TENUE ••• Comme il a été convenu le jour d'avant, nous sommes remontés sur scène pour jouer nos musiques favorites. La voix de Nobu a résonné si fort dans le bar que les gens se sont ambiancé, déhanchés. Ma guitare s'accordait à merveille avec le reste du groupe, que j'ai recontacté hier soir pour une prestation de dernière minute. Ils étaient plutôt content de revenir jouer avec nous, comme au bon vieux temps. Tant mieux. Je n'aurai pas eu le temps de chercher d'autres gars qui savent jouer en si peu de temps, et jouer seul de la guitare n'est pas très attrayant. Le mini-concert improvisé a été un succès fulgurant, ramenant des tonnes de client au gérant du bar qui nous a offert les boissons. J'en ai pas tant profité, toujours mon instrument à la main et les pieds sur le podium, légèrement plus élevé que la foule devant nous. à la fin, les gens applaudissaient, pour ceux qui pouvaient encore le faire. Puis la salle s'est vidée, peu à peu. Les jeunes ont désertés le bar, les employés ont commencés à ranger et quant à nous... J'ai dit au gérant qu'on s'occupait du reste et qu'on passerait par la porte de secours ensuite. Le reste du groupe a filé aussi, nous laissant seul Nobu et moi. Personne dans les environs. Personne pour nous surveiller et nous fliquer surtout. De ce fait, j'ai saisi l'opportunité de chouraver deux bouteilles de bière, offrant l'une d'elle à mon meilleur ami. « Pour fêter nos retrouvailles. » J'ironise, tapant ma bière contre la sienne avec un grand sourire, puis j'enfile une gorgée qui revigore de l'intérieur. Quelle joie de boire ! « Je n'ai jamais vu autant de monde, c'était cool. » Commentais-je, m'asseyant sur la caisse de réglage de ma guitare. Je dois l'embarquer avec moi, donc j'ai le droit de poser mon cul dessus si j'ai envie. « Tu as pu chopper quelques numéros ? La plus part des filles avaient les yeux rivés sur toi. Enfin, presque toutes. » Je ricane, sortant un paquet de serviette de mes poches, avec des numéros dessus. J'en ferais rien, mais c'est comme une sorte de trophée. Ce n'est pas parce que je ne compte pas coucher avec elles, que je ne peux pas continuer ma petite bataille, ma petite chasse, avec Nobunaga.

TENUE ••• Franchement c’était un réel plaisir de remonter sur scène, pouvoir chanter toutes nos chansons, je n’hésitais pas à pousser la mienne au maximum, montant très haut dans les notes, continuant en enchainant, musique après musique. Voir toutes ces personnes danser et s’exciter sur notre prestation ça donnait encore plus envie de se dépasser. J’aime cette ambiance, cette folie, ce côté festif. Je me régale sur scène et je ne pense pas être le seul, je jouer avec les autres, Aoba ou les musiciens présents. Le temps défile et finalement on arrive à notre dernière chanson pour la soirée. Les gens sont content, ils quittent le bar en ayant surement passé un bon moment et le gérant nous remercie, nous invitant même à revenir pour recommencer encore, ce qu’on ne peut pas refusé, après tout nous prenant du bon temps et on est gagnant, se faisant connaitre avec notre musique. Une fois seul avec Ao, j’attrape la bouteille de bière qu’il m’a ramenée, tapant dedans en souriant. « Ouai, tu l’as dit. » Ironique ou non, je pense que c’est sur la bonne voie, ce soir j’ai vraiment eu l’impression de retrouver notre complicité et d’avoir mis de côté toutes les histoires qui ont pris trop d’importance ces derniers mois. « C’est une bonne chose ! Ils ont eu l’air d’aimer ça. » C’est le principal. Je pose ma bière au sol après avoir pris une gorgée, j’attrape la guitare de mon best pour la caler sur mes genoux, prenant la position d’un pro, sauf que dès qu’il s’agit de jouer je suis loin du compte. « Tu veux vraiment le savoir ? » Je le taquine en sortant tous les papiers de ma poche. « Pas mal je pense. » Les rangeant en riant, le pire c’est qu’il fut une époque où j’en aurais profité dès ce soir, mais là je n'ai pas la tête à me taper une meuf, donc je verrais si ces numéros me seront utiles plus tard ou pas, les gardant en réserve. Préférant gratter les cordes de l’instrument, faisant quelques notes hasardeuses.

TENUE ••• Cette soirée est de loin la meilleure depuis des jours, voire des mois. Je n'ai pas profiter à fond sans prise de tête depuis la première fois où j'ai fait une crise à mon meilleur ami. Je m'efforce d'oublier, de passer à autre chose ou juste d'être normal. Comme avant. Ce n'est pas toujours évident. Je me sens comme une sorte de fumeur privé de cigarette, en manque de nicotine. Sauf que je n'ai pas de patch pour m'aider à relativiser, juste une excuse, un prétexte. La musique, cette soirée, l'acclamation de la foule. Ce sont ces choses-là qui m'occupent l'esprit quand je joue, ça et la voix de Nobu. Ce serait mentir si je disais qu'elle ne m'envoûte pas, malgré que je la connaisse depuis des années. à chaque fois c'est la même et j'ai la sensation de rechuter progressivement, avant de me reprendre d'une manière ou d'une autre. à la fin de la soirée, quand la pièce se vide, je récupère des bières et viens discuter avec lui. Naturellement. Sans s'énerver. Je parle de notre publique, de leur ferveur, enthousiasme, tout ça. Sauf que, dans le fond, ce n'est pas tant cela qui m'intéresse. Oh j'aime quand ils nous acclament, ce n'est pas ça. Mais je m'en moque s'ils aiment vraiment ou pas. Tant que moi je m'éclate et joue sans restriction. Nobu s’empare de ma guitare et je souris contre le goulot de ma bouteille. Que compte-t-il faire avec ça ? Je doute qu'il sache où se situe les notes et les accords. C'est le meilleur moment pour redevenir le Aoba du passé, en sortant une poignée de numéro de téléphone. Que des filles. Je fais le malin, mais là encore, ça ne me concerne pas. « Laisse-moi compter. » Fis-je en asseyant de lui piquer les papiers, mais c'est qu'une plaisanterie. Je m'en fiche de combien il a obtenu de prétendante. « Je vais mettre tout ça dans une boîte à chaussure, au cas où. » Les numéros, hein. Bien que la poubelle soit tout autant un bon endroit pour eux. « Qu'est-ce que tu comptes faire avec ma guitare ? Je te préviens, si tu l'abîmes, je t'étrangle pour que tu ne puisse plus jamais chanter de ta vie. » C'est une menace amicale, il sait que je ne ferais jamais ça ... Quoi que. étrangement, il a l'air de s'intéresser à mon instrument, glissant ses doigts dessus. « Déjà, tu la tiens mal. » Je me relève, déposant ma bouteille à côté de la sienne et viens me placer debout derrière lui pour bien placer la guitare entre ses mains. Ce n'est qu'un milimètre ou deux, mais ça fait la différence.

TENUE ••• Lorsque je chante j’ai l’impression de me vider complètement l’esprit, comme si plus rien n’existait autour. C’est aussi naturel que respirer, comme lorsque je chante dans la rue parce qu’un air m’est venu en tête ou que je trouve une chanson super et que j’aimerais bien la chanter en karaoké. C’est comme ça. Je ne suis pas un chanteur connu, juste d’un groupe underground dans les bars de la ville, mais je n’ai jamais pensé à plus je crois. Tout ce que je veux c’est continué de chanter mes chansons, de voir les gens y répondre positivement et même si ce n’était pas le cas alors tant pis, je chanterais quand même ! Une fois que le petit concert est terminé et que la salle s’est vidée on se retrouve seul avec Aoba, prenant une bière qu’il a ramenée, je suis plus attiré par sa guitare que je prends sur mes genoux, grattant les cordes sans trop savoir ce que je fais vraiment. Arrêtant pour sortir les bouts de papier avec les différents numéros des filles qui ont réussi à nous les glisser après le concert, elles savent y faire haha. « Ne te fait pas de mal, ça te briserait le cœur. » Me moquais-je en les rangeant dans ma poche. Ma remarque n’est pas dite en pensant à ses sentiments, mais parce que j’en aurais plus bien sûr. « Tu as raison, ça peut être utile. » Je souris en revenant poser mon attention sur l’instrument entre mes mains. « Tu peux me faire confiance un peu, pourquoi je l’abimerais, je sais jouer ! » Non, c’est complètement faux et il le sait, mais on s’en fiche. Je tente de replacer mes mains quand il me dit que je la tiens mal, mais c’est lui qui vient m’aider et me montrer comment les mettre. Une fois en place, je recommence à gratter les cordes sans savoir ce que je joue, en fait ça reste toujours aussi brouillon et hasardeux, mais tant pis ! C’est amusant. « Ça me va bien la guitare non ? » Je m’y crois trop là.

TENUE ••• Si Nobu est dans son monde quand il chante, moi je suis dans le mien quand je joue de la guitare. C'est un rythme entraînant, endiablé, un truc qui fait sortir ton âme de ton corps pour la faire voyager à des milliers de kilomètres d'ici, dans un autre univers. Le retour sur terre est toujours fatiguant, voire ennuyant. Sauf quand je suis à côté de mon meilleur ami, que je plaisante avec lui après avoir profité des applaudissements et des cris de la foule. La bière est la bienvenue pour nous désaltérer, surtout pour lui qui a dû user de sa voix jusqu'à mourir de soif. J'en profite pour sortir les petits papiers de mes poches, parfois un bout de serviette ou de sous-verre en papier. Bref, tout est bon pour notre un numéro de portable, mais aucun ne m'est utile. Je les garde par principe, en souvenir du bon vieux temps où j'adorais contacté la moindre de ces filles pour assouvir un besoin sexuel hors norme. Désormais, je me sens comme un mec qui cherche l'histoire de sa vie, alors qu'être en couple n'est pas grandiose non plus. « Pff, n'importe quoi. » ça ne me fera jamais de mal, surtout plus maintenant. Il pourrait avoir le double que ça me passerait par-dessus la tête. Utile pour lui, pas pour moi. Je ne sais même pas si je pourrais retenter le coup avec une fille ou si ça peut fonctionner avec un autre mec. C'est un désastre quand une seule et même personne nous fait ressentir ce genre de sentiment qui bloque toute autre ouverture. Ma guitare entre ses doigts, il s'amuse à les faire glisser sur les cordes sans trop savoir comment ça fonctionne. Je le préviens d'une quelconque casse, même si j'ai les moyens de m'en racheter dix autres, celle-ci est précieuse à mes yeux. « C'est ça, et moi je suis la reine d'Angleterre. » Grommelais-je, sachant pertinemment qu'il est nul à la guitare ou avec un tout autre instrument. Autant l'aider avant qu'il ne fasse une bêtise, comme bien placer la guitare entre ses mains. C'est bien beau de savoir la tenir, mais sait-il où mettre ses doigts ? J'en doute. « Un vrai tombeur. » ça lui irait mieux s'il savait en jouer... Et je prends un risque énorme à vouloir lui montrer. « Je t'explique. Cette main sert à gratter les cordes au centre, celle-là pour les cordes du manche. Ce sont d'ailleurs celles-ci qui forment les notes quand tu les pinces ou non. » Je lui montre, bloquant quelques fils avec mes doigts et grattant avec l'autre main. ça produit un son, un son qui passe bien à l'oreille. Quand je change la position de mes doigts sur les cordes, le son change aussi. J'enchaîne deux ou trois notes faciles pour qu'il puisse les reproduire. « Essaye. »

TENUE ••• Dans cette bande nous avons tous les deux notre place, notre rôle et c’est pour ça que ça marche aussi bien. Je me sens heureux quand je suis sur la scène avec Aoba, je sais qu’il est avec moi et qu’il gère comme un dieu avec sa guitare, alors je n’ai qu’à me concentrer sur ma voix et les chansons sans m’inquiéter du reste. C’est vraiment plaisant. Pour moi il n’y a rien d’autre que j’aime faire, la musique c’est une chose qu’on ressent et dont il est difficile de se libérer une fois qu’on est pris au piège. C’est juste trop cool et excitant. Je suis un peu trop je-m’en-foutiste dans mon quotidien, c’est mon trait de caractère dominant, je laisse les choses et les prends comme ça vient, ce n'est pas compliqué. Je déteste les prises de tête, comme là avec les numéros des filles, je pourrais très bien être plus sérieux ou jugé du fait que ce genre de remarque puisse heurter les sentiments d'Ao, mais je m’en amuse plutôt en disant que ça pourrait servir. Si je suis sérieux . Oui, bien sûr. Dans mon esprit je pense toujours que je ne peux pas me passer des femmes, disons que je reste fidèle à moi-même, bien que je ne cerne pas trop cette nouvelle « relation » qui m’unit à Ao. Il est toujours mon meilleur ami et ça me va très bien, même si j’éprouve du plaisir à coucher avec lui, un homme normal ne le prendrait pas à la léger. C’est le premier homme avec qui je couche et le seul, pourtant je n’ai pas été choqué par cette « erreur », comme quoi même les situations improbables me laissent une marge d’insouciance, après tout de nos jours être bisexuel est presque courant, même si c’est un sujet tabou, moi j’en ai rien à foutre. Je ne me considère pas comme tel de toute façon, si c’était le cas, j’aurais du désir pour d’autre mecs, mais ce n’est pas le cas, j’aime toujours les femmes... Et Aoba. Une case Joker dirons-nous.   Faire mumuse avec la guitare du concerné m’éclate, même si je bouffonne sur mon talent, on est bien conscient que j’ai aucune maitrise des instruments, je me la pète juste haha.  « Je me disais bien qu’il y avait quelques ressemblances. » Je me moque de lui, franchement, la reine d’Angleterre quoi.  « Que veux-tu. » Je lui tire la langue, le laissant ensuite me montrer comment ça fonctionne, il fait quelques notes, ça semble pas si compliqué...  Je reproduis ce qu’il vient de me montrer. « Comme ça ? » Je le questionne en relâchant une main de l’instrument pour prendre ma canette et boire une gorgée, la reposant au sol. « C’est plus simple de tenir un micro. » Mais bon, dire que je ne dois pas bosser ma voix serait un mensonge, je ne suis pas devenu chanteur par magie, comme pour Ao et sa guitare, chanter est ma passion.  

TENUE ••• La plaisanterie est le meilleur moyen d'éviter les disputes, le deuxième degrés nous permet de ne pas nous emporter, même si j'ai le sang chaud et que je suis une tête brûlée. Ma réputation n'est plus à refaire, je crois. Ma façon d'être, cette arrogance, ces œillades méprisantes ou ces sourires fiers, la plus part des gens savent comment je suis, comment je fonctionne. L'apparence compte beaucoup pour moi, j'aurai plus tendance à vouloir parler avec un riche bien habillé qu'un pauvre en haillon. C'est comme ça, je suis idiot et je l'assume pleinement. Pour ce qui est des numéros, je grogne un peu mais m'en fiche. Du moins, je contrôle mes émotions et tente de ne pas craquer face à la légèreté de mon meilleur ami. Tant mieux pour lui si ça peut être utile, je ne peux que l'encourager à retrouver ses bonnes vieilles habitudes. Moi ? Qu'est-ce que ça change au final. J'ai compris -oui oui- que je ne pouvais pas le forcer à partager mes sentiments ou à vouloir autant que moi. Sauf que, pour ne pas rechuter encore et encore, je dois faire la part des choses et ne pas être tenté par lui. C'est un cercle vicieux qui me piège et m'empêche de voir les choses autrement, sous un oeil nouveau. Nobu s'amuse avec ma guitare, mais je vois et je sais très bien, qu'il est archi-nul avec un instrument de musique. Même l'harmonica doit être trop compliqué pour lui. à sa réplique, je lui donne un petit coup dans le bras avec un « tch » bien sonore. Je le saurais si j'étais vieille et ridée, avec le pouvoir de gouverner un pays tout entier. Je roule des yeux à ses mots, quelle modestie. Je croirais m'entendre. Bon, j'ai du temps à perdre, autant m'en servir à une juste cause. Montrer à Nobu comment faire quelques notes sans se tromper. « Ouais, ça prend forme. » Fis-je, le regardant boire. « Chacun son truc. » Il sait chanter, sa voix est unique et puissante. Je peux chanter aussi, mais mon niveau est bien au dessous du sien. Par contre, mes compétences à la guitare sont suffisamment hautes. « N'empêche, avec nos talents, on devrait voir plus large ... Que dis-tu d'aller conquérir le monde entier ? » Ce n'est pas en jouant dans des bars et des clubs que l'on va se faire remarquer, je voudrais plus. J'aime la musique, j'aime jouer et j'aime le faire avec Nobu qui chante. Je ne veux pas devenir politicien, suivre les traces de mes parents ou me plier aux exigences de mes grand-parents. Je veux vivre ma vie comme je l'entends, quitte à vivre sous un pont sans argent ou être un musicien émérite.

TENUE ••• Je préfère profiter de ces moments où on parle tranquillement sans faire d’allusion à ces histoires qui nous éloigne plus qu’autre chose. Je ne veux pas me prendre la tête et je pense qu'Aoba l’a compris pour ne pas me sauter dessus dès qu’un sujet pourrait le mettre en rogne ou toucher à sa jalousie et sensibilité qui semble avoir depuis quelques mois. La musique est notre point de sauvegarde, un lien qu’on ne peut pas renier, on est fait pour jouer ensemble ou en tout cas moi chanter et lui avec son instrument, ça marche super-bien et le fait qu’on soit meilleurs amis doit jouer aussi, sur scène on sait que nous sommes deux quoi qu'il arrive. Tester de jouer de la guitare c’est fun ! Je peux faire style que je suis doué et même le croire, en réalité je suis juste trop nul avec un autre truc que mon micro. Ma voix est mon arme, elle est la seule chose qui me permet de me tenir sur scène et j’en suis fier. « Je pourrais devenir aussi doué que toi bientôt. » Genre, je mets pas du tout la charrue avant les bœufs hein. Riant simplement, je prends ma bière pour boire en parlant du fait que je suis fait pour chanter, c’est comme ça, chacun son talent et son job. Conquérir le monde entier ? « Tu veux qu’on soit des professionnels ? » Je n’ai jamais pensé à postuler dans une agence ou ce genre de truc, mais maintenant que Ao en parle je trouve que l’idée n'est pas mauvaise, c’est même excitant comme projet. « Si tu fais ça, ta grand-mère va te couper les couilles. » Façon de parler, mais il est d'une famille un peu compliquée.  « Bon t'en a plus trop besoin, mais quand même.. » Je le taquine en me moquant de lui forcément. « Les miens ne sont pas chauds pour me laisser chanter. » Ils veulent un fils politicien, mais au fond je m’en fiche, je ne leur obéis qu’en apparence, donc bon. Je suis un petit rebelle. Rendant son instrument à Aoba, je me bascule sur la chaise pour m’amuser, allant parfois un peu trop en arrière, manquant de tomber à plusieurs reprises, mais ça ne m’arrête pas.

TENUE ••• J'ai compris que mon meilleur ami ne partageait pas les mêmes sentiments que moi, alors je me dois d'être plus léger, moins en colère contre ce qu'il pourrait dire. ça n'a aucun sens que je me renfrogne quand il s'en fiche, donc je joue de la plaisanterie pour mieux me contrôler et garder cette atmosphère douce et agréable. Nobu tente la guitare, mais ce n'est pas son talent de prédilection. Il est doué pour chanter, sa voix est sublime, mais niveau instrumental, il ferait mieux d'éviter le carnage. « Bientôt, ça se compte en combien de centaine d'année ? » Le narguais-je, pouffant sincèrement pour me moquer de lui. Il n'a pas tort en disant qu'il est fait pour chanter, quant à moi, je suis fait pour jouer de la guitare en arrière plan. D'ailleurs, on pourrait envisager beaucoup plus que ce genre de scène trop petite et dans l'ombre. « Ouais ! » Je n'ai pas besoin d'argumenter davantage, être professionnel serait le pied ! On pourrait rejoindre une agence, y a tellement à Tokyo. Ou se projeter seul dans le domaine, mais je doute que l'on puisse aller bien loin par nos propres moyens. Nos familles auront trop de facilité à nous mettre des bâtons dans les roues. « Justement, je m'en bats les couilles. » De ma grand-mère et de ses projets d'avenir. Elle a pourri la vie de mon vieux, qu'elle continue à s'acharner sur son fils. à sa remarque, je lui donne un coup dans le bras. « Mes couilles me servent toujours à me branler, pauvre con. » Rétorquais-je. Les siens ? Je ris, buvant une gorgée de ma bière avant de reprendre la parole. « Et tu vas gentiment écouter papa et maman ? Tu ferais un bon politicien. Ministre ? Futur président ? Tu es déjà corrompu avant même d'être un homme politique. » Je ne peux pas retenir un nouveau rire. Récupérant ma guitare, je joue un court morceau en bloquant ma canette avec mes dents. Deux secondes plus tard, je me penche vers l'arrière pour faire couler le liquide directement dans ma gorge, avant de rattraper la canette. « J'ne veux pas torcher le cul de mes vieux. » Dis-je, façon de parler. Je ne veux pas être leur petit pantin, faire ce qu'ils souhaitent et me retrouver un jour à me demander pourquoi je n'ai pas vécu pour moi. Ma grand-mère est proche de la mort, si je compte les années qui lui restent. Quant à mon père, je n'aurai qu'à lui dire qu'il est le seul à vouloir faire de sa vie un enfer, pas moi. La cruauté, ça me connait bien.

TENUE ••• L’enfoiré. Je ris à sa remarque en haussant les épaules. « Tu verras bien par toi-même. » Un jour je pourrais le surprendre ! Après tout un instrument ça peut s’apprendre non ? Certes je ne suis pas fait pour ça, mais j’adore relever les défis, donc faut pas trop jouer avec ça, je serais réellement capable de devenir bon juste pour prouver que j’en suis capable avec de l’acharnement. Quant à son idée de devenir professionnel, faire partie d’une agence m’intéresserait bien ! En même temps pour moi le chant est une évidence. « Ce serait génial. » Je pense que nous avons nos chances. Parlant de sa grand-mère, Aoba a une famille assez hard avec cette vieille femme. « Le contraire m’aurait étonné. » Je souris avant de rire, se branler hein ? J’avoue, ce serait dommage de lui enlever ce petit plaisir. Mes parents ne veulent pas que je suive cette voie, mais il y a bien longtemps que je ne les écoute plus, du moins je le fais en apparence, mais derrière je suis loin de l’enfant-modèle, la politique c’est du charabia pour moi, un truc qui ne m’intéresse pas le moins du monde. « Bien sûr que non. Je ne serais jamais un homme politique. » c’est évident, je ne suis pas fait pour cette connerie. « Je crois qu’on a déjà pris notre décision non ? » Je souris en levant ma main pour qu’il tape dedans, histoire de montrer que nous sommes d’accord pour tenter l’aventure et cela en se fichant complètement de ce que les autres pourraient penser ou des bâtons que nos familles tenteraient de mettre dans nos roues. Nous sommes majeurs, personnes ne peut contrôler nos choix et nos envies, quitte à être renié, je pense qu'Ao et moi avons la même vision sur le sujet.

TENUE ••• Nobu peut s'acharner si ça lui fait plaisir, je ne vais pas l'empêcher de faire des progrès ou de vouloir me surpasser. De toute façon, je serais toujours plus doué que lui avec une guitare ou un instrument quelconque. L'espoir fait vivre, je ne voudrais pas l'empêcher de respirer. Quitte à parler musique, puisque c'est notre nouveau sujet de conversation, autant voir au-delà de ce que l'on fait maintenant. Une agence artistique ne serait pas une mauvaise idée, puis on a tout ce qu'il faut pour rejoindre l'une d'entre elles. Nobu a une voix impressionnante, magnifique et puissante. Les agences pourraient se le déchirer. Je suis étonné qu'il n'est pas été repéré depuis le temps où il chante sur des petites scènes, dans l'ombre des stars. Quant à moi, je joue depuis de longues années et j'apprends toujours à m'améliorer avec d'autres instruments, tel que le piano. Il approuve mon idée et je souris, fier et content à la fois. Ma famille ne m'arrêtera pas. Ils pourraient me renier que je m'en moque. Ils s'en doutent déjà, je n'ai pas la firme familiale. Qu'est-ce que ma grand-mère pourrait faire ? à part une crise cardiaque. Ils savent déjà que je n'ai pas besoin d'eux pour m'en sortir. ils pourraient me couper les vivre, me foutre à la rue, que ça ne changerait pas ma vie. Ce n'est peut-être pas pareil pour Nobu, qui fait toujours semblant. « Bien, alors c'est décidé. » Nous ne serons pas des hommes politiques, ni des noms sur une liste de gens important pour la société, des associés ou que sais-je des plus stupides. Lui comme moi, nous voulons juste vivre comme on le souhaite, avec la musique. « Ouep. » Fis-je, tapant dans sa main avec un sourire en coin. Aujourd'hui nous sommes que des étudiants, demain nous serons des musiciens. L'avenir ne me fait pas peur, je préfère vivre au jour le jour. Vidant ma boisson, je plie la canette entre mes doigts et me redresse. « Et si on terminait de ranger ? » Nous avons suffisamment discuter pour pouvoir rentrer au campus. Y a toujours cours demain, il ne faudrait pas se réveiller de mauvaise humeur, surtout pour moi.