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feat. mahiru & haru

TENUE ••• La sonnerie venait de retentir dans l'école, annonçant la fin de l'heure, mais aussi la fin de journée. Impatient, j'ai quitté ma chaise avec enthousiasme et bonne humeur. Ritsu devait faire autre chose, Moe traînait avec des amies et quant à mon meilleur ami, il venait d'être collé pour s'être endormi en cours. ça me laissait de quoi faire avec quelqu'un d'autre, qui lui n'était pas dans ma classe. Arrivé en début d'année comme moi, Haru est un second qui ne connaît rien à Tokyo. C'est l'occasion rêvé pour moi de lui faire visiter l'endroit où j'ai toujours vécu. Déjà lors des premières rencontres, je lui avais demandé de me faire signe si besoin, mais aujourd'hui je me suis dit que ce serait une bonne chose de le guider à travers les rues. Sa classe n'est pas très loin de la mienne, ce qui me laisse du temps pour le rejoindre et le saluer, sourire aux lèvres. « Haru-sempai ! » L'interpellais-je poliment, mais avec cette note réjouissante. « Tu as quelque chose de prévu ? Je voulais savoir si tu voulais sortir faire un tour avec moi ? » C'est soudain comme demande, surtout qu'il pourrait avoir un truc à faire. Attendant sa réponse, c'est une fois que j'ai son accord que j'ajoute: « Je dois me changer avant, on se retrouve devant l'école d'ici une heure ? » Je n'ai rien contre le fait de porter mon uniforme en dehors du bahut, mais je préfère le troquer contre une tenue simple une fois la journée terminée. Faisant un signe de la main à mon aîné, je file en vitesse jusqu'à « chez moi », histoire de déposer mes affaires dans ma chambre et échanger mon uniforme contre quelque chose de plus décontracté et passe partout. Un coup d'eau sur le visage, mes rats et mon poulet nourrit, je referme derrière moi et retourne à l'école avant que l'heure ne soit écoulé. Heureusement que ma guest house est à Shibuya, même s'il faut marcher un peu pour faire le trajet entre Royal et ici. ça m'a permit de récupérer des sous et de charger mon portable durant quelques minutes, au cas où. Désormais, je n'ai qu'à attendre Haru pour lui faire découvrir des endroits sympas dans le quartier.

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TENUE ••• Son stylo tapant contre sa lèvre, Haru s'ennuie. La sonnerie va bientôt retentir, annoncant la fin de ce cours d'histoire, il le sait, mais qu'est-ce qu'elle est longue à venir. Il rêve déjà de retrouver sa petite chambre douillette au dortoir avec tous ces jeux. Il prépare un live pour le week-end qui arrive alors il doit être préparé. Ce serait triste qu'il ne montre pas sa dextérité en la matière alors que tout le monde peut le voir. Jetant un coup d'oeil à son téléphone, il soupire et pose sa tête contre sa table. Pourquoi le temps ne défile pas plus vite ? Soudain le clairon de la délivrance retentit. Le sourire aux lèvres, le lycéen se redresse et commence à ranger ses affaires dans son sac. Son professeur est en train d'expliquer les derniers devoirs à faire pour le prochain cours mais il ne l'écoute même pas. De toute manière, il a toujours d'excellentes notes, même si il révise qu'à la dernière minute. C'est ça d'être intelligent.

Tandis qu'il met sa trousse dans son sac, il songe au film qu'il va bien pouvoir regarder ce soir. Peut-être Ex Machina, il a regardé le trailer dernièrement et il a adoré. Si il se révèle bien, il pourra toujours le conseiller à Hana. « Haru-sempai ! » Le garçon relève la tête et aperçoit Mahiru, un élève de première année qui l'a bien aidé depuis son arrivée. Il est super adorable comme enfant. « Yep, chuis là. » Quand il parle avec lui, il arrive à décomplexer sur son accent même si son ami est un tokyoïste pur souche. Au moins, il ne lui fait pas de remarques toutes les 5 minutes. « tu as quelque chose de prévu ? je voulais savoir si tu voulais sortir faire un tour avec moi ? » Haru s'approche, son sac sur l'épaule, tout souriant. « Bah, ch'crois j'ai rien. T'vas m'faire visiter la grande Tokyo ? » Certes, son projet initial était de jouer encore et encore. Mais parfois, sortir c'est pas mal aussi. En plus, il ne connaît toujours pas très bien Tokyo alors il faut qu'il en profite. « je dois me changer avant, on se retrouve devant l'école d'ici une heure ?  » Le jeune homme hoche la tête avant de lever son pouce pour lui signifier qu'il est d'accord avec lui. « Yep, ça m'va. T'façon, il faut que je m'change aussi. » L'uniforme ça va bien 5 minutes, pour visiter la ville, c'est bien de se libérer aussi. Avec un sourire, les deux garçons se quittent et Haru se rend à son dortoir pour se changer. Puisqu'il a bien une heure devant lui, il en profite pour faire charger son téléphone et prendre une photo pour la poster sur instagram. Il adore faire partager sa vie à ceux qui le suivent, c'est un peu idiot non ?

Lorsque l'heure du rendez-vous approche, le campagnard enfile ses chaussures et quitte sa chambre pour rejoindre son ami. Celui-ci l'attend non loin de la Royal et Haru s'avance vers lui en agitant la main. « Mahiru ! » Dès qu'il se trouve à son niveau, il passe son bras autour de son cou et lui adresse un clin d'oeil amusé. « Alors, tu m'enmènes voir quoi cette fois ? Dis moi qu'on finira au McDo pour manger, hein ? » Le fast-food c'est mauvais mais dieu que c'est bon. C'est même sans honte qu'il dira que c'est toute sa vie.

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TENUE ••• Aussi surprenant que cela puisse paraître, les cours m'intéressent vraiment. Je m'ennuie rarement durant la classe, écoutant les professeurs, notant la moindre chose capable de m'aider à augmenter mes notes ou travaillant déjà sur les devoirs à rendre ou à venir. Je suis ce que l'on nomme un élève assidu. Tout me rend curieux, pas seulement ce qui se déroule dans cette pièce, mais aussi en dehors de l'école, du cadre scolaire, tout ça. Malgré ça, je ne sais toujours pas quoi faire plus tard, quand je serais à l'université. Psychologie ? Comprendre la maladie de ma mère me plairait. Médecine ? Je ne suis pas suffisamment intelligent pour ça. Littérature ? Pourquoi pas, c'est intéressant. Sport ? à petite dose ça me suffit. Art ? Je n'ai aucun talent dans ce domaine. Je pourrais aussi m'orienter dans les animaux, avec mes rats et mon poulet. Enfin bref, toujours la même question qui revient quand je m'interroge sur l'avenir et mon futur dans la société.

Pour le moment, je n'ai aucune envie de penser à ce que je ferais dans trois ans. Je préfère sortir avec des amis, passer du temps avec des gens que j'apprécie et oublier le reste. Haru est l'une de ces personnes que j'adore, avec son accent différent et sa sympathie. Je ne connais pas énormément de chose sur lui, pourtant je me suis donné l'objectif de lui faire découvrir Tokyo, ma ville natale. Sa manière de répondre me fait toujours sourire. « Oui ! » Répondis-je, sans donner plus d'information. Si je commence à lui dire dans quel genre d'endroit je voudrais l'amener, je crains qu'il refuse ou que ça ne lui plaise pas. Du coup je lui donne rendz-vous devant l'école d'ici une heure, le temps de me changer et d'enfiler une tenue de ville. ça tombe bien, lui aussi. Une fois dans ma chambre, je m'occupe des tâches quotidiennes avec mes animaux de compagnie, reportant le peu de ménage à faire pour le lendemain. Je bosserais mes cours plus tard, avant de dormir.

Vêtu et prêt, je quitte mon « chez moi » et retourne à l'école en courant, n'ayant rien oublié de prendre pour ne pas tomber en panne d'argent, de batterie, etc. Sur place, je rejoins Haru et lui rend son signe de main, tout sourire. Son comportement m'amuse aussi, à croire qu'il n'a aucun problème à être proche des autres. Mcdo ? Je ris, visiblement amusé. « Bien sûr, y a des mcdo dans presque tous les quartiers. » Ainsi que des KFC, Starbuck, Subway, etc. Tokyo ne manque pas de fast-food, ni de restaurant, de café, ce genre d'endroit où se ravitailler. « Je me demandais ce que tu aimais le plus ? » La question peut paraître étrange comme ça, mais j'ajoute pour le guider. « J'aime les animaux et jouer au volley. Et aussi étudier ou lire. » ça pourrait m'aider à lui faire découvrir des lieux utiles pour lui. Par exemple, j'apprécie traîner au zoo d'Ueno pour observer les animaux ou me promener dans une animalerie, une bibliothèque ou jouer avec mon équipe durant nos heures de club.

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TENUE ••• Partir sur un coup de tête pour la capitale a peut-être été une mauvaise idée. Haru a abandonné famille et amis sans donner de raison valable pour arriver dans une ville dont il ne connaît rien. Le mal du pays aurait pu le prendre si il n’y avait pas eu Mahiru. Ce petit tokyoïte est vraiment son rayon de soleil depuis qu’il est arrivé ici. Il lui fait découvrir sa ville et lui permet de sortir un peu de son trou. Non pas que Haru n’a pas d’amis – au contraire, il sait s’en faire d’un coup d’un seul – mais il n’ose pas trop sortir avec tant qu’ils ne sont pas suffisamment proches. C’est qu’il complexe un peu sur cet accent qui le fait devenir le centre de l’attention dans le mauvais sens du terme. Heureusement Mahiru n’est pas pareil que les autres et il lui en est reconnaissant. « bien sûr, y a des mcdo dans presque tous les quartiers. » Le jeune homme lève le pouce devant son visage avec un sourire jusqu’aux oreilles. Si il y a des hamburgers alors il ira où le vent l’emportera. «  je me demandais ce que tu aimais le plus ? » Haru hausse un sourcil en lâchant son ami. Qu’est-ce qu’il veut dire par là ?  « j'aime les animaux et jouer au volley. et aussi étudier ou lire. » Ah, il voulait parler de ça. Le campagnard prend le temps de réfléchir quelques instants en se tapotant la lèvre inférieure. Ce qu’il aime ? Excellente question. « Chais pas trop, t’sais. Hum… Les jeux vidéos, les langues puis les chiens aussi. C’est grave cool les chiens. » Après, il aime bien aussi les réseaux sociaux mais il ne sait pas si ça entre dans la question ou pas.

« T’aimes le volley ? T’voudras qu’on s’fasse des matcheuh un jour ? » Lui-même n’est pas un champion, certes, mais il se débrouillait bien dans sa campagne. Enfin, il s’est toujours débrouiller dans tout, me direz vous. « On va où du coup ? » Il jette un regard rapide sur son téléphone qui vient de vibrer, affichant un message de Hana, et le remet dans sa poche sans y répondre. Il faut vraiment qu’il arrête d’être trop dévoué, c’est pas la meilleure solution pour l’oublier.

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TENUE ••• à la place de Haru, si je venais à quitter ma ville natale pour un coin inconnu, j'aimerai que quelqu'un me remarque et me fasse découvrir son paradis, enfin l'endroit où il a toujours vécu. C'est ainsi que j'ai eu l'idée d'aborder le jeune homme, en me mettant deux secondes à sa place et en essayant de ressentir le « mal » du pays qu'il a pu avoir les premiers jours ou les premiers mois désormais. Je me demande s'il se sent toujours autant perdu dans Tokyo ou si il commence à prendre doucement ses marques. Après tout, c'est une très grande ville dont j'ignore quelques recoins, comme ceux qui n'inspire ni confiance, ni sécurité. Je n'amènerai jamais Haru dans les quartiers malfamés ou dangereux de ma belle capitale. Son accent ne me pose aucun problème, je peux comprendre que cela soit gênant, surtout quand les autres le pointent du doigt. Personnellement, j'ai aussi des problèmes que je n'aimerai pas afficher devant l'école, comme mon diabète ou la maladie de ma mère, ou encore mes nombreux cauchemars qui s'effacent le lendemain. Ma question peut paraître étonnante, pourtant elle est innocente. Je ne demande rien d'intime à mon ami, juste ses hobbies. Pour cela, je m'explique mieux en décrivant ce que j'aime à mon tour, le mettant sur la voie. Les jeux vidéos ? Intéressant. Ce n'est pas ce que j'apprécie des masses, mais parfois je traîne dans les arcades de jeux, dissimulé un peu partout dans les quartiers. C'est comme les mcdo, en fait. « J'aime bien les chiens aussi, même si je ne possède que des rats. » Et un poulet, mais qui voudrait savoir ça ? à part pour le manger. Du coup, ça me met un peu sur la voie.

« J'ai rejoins le club cette année, mais j'aime bien. Avec plaisir ! » En vérité, il peut me proposer tout ce qu'il veut, je dirais toujours oui. C'est ça le point positif chez moi, je refuse tellement peu de chose que ça en devient effrayant. Où est-ce qu'on va ? Je souris, levant mon index à côté de mon visage avant de le pointé dans sa direction, sans véritable raison. « à Akihabara ! Tu connais ? C'est un quartier célèbre pour ses mangas et sa technologie, y a aussi pas mal de commerce de jeux vidéo et des arcades. Tu devrais aimer. » J'en suis persuadé. Indiquant une entrée de métro de mon pouce, je lui fais signe de me suivre vers la volée d'escalier qui s'enfonce sous la ville. C'est le meilleur moyen pour parcourir les lieux sans trop se fatiguer, même si le métro est une longue histoire d'après certains. « Garde bien tes mains en vues, ou alors reste collé à moi. » On n'sait jamais, avec les gens.

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TENUE ••• « j'aime bien les chiens aussi, même si je ne possède que des rats. »  Des rats ? C’est la première fois que Haru entend parler de quelqu’un élevant des rats. Ce doit être un truc de la ville qu’il ne connaît pas encore, une mode un peu étrange peut-être. Pour lui les rats, c’est ces vieux animaux qui mangent le riz dans le grenier et que l’on chasse à coup d’Arsenic. Mais après, si Mahiru aime, il n’a pas le droit de juger, alors il hoche poliment la tête avec un petit sourire. Son ami a bien le droit d’avoir la ménagerie qu’il veut chez lui, tant qu’il n’a pas à les croiser, ça lui très va bien comme ça. « j'ai rejoins le club cette année, mais j'aime bien. avec plaisir ! » Hôchant de nouveau la tête, le campagnard se met à réfléchir. Si il a commencé le volley cette année, il y a peut-être moyen qu’il connaissent plus de techniques que lui. Il remplirait alors son rôle de bon sempai en lui enseignant et cela lui permettrait de le remercier d’une bonne façon pour tout le mal qu’il se donne à lui faire connaître Tokyo.

Le doigt pointé vers Haru, le 1ère année annonce la destination. « à akihabara ! tu connais ? c'est un quartier célèbre pour ses mangas et sa technologie, y a aussi pas mal de commerce de jeux vidéo et des arcades. tu devrais aimer. » Les lèvres du japonais forment lentement un O étonné. Il existe vraiment un quartier comme celui là à Tokyo ? Quand on lui parlait de ça avant, il avait plus l’impression d’entendre une légende. Dire qu’il va entrer dans un temple, son temple à lui. Il sourit et lève son pouce vers son ami. « J’connais poah mais ç’va s’arranger, pas vrai ? C’est qu’ça a l’air génial dit comm’ça. » Les deux compères se dirigent donc vers le métro, ce qui excite encore plus Haru. Depuis qu’il est dans cette ville, il est tombé en amour avec ce moyen de transport. Il trouve ça vraiment chouette même si il y a souvent plein de monde. « garde bien tes mains en vues, ou alors reste collé à moi. » Il hoche la tête avant d’attraper l’une de ses manches. Si il ne veut pas qu’il le perde, alors il ne le fera pas. Une fois descendus sur les quais, ils n’ont pas à attendre longtemps que déjà le métro arrive. Se pressant pour entrer – il s’est découvert une peur à l’idée de rester coincé pendant que les portes se ferment – il réussit à attraper deux places debout près d’une porte. Il y amène donc Mahiru et lui adresse un grand sourire. « C’t’à quelle station qu’on descend d’coup ? » Qu’est-ce qu’ils vont faire en premier, arcades ou magasins de jeux videos ? « J’dore le métro, en vrai. Genre, j’trouve ça vach’ment coulleuh. » C’est la petite anecdote du jour de Haru, il faudra qu’il pense à prendre une photo pour l’utiliser comme légende. Ça pourrait être sympa.

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TENUE ••• Ce n'est pas tant un truc de la ville d'avoir des rats, c'est surtout que j'habite dans un endroit si petit et serré que je ne peux me permettre de faire vivre un enfer à une bestiole trop grosse, comme un chien ou un chat. Ils seraient trop malheureux, sans jardin, sans pièce à visiter. Juste une chambre, avec un lit, un bureau et une commode où ranger le peu d'affaire que je possède. Ainsi qu'une sorte de mini balcon, déjà occupé par mr.Pic, le poulet. Ouais, je ne peux même pas inviter qui que ce soit dans mon placard à balais, sauf mon voisin et ami qui connait déjà ça pour vivre la même chose. Douche en commun, cuisine en commun, salon en commun, tout se partage dans notre guess house, sauf nos chambres. Quant au volley, je serais curieux de savoir son niveau et peut-être d'en apprendre autant avec lui que je peux lui montrer de lieux à visiter dans Tokyo. Ce serait un échange équitable, sans me donner envie de fuir à la moindre tentation de remerciement dont je ne saurais comment l'accepter.

Akihabara est l'endroit de rêve pour les Otaku et les nolife, même si je n'ai jamais saisi ces deux termes particulièrement. Juste que, ça émoustille plus de gens qu'un simple quartier avec des magasins de vêtement de marque, etc. Il devrait aimer ça, je me suis déjà perdu là-bas à lire sur place un volume au hasard d'une série quelconque, à boire un chocolat dans un maid café ou à examiner les cosplays et autres trucs dans le genre. C'est marrant, et différent à la fois. « C'est ultra cool, tu verras ! » Il n'y a pas plus enthousiasme que moi dans le périmètre. J'aime montrer les différentes facettes de ma ville natale, du quartier chic à l'arrondissement moderne, du coin spécial au temple plus calme. Tokyo a tellement à faire découvrir qu'il faudrait des semaines pour la connaitre. Le métro est le meilleur moyen de se déplacer, la preuve, y a toujours un monde fou dans les wagons. Ce n'est pas toujours pour plaire à tous, avec les quelques problèmes lié à ce genre de transport en commun. Sous mes conseils, Haru s'accroche à moi et je souris, étant sûr de ne pas le perdre entre deux stations. Mon seul problème avec le métro, c'est que je ne suis taillé pour trouver des places facilement, avec une taille moyenne et maigre, ça devient rapidement Hunger Game. Heureusement qu'il pige le truc et nous amène proche d'une porte, à l'abri des mauvais coups. « à Akihabara, c'est sur la ligne Yamanote, la verte claire. » Fis-je en essayant de lui montrer le plan, au dessus de nos têtes.  Celui-ci indique uniquement la ligne que nous suivons, mais sur un plan de toute les stations, Haru pourrait constater sur laquelle nous sommes. Une ligne qui forme un rond et qui ramène donc à Shibuya. Il y a des correspondances, des lignes qui se croisent en gros et qui permettent de changer de destination, etc. C'est trop long à expliquer, faudrait vraiment être face à un plan grandeur nature pour bien qu'il comprenne. « J'aime bien aussi, je connais que ça depuis que je suis en âge de le prendre. » Et ça remonte à loin, à dire vrai. J'ai su prendre le métro le plus tôt possible, avec ma grande soeur. Il y a peu de station entre les deux, mais le remue-ménage des gens donnent l'impression d'être là depuis une éternité. Sauf que le wagon n'est jamais vraiment vide, voire jamais tout court. Quand notre arrêt arrive, je fais signe à Haru qu'il faut ouvrir la porte pour sortir du train et retrouver un quai.

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TENUE ••• Haru, il aime bien le métro. Il trouve ça fascinant qu’un train souterrain ait été inventé pour relier la ville d’un bout à l’autre. Si ses recherches ont été justes, c’est en Europe que les premiers sont arrivés et les rails étaient en bois. C’est qu’après quelques incendies qu’ils se sont rendus compte que ce n’était peut-être pas la meilleure des idées et qu’ils ont tout métallisé. Au Japon c’est en 1927 que la première rame a été ouverte. C’était la Ginza si ses souvenirs sont bons. Maintenant, Tokyo est la deuxième ville du monde au niveau de la fréquentation du métro derrière Pékin. Ça doit sûrement expliquer pourquoi à cette heure de la journée, il se retrouve écrasé contre une porte, à observer des gens se bousculer toutes les 5 minutes. Mais même bondé, ça ne l’empêche pas d’apprécier ce bijou de technologie. « à akihabara, c'est sur la ligne yamanote, la verte claire. » Hochant la tête, ravi d’apprendre de nouvelles choses, Haru se dévisse pratiquement le cou pour apercevoir ce que son ami lui montre. La ligne est modélisée rendant assez compliqué sa visualisation sur une carte de la ville mais le jeune lycéen voit à peu près où ils sont. Ou du moins, il croit. Il faut vraiment qu’il apprenne les lignes de métro. Cela va faire plus de 6 mois qu’il est à Tokyo et il ne sait toujours pas s’y repérer. C’est fou quand même.

« j'aime bien aussi, je connais que ça depuis que je suis en âge de le prendre. » Haru lui adresse un sourire et lève son pouce en l’air pour montrer son approbation. « C’couleuh qu’on ait des points commeins. J’suis content, ç’nous rapprocheuh. » Depuis qu’il est arrivé à Tokyo, il n’a pas vraiment eu le temps de se lier aux autres et de se faire des amis. Un peu trop perturbé du changement sûrement. Toujours est-il que rester enfermé dans sa chambre à jouer aux jeux vidéos ne l’a pas aidé dans sa socialisation. Heureusement que Mahiru est là pour le faire sortir, ce petit gars s’apprête à être quelqu’un d’essentiel pour lui. À côté de ça, il y a toujours le conseil des élèves pour lui faire rencontrer d’autres personnes. Quand il voit Eden, son idole, toujours entouré de filles et même de gars, il se dit qu’il saura faire pareil.

Soudain le métro s’arrête et Haru reçoit un signe de son ami. C’est le moment, ils doivent descendre. Actionnant le bouton pour ouvrir la porte, il s’apprête à sortir tranquillement quand il se fait bousculer par quelqu’un de pressé. Puis par un autre, et encore un autre. Au final, il se retrouve sur le quai, au beau milieu d’une foule de personnes en mouvement. Où est Mahiru au juste ? Jetant un œil de tous les côtés, il croit l’apercevoir au loin et fonce dans le tas pour le rejoindre. Quand enfin, il touche son épaule, un inconnu se retourne pour lui jeter un drôle de regard. Oups, il s’est trompé. Mais où peut-il être alors ? Tournant sur lui-même, il tente de l’appeler encore et encore. « Mahiru ?! Nishi Mahiru ? Mahiru, té où ? » Il l’a perdu. Lui, petit campagnard du fin fond du Japon vient de perdre son ami citadin dans l’une des plus grandes stations de métro de la ville. Tout va bien. Un peu paniqué, le jeune garçon sort son téléphone de sa poche et compose le numéro de son ami, espérant que celui-ci réponde. Grand Bouddha, pourquoi y a-t-il autant de monde ?

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TENUE ••• Depuis ma naissance, je connais le métro. Du moins, il a toujours été là, bien avant que je naisse. Malgé ça, je ne me suis jamais interrogé sur ce mode de transport. C'est pratique et je l'utilise beaucoup depuis enfant, avec ma soeur, ma mère ou tout seul récemment. Or, ce n'est pas pour autant que je me suis renseigné sur sa fabrication ou la création des trains. Haru doit être un garçon très curieux pour s'intéresser à cela, se poser autant de question. La découverte est une chose que l'on ne peut retirer à l'être humain, généralement c'est ce qui nous ouvre l'esprit. Les lignes de métro sont faciles à comprendre une fois que l'on saisi le truc. Ou alors c'est parce que je connais celles-ci depuis la nuit des temps ? ça ne doit pas être évident pour quelqu'un qui débarque en ville. J'imagine que Haru doit souvent se perdre dans ce genre d'endroit. Heureusement que je suis là pour le guider ! Je suis comme une sorte de rat, qui connait le moindre recoin du métro.

Le métro est un point commun entre nous, surtout parce qu'on aime ça. Je lui souris, levant aussi mon pouce. Son accent me fait toujours autant trippé, comme si nous ne parlions pas la même langue mais que je le comprenais quand même. « On se serait rapproché même sans ce point en commun. » Fis-je, par pure gentillesse et humanité. Je n'ai pas besoin d'avoir des intérêts en commun avec les gens pour discuter avec eux, mais c'est vrai que ça aide. Je suis juste content qu'il s'en sorte dans cette grande ville, qu'il ne soit pas tout seul dans son coin à ne pas savoir où aller, ou à qui demander si besoin.

Indiquant à Haru de sortir, je le laisse ouvrir la porte, pas si loin de lui... Quand les adultes se font plus pressant. C'est un coup à prendre, faut savoir suivre la foule comme le courant d'une rivière. Or là, il a complètement été emporté. J'ai réussi à descendre moi aussi, fort heureusement. Je n'imagine pas la galère si j'étais resté dans le métro. Sauf que je ne vois pas un cheveux de Haru. La panique grimpe doucement, me serrant la gorge à l'idée de l'avoir perdu. Par instinct, je reste proche du quai, au cas où il penserait à revenir sur ses pas... Ce n'est vraiment pas évident quand ça part ainsi, en cacahuète. « Haru ? Haru ! » J'hausse un peu la voix, surprenant quelques personnes autour de moi qui ne devaient pas s'attendre ça. Je m'excuse, honteux et rouge. je n'ai pas pensé à mon portable ! Celui vibre dans ma poche, l'attrapant à toute vitesse pour voir le nom de mon ami s'afficher sur l'écran. « Haru ! Où es-tu !? » Manquais-je de crier à travers l'appareil, tellement je suis affolé de l'avoir égaré comme un idiot.

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TENUE ••• Si Haru vient bien d’apprendre quelque chose au milieu de toute cette foule c’est que se perdre dans le métro aux heures de pointe est la pire chose à faire. Il est au bord de la crise de panique, appelant son ami de toutes ses forces, sans aucun intérêt pour les passants qui lui lancent des regards désobligeants. Qu’est-ce qu’ils ont au juste ? Ils ne se sont jamais perdus ? Tournant dans tous les sens pour espérer apercevoir Mahiru, il finit par attraper son téléphone et l’appeler. Qui sait, ils réussiront peut-être à mieux se retrouver. Heureusement pour son petit cœur plein d’angoisse, le tokyoïte décroche immédiatement. « haru ! où es-tu !? » Ouh. Le pauvre a l’air aussi stressé que lui. « J’suis toujoureuh dans la gare mais j’ché poa où... » Et puis tous ces gens qui vont et viennent ne lui facilitent pas la tâche pour se repérer. « J’crois j’suis dans un coin. Enfin y a poa d’coin, mais y’o ein mur. » C’est peut-être un peu vague comme explication quand même. Alors Haru fait le tour de lui même pour essayer d’apercevoir un indice.

« Et toa té où ? J’suis pas loiein d’un escalier j’crois. Mais j’sais pas lequel. » Soudain quelqu’un le bouscule et il se retrouve plaqué contre le mur. Le choc lui fait lâcher son téléphone qui tombe dans la foule piétinante. Oh non ! Pas ça ! Paniqué, il se jette limite dessus, s’excusant pour les gens qu’il dérange. Hélas, même si il a été rapide, il n’a pas pu lui éviter ce pied fatal qui a cassé l’écran en plusieurs morceaux. Pauvre petit portable. Le portant à son oreille, le lycéen tente de voir si l’appel marche toujours et si les dégâts ne sont pas aussi grave qu’il ne le croit. « Mahiru ? Mahiru ? T’m’entends ? » Apparemment, cela fonctionne encore, ce qui lui tire un profond soupir de soulagement. Si en plus il n’avait pas eu de téléphone, alors il était perdu à jamais. « Bon j’bouge poa et j’t’attends, oké ? »

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TENUE ••• Prendre le métro m'a toujours parut facile et aussi simple que dire bonjour, mais je n'aurai jamais cru que ça puisse devenir l'enfer en perdant quelqu'un. Faut dire que je ne suis pas venu dans ce genre d'endroit avec une personne qui ne connait rien à ce moyen de transport. Haru est le premier. Le premier que j'égare aussi. Je me sens comme quelqu'un à qui ont a confié un animal de compagnie et qui l'a perdu ... Sauf que Haru n'est pas un chien ! Le métro est grand et y a du monde. C'est infernal pour le retrouver. Heureusement qu'il pense à m'appeler, décrochant aussitôt son appel pour savoir où il est. Toujours dans la gare, c'est rassurant. Ché poa où, un peu moins. Je fais la grimace, cherchant un point de repère des yeux. « Y a des murs partout... » Soufflais-je pour moi-même, regardant chaque mur à portée de vue. Il pourrait être n'importe où dans la gare, vers n'importe quelle sortie.

« Je suis toujours sur le quai, là d'où nous sommes arrivé. » Pas sûr qu'il sache retrouver ce point précis, surtout avec la foule. Je continue d'observer les lieux, quand il me parle d'un escalier. ça pourrait le faire ! « Y a-t-il des panneaux ou des indications ? Haru ? » Je ne l'entends plus, à vrai dire ça fait un bruit immonde dans l'appareil que j'éloigne doucement de mon oreille avec une grimace. Il l'a fait tomber ?! Ohlala ! Si j'étais asthmatique, je me ferais déjà une crise. Quand le son de sa voix me revient, je soupire de soulagement. « Je suis là. » Fis-je, calmement. Du moins, j'essaye d'être le plus calme possible. « Oui, reste vers l'escalier. » Ce serait mieux et plus limiter. Je peux toujours tenter de prendre une sortie au hasard et voir si il se trouve là-bas. Je commence donc par une première tentative. « à part l'escalier, tu vois quoi d'autre ? » Demandais-je, tout en avançant à petit pas entre les gens. Je peux toujours faire demi-tour, tant que je ne prends aucune sortie pour quitter le métro.

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TENUE ••• Il faut qu’il se reprenne parce que là, ça ne va plus. Il ne fait qu’avoir des montées de stress alors que les autres passants le bousculent sans faire attention. Il est même obligé de s’incliner devant eux pour s’excuser. Le téléphone collé à l’oreille, Haru tente de se raisonner. Tout va bien se passer. Mahiru ne s’est pas éloigné et est resté prêt du quai. Il va venir le chercher. Oui, tout se passera bien, il suffit juste qu’il prenne de grandes inspirations contrôlées. « oui, reste vers l'escalier. » Parfait. De toute manière, il ne comptait rien faire du tout. Il a vraiment l’impression d’avoir été jeté dans une jungle dont il ne connaît rien à la faune. Jamais il ne s’est retrouvé entouré d’autant de monde. Il est même presque sûr que le nombre de gens dans ce métro est le même que les habitants de son village natal. Qu’est-ce qu’il fait ici au juste, franchement ? Plus jamais il ne se perd. La prochaine fois qu’il viendra ici, il aura appris le plan et les lignes de conduite par cœur.

En plus, il y a plein de bruit autour du lycéen alors il n’entend pas toujours clairement ce que dit son ami. Pourquoi est-ce aussi bruyant ? Les gens ne peuvent-ils pas sortir en silence ? Et puis il pourrait y avoir un poste comme dans les centres commerciaux pour les gens perdus. Ils estiment qu’il n’y a que les habitués qui prennent ce métro ou quoi ? « à part l'escalier, tu vois quoi d'autre ? » Haru soupire en regardant tout autour de lui. Qu’est-ce qu’il en sait lui ? Il ne peut rien voir avec cette marée humaine. « J’sé poa, y a du jour au bout gé l’impression… » Que peut-il ajouter d’autre ? L’œil hagard, il tente de trouver quelque chose d’utile, en vain. « C’é qu’ça sent queq’chose, d’la bouffe ch’crois. » Maintenant qu’il le dit, il se rend compte que Mahiru doit être aussi perdu que lui. Qui retrouverait une sortie à l’odeur de nourriture dans une nuée de gens aux parfums différents ?

Soupirant profondément, Haru tente de faire le vide en lui. Tout va bien se passer. Il faut qu’il se calme sinon ils ne sortiront jamais de ce pétrin. Lorsqu’il rouvre les yeux, on peut de suite comprendre qu’il n’est plus le même. Cette fois, il cherche quelque chose de vraiment inédit. Quelque chose qui aiguillerait immédiatement son ami. « Ah si, y a de la musique j’crois dehors. Font p’te un événement ou quoi. Puis, ç’pas l’air d’être l’escalier des changements, t’sais. Plus le truc où t’sors de suite. » Il n’y connaît pas grand-chose en métro mais ça lui semble bien comme indications. Du moins, mieux que celles d’avant. Il soupire de nouveau et passe une main sur son visage tandis qu’il tient toujours son téléphone contre l’oreille avec l’autre. « J’t’attends hein. T’paumes pas stp et r’trouve moi… »

Ça fait peut-être un peu fragile dis comme ça, mais pour le campagnard, là c’est trop. Trop de stress, trop de monde, trop de pression, il n’en peut plus. Il a juste l’impression d’être abandonné et seul sur Terre dans une armée d’inconnus. Il craque là. Alors il tente tant bien que mal de cacher les larmes qui perlent au coin de ses yeux. Un homme c’est pas censé être aussi faible, quand même. Mais il y peut rien, pour le coup il a juste envie de retrouver Mahiru et de sortir de cet enfer. En plus il a envie de manger un hamburger, alors il serait pas contre un arrêt par McDo. En attendant, il est toujours au téléphone avec son pote, à tenter de retenir ses larmes en reniflant tristement. Il fait pitié un peu.

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TENUE ••• Fallait qu'il se perde maintenant et ici. En même temps, y a-t-il une heure et un lieu pour se perdre ? Un métro, c'est sûrement en haut de la liste des pires endroits où égarer un ami. Un ami qui n'est pas d'ici, qui plus est. J'aurai dû relier mon bras au sien à l'aide d'un ruban, histoire de ne pas m'éloigner de lui par m'égare. Exactement comme maintenant. La situation est angoissante et Haru a si peu d'information à me donner. J'ai beau connaître les lignes, les rames, les arrêts ou les changements de voies, ça ne m'aide en aucun cas de savoir qu'il y a des murs, un escalier ou de la lumière au bout. Cette façon de le dire pourrait me faire rire, si ce n'est pas aussi compliqué. Je tourne la tête dans tous les sens, au point de me faire mal au cou. Va bien falloir le retrouver quand même ... Le plus tôt sera le mieux. Je n'ose pas trop partir d'un côté, ayant peur qu'il soit à l'opposé. Au pire, je ne risque rien de faire un bout à l'autre, par précaution. Je le garde quand même au téléphone en marchant, parfois bousculé par la foule qui ne cesse de remuer partout telles des fourmis.

« Quel genre de bouffe ? » ça sonne comme une plaisanterie, je me doute qu'il ne va pas savoir à quoi correspond l'odeur. Sauf que, ça peut venir de dehors, comme de dedans. Après tout, de la bouffe, y en a partout. Mon regard ne cesse de se poser ci et là, cherchant un détail particulier ou un début de piste. Rien. Pas de Haru en vue. Je pourrais croire qu'il a trouvé le passage pour Poudlard, si la voie 9 3/4 existait réellement. Et si c'était une gare, plutôt qu'un métro. « Ne bouge pas, je vais essayer de faire le tour. » C'est la seconde fois que je lui dis de ne pas bouger, comme si il pouvait s'échapper hors de ma portée. Les paroles de mon ami sont parfois incompréhensible. Son accent surtout. Au téléphone, ça rend encore plus mal qu'à vive voix, mais je m'en sors. Escalier, sortie, odeur de nourriture, musique. Je réfléchis rapidement et change de chemin. « Je crois me souvenir d'un truc ... Si je ne me trompe pas, ils devraient être encore là! » M'exclamais-je, parlant de la musique. Ou plutôt des musiciens.

Après un demi-tour, je remonte la foule dans le sens inverse où j'allais et me dirige vers l'une des sorties. « J'arrive, ne t'inquiète pas. » à l'entendre, on pourrait croire à un enfant qui a perdu sa mère. Sauf que c'est un garçon qui a paumé son pote. « Hm, puis c'est impossible pour moi de me paumer dans un endroit où j'ai grandis. » Souriais-je, le portable toujours collé à mon oreille. Je connais le métro comme ma poche, je suis né dans cette ville et même en changeant de quartier de résidence, je ne peux me perdre si facilement. Le son étouffé qu'émet Haru me parvient à l'autre bout du fil, comme des sanglots qu'il voudrait retenir. « Je suis bientôt là. Je vois la sortie. » Je tente de le rassurer au maximum, accélérant le pas en me faufilant habillement entre les gens. Au bout de quelques minutes, je parviens à la fameuse sortie où se dégage une odeur de bouffe et de la musique.

« Haru ! » M'écriais-je, le son de ma voix fait écho entre le téléphone et le face à face. Je raccroche l'appel et me précipite vers lui, une goute de sueur perlant sur ma tempe. « Je t'ai retrouvé. » Quel soulagement ! Ma main se pose sur sa tête et je glisse doucement mes doigts dans ses mèches comme un signe réconfortant, pour le rassurer davantage. « Tu vois, j'ai fait vite. ça va aller maintenant. » Y a plus aucune raison de se perdre, de toute évidence je compte tenir sa main à partir de maintenant. « Sortons d'ici, tu as sûrement besoin d'air. » C'est étouffant dans ce métro, surtout après un coup d'angoisse comme celle-ci.

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TENUE ••• Adossé contre son mur, Haru continue d’écouter la voix de son ami qui le rassure. C’est rare qu’il stresse comme ça. D’habitude, ça ne lui fait rien la pression. Il peut passer des heures à compter les sous de la trésorerie et si quelque chose manque, il reste calme et cherche une solution. Mais là, là c’est différent. Il a l’impression d’être perdu depuis une éternité. Que Mahiru se trouve à des centaines de kilomètres de là alors qu’il est seul et qu’il n’ose pas sortir dehors de peur de louper son ami. La sensation est horrible, c’est comme si il revivait le jour où sa chère Hana a décidé de sortir en ville et passer toute la soirée avec un gars.

Et voilà qu’il y repense. Qu’il repense à ce jour si détesté. À travers ses larmes, il sert les dents au souvenir du sourire de sa petite sœur toute heureuse de sa soirée en « amoureux ». Ça le tue tout ça. Haru aimerait tellement se débarrasser de ses sentiments plus qu’encombrant. Tout comme il aimerait sortir de ce fichu métro avec son camarade. « haru ! » Si l’un de ses vœux n’est pas possible, au moins, l’autre vient d’être réalisé. Ouvrant doucement les yeux, le lycéen observe son ami se précipiter vers lui pour le consoler en lui caressant les cheveux. « je t'ai retrouvé. » Oui. Il l’a retrouvé. Et le soulagement est tel que ses larmes ne s’arrêtent plus de couler.

Le tableau est plutôt amusant. Dans un coin du métro tokyoïte, deux garçons face à face. L’un pleure et l’autre le console. Qui croirait que le plus âgé est le plus fragile des deux ? Personne. Mais pour le coup, Haru s’en moque comme de son premier bavoir. Il a accumulé bien trop de stress en peu de temps, il n’y est pas habitué. « tu vois, j'ai fait vite. ça va aller maintenant.» Hochant doucement la tête, le garçon sèche ses larmes et reprend un peu de contenance. Allez, le coup de pression est passé, tout est bien qui finit bien. « sortons d'ici, tu as sûrement besoin d'air. » De nouveau, il acquiesce et attrape la main de son ami avant de se diriger vers la sortie.

Maintenant que tout ça est réglé, il se sent beaucoup mieux. D’ailleurs, l’air frais lui fait un bien fou, même qu’il s’arrête un peu plus loin de la sortie pour enlacer Mahiru. En le serrant contre lui, il en profite pour le remercier. « Merci b’coup Mahi’, t’m’as sauvé la vieuh, laisse tombey. Promis l’prochaineuh fois, j’fé atteintion. » Cela dit, il le relâche et s’éloigne d’un pas en sortant son téléphone. Quand il est tombé tout à l’heure, il ne l’a pas examiné en détail mais maintenant qu’il le voit à la lumière du jour, l’écran est bien fissuré. Il va falloir qu’il l’amène en réparation dès qu’il aura sa paye du mois.

Avec un petit soupir, il le range de nouveau dans sa poche et adresse une tape amicale sur l’épaule du plus jeune. « Bon, maint’nant qu’on s’en’é sorti, j’ai un p’tit creux. McDo, ça t’dit avant d’continuer notre aveintureuh ? » Il a une de ses envies de nuggets tout de suite, qu’il a hâte de trouver le premier fast-food venu. Toujours en souriant – bien qu’un peu plus gêné – il se passe une main derrière la tête, emmêlant ses mèches entre ses doigts. « J’é un peu plombé l’aimbianceuh avec t’t’ça, hein… Encore pareudon… J’fais un piètre senpai en vré, haha. »

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TENUE ••• C'est la pire sensation au monde que de perdre quelqu'un dans un endroit bondé comme le métro. Il peut arriver tout et n'importe quoi. Et si il arrive vraiment quelque chose à Haru, je m'en voudrais jusqu'à la fin de ma vie. Heureusement, je parviens à le retrouver après de longues minutes de galère à tourner en rond et à hésiter sur tel ou tel chemin. ça me soulage de l'avoir sous les yeux, de toucher ses cheveux du bout des doigts, malgré la panique qui me gagne quand je l'entends et le vois pleurer. oh non, non, non ! Qu'est-ce que je suis censé faire ? Je tapote doucement sa tête avec un sourire tendre. « ça va aller ~ Je suis là. » Tentais-je, plutôt maladroitement. J'ai l'habitude de consoler ma mère durant des crises, quand celles-ci ne sont pas effrayante, mais même en ayant une repère en tête, c'est difficile d'agir pareillement sur quelqu'un d'autre.

Je ne cesse de le réconforter avec des paroles rassurantes, éloignant ma main de ses mèches quand il sèche enfin ses larmes. On dirait un petit enfant, et moi, sa mère. ça ne doit pas être évident pour un gars de la campagne ... Bonjour l'angoisse! Je serais dans le même état à sa place. Si je devais me retrouver seul, perdu dans un champ ou une forêt, je pense que j'aurai réagi comme lui. En panique et en pleure. Maintenant que je l'ai retrouvé, nous pouvons piger d'ici et même quitter ce sous-terrain.

Remonter à la surface fait un bien fou ! Je n'aurai jamais cru que respirer cet air que j'inhale chaque jour soit si agréable et vitale. Je respire pleinement et soupire lentement. Le coup de stresse aurait pu m'achever, si je n'avais pas retrouvé mon ami assez vite. L'action de ce dernier me surprend sur le coup, mais je passe mes bras autour de lui pour tapoter doucement son dos. « Je suis content de t'avoir retrouvé rapidement et en un seul morceau. » Je plaisante un peu, pour dédramatiser. Il aurait pu se faire kidnapper par n'importe qui ! Enfin, nous sommes à Tokyo, pas dans une ville d'Amérique ou que sais-je. Faut dire que je n'ai jamais voyagé pour me faire ma propre idée du danger.

Haru me lâche et je le suis d'assez près, histoire de ne pas séparer à nouveau. Il examine son téléphone, j'espère qu'il n'a rien au moins ... « Il est cassé ? » Ne pus-je m'empêcher de demander, en voyant son expression. ça coûte cher, quand même. Bon, il n'a pas l'air d'avoir perdu l'appétit et cette pensée me fit sourire. « Oui ! Allons-y ! » Manger ne fait jamais de mal. après cet épisode traumatisant, vaut mieux se remplir le ventre. « C'est vrai que je me sens plus vieux que toi pour le coup. » Je le taquine, lui pinçant doucement le bras. « Mais tu n'as rien plombé du tout ! Ce sont des choses qui arrivent. Oh ! Regarde ! Le M ! » Dis-je en pointant l'enseigne du fast-food à quelques mètres d'ici. On ne peut pas le louper celui-ci.

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TENUE ••• « il est cassé ?  Hochant tristement la tête, Haru confirme les faits. Oui, son écran est irrémédiablement mort. Au moins, il peut toujours allumer son portable c’est l’essentiel. Le seul problème sera les bouts de verre qui viendront se coller dans ses doigts quand il tapera ses messages. Mais il ne se plaint pas. Si ça avait été pire, il n’aurait même pas pu s’en repayer un de suite. C’est bien beau de travailler au théâtre de Noh, mais ça rapporte pas assez pour se payer un téléphone comme ça. Surtout qu’il a déjà utilisé sa paye du mois dans des jeux et des vêtements.

Le rangeant dans sa poche, il finit par plaisanter avec Mahiru qui se moque gentiment de lui. C’est vrai qu’il a raison, on dirait presque que c’est le plus vieux des deux. Et pourtant. Riant avec lui, le lycéen ne peut s’empêcher de sourire à pleines dents. À chaque fois qu’il est avec le tokyoïte, il s’amuse toujours. Le garçon est comme une petite boule d’énergie et de gentillesse, il a vraiment une personnalité adorable qui lui vient beaucoup en aide. Heureusement d’ailleurs car comment s’en sortirait-il tout seul dans cette grande ville ? « oh ! regarde ! le m ! » Suivant du regard ce qu’indique son doigt, Haru l’aperçoit aussi et un grand sourire vient se loger sur ses lèvres. Ils vont enfin pouvoir manger et se poser un peu après tous ces événements.

Son appétit est tel qu’il se précipite à moitié dans le fast-food pour arriver premier à l’une des bornes de commandes. Là, finalement, il est attiré par les burgers et finit par en prendre un ainsi qu’une barquette de nuggets et une glace. Son ticket en main, le jeune homme part prendre place à une table et attend que son ami vienne le rejoindre en tapotant ses doigts contre la table. Maintenant il n’y a plus qu’à discuter pendant que leur repas est préparé. Quand le jeune lycéen s’assied enfin à leur table, Haru se penche vers lui avec un sourire. « Dis-moa, on voa faireuh quoi après ? T’veux m’eimm’ner où ? » Après tout, lui ne connaît rien à la capitale nippone ni aux villes en général alors il est très curieux. « d’ailleurs j’me demaindais, ça t’dérangeray d’me donner des p’tits cours d’japonais pour ameiliorer mon acceint ? j’en é grave marre qu’tout le monde y se moqueuh d’mon acceint d’paysan. »

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TENUE ••• Son portable est cassé, du moins l'écran. ça me rend triste pour lui, après tout c'est le genre d'objet qui coûte cher mais qui est trop pratique pour s'en passer. Je fais toujours attention avec le mien, parce que je ne pourrais pas m'en payer un nouveau non plus. Je ne pourrais ni demander à ma soeur, ni à mon père, déjà qu'ils font beaucoup pour moi, pour que je puisse vivre seul dans cette guest house, et payer mes études à côté, bien que je possède une bourse pour cela. Si seulement j'étais riche, tout serait beaucoup plus simple. Comme dirait les vieux, c'est la santé qui compte. Tant que je ne suis pas porteur d'un gêne de la démence -si c'est possible-, tout va pour le mieux.

De toute évidence, nous ne pouvons rien faire pour son téléphone, autant plaisanter et passer à autre chose. Il verra plus tard comment faire, et si je peux, je l'aiderai. Dans l'immédiat, il a faim et il voulait aller à mcdonald. Ce n'est pas difficile de trouver ce genre de fastfood ici, ils poussent comme des champignons et y a toujours des tonnes de gens pour faire la queue. Certains sont payés juste pour poireauter et faire croire qu'il y a de l'activité. Le M de l'enseigne attire aussitôt mon attention et je le montre à mon ami, en le pointant du doigt. Nous sommes tout proche ! Encore quelques pas et il pourra se remplir l'estomac. ça me fait penser que j'ai soif, après cette histoire de métro.

Suivant Haru de près, je le suis à l'intérieur du fast-food avec mon éternelle bonne humeur et mon sourire amusé. Heureusement qu'il y a un système de borne, sinon ça serait le bordel au comptoir. Haru commande ce qu'il souhaite, avant de cherche une table. Quant à moi, je me contente d'une glace et d'une boisson fraîche, n'ayant pas vraiment faim. Au pire, je mangerais un burger plus tard. Mon ticket en main, je le rejoins et patiente avec lui. « On pourrait aller dans une salle d'arcade ? » Proposais-je, sachant que ça ne pourrait que lui faire plaisir. Sa requête me surprend sur le coup, apprendre le japonais ? Il le parle déjà très bien, si on oublie son accent. ça me fait pouffer, légèrement. « Désolé, c'est la façon que tu as de dire « accent d'paysan » qui me fait rire. » C'est sincère, je ne me moque pas de lui. C'est juste la manière de se voir comme un paysan, pas son accent. Enfin bref! « Mais y a aucun problème, je peux t'apprendre ça. » ça demande surtout de la pratique, pour changer son accent. à force d'être ici et de parler avec des gens comme moi, il parviendra rapidement à faire comme nous.

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TENUE ••• « on pourrait aller dans une salle d'arcade ? » Quand Mahiru fait part de sa proposition, Haru ne peut qu’accepter, levant même ses deux pouces en l’air pour montrer à quel point il aime l’idée. Bien qu’il joue régulièrement aux jeux vidéos, il n’a jamais mis les pieds dans un lieu de ce genre. Après, ça peut se comprendre. Là où ses parents vivent, c’est tellement la campagne qu’il n’y a pas de karaoké. Pour aller à l’école, il avait le choix entre le bus ou le vélo, avec pratiquement une heure de trajet pour les deux. Découvrir la ville et la civilisation d’un coup, ça le rend parfois comme un petit bébé qui voit le monde pour la première fois. La sensation est toujours bizarre.

Alors que son ami rit de sa demande, le garçon fronce légèrement les sourcils. Il était pourtant persuadé que celui-ci ne faisait pas partie des genres de personnes qui se moquent des différences des autres. Il n’y est pour rien lui, s’il a ce fichu accent. Même s’il fait tout pour l’effacer, ça ne part pas en un claquement de doigts. Au contraire, il faut qu’il passe du temps, à réapprendre pratiquement tout son japonais, pour un jour espérer maîtriser le dialecte du kansai, celui de tokyo. « désolé, c'est la façon que tu as de dire « accent d'paysan » qui me fait rire. » Avec un petit sourire, Haru acquiesce doucement. Il comprend mieux. Mais c’est la vérité. Il vient de la campagne et à côté de tous ces gens de la ville, il fait tâche. Il aura beau avoir les meilleures notes du monde, les plus hautes responsabilités, pour ses camarades, il restera le petit paysan fraîchement débarqué dans la ville.

« mais y a aucun problème, je peux t'apprendre ça. » Comme il pouvait s’y attendre, Mahiru est toujours gentil avec lui dans des situations pareilles. Ça lui donne envie de lui mettre une grande claque amicale dans le dos. Ou alors de lui faire une de ces accolades que les hommes se font lorsqu’ils sont très heureux. Mais il se contente d’un large sourire tout en tendant son poing pour que l’autre tape dedans. « Ah m’ci ba’coup ! Frainch’meng t’m’sauveus l’vie. » Il leur faudra fixer des moments pour travailler et pratiquer en toute tranquillité, mais ils verront ça plus tard. Aujourd’hui, ils sont là pour visiter et s’amuser. Pour manger aussi puisque après quelques minutes d’attente supplémentaires, on leur apporte déjà leur commande. Pour une fois, ils sont vraiment très rapide, c’est cool.

Attrapant sa boisson, haru la lève en l’air comme pour trinquer puis sort sa paille de l’emballage et boit une ou deux gorgées. « Boneuh app'tit ! » Sur ces mots, il déballe son burger et commence à manger, sans rien ajouter. C’est toujours comme ça quand il mange quelque chose qu’il aime, il devient muet comme une carpe.

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