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TENUE ••• Garant ma Porsche dans le parking de l'hôpital, je quitte celle-ci après avoir récupéré un sachet cadeau sur le siège passager, fermant le véhicule à clé puis me dirige vers l'entrée principale de l'hôpital où je salue les dames de l'accueil, tout sourire. La plus part du personnel me connait pour mes précédents stages et périodes d'interne, mais aussi pour mes nombreuses visites et remplacements. J'ai pu voir plusieurs services, que ce soit à l'époque de l'université ou après, une fois diplômé, avant de partir et une fois revenue. En vérité, je suis souvent fourré ici, pour voir des collègues, des potes de l'école qui ont trouvés du travail un peu partout dans le bâtiment ou juste pour rendre visite à des patients que je connais. Cette fois-ci, je viens pour un ami qui bosse en neurochirurgie mais qui loge dans une chambre après un accident. Le plus déprimant dans ces moments-là ce n'est pas la solitude, mais le fait d'être alité et de ne pas pouvoir travailler. J'ai déjà ressenti cela après mon incident qui m'a coûté un oeil, ne voyant plus très bien de ce dernier, mais j'ai appris à vivre avec et aujourd'hui c'est comme si je voyais des deux yeux. Mon paquet à la main, je me dirige vers la chambre assignée à mon camarade, toquant énergiquement à la porte avant de l'ouvrir à moitié, me faufilant dans l'ouverture avec mon éternel sourire. Dès qu'il m'a vu, il m'a lancé son coussin à la tête, me disant de ne pas faire autant de bruit, mais j'ai tout simplement rigolé, ramenant son coussin sur son lit en lui répondant qu'il ne faut pas agresser les gens de la sorte. Nous nous sommes chamaillés deux minutes, puis je lui ai donné mon cadeau, un sachet de chocolat, des biscuits et des guimauves, de quoi lui remonter le moral en étant enfermé ici. Il m'a remercié, les larmes aux yeux comme si je comprenais son malheur, et c'est le cas. Une bonne heure s'est écoulée tandis que nous parlions d'un peu tout, mais surtout de lui, de son accident, de l'opération, de son ressenti, de son boulot. Quant à moi, je n'ai pas su aborder certains sujets comme j'aurai cru pouvoir le faire, mais j'ai parlé un peu de ma famille, de ma nouvelle belle-mère et de mon demi-frère, puis le sujet a bifurqué sur l'école quand nous étions étudiants et c'est là qu'il m'a dit un truc surprenant. Je m'en doutais déjà, mais je crois que je serais fixé qu'en parlant avec l'intéressé. Saluant mon ami, je suis reparti les mains vides, parcourant les couloirs de l'hôpital pour redescendre dans le hall. J'ai tourné ma tête et là, je l'ai vu, à quelques mètres de moi. Tenma. Sans tarder, je l'ai rejoint avec mon sourire qui plisse mes yeux. « Hey ! Que fais-tu ici ? » ça me paraît étrange, mais y a toujours plusieurs raisons de venir à l'hôpital.

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TENUE ••• Après avoir accompagné les membres du groupe au studio je les ai confiés à un collègue pour pouvoir partir à mon rendez-vous, l’agence était au courant qu’une fois par trimestre j’avais des obligations, je n’étalais jamais ma vie privée donc ils ignoraient tous les détails ou les raisons, mais je ne pouvais pas y échapper. Puis honnêtement j’espérais tomber de nouveau sur Akira, j’ai pu voir son frère et j’aurais aimé lui donner des nouvelles ou des informations en face plutôt que par téléphone ou message. Enfin, je connaissais cet hôpital à force, trouvant rapidement une place sur le parking, j’avais plus qu’à me faire enregistrer à l’accueil et patienter. Cela a dû durer une heure, peut-être un peu plus entre mon arrivée et la fin de mon rendez-vous, mais tout était bon et je n’avais pas de complication en vue, même s'il y avait peu de chance pour que je rechute, je ne pouvais pas prendre le risque que ça arrive, finir dans un fauteuil roulant était tout simplement impossible pour moi. Et c’est bien parce que je l’ai vécu que je le sais. Prêt à repartir d’ici, je me suis quand même arrêté vers la machine a café pour me prendre une boisson chaude. Je fis un léger sursaut en entendant cette voix que je connaissais déjà, surpris de le croiser ici, mais c’était assez marrant quand j’y pense, faut que je vienne dans cet hôpital pour provoquer de rencontrer imprévues. « J’avais envie d’un truc chaud. » Je souris, bien conscient que je ne répondais pas à la réelle question. « J'avais un rendez-vous et toi ? » Il ne bosse pas ici il me semble, enfin c’est ce que j’avais compris en tout cas, donc il doit surement être venu pour d’autres raisons. « Tu veux quelque chose ? » Pointant la machine à boisson.

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TENUE ••• Il y a beaucoup moins de chance de trouver des personnes que l'on connait dans un hôpital que dans un supermarché. à dire vrai, j'ai rarement croisé des amis ou de la famille ici, en dehors des visites en commun, et là encore je n'ai vu personne en rapport avec mon ami hospitalisé. Je connais le personnel, mais ils sont là quasiment tout le temps, ça ne compte pas. Alors apercevoir mon nouveau demi-frère dans un coin du bâtiment, c'est étrange, mais je ne m'interroge pas plus que ça sur le coup. Naturellement je vais le saluer, tout sourire et lui demander ce qu'il fiche ici, dans un hôpital. Je suis loin de me douter qu'il vient pour sa santé, surtout quand il parle de la machine à café. « Sérieux ? Tu aurais dû me dire que tu voulais sortir boire un truc ! Je connais des endroits qui servent des meilleurs cafés que cette machine. » Lâchais-je en quelques secondes à peine, l'air super motivé. Un rendez-vous ? « Pour toi ? Oh, je suis venu voir un ami en convalescence. » Et dire bonjour à plusieurs collègues, histoire de bien perdre mon temps libre. Mais ça fait toujours plaisir d'aller voir les anciennes personnes avec qui je bossais durant mes études, en stage, en externe ou en interne. Malheureusement, je ne suis pas resté longtemps ici. « Tu es sûr que tu ne veux pas venir avec moi te boire un truc ? » Insistais-je, ne trouvant pas l'endroit super cool pour boire un café ou un chocolat. Un hôpital, c'est pour les malades, pour les gens qui ont besoin d'être soigné ou pour ceux qui les visite. Entre nous, nous allons suffisamment bien pour sortir faire un tour vers les commerces proches des blocs médicaux. « Tu es venu seul ? Je suis garé dans le parking de l'hôpital si jamais. » J'ignore s'il a le permis et une voiture, mais c'est une occasion pour en savoir davantage sur lui. D'ailleurs, je ne lui ai même pas parlé du fait qu'il me fait penser à quelqu'un, depuis la rencontre officielle avec sa mère. Je pourrais en toucher deux mots dès que nous serons installés quelque part.

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TENUE ••• Il faut croire que j’ai plutôt un talent pour rencontrer les personnes que je connais à l’hôpital. Pourtant je ne viens pas ici tous les jours, mais c’est aussi entre ses murs que j’ai retrouvé Akira et qu’aujourd’hui je tombe sur mon nouveau demi-frère. Je dois avoir un bon feeling avec l’hôpital. Je ne trouve rien d’autre à dire que parler de la boisson, bien entendu je ne me suis pas juste déplacé pour boire une boisson chaude ici, mais ce n'est amusant qu'Asher le croit. Son enthousiasme est communicatif et je ne peux pas m’empêcher de rire en l’écoutant avant de lui dire que j’avais rendez-vous, hochant la tête pour confirmer en effet que c’était pour moi, sinon je doute que je sois venue simplement trouver la machine à café. « Oh ok. » Dis-je avec un sourire, c’est gentil de venir rendre visite, je n’ai pas eu cette chance quand j’étais hospitalisé, je n’avais aucun ami. Akira n’était pas au courant et je préfère que personne ne me voie dans cet état de toute manière. Mais aujourd’hui c’est différent. Je le regarde en gardant ma petite esquisse. « D’accord, allons ailleurs. » Je ne peux pas refuser, puis bon c’est un membre de ma famille maintenant, en tout cas il le sera surement officiellement bientôt et c’est tout comme l’un pour l’autre, ça me change je dois bien l’avouer, mais ce n’est pas désagréable comme sentiment. « Je suis venue seul oui, comme d’habitude, mais ça ne me dérange pas qu’on prenne ta voiture, je viendrais récupérer la mienne plus tard. » Il pourra toujours me redéposer ici une fois qu’on aura fini, faudra que je passe récupérer les membres en fin d’après-midi, mais vu leurs programmes j’ai encore du temps devant moi, ça me permet de faire une petite pause entre mon rendez-vous et la reprise du boulot.

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TENUE ••• Presque personne ne peut battre mon enthousiasme, ça me colle à la peau comme une sorte de bouclier hyper robuste. Et il scintille comme le plastron d'Apollon, comme le soleil lui-même. Tenma n'est pas venu jusqu'ici pour boire, mais plutôt parce qu'il avait rendez-vous, ce que je trouve louche dans la mesure où avoir rendez-vous à l'hôpital ne présage jamais rien de bon. Je ne l'interroge pas plus pour autant. Quant à moi, je suis simplement venu rendre visite à un ami, rien de plus banal au monde. Je ne travaille plus à l'hôpital, parfois j'aide quand ils ont vraiment besoin, mais ce n'est jamais pour quelque chose qui demande un passage au bloc opératoire ou de porter la tenue de chirurgien. La blouse blanche me suffit amplement dans ces moments-là. Sûrement que si je connaissais Tenma à l'époque et que nous étions amis, je serais venu le voir tous les jours de son hospitalisation, mais ce n'est pas arrivé puisque nous n'étions pas amis et que je n'étais pas au courant. Acceptant mon invitation, je lui demande quand même pour le moyen de transport. « Je te ramènerai ici pour reprendre ta voiture. » C'est la moindre des choses, puisque je l'embarque avec moi. Montrant la sortie à mon futur demi-frère, je m'engage dans l'espace en premier pour ouvrir la voie jusqu'aux portes automatiques, quittant le hall du bâtiment et foulant son entrée en bitume. « ça me fait toujours bizarre de revenir ici après deux ans. » Lâchais-je en cours de route, sans perdre mon sourire. Je suis revenu à plusieurs reprises depuis mon retour, mais je n'arrive pas à me faire à l'idée de ne plus travailler parmi eux. à cette pensée, je ne peux m'empêcher de fermer mon oeil abîmé, sentant comme une démangeaison à l'intérieur de mon globe oculaire. Normalement, je ne songe jamais à la perspective de reprendre du service ou de me relancer dans mon ancienne carrière, même à moitié aveugle. Ce n'est pas seulement ma blessure qui me pose problème, mais les souvenirs insupportables qui l'accompagne.

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TENUE ••• Si mon demi-frère m’avait interrogé sur mon rendez-vous je lui aurais surement expliqué honnêtement, même si entrer dans les détails au détour d’une machine à café ce n’est pas la chose la plus aisée à faire, par chance il ne semble pas curieux et au final je n’ai pas besoin de lui donner les raisons de ma venue à l’hôpital. D’accord pour l’accompagner boire un café ou une boisson chaude ailleurs qu’ici, je ne m’inquiète pas pour ma voiture, elle est bien garée et de toute façon personne n’ira la toucher en mon absence. « Merci. » Dis-je simplement avec un tendre sourire sur les lèvres, le suivant jusqu’à la sortie on marche vers la sortie calmement, jusqu’à ce qu’il ouvre la bouche en me faisant part de ses émotions sur les lieux. « Je suis certain que ce n’est pas le seul endroit que tu trouves bizarre après cette absence. » Si je me retrouve dans un endroit totalement désert ou sur un champ de bataille, j’ignore où il était, mais ça serait assurément autre chose que de revenir dans la vie civile. « Tu as quelque chose dans l’œil ? » Je le vois grimacer en le fermant, donc de mon point de vue ça n’a pas d’explication plus compliquée vu que j’ignore qu’il est blessé à cet endroit. « Bosser à RPS ne t’ennuie pas trop après avoir vécu une vie dans l’action comme tu l’as fait ? » Je pose des questions assez simple, peut-être inconsciemment pertinentes, mais quand j’arrive à parler avec quelqu’un aussi facilement j’en profite un peu, puis on va faire partie de la même famille donc je ne pense pas que cela ne me « regarde pas » au contraire, si on doit être demi-frère et s’accepter, je veux pouvoir le connaitre et être honnête avec lui, c’est la base pour une bonne entente non ?

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TENUE ••• C'est cool de croiser mon demi-frère ici, même si j'ignore ce qu'il pourrait faire à l'hôpital. Un rendez-vous, certes. Pour quoi, j'en ai aucune idée et je ne pense pas qu'être curieux soit une bonne chose dans certaines conditions. L'invitant à boire, nous nous dirigeons vers la sortie quand je parle de mon ressentis sur ce lieu. Je viens souvent, pourtant j'ai toujours cette même impression qui me taraude. L'impression de ne pas me faire à cet endroit, d'être une sorte d'inconnu. Peut-être est-ce à cause du fait que je ne puisse plus exercer pleinement ma fonction de médecin, ou plutôt de chirurgien. Il me restait beaucoup à apprendre sur mon métier, mais aujourd'hui j'ai tout abandonné. « C'est vrai, même ma maison me paraît étrange. » Riais-je de bon coeur. C'est en partie vrai, là où j'habite, là où mon père habite, ce sont des lieux chargés de souvenir et parfois nostalgique. Je ne peux pas m'empêcher de superposer mes deux vies, et d'être triste. Repenser au camp de l'armée me ferait presque chauffer l'oeil, portant rapidement ma main à celui-ci pour le frotter. « Juste une poussière. » Mentis-je, clignant une nouvelle fois ma paupière comme pour la chasser. C'est comme lui avec sa santé, difficile d'en parler pour l'instant. « Disons que c'est différent. ça change de la chaleur étouffante du désert, des nuits gelés et des bruits suspects autour de nous. » Il y avait toujours cette angoisse qui flottait un peu partout dans les villes, le pays et même dans notre base. Nous n'étions pas à l'abri d'une attaque, d'une rébellion, des choses dangereuses dans ce style-là. Même d'une mine enfouit sous terre. « Garde des questions pour après. » Je plaisante, même si nous aurions encore de quoi parler une fois installé. D'ailleurs nous sommes arrivés à ma voiture, que je déverrouille et ouvre. Une fois installés et attachés, je démarre le moteur et quitte ma place, puis le parking. Il y a un café sympa à quelques minutes à peine de l'hôpital, pour tout ceux qui ont besoins de boire un verre et de se relaxer, après des heures à poireauter dans une chambre, salle d'attente et autres endroits déprimants du bâtiment.

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TENUE ••• Il y a des choses qu’on ne sait pas l’un de l’autre, c’est normal et en même temps rassurant. Faut qu’on apprenne à se confier, parler, petit à petit ça viendra surement, on commence à peine à se fréquenter grâce à nos parents. Même si on s’est connu par le passé, cela est bien diffèrent aujourd’hui et faut savoir voir les choses comme elles sont et non comme elles étaient. Normalement je ne suis pas quelqu’un de sociable, du moins un peu plus en apparence que la réalité, je sais passer outre mes propres émotions pour dépasser mes limites et éviter de paniquer dans une foule, mais ça ne veut pas dire que je sois forcément à l’aise. Mon métier est un plaisir donc j’ai réussi à mettre de côté les malaises et ce qui aurait pu m’handicaper, heureusement d’ailleurs parce que je ne sais pas ce que je serais devenu sans ça. Ayant décidé de boire un verre ensemble hors du bâtiment je le suis jusqu’à la sortie, non sans faire de commentaire suite à sa constatation, je peux imaginer qu’après avoir vécu sur un terrain de guerre la vie en ville doit mettre un certain temps à redevenir banale. Un sourire sur les lèvres, je le vois cligner des yeux et l’interroge sans m’inquiéter. « Tu veux que je souffle dessus ? » Enfin c’est peut-être idiot, mais c’est ce qu’on fait quand on a quelque chose dans l’œil, donc je ne trouve pas ça étrange de le demander.  Je ne sais pas ce qu’il a vécu et je ne peux pas l’imaginer, mais je ne serais surement jamais assez courageux pour tenter l’expérience, donc j’avoue que je suis impressionné et plutôt fier de lui, enfin... puis-je être fier ? Je ne sais pas trop, en tout cas j’ai un certain respect pour son parcours, ça c’est sûr. « Dis que je parle trop. » Gardant mon esquisse, ce serait surement une première tiens. Mais quand je me sens bien avec quelqu’un j’ai tendance à être un peu plus curieux aussi, comme avec Akira par exemple. Prenant la route jusqu’au café, ce n’est pas loin de l’hôpital en effet. Sur place, j’attends Asher afin qu’on entre ensemble, j’attendrais qu’on soit installé pour reprendre notre conversation, bien que je n’aie pas de question particulière en tête, laissons faire le feeling.

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TENUE ••• Vivre à nouveau dans une ville est étrange après deux années à se serrer les coudes et la ceinture, à se méfier de tout et presque tout le monde. Ici, la vie paraît plus simple, plus calme. Tenma doit se douter que c'est différent en tout point, mais je ne suis pas malheureux de revenir ici. Le seul truc qui pourrait me manquer, c'est la médecine. Heureusement, je reste dans le domaine en étant professeur. Mon oeil me démange, comme une gêne ou une poussière qui ne veut pas s'en aller. « ça ira, je te remercie. » Souriais-je à mon demi-frère. ça va déjà mieux, comme si je n'avais rien eu du tout. Ce sont des tics qui apparaissent de temps à autre, et qui disparaissent aussi vite qu'ils sont venu. Tenma pose beaucoup de question, j'aurai presque peur qu'il n'ait plus rien à dire une fois posé. Du coup, je le ralentis un peu. « Tu parles pas mal, c'est vrai. » Je le taquine, ne connaissant pas vraiment la gêne ou le malaise que peut ressentir le jeune homme avec les autres. Nous ne sommes pas tous à l'aise et sociable, forcément. Prenant la route du café, je referme la voiture une fois dehors et prends les devants, choisissant une table au hasard, là où il y a de la place. Le serveur nous laisse s'installer avant de venir prendre nos commandes, je choisis un cappuccino et laisse le tour à Tenma. Quand il a nos commandes, le garçon repart. « Tu t'es déjà fait piquer par un scorpion ? » Demandais-je soudainement, une lueur amusée dans le regard. J'en ai vécu des choses en deux ans, serpent, scorpion, insectes. C'était le genre d'endroit dangereux, même quand il n'y avait aucun homme.

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TENUE ••• Contrairement au garçon je n’ai jamais quitté la ville donc vivre dans un lieu où tout est différent m’est inconnu. Pourtant je sais ce que c’est d’être coupé du monde, isolé, blessé, torturé, autant psychologiquement que physiquement et à mon avis on a tous les deux nos histoires, nos blessures. On ne sait encore rien l’un de l’autre, c’est normal tout ça et encore récent. Je propose donc sans savoir que cette « poussière » n’en est pas une de souffler sur son œil, il décline et je souris tout naturellement. Il est rare que je parle avec des « inconnus » certes je ne peux pas classer Asher dans cette case, mais disons qu’en dehors du boulot je suis une personne assez tranquille, calme, sans pour autant avoir masse d’amis et faire des sorties tous les weekends. Je parais sociable et parfois même extraverti, mais c’est aussi dû à ma période « rebelle » mais ça n’a pas changé qui je suis pour autant. Les tatouages tout ce qui me donne un « genre » c’est mes propres boucliers au final. Avec Asher je parle sans filtre, je le questionne et apparemment je parle trop. « Tu devrais en profiter. » Dis-je en abordant un sourire avant de le suivre jusqu’au café, il choisit la place et je m’installe en face de lui, prenant la même chose que lui regardant le serveur s’en aller chercher les boissons. « Un scorpion ? » Secouant doucement la tête. « Non, jamais. En même temps ce n’est pas comme si on en croisait à tous les coins de rue. » Plaisantais-je en gardant mon esquisse. « Tu as été piqué je suppose ? » Sinon il ne l’aurait pas abordé. « Tu as dû en voir quand tu étais là-bas. » Ça ne fait aucun doute.

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TENUE ••• Ce n'est pas tous les jours que je croise mon demi-frère par hasard dans la rue, autant en profiter pour l'inviter à boire quelque chose et perdre du temps ensemble. Je suppose qu'il n'a rien de mieux à faire pour accepter mon offre, ce que je prends carrément bien. Normalement, je n'ai pas autant de temps libre avec mon boulot, être professeur occupe une majeur partie de mes journées, alors si je dois venir faire des visites ou aider à l'hôpital, autant dire que je m'en sors pas toujours. Ce n'est pas comme si j'avais autre chose à faire à côté, malgré mes quelques potes d'école qui m'invitent parfois à sortir, histoire de se revoir après tout ce temps et parler du bon vieux temps, comme celui que j'ai perdu en partant. Bref, aujourd'hui c'est avec Tenma que j'ai envie d'égarer mes heures de repos, s'installant à l'un des cafés du quartier. C'est calme, tranquille et de toute façon, ce n'est pas le monde qui m'empêche de vivre. Qu'il se rassure, je vais bien profiter de son élan de bavardage pour sociabiliser avec lui, quitte à parler scorpion. « Je serais moins sûr, peut-être pas à chaque coin de rue. » Qui sait, nous ne savons ce qui traîne dans les parages. De là à se faire attaquer par une bestiole de ce genre en plein centre ville, c'est vrai que ça résulte de l'extraordinaire et du peu probable. « Une fois. ça fait très, trèèès mal. » Je dis ça en rigolant, comme si ce n'était rien. Bon j'avoue, comparé à d'autres horreurs de la guerre, un scorpion est une piqûre de moustique. « Disons que ça change d'ici. C'est une expérience à vivre pour n'importe qui, mais j'ignore si je le conseillerai de bon coeur ou pas. » Au début c'est pas mal, puis il se passe un truc qui gâche tout. Si je n'avais pas vécu cet incident, peut-être que je serais encore là-bas à l'heure qu'il est. Peut-être que je continuerai à soigner des blessés de guerre et à courir partout tel un justicier en blouse blanche. Je ne serais pas là à me boire un cappuccino en parlant du passé, avec nostalgie. « Et toi ? Raconte-moi quelque chose sur toi. » Je suis curieux d'en découvrir toujours plus à son sujet, après tout c'est mon demi-frère par alliance. Nous ne vivons pas sous le même toit, mais c'est tout comme.

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TENUE ••• Je n’ai pas vraiment envie de savoir l’effet que ça fait de se faire piquer par un scorpion, heureusement qu’il n’y en a pas à tous les coins de rue, même si avec les paroles d'Asher je pourrais croire qu’il pourrait y en avoir, ce qui au lieu de m’effrayer me fait sourire, ce serait dingue, mais surement pas impossible j’imagine. J’en déduis rapidement qu’il a été lui-même piqué quand il était sur le champ de bataille, mais je me doute qu’il doit y avoir de sacrée bestiole là-bas et qu’il a connu pire qu’une piqure de scorpion, même s’il ne va surement pas me raconter tout en détail. « Où ça, tu as encore une marque ? » Je ne sais pas comment ça fait donc je demande, certaines piqures laissent des traces après tout. « Je te l’ai déjà dit, mais j’admire ce que tu as fait, je n’aurais pas pu y aller ou affronter la guerre d’aussi près. Heureusement qu’il y a des gars comme toi pour en avoir le courage. » Même s’il n’était pas purement soldat et qu’il n’a pas tué des gens avec des armes, il a dû en soigner tellement et le danger n’était pas à négliger je suppose, donc oui, je trouve qu’il a de quoi être fier de lui. En tant que futur demi-frère, je le suis en tout cas. Attrapant ma tasse je bois une gorgée alors qu’il m’interroge, j’avoue que demandé ainsi je ne sais pas trop quoi dire, mon vécu n’a rien extraordinaire, puis je ne suis pas vraiment à l’aise avec cette « liberté de parole » disons que même si mes sourires et mon comportement laissent croire à un type sociable et parfois extraverti, je ne le suis pas donc je me referme assez vite sur moi-même. « Tu sais déjà le plus intéressant, qu’est-ce que tu aimerais savoir ? » Je ne me vois pas lui parler de mes problèmes de cette façon et ma vie se résume à mon boulot, ma mère et ma passion pour les arts, donc je ne vois pas ce qui pourrait l’intéresser.

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TENUE ••• Un scorpion, c'est peu habituel par chez nous. Si nous vivions en Australie, je suis persuadé qu'il serait très facile d'en dégoter partout. Sauf que nous ne sommes pas dans un pays réellement dangereux niveau bestiaux. Le simple fait qui s'intéresse à ce que je raconte me fait sourire, relevant la manche de mon pull et pointant une petite cicatrice du doigt. « Ce n'est pas très visible. » ça ne se voit presque pas, en vérité. Faut dire que j'ai pas mal de petites marques sur les bras, chacune portant une histoire plus ou moins similaire, ou complètement différente. Le compliment de Tenma me fait chaud au coeur et l'espace de dix secondes, je l'ai observé avec un regard sincère. « Je suppose qu'il a pas beaucoup de fou sur terre pour se lancer dans une telle aventure. » Fou, c'est le mot parfait pour me décrire, mon aventure et moi. Fou de partir, fou de quitter mon père, fou d'affronter les horreurs de la guerre, fou d'aimer sur le champ de bataille. Si j'avais su à l'avance ce qui allait se passer là-bas, serais-je parti ? Pour sauver des vies, oui. Je me serais abstenu d'éprouver des sentiments pour une inconnue et d'en souffrir ensuite. Ce n'est pas évident, mais le pire reste la nuit quand le rêve rencontre la réalité. Bon, suffit de parler que de moi ! J'interroge un peu mon futur demi-frère, curieux de le connaître. Le plus important ? Qu'il aime la musique mais n'est pas doué ? C'est important ça ? Je fais la moue, plongé dans une profonde réflexion. « D'accord, je vais t'interroger ! » Fallait pas me tendre la perche. « Où es-tu né ? Quelles écoles as-tu fréquenté ? Tu as des amis d'enfances ? Un meilleur ami ? Une petite copine ? » J'enchaîne, sans me rendre compte que ça pourrait être lourd pour lui. Cela sans m'excuser et avec un sourire. « Les arts t'ont toujours passionnés ou tu voulais faire autre chose en étant plus jeune ? » ça arrive de changer de route, comme certains ne lâchent pas leur rêve d'enfant. J'ai toujours voulu aider les autres, la médecine était mon parcours et mon rêve à moi.

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TENUE ••• Je me penche pour mieux voir la cicatrice qu’il me montre, elle est petite, mais on peut la discerner malgré tout, enfin il n'est pas mal marqué, j’imagine qu’il a dû être piqué ou coupé à plusieurs reprises, je ne sais pas trop et je n’ose pas non plus la question sur tout ce qu’il a pu subir ou vivre sur le champ de bataille. En même temps il semble « bien » souriant et heureux, mais je donne aussi cette impression et pourtant j’ai un passé plus lourd qui continue de me poursuivre aujourd’hui, même si j’ai eu assez de force pour m’en sortir et me relever plutôt que de le laisser me faire perdre pied. Je trouve admirable son choix de partir soigner des gens dans de telles circonstances et je ne me retiens pas de lui dire où le redire, c’est normal qu’il entende ça, il le mérite. Je souris à sa réponse, sans répondre, mais j’approuve malgré tout. Le fait qu’il m’interroge me laisse un peu sans voix, bien entendu je ne montre pas que cela me trouble ou que j’ignore quoi dire, en réalité je parle très peu de moi... Je suis à l’aise avec Asher donc ce n’est pas que ça me dérange de lui répondre, mais juste que s’il ne pose pas de question je n’ai rien qui me vient en tête, ne sachant pas ce qu’il pourrait trouver d’intéressant. Je le regarde en restant pendu à ses lèvres quand il m’interroge finalement. Il enchaine les questions et j’essaye de les retenir afin d’être capable de répondre à toute. Buvant une nouvelle gorgée de ma boisson, je souris avant de commencer. « Ici, à Tokyo, j’étais étudiant à la même école que toi. » Ajoutais-je en continuant de sourire, je sais qu’il ne se souvient pas, donc ça ne me dérange pas de parler de RPS, je pensais lui avoir déjà dit d’ailleurs, en dehors de cet établissement je n’ai connu aucune autre école, j’y suis depuis la maternelle et honnêtement à part l’université je n’ai aucun bon souvenir. Aucun. C’est un peu délicat quand il parle d’amis. Le seul qui me vient en tête est Akira. « Hum, j’ai un ami qui sort du lot. Pas le temps pour une petite amie. » Dis-je en riant un peu gêné, en réalité c’est simplement que je ne m’y intéresse pas, je n’aime pas mon corps et de toute façon je suis occupé avec le groupe et mon boulot. Pour les arts je n’ai aucune hésitation à répondre, mon sourire s’élargissant. « J’ai toujours voulu travailler dedans, rien ne m’a jamais passionné autant ! Même si j’avoue que je ne savais pas encore dans quelles branches j’allais finir. » J’aurais pu vendre des disques, travailler dans un musée, n’importe quel domaine artistique, mais j’ai fini manager d’un groupe de musique et c’est clairement le meilleur posté pour moi. « Et toi ? Tu es né à Tokyo aussi ? Une petite amie ? Tu as voulu devenir médecin suite à quoi ? » Je lui retourne les questions parce que ça m’intéresse aussi.

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TENUE ••• Je vais finir par prendre la grosse tête s'il n'arrête pas de me complimenter. Ma fierté peut être démesurée si on la nourrit de trop, comme il le fait si bien avec ses paroles. J'ai l'impression d'être une sorte de modèle, pourtant je ne suis pas un héros et je ne conseillerai à personne de me suivre. Mes choix semblent admirables, bons et exemplaires, mais je ne suis pas sûr de vouloir les vanter au monde entier. La guerre, ce n'est pas marrant. J'ignore ce qui motive ces soldats à sacrifier leur vie pour celles des autres, ni pourquoi ils se donnent dans de mal dans des situations parfois perdue d'avance. Dans mon cas, je voulais simplement aider et sauver des vies, qu'importe le camp. Revenant à lui, à cet instant présent, je me propose pour le questionner et avoir plus d'information à son sujet. Faut pas croire que je sache quoi demander, parce que j'aurai sûrement d'autres questions plus tard, quand j'aurai davantage réfléchi à ce que je pourrais lui réclamer de plus. En attendant, je lâche ce que j'ai en tête, ne prenant pas note moi-même de toute mes interrogations. Tenma doit avoir bonne mémoire, parce qu'il commence à me répondre et dans l'ordre. Hochant la tête, j'acquiesce sa première réponse. Donc, il a toujours été à Royal. Je me souviens de lui. Il m'a fallut du temps pour le replacer, mais c'est bon. Je sais qui il est désormais. Un ami qui sort du lot ? « Ah bon ? Comment ça ? » Quant à la petite copine, je peux parfaitement le comprendre. Enfin, je veux dire que je sais ce que cela fait de ne pas avoir le temps pour ça. à l'entendre parler de son métier, de sa passion, je sens vraiment ce quelque chose qui le motive à faire ce qu'il fait, et ça me fait sourire. « Bien répondu. » Riais-je, levant le pouce pour approuver ses paroles. Moi ? Je bois une gorgée à mon tour, avant de prendre la parole. « Je suis né en Corée, mais je n'ai pas vécu longtemps là-bas. ça n'empêche que je parle couramment la langue du pays. » Ainsi que d'autres langues, comme l'anglais ou l'arabe, ainsi que le Japonais mais ça il s'en doute déjà, puisque je communique avec lui. « Aucune petite amie en vue, ce n'est pas dans mes priorités. » Je n'ai surtout pas le coeur à m'accrocher de nouveau à quelqu'un de cette façon. « Mon père, il est tombé du toit quand j'étais jeune. C'est moi qui me suis occupé de lui durant sa convalescence, et c'est là que j'ai su ce que je voulais vraiment faire plus tard. » Pourtant j'ai testé des tonnes de boulot, à travers plusieurs stages qui ne m'ont menés à rien. Finalement, je suis content d'être ce que je suis aujourd'hui. « Où est ton père ? Tu lui parle toujours ? » Un sujet délicat, j'en ai conscience. En l'interrogeant sur lui, je ne souris pas. Mon expression est neutre, comme quand je parle de ma mère ou de mon petit frère. Je ne peux pas sourire dans ces cas-là.

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TENUE ••• Je suis loin d’être le garçon qui caresse les gens dans le sens du poil. Je ne dis jamais quelque chose que je ne pense pas, ma façon de voir ou de complimenter l’acte d'Asher est simplement une vérité que je ne peux pas dissimuler. Son courage pour être parti aussi loin et dans un endroit aussi dangereux est quelque chose que j’aurais voulu avoir à une époque, dans un sens je l’envie d’être ce qu’il est. J’ignore ce qu’il cache ou même qu’il cache quelque chose d’horrible sur cette période du front, mais ce qu’il m’a dit me suffit à me faire ma propre opinion, bien entendu j’espère qu’il ne le voit pas mal ou ne pense pas que je le fais pour avoir une bonne relation avec lui, c’est totalement faux. Bien que cela n’empêche que je souhaite m’entendre avec mon futur demi-frère ce soit une évidence, mais cela se fait naturellement, sans faux-semblant ou paroles toutes faites. Je réponds à ses questions ayant pu les retenir assez vite, heureusement il n’en a pas posé des dizaines d'affilée sinon ça aurait été plus compliqué. Je suis honnête dans mes réponses, forcément cela n’aurait aucun sens sinon, puis quand on me demande je réponds, je suis comme ça. « J’ai partagé des moments difficiles avec lui donc ça nous a rapprochés, je pense que c’est un peu mon meilleur ami, même si on a pris des chemins différents entre temps. » On se retrouve à peine, mais je compte bien garder contact avec lui et le voir plus souvent, mais Akira est spécial pour moi.  Concernant ma passion pour l’art je pourrais en parler des heures, j’adore ça et je pense que ça se ressent facilement, sa petite remarque me fait sourire alors que je lui retourne les questions, curieux également de connaitre davantage de chose sur Asher. J’écoute chacune de ses réponses sans l’interrompre acquiesçant par moments. Je trouve que son anecdote avec son père est mignonne, ça me fait sourire simplement, mais il pose une question qui me force à reprendre mon sérieux. Asher doit se douter que le fait dont mes parents soient divorcé pourraient être un sujet sensible, mais ce n’est pas dans ce sens-là car je suis l’un de ses enfants qui est heureux de ne plus voir l’un de ses parents. « Il est en prison, du moins c’est là-bas qu’il était la dernière fois que j’ai eu de ses nouvelles. » Il a été arrêter pour ce qu’il m’a fait, la violence est un crime et j’ai manqué de rester paralysé toute ma vie dans une chaise roulante, au fond j’espère qu’il y passera assez de temps pour remettre en question tout ce qu’il a fait. « Je ne veux plus lui parler. » Avouais-je, qui le voudrais à ma place ? « Et toi, tu as des nouvelles de ta mère ? » Je ne pense pas que toutes les familles soient comme la mienne, j’espère en tout cas qu’il n’y a pas eu ce genre de choses dans la sienne.

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TENUE ••• Tenma n'a pas besoin de se justifier ou de préciser qu'il est sincère, je m'en doute déjà. Mon demi-frère n'a rien de faux, ni de théâtral dans son genre. Il est honnête, je le sens dans ses paroles, dans sa voix. Puis, à quoi bon faire semblant et jouer un rôle ? Nous allons vivre ensemble un petit moment, peut-être même longtemps. Si on commence sur une base instable, autant ne pas se rapprocher et rester à distance. Je suis bien content de tomber sur un gars comme lui, et d'avoir une belle mère comme la sienne, ma famille est parfaite. Mes questions s'enchaînent et il répond à quasiment toute, sans détour. Je m'interroge sur son meilleur ami, ne comprenant pas à travers sa première réponse ce qu'il veut dire par « particulier », mais je comprends ensuite le sens. « Hm ~ Je vois. Ce serait abusé de demander quels moments, je suppose ? » La curiosité est une qualité, mais ça peut rapidement devenir un défaut. Il m'a apporté par mal de détail, c'est bien pour une première véritable discussion sérieuse. L'art est une passion pour lui, ce que je respecte. C'est à mon tour de répondre à mes questions, et je ne vois aucun mal à le faire. Parlant de ma motivation, mes possibles amourettes, mes petites anecdotes personnelles. Je pense avoir répondu à tout ? Du coup, j'aborde un nouveau terrain. Son père. ça m'intrigue, parce que nous n'avons pas encore parlé de lui, ni de ma mère d'ailleurs. Nous n'avons pas vécu la même enfance, pourtant nos deux parents tiennent une place quasiment similaire dans nos coeurs. Je ne déteste pas ma mère, mais je ne peux pas l'approuver non plus. Je lui en veux, malgré moi. En prison ? Wouah, ça ne doit pas être facile pour lui. Quoi que. à l'entendre parler, on dirait qu'il est heureux sans lui et que plus loin ils se trouvent, mieux c'est. « Demander le pourquoi serait sûrement exagéré. » Fis-je pour moi-même, l'air pensif. Ma mère ? Je fais une légère grimace, avant de secouer doucement ma tête de gauche à droite. « La dernière fois que je l'ai vu, elle partait avec mon petit frère. » Je me demande ce qu'il est devenu et où il est. Mon petit frère, c'était comme ma vie. « Ma mère était plutôt instable. » Avouais-je, sans pour autant paraître triste ou affligé. Ce sont des choses qui arrivent, malheureusement.

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TENUE ••• Je n’ai pas eu une enfance comme les autres, loin de là même. J’étais ce genre d’enfant qui était maltraité à la maison, mais aussi à l’école. Souffre-douleur, je n’avais aucune échappatoire, aucun endroit où me sentir bien et en sécurité. Mes poignets ont encore les marques de ses blessures que je me suis faites caché derrière des bracelets épais. Pourtant aujourd’hui j’ai réussi à me relever et à prendre ma vie en main, dans le passé Akira m’a beaucoup aidé à supporter cette vision de moi, les attaques des autres élèves, avoir un allié dans tout ce bordel m’a permis de tenir le coup et c’est pourquoi il aura toujours une place importante pour moi. Un ami, un frère, il est un de ses liens que je ne peux pas oublier ni perdre. Contrairement à ceux qui ont souffert des mêmes horreurs que moi, j’ai appris à ne plus me terrer dans le silence, donc si Asher est curieux je peux lui faire comprendre assez simplement. « J’étais souvent une victime à l’école, faut croire que les gens n’aimaient pas ma tête, mais cette personne m’a soutenu et aidé. » Voilà pourquoi il est spécial. Peu de personnes sont capables de se mettre du côté du gars ciblé et de prendre le risque d’en devenir une aussi. On discute, réponds aux questions l’un de l’autre, se découvrant un peu plus doucement. Puis on en vient aux parents, ceux absent bien entendu. J’avoue que mon père est en prison, mais je me sens bien en le sentant enfermé, du moins s’il l’est encore. J’imagine que oui après ce qu’il m’a fait. Je ris doucement a sa remarque, ce n’est pas une question, pourtant je hausse les épaules en lui disant. « Si tu es curieux tu peux demander. » Je répondrais. Puis je lui demande pour sa mère, tout aussi curieux de savoir ce qu’il en est de son côté. Oh son petit frère. « Tu as eu des nouvelles ? Je n’ai pas de frère et sœur, mais ça doit être dur d’être séparé de l’un d’eux non ? » On a tous les deux notre histoire et faut croire que pour aucun de nous elle n’est banale.

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TENUE ••• D'aspect, ma famille était parfaite. Une mère aimante, un père attentionné, un petit frère semblable à un ange. Je n'avais rien à envier aux autres, ni l'argent, ni le confort, ni l'amour. Faut croire qu'être heureux est un privilège réservé à peu de gens et que tôt ou tard, la route se met à tourner dans le mauvais sens. Je n'ai pas pu profiter pleinement de mon cadet avant de le voir partir aux bras de ma mère, à moitié atteinte par la déception amoureuse, à moins que ce soit autre chose que je n'ai compris sur le coup. Difficile de comprendre quand ça arrive, ensuite nous cherchons juste à oublier pour se croire en bonne santé. Mon père a eu beaucoup plus de mal que moi à s'en sortir, mais j'étais là pour l'aider et le soutenir. J'ignore où il serait sans un fils plus âgé ou si le seul qu'il aurait eu, ce serait fait enlever par sa femme. Comparé à Tenma, je n'ai pas eu de véritable ami, ni de frère de coeur pour m'accompagner dans cette épreuve. Avoir des potes, être apprécié ou se sentir à sa place parmi les autres ne veut rien dire. « C'est une bonne chose. » Approuvais-je, m'interrogeant désormais sur ce fameux Akira qui aurait aidé et soutenu mon demi-frère. Je ne me souviens pas qu'un Tenma malmené par les autres au lycée, alors soit j'étais aveugle, soit ça datait d'une autre époque que celle où nous nous sommes croisés. Autour de cette table, les sujets sensibles s'abordent, mais aucun de nous deux n'arrête la progression de notre conversation. J'apprends que son père est en prison, devenant de plus en plus curieux. Il me donne l'autorisation de le questionner, mais je me garde cette opportunité. « Non, aucune depuis qu'ils sont partis. » Dur ? Est-ce vraiment difficile de perdre son petit frère et de ne pas savoir ce qu'il devient ou ce qu'il est devenu ? J'ignore s'il est toujours à Tokyo, au Japon ou vivant. Ouais, c'est beaucoup plus dur qu'on ne pourrait le croire. « à une époque, j'avais l'impression de perdre une part de moi-même. Je ne demande pas à le revoir, ni à lui parler à nouveau... Juste de savoir qu'il ve bien et qu'il est heureux. » Mais même cela me paraît égoïste de ma part, comme si j'en demandais beaucoup trop. Lâchant un léger soupir, je m'intéresse un instant à ma tasse, avant de relever à nouveau mes yeux sur lui. « Pourquoi ton père est en prison ? » Il a le droit de ne pas répondre, si cela le dérange.

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TENUE ••• J’ignore où je serai si Akira n’avait pas été avec moi, je n’ai jamais compris pourquoi les gens me détestaient autant, pourquoi j’étais devenu un martyr avant même d’en connaitre la raison, je n’avais rien fait pour ça et je n’avais rien demandé non plus. Ce fut difficile et j’étais épuisé psychologiquement, combien de fois me suis-je coupé les poignets en espérant me vider de mon sang inconsciemment ? Je ne sais plus vraiment, mais c’était une période vraiment horrible pour moi, que ce soit à l’école ou chez moi je n'avais pas de répit. Donc oui, avoir eu Akira a été une bonne chose, la meilleure de cette époque parce que dans cette souffrance j’ai eu un allié sur qui me reposer. Hochant donc la tête aux mots d'Asher, je ne peux qu’approuver. Quand ce fut son tour de me parler de sa famille j’apprends donc pour son petit frère, j’ignore ce que c’est d’en avoir et même si j’aurai adoré que ce soit le cas, jamais je n’aurais supporté qu’il ou elle vive le même calvaire que j’ai vécu. Je ne peux qu’imaginer ce que ça fait, j’ignore comment mon demi-frère vit cette situation, mais je pense vraiment que c’est horrible d’être séparé d’un membre de sa famille sans avoir de nouvelle, ça reste son petit frère non ? « À ta place je ferais tout pour le revoir au contraire. Vos parents sont séparés, mais vous n’avez pas à en subir les conséquences, vous êtes frères... Ne jamais le revoir ne te fait rien ? » Je m’interroge seulement. Il y a peut-être des choses que j’ignore, mais je trouve ça triste. « Tu n’as même pas son numéro de téléphone ? » Avoir au moins un contact oral ce serait déjà ça. Buvant une gorgée je réfléchis un peu à moitié perdu dans mes pensées. La question tombe et je suis celui qui lui a dit de me questionner s’il était curieux donc je ne suis pas surpris. Levant le regard sur lui, je fais genre de réfléchis, en fait je cherche mes mots, ignorant comment l’expliquer, ça reste quand même une époque sensible pour moi. « C’est un homme violent. Lui aussi avait sa cible. » Mon sourire est là pour rendre ça moins dramatique. « Tu es docteur donc si je te dis que j’avais les vertèbres brisées et la moelle épinière touchée tu peux imaginer ce que ça implique. » Le fait que je ne pouvais plus marcher par exemple. Bien entendu il y avait bon nombre de séquelles avec et malgré tout j’ai réussi à réapprendre à marcher sans abandonner.

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TENUE ••• Chacun de nous, à notre façon, on vécu quelque chose de difficile. Je me suis toujours bien entendu avec mes parents, surtout avec mon père, et je n'aurai jamais cru que ma mère puisse faire une telle chose. Péter une durite et partir, emportant mon petit frère avec elle. Ce n'est pas évidement quand on passe tant d'année à vivre à quatre, pour se retrouver à deux seulement. J'en veux à ma mère, mais en même temps je me demande quelle solution aurait pu nous aider ? Si elle n'aimait plus mon père, aurait-elle dû se forcer à rester ? Auraient-on dû être partagé entre deux familles, entre père et mère ? Avoir la garde une fois sur deux, voyager d'un endroit à un autre jusqu'à avoir l'âge de décider ? Au lieu de tout ça, chacun a eu son enfant, mais ça n'a fait que nous blesser davantage. C'est la première fois que je parle de mon cadet à quelqu'un, mais étant mon demi-frère, Tenma doit savoir. Si je pouvais, je le retrouverai... Mais comment ? Je ne sais même pas où il se trouve à l'heure actuelle. « Bien sûr, j'ai envie de le revoir. » Mais ce serait comme chercher une aiguille dans une meule de foin. Mon frère a peut-être changé en plusieurs années, qui sait ce qu'il est devenu ou s'il va me reconnaître. « Il était trop jeune à l'époque, et je n'ai pas le numéro de ma mère. » Je ne sais même pas si l'un ou l'autre possède un portable. Il me faudrait faire des recherches plus approfondis, chercher dans des registres ou lancer une annonce. S'ils sont toujours au Japon, l'hôpital pourrait m'aider. Sauf si elle n'a jamais mit les pieds là-bas depuis son départ. Je suis médecin, pas détective. Finalement je change de sujet, voulant en savoir plus sur Tenma et son père. Un homme violent et une victime, ça annonce déjà la couleur. Ce qu'il m'annonce ne me fait pas sourire, d'un point de vue médicale, c'est critique. Je le regarde, cherchant à voir des marques du passé, mais là comme ça, y a rien qui saute aux yeux. « Tu marches bien, pourtant. » Dis-je, songeur. Aurait-il subit des opérations ? Fait de rééducation ? « Il a dû taper fort pour te briser... ça arrivait souvent ? » J'ai l'impression d'avoir un patient sous les yeux, ce qui me fait réaliser que ce n'est pas le cas. « Désolé, déformation professionnelle. » C'est quand même dingue, à le voir, on dirait pas qu'il a été frappé par son géniteur. Je comprends mieux pourquoi il est en prison, et j'espère qu'il y restera.

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TENUE ••• Je ne sais pas vraiment comment ça marche quand les parents se séparent avec des enfants à charge, pour ma part j’étais unique et puis de toute manière la situation est complètement différente, mon père est parti en prison pour ce qu’il m’a fait de ce fait jamais il n’aurait eu ma garde. Même s’il sort de prison il a une distance d’éloignement à respecter s’il ne veut pas être arrêté, m’approcher lui est interdit, en tout cas c’est ce que ma mère m’a dit au début du procès. Entendre qu’il a envie de revoir son petit frère me semble normal, mais je ne comprends pas qu’ils n'aient pas gardé un moyen de communiqué ou de se retrouver, j’imagine que leur situation n’a pas laissé place à cette option, seulement n’est-ce pas trop triste de voir deux frères déchirés en deux ? « J’espère que tu pourras le revoir un jour. » Je ne peux pas vraiment lui donner de conseil ou lui dire de le rechercher en sachant que ce serait surement difficile et compliqué, mais s’il décide de le faire je pourrais l’aider s’il a besoin d’aide. Nous sommes une famille. Quand le sujet revient sur moi j’aurais pu ne rien lui dire ou lui faire comprendre, mais je ne compte pas lui cacher s’il est vraiment curieux sur ce qui est arrivé, même si c’est une époque difficile pour moi et que j’en garde de mauvais souvenir, je tente d’avancer et en parler m’aide à me convaincre que c’est derrière moi aujourd’hui. Bien que tous les trimestres je suis replongé dedans avec mes examens ou que les marques sur mes poignets me le rappellent sans cesse, cette période ne m’a pas affaibli, elle m’a rendu plus fort.  Il comprend où je veux en venir et je souris à sa remarque. « Oui, c’est un miracle. » J’ai vraiment dû faire des efforts pour en arriver là, les résultats ont suivi. « J’ai été dans une chaise roulante pendant un moment, mais avec la rééducation je m’en suis sorti bien que les médecins n'arrêtaient pas de me dire qu'il n'y avait aucun espoir. » Comme quoi ils n’ont pas toujours raison. Il me questionne et s’excuse ensuite, je secoue doucement la tête pour lui faire comprendre qu’il n’y a pas de problème. « J’ai parfois l’impression d’en ressentir encore la douleur. » À ce moment-là quand il m’a brisé j’ai eu tellement mal, je ne pouvais cesser de hurler et de pleurer, c’était la première fois que j’étais forcé d’extérioriser la douleur, sinon je le supportais en attendant que ça passe. C’était surement la fois de trop. « Je vais bien maintenant. » Je ne subis plus de violence en tout cas.

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TENUE ••• Certaines choses ne s'expliquent pas. Je n'ai gardé aucun contact avec mon frère, autant que mon père n'a de nouvelle de son ex-femme. Il voudrait revoir son fils, mais à ma connaissance, il n'a jamais réussi à le retrouver. Avec mes études, puis mon séjour à l'armée, je n'ai jamais songé à poursuivre mes recherches, ni à les débuter d'ailleurs. J'avais d'autres choses à faire dans l'immédiat, mais maintenant que j'en parle avec Tenma, j'aimerai commencer et venir à bout de cette absence, de cette séparation. « Merci, je l'espère aussi. » Ce ne sera sûrement pas facile, ni évident, mais je me doute que je pourrais toujours demander de l'aide à Tenma. De mon frère, j'en reviens à son père et ce qu'il a pu faire à son seul fils pour finir en prison. C'est un sujet qui m'intrigue beaucoup et qui me permet de mieux connaître mon demi-frère. Je lui ai parlé de ma famille, du fait que ma mère ne soit pas toujours clean et qu'elle a embarqué mon cadet avec elle. Quant à Tenma, il me raconte pour ses blessures subit à cause de la violence de cet homme, ce qui me surprend sur le coup. à le voir, on ne dirait pas qu'il a été touché à une zone sensible, ni qu'il a été paralysé durant des années. S'il ne m'avait rien dit là-dessus, jamais je ne l'aurai deviné. Un miracle, c'est le cas de le dire. Ah, les médecins et leur diagnostique, ce n'est pas toujours sûr à cent pour cent, tout dépend du patient. « Tu as eu la volonté. Je ne sais pas ce qui t'a poussé à vouloir marcher à nouveau ou sortir de ton fauteuil roulant, mais c'était bien au-delà du pessimiste des médecins qui se jugent réaliste. » C'est une qualité rare chez quelqu'un et rien que pour cela, j'admire ce bout d'homme. Je me sens bête à lui poser autant de question, alors qu'il voudrait sûrement avoir la paix. « Ton corps possède une mémoire aussi, il se souvient de la douleur infligée. » Le corps humain est fascinant, mais parfois effrayant. Ce n'est pas évident d'oublier, mais quand ce n'est pas question de mémoire, nos cellules le font à la place du cerveau. « Je suis rassuré que tu ailles bien. » C'est sincère, je suis même content que Tenma soit lié à ma famille. Je sais qu'avec mon père il nous souffrira jamais, et que je serais en bon terme avec sa mère.

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TENUE ••• Si j’encourage Asher c’est bien parce que je pense qu’il serait soulagé et heureux d’avoir des nouvelles de son frère. Si j’avais un lien fraternel j’aimerais le protéger plus que tout, après chaque famille a son histoire et en dehors d’espérait qu’il le revoit un jour je ne peux pas faire grand-chose. S’il a besoin d’aide je serais là, il pourra compter sur moi, bien que je n’aie pas vraiment d’expérience en recherche ou truc du genre. Finalement la conversation revient sur mon père, je me doutais qu’il allait m’interroger et je ne redouter pas ce moment, s’il est curieux à ce sujet je suis disposé à lui expliquer, ce que d’ailleurs je fais sans hésiter. Aussi dur fut cette période c’est parce qu’elle est derrière moi que je suis capable de relativiser. Même si mes blessures ont laissé des marques qui me poursuivent encore aujourd’hui, mon père lui n’est plus là pour me frapper, je ne suis plus une victime, j’ai réussi à fuir tout ça, à m’en sortir et je dois en être fier. Personne ne pourrait deviner à me voir le passé que je traine, mais c’est mieux ainsi, je n’ai aucune envie d’avoir une étiquette sur la tête. J’ignore ce qui m’a donné la volonté, surement était-ce ma mère ? Ou l’envie de quitter cette chaise roulante ? J’étais perdu, mais je ne voulais pas abandonner. « Je ne pense pas que j’aurais supporter de vivre assis dans une chaise. » Avouais-je en y réfléchissant une seconde. Je souris pour le rassurer, tout va bien, ses questions ne sont pas gênantes, j’imagine que ce soit parce que c’est lui que je peux être aussi franc et parler de cette manière, il faut pas oublié que je reste quelqu’un de réserver et solitaire sous mes airs sociables. « J’aimerais l’oublier parfois. » Mais faut croire que ce n'est pas encore possible. Je garde mon esquisse quant à son commentaire puis attrape ma tasse pour boire une gorgée. « J’imagine que tu as aussi tes propres cicatrices. » Comme tout le monde, seulement il y en a qu’on voudrait taire et oublier, ce qui n’est pas possible malheureusement.

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TENUE ••• Je n'ai pas encore eu le temps depuis mon retour de réellement me poser la question sur mon frère. J'aimerai le revoir, c'est sûr et certain, mais je ne sais comment procéder pour le moment. Même si j'ai le temps pour le retrouver, c'est sûrement la patience qui va me manquer. Pour le moment, je ne peux que parler avec Tenma, de nos familles, de son père, de sa santé ou de son passé. Je suis curieux à son sujet, c'est indéniable. Tant que je peux en savoir sur lui, je le ferai. L'histoire de son géniteur est surprenante, y a de quoi faire un bouquin ou un autoportrait avec tout ce qu'il me raconte. C'est intéressant, mais à la fois horrible. Je n'aurai pas voulu avoir un père comme le sien, et je regrette qu'il se soit fait battre par cet homme sans avoir l'aide d'une tierce personne. Parce que pour en venir à le briser de la sorte, c'est vraiment que personne autour de lui ne remarquait son malheur, ou ne voulait le voir. à l'époque de l'école, il n'avait pas l'air si mal en point... Ce n'était pas le garçon super sociable, mais il n'était pas non plus 100% refermé. à mes yeux, il était normal. Une chose est sûre, Tenma mérite autant d'admiration qu'on pourrait lui en donner. Il a survécu au traitement de son père, il s'est sorti d'une chaise roulante et maintenant, il semble aller mieux. J'espère que ce n'est pas seulement en façade, mais aussi à l'intérieur. « Tu m'étonnes. » C'est toujours plus compliqué de vivre dans une chaise que sur nos deux jambes. En tout cas, il a réussi là où beaucoup ont échoué, et c'est une belle victoire. « C'est justement quand on voudrait oublier que ça n'arrive pas. » Moi aussi, je voulais oublier, mais plus je tente de le faire et plus les souvenirs me hantent. « J'en ai quelques unes, mais elles ne sont pas liées à ma famille. » Répondis-je sincèrement. Des cicatrices physiques, mais aussi mentales. J'ai signé pour ça, du moins, je savais à quoi m'attendre en partant si loin. « La guerre laisse des marques pour tout le monde. » Même pour un simple médecin. Je lui souris, sortant mon porte-feuille de ma poche pour payer nos consommations. « Je te ramène à ta voiture. » Je l'informe, ce n'est pas une question.

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