle ? Aurait-il alors accepté sans rechigner de faire ces fichus examens pour essayer de sauver la vie de son cadet ? Au final, je n’en saurais jamais rien. Ce n’était d’ailleurs certainement pas mon reflet à la tenue délicate qui allait me répondre là-dessus.
La proposition d’Ethan à m’offrir cette tenue m’arracha de mes réflexions et je refusais poliment. Déjà parce que ce n’était plus un parfait gentiment offert dans le café du coin, non, c’était une robe qui coûtait bien plus que les maigres économies qui me restaient sur mon compte en banque. Et puis, qu’en ferais-je de cette robe ? Cela aurait été de mentir que de penser un seul instant que je ne la désirais pas. Elle était jolie, et elle m’allait bien. Mais, en avais-je réellement l’utilité ? Aurais-je une occasion de la porter ? Et… Si Fu Hai en venait à la voir, je n’étais pas certaine de la réaction qu’il pourrait avoir…

« Alors… Fais-toi plaisir, mais ne le regrette pas ! »

Dis-je simplement. Je ne pouvais décemment pas accepter avec un grand oui. Mais, je ne lui tiendrais pas tête non plus pour refuser ce présent. Nous avions passé de longues secondes à nous comparer dans le reflet de ce long miroir, puis il fut temps que j’aille me changer. Ayant pris soin de retirer les bijoux essayés, les reposant doucement sur le plateau prévu à cet effet je m’engouffrai à nouveau dans la cabine d’essayage. Retirer la robe était étrange, et renfiler mes simples vêtements d’autant plus. C’était comme s’éloigner d’un personnage imaginé et redescendre sur terre. Après de rapides minutes, je sortis, sac sur le dos. Je mis une fraction de seconde à repérer Ethan près des caisses de la boutique. Je le rejoignis et il me tendit le sac en papier épais et brillant. « Et si ça te gêne, disons que c’est pour rattraper tous les anniversaires auxquels je n’ai pas pu assister. » J’esquissai un sourire en saisissant le sac.

« Merci beaucoup. »

Soufflai-je. Que pouvais-je ajouter de plus ? J’étais sincèrement touchée, et les mots me manquaient pour en répondre d’avantage. Nous finîmes par sortir de la boutique, et continuâmes notre chemin. Je passais un moment agréable, et je me surprenais presque à penser que je voulais que le temps s’arrête. Je souhaitais de tout cœur que cette après-midi dure aussi longtemps que deux, ou trois même. Je voulais discuter un peu plus, en apprendre d’avantage. J’emmagasinais le plus de souvenirs possible, de peur que cela ne prenne fin bien trop brutalement. Enfin, nous arrivâmes devant une boutique tout à fait singulière. Les lettres du nom Beckford trônait en grand sur le haut de l’entrée, dégageant déjà une aura particulière. Je jetais un rapide coup d’œil à la vitrine, alors qu’il me proposait d’aller faire un tour à l’intérieur. La robe de mariée était sublime, digne d’un conte de fée. Elle était bien loin des tenues traditionnellement rouges vives qu’y étaient portés lors des cérémonies traditionnelles chinoises. Là où les mariées doivent se voiler d’un tissu bien trop épais pour qu’elle puisse voir au travers, tant et si bien qu’il leur fallait être guidée jusqu’à l’autel pour ne pas choir lamentablement. Regardant ainsi au travers de cette vitrine, je réalisais à quel point je pouvais être à mille lieux de cet univers. C’était dérangeant. C’était frustrant même. Faudrait-il que je m’y penche un peu plus pour comprendre le monde dans lesquels travaillaient mes deux aînés ? Peut-être.

« Allons-y. »

J’avais un peu peur d’entrer. J’avais bien évidemment hâte de découvrir l’intérieur, et chaque pièce proposée. Toutefois, je me souvenais de l’accueil qu’il avait eu dans la première boutique visitée. Alors, j’osais à peine imaginer la façon dont il serait accueilli dans celle-ci. Une visite du fils du Grand Patron ne devait pas être chose à rire pour les employés. Nous passâmes les portes, et je me sentais minuscule.

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Ce message a été posté Ven 27 Mai - 18:23
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Le regretter ? Impossible. Il dégainait sa carte gold avec un plaisir qu'il peinait presque à dissimuler. Le vendeur lui-même semblait déstabilisé par son sourire. Quand on pensait à Ethan Beckford, on voyait un homme froid, distant et autoritaire. Une sorte de réplique de son paternel en plus ténébreux. On le connaissait séducteur et on ne s'étonnait pas des charmantes créatures qui l'accompagnaient de manière régulière mais même lors de ces séances de shopping destinées à ces femmes, il ne souriait pas. Heureux de compenser à sa façon pour toutes ces années où il n'avait pas été là, où d'ailleurs ils n'étaient pas au courant de l'existence de l'autre, il lui tendit le beau sachet ornée du nom brillant de la marque. « Avec plaisir, petite. » Dans un geste étrangement affectueux, et sous le regard interloqué de l'employé, il lui ébouriffa les cheveux. Il plaça ensuite sa main sur son épaule pour la guider vers l'extérieur et quitta la boutique sans se retourner. Un autre monde, une autre réalité, et d'autres décisions auraient permis à ces deux là de vivre ensemble. Ethan ne s'imaginait pas à la hauteur d'être un bon grand frère, Fu Hai endossait sans doute mieux ce rôle que lui, mais il devait ça à son lourd passé. Si seulement les choses s'étaient passés différemment.

Ils continuèrent à parcourir ensemble la grande avenue. Ethan enregistrait chaque seconde. Il essayait d'imprimer ces images dans son esprit alors qu'il se promettait après toute cette magie de ne plus jamais revoir la jeune fille. Il n'avait aucun droit de s'imiscer dans sa vie. Il ne souhaitait pas non plus lui laisser de la place dans la sienne. Il n'était pas prêt. Et en plus, il était persuadé que c'était le meilleur choix à faire pour la protéger. Cacher la vérité pourrait s'avérer compliqué s'ils décidaient d'entretenir une relation. À force, les gens finiraient par se poser des questions et ça n'était pas du tout une bonne chose. Il voulait pour le moment sauver son image grâce à son futur mariage alors nul besoin de déclencher un nouveau scandale. Ses rivaux n'attendaient que ça.

Ils s'arrêtèrent finalement devant l'enseigne Beckford. Ethan ne la quitta pas des yeux alors qu'elle semblait subjuguée par la vitrine. Il finit par lui proposer d'y entrer. Sa réponse positive força un nouveau sourire sur les lèvres de l'héritier, comme enchanté de lui montrer son univers. Il poussa donc la porte vitrée et la laissa pénétrer la première dans l'antre luxueuse de la boutique Beckford. Elle était immense et éblouissante surtout. Un blanc immaculé ornait les murs sur lesquels étaient accrochés des portants avec quelques belles pièces de la nouvelle collection. Le sol était en marbre et au centre trônait sur une estrade trois somptueuses robes de princesse. Naturellement, dès que les employés remarquèrent sa présence, ils accoururent à coups de courbettes et d'énormes sourires. « Nous ne faisons que passer. » Signala Ethan avant même qu'on ne lui pose la question. Les jeunes personnes se détendirent un peu tandis qu'une demoiselle approchait avec un plateau et deux tasses de thé. Ethan les désigna avec sa main invitant Jiao Li à se servir puis prit la sienne. « Alors, qu'en penses-tu ? » Ils progressèrent ensemble entre les vêtements, avec deux vendeurs sur leurs talons apparemment prêt à réagir au moindre claquement de doigts de l'héritier mais ce dernier les congédia d'un regard noir avant de se pencher vers sa demi-sœur. « On est reconnu avant tout pour nos costumes et robes de mariées. » Il lui laissa tout le loisir d'admirer ce que lui ne supportait plus de voir. Tout ce luxe l'ennuyait et le dégoûtait même parfois. Pourtant, il ne pouvait pas s'en passer. Il ne connaissait que ça et il savait aussi que c'était sa place. « Quand j'étais petit et que j'étais obligé de venir pour des soirées de lancement ou autre, je jouais à cache cache avec ta mère. Le temps passait plus vite. » Le souvenir qu'il lui confia malmena son cœur même s'il avait eu envie de lui dévoiler un peu de sa vie. Il continuait à dire 'ta mère' pour mettre de la distance, comme si aujourd'hui elle n'était plus la sienne, et dans le fond c'était un peu le cas. Du moins, il le ressentait ainsi. Elle n'était plus qu'une inconnue. Il n'était pas certain de vouloir la revoir un jour ou d'avoir envie d'entendre les réponses à toutes les questions qu'il se posait. Il lui en voulait trop. Sans lui demander son avis, elle lui avait un peu volé la vie dont il aurait rêvé et que quelque part Jiao Li représentait. 
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Ce message a été posté Mar 31 Mai - 18:09
Son geste me perturba au plus haut point. Il était évident que je ne souhaitais rien laisser paraitre sur mon visage, mais je n’avais pu empêcher mon regard de s’agrandir sous l’étonnement. Je me demandais un court instant s’il venait réellement de se rendre compte du geste qu’il venait d’avoir à mon égard… Lui qui, depuis le départ, ne cessait crier haut et fort qu’une distance était à mettre entre nous, absolument. Lui qui, en un instant, venait de déroger à une règle qu’il avait lui-même instaurée. Alors que sa main se posa sur mon épaule que nous marchâmes ensemble jusqu’à la sortie, je ne pus retenir mes doigts de glisser sur ma chevelure à l’endroit même où il avait affectueusement passé la main quelques secondes auparavant. Je ne dis rien à ce sujet. J’en mourrais d’envie, mais, je ne dis rien. Je me contentais de le suivre, et de continuer le petit bout de chemin que nous faisions ensemble. Il était si précieux à mes yeux, que je ne voulais risquer de l’effriter avec un commentaire qui pourrait en engendrer de bien négatifs de sa part. Non. C’était inutile. Une chose cependant demeurerait certaine ; ce geste doux, sa sensation sur le haut de ma tête, ce serait quelque chose que je n’oublierai jamais.

Arrivés devant LA boutique Beckford, je sentis comme un sentiment d’inconfort prendre forme au plus profond de moi. Je n’étais pourtant pas le genre de personne à s’écraser. Je n’étais pas particulièrement timide non plus. Mais, la situation était à présent telle que je me sentais … inférieure. Et encore, le mot était mal choisi. C’était comme vouloir découvrir quelque chose, avoir une très forte curiosité à son égard mais, en même temps avoir peur d’en apprendre d’avantage… peur de s’y frotter, peur de s’y piquer. Toutefois, en regardant au travers de la large vitrine je ne vis que raffinement et détails délicats. Alors, je pris confiance. L’univers de cette marque devait être beau. Il n’y avait certainement rien à en craindre. Puis, une fraction de seconde plus tard, je craignis d’y croiser le Grand Patron. L’homme imposant, au regard terrifiant dont j’avais remarqué les photos sur Internet. Ce dernier point était, par ailleurs, totalement insensé car, le fameux homme d’affaire devait se trouver au Siège Social et non à la boutique, voire même mieux, à des kilomètres d’ici en pleine réunion d’affaire. Il n’y avait donc aucune chance pour qu’il me croise ici.
Finalement, Ethan me proposa d’entrer et les vagues tempétueuses de mon esprit se calmèrent. J’esquissais un sourire, cachant tant bien que mal ma maigre angoisse, et acquiesçai. L’intérieur de la boutique précédent avait tout à envier à celle-ci. L’intérieur était sublime. Raffiné, mais simple. Je retenais un sursaut suite à l’arrivée à l’unisson des employés qui venaient saluer leur supérieur avec prestance. Je ne fis rien, bien qu’un fâcheux réflexe m’hurlait de les saluer à mon tour. Une des vendeuses s’approcha vers nous, tasses de thé sur un plateau. Je me servis, en la remerciant d’un murmure. Approchant le rebord de porcelaine de mes lèvres, je jetais un nouveau coup d’œil à ce qui m’entourait. « Alors, qu’en penses-tu ? » Je déglutis une gorgée, et reportai mon attention sur mon aîné pour lui répondre avec un sourire.

« C’est magnifique. Vous faites vraiment de belles pièces. »

Que pouvais-je dire de plus ? Nous avançâmes dans la boutique, et mon regard ne semblait vouloir se détacher des soies fines sur les costumes ou encore des broderies et perles qui ornaient avec délicatesse certaines des robes. « On est reconnu avant tout pour nos costumes et robes de mariées. » J’acquiesçais d’un signe de tête. J’imaginais parfaitement pourquoi la marque fonctionnait bien. Homme comme femme, chacun devait trouver son bonheur ici. La qualité était de mise, c’était certain. Et, se sentir telle une princesse était le rêve de nombreuses femmes pour leur mariage. Chez Beckford, c’était tout gagné ; à conditions d’avoir le compte en banque qui aille avec, bien évidemment.

« Qu’en penses-tu, de tout ça ?... Je veux dire, si tu étais à la place de ton père au commencement d’une affaire, aurais-tu aussi choisi l’univers du mariage pour faire tes premiers pas ? »

J’étais intéressée. Je le regardais avec attention, attendant une réponse sur cette curiosité nouvellement attisée. Ethan était héritier. Je doutais qu’il ait son mot à dire sur beaucoup de choses. Il devait même encore avoir à faire ses preuves, dans l’univers impitoyable dans lequel il se trouvait. Mais, j’étais curieuse de savoir son avis sur la question. Une façon, comme une autre, d’en savoir d’avantage sur sa personnalité.
Le sujet dériva ensuite sur un souvenir doux-amer. Mon thé terminé, je le posais sur un comptoir, non  loin de nous où très rapidement un employé vint récupérer la tasse à présent vide. Je laissais glisser un rire, me souvenant moi-même d’un souvenir similaire.

« Maman a toujours aimé jouer à cache-cache. Je me souviens d’une fois, nous avions dû nous rendre à une réunion de famille. Fu Hai et moi n’étions alors que les seuls enfants. Entourés d’adultes, c’était terriblement ennuyeux. Alors, elle nous a proposé de faire un cache-cache… »

J’esquissais un sourire à ce souvenir. J’étais contente de savoir qu’elle n’avait peut-être pas radicalement changé dans ses façons de faire, malgré la transition tumultueuse entre ses deux vies.

« En tout cas, si lors de ta prochaine soirée tu t’ennuies terriblement, tu n’aurais qu’à m’appeler. Je viendrais faire un cache-cache avec toi. Et puis, j’ai la robe pour m’y rendre maintenant ! »

Je ris, en secouant légèrement le large sac qui contenait mon présent. Comme la situation serait drôle. Si seulement il pouvait y avoir, ne serait-ce qu’une once de probabilité dans ma proposition.

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Ce message a été posté Dim 5 Juin - 15:43
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Elle n'appartenait pas à ce monde. Elle ne se fondait pas à ce luxueux décor. Ethan le sentait, le voyait. Cela ne le dérangeait pas. Autrefois, il s'entourait uniquement de jeunes comme lui. Ils passaient des nuits entières à dépenser la fortune familiale de leurs parents dans des clubs privés aux quatre coins du monde. On lui prêtait des aventures dès qu'on l'apercevait avec une héritière, et la plupart du temps la rumeur se confirmait quelques jours plus tard puis il changeait de cible. Il y avait aussi eu toute cette histoire avec la demoiselle qui lui avait brisé le cœur. Les gens savouraient les montagnes russes que représentaient leur relation. Ils se délectaient des scandales et du caractère sulfureux du garçon. Et aujourd'hui il en payait le prix. On ne le prenait pas au sérieux. On lui balançait sans cesse ses erreurs passés. On le traitait de junky. Pour rien au monde il n'aurait souhaité que Jiao Li grandisse dans cet univers. Elle lui semblait si pure, si innocente. L'argent aurait tout gâché. Et puis, il n'aurait jamais pu être un grand frère à la hauteur. Elle aurait très certainement eu honte de lui, l'aurait méprisé. C'était mieux ainsi. Jiao Li méritait une vie normale loin de tous ces requins. Il devait tout faire pour l'en tenir éloignée.

Il souffla en regardant autour de lui et baissa les yeux vers le sachet bleu qui pendait à son poignet. Il n'en revenait toujours pas. Il avait acheté une bague à Uriyel. Il commençait à douter de lui. Il avait presque envie de la rapporter. Jiao Li le tira dans ses pensées en lui posant une question étrange, une question qu'on ne lui avait jamais posée et qu'il ne s'était jamais posée surtout. Il ne savait même pas quoi lui répondre. Il haussa simplement les épaules. « L'empire Beckford remonte à beaucoup plus loin que mon père tu sais. Au début, on ne faisait que des costumes pour habiller les hommes importants. C'est la prestance et l'élégance anglaise qui ont séduit. Puis ça a pris de l'ampleur. » Il réalisa qu'il n'avait pas vraiment répondu à ce qu'elle lui demandait. Alors il se pinça les lèvres et balaya la boutique du regard. « D'aussi loin que je me souvienne, je ne me suis jamais demandé ce que j'allais faire plus tard. Tout était clair depuis mon plus jeune âge. J'étais un Beckford, le fils unique -du moins c'était encore le cas jusqu'à peu de temps-, je devais donc prendre la suite. » Il se tourna finalement vers elle. « Bien sur que la mode m'intéresse. J'aime me rendre aux Fashion Weeks, j'aime les défilés, j'aime les mannequins. » Un sourire en coin malicieux se dessina sur ses lèvres pour lui montrer qu'il plaisantait, enfin presque. « Tout ça pour dire que c'est juste comme ça que ça doit être, je ne me pose pas de question. Tout comme je savais que je n'aurais pas mon mot à dire pour mon mariage. Mon père a choisi, j'ai juste à me taire, l'épouser et lui faire un gosse. » La fin était plus brutale que le reste mais à le regarder ça ne semblait pas du tout le perturber. Dans son monde à lui, rien de plus normal que de laisser les parents dicter les règles et même la vie entière de leurs enfants.

Mais Jiao Li connaissait autre chose. Elle avait grandi au sein d'une famille aimante et parfaitement normale. Ethan évoqua un souvenir qui s'approchait pour lui d'un quotidien plus banal, plus tendre. Il parlait rarement de sa mère. Pour ne pas dire jamais. C'était tabou. Tout le monde le savait. Il ne fallait surtout pas lui poser de question à ce sujet mais au mieux attendre qu'il le mentionne lui-même. Découvrir que sa génitrice jouait aux mêmes jeux avec eux provoqua des sentiments opposés dans son cœur. À la fois tiraillé et jaloux, dégoûté d'apprendre qu'ils y avaient eu droit aussi. Et en même temps touché de savoir qu'ils partageaient quelque chose et qu'elle était restée la même. Finalement, c'est un léger sourire qui prit le dessus. Mais il ne dura pas longtemps. Dès que Jiao Li lui fit part de sa proposition, aussi innocente fut-elle, il se crispa. « Non. » Lâcha-t-il. Un silence interminable de quelques secondes se propagea. Il ne la regardait plus. Il fixait un point non-existant droit devant lui. « Que tout soit clair. Tu ne mettras jamais les pieds à ce genre de soirée. Pas plus qu'on ne se reverra après ça. » C'était peut être brutal mais nécessaire. Ethan avait pu comprendre lors de sa dernière entrevue avec Fu Hai que leur mère ne souhaite pas qu'il fasse partie de leur vie. Elle ne voulait même pas que Jiao Li connaisse son nom. Et il savait pourquoi. Pour la protéger. C'était ce qu'il désirait aussi, la mettre à l'abri de tout ça. Il poussa un long soupir avant d'oser poser les yeux sur elle. « Nous ne venons pas du même monde et tu n'as pas ta place dans le mien. C'est mieux pour toi, tu sais. » Il ne cherchait pas à la blesser mais juste à la protéger et à se protéger aussi d'une certaine manière.  
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Ce message a été posté Lun 6 Juin - 10:08
Finalement, je m’étais permise de lui poser une question singulière. A mes yeux, elle était tout ce qu’il y avait de plus banal. Je l’avais posé sans me douter qu’elle serait comme une première pour Ethan. J’avais toujours eu le choix de faire ce que je voulais ; hormis mon activité musicale, qui elle, avait été forcée sur moi par mon paternel mais, elle n’avait pas été aussi terrible que ce que j’aimais laisser croire. Ainsi, jamais il ne m’avait été imposé un choix d’avenir ; je pouvais choisir n’importe quel chemin, tant que celui-ci me mènerait à quelque chose de stable soutenant, plus ou moins, un certain bonheur. Si je n’avais pas grandi dans cet environnement, Fu Hai n’aurait très certainement pas fini dans le mannequinat ; c’en était sûr ! Alors, lorsque j’entendis sa réponse, je fus d’autant plus surprise par celle-ci ; car, j’avais bien du mal à imaginer le fait que l’on suive un chemin tout tracé sans se poser de questions. Je l’écoutais donc avec attention, le fixant du regard. « Tout ça pour dire que c’est juste comme ça que ça doit être, je ne me pose pas de question. Tout comme je savais que je n’aurais pas mon mot à dire pour mon mariage. Mon père a choisi, j’ai juste à me taire, l’épouser et lui faire un gosse. » Il termina sur une pointe amère.

« C’est triste. »

Fut tout ce que je trouvai à dire. J’avais beau chercher, c’était la première réponse qui m’était venue à l’esprit. Le mot correspondait avec exactitude à ce que je ressentais en cet instant. Ce n’était pas de la pitié, mais, une sorte d’empathie face à une vie qu’il était forcé de vivre sans donner son avis alors que moi, je jouais pleinement de mes libertés et pouvais hurler mes opinions sans trop craindre d’un revers de médaille douloureux.

« Et si tu finis par donner ton avis, qu’est-ce qu’il se passera alors ? »

Il allait bien finir par le donner son avis, non ? Il ne pouvait pas penser que tant que son père serait de ce monde, il n’aurait qu’à se taire et effectuer les tâches imposées ? Après tout, depuis le début de notre rencontre, il semblait être plutôt bon à mettre les points sur les i. Ainsi, pourquoi ne pas le faire avec l’entreprise ? Pourquoi ne pas le faire avec sa vie personnelle ? Pourquoi se contenter d’être un pantin ?

« Je pense que, malgré tout ce que les gens veulent te faire croire, tu as le droit de clamer ton opinion. »

Ajoutai-je simplement. Je le pensais. Nous avions tous des droits, grand hériter d’un père autoritaire ou non. Mais, je savais également que c’était sans aucun doute bien plus facile à dire qu’à faire. Alors, j’aurais beau parler, cela ne changerait rien. Je venais d’un univers où il fallait crier son avis pour qu’il soit entendu, et pour ne pas se faire marcher dessus. Lui venait d’un univers où s’il ne suivait pas au millimètre près le chemin qui lui avait été tracé, il rencontrerait des problèmes.
Finalement, notre sujet de conversation dériva sur notre mère. Cela me laissait un goût doux-amer en travers de la gorge. Me rappeler de ces souvenirs n’était pas désagréable. J’avais beaucoup aimé ces moments passés tous les trois. Mais, je me faisais dorénavant à l’idée que cela n’existerait plus, jamais. C’était fini, et, cela laissait un sentiment douloureux. « Non. » Sa réponse laissa un froid, et je me surpris à baisser les yeux. Evidemment que je savais que je n’irais jamais à ces soirées. Je n’y avais pas ma place. Mais, je n’aurais cru que le simple fait de proposer cette idée totalement improbable puisse le faire réagir d’une telle façon. C’était comme si nous avions fait finalement un pas en avant durant cet après-midi, et que maintenant, nous nous retrouvions à en faire trois en arrière.

« Que je n’ai pas ma place dans ton monde est un fait. Je ne vais pas le contredire mais, sache que tu as ta place dans le mien. »

Bien sûr, aller à des soirées mondaines ne serait sans doute pas ma tasse de thé. J’étais déjà maladroite en société, alors en haute-société je n’osais l’imaginer. Mais lui, il pouvait redescendre de temps en temps du piédestal sur lequel il avait été si longtemps placé. Il ne s’en sortirait pas plus mal.

« Oh, bien sûr, dans mon monde, on a tendance à mettre nos habits deux jours de suite. A mettre des chaussettes dépareillées et à regarder des vieux films dans un canapé usé. Mais, je t’assure que ce genre de soirées est tout aussi intéressant ! »

J’esquissais un sourire. Je voulais juste adoucir cette atmosphère qui avait si subitement changé, une fois de plus. J’avais volontairement évité de noter son idée, totalement butée, que nous ne nous reverrions pas. C’était inutile de revenir là-dessus, car, ce n’était qu’un mensonge lancé en l’air pour s’auto-persuader.

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Ce message a été posté Dim 12 Juin - 12:51
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Triste ? Pas vraiment. Ethan ne connaissait que cette vie là. Bien sûr, adolescente, il avait essayé de la fuir, de la contourner ou même de la détourner. Il en avait fait voir de toutes les couleurs à son père. Par colère, par vengeance, par haine. Il le détestait parce qu'il savait qu'il lui ressemblait. Le même mauvais caractère. La même tendance à la violence. Il souhaitait pourtant tellement ne pas devenir comme lui. Il voyait malgré tout qu'il empruntait le même chemin et quelque part c'était ce qu'on attendait de son existence. Après tout, il fallait bien qu'il reprenne le flambeau. Un jour, lorsque son père ne sera plus, Ethan sera l'unique représentant Beckford et il devra en assumer toutes les responsabilités. Il n'était pas certain d'en être capable, ni même d'en avoir envie, mais on ne lui laissait pas vraiment le choix.
On ne lui avait jamais demandé son avis. On ne lui demanderait jamais. Il n'avait pas à le donner. Pas tant que son père existait encore sur cette terre en tout cas. Il valait mieux qu'il se taise et qu'il obéisse. Il secoua la tête pour montrer son désaccord avec les dernières paroles de sa petite sœur. Elle ne semblait pas comprendre tout ce qu'être l'héritier Beckford impliquait. Elle ne discernait pas non plus les lois imposées par l'univers dans lequel il avait grandi. « Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Je n'ai pas mon mot à dire pour le moment. Encore moins quand on pense à toutes les erreurs que j'ai pu commettre plus jeune. » Il haussa les épaules. Elle n'était pas au courant. Elle n'avait pas l'air d'avoir fait des recherches sur lui. Pourtant, elle n'aurait pas à fouiller bien loin. Encore maintenant, on aimait rappeler le passé sulfureux du jeune homme. On adorait le rabaisser et le considérer comme un ancien drogué incapable.

Mais alors qu'Ethan paraissait avoir quelque peu baissé sa garde, la petite plaisanterie de sa cadette le ramena durement à la réalité et il se braqua à nouveau. Sa réponse froide trancha l'air et érigea à nouveau un mur entre eux. Calmement, il s'essaya une nouvelle fois à lui faire comprendre la situation. Ils ne venaient pas du même monde. Ils ne partageaient pas le même père. Et cette mère qu'il considérait aujourd'hui comme une inconnue ne représentait pas un véritable pont entre eux. Ils avaient grandi loin l'un de l'autre, découvrant leurs existences récemment, alors non, elle n'avait définitivement pas sa place dans sa vie. Ethan n'était pas prêt à lui en laisser une. Il craignait bien trop les conséquences qui pourraient en découler.
Une place dans le sien ? Ethan se retint de pouffer de rire. Elle ne réalisait pas ce qu'elle disait. Elle n'avait pas l'air de voir qu'il était tout sauf libre et que comme tous les jeunes de son genre, il vivait dans une prison dorée. « Ne raconte pas n'importe quoi. Je n'ai pas ma place dans ton monde non plus. » Il étendit les mains pour désigner le luxe qui l'entourait. « Aussi malsain que ça puisse paraître, je ne peux pas vivre sans ça. Je ne suis pas capable de vivre autrement et je n'en ai pas envie. » Mais malgré ses paroles, la tentative de Jiao Li pour l'inviter à quitter son univers superficiel lui arracha un petit sourire attendri. Il poussa ensuite un soupir. Il se demandait ce qu'aurait pu être sa vie si sa mère l'avait emmené avec elle, si elle était revenue pour le chercher ou juste si elle avait pris la peine de lui écrire pour lui expliquer, pour lui parler de Fu Hai et de Jiao Li.

Alors pour la première fois, Ethan choisit d'être le plus honnête possible avec ses sentiments et de livrer le fond de ses pensées à Jiao Li. Il lui dévoila également ce qui pesait sur son cœur depuis qu'elle et son frère avaient débarqué dans son quotidien. En plus de la rancœur qu'il ressentait pour eux, de cette jalousie qui le rongeait, il avait l'impression de leur devoir quelque chose. Il se disait qu'en tant que grand frère, pour leur éviter de souffrir, il fallait les protéger de son père et pour ça il n'existait d'autre solution que de les repousser. « Si quelqu'un découvrait ton existence, et l'existence d'un second héritier Beckford surtout, tout deviendrait hors de contrôle. Enfin, mon père surtout. Et je n'ai pas envie qu'il vous fasse du mal. » Il passa nerveusement sa langue sur ses lèvres prêt à avouer une autre des raisons qui le poussaient à les éloigner. « Et ça serait mauvais pour notre nom. J'ai déjà bien entaillé l'image des Beckford, un scandale de ce type nous coûterait beaucoup trop. Quand bien même ça n'est pas ma faute, ça me retomberait dessus. » Il croisa ses mains dans son dos et avança un peu plus dans le magasin avant de se retourner vers Jiao Li pour attendre sa réaction. Pouvait-elle comprendre ce qu'il traversait ? Ce qu'il ressentait ?  
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Ce message a été posté Mar 14 Juin - 15:06
J’avais bien du mal à comprendre la situation. Cela venait-il du fait que je n’étais pas des plus douées avec les interactions sociales et toutes les différences d’échelles qui en faisaient parties ? Peut-être. Je m’étais également cela sur mon manque terrible d’expérience. J’avais grandi dans ma petite bulle, tranquillement protégée par un mensonge que j’avais découvert il y avait peu de temps… Alors, me mettre à la place d’Ethan et comprendre son fatalisme face à la situation dans laquelle il vivait depuis des années me passait au-dessus. Le fait qu’il soit coincé dans son monde par un paternel autoritaire et puissant était une raison, selon moi, largement suffisante pour expliquer que chacun de ses gestes et paroles soient calculés. Toutefois, bien que découlant d’un fait logique, je ne pouvais me résoudre à l’accepter. Dans mon esprit bien naïf et scientifique, nous étions des êtres libres d’agir et de penser selon nos bons vouloirs et dire « non » devait faire partie des choses que nous pouvions faire sans crainte.

« Pourtant, un jour, tu pourras donner ton avis. Et, à ce moment-là alors, peut-être que tu pourras faire changer les choses. »

Il avait un passé sulfureux, ça, je l’avais bien compris. Ainsi, que les personnes avec qui il se voyait forcé de travailler peinent à avoir confiance en lui pouvaient être justifiées. Mais, le jour où il pourrait tenir les commandes, alors tout un champ d’opportunités et d’options pourrait s’ouvrir à lui. Ce jour-là, je serais curieuse de savoir s’il déciderait de changer les choses, de faire évoluer les mentalités, ou bien s’il continuerait d’entretenir ce moule dans lequel il avait grandi.
« Ne raconte pas n’importe quoi. Je n’ai pas ma place dans ton monde non plus. » Toute cette contradiction me saisit à la gorge, et mon sourire s’effaça quelques secondes. Je jetai un coup énième coup d’œil aux magnifiques pièces de tissus qui nous entourait, répondant d’un simple haussement d’épaules à ce qu’il venait de dire. Je savais qu’une partie de ce qu’il me disait-là était vrai ; s’écarter de toutes ces jolies choses avec lesquelles il avait été élevé serait sans aucun doute bien plus facile à dire qu’à faire. Pas impossible mais, de toute façon, il me disait ne pas vouloir essayer. Commentaire qui me fit sentir encore plus ridicule que je ne me le sentais pas déjà. Je baissais un instant les yeux, effleurant du regard mes tennis beige légèrement poussiéreuses, mon jean acheté voilà trois ans. Puis, je relevais les yeux en sa direction, sans rien laisser paraître sur mon visage.

L’atmosphère entre nous prit une nouvelle tournure. L’air s’alourdit, alors qu’Ethan parlait avec sérieux d’un sujet délicat. « … tout deviendrait hors de contrôle. Enfin, mon père surtout. » Je fronçai les sourcils, doutant un instant ; du mal physiquement ou moralement ? Ou bien, les deux ? Le personnage était sans aucun doute capable des deux. Je ne savais avec exactitude qui était cet homme qui l’avait élevé, mais il avait dû être suffisamment ignoble pour notre mère se voit obligée de fuir pour quérir une vie meilleure. Ayant bien du mal à le regarder en face, mes yeux fixèrent un point dans le vide alors qu’il continuait son explication – explication que j’écoutais avec attention, malgré le malaise profond qu’elle me fit ressentir. Je restai un instant silencieuse alors qu’il fit quelques pas. Je cherchais mes mots. Je n’avais strictement aucune idée de ce que je pouvais répondre à cela. J’avais la soudaine impression d’être impuissante face à une situation qui me dépassait entièrement. J’étais frustrée, énervée, triste, angoissée. Une vague de sentiments contradictoires me submergea, et j’hésitais d’autant plus à prendre parole de peur de dire une bêtise, ou d’être mal comprise.

« Je ne… Moi, je ne veux pas qu’il te fasse du mal. »

Nous étions coincés. Il fallait que je me fasse une raison. Mon cerveau m’hurlait qu’il fallait que tout cela cesse, que mon arrivée dans sa vie n’amènerait rien de bon, qu’il avait eu raison ; nous ne devions pas nous revoir. Toutefois, mon cœur battant soufflait qu’il m’était impossible de le quitter et que l’oublier serait tout bonnement infaisable. Je m’étais déjà attachée, il était trop tard et, la vie d’un être cher dépendait de cette histoire aussi. C’en était trop. Sentant l’émotion monter en moi, je baissais les yeux pour ne rien laisser paraître. Pourtant, c’était inutile ; mes fines mains tremblaient déjà. Après quelques secondes, je levai les yeux vers lui. Je croisai rapidement son regard et ne pus retenir mon geste ; le large sac que je tenais glissa à terre, et j’allais enfouir mon visage contre son torse. Mes mains filèrent le long de sa taille, pour aller se placer dans son dos.

« Juste un instant, et après, je partirai. »

J’avais bien trop mal. Epuisée par une aventure qui venait à peine de commencer, en sachant pertinemment que je ne lâcherai rien, quitte à me faire du mal. Je savais que ce geste était déplacé, et que l’endroit était d’autant plus mal choisi, mais, je n’avais pu faire autrement.

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Ce message a été posté Jeu 23 Juin - 18:53
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Il ne souhaitait pas la blesser mais simplement lui ouvrir les yeux. Elle lui semblait trop jeune pour comprendre les enjeux de cette situation, trop naïve et innocente pour accepter la réalité. Il ne la blâmait pas pour ça. Il la trouvait même touchante. D'une certaine manière, elle avait pu l'atteindre grâce à ce côté là. C'était même ce qui l'effrayait. Lui qui ne laissait habituellement personne franchir les murs de sa forteresse venait d'ouvrir la porte principale à un petit bout de femme qu'il connaissait à peine. Le même sang coulait dans leurs veines mais Ethan était assez marquée par la vie pour savoir que ça ne suffisait pas à faire d'eux une famille. Depuis son enfance, il regardait son père comme un inconnu et le craignait. Pas une once d'amour pour cet homme sans lequel il ne serait pourtant pas de ce monde. Mais Jiao Li le prenait par surprise. Son entêtement et sa douceur le déstabilisaient. Il baissait sa garde trop souvent et il réalisait à quel point il s'agissait d'une erreur. Il la mettait en danger. Il fallait qu'il remette de l'ordre dans tout ça. Retourner en arrière et ne plus franchir les limites.

Et puis la petite voix de la brunette s'éleva enfin. Ethan attendait sa réaction mais en avait imaginé une toute autre. Au milieu de cette histoire, il ne pensait vraiment pas qu'elle s’inquiéterait pour lui. Personne ne l'avait jamais fait. Pas même sa mère apparemment qui était partie sans se retourner, sans se soucier de son sort. Son regard analysa la jeune fille, s'arrêta sur ses mains tremblantes. Il culpabilisait. Il ne voulait pas lui faire de mal mais n'avait pas le choix. S'il ne faisait pas, alors il finirait par le regretter, il finirait par se détester de ne pas avoir tout fait pour la protéger. Et dans sa tête, la seule manière de le faire, c'était de la tenir à l'écart. C'était aussi le souhait de leur mère, d'après ce que Fu Hai lui avait dit. « T'en fais pas pour moi. » Lâcha-t-il simplement lorsqu'elle leva enfin les yeux vers lui. Mais une nouvelle fois, elle l'ébranla. Avant qu'il ne puisse réagir, elle s'était jeté contre lui et elle encerclait maintenant sa taille de ses bras si fins. Ethan leva les mains. Choqué et incapable de déterminer comment il devait réagir. Il baissa la tête pour regarder celle de Jiao Li collée à son torse et se mordit l'intérieur de la joue.
Juste un instant, c'était bien ça le problème. Quel dommage qu'entre eux ça ne puisse être que ça. La faute à son père, la faute à leur mère, la faute à Fu Hai. C'était plus simple de réfléchir ainsi. Plus simple que de se laisser aller et d'écouter son cœur. Ethan poussa ensuite un long soupir et baissa enfin les mains. L'une d'elle encercla les frêles épaules de la demoiselle pour la serrer encore tandis que l'autre passa machinalement sur ses longs cheveux. Dans une autre vie, tout aurait pu être différent. Ils auraient pu être un frère et une sœur. Il aurait pu la voir grandir, la protéger, profiter de son amour et lui donner le sien. Mais pas dans celle-ci, pas dans celle où il était l'héritier Beckford, le pauvre drogué pourri gâté.

Heureusement, les vendeurs ne les regardaient pas et se contentaient de s'occuper des clients présents. Mais au bout de quelques minutes, Ethan se détacha un peu d'elle. Il plaça ses mains sur ses bras et se baissa un peu pour que son visage soit à sa hauteur. Il contempla ses traits qui lui rappelaient tellement sa mère. « Désolé. » Il s'obligea à lui sourire mais le coin de sa bouche se le va à peine pour faire apparaître une de ses fossettes. « Tu me remercieras plus tard, crois-moi. » Et il plaça ses doigts sous son menton pour qu'elle lève les yeux vers lui. «  Je te raccompagne ? » Demanda-t-il. De cette façon, il prolongeait encore le temps qu'il leur restait sans lui donner de faux espoir.
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