tenue ∆  Cette journée ne semblait plus en finir, après les cours, je me suis rendu directement au QG dans l'intention de savoir mes tâches à faire pour le soir, mais je n'ai pas trouvé Jae dans son bureau. En attendant qu'il revienne, j'ai fais le tour les mains dans les poches, attendant simplement son retour pour savoir. Je pourrais l'appeler directement, mais puisque je suis sur place, autant être patient. En marchant dans un couloir sombre, je vois de la lumière filtrer entre l'espace d'une porte entrouverte, laissant échapper des brides de conversation. Curieux je m'en rapproche, m'arrêtant avant l'écart entre les deux battants pour entendre sans être vu. Je reconnais la voix de Ren, il semble énervé, remonté à mort contre je ne sais quelle personne. On dirait un ogre, un monstre, il n'arrête pas de parler avec haine, injuriant qui voudrait bien l'entendre. D'ailleurs, je me demande à qui il peut bien parler. Dans tout ce brouhaha, je peux percevoir un prénom; Peach. Pourquoi parle-t-il d'elle ? Surtout avec autant de colère, crachant son venin tel un serpent hargneux. Les mots s'enchaînent et je commence à comprendre son comportement, le même sentiment coulant peu à peu dans mes veines. J'ai dû mal entendre ... D'un coup j'ouvre la porte et lance un regard inquiet à Ren, qui n'y répond évidement pas, puisque je l'ai surpris en pleine aveux. Alors, c'est vrai ? Il n'a pas le temps d'ouvrir sa bouche que je pars en courant sans fermer la porte, quittant le QG à toute vitesse pour prendre le chemin jusqu'à chez Peach. Elle ne m'a rien dit ? C'est ma meilleure amie chez les Bakuto mais elle ne m'a même pas avoué son problème ? J'ai la sensation que mon coeur est transpercé par un couteau, commençant doucement à saigner jusqu'à m'en noyer. Mes jambes ne cessent d'avancer sans faillir, parcourant la distance qui me sépare de mon amie jusqu'à souffrir le martyr, mais je ne m'en préoccupe pas. Dans l'immédiat, je pense qu'à elle. Arrivé devant sa porte, je m'y prend à dix fois avant d'arriver à glisser la clé dans la serrure -évidement j'ai les doubles- et ouvrir enfin cette fichue porte. Bien sûr, pas de Peach dans l'entrée, ni dans son salon, encore moins dans sa cuisine. Je sais parfaitement où elle se trouve, et je m'y dirige sans me décrisper. Légèrement sur les nerfs, j'ouvre la porte de sa chambre sans douceur, le timbre froid de ma voix résonnant contre les murs de la pièce. « Pourquoi tu ne m'as rien dit ?! » Criais-je sous le coup de l'énervement et parce que je peinais à reprendre mon souffle après ma course. Mince, j'oubliais la douleur dans mes jambes, celles-ci cédant brusquement sous mon poids. J'ai tellement eu peur que je n'ai pas songé à moi-même, courant en mettant la douleur de côté.

tenue ∆  Courir ne me fait pas peur, perdre une jambe ou un poumon non plus. Je cours pour une raison, une seule et bonne raison. Je cours après la vérité, je cours après des réponses. Courir, courir, c'est tout ce que je sais faire. J'en viens à oublier de respirer correctement tellement je vais vite, sentant sans sentir réellement le point de côté me broyer le corps. Je cours jusqu'à ne plus ressentir mes pieds toucher le sol, je cours jusqu'à atteindre l'appartement de Kang Jae, là où réside la petite pêche. Arrivé à destination, je ne perds pas de temps pour ouvrir la porte avec mon double des clés et me précipiter comme un buffle vers la chambre de Peach, ne perdant pas de temps à taper contre le battant pour l'ouvrir brusquement, bruyamment. Elle est là, je m'en doutais dès le départ. Sauf que je m'attendais à la voir devant son écran, pas vautrée comme une épave sur son matelas, cachée sous sa couette comme pour échapper à ses démons. Je le sais ô combien elle peut avoir peur, je le sais à présent. Mes jambes ne me tiennent plus et je m'écroule à genoux contre le sol, épuise et surtout très énervé. Elle ne m'a rien dit, moi qui suis sensé être son meilleur ami... Même pas un mot, un indice, rien. Je me sens mis de côté, trahis, sans importance à ses yeux. J'ai beau dire et faire croire que je ne suis pas humain, la blessure est quand même là, saignant doucement par les fissures qu'elle a laissé. Peach n'arrive à faire aucun geste dans ma direction et je me pince les lèvres, pleins d'amertume. « J'ai cru que tu avais confiance en moi... Je croyais être ton ami. » Prononçais-je avec remord, le coeur douloureux et le souffle court. Je me reprend doucement, essayant de me le relever et de reprendre de l'air, avant d'ajouter. « Je t'aurai aidé, Peach. Je lui aurai défoncé sa gueule à ce connard. » Je grince des dents à l'idée qu'un sale type a pu mettre la main sur elle, sur ma pêche. « Tu sais très bien ce que j'aurai pu lui faire, si j'avais pu lui mettre la main dessus. » Oh que oui, elle le sais très bien à quel point je peux être cruel et sans humanité quand ça touche les gens que j'aime, que j'apprécie. Elle sait que ce type aurait risqué sa vie, ses organes, son âme contre moi, contre le démon qui dort à l'intérieur de mes entrailles. Je lui aurai arraché les boyaux un à un, jusqu'à vider sa cervelle par les oreilles et les narines, tel le timbré que je peux être.

tenue ∆  C'est égoïste mais je ne comprenais pas que mon amie puisse me cacher une telle chose, sans me dire que cela pourrait la faire souffrir d'en parler encore et encore avec les gens. Je me sens simplement mit à l'écart, mais est-ce que je pense à ce qu'elle ressent ? Je devrais, mais c'est égoïstement pas le cas. J'en ai pas conscience, pour moi ça semblait évident de tout savoir sur Peach, même le pire. « J'aurai préféré l'être. » Dis-je tout simplement avant de lâcher un soupir résigné. ça ne changera rien à présent, je l'ai su d'une autre bouche. Qu'est-ce que je peux faire à part l'accepter ? Crier contre Peach n'arrangera rien, au pire elle se sentira mal avec moi et ce n'est pas ce que je veux entre nous deux. Je n'abandonne pas, parce que je suis toujours contrarié par cette mauvaise nouvelle. Si je l'avais su le jour-même, croyez moi qu'ils seraient déjà morts. « Réglé ? Comment ça ? Jae s'est occupé de ça ? » Connaissant la bête, il aurait au moins fait égorger ces porcs. Sinon, je l'aurai fait à sa place. Depuis mon arrivée, ma colère a un peu diminué, j'ai même l'air plutôt calme. Peach a ses droits, je ne peux pas lui enlever l'envie d'être bien, même si elle ne se sent pas spécialement forte. ça me fait mal de l'accepter, mais je n'irai pas contre son choix. « Tu sais bien que je ne partirais pas, que je ne pourrais pas t'abandonner. Je suis la seule personne que tu ne risque pas de perdre, Peach. » Un était mieux que zero, non ? Elle devrait savoir qu'il lui reste un pilier sur lequel se tenir, qu'importe l'impact. Quand je la vis basculer et retomber sur son lit, j'ai fait quelques pas vers elle comme pour l'aider si jamais elle chutait. « J'ai mal réagi, je suis désolé. » Dis-je en venant m'asseoir en tailleur à même le sol, face à elle. Ce n'est pas une bonne idée d'être rancunier, surtout après ce qu'elle a vécu. « Si tu as un soucis à l'avenir, tu sais comment me joindre. Je suis là pour t'aider, ne me laisse pas de côté. » ça me tient vraiment à coeur, même si elle m'appelle à trois heures du matin pour manger de la glace ou mater un film bidon. Toute les excuses seront bonnes pour se tenir compagnie et être ensemble pour chasser ses démons.