Moi je joue, je joue Joue à joue contre vousClothes■ Mai avait vingt deux ans et on la surnommait princesse. Mai a plus de nuances qu'un quelconque Christian Grey, n'en déplaisent à ses contractuels. Beaucoup se contentent de juger son comportement quotidiennement haut en couleur, mais il y a tellement plus. Ce sont les différentes facette qu'elle a à offrir qui faisaient tout son intérêt. Et qui, accessoirement, adoucissent les angles. Mai est épicée, Mai est sucrée et salée, Mai est un tout. Un vin californien, qui se boit jeune et encore frai. Tout le contraire de Kaoru qui semble se bonifier avec le temps comme un bordelais. C'était d'ailleurs très probablement, cet air austère qui parvenait à susciter son intérêt - quoique sa bouille de chiot boudeur n'était pas désagréable non plus.
Mai Elle ne se souvient pas combien de temps les négociations avaient durées, ni même si négociation il y avait eut. Elle ne se souvient que de ces gestes brouillons, de vêtements chiffonnés, de ce grand corps qu'elle trainait à sa suite depuis maintenant une bonne demi heure. Elle tournait la tête vers lui à l'occasion et se demandait si il était comme ça avec tout le monde, si il portait ce masque de perpétuelle indifférence avec chaque pékin qui avait le malheur de s'imposer dans son existence. Elle n'y aurait pas pariée son empire. Cet homme là, tout embourbé dans son apparente confiance et ce pseudo contrôle de soi devait comme tout à chacun avoir sa propre faille. Quelqu'un qui, par la simple force de son sourire, serait capable de le faire rougir. Qui par un simple mot, un simple geste, lui donnerait envie de tout foutre à terre pour le simple plaisir de le satisfaire. C'était là les règles d'un jeu cruel.
▬ Tu verras, passer un après midi dans un centre commercial n'est pas si mal.
Sans doute n'y verra t'il qu'un perpétuellement désagrément. Et s'en doute qu'elle s'en amusera. Mai, elle se tourne d'une simple torsion du buste, s'amuse à marcher à reculons pour le regarder franchement.
▬ Bon bon, que pourrais je te faire qui te feras me détester à tout jamais?
Le ton facétieux de la brune heurta ses oreilles. Elle éclata de rire en reprenant son avancé. Tout ceci promettait d'être une longue, très longue journée.
Moi je joue, je joue Joue à joue contre vousTENUE ■ Toute mon enfance, je l’ai passée devant mes consoles de jeux et mon ordinateur. Mon père était tout le temps absent et je n’ai jamais vu ma mère. Je n’ai aucun frère, ni de soeur alors j’ai grandi seul dans mon univers. Même si cette réalité peut paraitre dure, je ne trouve pas que ma condition soit à plaindre. Je ne considère pas qu’être seul soit quelque chose de triste, je m’y suis bien habitué et ça ne me dérange pas. Je ne vais pas chercher la compagnie des autres mais ça ne veut pas dire que je les déteste. Je n’éprouve juste pas le besoin d’aller vers eux. D’habitude, on me laisse tranquille. Personne ne me remarque et je vis dans mon monde à moi. Mais il existe des exceptions à tout, il y a des personnes, qui malgré mon apparence indifférente viennent vers moi. Ils ont tous une raison plus ou moins différentes les unes des autres de le faire mais ils ne me repoussent pas. Autant, il y a des cas où je peux comprendre, comme pour mon meilleur ami, ainsi que les membres de mon équipe, autant il y a des certaines personnes dont je ne comprends pas pourquoi elles s’acharnent à être avec moi. Et c’est le cas de Mai.
Elle m’a littéralement tiré hors de mon jeu pour me trainer dehors. Je ne la comprends pas mais je ne cherche pas à le faire. Elle finira surement par se lasser de moi et passera à autre chose. Avant de sortir, j’eus, heureusement, le temps d’attraper un manteau. Il commence à faire froid et je ne suis pas habitué aux basses températures. A force de rester dans ma chambre, je n’ai plus vraiment la notion du climat. Je marche à mon rythme tout en suivant Mai. J’essaye en même temps de me repérer géographiquement où est qu’on est pour pouvoir faire demi tour si jamais Mai me lâchait. Je me demande d’ailleurs où est ce qu’elle nous emmenait. Je lève la tête vers elle lorsqu’elle finit par m’avouer la destination. Centre commercial ? Au moins on ne sera pas dans le froid, c’est déjà ça de gagner. Je n’ajoute aucun commentaire à sa phrase, gardant toujours mon air indifférent.
Je l’observe s’approcher à reculons de moi. Malgré sa question peu commune, je ne montre aucune réaction. Son rire se fait entendre autour de nous et nous attire les regards ou plutôt, c’est elle qui attire les regards car personne ne semble remarquer ma présence. Détester est un sentiment bien trop fort pour moi et je n’ai nullement envie de détester quelqu’un parce que cette personne veut que je la déteste. Enfin bon, peut être que je songerai à faire semblant de la détester si ça peut m’éviter de lâcher une partie en cours. Je continue à marcher et à la suivre. En fait, je n’ai même pas envie de me rebeller car je sais que ça deviendra pire pour moi.
Moi je joue, je joue Joue à joue contre vousClothes■ C'est qu'il en deviendrait presque docile. Mai eut un drôle de sourire. Un léger étirement des lèvres. Il l'amusait ce roux. Avec son air impassible, avec ses silences persistants, malgré son air coincé, malgré son statut de geek, elle le trouvait toujours aussi distrayant. Jouons comme ange et démon. Mai menait la danse, c'était toujours Mai qui donnait le ton. Et avec cette nonchalance qui lui était propre, elle l’entraîna à travers une marée d'étoffes, d'ornements et fioritures quelconques, sans gêne. Elle s'aventurait dans la jungle des rayonnages, allant et venant dans une envolée de mèches boisées, un discret marmonnement agitant ses lèvres.
Mai. Elle était comme une tempête à ciel ouvert. Elle faisait sa petite vie, une vie de princesse où personne, jamais, n'osait l'arrêter. Elle sautait les entrainement, elle sautait les classes. Elle sautait les gens, aussi. Mais ça n'avait aucun importance. Car elle jouait. Ou du moins, trompait-elle l'ennuie de manière tout à fait puérile. Elle le savait, et s'en fichait. Elle était une fille spontanée après tout. Vive et pleine de vie. Pourquoi s'embarrasser de futiles interrogations lorsqu'on pouvait secouer les gens jusqu'aux tréfonds de leur chaire brûlantes? Enlacer leurs palpitant jusqu'à la combustion, jusqu'à l'implosion? Il n'était pas difficile pour Mai d'agir comme si tout lui était dû sur ce vaste caillou bleu. Car si mademoiselle Pham possédait un cœur rouge et ardent, c'est avant tout l'audace qui se ruait dans ses veines et en pétrissait la chaire. Elle admira son corps sous la frange de ses cils, un vêtement maintenu devant son torse. Elle remonta son regard jusqu'à accroché le sien. Oui, Kaoru était l'une de ses nouvelles lubies. Un de ses nombreux caprices. Et mieux valait en prendre soin, mieux valait le rendre beau aux yeux des autres.
▬ Qu'est ce que tu en penses?
Ah ah, et le joli minois de Mai s'éclaircit dans un large sourire. Elle souriait tout le temps, toujours. Pour toujours. Et surtout, elle demandais son avis - pour une fois. Après tout, cette tenue était pour lui.
Moi je joue, je joue Joue à joue contre vousTENUE ■ Je ne la comprends pas mais je ne cherche pas à le faire. C’est une perte de temps et d’énergie inutile que d’essayer que de comprendre les autres. J’ai une vision trop différente des autres, je ne vois pas les choses de la même manière qu’eux. Mais ça ne veut pas dire que je n’accepte pas leur manière de penser. C’est pour ça que je ne suis pas en colère contre Mai. Elle doit avoir ses raisons de m’avoir trainé et même si elle n’en a pas, ça m’est égale. Le « mal » est fait, je suis déjà dehors. A quoi bon de s’emporter pour quelque chose qu’on ne peut changer.
Je ne vais pas souvent dehors, et encore moins aller faire les magasins. J’achète souvent via internet, en quelques clics c’était livré. Pas besoin de perdre son temps à faire des allers retours. Mais comme je ne suis pas le genre de personne à être accro à la mode, je n’ai pas besoin de m’acheter fréquemment des vêtements. Je ne suis donc pas habitué à ce genre d’endroit. Surtout qu’avec les fêtes, il y a plus de personnes que d’habitude. Je n’ai pas peur de la foule, mais je n’aime pas quand il y a trop de monde. Je fais abstraction de ce détail et me contente de suivre Mai dans son parcours. Je jette des coups d’oeil de droite à gauche sans réellement m’y intéresser. Mai semble être dans son milieu naturel, ou alors elle a fait en sorte que ce milieu le devienne. Tout le contraire de moi. Je fond dans mon environnement alors qu’elle fait adapter son environnement à elle. Je me demande bien ce qu’elle trouve de si intéressant chez moi pour qu’elle me traine avec elle. Mais aussitôt que la question m’est venue en tête, j’y perds tout intérêt. Bientôt elle en aurait marre et finira par me laisser. Ce ne sera ni la première, ni la dernière fois que ça m’arrivera. Les gens sont d’abord curieux mais finissent bien souvent par abandonner. S’ils n’abandonnent pas, c’est qu’ils sont tout aussi bizarres que moi.
Mai me montre une tenue. Je sens son regard parcourir mon corps avant de me regarder droit dans les yeux. Je lis sans difficulté une certaine enthousiasme. « C’est une tenue pour homme. » Je doute que l’étudiante ne l’ait pas remarqué, mais je souligne l’évidence. Elle compte m’offrir des vêtements ? Ou se sert elle juste de moi pour avoir un avis pour offrir des vêtements à son quelconque frère ou à un ami ? Dans les deux cas, elle n’a pas choisit la meilleure personne. Ce n’est que lorsqu’elle me désigne la cabine d’essayage que je compris réellement ce qu’elle compte faire. D’où lui vient cette soudaine envie de vouloir m’offrir une tenue ? « Je n’ai pas besoin de nouvelles tenues. Tu vas gaspiller ton argent pour rien. » L’argent, ce n’est surement pas ce qu’il lui manque mais à nouveau, je ne fais que dire la vérité. Je parle peu, mais je ne mens jamais.
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