Tenue ☇  Étrangement, Ayeong n’arrivait pas à se sortir de la tête la dernière rencontre qu’elle avait eu avec le professeur de stylisme, ça lui restait dans un coin de l’esprit sans qu’elle puisse se l’expliquer. Peut-être parce qu’elle avait eu des réactions qui l’avaient elle-même surprise mais lui, lui avait eu un comportement plus suspect ; sans parler du fait qu’il venait de Ulsan. Catégoriquement, elle rejetait cette vérité mais au fond, elle savait que ça leur faisait un point en commun, le premier. Ça la perturbait, la rendait dingue bien qu’elle tentait de se montrer indifférente à cette vérité. Mais ça ne s’arrêtait pas là, à plusieurs reprise, elle avait la désagréable sensation qu’il l’évitait, depuis la reprise des cours elle aurait juré l’avoir vu faire demi-tour plus de six fois chaque fois qu’elle était face à lui. Quelque chose ne tournait pas rond en lui, et elle encore moins car ça commençait à l’obséder. Jusqu’à présent, elle avait fait de son mieux pour éviter que son chemin rencontre le sien, mais chaque fois il arrivait sans crier gare. Mais maintenant qu’il lui tournait le dos, elle ne se sentait pas aussi heureuse qu’elle aurait pu se l’imaginer il y a quelque mois.  
Aujourd’hui encore, elle y pensait, ça lui triturait l’esprit. Le cours magistral s’était écoulé sans qu’elle ne le réalise que cela faisait cinq minutes, que le dernier camarade de la promo avait quitté la salle. Elle rassemble rapidement ses affaires et se dirige vers le réfectoire. Il était midi et son estomac criait famine, après tout son dernier repas remonte à avant-hier. Du coup, elle n’y va pas de main morte lorsqu’elle se sert, et en apercevant la silhouette familière du fameux professeur, elle s’installe en prenant la place juste devant lui. « J’imagine que vous n’attendez personne ? » demanda-t-elle, en inclinant légèrement la tête vers la droite, avant de joindre ses mains, paume contre paume et déclarer « itadakimasu ! » et savourer une gorgée de soupe miso.  Son regard se reporte sur le visage flouté du professeur, avant qu’il ne puisse partir, elle comptait aller droit au but. « Professeur, j’ai besoin de vos talents » déclara-t-elle. Mensonges, mais c’était la seule excuse qu’elle avait pour le retenir, une voix dans sa tête lui disait qu’il pouvait détaler à tout instant, comme si elle était porteuse de peste. Il faisait froid, certes, mais elle n’était absolument pas malade.

Tenue ☇  Une première victoire se faisait retentir dans sa petite tête, il avait mordu à l’hameçon dès le premier essai. Maintenant, il fallait qu’elle se débrouille pour doucement tirer le poisson hors de l’eau, sans qu’il ne s’échappe de nouveau. Tant qu’elle ne l’aurait pas capturé, elle ne pourrait savourer pleinement sa réussite. Du moins, il fallait une stratégie, minutieusement élaborée, voilà ce qui lui faisait défaut. Pour le moment, à défaut de pouvoir décrypter l’expression qu’il pouvait aborder sur son visage, le simple fait qu’il avait posé ses baguettes lui permettait de deviner qu’elle avait toute son attention. Une bonne chose de faite, bien que l’étudiante ne savait pas encore quel plan d’attaque confectionner en un laps de temps record. Bêtement, l’habitude repris le dessus et elle répondit du tac au tac «  à votre avis ? »  Avant d’essayer de rattraper le coup en esquissant un demi-sourire qui se voulait presque énigmatique. Un demi-sourire et elle retrouva presque son expression bouddhaesque pour avaler une portion de nouille comme pour éviter de s’enfoncer davantage. Si elle avait le collier-sablier de Granger, elle l’aurait utilisé pour rattraper sa phrase, ou même pour remonter suffisamment loin dans le temps pour préparer son plan d’attaque. Même sans le vouloir, le professeur était un adversaire coriace. « Sinon, depuis la dernière fois, comment vas-tu ? » Question facile, pas de piège, c’est avec une confiance à moitié retrouvée qu’elle se lance, « dans l’ensemble bien, je dirais, si on oublie que la fin de l’année approche. » Au fur et à mesure qu’elle répondait, son expression s’assombrissait, elle réalisait malgré elle que si pour les plus inconscients et innocents c’était la période festive qui approchait, pour elle cela ressemblait aux longues et douloureuses séances de révision. « Et vous ? Vous semblez être occupé ces derniers temps. » Simple constatation, elle ne reprochait absolument pas le fait que ses derniers occupations ressemblaient plutôt à des mesures de fuite plutôt qu’autre chose.

Tenue ☇  S’il y avait bien une chose qu’Ayeong détestait, c’était les remarques dites avec une certitude infondée. Cela la mettait mal à l’aise, en plus de lui mettre une certaine pression comme si elle devait répondre à des critères auxquels elle ne se reconnaissait pas toujours. Pourquoi fallait-il toujours qu’on lui dise que tout irait bien alors que le futur n’est fait que d’inconstance ? Tout cela la frustrait et la fatiguait un peu, ce genre de discours hasardeux qui donnait l’illusion de connaître l’autre. Guise de réponse, un demi-sourire forcée qu’elle dissimule bien vite en avalant une autre bouchée de son plat principal, bien qu’elle ne veuille l’admettre, elle commençait à avoir l’habitude. « Moi ? Je prépare mes partiels. Ça me prend un peu de temps, mais j’ai bientôt fini. Il ne me reste que quelques trucs à peaufiner. » L’image qu’elle se faisait du professeur était claire, pas un seul instant elle pouvait l’imaginer en train de se torturer l’esprit à préparer un examen à ses élèves. Elle ne doutait pas de son sérieux et de son travail, après tout il semble être un mannequin de renom et avait un certain prestige en tant que styliste, mais en tant que professeur, elle avait de sérieux doute. Pourtant, la curiosité anime son regard, même si elle ne lui donnait aucune crédibilité en tant qu’enseignant, si la Royal le gardait c’est qu’il devait fournir tout de même des résultats satisfaisants. « Dites-moi, lorsque vous préparer vos examens, les faites-vous en pensant à vos élèves ? Est-ce le moment où justement vous vous décidez soit à vous montrer clément ou vengeur ? Où faites-vous vraiment abstraction de ceux qui liront le jour j, la feuille préparée par vos soins ? » Demanda-t-elle, intriguée par la réponse qu’il pourrait lui donner. Tout élève se pose la question une fois devant l’imprimé des consignes, s’il ne faisait que l’objet d’une vengeance ou d’une bonté inespérée. Certes, si certain biologiste disait que la chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés, il n’en restait pas moins que l’auteur était coupable. « Et à part les cours ? Rien de neuf ? Petit-copain ou autre ? » Elle le regarde, les yeux ronds, elle devrait s’y être habitué à ce genre de question personnelle, mais cela la surprenait toujours. Certes, elle s’était presque portée volontaire pour un interrogatoire en venant s’installer à sa table, mais c’était la table d’un réfectoire et non d’un restaurant. « Pourquoi ma vie privée vous intéresse autant professeur ? »

Tenue ☇  Savoir qu’il était incapable de lire dans ses pensées la rassurait, si seulement il savait quel effet il avait sur elle dès que le mot oppa franchissait le seuil de ses lèvres, peut-être qu’il s’en abstiendrait. Dès que les lèvres de ce cher professeur formait un o, elle serrait les poings et se mordait la langue, mais l’effet était le même : chair de poule, nausée, envie de se défenestrer ou de simplement fuir, et puis un total épuisement mentalement qu’auditivement. Ayeong endurait tous ses symptômes, elle tentait d’adopter la technique d’Homer Simpson en pensant autre chose (dans le cas de ce personnage, il avait un singe faisant des cymbales à l’esprit). L’envie de prendre son plateau, le poser sur le tapis roulant et partir lui démangeait l’esprit mais elle s’auto-persuadait de rester, pour la bonne cause car coincer ce professeur était difficile, depuis qu’il s’amusait à l’éviter. « Ce n’est pas parce que nous nous connaissons depuis un certain temps » commença-t-elle de façon très diplomatique en choisissant avec infiniment de précaution ces mots, si cela ne tenait qu’à elle, elle rajouterait que la nature du temps passé ensemble ressemblait davantage à du harcèlement plutôt qu’autre chose, « que pour autant, je puisse vous considérer comme… tel. » Le fait qu’il insiste autant sur ce mot aurait attisé sa curiosité si elle n’était pas déjà méfiante vis-à-vis du personnage, elle avait peur de tomber dans un piège minutieusement élaboré par ses soins. Elle préférait jouer la carte de la neutralité et minimiser les interactions avec le mannequin plutôt que jouer son jeu. « Dis tout à oppa », un sourire crispé se dessina sur ces lèvres. Il doit vraiment complexer sur son âge… pensa-t-elle un instant, avant d’essayer de se concentrer. « Disons que j’aurais besoin de costume de scène, et comme je ne connais personne capable de le faire… » à mon plus grand désespoir... « j’ai pensé à vous. »

Tenue ☇  Parfois, elle se demandait pourquoi il persistait autant ; quand elle lui fermait une porte devant son nez, ne pouvait-il pas deviner que la suivante le sera également ? La ténacité du professeur la rendait perplexe tout comme elle l’impressionnait d’une certaine façon. Qui plus est, il posait souvent les mêmes interrogations d’une rencontre à l’autre, sous des formules différentes certes, mais il était particulièrement penché sur deux faits : sa vie privée et cet entêtement pas vouloir être appelé oppa. Par moment, elle se demandait s’il narguait toutes les étudiantes coréennes – ou simplement toute étudiante sans distinction de leur origine – pour se faire appeler ainsi, cela pouvait faire partie du personnage mais nullement de son charme. « Pas au Japon en tout cas, ce sont d’avantage des Oni-san » finit-elle par répondre avec un demi-sourire, passant son doigt sur le contour du verre, avant de finalement terminer son plat principal et s’attaquer au dessert, un éclair au chocolat. Elle voyait venir Si Hyun de loin, mais à force de la repousser dans son retranchement, il fallait bien qu’elle lui donne une réponse ou un semblant de réponse. L’étudiante ne savait pas comment mettre un frein à l’intérêt, sans pour autant lui faire la moindre concession ; elle se méfiait de lui, il était bien trop étrange et imprévisible. « Pourquoi, cela vous vexe-t-il de ne pas en faire partie ? » lâcha-t-elle, sachant pertinemment qu’elle allait regretter cette ouverture, elle perdait patience mais elle ne pouvait pas se retirer, elle avait besoin de lui.

Ayeong scrutait le moindre de ses mouvements, incapable de deviner l’expression qu’il faisait, elle tentait néanmoins d’extraire le moindre indice. Elle se sentait désolée d’une certaine façon, il lui fuyait mais elle le forçait à rester ; elle l’utilisait. « `Quel genre de costume exactement ? Tu as des photos ? Ou je dois faire sur ta description ? Sinon à l’atelier il y a pas mal de création déjà faite. Tu peux venir piocher avec moi. Il te suffira de le rendre après. Les élèves prennent dedans aussi pour ce genre d’évènement. » Se mordillant le bout de pouce en écoutant et en réfléchissant à ce que lui dirait le professeur, elle triait les informations qu’elle pouvait lui donner et celle qu’elle préférait garder. « Hmm, malheureusement je n’ai pas de photo vu que je n’ai pas trouvé une copie de ce que je voulais, ni de dessin. Mais peut-on réellement en emprunter ? » Si elle le savait, elle aurait abordé un élève en stylisme directement plutôt qu’affronter leur professeur. Elle notait précieusement dans un coin de son esprit, cette information précieuse.

Tenue ☇  Entre arrogance et mépris, elle ne savait pas lequel des deux adjectifs attribuer à ce cher professeur de stylisme. Une telle assurance devait puiser sa source sur une croyance solide et bien enracinée, laquelle ? Elle était presque désireuse de le savoir. « Qui a dit que je n’en faisais pas parti ? » La sincérité dans sa voix suffisait à la troubler. Il y a bien une chose chez lui qui forçait l’admiration, sa ténacité. Certes encombrante et ennuyante, mais suffisamment pour ne pas laisser aussi indifférente qu’elle semblait paraître. Elle qui avait toujours été ferme sur ses convictions, se trouvait à les remettre en question, pas totalement, mais il venait simplement de semer le doute. C’est bien pour cette raison qu’elle ne l’appréciait pas, outre son côté totalement excentrique et lourd, il semblait être la seule personne à avoir cette influence sur elle, sur son monde. Il représentait un danger qu’elle devait éviter. « Je ne suis pas du tout vexé. » Pour mieux le blâmer, le détester, elle lui reprochait toutes ses maladresses. La proximité, elle la rompt en reculant, quelle expression avait-il ? Elle l’ignorait, elle était incapable de le deviner présentement. Cette maladie, c’était pire que la cécité. Entre le noir et le blanc, elle se retrouvait à osciller dans le gris, pouvant voir mais pas ce qu’elle désirait le plus. Ça ressemblait à une malédiction plus qu’autre chose, dont rien ne pourrait la sauver. La science, la médecine, des outils bien trop impuissant, juste un espoir lointain, une chimère qu’elle avait décidé de délaisser.

Certes, elle était capable de lui demander un service, mais pas jusqu’à le solliciter jusqu’à ce point, maintenant qu’elle savait que des costumes étaient disponibles, des créations inédites. Elle ne comptait pas abuser de son aide, plus qu’elle ne le devait. Elle avait des alternatives, elle s’en contenterait. Il restait juste à ce que la taille convienne. « Tu fais une soirée déguisé avec des élèves de la fac ? » La question tant redoutée, ce qu’elle fera de ce costume. Une part d’elle estimait qu’il avait droit à la vérité, tandis qu’une autre lui disait de modérer ses propos. Moins il savait, et plus elle pouvait espérer échapper à son attention. « En quelque sorte… » Répondit-elle, en passant sa main dans ses cheveux. « Vous n’en avez jamais fait, lorsque vous étiez encore étudiant ? » Étrangement, de ce qu’elle s’imaginait de lui, il ne devait pas être différent, ou encore plus loufoque et bizarre.  

Tenue ☇  Aussi intéressée pouvait-elle sembler être, elle ne l’écoutait d’une oreille distraite. Regrettant d’avoir menti, se rassurant en même temps que c’était la meilleure chose à faire vu les circonstances, ou le personnage étrange qu’incarnait Si Hyun. Néanmoins, de ce qu’il lui racontait avec une certaine nostalgie, elle regrettait que es étudiants de sa filière semblait tous coincés ; trop studieux, trop focalisé dans une supposée compétition, trop asocial. Même si elle faisait partie de ce genre d’étudiant, le nier serait mentir, elle ne pouvait pas s’empêcher d’envier l’entrain que dégageaient les élèves des autres cursus. « Tu as du maquillages aussi ? Ou il faut que je t’en prête ? J’ai de quoi faire aussi si tu as besoin. » L’intonation, l’interruption de parole lui fit quitter ses pensées. Se mordillant légèrement la lèvre, par habitude, elle réfléchit à la question. « Inutile, je pense avoir le nécessaire » répondit-elle, surprise par le ton sec de sa voix, elle rajouta « merci, je crois que ce serait trop abuser. » Se maquiller était une chose qu’elle était incapable de faire, elle ne pouvait pas discerner son propre visage. Le peu de fois où elle portait du maquillage, elle demandait à une de ses camarades, et sinon, elle apprenait à répéter les mêmes gestes mécaniquement sur elle-même, faisant qu’elle varier rarement de style, de peur de ne pas pouvoir remarquer que cela ne lui allait pas.  « As-tu fini de manger ? » Suivant inconsciemment le regard de son interlocuteur, elle baissa les yeux sur son propre plateau, constant en même temps que lui qu’il était vide, du moins, il restait encore la salade. « Oui, allons-y. Je ne voudrais pas prendre trop de votre temps, vous avez certainement d’autre projet pour le reste de la journée » déclara-t-elle en commençant à enfiler sa veste, envisageant ensuite d’attraper son sac et de prendre son plateau jusqu’au tapis roulant gris au fond de la salle.

Tenue ☇  Le grand mot qui pouvait résumer sa relation avec le professeur était la méfiance la plus absolue. Il était probablement l’individu le plus étrange qu’elle avait rencontré, même si ces derniers temps il semblait avoir perdu de son intérêt, Ayeong faisait toujours attention. Peut-être trop, plus qu’une personne devrait le faire, mais les gens au Japon étaient tous vraiment particuliers. Il suffisait juste de voir les allures sinistres que prenait la capitale à la nuit tombée pour voir que la vie nocturne transformait beaucoup de personne. Elle n’allait pas jusqu’à comparer Si Hyun à ses fauteurs de trouble, mais la motivation que cachait ce dernier la rendait plus suspicieuse, tout comme la rendait plus curieuse. « Pourquoi tu penses ça ? T’abuse en rien du tout Ayeong. Si t’as besoin de maquillage n’hésite pas. Je peux te maquiller si tu veux. Je sais que tu ne te maquilles très peu, voire pas du tout… Alors forcément je peux comprendre. » Elle ne peut s’empêcher de le fusiller du regard, visant ce qui semble être ses yeux. Elle haussa les épaules, au moins, pensa-t-elle, elle ne ressemblait pas à un pot de peinture, comme elle pouvait l’entendre de certaines moqueries qui s’échangeaient dans les toilettes des filles.

Le suivant sans avoir trop de mal à calquer le rythme de ses pas au sien, elle découvrait davantage les recoins de la section des arts. À force de trainer trop son regard, elle ne remarque pas qu’il s’était arrêté et le percute. « Désolée » chuchota-t-elle, gênée, en reculant d’un pas pour éviter un autre accident.  « Tiens, régale toi. Tu as du choix. Y’a tout et rien dans cette petite caverne. » Elle ne l’entendait plus, elle était déjà en train de regarder le lieu, fasciné par tant de costume, mais surtout de couleurs et d’originalité. Il y avait de tout, des textures différentes et des alliances baroques de forme, couleur et sensation. On pouvait trouver des costumes respirant la simplicité, voir un peu trop, tout comme des costumes des plus excentriques parfois digne d’un prochain prêt à porter de Lady Gaga. « N’y aurait-il pas quelque chose qui s’inscrit entre médiéval et science-fiction ? » demanda-t-elle, réfléchissant au costume à l’instant même, voyant la panoplie de choix, émergeait sa conception tout comme elle se retrouvait un peu noyé. « dans un style… oriental ». Elle n’était absolument pas compliquée, le prouvant bien en le regardant avec les yeux de merlan-frit.

Tenue ☇  Indécise, Ayeong commençait à regretter sa décision ; quérir son aide était peut-être et véritablement une mauvaise idée, elle aurait dû apprendre à se débrouiller par elle-même, comme elle avait l’habitude de le faire. C’était toujours plus simple, c’était ainsi que la coréenne fonctionnait car même si elle semblait ferme dans ses positions, cela ne l’empêchait pas d’avoir des envies changeantes. Sur le coup, elle se blâmait sa propres gourmandise, elle aurait dû rester dans un thème sobre, plutôt que chercher l’excentricité sans savoir ce qu’elle désirait au fond, n’allant qu’au coup de cœur. «  Suis-moi.  » La coréenne ne se fit pas prier, docilement, elle calqua ses pas aux siens, telle une fidèle ombre, tandis que son regard se perdait de temps à autre, entre les froufrous de robes, le plumage d’épaulière ou encore les épines qui recouvraient une veste. « Dans ce style-là ? » Elle avance pour saisir la robe, du moins mieux l’observer pour voir si suffisait mais il y avait quelque chose qui manquait et rendait la robe terne et bien trop simple. « Quelque chose du genre » répondit-elle, en continuant d’observer la création d’un ou d’une élève. Ce qui la gênait, c’était que cela ressemblait bien trop à un cosplay plutôt qu’un costume authentique. « Après y’en a d’autres, mais faut fouiller.  » Elle acquiesce doucement, promenant ses mains sur les différents costumes, tirant doucement pour les dégager dès lors que l’un d’eux attirait son attention. « Est-ce le travail d’une année seulement ? » demande-t-elle, admirative bien qu’elle n’arrivait pas à trouver son bonheur parmi tout cela.  

Le silence est le seul bruit qu’il résonne. Et puis, soudainement, un claquement se fait entendre, comme le son d’une porte qui se verrouille. « Sensei » murmure-t-elle en tournant la tête vers lui, comme cherchant des explications. Mais l’extinction des lumières n’allaient pas tarder non plus.

Tenue ☇ Se retrouver dans l’obscurité ainsi était angoissant pour la jeune femme, d’autant plus que les premiers minutes qui suivit l’extinction des lumières, elle les passa seule. Elle eut tout juste le temps de s’adosser au mur le plus proche et patienter que le professeur de stylisme revienne sur ses pas. Se laissant glisser le long du mur, elle attira ses jambes contre elle et porta ses mains contre ses oreilles car dans l’obscurité, l’imagination était plus que déployé et le moindre bruit devenait particulièrement angoissant. Peut-être qu’elle aurait dû répondre à la question de Si Hyun, quelque chose du genre : non ça ne va pas, ne me laisser pas seule, mais à vouloir jouer les grandes, elle devait à présent prendre sur elle. Elle cesse de se boucher les oreilles quand elle aperçoit le faisceau lumineux provenir du téléphone de Si Hyun se rapprocher. « On a été enfermé… Et si je choppe l’enfoiré qui a fait ça, je le plume. » Elle eut un sourire amusé, elle ne pouvait acquiescer à l’affirmation de ce dernier. Ayeong pouvait bien concéder qu’il fallait protéger les créations des élèves, pour autant, ne fallait-il pas vérifier qu’il y avait personne avant de fermer à clef ? « Je n’aimerais pas être à sa place dans ce cas-là » répondit-elle en gloussant doucement, passant sa main dans ses cheveux pour ramener derrière son oreille, les mèches qui lui barraient un peu le visage. « Comment comptez-vous vous y prendre ? En l’enfermant lui aussi ? Ou au fin fond d’une ruelle ? » Elle l’imaginait très bien dans les deux situations, la première terminerait en un partie de SM chelou et la seconde, dans un poste de police avec le lendemain, une réputation de délinquant. Du moins, quelque chose du genre, car l’étudiante réalisait qu’elle ne connaissait pas aussi bien que cela le professeur.