Aujourd’hui n’était pas une journée comme les autres pour le jeune Ankh, d’habitude il aurait passé sa journée seul enfermé dans sa chambre ou aux côtés de quelques autres membres du Dandelion, avant d’accueillir ses premiers clients une fois la nuit venue. Mais aujourd’hui, il lui manquait de l’argent dans ses comptes, pas grand-chose mais ceci avait suffit pour qu’il soit obligé de faire les trottoirs littéralement. Lui qui était un prostitué de luxe se retrouvait que très rarement au plus bas de l’échelle et même si Ankh était un garçon des plus adorables il avait tout de même une fierté mal placé et en ce jour il était tout particulièrement agacé à l’idée d’être réduit à une vulgaire prostitué de bas quartier. Mais il n’avait pas son mot à dire, il n’avait pas fait correctement son boulot et aujourd’hui il aller en payer les frais. Debout devant sa glace le jeune égyptien replace une dernière fois correctement ses cheveux avant de remonter son masque de coton sur son visage le cachant en grande partie. Il soupire alors bruyamment, laissant son regard glisser sur ses yeux magnifiquement mis en valeur par un délicat trait d’eye-liner, tandis que sa peau quant-à-elle n’avait pas besoin d’artifice pour attirer les regards. A la différence de la plupart des asiatiques Ankh avait une peau délicieusement halée, semblable aux reflets dorés du soleil sur le sable chaud de l’Orient. Soudain on frappe à sa porte et Ankh s’extirpe de sa contemplation pour quitter précipitamment la chambre sans un regard pour celui étant venue le prévenir qu’il était l’heure. Sur la route il récupère un téléphone, au cas où disent-ils avant de rabattre sa capuche et de quitter le club sans plus de cérémonie. En soit la matinée ne s’était pas si mal déroulée pour l’égyptien qui avait récolté plus de la moitié de ce qu’il lui manquait pour retourner au club. Mais alors qu’il était tranquillement adossé contre le mur d’une ruelle le jeune homme se fit soudainement agripper par le poignet et attiré au fond de celle-ci. Surpris, il manqua de trébucher tandis qu’il se fit plaquer au mur, la violence du geste lui arrachant un petit gémissement de douleur tandis que l’inconnu vient se pencher sur lui pour lui murmurer quelques mots à l’oreille. Bien entendu Ankh n’y comprit pas grand-chose et tenta de le repousser pour sortir de sa poche une carte, celle d’un hôtel. C’était facile à comprendre, bien qu’il soit un prostitué il n’était pas du genre à faire ses affaires dans la rue comme certaine pourrait le faire. Mais visiblement cette proposition ne semblait pas tellement attirer le trentenaire qui se contenta de grogner dans sa barbe « Pas besoin. » et la seconde suivante il était d’ors et déjà entrain de glisser ses doigts sous le t-shirt du prostitué qui tenta en vain de le repousser. En plus d’être totalement incivilisé, ce mec puait l’alcool à plein nez et cette odeur pourrait presque en donner des hauts de cœurs à l’égyptien qui vient placer ses mains sur son torse, le repoussant une nouvelle fois. Mais cette fois-ci c’est un violent coup de poings qui vient s’abattre sur sa joue et sur le coup Ankh sent les vertiges le prendre tandis qu’il couine de douleur en venant passer sa main sur ses lèvres ouvertes et sa joue virant déjà au rouge. Et à ce moment même, Ankh avait peur, il avait peur de ce qu’il allait lui arriver et bien qu’il eut auparavant subit des violences il n’avait jamais été traité de la sorte. « Sto…Stop… » tente-il désespérément des larmes se dessinant déjà aux coins de ses yeux, de peur mais aussi de colère de ne pas savoir se faire comprendre autrement que par des gestes et quelques mots maladroitement prononcés.

Les papiers s'empilaient sur son bureau, des plaintes parfois inutiles et embêtantes pour le jeune policier qui avait autre chose à faire que retrouver des affaires volées. Malheureusement, il ne pouvait échapper à la basse besogne, bien que parfois il l'a refile à quelques agents du commissariat pour leur donner du boulot et lui, pour s'alléger. à dire vrai, Cyan avait autre chose à penser qu'une mamie victime d'un ado voleur de sac, comme son meilleur ami dans le coma. Il ne comprend pas la raison de son geste, pourquoi s'est-il fait ça ? Mourir, c'est une triste aventure. La vie est si courte, si brève. Pourquoi vouloir la raccourci si brusquement ? Il y a forcément une raison à son acte, et le jeune homme veut la trouver. Quitte à passer des nuits éveillé à fouiner un peu partout dans les affaires de ce dernier ou à interroger son petit frère dès qu'il le voit. Hélas, Cyan est au point mort. Il n'avance ni dans la recherche d'information sur son meilleur ami, ni sur un quelconque cas. Sa conscience est occupée, sa motivation est à zéro, si bien qu'il abandonne pour aujourd'hui. Après un gros soupir, le brun quitte son bureau et informe ses collègues qu'il sort faire un tour. Tout, sauf rester enfermé une seconde de plus entre ces quatre murs. Il a besoin d'air, de se changer les idées, de souffler. La plus part du temps, il est dehors ou à faire semblant d'être un autre. Cyan est fatigué. Pour cette fois, il s'accorde une petite pause et songe à prendre dix petites minutes pour lui-même. Un café, un gourmandise. Peu importe. Il veut juste s'asseoir à la table d'un café et regarder le temps filer à toute vitesse, lui rappelant qu'il ne peut se permettre de le perdre aussi bêtement. Sauf que, faut croire que ses plans de détente tombent toujours à l'eau, quand il passe devant une ruelle et perçoit des bruits. Cyan a  l'ouïe fine, et la vue d'un faucon. Un simple coup d'oeil et il comprend que la situation n'est pas ce qu'elle pourrait être, pour n'importe qui d'autre. Un nouveau soupir quitte ses lèvres, les mains dans les poches de son blouson, le policier se faufile dans l'impasse et s'approche des deux hommes, dont l'un semble en fâcheuse posture. « Un problème ? » Demande-t-il à l'intention des hommes, comme si c'était qu'une simple bagarre. Son regard croise celui du plus vieux, une mine déplaisante sur le visage. Cyan peut sentir la colère et la mauvaise foi de ce type, qui transpire ce sentiment de perversion. Il plisse le nez, forcément dégoûté par les intentions de ce gars et reporte automatiquement son attention sur le second, plus jeune, plus fragile. Ses yeux s'attardent sur lui, sur le sang à ses lèvres et il manque une occasion de bien faire son travail à cette vision. C'est la première fois qu'il bloque de la sorte sur une tierce personne, comme figé dans le temps.

Tandis que les mains du plus vieux venaient s’aventurer sous son t-shirt le jeune Ankh tentait misérablement de se défendre, le toucher de l’adulte lui brûlant la peau comme jamais depuis son arrivée au Japon il y a déjà cinq ans. Ici il était choyé comme une véritable œuvre d’art, une pierre précieuse quelque chose d’inestimable et très rapidement il en avait oublié la Thaïlande et toutes les horreurs qu’on lui avait fait subir enfant et là, lorsque le vieil homme vient déposer ses lèvres dans son cou il se sent sur le point de défaillir. Il a peur, peur de se retrouver aussi misérable qu’avant, peur de perdre sa préciosité sous les touchers d’un homme sans vergogne. Il détestait ça, il détestait faire les frontières. Il ne voulait que sa chambre, sa chambre et ses riches clients. Il voulait être choyé, adoré, idolâtré, être l’acteur des fantasmes d’hommes et de femmes mais pas de celui-ci. C’était au dessus de ses limites, d’être traité comme la plus vulgaire des putes, comme la plus basse de toute, comme une simple prostituée. Oui, il ne voulait pas et tandis qu’il embrassait son cou Ankh tenta une énième fois de le repousser ne recevant qu’un nouveau coup, dans l’estomac cette fois-ci le faisant se tordre sous la douleur.  La lèvre ouverte et ensanglantée, la douleur était entrain d’irradier son corps tout comme le souffle brûlant de l’homme se glissant de plus en plus vicieusement sur son corps et finalement tout s’arrête. Les doigts de l’homme sur son torse disparaissent soudainement, tout comme ses lèvres et Ankh ne comprend rien. Rien, avant d’entendre cette voix, la voix d’un homme inconnu à ses oreilles. La mine effrayée il ose à peine relever la tête, restant de longues secondes les yeux au sol avant d’oser glisser ses yeux sur le corps du jeune homme remontant prudemment et lentement vers son visage. Et là, c’est le choc. Son cœur semble s’arrêter une seconde, peut-être même plus. Il était beau. Incroyablement beau et Ankh, Ankh il ne fait que l’observer la boule au ventre. Il ne le comprenait pas, il ne comprenait pas ses mots et Ankh, il avait peur. Peur de se faire abandonner par cet homme aux mains du plus vieux. Silencieux, il l’observe alors sans un mot avant d’ouvrir la bouche mais le regard du trentenaire l’interrompt soudainement et il baisse les yeux abandonnant l’idée d’essayer de dire quelque chose tandis que l’homme prend la parole. « Rien qui ne te regarde. Casse-toi maintenant. » lance-t-il en s’avançant légèrement tandis que l’égyptien en profite pour se reculer légèrement comme pour se protéger tandis qu’il essaye de ne pas laisser s’échapper la moindre once de peur aux risques de s’attirer des ennuis. Mais lorsque le trentenaire revient vers lui pour agripper sa main il sent la peur l’envahir tandis que celui-ci le tire à sa suite pour sans aucun doute l’attirer autre part. Alors lorsqu’ils passent finalement devant l’inconnu, Ankh se tourne vers lui ses lèvres se déformant légèrement pour laisser s’échapper un simple mot maladroitement prononcé dans un japonais primaire . « S’il te plaît … »

En apparence, Tokyo n'est pas une ville où le crime est véritablement présent. Au contraire, c'est peut-être l'endroit le plus sûr au monde, seulement d'apparence. En étant policier, ce n'est pas difficile de voir le mal là où il se cache, dans les ruelles sombres, dans les clubs ou les coins à l'abandon. Tokyo n'est pas la cité du paradis, loin de là. Yakuza, mafieux, criminels, délinquants, il y a de la vermine partout sur terre, sans exception. Cyan déteste ces gens-là, qui vivent de la violence et du crime quand certains se cassent le dos pour un misérable morceau de pain ou sachet de riz. Il trouve ce côté sombre affreux, à bannir, mais c'est tellement enraciné dans le pays que ce serait comme vouloir chasser des taupes se terrant dans un immense jardin sans fin. ça ne l'empêche pas de courir au secours de la veuve et de l'orphelin, bien qu'il ne puisse dire si ce garçon soit un orphelin ou autre chose. En tout cas, il a des ennuies et Cyan ne compte pas fermer les yeux pour mieux s'éloigner. S'approchant des deux hommes, il commence par intercepter le plus vieux, les yeux sur le cadet. C'est clairement une scène dérangeante, où l'un est la victime et l'autre l'agresseur. Il suffit de lire l'expression sur le beau visage du jeune inconnu pour comprendre qu'il y a un gros malaise dans cette affaire. Le brun ne recule pas, même face aux paroles du vieux pervers. Ce n'est pas une façon de parler à un officier, mais comment peut-il remarquer son uniforme avec la pénombre de la ruelle ? Cyan lâche un léger son proche d'un rire sarcastique, comme si l'inconnu venait de chasser une mouche agaçante. Le trentenaire, qui ignore complètement Cyan, emporte l'autre garçon avec lui à sa suite, sûrement pour trouver un endroit plus tranquille... Mais le policier ne laisse pas faire. Il attrape le bras libre du jeune homme et le retient, interrompant ainsi la course du second qui cherche à fuir. « Si vous continuez, je vous arrête. » Lâche-t-il finalement, en sortant son badge de sa poche. Ce n'est pas pour effrayé le plus jeune, mais surtout pour faire fuir le plus vieux. « Si vous le lâchez, je ferais comme si je n'avais rien vu. » Il lui laisse le choix, soit il persiste et termine au poste, soit il abandonne et disparaît. Cyan n'est pas compliqué, c'est soit blanc, soit noir. Il n'y a pas vraiment de juste milieu avec lui. Soit tu acceptes, soit tu refuses, soit tu es safe, soit tu es dans la merde.

Lorsque le trentenaire ignore le jeune homme Ankh hésite quelques secondes son corps se tendant lorsque celui-ci attrape son bras pour le tirer à sa suite. La tête et les yeux cloués au sol, le jeune adulte le suit sans un mot, dans une soumission quasi-totale du moins jusqu’à ce qu’ils ne passent tous les deux aux côtés du jeune inconnu et c’est à ce moment là que l’égyptien ose redresser les yeux pour le supplier du regard de l’aider tandis qu’il murmure avec hésitation ses quelques mots qui lui sauveront peut-être la mise. Mais ce dont à quoi ne s’attendait absolument pas l’égyptien était de se retrouver nez-à-nez avec l’homme qui pourrait le mener à sa perte. Alors, lorsque celui-ci attrape soudainement son bras encore libre interrompant le plus vieux des trois dans sa course, Ankh se sent plus léger. L’espace d’un instant tout s’arrête, le trentenaire cesse sa course, Ankh aussi, son regard se glissant sur la main du jeune homme sur son bras tandis que son cœur s’accélère doucement son corps se réchauffant étrangement tandis qu’un petit sourire vient se dessiner sur ses lèvres. Il était soulagé, soulagé que quelqu’un l’aide à s’échapper de la poigne puissante du trentenaire. Du moins, il ne fut pas soulagé très longtemps lorsque l’inconnu sort lentement quelque chose de sa poche et lorsque ce même objet se retrouve devant ses yeux Ankh écarquille les yeux sous la surprise. Mais encore et à nouveau sous la peur. Il était perdu. Mais au moins le vielle homme venait tout juste de le lâcher pour s’enfuir sans demander son reste, laissant le prostitué au main d’un flic. Lorsqu’ils se retrouvèrent alors tous les deux Ankh se mit à paniquer, tentant de se libérer de l’emprise du jeune homme, complètement effrayé. Si il se faisait prendre avec autant d’argent dans la poche, il était mort et ça son patron ne lui pardonnerait jamais. « Mer…Merci…Partir… » bégaya alors le jeune homme en tirant encore une fois sur son bras pour finalement se libérer le corps tremblant tandis qu’il s’inclina en guise de remerciement tentant d’ores et déjà de fuir le policier espérant que celui-ci ne lui en demanderait pas plus. Bien qu’il pourrait facilement comprendre les raisons de sa panique en vue de ses vêtements peut-être un peu trop moulant pour un garçon lambda, mais ça Ankh tenta de s’en dissuader en tournant immédiatement les talons essayant de quitter la ruelle pour échapper au jeune homme et essayer de se fondre dans la masse, le cœur battant à mille à heure de peur de se faire prendre et emmener au commissariat.

C'est impossible pour Cyan de laisser filer un garçon en proie à un sale type, surtout avec ce regard suppliant et cette expression de détresse. Il en a vue des cas durant sa carrière ou durant toute sa vie, qu'il soit policier ou simple garçon, les gens ne sont jamais à l'abri d'un danger ou d'un rapace comme cet énergumène. Si le jeune homme abandonne l'autre, il pourrait s'en vouloir et le regretter plus tard. Dans ces moments-là, il n'écoute que lui, que cette petite voix dans sa tête qui le guide et lui somme d'intervenir, ce qu'il fait assez rapidement. L'homme ne comprend pas tout, mais son regard croise celui du plus jeune qui lui demande de lâcher prise. Soit il écoute, soit ça va mal se finir. Cyan peut l'arrêter pour diverses raisons, c'est son droit en tant qu'agent de l'ordre. Si un coup part, il peut assurer que c'était de la légitime défense. Si il doit lui passer les menottes, il dira que ce gars a voulu agressé le plus jeune des trois. Cyan a toujours une flèche à son arc, aussi vicieux et calculateur soit-il. Le badge est le seul moyen de faire passer le message et d'allumer toute les lumières dans la tête du trentenaire. Si il ose protester, ça sera sa perte. Il n'a pas fait cela pour effrayer la victime, loin de là. Cyan n'est pas venu à son aide pour l'arrêter, ni l'accuser de quoi que ce soit. à la réaction de l'autre, le brun ne comprend pas de suite, mais lâche doucement sa prise pour le libérer. Il ne tient pas à le blesser inutilement, pas du tout même. « Attends. » Fit-il, d'une voix légère, pour ne pas le terroriser davantage, mais l'autre a déjà tourné les talons pour s'enfuir. Est-ce vraiment une solution ? Dans le fond, Cyan ne veut pas le laisser partir si vite, pas pour l'arrêter.... En fait, il ne sait pourquoi il ressent ce besoin de l'arrêter mais il le suit, accélérant le pas jusqu'à parvenir à le rattraper et reprendre son bras entre ses doigts. « Attends. Je ne vais rien te faire. » Il se répète, d'un ton encore plus doux et lent que tout à l'heure, pour faire comprendre qu'il ne compte pas l'arrêter, le blesser ou le menacer. « Je ... Peut-on aller ailleurs ? » Y a trop de monde autour d'eux, trop de curieux et de regard indiscret. Cyan n'est pas à l'aise dans cette foule, comme si chaque paire d'yeux était une menace supplémentaire dans le bon déroulement de sa journée.

Lorsque la prise du policier se fait moins forte autour de son poignet le jeune homme en profite pour s’en détacher entièrement, avant de s’incliner à 90° en signe de reconnaissance pour l’avoir aidé à échapper aux griffes du trentenaire. D’une voix légèrement défaillante et tremblante Ankh signale son départ, remerciant une dernière fois l’inconnu avant de tourner précipitamment les talons. Une fois sortie de la ruelle l’égyptien en profite alors pour remonter son masque en tissus sur son visage, masquant presque entièrement celui-ci à la vue des gens tandis qu’il slalome entre les passants pour rejoindre le plus vite possible de Dandelion ; pas grave s’il n’avait pas la somme qu’il devait réunir. Mais il fallait mieux échapper aux flics avant tout de chose, et c’est dans une optique de fuite que le prostitué s’engage dans la rue bonté jetant quelques regards furtifs derrière lui. Mais alors qu’il pensait avoir semé le jeune homme, Ankh pousse alors un petit cri lorsque son bras est subitement empoigné par les doigts de quelqu’un et lorsqu’il se retourne il le voit … Lui … Encore. Le regard terrifié le prostitué se retrouve obligé de s’arrêter dans sa course, déglutissant nerveusement Ankg cache alors sa peur derrière son masque tandis qu’il essaye à nouveau d’échapper à la poigne du garçon en vain. Et tant bien même celui-ci essaye de le rassurer rien ne parvient à calmer le jeune adulte redoutant de se retrouver derrière les barreaux. Mais alors qu’il allait à nouveau le supplier de le lâcher la voix du policier lui fait arrêter tout mouvement, l’égyptien ayant déchiffré un mot qu’il avait bien l’habitude d’entendre « ailleurs ». Il semble alors hésiter quelques instant avant de se détendre, laissant retomber son bras entre les doigts de l’homme tandis qu’il vient lentement descendre celle-ci jusqu’à sa main pour l’empoigner délicatement et tirer légèrement dessus pour l’inciter à le suivre. C’est donc ainsi, main dans celle du policier que Ankh se dirige dans les rues sans aucune hésitation jusqu’à arriver devant un hôtel où il lâche finalement la main de l’inconnu pour y pénétrer et grimper un à un les marches vers sa chambre, jetant tout de même de temps à autre des regards vers le beau jeune homme. Ils arrivent finalement devant la porte de la chambre « 59 » qu’Ankh ne tarde pas à ouvrir, pénétrant dans celle-ci étonnamment bien rangée pour une prostituée. C’est que l’égyptien n’aimait pas travailler dans un environnement sale, alors il faisait toujours attention à changer les draps, refaire le lit et jeter tout ce qui n’avait plus lieu d’être. Ainsi une fois dans la chambre le jeune égyptien vient retirer sa veste qu’il dépose sur une chaise, dévoilant alors sa chemise blanche dont la transparence ne faisait aucun doute tandis qu’il se tourne vers le jeune homme le détaillant un instant de haut en bas avant de s’approcher de lui. Une fois à ses côtés le jeune homme fait glisser son propre masque sous son menton dévoilant entièrement son visage au garçon tandis qu’il vient déposer ses mains sur son torse ne le lâchant pas des yeux tandis qu’il vient déboutonner un bouton, puis deux, ses lèvres ne tardant pas à rencontrer la pomme d’Adam de l’homme l’ayant sauvé, ses baisers remontant progressivement vers sa mâchoire. Et tout cet échange se fait alors sans un mot. Après tout qu’aurait bien pu dire Ankh, lui qui avait bien du mal à aligner deux mots, cette méconnaissance le forçant à souvent interpréter comme il venait inconsciemment de le faire.

Le jeune inconnu ne lui a pas laissé le temps d'en placer une, fuyant déjà hors de la ruelle après sa petite courbette qui se voulait polie et respectueuse. Cyan aurait voulu l'arrêter avant qu'il ne s'échappe, mais le plus jeune a été plus rapide que lui, disparaissant dans la foule de la rue principale. Cyan n'est pas du genre à abandonner, il se faufile déjà à travers cette vague de Japonais, à la recherche de l'objet de sa curiosité. Il ne veut pas lâcher l'affaire, non pas parce qu'il est flic et qu'il doit l'arrêter, mais parce que ce garçon l'intrigue réellement. Qu'il soit bousculé ne le ralentis pas, il continue sa course et sa poursuite jusqu'à le retrouver et mettre à nouveau la main dessus. Ses yeux se posent sur son visage, du moins ce qu'il en voit avec son masque. Pourquoi porter un masque ? De quoi ou de qui se cache-t-il ? Le policier n'a pas songé une seconde que ça pourrait être de lui, après tout il ne le suivait pas pour l'interpeller ou l'amener au poste avec lui. C'est autre chose. Une chose qu'il ignore, qu'il ne sait contrôler ou gérer. Un sentiment étrange, nouveau, mais qu'il ne veut laisser filer aussi facilement qu'une coup de vent emporte les feuilles sur son passage. Quand il tente de le rassurer, d'être doux dans sa manière de parler, l'aîné doute que l'autre le comprenne ou sache de quoi il discute. Ne comprend-t-il pas le Japonais ? De quelle origine est-il ? Des tonnes de question flottent dans l'esprit du brun, tandis qu'il ne lâche pas sa poigne, le suppliant de rester d'un simple regard. Ailleurs. C'est tout ce qu'il trouve à dire, à demander. D'aller ailleurs, pour discuter, pour une raison qui échappe au policier en vérité. Il sait juste qu'il ne doit pas le laisser partir au risque de le regretter plus tard. C'est un pressentiment, une sorte de petite voix dans sa tête qui le prévient de faire attention. La main de l'inconnu glisse dans la sienne, actionnant un mécanisme dans cet organe qu'il croyait vide et inerte depuis la perte de son géniteur. Il ravive un sentiment étrange, humain. Sans réfléchir, Cyan décide de lui faire entièrement confiance et de le suivre, en évitant le plus de s'interroger et d'être tenté de tout stopper. Le jeune homme le mène à un hôtel, chambre « 59 », mais il ne juge pas, se contentant d'observer en silence. à l'intérieur, Cyan pose son regard un peu partout, constatant de la propreté des lieux. C'est bien rangé, propre, et il flotte une agréable odeur qu'il ne saurait identifier. En tout cas, ça ne ressemble pas au repère d'un criminel, pour sûr. Quand ses iris retombent sur le garçon, son souffle ralentis et manque de se couper sous sa tenue, cette chemise transparente laissant entrevoir une partie de son corps. Dans quoi s'embarque-t-il ? Le masque tombe, ses mains se posent sur son corps et son coeur s'emballe de manière rapide, presque effrayante. Stop. Le mot franchit la barrière de son esprit, mais il faut quelques secondes de plus au policier pour arrêter complètement l'autre. Ses mains sur ses épaules, Cyan le repousse doucement, avant que les lèvres de l'inconnu remontent vers son visage. « Attends. » Décidément, il n'a que ce mot à la bouche. Cyan se surprend à l'avoir prononcé plusieurs fois en l'espace d'une heure à peine. « Je ne t'ai pas suivi pour ça. » Il ne pense pas. Non. Ce n'est pas son genre. Il croit. Il doute. Il déglutit et tend davantage les bras pour faire reculer l'inconnu et mettre une distance raisonnable entre eux. Il est policier, il ne doit pas céder.

Alors que les mains du jeune prostitué viennent se faufiler dangereusement sur le torse recouvert du policier, tel un serpent sur sa proie celui-ci sent son invité se tendre et honnêtement ceci le frustre alors rapidement c’est au tour de ses lèvres de venir s’accaparer la peau du bel inconnu, qu’il parsème de tendres baisers, de baisers brûlants et divinement bien placés sur l’épiderme du policier. Mais alors qu’il s’apprête à glisser ses lèvres sur le visage du jeune homme, à la commissures de ses lèvres il sent les grandes mains du jeune homme se déposer sur ses épaules et pendant un instant il pense l’avoir totalement décoincé et soumis à son charme. Triste erreur, le voilà qui est doucement repoussé par l’inconnu qui vient lancer pour la énième fois ce mot qu’Ankh n’avait eu de cesse d’entendre et pour le moment il détestait celui-ci. Ce mot était visiblement prononcé d’une manière bien différente des dernières et cette fois-ci il se sent véritablement mal à l’aise. A nouveau il est forçait à se reculer par la force qu’exerce l’inconnu sur son corps, et c’est donc complètement déboussolé que le prostitué se laisse faire reculant d’un pas, puis deux, les mains du policier toujours sur ses épaules tandis qu’il bascule légèrement sa tête sur le côté tentant de comprendre ses mots et enfin lorsqu’il les comprend les joues de l’égyptien viennent se teindre d’une douce couleur rosée. Il était gêné de s’être trompé, mais surtout il était attristé et vexé de ne pas avoir réussi à attirer l’homme contre lui, n’était-il donc pas assez beau ? se demande-t-il tandis que son regard profond ne quitte pas le visage du jeune homme, alors qu’il déglutit nerveusement se rendant compte un peu trop tard qu’il s’était lui-même jeté dans la gueule du loup. Alors, il déglutit et se recule alors subitement, rompant le contact avec le policier pour aller s’adosser contre le bureau en bois les bras croisés contre son torse tandis qu’il vient mordre nerveusement sa lèvre, son regard évitant longuement celui du bel inconnu avant que ses lèvres ne s’entrouvrent pour laisser s’échapper ces mots  « Pourquoi … Pas pour ça ? » demande-t-il timidement peinant à prononcer correctement ces mots tandis que ses yeux viennent se remplir de larmes, c’était plus fort que lui, il se sentait nul, si nul de ne pas attirer le jeune homme, lui qui avait l’habitude d’être choyé venait de se prendre une gifle en plein visage. Il avait refusé qu’il le touche, il l’avait repoussé et ça, ça lui faisait mal. Il l’observe alors de longues secondes les yeux baignés de larmes avant de reprendre  « Pas assez bien ? » questionne-t-il la gorge nouée alors qu’il commence à mordiller l’intérieur de sa joue tentant de retenir ses larmes qu’il peine à essuyer du revers de sa main.   [color=#f19431« Je … » [/color]commence-t-il avant de s’arrêter semblant buter sur un mot alors qu’il reprend peu sûr de lui  « pouvoir faire mieux. Promis. »

C'est trop rapide, voilà ce qui passe par la tête de Cyan quand il sent les mains du jeune homme sur son torse ou ses lèvres sur sa peau à découverte. ça va trop vite, et il n'est pas venu jusqu'ici pour ça. Il s'en doutait à la base que ce garçon n'était pas blanc comme neige, ni le plus innocent de tous, mais il n'avait nullement l'intention de le suivre pour remplacer ce sale type dans la ruelle. Attends, c'est la seule chose qu'il sait dire avec cet inconnu. Il ne sait même pas si il le comprend, si ses mots ont du sens ou si ce n'est qu'un charabia indéchiffrable. Il n'est pas un client ou qu'importe le nom employé à ceux qui viennent le voir pour se détendre et prendre du bon temps. Cyan n'est pas sûr que c'est légal, il ne sait même pas si il doit faire quelque chose ou non. C'est un jeune homme aux traits fins, plutôt mince et désirable, le « produit » parfait pour les pires enfoirés du marché noir. Ses mains sur ses épaules, le policier a réussi à repousser le plus jeune et à lui faire comprendre que ce n'était pas ce qu'il voulait. ça aurait pu être tentant, mais le brun refuse de payer pour ce genre de truc. C'est dégradant. Ce n'est pas pour l'embarrasser qu'il l'arrête, même si la teinte rosée de ses joues est adorable. Cyan se surprend à l'examiner avec une curieuse insistance, avant de détourner son regard en déglutissant. Non, il n'est pas venu pour ça. Il ne doit pas songer à ça. Il est flic, il agit contre le crime et la délinquance, il n'apprécie pas l'injustice et la violence... Finalement, le jeune prostitué s'écarte brusquement de lui, mettant suffisamment de distance pour estomper les pensées surprenantes du plus vieux. Tant mieux. C'est un vice, une tentation qu'il préfère étouffer dans l'oeuf avant qu'elle n'éclose et soit incontrôlable. Pourquoi ? « Je suis flic. » N'est-ce pas une évidence ? Un policier serait une vermine de profiter d'un jeune homme dans son genre, même une prostitué. Sauf que, à la vue de ses yeux larmoyants, Cyan ne sait plus où se mettre. Normalement, il reste de marbre devant les larmes, il se ferme à la moindre tendresse pour ne pas se faire bouffer par le remord. C'est un homme altruiste et serviable, mais il connait autant ses défauts que ses qualités. Si il en fait trop, il se fera dévorer jusqu'à l'os. « Ce n'est pas ça. » Dit-il en secouant légèrement la tête, accentuant sa réponse. Il est bien, très bien. Peut-être trop bien pour ce qu'il fait. Le garçon hésite sur les mots, il semble les chercher et cela peine de plus en plus le policier qui l'observe. Faire mieux ? Il ne pige pas. Que veut-il faire mieux ? Cyan amorce un pas en avant, puis un second et se rapproche de l'autre sans savoir ce qu'il compte faire ou dire. Quand il est assez près pour sentir son souffle sur son visage, il ouvre sa bouche et ajoute: « Tu es trop bien pour ça. »

Il était flic et ça Ankh le savait pertinemment depuis qu’il avait sorti cette plaque de sa poche dans cette ruelle malfamée, mais pourtant l’entendre le dire de haute voix lui glace le sang et presque instinctivement ses doigts s’enfoncent dans sa chemise, puis dans sa chair couleur or alors qu’il martyrise sa lèvre, les membres tremblants. Il avait peur. Peur de finir en taule. Peur de décevoir son patron. Peur de retourner en Thaïlande. Mais il était aussi gêné et vexé d’avoir été repoussé de la sorte par l’homme qu’il trouvait si beau pourtant. Il se sentait nul et son égo en avait sans aucun doute pris un sacré coup, alors que la tête basse et les yeux larmoyants l’égyptien murmure des excuses à peine audibles tentant de se faire pardonner ce qu’il pense être de l’incompétence. Mais lorsqu’il redresse son visage vers lui ce n’est pas de la colère qu’il voit dans ses yeux, mais un sentiment qu’il ne pourrait décrire, de la bienveillance peut-être et il vient alors répéter les mots du jeune flic « Pas ça … » murmure-t-il difficilement semblant réfléchir tandis que lentement les connexions se forment dans son esprit, et que les mots prennent finalement sens à ses yeux et immédiatement un petit sourire remplace la mine attristée du garçon qui répète d’un ton plus joyeux « Pas ça. » avant de subitement reculer lorsque l’inconnu se retrouve à quelques centimètres de son visage, se cognant alors le bas du dos contre le bureau Ankh couine de douleur, son regard ne quittant pas celui de son sauveur alors que son cœur bondit violemment dans sa poitrine à la vue de ce si beau visage. Il n’avait jamais ressenti ça, jamais. Et il se sentait si bien. Ses joues s’étaient réchauffées, virant à une couleur plus rouge que la première fois tandis qu’il déglutit nerveusement en oubliant la douleur lacérant le bas de son dos pour plonger son regard dans celui du flic et c’est presque instinctivement dans une timidité qui lui est proche que le jeune homme vient effleurer la joue du garçon de ses doigts. Au début ce ne sont que de petits effleurements puis finalement ses doigts osent toucher pleinement la joue du garçon avant que sa main tremblante ne se dépose sur sa joue sa peau gelée rencontrant la douce chaleur de l’être qui lui fait face. « Be…Beau… » murmure-t-il alors, ses larmes ayants arrêté de couler sur ses joues alors que sa main ne quitte pas la joue du policier d’un millimètres. Il était comme hypnotisé et seul les yeux du garçon semblaient lui importer, tellement qu’il en avait oublié les mots précédant qu’il avait à peine compris alors qu’il murmure « Pourquoi pas vouloir … ? Je ne … » il hésite, cherche ses mots et finalement achève « je ne comprends pas. Japonais est difficile pour moi … »

Si ce n'était pas illégal, Cyan ne serait pas arrêté à l'éventualité qu'il soit flic ou qu'il y ait des choses à faire et à ne pas faire. Vendre son corps contre de l'argent est sûrement la pire chose au monde, un moyen de facilité, mais le jeune policier ne veut pas juger ce garçon à l'apparence fragile et fébrile. Veut-il vraiment de tout ça ? A-t-il le choix ? Est-ce par obligation ? Des tas de question frôle l'esprit chamboulé du brun, qui observe toujours le plus jeune. Il ne voulait pas le brusquer, ni le décevoir, mais en même temps il ne peut lui donner ce qu'il cherche. Ce n'est pas la bonne personne. Il n'est pas le « bon » pour lui. Il devrait même s'estimer heureux que le policier ne fasse rien pour l'intercepter et le balancer. Ce n'est pas son genre, à Cyan, d'agir sur des coups de tête ou d'être sans coeur. Peut-être que ce garçon a toutes les raisons d'être dans ce merdier, par crainte, par menace, par plaisir, ou peu importe. C'est ce que voudrait savoir le plus vieux, et en même temps, il sait qu'il ne devrait pas s'immiscer dans une affaire qui ne le regarde pas... à moins de condanmer l'autre. évidement, son comportement désinvolte et sa manière de le repousser n'est pas pour rendre heureux son vis-à-vis, qui doit se sentir incompétent et peu attirant aux yeux du brun, mais c'est faux. Il n'a rien qui ne l'attire pas, justement. Si Cyan n'écoutait pas la petite voix dans sa tête qu'il nommera « conscience », il aurait rapidement fait fit de son titre, de son badge, de la moindre chose qui le rattache à la justice et à l'ordre. Il faut qu'il comprenne que ce n'est pas une question d'attirance, de compétence ou juste d'eux deux. L'information semble monter doucement à son cerveau, l'écoutant répéter ce que le policier avait déjà prononcé plus tôt. Pas ça. Dans son élan, Cyan n'a pas remarqué la proximité alarmante entre leurs corps, prenant doucement conscience au geste de recule de l'autre. Ils étaient si proche ? C'est à peine si il a fait attention à ce petit détail. Il ne voulait pas le surprendre, ni l'effrayer. Mais à son geste, à cette caresse sur sa joue, Cyan comprend qu'il n'est pas apeuré par lui, mais plutôt fasciné. C'est étrange de se dire que l'on peut rendre quelqu'un curieux ou absorbé, sans rien faire de particulier qu'être soi-même. Le chinois est comme l'inconnu, il n'a de cesse de le fixer de ses iris tandis qu'il prononce maladroitement ce mot. Beau. Un fin sourire étire le coin de ses lèvres, non pas qu'il le sache déjà, mais c'est rare de l'entendre de vive voix. Personne ne s'amuse à lui dire qu'il est beau, certainement parce que ça ne se fait pas dans cette société étrange qu'est le Japon. Pourquoi ? Cyan ramène sa main sur celle du jeune homme et l'attrape doucement, sans la retirer pour autant. « Je ne sais pas. » Pourquoi ne veut-il pas ? Déjà pour son métier, pour ce contrat qu'il a signé, puis parce que ... En vérité, il l'ignore vraiment. Ce n'est pas son genre de coucher avec le premier venu, ni de s'intéresser à ces choses-là. Ce garçon est le premier qui le trouble, qui l'attire. « Qui es-tu ? Je m'appelle Cyan. » Comme la couleur. Cyan fait en sorte de parler lentement, décortiquant mot par mot pour que l'inconnu puisse le comprendre un minimum. Ce n'est pas évident, mais il ne sait quelles langues utilisent son interlocuteur. Cyan n'a apprit que le Japonais, l'Anglais et le chinois.

Les yeux dans les yeux les deux jeunes hommes s’observent intensément tandis que doucement l’égyptien vient glisser ses doigts sur la joue du jeune homme, laissant ceux-ci filer lentement sur la douce peau du policier et tout aussi lentement Ankh murmure ce mot. Beau. Il trouvait le policier beau, incroyablement beau, plus beau que tous ses clients, plus beau que tous les hommes qu’il avait pu rencontrer. Oui le policier était magnifique alors il ne se prie pas pour le lui dire souriant timidement lorsque la main de l’inconnu vient se glisser sur la sienne, et pendant un instant il tente de la retirer pour finalement se raviser. Sa peau était si douce. Cet homme était-il vraiment si parfait ? se demande-t-il alors que celui-ci prend la parole et sous ses paroles le jeune homme perd son sourire, il vient alors retirer sa main de sur sa joue pour la poser sur le torse du jeune homme. Nerveux il vient alors se mordiller la lèvre inférieure quelques instant avant de murmure « A … Anubis … On m’appelle Anubis … Mais moi … Ankh. » murmure-t-il alors la boule au ventre, jamais encore il n’avait avoué son véritable prénom à quelqu’un, il avait tant l’habitude qu’on le connaisse sous son nom de « prostitué » qu’il avait peur d’oublier le sien, et inconsciemment lorsqu’il l’annonce un immense sourire se dessine sur ses lèvres « J’ai pas oublié … Ankh. Mon nom est Ankh ! » lui dit-il fou de joie alors qu’il questionne « Cyan ... » répète-t-il heureux de connaître enfin le nom de son sauveur, et alors qu'il allait ouvrir les lèvres pour demander autre chose il vient se tordre subitement en deux, gémissant de douleur à chaque mouvement. Le choc contre la table avait sûrement était trop violent pour son corps plus maigre qu’il ne le devrait, alors il vient agripper la chemise du jeune homme pour s’éviter de tomber à genoux.

Ce n'est pas tous les jours que le jeune policier se perd dans les yeux d'un inconnu, ni qu'il se laisse caresser la joue aussi facilement, sans broncher. Normalement, Cyan ne laisse personne le toucher, il n'aime pas particulièrement ça. Ni les gens qui s'immisce dans son espace vital, pourtant il est si proche de l'autre qu'il se demande comment il a fait pour ne pas partir plus tôt. Il y a ce contact entre eux, ce courant qui circule et les retient. C'est nouveau, d'où le fait qu'il ne fuit pas et s'interroge. Beau, c'est le seul mot que parvient à formuler son interlocuteur. Il le trouve beau, un sentiment partagé. Sauf que Cyan ne le dit pas de vive voix, il le pense fortement et ça doit se lire dans ses yeux sombres, mais ses lèvres ne forment aucun mot. Quand il reprend ses esprits, c'est pour l'interroger sur son identité, son prénom. Il ne veut pas savoir tout de sa vie, juste comment le nommer. Anubis ? ça ressemble à un surnom. « Ankh. » Répète-t-il comme un accord tacite, un lien invisible qui s'emmêle et se scelle. à ses yeux, ce Ankh n'est pas une prostitué. Il n'approuve pas ce genre de « travail » et ne fera pas en sorte d'être d'accord avec celui-ci, d'où sa façon de l'appeler par son prénom. « C'est joli, Ankh. » C'est une croix égyptienne, si il se souvient. Cyan ne sait pas à quoi ça correspond, faut dire qu'il ne s'est pas vraiment intéressé à tout ça. « Tu es Egyp... » Commence-t-il, avant que l'autre ne se plie en deux. Surpris, Cyan se recule et analyse le comportement soudain du jeune homme. Il a mal ? C'est de sa faute ? Il n'a pas fait attention au choc de tout à l'heure, adsorbé par autre chose. Attrapant le bras de Ankh, il l'aide à se tenir debout et l'emmène jusqu'au lit, où il le fait s'asseoir. « Où as-tu mal ? » Il ne peut pas savoir juste en le regardant, et il n'ose pas le toucher pour vérifier. Il est flic, pas médecin. Même si il savait où il était blessé, ça ne serait pas évident pour lui de l'aider. Cyan n'est pas inhumain, il ne souhaite pas le malheur des autres, encore moins d'une personne comme ce garçon. Si il a un minimum confiance en lui pour dévoiler son prénom, il peut avoir aussi pour montrer ses blessures.

Lorsque le policier vient répéter son véritable nom Ankh ne peut s’empêcher de sourire, sentant d’ores et déjà son cœur s’emballer dans sa poitrine. Il était heureux de réentendre son prénom être murmuré par un autre, que par la voix de cette femme qui l’avait élevé et dont il avait presque oublié son visage, ne l’entendant et ne la voyant que dans ses rêves. Alors, lorsque Cyan vient répéter son nom son sourire ne fait que s’agrandir alors qu’il murmure timidement « Merci. » lorsque celui-ci lui affirme que ce prénom était joli, faisant gonfler un peu plus si possible le cœur du prostitué. Un cœur qui pourrait presque sortir de sa poitrine tant le bonheur était intense à ses yeux. Mais alors que ses lèvres viennent s’entrouvrir pour tenter de faire de nouveau la conversation au jeune homme, une violente douleur s’empare de tout son corps le faisant se tordre en deux et couiner de douleur. Il avait mal, très mal et Ankh ne se fait pas prier lorsque Cyan vient attraper son bras tentant de le maintenant debout pour le guider jusqu’au lit. C’est donc avec difficulté et beaucoup de mal que l’égyptien finit par s’asseoir sur le bord du lit les larmes lui montant aux yeux alors que sa chemise auparavant blanche vient se teindre d’une couleur vermeille, cette couleur se répandant dans son dos. Les larmes aux yeux l’égyptien écoute alors le beau jeune homme, semblant hésiter un instant alors qu’il vient déboutonner les propres boutons de sa chemise un à un, avant de faire glisser le morceau de tissus de son corps dévoilant son dos meurtrie. Des cicatrices à peinent refermées venaient orner son dos, des cicatrices qui resteraient certainement à vie, celles d’un fouet qu’on avait abattu sur sa peau déjà si fragilisé par ses années de vie dans ce gang thaïlandais. Le corps tremblant le jeune homme reste alors quelques secondes silencieux, laissant le policier observer les dégâts qu’avait engendré un client un peu trop penché BDSM, mais qui fort heureusement avait été rayé de sa liste, le soir même où on avait découvert la perle précieuse du réseau aussi abimé. Ankh se rappelle d’ailleurs de ce jour là où il avait été effrayé à l’idée qu’on ne veuille plus de lui, à cause de ça, mais fort heureusement ceci n’était pas arrivé, parce qu’il était beaucoup trop précieux pour être remplacé. « C'est juste ré ouvert ... Pas grand chose ... juste ... cicatrices » tente-t-il d'expliquer alors qu'après quelques secondes il vient remonter sa chemise sur ses épaules commençant à la boutonner tandis que ses doigts tremblent violemment aux souvenirs de cette nuit-là, et pendant un instant il en oublierait presque Cyan.

Pour certains, ce n'est qu'un prénom, quelques lettres formant un nom que nos parents nous donnent à la naissance pour nous appeler, nous désigner. Ankh, c'est un joli prénom, le genre de prénom qui vient d'une personne qui l'aime ou l'aimait. Comme pour lui, sa mère l'a nommé Cyan, en rapport à la couleur. Une nuance de bleu, un bout de ciel ou un part de la mer. Il n'a, malheureusement, de Cyan que ce prénom. La conversation aurait pu se poursuivre, d'une manière ou d'une autre, si le jeune homme ne s'était pas plié de douleur en gémissant. Le policier ne comprend pas, il ne l'a ni poussé, ni violenté. En fait, le prostitué c'est lui-même infligé cette blessure en reculant, en voulant mettre de la distance entre eux, et le temps de comprendre que le plus vieux n'allait pas le brutalisé, le mal était déjà fait. Avant qu'il ne tombe, Cyan le retient et l'aide à s'asseoir sur le lit, évitant tout problème supplémentaire. Manquerait plus qu'une mauvaise chute pour terminer de l'achever. Proche de lui, le brun ne le quitte pas des yeux, l'interrogeant sur la douleur, sur son état. Il est loin de se douter de l'horreur que cache le jeune prostitué, jusqu'à remarquer l'étrange tâche grandissante dans le bas de dos et salissant sa chemise blanche, désormais sombre. En le voyant déboutonner son vêtement, il aurait pu avoir un mouvement de recul et le retenir, mais il se doute que ça n'a rien en rapport avec le problème précédent et le laisse faire. La vue de son dos meurtri lui arrache une grimace, examinant de sa place l'étendu des dégâts. Ce n'est vraiment pas beau à voir, même pour quelqu'un qui n'est pas médecin, c'est facile de deviner que cela est douloureux. Le policier ignore tout de la vie de cet homme, du pourquoi du comment il en est arrivé là ou si c'est son quotidien. Il ne connait que son prénom, pour le moment. « Il faut nettoyer ça. » Dit-il, sans oser le toucher. Il pourrait, d'un simple frôlement de doigt, raviver la douleur. Sauf que le garçon remonte sa chemise, cachant le spectacle à l'aîné qui fronce doucement les sourcils. D'un geste délicat, Cyan pose ses doigts sur le bras tremblant de son vis-à-vis, essayant d'attirer son attention et d'arrêter sa manœuvre en même temps. « Tu dois te soigner. » Il répète plus doucement, articulant chaque mot en espérant que son cadet le comprenne. Il n'est pas là pour juger ou pour le disputer, Cyan ne sait même pas pourquoi il est là d'ailleurs. Si c'est le destin, Alors il se doit de l'aider autant que possible, mais pour cela Ankh doit lui faire confiance et l'écouter. « Ankh. Je ne te ferais pas de mal. Promis. » C'est son rôle, d'aider les autres, de les sauver. Ce garçon n'échappe pas à la règle, qu'il soit un inconnu ou non.

Les membres tremblants Ankh se laisse contre toute attente guidé par le jeune policier, se laissant retomber avec précaution sur le matelas non sans gémir de douleur à chaque mouvement et ce n’est seulement après quelques longues secondes qu’Ankh se décide finalement à se dévêtir pour dévoiler les blessures ayant été affligé à sa peau déjà si fragile. Ainsi, lorsque sa peau est de nouveau mis a nu le jeune homme se met à trembler contre son grès, de douleur, de peur et de froid aussi, l’air de la chambre n’ayant jamais été si froid auparavant pour son corps qui par habitude n’était qu’une braise constamment ardente. Silencieux, il le laisse alors observer les dégâts qu’on avait engendré sur sa peau alors que finalement il hausse les épaules et murmure « Plus tard. Ils le feront. » lui dit-il alors tout simplement, avant qu’il ne juge qu’il en avait assez fait montrer au policier décidant alors de remonter sa chemise sur ses épaules, du moins jusqu’à ce que les doigts de Cyan ne viennent se poser sur son bras tremblotant. Surpris, sa première réaction se fait vite ressentir et il s’empresse de se reculer soudainement s’arrachant un petit cri alors qu’il se retourne pour faire face à Cyan, et à la vue du policier il semble s’apaiser. Ce n’était que lui, rien que lui, il ne voulait rien de lui se dit-il alors le cœur battant alors que des souvenirs refont subitement surface, souvenirs qu’il vient enfouir de nouveau alors qu’il lâche sa chemise, dévoilant son torse, abandonnant les boutons pour murmurer « Plus tard. Pas grave. » lui dit-il alors, le corps encore tremblant alors qu’il observe le policier d’un regard tendre, tandis qu’il vient par la suite mordre nerveusement sa lèvre inférieure, tentant d’échapper au regard du jeune homme alors qu’il reboutonne précipitamment sa chemise pour quitter le lit non sans tenter de camoufler un énième gémissement. Faire confiance … A qui pouvait-il faire confiance ? A cet inconnu ? « Travailler. » lui dit-il alors une fois sur pied tandis qu’il s’approche du bureau pour enfiler son blouson et venir mettre son masque sans un mot ne serait-ce que ceux-ci « Maintenant il faut partir. Ankh ne veux pas en retard. » tente-t-il alors du mieux que possible alors qu’il attend que Cyan se redresse à son tour.

Quand ses yeux se posent sur le dos abîmé de ce jeune homme, Cyan se demande quel monstre s'amuse à brutaliser un pauvre gars dans son genre, et pourquoi. Qu'a-t-il fait pour mériter un tel traitement ? Personne ne mérite de souffrir de la sorte, et quand il le réalise, la colère s'empare de ses sens. Le policier sait se contrôler, dans un soupir il expulse sa rage et garde le contrôle de lui-même. Qui que ce soit ce Ankh, il ne mérite pas d'être blessé, frappé ou pire encore. Tout comme lui, il devrait suivre des études, avoir un boulot décent, être heureux et ne pas avoir peur de son prochain... Mais qui est-il pour vouloir tout ça d'un inconnu dont il ne sait rien de plus que son prénom ? Cyan est dans l'incapacité de l'aider, du moins pas comme il le souhaiterait. Les plaies ne sont pas belles, ça saigne encore pour la plus récente et celle qui vient de toucher avec le meuble. Plus tard ? Le brun relève ses yeux sur lui, surpris de l'entendre repousser l'évidence et mettre cette tâche entre les mains de ceux qui l'on sûrement rendu ainsi. « Plus tard ? » Pourquoi plus tard ? Pourquoi pas avec lui ? Il ne va pas lui faire de mal. Il l'a promis. « Qui le fera ? » Demande-t-il, avant de toucher son bras. La réaction du prostitué est directe, il enlève son bras de sa portée et s'éloigne, comme un animal effrayé. Cyan l'observe en silence, consterné et inutile. C'est difficile de le suivre, un coup il le repousse, puis il se laisse faire, pour finalement fermer à nouveau la porte et laisser le policier dehors. « ça peut s'infecter. » Il insiste, espérant que le jeune homme capitule et se laisse faire, mais c'est peine perdue. Ankh fuit à nouveau, parlant de travailler, mais Cyan ne saisit pas de suite. Travailler, dans ces conditions ? Que va-t-il gagner à faire cela ? à part se tuer. « Tu plaisantes ? Tu vas te rendre malade dans ces conditions. » Lâche-t-il, sans savoir si il le comprend vraiment. Sa chemise est en piteux état, il semble épuisé, que compte-t-il faire dans son état actuel ? Il n'en faut pas beaucoup pour irriter Cyan, qui étouffe son amertume derrière un visage subitement impassible. Qui est-il pour le forcer ? Il ne peut rien pour ce garçon qui refuse son aide. Le plus vieux se redresse, défroissant ses vêtements dans un nouveau soupir. « Très bien, je m'en vais. » De toute façon, il n'a pas son mot à dire. « Mais fais attention à toi. » Ajoute-t-il, avant de se diriger vers la porte, mais Cyan s'arrête pour un détour vers le bureau, où il note quelque chose sur un bout de papier. Son numéro de portable, au cas où Ankh est besoin. « Fais-en bon usage. »

Ankh a mal, il souffre, pourtant il ne dit rien ravalant ses petits gémissements de douleurs alors qu’il dévoile l’état pitoyable de son épiderme parsemée de cicatrices en tout genre, des cicatrices qui renferment pour la plupart d’affreux souvenirs, en commençant par cette nuit où il avait été le jouet d’un sacré détraqué. Le corps tremblant, Ankh ne dit rien, laissant alors le policier observer son dos avant de finalement remonter sa chemise sur ses épaules et commencer à la boutonner, hochant la tête pour confirmer qu’il s’en occuperait plus tard et lorsque Cyan le questionne l’égyptien ne peut que murmurer « L’une des filles. » lui dit-il tout simplement, faisant références aux nombreuses prostituées du Dandelion, il devrait bien trouver une jeune femme capable de nettoyer ce carnage, où tout simplement une fille qui ne le déteste pas pour toute l’attention qu’il a obtenu depuis son arrivée au club. Mais alors qu’il allait rajouter quelque chose, le jeune homme sent les doigts de Cyan se déposer sur son bras et à nouveau il sursaute, s’éloignant de lui d’un geste vif et rapide avant de porter son regard de biche effrayé sur lui. Un regard qui s’apaise à la vue de son visage, ce n’était que Cyan, il avait eu peur pour rien se dit-il alors que son regard ne lâche pas les beaux yeux du jeune homme ne serait-ce qu’une seule petite seconde. « Je … sais … Mais, Ankh va soigner ça. » lui répond-t-il simplement, semblant tenter de s’échapper de lui, il ne voulait pas qu’il le touche, pas comme ça, pas pour ça. Il ne voulait pas qu’il l’aide, qu’il l’approche, qu’il le berce d’une tendresse dont il n’aurait pas l’ombre d’un geste une fois de retour au club. Il aurait trop mal, beaucoup trop mal. Alors, il le repousse se redressant pour aller s’habiller, remettant son masque avant de froncer les sourcils lorsque le policier reprend la parole. Il ne comprend rien, absolument rien, alors il se contente de l’observer d’un regard emplis de questions avant de finalement l’ignorer lui et ses conseils pour se diriger vers la porte. Il devait retourner travailler. Mais alors que le beau policier reprend la parole l’égyptien sent sa gorge se nouer à l’entente de sa voix, était-il en colère ? Se demande-t-il alors que celui-ci venait de défroisser ses vêtements pour se diriger vers la porte, avant de faire demi-tour sous le regard à la fois surpris et curieux du prostitué. Ainsi, lorsque le policier se dirige vers le bureau Ankh l’observe tentant de comprendre ses gestes et c’est seulement lorsque qu’il s’approche poussé par la curiosité qu’il comprend que le policier venait de lui noter son numéro de téléphone. Il hésite alors quelques instants avant de se pencher sur le petit mot le prenant dans ses doigts un instant avant d’afficher un petit sourire triste sous son masque … Il n’avait pas de téléphone personnel … Et son patron avait pris soin de bloquer et surtout de surveiller le téléphone qu’il utilisait lorsqu’il était de sortie. Après tout il ne voulait pas que la jolie perle se perde dans les bras de bonnes âmes comme Sian. Mais ça il n’en dit rien, murmurant tout simplement de petits remerciements timides « Merci … »