TENUE ➤ Seul dans ma chambre, portable chargé en main, je relis les messages de ce « yoseob » qui m'indique ô combien il est paniqué de ne pas revoir son meilleur ami, Dewei. C'est ainsi que j'ai su comment il se nommait la première fois que j'ai regardé dans son téléphone. Dewei, rien à voir avec Ying Tao. Je me sens mitigé en relisant encore et encore ces lignes que je dois connaître par coeur. La police le cherche, si je comprends bien. Normal, il a quand même disparu de la circulation et à part moi, personne ne sait qui est ce garçon tombé du ciel. Dewei, c'est ainsi qu'il se nomme. L'ange tombé de son nuage, survivant de cette carcasse de ferraille. C'est stupide, mais plus je passe du temps avec lui et plus je m'accroche à lui. J'ignore comment décrire notre relation, Dewei ressemble à une sorte de caneton incapable de se débrouiller seul et moi, je suis un peu comme la mère qui lui apprend la vie. Dans le fond, je sais que ce n'est pas le genre de relation que je veux et qu'il est le premier garçon avec qui je passe autant de temps. Comment définir notre relation ? Moi-même je l'ignore, mais je tiens toujours à savoir. Finalement, j'ai abordé ce Yoseob plus pour le rassurer que l'alarmer, mais mes messages ont eu l'effet inverse et je lui ai promis -plus ou moins- que j'en parlerai avec Dewei, mais là encore je ne sais comment m'y prendre. Le portable éteint, je l'ai rangé à sa place et ai quitté ma chambre pour rejoindre Dewei qui doit m'attendre dans la salle à manger. « Nous allons au village aujourd'hui, ça te dis ? » Demandais-je à peine installé sur le banc, à côté de lui. Plusieurs personnes vont le va et vient à l'auberge et certains viennent du village à côté, l'un d'entre eux est d'accord pour nous transporter à l'arrière de sa camionnette. Il livre le foin, donc faudrait faire avec mais c'est mieux que rien. « Il part bientôt, termine de manger avant. » D'ici un petit quart d'heure, le temps de déposer sa commande pour les bêtes. ça fera une sortie supplémentaire à Dewei, lui qui passe le trois quart de son temps ici, à l'auberge ou à la ferme, parfois dans la forêt ou au lac. Le village est différent, moins sauvage, moins beau, mais c'est là où on peut voir le plus de monde en dehors d'ici.

 TENUE ➤ Tout était devenu naturel, j’avais l’impression que les personnes tenant l’auberge étaient devenu ma famille, bien que j’ignore le sentiment que ça procure, Yulian prenait soin de moi et je me sentais bien avec lui, même avec ses parents ou les personnes logeant ici, je n’étais plus un inconnu, le matin quand je quittais ma chambre j’étais salué et je disais bonjour en retour, c’était agréable. Je détestais toujours me retrouver seul, mais je n’avais pas d’autre choix que de m’y faire, surtout la nuit... Enfin, je quittais souvent les lieux avec Yulian pour rejoindre la salle à manger ou me promener là où je pouvais croiser du monde ou entendre des gens parler, le silence et la solitude étaient mes deux hantises, je l’avais bien compris depuis mon accident, j’ignore pourquoi, peut-être parce que je réfléchis trop quand je m’isole ? Surement. M’installant sur un banc je commençai à prendre mon petit déjeuné tranquille, un verre d’orange pressé et quelques gâteaux toujours aussi savoureux. Quand je vis Yu arrivé, je lui souris sans un mot, il m’avait abordé avec le planning du jour et ayant la bouche pleine j’avais simplement hoché la tête. C’était la première fois que je sortais vraiment du domaine en dehors de la forêt, j’étais curieux de voir à quoi ressemble le village. « Il ? » Je regarde autour pour comprendre après coup qu’il parle de celui qui va nous emmener à l’endroit désiré. « Ok~ » Je continue de manger pour me remplir l’estomac, j’avais pris l’habitude d’avoir ce genre de repas bien garnis de bons matins, finissant mon verre en deux ou trois gorgées, je le regarde pour lui annoncer. « J’ai fini. » Un nouveau sourire. « Tu n'as pas faim ? » Je ne l’ai pas vu déjeuner, mais bon en tout cas j’étais prêt à le suivre dès maintenant.

 TENUE ➤ ça ne doit pas être simple pour lui de rester seul, mais je ne peux l'encombrer tout le temps, il doit aussi s'habituer à sa chambre et à dormir dans son lit. Le lendemain et toute la journée, nous sommes ensemble. J'ai moi-même besoin d'être seul pour réfléchir à tout ça et pour éviter qu'il découvre certaine chose. Son portable ne devrait pas lui revenir en mémoire, ni son prénom, mais je crains que les images ou les son déclenchent un truc chez lui. Autant éviter et le regretter. Le rejoignant dans la salle à manger, je l'informe aussitôt de notre programme pour la matinée, peut-être même pour le restant de la journée. ça ne semble pas le déranger, bien au contraire. Dewei acquiesce d'un signe de tête et je souris à sa réponse muette. Ensuite, je lui explique que quelqu'un nous dépose au village, sans dire qui. Il le verra bien assez tôt, puis il l'a déjà vu plusieurs fois auparavant. Il a le temps de finir son petit-déjeuner, quant à moi. « Je n'ai pas faim. » Il y a des jours comme ça où j'ai peu d’appétit. La contrariété, sûrement. Je passe beaucoup trop de temps à éclairer mon esprit, à me faire une raison sur un point que je ne veux pas lâcher et au final, je m'angoisse inconsciemment au point de ne plus penser à manger. « Je mangerais au village, il y a le marché ce matin. » C'est aussi là-bas que nous vendons nos récoltes, mais ce n'est pas notre boulot du jour, ni ça, ni les animaux. Son repas terminé, je quitte ma place et lui fais signe de me suivre jusqu'à la porte, sortant directement dans l'allée. Il n'y a pas grand monde à cette heure-ci, mais je salue le peu que l'on croise jusqu'à la camionnette rouge écaillée du vendeur de foin. « C'est lui qui va nous emmener au village, Monsieur Sano. » Celui-ci venait de revenir, ses gants pleins de paille mais le sourire aux lèvres. Le genre vieux papy en vêtement large et rapiécé, mais qui accepte presque toujours d'aider les autres. Il nous fait signe de monter à l'arrière, ouvrant la « porte » de la remorque. Je grimpe dedans et tends ma main à Dewei pour l'aider, un air amusé sur le visage. C'est la grande aventure, en quelque sorte, comme dans les vieux films.

 TENUE ➤ Simple ou non je m’y fais, c’est plus dur car mon esprit est rempli de question, je ne pense pas que j’avais peur du noir avant, aujourd’hui ça me fait me sentir seul, ce sentiment est oppressant, quand la nuit arrive et que je me sais que je vais quitter Yulian pour retourner dans ma chambre c’est toujours une épreuve, j’aime le bruit, les gens, le son des voix que j’entends, mais le soir tout cela disparaît et laisse place à un silence déstabilisant et solitaire. Yu en fait déjà beaucoup pour moi depuis le début, je ne peux pas lui avouer où lui en demander plus, je dois aussi réussir à surmonter les choses qui m’effrayent ou me rendre plus vulnérable, je peux le faire, je le fais déjà, mais j’ai besoin de temps pour le gérer complètement. Prenant mon petit-déjeuner, Yulian ne semble pas avoir faim, je mange pour deux de mon côté, la nourriture est la meilleure chose au monde haha ! Hochant la tête quand il parle de manger au village, je grignoterais surement aussi avec lui, mon corps réclame pas mal de nourriture, peut-être que j’étais gourmand par le passé ? Même si j’ai un corps plutôt sain en fait. Je ne sais pas. Une fois terminé on sort a l’extérieur alors qu’il me montre la personne qui va nous descendre au village le saluant, je l’ai déjà croisé plusieurs fois ici, attrapant la main de mon ami pour grimper à l’arrière, on va voir tout le paysage défilé, c’est trop classe en fait ! Ça donne envie de s’allonger sur la paille et de profiter de cette brise d’air, je découvre de nouvelle chose encore aujourd’hui, j’ai tant à voir, tant à apprendre, je ne veux pas partir d’ici, j’ai l’impression d’être libre de tout, comme un petit paradis que peu peuvent toucher. Me laissant tomber en arrière, je lève la main vers le ciel, l’autre sous ma tête, mes yeux regardent entre mes doigts et je ne peux m’empêcher de sourire en voyant le ciel bleu. « Je pense que c’est une chance que j’ai atterri ici. » J’ignore ce que je faisais sur cette route, j’ignore pourquoi j’ai eu un accident, j’ignore d’où je venais, ce que je faisais, qui j’étais, mais je sais où je suis aujourd’hui et ça me suffit.

 TENUE ➤ Il a plus besoin de manger que moi, puis je peux tenir jusqu'au repas de midi ou grignoter plus tard, si vraiment j'ai envie. Pour l'instant, je n'ai pas la tête à vouloir déjeuner, ni avaler quoi que ce soit. Dewei n'est pas encore au courant, peut-être même qu'il ne va rien comprendre si jamais je lui raconte et j'avoue que je n'ai pas très envie de le faire. Pourtant, ça le concerne et aussi possessif que je peux être, je ne dois pas l'enfermer ici tel un oiseau en cage. Je repense à l'histoire du poisson, Dewei ne doit pas finir ainsi. Quand il a terminé de manger, je lui indique la personne dévoué à nous emmener au village. La camionnette possède une remorque ouverte, où il reste des blocs de foin pour s'asseoir. J'aide Dewei a grimper dedans et le laisse s'installer où il veut, tandis que j'occupe la place à côté, le laissant ainsi s'allonger à sa guise. C'est étrange, pour un garçon sans mémoire, il paraît bien serein. Peu de chose l'aide à sourire et j'ai peur qu'en quittant cet endroit, Dewei perde ce qui le rend unique. à nouveau j'hésite, me mordillant la langue. Une chance ? Mes yeux se posent sur lui et je l'examine quelques secondes. « Tu aimes être ici ? » Je connais déjà sa réponse, je sais qu'il va dire oui. « Et si ... Quelqu'un venait te chercher ? » Lui demandais-je avec un brin d'hésitation dans la voix. Je ne veux vraiment pas lui en parler, mais j'ai promis à ce garçon que j'en toucherai deux mots avec son meilleur ami. « Quelqu'un qui te connait vraiment. » Concluais-je sans le perdre des yeux, examinant chaque trait, chaque expression. Je veux savoir s'il va comprendre où je veux en venir ou s'il va seulement croire à des hypothèses de ma part. Des « et si » sans grande importance ou des « et si » qui veulent tout dire.

 TENUE ➤ Je ne peux même pas imaginer dans quel émoi se trouve Yulian, ce qu’il cache ou ce qu’il sait sur moi, je ne le devine pas et ne m’en inquiète pas. C’est peut-être idiot, tout le monde voudrait se rappeler des choses oubliées, mais je n’en ressens pas le besoin urgent dans l’immédiat, quand le moment pour moi sera venu de me souvenir alors je n’y échapperai pas. J’ai tenté maintes fois de le faire jusque-là, grâce à toutes ses choses que je découvrais, je me demande à chaque fois si dans mon passé j’étais comme ça, si j’aimais ça, je me pose des questions sur mes proches aussi, mais je suis bien en ce moment, pas de pression, pas de doute, juste un apaisement et une tranquillité sereine. Assis sur ce bloc de foin je me suis simplement laissé tomber en arrière en regardant le ciel, parlant tout haut. « Bien sûr ! » Je lui ai déjà dit non ? Je me redresse à sa question suivante. « Même si on venait me chercher je ne me souviendrais pas de cette personne pas vrai ? » Comment pourrais-je repartir sans savoir qui je suis, juste parce qu’on me le raconte ? Je ne ressentirai rien de plus. Je continue de le regarder avant de sourire. « Quelqu’un me cherche ? » C’est sorti naturellement, mais c’est ce que j’ai ressenti dans les paroles de Yulian. Je ne le perds pas des yeux non plus, me remettant bien droit. « Ne me le dis pas. » Je préfère le stopper avant d’en entendre trop. « Si tu sais des choses gardent les pour toi, je suis sûr que je me souviendrai un jour, tout seul, pour l’instant je suis Ying Tao et ça me suffit. » C’est égoïste pour ceux que je connaissais, mais en ce moment ils sont un énorme point d’interrogation pour moi, je veux vraiment m’en rappeler, mais je veux le faire seul, me souvenir de ma vie d’avant, de mes amis, ma famille, mon quotidien, je ne veux pas l’entendre comme on compte une histoire sans sentiment à ressentir, puis je redécouvre des tas de choses ici, je veux encore en apprendre davantage, comment pourrais-je croire quelqu’un qui vient me chercher se présentant à moi comme telle ou telle personne alors qu’à mes yeux ils ne seront que des inconnus, Ce serait encore plus douloureux pour eux, mais aussi pour moi n’est-ce pas ?

 TENUE ➤ Dewei m'a déjà dit à plusieurs reprises qu'il se sentait bien ici et qu'il ne ressent pas le besoin de se souvenir dans l'immédiat, mais j'éprouve toujours cette appréhension quant à la vérité qui lui échappe, mais pas à moi. Un jour ou l'autre, ce Yoseob va débarquer à l'auberge et si ce n'est pas lui, ce sera les autorités. Je ne veux pas causer d'ennuie à qui que ce soit, ni forcer Dewei à partir s'il ne veut pas, mais je prive un garçon de son meilleur ami et sûrement des parents de leur fils. Je ne sais pas, je suis perdu et j'ai besoin d'en parler avec lui, même en détournant le sujet s'il le faut. à sa question, je secoue doucement la tête par la négation. Non, il ne risque sûrement pas de s'en souvenir, à moins que ça lui revienne entre temps. Cette histoire me tracasse beaucoup et il doit sûrement le remarquer, bien qu'il sourit tout le temps. Encore une fois, sa question me préoccupe et je me pince les lèvres en détournant les yeux. Je ne sais comment lui dire, mais finalement il m'arrête avant que je ne le fasse. Il ne veut pas savoir ? Pourquoi ? C'est de sa vie qu'on parle après tout, pourquoi ne pas vouloir savoir ? « Ying Tao ... » Répétais-je doucement, mon regard revenu sur lui. Que va-t-il se passer le jour où il va se souvenir de sa vie d'avant ? Si lui ne veut pas savoir, moi je me pose sans arrêt la question. « Je... » Commençais-je avant de m'arrêter, bouche ouverte. Je quoi ? Pleins de pensées tourbillonnent dans ma tête, je ne sais pas quoi dire. « Je ne veux pas que tu te souviennes. » Est-ce vraiment cela que je voulais lui dire ? Est-ce que je souhaite vraiment une telle chose ? C'est égoïste, injuste et pourtant je le ressens comme tel. Je ne veux pas que sa mémoire lui revienne, ni qu'il s'en aille et encore moins que ce Yoseob débarque ici. Je veux le garder pour moi, qu'il ne se rappel jamais de rien et reste à l'auberge.

 TENUE ➤ Je suis peut-être inconscient, insouciant, ou que sais-je encore comment on pourrait me voir, mais pour le moment je ne veux blesser personne, ni ceux qui me connaissent ni Yulian ni moi, je pense que la meilleure solution est simplement d’attendre, de patienter jusqu’à voir comment les choses évoluent, je ne sais pas si quelqu’un me cherche, mais je suis certain que si c’est le cas Yulian trouvera les mots et leur dira que je vais bien, si ceux qui me connaissent savent que je suis vivant et en bonne santé je peux rester ici en attendant pas vrai ? J’ai encore pas mal de chose à apprendre, ma tête n’est pas assez remplie et je ne veux pas quitter prématurément cet endroit où je me sens bien. Je souris en lui demandant de ne rien me dire, je ne veux pas apprendre ça de cette manière, je suis Ying Tao, ne puis-je pas le rester encore un peu ? Assis, je pose mon regard sur les alentours avant de le ramener vers lui avec mon air serein et innocent. Je ? Le regardant en attendant qu’il termine ce qu’il a commencé. « Hein ? » Je réponds dès la phrase terminé, surpris par ses paroles. « Pourquoi ? » Je ne comprends là, je dois avouer que je suis bien, mais pourquoi il ne veut pas que je me souvienne ? Je n’ai pas encore le déclic, je dis que je ne veux pas partir, mais j’ignore ce que ce sera quand je me rappelais de qui je suis, je ne sais pas du tout comment les choses vont se passer et je ne veux pas y penser, de toute manière mon esprit n’est pas assez vif pour lire entre les lignes pour le moment. « Est-ce parce que tu sais comment j’étais ou ce que je pourrais découvrir ? » Je ne sais pas, mais dans tous les faudra surement que je passe par là, même si j’ignore encore quand je me souviendrai et si je me souviens.

 TENUE ➤ Pouvoir et vouloir sont deux choses différentes, mais même s'il ne peut pas se souvenir, Dewei ne veut pas non plus se forcer à le faire. Je ne sais pas quoi penser de cela, parce que dans un sens je suis rassuré qu'il ne puisse pas se rappeler et dans un autre, je suis inquiet qu'il le veuille ou non. Peut-être qu'il dise ça maintenant, mais il peut très bien dire le contraire plus tard. Si lui s'en sort parfaitement bien avec le peu de souvenir qui lui reste, ce n'est pas mon cas. C'est d'abord hésitant que j'ouvre la bouche, son sous regard attentif. Il attend que je parle,mais c'est dure de dire une telle chose. Finalement les mots sortent sans que je ne puisse plus les retenir, croisant le regard de Dewei. Pourquoi ? Je rougis, me trouvant soudainement bête. Dis quelque chose, Yulian. Je ne trouve aucune réponse à lui fournir, aucune excuse à déblatérer, rien qui puisse expliquer mes paroles soudaines. Je ne veux pas qu'il se souvienne, c'est tout. Il n'y a pas de pourquoi, je ne veux simplement pas. C'est égoïste et je ne demande pas tant l'avis de Dewei, mais c'est comme ça pour moi. « Non ? J'ignore complètement d'où tu viens ou qui tu étais, je connais que Ying Tao, celui que j'ai aidé. » Dewei m'est inconnu et je tiens à ce qu'il le reste. Secouant doucement la tête, je reporte mon attention sur le paysage, décidant de couper court à notre discussion. ça ne mènerait à rien de remuer le couteau dans la plaie, tant qu'il est amnésique, c'est en ma faveur. Je ne peux pas lui dire que je me suis attaché à lui au point d'être capable de le retenir ici pour toujours, il va me prendre pour un fou. Je soupire, peut-être que je le suis réellement et qu'il serait mieux pour lui qu'il reparte d'où il vienne.

 TENUE ➤ Cela ne sert à rien de s’inquiéter de ce que je peux me rappeler ou non, en fait je peux penser comme ça car je ne me souviens pas, si encore j’avais des bribes de mon passé auquel me raccrocher, mais ce n’est pas le cas, je ne me souviens de rien, ni ma famille ni mes amis, ni mes occupations, est-ce que je fais des études, est-ce que je travaille, je l’ignore et je ne peux pas me forcer à me souvenir, mon esprit pourrait inventer des choses et m’éloigner de la vérité juste pour avoir quelque chose à me rappeler. Ce qui n’est pas le cas. Je regarde Yulian ne comprenant pas où il veut en venir avec tout ça, pourquoi il ne veut pas que je me souvienne ? N’est-ce pas là ce qu’on pourrait espérer tous les deux, que je retrouve la mémoire ? Bien sûr je ne suis pas pressé que cela arrive je suis bien ici et je ne voudrais pas que tout s’arrête parce que je dois partir loin de cet endroit, mais un jour je me souviendrai peut-être et je ne pourrais pas faire grand-chose, je suis préparé à ça, mais je n’y pense pas. Pourquoi se prendre la tête alors qu’on peut simplement profiter de chaque instant, je veux encore voir de nouvelles choses, apprendre de Yulian sans que ma mémoire passé soit une barrière. Je finis par demander s’il sait qui je suis ou un détail qu’il me cache pour ne pas que je me souvienne, je ne veux pas savoir, mais il agit bizarrement alors je suis obligé de le questionner sur le sujet. Je ne veux pas que mon ami soit troublé par quoi que ce soit et encore moins par une chose qui me concerne. « Alors c’est parfait. » S’il ne connaît que Yong Tao, alors pourquoi chercher un autre ? On pourra toujours s’en inquiéter le moment venue et même si je suis curieux, pour l’instant j’ai envie de garder mon esprit serein, surtout que je vais en ville pour la « première » fois dans mes souvenirs.

 TENUE ➤ Je ne suis pas prêt. Qu'importe ce que l'on dit, je ne suis pas prêt à ce qu'il se souvienne et décide de partir, de rentrer chez lui ou d'assumer sa vie plutôt que perdre son temps avec moi dans cette auberge. Je ne suis pas prêt à le perdre, parce que je tiens beaucoup trop à lui. Peut-être me suis-je accroché à Dewei comme un enfant avec un chiot, peut-être qu'il est mon ami fidèle comme cette boule de poil que j'ai aidé et qui me fait confiance... Mais j'ai peur que la réalité soit différente et qu'une fois sa mémoire retrouvée, il s'en aille. Je lui dis franchement, sans détour, je ne veux pas qu'il se rappel. Cela peut le surprendre, mais je n'ai aucune explication valable pour défendre mon cas. Heureusement, Dewei ne creuse pas la question, c'est à peine s'il se prend la tête avec ça. Il est simple, va droit au but et tant pis si cela dérange. Je ne peux que l'accepter, à contre coeur pour le moment. Son identité m'est inconnu, sauf son prénom. à part ça, je ne connais rien de ce Dewei, pour moi c'est Ying Tao, le garçon que j'ai aidé à guérir et à supporter cette épreuve. Parfait ? Je le dévisage, une fois mes yeux ramenés sur lui. Parfait. Est-ce vraiment parfait comme il le dit ? Je ne sais pas et je ne devrais pas autant m'interroger. « Tu as raison. » Dis-je simplement avec un sourire, tandis que le véhicule continue sa route jusqu'au village. ça ne dure pas plus d'un quart d'heure à travers ce chemin en terre et les différents champs, blé, maïs, et pleins d'autres. Ce n'est pas la « ville » comme doit penser Dewei, mais plutôt un endroit perdu dans la campagne, avec des maisons possédant des jardins et peu de commerce. Il n'y a pas de magasin de chaussure, ni de bijouterie, juste de quoi pouvoir manger et vivre correctement. La vie de luxe se trouve justement à Tokyo, loin de ce paradis serein. « Nous y voilà. Ce n'est pas très grand mais c'est ici qu'on fait le marché avec mes parents. » Quand nous pouvons, surtout.

 TENUE ➤ Je ne suis clairement pas différent d’un enfant sur ce point-là, je n’ai pas de maturité ni d’existence ayant pu « forger » ma personnalité, ayant tout oublié je me contente de ce que j’ai, au début je n’espérer qu’une chose, me rappeler et m’en allais, retrouver qui j’étais, qui je suis, mais au fond j’ai appris à vivre en tant que Ying Tao et je ne suis pas pressé de savoir quel était réellement mon prénom, qui était mes fréquentations, oui, je suis un gosse égoïste qui sans mémoire ne pense pas au désespoir dans lequel peuvent être plongé ses proches, combien les gens que j’aime se démènent pour me trouver, qui sait combien de temps mon monde restera aussi calme et paissant, mais si Yulian m’accepte comme ça et ne souhaite pas mon départ, alors ça me suffit. Je ne souhaite pas me prendre la tête simplement parce que j’en suis incapable actuellement, quand on oublie les choses prennent un sens différent, si pour lui ça peut sembler étrange pour moi c’est naturel, mon esprit n’est remplis que de petites choses qu’il a su m’apprendre, me montrer, me permettant de me découvrir et d’avoir une authenticité, j’ignore si je suis identique à ce que je pouvais être, mais de toute manière je n’obtiendrai aucune réponse. Je me contente de regarder la vue et apprécier l’air agréable sous cette chaleur.  Je n’ai pas de pensé concernant le lieu où l’ont se rend, je ne sais pas vraiment ce qu’est une ville, je me contente d’écouter les gens pour savoir que c’est là où on achète des choses et rencontre du monde, mais je ne sais pas vraiment où on va, que ce soit petit, grands ou autres je n’ai aucun a priori, je suis juste impatient de le découvrir, vu que ça reste à mes yeux une première fois. « OH~ » C’est différent de la ferme, l’ambiance l’est même si je ne saurais expliquer en quoi. Rapidement j’ai quitté la voiture pour m’enfoncer dans le marché, sans réellement attendre Yulian, comme un enfant impatient, je m’arrête cependant au premier « stand » avec des fruits super-beau, attrapant une pomme pour croquer dedans sous le regard surement surpris du vendeur, ne l’ayant pas payé encore.

 TENUE ➤ Entre ce que je veux et ce qui doit être, il y a une très grosse différence. Ce n'est pas parce que je veux être riche que je vais forcément le devenir, par exemple. Je peux très bien vouloir l'amnésie de Dewei mais je ne peux pas l'empêcher de se souvenir, à mon grand malheur. L'attachement que j'ai pour lui est si grand et puissant que je ne saurais comment faire le jour où sa mémoire réapparaît. Est-ce que je le retiendrais ? Est-ce que je le suivrais ? Ou est-ce que je me battrais pour l'oublier et reprendre ma vie ? Je l'ignore, je ne peux rien affirmer pour le moment. On ne peut pas débattre longtemps sur ce sujet, d'abord parce que Dewei ne tient pas à savoir et ensuite, parce que je n'ai pas envie qu'il s'intéresse à ce que je pourrais savoir, aussi égoïste que cela puisse paraître. La conversation se tue ainsi, doucement et en silence, jusqu'à faire les kilomètres restant qui nous sépare du village le plus proche. La différence entre une ville et un village est sûrement le nombre d'habitant. Une endroit peut comporter maison et commerce sans pour autant être nommé de ville, seulement parce que la population qui l'habite n'est guère nombreuse. Ici, c'est carrément le village rustique, sans immeuble, sans résidence à trois ou quatre étages, rien qui ne soit réellement neuf en soi. Pourtant, Dewei semble étonné, voir ravi de venir ici. S'il est content, je suis content. Descendant de la voiture, je remercie le conducteur par la vitre ouverte sans voir que mon ami est parti dans la foule du marché. En me tournant, je ne le vois pas près de moi, sentant ce pique de panique en relevant mes yeux écarquillés vers les stands en bois et en toile. Heureusement, il n'est qu'à quelques pas et je le rejoins rapidement, le voyant mordre dans une pomme. « Ah ! Tu ne peux pas manger ou prendre n'importe quoi sans argent. » Je le préviens sans hausser la voix, avec calme et amusement. Le vendeur qui nous regarde se demande bien si ce garçon est normal, mais je lui souris et sors de quoi payer la pomme qu'il a entamé. « Tu veux prendre d'autres fruits ? Ou des légumes pour l'auberge ? » J'ai suffisamment d'argent dans les poches pour nous faire plaisir, sans en faire trop. Ma famille n'est pas riche, mais ils ne sont pas totalement pauvre non plus, juste ce qu'il faut pour être heureux et s'en sortir.

 TENUE ➤ Les choses se passent comme elles se passent, je ne suis pas assez « ouvert » à toutes ses questions que Yulian peut se poser malgré moi, lui il a toute sa mémoire, ses sentiments, ses connaissances, moi j’expérimente encore ce que « vivre » veut dire, je n’ai aucune matière sûre sur laquelle m’appuyer, aucun passé pour m’aiguayer, en tout cas rien qui puisse me rappeler qui je suis, ce que je suis et où je dois être. Est-ce que ma place est avec lui ? Est-ce qu’elle est ailleurs ? Comment le saurais-je ? En tout cas une chose est sûre je suis heureux aujourd’hui, on verra ce que demain me réserve. Une fois sur place j’ai un peu pris les devants sans vraiment attendre mon « guide », m’arrêter au premier stand de fruits pour en prendre un sans me demander si c’est possible ou non, on pourrait me prendre pour un voleur alors que je ne sais simplement pas comment ça marche, c’est dingue... Yu arrive et m’explique que je ne peux pas faire une chose pareil, je le regarde en m’arrêtant de manger, attendant surement l’approbation pour continuer, me sentant un peu coupable parce que je n’ai aucun argent sur moi... Je croise le regard du vendeur, il semble assez compréhensif, en tout cas il ne m’a pas encore engueulé ou traiter de quelconque nom disgracieux. « Désolé. » J’aurais dû l’attendre. Voyant mon allié payer le fruit je continue de le manger comme un gosse appréciant grandement son « repas », mais elle est juteuse et délicieuse. « Ah ! bonne idée, les pommes sont bonnes en tout cas ! » Si jamais il ne l’avait pas encore compris en voyant mon visage, bah je lui dis de vive voix. « On peut prendre ça et ça aussi ! » Montrant du doigt les banane et les oranges, j’aime ça en jus le matin.

 TENUE ➤ Il y a trop de question pour que je puisse continue à m'interroger tranquillement, alors que nous arrivons au village. Dewei ne m'attend pas, filant rapidement vers les vieux stands tenue pour la plus part par des personnes âgées. Il se sert sans demander, comme si c'était une corbeille à fruit, rien de plus extraordinaire, mais je le reprends simplement. Cet air de chiot me fait fondre, franchement. Je lui explique rapidement comment se comporter, mais je ne lui interdit pas de manger sa pomme qu'il a déjà entamé. Le vendeur ne dit rien, il est en âge de comprendre ce qu'il voit, puis je lui fais un sourire avant de lui payer le fruit. Dewei s'excuse, cela aide à tasser l'affaire. ça me fait toujours sourire quand il est content, sans réaliser à quel point je me suis attaché à lui. Autant acheter des fruits, puisque nous sommes là! L'idée ne semble pas lui déplaire et j'hoche la tête. à ses mots, j'attrape une pomme à mon tour et croque dedans, goûtant au jus sucré qui coule accidentellement sur le coin de ma bouche, jusqu'à mon menton. Un petit rire et je m'essuie avec le plat de ma main. Dewei sélectionne plusieurs fruits et le vendeur n'attend pas mon approbation pour les mettre en sachet. « Je vais prendre des abricots et des prunes aussi, s'il vous plait. » ça nous fera un bon petit lot, puis c'est bon pour la santé. Le tout emballé, il nous donne un autre sachet plus grand pour tout tenir à la fois et je lui donne de quoi régler. « Merci bien. » D'un mouvement, je m'incline pour le remercier et lui dire au revoir, faisant signe à Dewei que l'on continue. Je me doute qu'il risque de s'arrêter à tout les stands, mais il ne faudrait pas qu'il touche à tout non plus. « Demande-moi si tu veux un truc. » Qu'on ne le prenne pas pour un voleur, manquerait plus que ça. Déjà qu'il est recherché pour avis de disparation, si en plus il termine au commissariat... Ce serait bien ma veine.

 TENUE ➤ Je ne suis jamais venu dans ce genre d’endroit, en tout cas pas à mes souvenirs et forcément dès que je tombe devant tous ses stands où y est exposé en grande partie de la nourriture je ne peux pas me retenir de toucher, tout comme je mange librement à l’hôtel là je fais la même chose. Sauf que ce n’est pas comme cela que ça marche et finalement je regrette un peu mon geste quand je comprends que j’ai faits une bêtise, mais rapidement les choses rentrent dans l'ordre et je peux continuer à manger ma pomme, profitant d’avoir l’autorisation de Yulian pour lui dicter deux autres sortes de fruits que j’aimerais emporter avec nous ! Je ne sais pas si j’étais un adorateur de fruit par le passé, mais en tout cas depuis que mes souvenirs son restreint j’adore ça ! Il prend d’autres fruits en plus et je le laisse payer tout en continuant se dévorant ma pomme ne laissant que le trognon. Mes yeux se posent ici et là sur les différents endroits alors qu’on a quitté le premier stand, y a même des objets et vêtements, je ne savais pas que ce genre d’endroit existé, mais une chose est sûre c’est génial ! Animé et bondé, on se rentre presque tous dedans les uns avec les autres, cherchant un moyen de passer pour se frayer un chemin de l’autre côté. « Tu dois acheter quelque chose ? » Je ne sais pas s’il avait un truc en tête, si je m’écoute j’achèterai tout. Sur le côté du marché il y a même un carton avec des animaux à donner, oooh, je vois la tête d’un des chiots présent et me rapproche en courant de nouveau sans attendre Yulian, proche de lui le chiot colle son museau à mon nez, il est trop adorable ! On dirait que personne ne fait attention à eux. « Ils devraient les mettre dans un endroit plus visible pour attirer l’attention. » Le chiot de son petit aboiement attire de nouveau mon attention avec ses yeux me suppliant de rester.

 TENUE ➤ Le vie n'est jamais similaire, c'est ça qu'il doit apprendre. Il ne peut pas se comporter au marché comme il le fait à l'auberge, l'environnement n'est pas le même, mais je suis sûr que Dewei est capable de le comprendre et de le retenir. Après tout, nous n'avons pas encore vu la valeur de l'argent, ni à quel moment l'utiliser. Du coup, j'espère qu'il va saisir l'importance et l'intérêt d'avoir des sous, même si ce n'est pas grand chose. Ici, rien n'est gratuit. à part piquer sur les arbres, les fruits sur un étable ne sont pas donnés. C'est une leçon de vie, Dewei me donne parfois l'impression d'être avec un petit enfant qui apprend les choses pour la première fois. Le marché est pleins à craqué, nos achats à la main, nous pouvons quitter ce stand pour nous engouffrer dans cette marée humaine, se laissant porter par le courant d'un bout à l'autre. C'est fatiguant, surtout quand ça bouscule. « Pas particulièrement, je voulais juste te montrer cet endroit. » Comme une sorte de sortie éducative. Encore une fois, Dewei s'échappe, trouvant un truc qui attire rapidement son attention. Décidément, une vraie pile. A-t-il toujours été ainsi ? Je me demande à quoi ressemble le Dewei du passé, celui qui devait rouler sur cette route avec sa belle voiture, avant de s'écraser dans mon terrain. Il est occupé avec un chiot du carton et je souris, me rapprochant de lui. « C'est difficile d'avoir de la place avec autant de monde. » Le chiot est vraiment adorable. Je tends ma main pour caresser sa tête, un sourire aux lèvres. Celui-ci me lèche les doigts, battant fortement de la queue. C'est dure de résister, comment les gens font pour ne pas les voir ? Je réfléchis vite fait. « Tu veux qu'on leur trouve une famille ? » Ils ont tous l'air de la même portée, mais j'ignore de quelle race ils sont. La personne du stand m'indique que ce sont des Shiba Inu et qu'elle serait ravi si des jeunes hommes forts comme nous pouvaient l'aider à les donner. Sans hésiter, je saisis l'une des boules de poil rousse et blanche et la fourre dans les bras de Dewei. « On a qu'à faire le tour du village, viens! » J'en prends un autre, tout blanc. Faisant signe à Dewei de me suivre, pour continuer notre chemin dans le village.

 TENUE ➤ J’apprends, j’apprends toujours et c’est normal. Ça ne fait que quelques mois que je suis là et que je remplis ma mémoire de choses et d’autres que je découvre à l’auberge avec Yulian, mais en dehors de cet endroit où je suis « protégé » j’ignore tout du monde extérieur, n’ayant aucun souvenir le concernant. Je vois des fruits, je me sers et comprends ensuite que cela ne marche pas comme ça. Heureusement je n’ai pas pris quelque chose de cher et donc je peux même prendre d’autres fruits avec Yu' ! Une fois nos achats en mains on continue la visite, je me retiens de m’arrêter à chaque stand ou de demander à mon ami de m’expliquer ça ou encore ça et cela, tout. Puis mon attention est rapidement portée sur un carton avec des chiots ! Je me rapproche d’eux, surtout l’un qui semble m’appeler avec ses yeux de malheureux, c’est troublant. Certes il n'y a pas beaucoup de place, mais bonnes... ils ont le droit d’avoir leur chance aussi. « Oui ! » Bien sûr, je veux. Je large sourire aux lèvres je prends la boule de poils avec qui j’ai « lié » ce petit lien et qui m’a tapé dans l’œil en premier, le tenant dans les bras il me fait des bisous avec sa langue, riant comme un gosse, il est petit, beaucoup plus que notre monstre a l’auberge héhé. « Il est câlin celui-là ! » M’exclamais-je en essayant d’éviter ses léchouilles du chiot. Le caressant j’espère vraiment qu’on va leur trouver une famille. « Tu penses que quelqu’un va les vouloir ? Si on ne trouve personne on fait quoi ? Est-ce qu’il reste dans ce carton ? » J’ai beaucoup de questions tout a coup, mais ça m’intrigue il faut bien l’avouer.

 TENUE ➤ Il n'y a pas mort d'homme pour une pomme, quand même. J'ai de quoi régler sur moi, puis comme ça on peut prendre d'autres fruits pour manger en route ou à l'auberge. Ensuite, je lui explique deux trois trucs sur le marché, mais ce n'est rien de très important ou de réellement intéressent en soi. Puis Dewei semble plus attiré par un carton avec des chiots, ce que je trouve assez normal. Moi-même, je me serais dirigé automatiquement vers les bêtes, quand je les aurai vu. Ils sont adorables, mais mal placé. Les pauvres n'ont aucune chance d'être adopté en restant si loin du monde ou des habitations. Je propose ainsi à Dewei de faire le tour du village avec eux, pour chercher des maîtres. évidement, il ne refuse pas, j'aurai pu m'en douter dès le début. Nos chiots dans les bras, je regarde la boule blanche qui semble somnoler contre mon torse, loin d'être inquiète. « Et celui-là, on dirait un fainéant. » Il ou elle, je n'ai pas regardé si c'était des mâles ou des femelles. Ils sont mignons ensemble, à se faire des papouilles. « Je ne sais pas ? Le propriétaire s'occupera d'eux jusqu'à trouver une famille ? » Je ne peux pas savoir, je ne connais pas la personne qui donne les chiots. Le reste du village est plutôt calme, comparé au marché. Il y a des gens dans un jardin et je me permet de m'approcher, m'excusant d'une voix plutôt haute pour qu'ils m'entendent. Intrigué, l'homme nous lance un regard. « Excusez-moi, nous cherchons une famille pour ces chiots. Seriez-vous intéressé ? » ça ne paraît pas l'importunité, il se rapproche même pour voir les animaux, mais au dernier moment, une voix de femme l'interpelle et celui-ci, embarrassé, s'excuse. « Désolé pour le dérangement. » Peut-être que sa femme ne veut pas d'animaux, dommage. Je me tourne vers Dewei, haussant tristement les épaules. « Essayons les prochaines maisons ? » Il ne faut pas se décourager, sinon c'est perdu d'avance. Il suffit d'y croire et tout devient soudainement possible.

 TENUE ➤ Je suis content de sortir un peu de l’auberge, j’adore être là-bas bien sur, mais voir d’autres personnes et un lieu dont j’ignore tout rend les choses excitantes. Au marché j’ai beau faire quelques bêtises ça se repart rapidement, ce n’est pas comme si j’avais l’intention de réellement voler des fruits, je ne suis pas comme ça. Puis les chiots, ses boules de poils m’ont totalement monopolisé, Yu propose de faire le tour avec pour trouver des familles, j’adore l’idée et j’espère réellement qu’on va pouvoir trouver quelqu’un pour s’occuper d’eux, ils sont tellement adorables l’un comme l’autre. Je me demande s’ils vont rester dans un carton si on ne trouve personne, ça m’inquiète un peu je dois bien l’avouer. « Oh d’accord. » Yulian me donne une possibilité, mais j’espère juste qu’on soit capable de les offrir à des personnes aimantes et capables de s’en occuper comme il faut. Au début je pense que j’étais comme ses chiots pour Yu, perdu, sans famille, sans rien. Il m’a « adopté » et c’est occupé de moi, juste pour ça je lui serais éternellement reconnaissant, alors je veux pouvoir rendre la pareille aux autres, bien que je ne puisse pas m’en occuper moi-même, je n’ai pas de maison à moi et je me vois mal imposer un animal de plus par avidité. Mon ami propose à une première famille, mais bien que l’homme semble intéressé ce n’est pas le cas de sa femme qui l’empêche de conclure, tant mieux car si c’est pour le prendre et l’abandonner autant ne pas leur montrer d’intérêt dès le début. « Yep ! » Je ne suis pas du tout démotivé, au contraire je compte bien garder confiance et courage jusqu’au bout. Je vois des jeunes pas loin, devant une autre maison alors que le chien continue à me faire des bisous, les enfants semblent excités en s’en approchant, je m’incline pour qu’ils puissent le caresser, regardent Yu. « On pourrait demander à leurs parents ? »  

 TENUE ➤ Quand je vois Dewei ainsi, avec le chiot dans les bras et son sourire aux lèvres, je me demande qui il est réellement. Est-il aussi tendre et gentil ? Est-il ce garçon que je vois tous les jours ou son accident l'a rendu perdu au point de ne vraiment plus savoir qui il est. J'aimerai ne plus avoir à me poser ce genre de question, ni à hésiter. Il est comme il est, pour l'instant. Mon chiot dans les bras, je propose qu'on bouge pour leur trouver une famille dans le village, quitte à perdre des heures à chercher. évidement, il accepte et nous commençons par la première famille que nous croisons sur le chemin, sauf que la femme de l'homme semble contre cette idée. Tant pis, il n'y a pas qu'eux dans le village, j'ai bon espoir. Nous n'avons qu'à poursuivre, ce n'est pas encore perdu puisque nous venons à peine de commencer notre plan. à quelques pas, des jeunes s'amusent dans leur jardin et les chiots semblent autant les attirer que Dewei. Ceux-ci caressent l'animal et je souris, me penchant à mon tour pour qu'ils puissent toucher le second. « Bonne idée. » Dis-je. Les parents ne paraissent pas dehors, du coup je me tourne vers l'un d'eux. « Vos parents sont là ? Nous cherchons une famille pour les adopter. » La plus jeune du groupe se relève rapidement, sûrement emballée par l'idée et s'en va en courant chez elle, criant après sa maman. Je ris, lançant un regard à Dewei. « L'un d'eux sera heureux ici. » Y a aucun doute là-dessus, ces enfants ont l'air vraiment sympathique. La fille revient avec sa maman, une femme souriante qui doit les animaux, vu son regard sur les chiots. Elle demande à qui sont-ils et je répète qu'on cherche à les donner. « Vous vous en occuperez, les enfants ? » La réponse est incompréhensible, puisqu'ils parlent tous à la fois, mais ça semble unanime. La femme laisse choisir ses enfants et ceux-ci décident de prendre le blanc, celui que je tiens. Sans hésiter, je leur donne avec le sourire et me redresse. « Merci, vraiment. » M'inclinant, je les remercie encore puis tapote le bras de Dewei pour continuer. Au moins un d'adopté, il restera le roux et l'autre dans son carton.

 TENUE ➤ Je n’ai déjà pas de souvenir de ma vie avec ses derniers mois, alors j’ignore forcément si j’ai des animaux, un chien, un chat ? Je ne sais pas du tout si j’aime ces boules de poils, mais ici j’ai totalement craqué sur ses chiots et je suis motivé à leur trouver des familles, ils sont adorables, si je pouvais j’en garderais un sans hésiter, mais je ne peux malheureusement pas dans mon état, j’ignore de quoi est fait demain et je ne sais pas si je serais réellement capable de m’occuper de quelqu’un d’autre quand j’ai encore du mal à m’occuper de moi-même. Même si le premier essai est un échec, je vois des enfants pas loin et ils semblent totalement emballer par les petits chiots, je propose à Yulian de demander à leurs parents, ce qu’il approuve et je lui souris franchement. Il question les petits et la petite fille part à toute vitesse vers chez elle pour ramener sa maman. « C’est sûr ! » Puis les enfants ne semblent pas brutes ou sauvages avec les bêtes. La jeune femme a l’air d’être aussi enthousiasmé que ses gosses, elle ne refuse pas l’idée au contraire et après avoir expliqué d’où il provienne et notre but, elle accepte. Laissant choisir les petits ils prennent celui de Yulian, alors que je repars avec le mien dans les bras, remerciant activement et généreusement cette famille à nous aider et de prendre soin d’un des chiots, j’espère vraiment qu’il sera heureux, même si je n’en doute pas vraiment, je me dis qu’une famille nombreuses c’est cool ! Souriant doucement je regarde mon ami. « On continue ? » J’ai toujours le mien à donner, j’ignore encore à qui on pourrait le laisser, faisant plusieurs maisons sans succès. « J’espère que quelqu’un va bien vouloir de lui. » 

 TENUE ➤ J'ignore si Dewei possède des animaux, mais j'espère que quelqu'un s'en occupe et prend soin d'eux durant son absence. Maintenant que j'y songe, c'est étrange de se dire qu'il a peut-être un chiot qui l'attend chez lui et qui ne peut même pas profiter de son maître. ça me met la boule au ventre, tandis qu'on cherche des familles pour ces boules de poil. évidement, je ne dis rien, dissimulant au mieux mes doutes et mes appréhensions à son sujet. Ici, il est bien. Mais qui dit que ses amis le sont ? Enfin, non, ils ne sont clairement pas bien sans lui et je n'ose pas le renvoyer là-bas, avec eux. Tant qu'il ne se souvient pas et tant qu'il veut rester, je ne peux pas le lâcher et laisser s'en aller. Peut-être me suis-je autant attaché à Dewei que je m'attache aux animaux ou aux fleurs. Peut-être que je l'aime autant que ces êtres fragiles. Notre premier essai est loupé, mais le second semble meilleur, puisque la mère qui rapplique avec sa fille paraît emballé par l'idée et accepte d'en prendre un, les enfants choisissent le bébé que je porte dans mes bras. Cela fait, nous pouvons continuer après les avoir remerciés et salués. Un hochement de tête et je recommence à marcher sur ce chemin en terre serpentant entre les habitations. Les maisons se succèdent mais personne d'autre ne désire d'animaux. Au bout d'un moment et après plusieurs déceptions, je soupire et m'arrête. « On a fait le tour du village. Retournons au marché. » Dis-je, attrapant la manche de Dewei pour rebrousser chemin. Les villageois ont commencés à rentrer chez eux, le village se fait plus calme vers l'heure du repas. Le marché perd en intensité et en revenant vers le carton, l'autre bébé a disparu. La femme nous informe que quelqu'un l'a adopté pendant qu'on cherchait pour les deux autres, mais il reste toujours le petit roux. « On ne pas le remettre dans ce carton ... » Fis-je, les sourcils froncés sous la contrariété. Il restera encore un jour de plus à attendre, peut-être même plus si personne ne veut de lui... Puis, Dewei semble autant attaché à cette boule que la boule à lui. « Prenons-le ? » Un de plus, ça ne changera rien pour mes parents.

 TENUE ➤ Savoir si j’ai eu des animaux ou non ne change rien au fait qu’à cet instant je suis content de pouvoir m’occuper de ces chiots. Tout comme j’adore ceux qui se trouvent à l’auberge, je trouve un véritable réconfort dans leur présence comme lorsque je suis avec Yulian, ils sont rassurants et amicaux. Avoir trouvé une famille à ce premier bébé fut un véritable moment de joie, la famille semble vraiment l’aimer et je croise les doigts pour qu’il soit heureux ici, bien que je n’en doute pas. Au fond je suis un peu comme ce chiot, j’ai été recueilli par Yu alors que je n’avais aucun endroit où rentrer, aucun souvenir ni aucune attache. On a fait le tour du village, mais personne n’a été apte à prendre le chiot que je garde dans mes bras depuis le début, c’est mon coup de cœur avec se léchouille et ses câlins, j’aime son regard rempli d’une lueur qui ne demande qu’à donner si on lui laisse sa chance. Je hoche la tête en guise de réponse, peut-être qu’on trouvera quelqu’un sur le chemin du retour, malheureusement ce n’est pas le cas et en arrivant devant le carton le dernier des chiots a été pris. « Non ! On ne peut pas. » Je ne pourrais pas partir d’ici en le regardant retourner dans cette boîte alors que nous l’avons sorti de là et espéré un nouveau foyer. Il me lèche le menton comme s’il comprenait la situation, regardant Yulian, je bug un instant a ses mots. « Sérieux ? » Je souris automatiquement en montrant ma joie étant dans l’impossibilité de la cacher. « Génial ! » Je suis content bon sang, je n’aurais pas pensé qu’on puisse le prendre avec nous, je ne pouvais pas oser le demander non plus, après tout je ne suis pas chez moi, seulement un invité inattendu. Je suis sûr qu’il sera heureux à l’auberge. « On rentre ? » Je ne sais pas si on reprend le même moyen de transport ou non, mais je pense avoir trouvé mon bonheur dans ce marché haha.  

 TENUE ➤ C'est difficile de se dire que quelque part à Tokyo, un gars me prend pour un psychopathe qui retient son meilleur ami. Je n'ai jamais voulu de mal à Dewei, juste l'aider et le protéger durant cette période où il est le plus vulnérable. Bon, j'avoue qu'une part de moi profite beaucoup de ce privilège et se refuse durement à rendre sa liberté à ce garçon tombé du ciel, mais c'est à moi seul de vaincre ce côté de ma personnalité pour le bien de mon ami. Il est la seule véritable personne avec qui je m'entends le mieux et avec qui j'ai pu autant partager en seulement quelques mois. Ce n'est pas rien. Je me suis attaché à ce garçon comme il s'attache à ce chiot. Je ne veux même pas imaginer ce que ce sera quand il devra partir, ni même quand il retrouvera sa mémoire. Que ce Yo Seob se rassure, je ne suis pas fou au point de l'attaquer pour que ses souvenirs ne reviennent jamais. Si ça doit arriver, cela arrivera. L'un des chiots a été donné et je le regarde partir avec un faible sourire, heureux et triste à la fois. J'imagine que ce sera plus dure quand mon chiot partira. Celui de Dewei reste avec nous, cela jusqu'à ce qu'on retourne au marché, là où était le carton où nous les avons trouvés. Le dernier n'est plus là, adopté. S'ils étaient tous resté là-dedans, est-ce que quelqu'un d'autre les aurait choisi ? En tout cas, il refuse de le laisser là, seul. Ce n'est pas comme si je n'avais pas le terrain pour un nouveau chien, mes parents ne feront pas la différence. Puis, Dewei est joyeux. Je n'ai jamais été aussi satisfait que de le voir sourire et sauter de joie, l'animal toujours dans ses bras. Un hochement de tête et je souris. « Rentrons. » On trouvera bien quelqu'un pour nous ramener à l'auberge, puisqu'on ne peut pas faire autrement. Par chance, l'un des locataires est au marché et accepte de nous prendre avec lui. « Il faut un nom pour ce chiot. » Dis-je à l'intention de Dewei, une fois installé dans la voiture. « Que dis-tu de Yuwei ? » Le Yu de Yulian et le Wei de Dewei. évidement, il ne peut pas comprendre pour la fin.