Tenue ✘ Si notre première soirée à New-York a vraiment été magnifique, tout comme la journée – surtout du point de vue de Miyuki – nous sommes avant tout là pour soutenir ma petite sœur. Après une douche plus que mérité, une matinée toute en douceur et un copieux déjeuner comme je les aime, je m’engouffre dans un nouveau taxi à la suite de mon meilleur ami, une main sur son épaule comme pour le presser. Malgré tout ce qu’il peut nous arriver, il est et restera toujours mon meilleur ami. J’aime cette complicité qui nous unis et même si le lien qui nous lie évolue, je ne veux pas que ça change. Claquant la portière derrière moi, j'annonce avec un grand sourire l'adresse au chauffeur qui doit sans nul doute me prendre pour un dingue. Ce que je ne suis pas… Ou peut-être que si, en fait. Je ne sais pas vraiment. Tout ce que je sais c'est que j'ai hâte de retrouver Eri, de la voir nager et gagner aussi, elle me l'a promis. Je suis sur que je dois avoir l'air d'un gamin émerveillé, vu la façon dont je regarde les rues défiler de l'autre côté des vitres. De temps en temps je jette un coup d'œil à l'heure sur mon téléphone, j'ai sans cesse l'impression qu'on va être en retard mais on a encore largement le temps avant le début de la compétition.

Lasse des buildings, mon regard se pose sur Miyu, tout de suite plus tendre. J'espère sincèrement que ma sœur sera un peu plus loquace avec lui cette fois. Pas que ça me gêne de faire la conversation pour deux, mais il s'est déplacé pour venir la soutenir… La moindre des choses serait de lui adresser plus de trois mots. Puis c'est assez amusant, cette fois les rôles sont inversés. C'est Eri la "star" et nous ne sommes que les fans. J'aurais presque envie de glousser comme une ado à cette simple pensée. A la place, je lève une main pour faire mine de remettre en place quelques unes de ses mèches, même s'il est toujours impeccable. « Ça va lui faire plaisir que tu sois là. » Ça je n'en doute pas une seconde, parce que même si elle se cache toujours derrière moi, elle adore mon meilleure amie. Et sans vouloir être vantard pour elle, c'est sans aucun doute sa plus grande fan. Je souris en pensant aux posters qui ornent sa chambre et donc elle m'a exclusivement demandé de ne pas parler. Elle ne doit pas avoir envie de passer pour une vraie fangirl.

« On devrait l'emmener manger ce soir, passer une soirée à trois. » Enfin, une partie de la soirée parce que je veux profiter du reste de notre séjour avec Miyu, même si ça me fait toujours plaisir de voir Eri et qu'on se plaint toujours, l'un et l'autre, qu'on ne se voit pas assez. « Je connais quelques délicieux restaurants. » Après tout dépendra de ce qu'on a envie de manger.

Après ce qui me semble être une éternité, bien qu'on n'ait pas du rouler plus d'une demi-heure, on arrive enfin devant le complexe sportif. Je crois qu'Eri a déjà nager ici, mais c'était il y a un long moment alors je n'en suis pas vraiment certain. Cependant, ça à l'air gigantesque. Je paie rapidement le taxi avant de regarder un peu partout, découvrant les lieux comme un enfant curieux. C'est vraiment l'effet que je dois donner parce que je surprends quelques regards sur nous. A moins que ce ne sois parce que nous sommes… nous, tout simplement. Tellement occupé à observer ici et là, j'en ai oublié mes lunettes de soleil. Ce qui n'est pas franchement très malin quand on veut rester discret, même si je doute qu'une horde de fan en chaleur nous sautent dessus ici. Je préfère quand même rester prudent et glisser sur mon nez les nouvelles lunettes Diesel que Miyuki m'a choisi hier, en bon styliste qu'il est. C'est vrai qu'il a l'œil pour ces choses là. « Aller, let's go!! » Ce n'est pas tout mais il faut encore qu'on trouve des places dans les gradins, la "course" ne va pas tarder à commencer et Eri me tuerait si on ratait ça après être venu jusqu'ici pour elle.

Tenue ✘ J’ai fais assez mon capricieux comme ça. Hier, Shun m’a laissé sans limite sa carte bleue. Je ne compte même pas le nombre de belles choses que j’ai acheté en l’utilisant. J’ai été sans pitié. Après tout, ce n’est pas de ma faute, si on ne me donne pas de limite, je fais les choses à fond. Ce n’est pas tous les jours que je peux faire du shopping à New York avec Shun qui paie. Des fois je me dis que dans sa vie antérieure, il a du me faire quelque chose de vraiment mal pour que dans cette vie je le mène par le bout du nez. Je doute que ce soit réellement le cas, mais cette idée me faisait rire. Autant, hier c’était moi qui semblais être le plus pressé de sortir, autant aujourd’hui, c’est Shun l’impatient. En même temps, c’est normal, il s’agit de sa petite soeur, et aujourd’hui, c’est un grand jour pour elle. Je n’ai jamais aimé regardé les compétitions sportives. Même si je fais de l’athlétisme, les compétitions, c’est pas vraiment mon truc. Ce n’est un secret pour personne, je préfère regarder les défilés que de voir des gens se concourir. Mais tout comme Shun a fait l’effort de faire une journée shopping, je vais évidement faire un effort à encourager Eri. C’est la petite soeur de mon meilleur ami, alors je la considère comme une proche elle aussi. J’espère vraiment pouvoir lui parler normalement. En vrai, je ne lui en veux pas de se cacher derrière son frère, d’ailleurs je la trouve vraiment mignonne. Mais la discussion est un peu difficile et je trouve ça dommage. Au début, je croyais qu’elle ne m’aimait pas trop ou qu’elle avait peur de moi. Puis Shun m’a assuré que c’était justement le contraire. En fait, ça me rassure de savoir qu’elle ne me déteste pas, après tout, son unique frère est mon meilleur ami. Et il aurait été dans une situation assez gênante si elle ne m’aimait pas, car me connaissant, je serai aussi capable de me « battre » pour rester avec lui. Mais heureusement, je n’ai pas besoin d’agir ainsi. « Normal, je suis venu pour elle. Mon but premier a toujours été de l’encourager depuis les tribunes. Ce qu’il s’est passé hier n’est en AUCUN cas ce que je visais. » Je souris malicieusement. Bien sur, il sait, lui comme moi, que ma phrase n’est pas totalement vraie, mais pas totalement fausse non plus. Moi aussi je l’aime bien Eri.

«   Ça me va ! Mais si elle gagne, elle devrait aller fêter la victoire avec son équipe non ?  » Passer une soirée ensemble me semble être une bonne idée. Mais étant nous aussi des célébrités, je sais qu’il a des choses qu’on ne peut pas gérer. Je ne connais pas le monde sportif, mais ça doit être un peu pareil partout. «   Tant que c’est bon, je te suis !  » De toute façon, si on mange tous ensemble ce soir, on laissera la future championne choisir.

Ce n’est qu’après une demie heure de trajet qu’on arrive enfin au stade. Pendant toute cette demie heure, je n’ai pas arrêté de me moquer amicalement de l’impatience de Shun. Est ce que c’est ainsi que je me comportais hier ? On sort du taxi et mon meilleur ami est émerveillé. Je l’avoue, je le suis également. En fait, lorsque je vois ces stades, ça me fait penser aux concerts qu’on donne. Eux aussi, ont lieu dans de genre d’édifice. Je mets moi aussi rapidement mes lunettes de soleil. A vrai dire, je ne connais pas vraiment l’ampleur que notre groupe a dans l’autre partie du globe, mais je préfère être discret et ne pas gâcher le grand jour d’Eri. «   Je veux une place où on voit tout ! Ce sont des places VIP qu’on a ?  » Est ce que même ça existe ? L’univers sportif est vraiment une égnime pour moi. J’aurai du demander quelques renseignements à Natsu avant de partir. «   On devrait peut être passer un petit coucou à Eri avant qu’elle ne commence non ?  » Quoique, je ne veux pas qu’elle soit trop déconcentrée par moi. D’un autre côté, à cet instant précis, je devrais être le dernier de ces soucis. Je sors mon portable et décide d’enregistrer un message vocal pour elle. «   Eri ? C’est Miyuki ! C’est juste pour te dire qu’on est bien arrivé au stade, et que tu vas gérer la patate ! Donne toi à fond et ne stresse pas trop !  » Je jette un coup d’oeil à Shun avant de rire. Je chuchote «   Sois plus forte que ton frère, il stresse à mort !  ». Stressé ? Surement, mais pas autant que je l'avais décris, il est juste anormalement enthousiaste. J’arrête l’enregistrement puis agrippe le bras de mon meilleur ami, à la recherche de nos places.

Cela fait trois jours que je suis dans une excitation totale. Les compétitions importantes me rendent toujours comme ça, mais là, d'autres facteurs sont venus renforcer les choses et empirer le tout. Tout d'abord, la compétition est au niveau mondial, et non pas seulement asiatique - ce qui n'arrive qu'une fois par an - ensuite, elle a lieu en Amérique, aux Etat-Unis, là où j'ai grandi et là où je garde les meilleurs souvenirs de mon enfance, et enfin, mon grand frère vient m'encourager, et cela fait un certain nombre d'années que ça n'est pas arrivé. Pour rajouter encore un peu à la mise, il vient accompagné de son meilleur ami, Miyuki, soit mon idole ultime... Malgré tout ça, durant trois jours - depuis que j'avais posé les pieds sur le sol américain - j'avais sût me concentrer comme il le fallait, et j'avais passé mes trois journées à nager, me faire masser par la kiné, aller au hammam et dormir. A certain moment, la pile électrique qui se trouvait en moi se réanimait, mais j'étais bien assez vite rappeler à l'ordre par mes entraîneurs. Je les avais informés de la venue de mon frère et de Miyuki, et leur rôle - entre autre - était bien de me remettre dans le droit chemin lorsque je m'égarais. Aujourd'hui, comme toujours, je suis venue pour gagner. Et avec les spectateurs que j'allais avoir, il était absolument hors de question que je perde. Je suis le meilleur espoir féminin de la nation, je n'ai pas le droit de perdre de toute façon, Shun présent ou non.

Le jour J était finalement arrivé. Aujourd'hui je n'avais pas nagé, il ne fallait jamais un jour de compétition. J'avais simplement passé du temps avec la kinésithérapeute et je m'étais concentrée. J'avais répété maintes et maintes fois le souffle que je devrais avoir dans les différentes épreuves que j'allais devoir faire. Tout d'abord j'allais faire le cent mètres dos, ensuite j'allais participer à un relais avec mon équipe, puis je devais finir par le huit cent mètre nage libre. J'ai confiance en moi mais j'ai également très confiance en mon équipe.

Je fais pourtant les cents pas dans notre vestiaire qui nous sert de salle d'attente, mes écouteurs dans les oreilles, mon portable dans le creux de ma main, diffusant mes chansons préférées des Colorful Diamonds. Voici mon petit rituel, avant chaque compétition, mon frère et mes "frères" de coeur ne quittent jamais mon esprit et m'aident à me concentrer. Alors que je continuer de marcher, les yeux fermés, le sens mon portable vibrer. Pourquoi est-ce que j'ai oublié de le mettre en silencieux ? C'est quelque chose que je fais tout le temps d'habitude ! En rageant je regarde l'écran de mon téléphone pour découvrir que j'ai reçu un message vocal, et pas de n'importe qui, de Miyuki. J'écarquille les yeux en entendant son message « Ils sont là ! » Mon entraîneur me regarde désespéramment pendant que je me précipite hors du vestiaire et passe ma tête de façon à apercevoir les gradins. Je sais exactement où est-ce qu'ils vont s'asseoir, c'est moi qui ai pris leurs places et j'ai fait en sorte qu'ils ne puissent en louper aucune miette. Ah ! Je les vois ! Ce sont certains les mecs les plus camouflés du gymnase pour dire vrai. Je soupire. Leur célébrité, je ne m'y habituerai jamais.

Je me presse d'envoyer un sms à mon frère, le plus rapidement possible « Onii-san, je vous ai vu. Patientez un peu, ça ne va plus être long. PS : aujourd'hui apprête toi à me payer de bons plats pour fêter ma victoire ». J'envoie le sms tout en guettant si mon frère vérifie son portable, me mordillant la lèvre inférieure. J'ai oublié quelque chose. « Aussi, merci à Miyuki-san d'être là. ». Voila. Une fois cela fait je me dirige vers les vestiaires, attrapée au passage par une fille de mon équipe « Eri-chan ! On y va, en piste ! » Un sourire illumine mon visage. Dans quelques minutes maintenant j'entendrai « Japanese Team, Aomine Eriiii ! » et j'espère que mon frère sera fier.

Tenue ✘ « Y a pas de si elle gagne… Eri va gagner, elle me l'a promis. » Oui, elle me l'a promis la dernière fois qu'on s'est vu. Elle n'a pas le droit de manquer à sa parole. Puis en contrepartie je lui ai promis des places et des passes pour elle et sa meilleure amie lors de notre prochain concert. Nuls doutes que ça la motivera à donner le meilleur d'elle. Et en plus, c'est une Aomine! On ne baisse pas les bras facilement dans la famille. « Puis son équipe ne lui en voudra pas de passer la soirée avec nous. » Si c'est le cas, ça ne fera que me donner une occasion supplémentaire pour ne pas aimer ses entraineurs. Déjà qu'entre nous ce n'est pas le grand amour, là ce sera encore pire. « Elle voit son équipe tous les jours… Et je suis certain que tout le monde est déjà au courant qu'on vient. » Eri a du en parler a tout son staff et à toute l'équipe. Il y a tellement longtemps que je ne l'ai pas vue nager que c'est presque un grand événement, tant pour elle que pour moi. Je ne suis plus habitué à ce que les rôles soient inversés. Mais c'est un moment parfait pour recommencer à suivre ses compétitions, même si je sais d'avance que ça va moyennement plaire à la Angel. Mais après tout, elle est ma seul famille en dehors des membres du groupe. Je sais qu'il y a aussi mes parents, du moins ma mère parce que les relations ne sont pas franchement très bonnes avec mon paternel, mais ils ne compteront jamais autant qu'elle. L'agence peut faire ça pour moi, non? Avec tout le boulot qu'on a, sans les moindres véritables vacances, sans véritable vie également. Ce n'est pas un jour ou deux ici et là qui va poser problème, si?

Après un long trajet où je tiens difficilement en place – j'ai l'impression d'être dans la peau de Miyuki durant notre séance shopping… Enfin la sienne surtout, même s'il m'a acheté plus de fringues que je ne pourrai sans doute en porter. Mais le voir si souriant, si plein de joie de vivre, m'a fait plaisir à moi aussi. Même si mon compte en banque, lui, a légèrement grimacé. On arrive finalement devant le stade renfermant une véritable piscine olympique. Plein de gens ont fait le déplacement pour venir soutenir l'une ou l'autre nageuse. Amis, familles, inconnus, le stade est presque plein. Certaines personnes nous regardent quand on sort du taxi. Je ne sais pas si c'est à cause de notre popularité ou parce que j'ai l'air d'un gamin a qui on a offert une sucette. A moins que ce ne soit Miyu qui attire les regards. Il est beau, c'est normal que les gens le regardent… Toujours est-il qu'il ne faut pas tenter le diable. Je glisse sur mon nez mes nouvelles lunettes de soleil avant d'être attiré par la voix du bel ange – ou démon – qui m'accompagne. « Hm… C'est Eri qui a réservé les places donc je suppose qu'on sera bien placé et qu'on se retrouvera avec le reste des supporters japonais… Y a pas a proprement parler de place V.I.P., puis t'as pas oublié… » Je lui adresse un petit sourire narquois avant de lui sortir exactement la même phrase que celle qu'il m'a lancé la veille. « A Rome, on fait comme les romains. C'est l'occasion de vivre comme tout le monde. » Oui bon, avec les lunettes de soleil et tout, on n'est pas franchement discret, mais c'est sympa aussi d'avoir une vie comme monsieur tout le monde. Changeant totalement de sujet, il se demande s'il faut passer faire un coucou à ma sœur avant que ça ne commence. « Non, il vaut mieux la laisser… On ne ferait que la déconcentrer. » Le mental c'est primordiale dans ce genre de compétition, alors il vaut mieux mettre toutes les chances de son côté.

Je regarde malgré tout Miyuki lui laisser un message vocal, la prévenir de notre présence et lui chuchoter quelques mots qui le font rire alors qu'étonné, je croise son regard. J'aime pas les messes basses, mais je sais qu'il doit encore être occupé à plaisanter à mon sujet… Sans doute pour qu'Eri se sente un peu plus à l'aise, alors je ne relève pas. Je veux qu'ils deviennent complice tous les deux et si pour ça je dois être la cible de leur blague, je l'accepte. Une fois le coup de fil terminé, on part à la recherche de nos places, Miyu agripper à mon bras. Après avoir fouiné dans une allée ou deux, on trouve finalement nos places. D'ici, on a une vue parfaite sur l'ensemble de la piscine et aussi sur l'écran qui rediffuse la compétition, de manière a pouvoir mieux suivre. Et nous sommes effectivement avec les supporters Japonais, affublé de leurs banderoles aux noms de leur chouchou. Il y en a pas mal pour Eri. En fait, dans son domaine, elle est presque aussi célèbre que nous. On est assit depuis deux minutes quand mon téléphone vibre. En lisant le message de ma sœur, je ne peux que sourire.  « Eri a bien eu ton message. La compète va bientôt commencer. » Mon téléphone vibre à nouveau et je sourire de plus belle. « Elle te remercie d'être là aussi. » Je lance un regard à mon meilleur ami avant de pianoter vite fait sur mon clavier. « Hey ma petite sirène, reste concentrée, hein? Good luck, on est avec toi. On se retrouve vite après la compétition et n'oublie pas la promesse que tu m'as faite… Et le resto était déjà prévu, que tu gagnes ou non. Mais tu vas gagner donc pas d'inquiétude. Fighting petite sœur. »

Tenue ✘ Je rigole devant la certitude de mon meilleur ami. J’approuve ces mots par des hochements de tête. «   Sorry ! Tu as raison, elle va gagner !  » Suis-je bête, il est évident, pour un frère, que sa soeur soit la meilleure, surtout si le frère est aussi gaga que Shun. Mais il a raison, pour les peu de fois où j’ai vu Eri nager, elle était telle un dauphin dans l’eau, gracieuse et rapide. C’était vraiment mon ressenti. Et lorsque quelqu’un qui ne sait pas nager trouve ça beau, c’est que Eri est vraiment douée. Malgré le ton calme qu’a employé Shun, je sens une certaine hostilité dans ses paroles. C’est vrai qu’il m’avait raconté qu’il les trouvaient un peu trop dur avec sa petite soeur. Je le comprends, car nous vivons le même style de vie et il ne souhaite pas que sa soeur devienne aussi fatiguée que nous. Je n’ai pas envie de me plaindre de ma vie d’idole, mais il arrive qu’on finisse par craquer devant tant de boulot.

Nous arrivons enfin devant le stade. Il y a tellement de monde ! Ça me fait presque bizarre de rentrer par l’entrée principale de l’édifice. Nous ne sommes que des supporters et non ceux qui allaient attirer les regards. Et c’est pour cette raison que j’ai adopté une tenue assez sombre, et à part les lunettes que je viens d’enfiler, nous étions parfaitement banals - bien que je n’aime pas trop ce mot. Tel un enfant capricieux, j’exige une bonne place pour voir la compétition. Si on est là pour supporter, autant profiter de cette finale à fond. Shun me rassure en disant que c’est Eri qui a pris les places. Cela signifie qu’on sera très bien placé puisque je faisais l’analogie avec Shun qui donnait des places VIP de nos concerts à Eri. J’attends la fin de sa phrase en ne me doutant pas de ce qu’il allait dire. Après l’avoir entendu citer la phrase que j’ai sorti la veille je fais une petite grimace. Je lui tape même doucement sur son épaule. Il m’a eu en reprenant mes mots. «   Monsieur en est fier en plus !  » Je reprends mon sérieux en lui demandant s’il vaut mieux passer voir Eri avant que la compet ne commence. Ah, il a raison. On devrait la laisser se concentrer et nous, on devrait aller chercher nos places !

Sauf que, têtu comme je suis, je fais les choses à ma façon. Si on irait pas la voir, je peux tout de même lui envoyer mes encouragements par message vocal, juste histoire de dire qu’on est bien arrivé et qu’elle peut se concentrer que sur sa performance. Son numéro, je ne l’ai jamais utilisé, enfin, ce n’était que des petits messages comme celui que j’ai envoyé un peu plus tôt. On ne s’échangeait pas de texto à proprement parler. Après avoir parlé en cachette à Eri, je m’accroche à Shun. J’essayais juste de paraitre innocent après avoir ris de lui.

De là où on est, la piscine me semble différente. Je suis impressionné par cet immense bassin, une vraie piscine de sportif ! Je jette des regards un peu partout. Nous sommes effectivement avec les supporters japonais et bizarrement, ça me met un peu mal à l’aise. Je suis peut être parano car j’ai l’impression qu’on va finir par nous repérer, et ce, même si on avait nos lunettes de soleil pour se camoufler. J’essaye de me rassurer en me disant que le sport et le divertissement sont deux mondes différents et qu’ici, Eri avait surement plus de supporter que nous. La voix de mon meilleur ami me sort de mes pensées et ça a eu le don de m’apaiser. Je souris devant ses paroles. «   Cool ! J’ai hâte de voir ta sirène dans l’eau !  » Je regarde Shun lire un deuxième message… de Eri. Je rigole devant sa petite « maladresse » avant de faire un clin d’oeil à Shun. Pendant qu’il écrit un dernier message, je l’observe plus attentivement. Il a une expression vraiment douce lorsqu’il parle avec sa soeur. Normal, j’ai envie de dire, puisqu’elle est la personne qu’il aime le plus. Je finis par détourner mon regard vers la piscine, le commentateur avait commencé à parler puis des nageuses ont commencé à sortir. Eri est la sixième à sortir. « Japanese Team, Aomine Eriiiii ! » Je me mets à hurler avec les supporter japonais ainsi que mon meilleur ami. J’applaudis bien fort en me levant de ma place. «   Eri ! Eri !  » Pas sur qu’elle nous entende nous parmi tant d’autres mais on était là, avec elle.

J'ai l'impression que c'est la première fois que mon grand frère vient me voir lors d'une de mes compétitions. En vérité, c'est loin d'être la première fois, il est souvent venu me soutenir, surtout lorsque j'étais encore très jeune et qu'il ne faisait pas encore partie des Colorful Diamonds, où lorsqu'ils n'étaient pas encore si connus et occupés comme ils le sont aujourd'hui. Seulement, cela est devenu tellement rare ces dernières années, si rare que je ne saurais trop dire depuis quand il n'est pas venu m'applaudir. C'est pourquoi c'est un peu comme une première fois. Cela me fait un peu drôle d'avoir pour principaux supporteurs les deux personnes que je supporte le plus durant leur concert. Les rôles sont inversés pour une fois, et je pense que c'est aussi bizarre pour eux que pour moi. Quoi qu'il en soit je suis, en ce moment même, la personne la plus heureuse parce qu'en plus de nager aux Etats-Unis, Shun et Miyuki sont là pour m'encourager.

Je sens mon portable vibrer une dernière fois, un message de mon frère qui me met le sourire aux lèvres. Je n'ai malheureusement pas le temps de répondre, il est temps pour moi de laisser mes affaires dans le vestiaire et de rejoindre le reste de mon équipe pour nous préparer à faire notre entrée. La pression monte petit à petit, mais j'aime cette pression et ce stress que je ressens à chaque fois avant une compétition. De là où nous sommes je peux voir la foule présente dans le stade et notamment le petit groupe de supporters japonais dans lequel se trouve Shun et Miyuki. Je ferme les yeux, prends une grande respiration et souffle toute l'air que j'ai dans mes poumons. J'entends les noms de mes camarades être appelés un à un, jusqu'à « Japanese Team, Aomine Eriiiii ! ». Après avoir soufflé une dernière fois, j'affiche un joli sourire sur mes lèvres et fais mon entrée. Une nouvelle fois je cherche du regard mes deux supporters, très vite je les repère - les deux seuls à ne pas porter les couleurs de notre pays à vrai dire... S'ils voulaient passer inaperçus ils ont mal joué leur coup. Je rigole intérieurement. Ils n'ont vraiment pas l'habitude de sortir comme ça en publique, je trouve ça adorable. Fièrement je lève ma main et l'agite en leur direction pour leur faire coucou. Tout le monde ou presque me répond, mais c'est bien eux deux que je fixais.

Toutes les équipes rentrent une à une près du bassin, puis, une fois que tout le monde a été appelé, les personnes ne participant pas à la première course retourne au vestiaire ou se mettent un peu plus loin sur le côté. L'un de mes entraîneurs vient me trouver. « Eri-chan, tu fais comme à l'entraînement d'accord ? » Je hoche le menton tout en réajustant mon bonnet de natation sur ma tête. Mon équipe vient m'encourager avant de se remettre sur le bord du bassin, ils resteront là pour m'encourager durant cette course. A partir de maintenant, et ce jusqu'à la fin de la course, je ne chercherais plus le regarde de mon frère ni celui de Miyuki, je risquerais de me déconcentrer et ce n'est vraiment pas le moment. Je prends place sur le plot de départ, face à la ligne numéro trois. A ma droite une américaine et une espagnole, à ma gauche d'autres nationalités s'installent. Celle qui me fait le plus peur à vrai dire, c'est la française. Mais il n'y a pas de raison, je vais la battre, je suis meilleure. Je mets mes lunettes correctement, et alors que tout le monde récite sa prière ou ses pensées, je murmure « La première place. Pour Onii-san et Miyuki-san ». Je ferme les yeux une dernière fois et le top départ est lancé.

Tenue ✘ Bien sûr que j'ai raison et qu'elle va gagner. C'est ma petit sœur et c'est une battante, elle n'abandonnera pas facilement, même si les autres nageuses sont au moins aussi bonne qu'elle. Elle donnera le meilleur d'elle et si vraiment elle doit perdre, ce ne sera pas faute de s'être donné à cent pourcent. On est un peu comme ça dans la famille, c'est tout ou rien du tout. Ou bien on se donne au fond, corps et âme, ou on ne se donne pas du tout, y a pas de juste milieu. Et je sais d'avance, qu'elle va donner tout ce qu'elle a pour finir première. Parce qu'elle veut gagner, qu'elle aime nager et qu'en plus, on est là. Elle ne voudrait pas perdre alors qu'on a fait le déplacement pour venir la soutenir. De la même manière que je veux que tout soit parfait quand elle assiste à nos concerts, je peux même devenir facilement plus chiant que Shojiro et finir le t-shirt dégoulinant de sueur ne me pose pas de problème. On pense souvent que parce que je suis casanier, je ne suis pas sportif pour deux sous mais c'est loin d'être vrai. Je peux être aussi tortionnaire que notre leader quand j'en ai envie. « Bien sûr qu'elle va gagner… C'est Eri! Elle est capable de battre n'importe qu'elle nageuse. » Bon j'exagère peut-être un peu, mais j'ai foi en ma petite sœur et je sais qu'elle va leur mettre la honte de leur vie. Non seulement elle m'a promis qu'elle allait gagner et en plus, vu le nombre d'heure qu'elle passe à la piscine, je vois  mal comment elle pourrait ne pas battre toutes ses adversaires. Et même si j'ai une dent contre ses entraineurs, elle m'assure à chaque fois qu'on se voit qu'ils font très bien leur boulot. Espérons que ce soit vrai.

Au stade, mon meilleur ami fait son Miyuki  et réclame de bonnes places pour voir tout correctement, ce qui ne devrait pas être difficile puisque c'est Eri qui a elle-même choisi nos places. C'est ce que je fais aussi quand elle vient à l'un de nos concerts, je veille toujours à ce qu'elle soit le mieux placé possible. Mais c'est l'occasion rêvé pour ennuyer un peu Miyu et je lui ressors exactement la même phrase que celle qu'il m'a sorti la veille alors que le taxi nous emmenait à l'hôtel. La grimace qu'il m'offre et la tape sur mon épaule me font rire. Je suis sur qu'on doit parfois avoir l'air de deux gamins qui se chamaillent, mais c'est ce qui fait notre complicité et ça me plait. « Hm, assez j'avoue. » Je lui offre un sourire sincèrement amusé avant de reprendre mon sérieux lorsqu'il demande si on doit passer voir Eri avant le début de la compétition. Mais je suis d'avis qu'il ne faut pas la déranger, qu'elle puisse se concentrer. Le mental d'acier c'est super important et comme elle a tendance à redevenir une petite fille timide face à lui, je préfère éviter.

Mais c'est mal connaitre notre diva qui lui laisse un message vocal. Si je surprends ses messes basses, je ne le lui fais pas savoir. Même si je suis de nature jalouse et que le simple fait de le voir trop proche de Ryoma m'énerve, le savoir proche de ma sœur m'enchante à vrai dire. De un parce que je sais qu'Eri ne s'intéresse pas à lui de cette manière et ensuite parce qu'ils sont les deux êtres qui comptent le plus pour moi, alors c'est normal de vouloir qu'ils soient proche l'un de l'autre. Le bras de Miyuki se glisse autour du mien dès qu'il a rangé son téléphone et on part aussitôt s'installer. Et nous sommes effectivement plus que bien placés. De là, on a vue sur toute la piscine olympique qui semble encore plus immense qu'elle ne l'est en réalité. Le seul potentiel problème c'est qu'au beau milieu des supporters japonais, nos tenues ne font pas vraiment discrètes. Pas plus que nos lunettes de soleil. Mais cernés de japonais, je préfère quand à moi garder les lunettes, mieux vaut éviter d'être reconnu. Les fans se glissent partout de nos jours. Même s'il pourrait paraitre normal que je vienne soutenir ma sœur.

Mon téléphone vibre et j'échange rapidement quelques textos avec Eri, lui souhaite bonne chance à ma façon. « Moi aussi, j'ai hâte de la voir nager. » En même temps j'ai l'impression qu'il y a une éternité que je ne l'ai plus vue. Mais c'est peut être parce qu'il y a effectivement une éternité. La dernière fois c'était un peu avant les débuts du groupe à la Angel. On avait déjà des fans grâce à nos vidéo, mais pas autant qu'aujourd'hui. On pouvait encore se permettre de se balader dans le centre-ville sans garde du corps. Aujourd'hui, même si notre carrière était parfaite, la vie était plus compliquée. « Japanese Team, Aomine Eriiiii ! » Mon regard se porte  directement vers la piscine où Eri vient d'apparaitre à la suite de quelques autres nageuses dont une américaine, une espagnole et un française si je ne me trompe pas. Je remarque aussi une nageuse coréenne et une sud africaine, parmi d'autres. Le sourire qui a pris place sur mon visage à son entrée s'agrandit quand je la vois faire un signe vers nous, faisant redoubler les cris autour de nous. Et alors qu'elle se met en place, puisse qu'elle passe en premier, je suis l'impulsion de mon meilleur ami et scande le nom de ma sœur. « Eri, Eri, Eri… » Même si elle ne risque pas de nous entendre avec les cris des autres fans. L'important c'est qu'elle sache qu'on est là est qu'on la soutient. Quand le top départ résonne et que je la vois plonger, j'ai la boule au ventre. Nul doute que je dois être plus stressé qu'elle, même si je sais qu'elle va y arriver. Instinctivement, ma main trouve celle de Miyuki, alors que mes yeux suivent toujours ma petite sœur qui a refait surface et nage à présent comme si sa vie en dépendait. Et même si je ne peux pas détourner le regard, j'ai presque envie de me cacher les yeux comme un enfant.

Tenue ✘ Je ne m’y connais rien dans le domaine du sport. Les événements auxquels j’ai participé ne sont que des concerts, des cérémonies de remises des prix ainsi qu’à des défilés, et dans tous les cas, j’adoptais une tenue assez soignée. J’ai conscience qu’aujourd’hui nous sommes venus en tant que supporters mais je ne savais pas qu’il fallait porter les couleurs du Japon - Shun n'ont plus apparement. Enfin bon, ce n’est pas ça qui va nous empêcher d’être les meilleurs supporters parmi tous ceux présents. Et même si on était les intrus dans cette foule unie par les couleurs du Japon, on passait incognito entre toutes ces personnes venues pour voir la compétition. Mais tout comme Shun, je préfère garder les lunettes, heureusement, le stade est suffisamment illuminé pour qu’on ne loupe aucune miette de la compétition.

Je ne suis pas vraiment intéressé par les premières concurrentes et ce n’est qu’à l’entente du prénom d’Eri que je commençai à m’agiter dans tous les sens. Je ne peux pas m’empêcher de sourire en voyant Eri apparaitre. Elle n’est peut être pas ma petite soeur, mais elle appartient à ma famille. Je suis très fier d’elle. Je voulais dire à tout le monde présent que c’était Eri-chan, la petite soeur de mon meilleur ami. Je pense que je comprends un peu ce que ressentent nos fans en nous voyant. Je ne suis pas fan au point de crier au signe d’Eri - comme le font les autres autour de nous, mais son geste me touche. Je lève mes pouces en l’air pour répondre à son coucou avant d’articuler le mot « Gambatte » sans qu’aucun son ne sorte.

J’arrête d’applaudir pour reprendre ma place. Le départ sera bientôt donné. Je suis impatient de voir ce qu’Eri nous réserve. Quelques encouragements se font encore entendre jusqu’à ce que les nageuses se mettent dans l’eau pour se préparer au départ. Les cris s’arrêtent pour attendre le top, on sentait toute la tension qui régnait dans le stade. Et ça avait même réussi à me faire stressé un petit peu. Le top départ est donné. Toutes les nageuses plongent pour s’élancer dans cette course. Les encouragements se font à nouveau entendre. Je sens la main de mon meilleur ami. Je le savais, il est encore plus stressé que sa soeur dans la compétition. Je serre les doigts entre les siens pour le soutenir, car oui, en plus d’être le supporter d’Eri, je suis aussi celui de Shun. Je rigole doucement devant son attitude enfantin avant de caresser la main, cherchant à l’apaiser un peu. Je suis en même temps la nage d’Eri. 50 m me parait à la fois long et court, je jette de temps en temps au moniteur pour voir le chronomètre. Une vingtaine de seconde s’est déjà écoulée et pour l’instant, Eri est dans les 3 premières et si elle arrive à maintenir ce rythme elle arrivera première. Je continue à crier son prénom pour l’encourager. Elle doit pas nous entendre mais c’est aussi une manière d’exprimer son stress, même si le mien n’est pas du tout comparable à celui de mon meilleur ami. Eri est l’une des première à avoir fini le premier 50m cependant la française est loin de vouloir abandonner non plus.

Le départ est proche. Je me positionne sur le plot de départ, fait abstraction de mes concurrentes et ne regarde plus qu'une chose, la ligne d'eau qui se trouve devant moi et que je dois parcourir le plus rapidement possible. Je me suis entraînée de nombreuses fois et même si je n'ai pas encore réussi à battre le record mondial, j'ai toujours réussi à faire un temps excellent, largement au-dessus de ce que mes concurrentes faisaient sur cette même course. Seulement voilà, elles aussi ont dû s'entraîner et s'améliorer. Mais ça, je n'y pense pas au moment de me jeter à l'eau, je ne pense à plus rien. Le départ retenti.

Lorsque je suis dans l'eau, mon corps ne fait plus qu'une avec celle-ci. Je me sens glisser très proche du fond du bassin, puis je remonte à la surface de l'eau et prend une grande inspiration de façon à remplir de nouveau mes poumons. Dans le stade, les cris retentissent dans tous les sens, pour l'une ou l'autre des concurrentes, seulement, je n'entends plus personne, je n'entends que ma propre respiration et le bruit de l'eau qui bouge tout autour de moi. J'entends également le battement de mon coeur, très rapide. Lorsque je suis dans le bassin, je comprends ce que mon frère peu ressentir lorsqu'il se tient sur scène. Tout ça est totalement différent, et absolument pas comparable, seulement la passion qu'il a pour la scène est aussi forte que celle que j'ai pour la natation. D'ailleurs en parlant de Shun, je ne pense plus non plus à sa présence, ni à celle de Miyuki. J'oublie, l'espace de deux longueurs, qu'ils sont présents dans le stade.

Le premier cinquante mètres passe rapidement. Mes pieds touchent le bord du bassin et je donne une impulsion la plus forte que je peux. Je suis au coude à coude avec la française, mais ça, je ne le sais pas vu que je ne peux pas franchement regarder ou chacune de mes concurrentes se trouvent. Je sais juste que je fais partie des premières. Un dernier effort et je nage le plus rapidement possible. J'étends mes bras le plus loin possible dans mon dos et lorsqu'enfin je touche le bord du bassin avec le bout de mes doigts, je me retourne rapidement et constate que je suis arrivée à la première place. A cinq millièmes de secondes devant la française. Je cris de joie en levant mon poing en l'air. « Yeeeeeees !! ». Après avoir été rapidement félicitée par mes voisines de ligne d'eau, je sors du bassin et cours dans les bras des membres de mon équipe qui sont tous excités. Puis finalement, je lève les yeux vers les gradins et cherchent mon frère et Miyuki du regard. Bien sûr à cause de leurs lunettes je ne peux pas franchement les regarder dans les yeux mais malgré tout... « Je l'ai fait » Articulai-je sans qu'un son ne sorte de ma bouche. Et de une ! Maintenant j'ai un peu de temps avant la seconde course.

Tenue ✘ Ça y est!!! Le top départ retentit et alors que tous les supporter japonais hurlent pour la soutenir, je reste silencieux. Bien sûr, je la soutien aussi, même plus que n'importe qui en fait, mais dès que je la vois disparaitre sous la surface de l'eau, pourtant limpide, j'ai cette boule au creux de l'estomac. Je sais qu'elle va gagner. J'ai foi en elle, mais je n'arrive pas à me défaire de ce stress. Sans quitte le bassin des yeux, j'attrape la main de Miyuki et si l'angoisse ne me quitte pas totalement, ce simple contact me détend un peu. Je m'autorise même un sourire en voyant Eri refaire surface et se lancer corps et âme dans la bataille, parce que c'est vraiment ça. Eri, la française et l'américaine sont au coude à coude alors que les autres ont facilement quelques millièmes de secondes de retard sur elles. Toutes les trois livrent une bataille acharnée pour prendre la tête de la compétition.

Eri à beau dire, la natation et la scène, ça n'a absolument rien de comparable. Je ne suis jamais stressé avant un concert ou une performance. J'y vais sur de moi, juste avec l'envie de faire plaisir à nos fans, de pouvoir partager un moment agréable avec eux. Je n'ai jamais de boule au ventre, d'angoisse alors que là c'est tout le contraire. Même si elle semble avaler les mètres avec facilité, je suis stressé. C'est comme se retrouver devant un film d'horreur ou un film super intriguant, dans les moments vraiment palpitant, votre cœur bats à tout rompre et vous avez du mal à supporter le suspense, vous êtes limite près a bondir à la moindre petite chose. Je ne fais pas spécialement partie de ces gens qui se cachent les yeux tout au long des films d'horreur et pourtant, ici, je me cacherais volontiers les yeux, nicherait mon visage dans le cou de mon meilleur ami, juste le temps que la compétition soit finie… Mais je suis venue pour assister à tout ça, pour voir Eri nager. Ce serait un peu stupide de ne rien suivre du tout et en même temps, ce serait décevoir ma sœur. Alors je la suis des yeux, j'essaie de faire abstraction du chrono qui tourne sans cesse et des deux autres nageuses qui prennent parfois l'avantage avant de se faire dépasser.

Les doigts de Miyuki, qui caressent ma main avec douceur et tendresse, me rassurent un peu alors qu'Eri fini tout juste les premiers 50 m avant de se lancer agilement dans une nouvelle longueur. C'est toujours aussi serrer sur le podium. Je pense sincèrement que ça va se jouer à presque rien. Il n'y a plus qu'à espérer que ma petite sœur ait de la chance aujourd'hui. C'est maintenant qu'elle doit donner tout ce qu'elle a pour creuser un maximum l'écart avec les deux autres. J'enlace nos doigts, faisant fi des éventuels regards qui pourraient s'arrêter sur nos mains jointes.

Comme si elle m'avait entendu, ma sœur nage plus vite, filant dans l'eau telle une sirène et distançant la française qui se retrouve seconde, talonnée par l'américaine qui ne lâche rien. Plus que quelques mètres. Je retiens mon souffle et serre plus étroitement la main de mon meilleur ami qui s'est remis à encourager Eri avec les autres supporter. Quand sa main touche finalement le bord de la piscine, c'est l'explosion autour de nous. Elle me l'avait promis et elle l'a fait. Je suis juste trop heureux. Un immense sourire éclipse en un rien de temps l'angoisse qui me nouait les tripes. Autour de nous sa crie, sa hurle, tous partageant la joie de la victoire. Je vois ma sœur se tourner vers nous, tout sourire bien qu'essoufflée. Elle s'est battue comme une lionne, je suis certain qu'elle doit être fatiguée. Heureusement, elle a du temps avant la prochaine course. « On va la voir ? Sa prochaine course ne doit pas être tout de suite. » J'adresse un sourire à Miyu avant de l’entraîner à travers la foule sans vraiment tenir compte de son avis. Je veux juste voir ma sœur, la féliciter, lui dire qu'elle était magnifique et qu'on est fier d'elle.

Tenue ✘ Shun est stressé. En même temps, c’est une des courses les plus importantes pour sa petite soeur alors il a de quoi l’être. Je me rappelle de ses paroles d’il y a quelques minutes, pour quelqu’un qui est sur de la victoire, il ne semble pas aussi rassuré que ça. Comment je le sais ? De un, parce que même un abruti peut sentir son anxiété et de deux parce que je sens sa main qui vient se coller à la mienne. Un sourire discret s’affiche sur mon visage. Je l’aurais parié que Shun n’était pas aussi confiant qu’il le paraissait. Je ne dis pas qu’il ne croit pas en la victoire de Eri, mais il est extrêmement stressé. Quant à moi, je le suis aussi, pas autant que mon meilleur ami, mais stressé quand même. Je ne suis pas intéressé par les compétitions sportives mais ce n’est pas la même chose lorsqu’on connait quelqu’un parmi les participants. Contrairement à ce que je pensais, je suis rapidement pris  dans la course. J’encourage Eri avec la même motivation que les autres supporters, si ce n’est plus.

Mes yeux ne quitte pas notre favorite. La course est serrée, aucune des nageuses ne veut lâcher et tout le monde croit jusqu’au bout. Mais il n’y aura qu’une seule gagnante, telle est la règle. Et Eri est bien partie pour l’être. Elle est la première à entamer la deuxième et dernière longueur. Tout se passe très rapidement, Eri arrive à prendre une petite avance sur la française. Je crie. Eri arrive à maintenir son avance. La pression faite par mon meilleur sur ma main est plus forte. Notre favorite reste en tête. Les encouragements des supporters japonais se font de plus en plus entendre et se font remplacer par des cries de joies devant la victoire d’Eri. Je saute littéralement de joie. Eri est première ! Je lache la main de Shun pour applaudir vivement notre championne. Je suis fière d’elle ! Elle nous adresse un immense sourire et j’applaudis encore plus. Malgré les hurlements autour de nous, j’entends parfaitement mon meilleur ami qui me parle. Je n’eus pas le temps de répondre qu’il m’attrape la main pour quitter les gradins. On dévale rapidement les escaliers pour se retrouver au même niveau que la porte d’entrée.  

Je ne sais pas du tout où est ce qu’il m’emmène, mais je me contente de le suivre. On arrive devant l’entrée spéciale pour les sportifs mais deux américains issus du staff nous empêche d’aller plus loin. C’est sur qu’avec nos lunettes de soleil, on avait pas l’air louche. J’ai conscient qu’ils ne font que leur métier, mais bon, Shun ne veut qu’aller féliciter sa soeur pour sa victoire et voilà que deux gaillards nous bloquaient la route. Je soupire. «   Ecoute. C’est le frère de la gagnante. On voudrait juste aller la féliciter. S’il vous plait. » J’essaie de faire ma tête de chien battu, mais visiblement ça n’a pas l’air de fonctionner. Enfin, il n’y a qu’une personne sur deux qui est réceptive car l’autre personne reste ferme sur sa décision. Heureusement, un des entraineurs d’Eri finit par nous voir et semble reconnaitre Shun. Avant de franchir l’entrée, je regarde le membre du staff avec un air de gagnant. J’entends son rire étouffé en passant. Il vient de se moquer de moi ?! «   Shun, t’as entendu ?  » Vivement que l’entraineur nous guide jusqu’à Eri pour me faire oublier ça.  

Je l'ai fait, j'ai gagné l'une des trois courses. C'était celle qu'il fallait que je gagne à vrai dire, celle sur laquelle je misais le pus. J'avais rempli le contrat, mon frère est venu et m'a vu gagner une course. Ce n'est pas la première fois que je gagne, mais c'est la première fois que je suis aussi fière que ça. Je me précipite vers mon équipe qui me félicite aussitôt, et alors que je lève le regard vers Shun et Miyuki, je les vois se faufiler dans la foule et quitte les gradins. Je doute qu'il quitte le stade, ils vont très certainement essayer de me rejoindre pour venir me féliciter, je l'espère en tout cas. Délaissant mon équipe je me précipite vers les vestiaires, il faut vite que je remette mon survêtement pour aller retrouver mon frère et son meilleur ami qui doivent très certainement m'attendre. Mais évidemment je suis très vite stoppé dans ma course. Un journaliste d'une chaîne de télévision japonaise m'arrête aussitôt pour me poser des questions. J'aurai dû m'en douter. Je n'ai pas le choix, je dois me montrer digne de professionnalisme. J'affiche donc mon plus beau sourire face à la caméra et répond volontiers aux questions du journaliste, le remerciant après ses nombreuses félicitation. Finalement, ma serviette de bain toujours sur mes épaules je me dirige enfin vers les vestiaires. « Ton frère et son copain t'attendent à l'entrée, je les ai fait rentrer. » Je remercie l'un de mes entraîneurs. Je me doute que personne ne les aurait laissé passer, c'est bien pour ça que je voulais me dépêcher. Ils sont louches en même temps avec leurs lunettes...

Une fois dans les vestiaires je retire mon maillot de bain une pièce, me sèche correctement et enfile un maillot de bain sec. Je passe par-dessus mon survêtement à l'effigie de notre pays et après m'être recoiffée et avoir attaché mes cheveux en queue de cheval, je parcours le couloir. Très vite j’aperçois mes deux fans du jour. « Oniiii-san ! » Je cours et me jette littéralement dans les bras de mon frère, nichant ma tête dans son cou. Je n'ai jamais été aussi contente de le voir.

Je me détache de lui et sautille partout « J'ai gagné ! T'as vu ?! La médaille d'or est pour moi ! » Je souris telle une gamine avant de me retourner vers Miyuki. Mes joues virent légèrement aux rouges, comme à chaque fois, mais j'essaie de prendre sur moi et m'adresse à lui d'un air tout de même timide « Merci d'être venu Miyuki-san. Tu as aimé ? » C'est bizarre comme question non ? Quoi qu'il en soit, le meilleur ami de mon frère à fait le déplacement - même si c'est certainement plus pour le shopping à l'américaine que pour ma compétition - et je dois lui en être reconnaissant. Je dois faire des efforts pour lui et pour mon frère. « Vous voulez qu'on aille boire un truc ? »

Tenue ✘ La main de Miyuki dans la mienne, je dévale sans les voir les marches des gradins et nous dirige vers ce que je pense être la partie réservée aux nageurs. Ce n'est pas bien compliqué à trouver, la majorité des piscines de compétitions sont construites sur un modèle semblable. Puis avec le service de sécurité ce n'est pas vraiment difficile à trouver, c'est comme si on avait placé une grosse flèche clignotante pour indiquer l'endroit. C'est aussi peut discret que nous en réalité. D'ailleurs en parlant de service de sécurité, deux gorilles nous arrêtent avant qu'on ait pu faire un pas de plus. C'est le gens de colosse qu'on utilise lors des concerts, pour éviter les mouvements de foules. Ça m'a toujours fait rire parce que j'ai jamais compris pourquoi on en avait besoin au juste. Les fans ne sont pas si terribles si on leur accorde un peu de temps. Toujours est-il que pour le coup, ils nous bloquent bien le passage. Je n'ai pas le temps de dire un mot que mon meilleur ami s'en mêle, signalant que je veux juste aller féliciter ma sœur. J'en profite pour retirer mes lunettes de soleil et les ranger, histoire de faire un peu moins louche. Si Miyu arrive à se mettre un des agents dans la poche, le second est plus réfractaire, ce qui m'étonne beaucoup parce que personne ne peut résister à son regard de chien battu. PERSONNE. Et pourtant celui là refuse catégoriquement, ce qui commence doucement à m'énerver. Ce n'est pas comme si je vous serrer la main d'Obama, je veux juste parler à ma sœur. Je soupire d'agacement au moment où j'aperçois l'un des entraîneurs d'Eri qui arrive en trottinant, comme s'il se doutait qu'on allait venir. « C'est bon messieurs, vous pouvez les laisser passer, je les connais. » Je fronce les sourcils un instant avant de grommeler un vague « Merci ». Non, c'est pas franchement le grand amour. On passe finalement le service de sécurité, mais j'ai à peine fait deux pas que la voix de Miyuki m'arrête, se plaignant de l'agent qui se fout de lui. « Hé un peu de respect mec, tu veux !! » Mon regard se pose sur le concerné. J'ai beau avoir l'air d'une croquette à côté de lui, il ne me fait pas peur et si je dois lui apprendre le respect, je le ferai sans hésiter… Quoi que, Eri m'en voudrait de gâcher la journée à cause de mon sale caractère, juste pour les beaux yeux de mon meilleur ami.

« Aller, viens… Laissons-les sous fifres faire leur boulot. Allons voir Eri. » Mentionner ma petite sœur me fait retrouver le sourire aussi vite qu'ils me l'ont fait perdre. L’entraîneur qui nous attend un peu plus loin, nous mène  dans un couloir avec une multitude de portes blanches. Je me contente de le suivre sans un mot, la main de Miyu toujours dans la mienne. Le couloir débouche sur une sorte de petit salon digne d'une salle d'attente, entre plusieurs couloirs. C'est là qu'il nous abandonne en nous demandant de patienter. « Ça va ? » La question peut sembler banale, mais je sais que mon meilleur ami a horreur qu'on se foute de sa gueule. C'est pas une diva pour rien. Je caresse du pouce le dos de sa main, réconfort sommaire. C'est à ce moment que la voix d'Eri me parvient, je n'ai que le temps de tourner la tête et de lâcher Miyuki, qu'elle se jette sur moi. « Rinette. » Mes bras se referment sur elle alors que je la serre contre moi, un grand sourire aux lèvres. De telles effusions ne sont pas choses fréquentes, mais cette fois c'est totalement de circonstance. Je la garde contre moi encore un peu avant de la laisser s'éloignée. Toute contente, elle sautille comme une gamine, mais ça aussi c'est de circonstance.

« Oui, on a vu. Une vraie petite sirène. Félicitations, tu as été magnifique. » Je lui souris, plein de fierté. Pas uniquement fier d'être le frère de la gagnante, mais fier de voir qu'elle se surpasse pour réaliser ses rêves. De voir qu'elle ne reste pas dans l'ombre, dans mon ombre. De voir qu'elle est plus qu'Eri, la petite sœur de Shun des Colorful Diamonds. Je ne peux rien lui souhaiter de mieux que de se démarquer totalement de moi et du groupe, d'être elle-même l'investigatrice de sa propre popularité. Et même si elle restera toujours ma petite sœur, celle avec qui je jouais, celle que je protégeais des méchants dans la coure de récréation, je suis fier de voir la femme qu'elle est devenue… Même si j'ai toujours beaucoup de mal à la laisser  côtoyer des garçons. Enfin, je suppose que ça viendra avec le temps. Je la voir devenir rouge alors qu'elle se tourne vers Miyuki et je ne peux pas m'empêcher de sourire narquoisement face à sa timidité. Mais ça me fait plaisir de voir qu'elle ne se cache pas, pour une fois, et qu'elle lui parle. Je les laisse discuter un peu, écoutant d'une oreille. J'envoie un rapide message aux trois autres restés à Tokyo pour les informer de sa victoire avant de ranger mon téléphone au fond de ma poche. « Boire un verre? Oui, mais c'est moi qui invite. » Mon compte en banque va finir par me haïr après ce voyage, mais vu la quantité de concert prévu cette année et merci aux parents, il se refera rapidement une santé. Puis c'est pas comme si je dépensais beaucoup très souvent. Un téléphone tous les six mois, c'est encore raisonnable je trouve. « On te suit. Les mammouths du staff sécurité ne font pas vraiment partie de nos fans. Une différence de goût purement esthétique, je crois. »

Tenue ✘ Shun nous emmène jusqu’à l’entrée des sportifs. On n’a pas de pass pour rentrer alors je compte utiliser mes fameux aegyos pour amadouer les deux gaillards du staff. Je sais qu’ils ne font que leur boulet mais il n’empêche que c’est normal pour Shun d’aller voir sa petite soeur ! Et puis qu’ils observent mieux mon meilleur ami ! Ça se voit qu’il est le frère d’Eri non ? Ou alors qu’ils se renseignent mieux sur la famille de leurs protégés pour ne pas créer ce genre de situation ! Ils pourraient même faire une recherche sur google pour vérifier les faits ! Ça me m’énerve de devoir rester bloquer là. On est pas louche ! Est ce qu’ils ont déjà vu des fauteurs de troubles aussi beaux ?!  On ne va pas appeler Eri exprès pour leur dire de nous laisser passer, même si finalement, c’est le seul choix qu’il nous reste. Heureusement, un des entraineurs d’Eri arrive à notre rescousse et arrange la situation. Si ça ne tenait qu’à moi, je lui aurai arraché tous ses cheveux au mec du staff. J’ai déjà refais le visage à des gars plus costaud que lui alors ce n’est pas lui qui allait me faire peur. Je ne sais pas si c’est le fait d’être en terres américaines qui me mets dans cet état là, mais je suis beaucoup plus sensible aux remarques. Ça me rappelle mes années mouvementées lorsque j’étais à Las Vegas. Mais je ne dois pas oublier qui nous sommes alors, j’essaye malgré tout, de garder mon calme. Heureusement, la présence de Shun m’apaise.

Je marche sans être présent. Je me laisse juste guider par la main de mon meilleur ami.  La voix de Shun me sort de mes pensées « nostalgiques », me faisant comprendre qu’on est arrivé. «  Non. Il s’est foutu de ma gueule ! Je vais lui coudre ses lèvres ensemble pour voir s’il pourra toujours rire ! Grrr ! » Je sens sa caresse sur le dos de ma main et ça me fait sourire. Il n’y a que mon meilleur ami pour pouvoir me calmer. Puis je fixe discrètement nos mains entremêlées. Je n’ai jamais pensé à ça avant mais je me demande ce que pense Eri de notre « amitié ». Après tout, elle est aussi une fan du groupe, alors je doute qu’elle n’apprécie pas le fan-service. Mais d’un autre côté, il s’agit de son frère. Moi, ça ne me dérange pas d’être aussi affectif avec Shun mais si ça dérangeait Eri ? Et puis pourquoi je me mets à réfléchir à ça ? Cette fois ci c’est une voix féminine qui me tire de ma rêverie. Je sens le contact se rompre avant de voir Eri se jeter sur son frère. Cette scène m’enlève toute ma mauvaise humeur. Ça fait vraiment plaisir à voir. Ils sont trop mignons ! Je ne peux pas m’empêcher de sourire en voyant cette étreinte si chaleureuse.

Je les laisse interagir entre eux. Ils en ont bien besoin et je ne me sens pas de trop. Nous sommes une famille après tout. Eri se tourne timidement vers moi et ça me fait sourire. «  Et comment ! Tu as été splendide ! Toutes mes félicitations ! Tu n’as eu que ce que tu mérites.  » Je lui tapote légèrement son épaule pour soutenir mes mots. Inconsciemment, je la taquine. Après tout, elle reste une Aomine et c’est inscrit dans mes gènes d’aller taquiner les Aomine. «  C’est moi qui te remercie de m’avoir offert un tel spectacle.  » Je lui souris chaleureusement. Je suis sincère, j’ai été ébloui par sa performance, moi qui n’aimait pas du tout le sport. «  Alors je ne dis pas non !  » Bien sur, je ne comptais pas ne pas y aller si ce n’était pas Shun qui payait mais maintenant qu’il l’a dit, il n’a plus le droit de faire marche arrière. Je sais, je n’ai pas de pitié. J’esquisse un sourire complice à la remarque de Shun. C’est incroyable comment il arrive toujours à me faire sentir mieux. Ce n’est vraiment pas mon meilleur ami pour rien. «  Allons y  »  

Je me doutais bien que Shun et Miyuki ne pourraient jamais passer si facilement pour accéder aux vestiaires. En fait famille ou non, amis ou non, mari ou non, personne n'a le droit d'entrer dans cette partie à moins qu'ils n'aient une carte ou qu'un sportif vienne directement les chercher. Et puis c'est vrai qu'avec leur accoutrements, même moi je me méfierais... On dirait qu'ils ont envie de se cacher - en fait c'est pas on dirait c'est vraiment le cas - et semblent oublier qu'ils ne sont plus au Japon. En fin de compte, si je connais leur popularité en Asie, je ne sais pas franchement s’ils sont si populaires que ça en Amérique. Je me doute que si, ils ont clairement un fandom international, mais je doute fortement que, fait exprès, leurs fans soient présents à la compétition. Et puis à la limite même si c'était le cas, c'est pas là qu'on viendrait les harceler, peut-être qu'on les aborderait un peu mais je doute qu'on fasse plus. Heureusement, l'un de mes entraîneurs a pris les devants et est parti les chercher avant même que je ne sois arrivée aux vestiaires. Peut-être les a-t-il vus descendre les gradins pour venir, ou peut-être s'en doutait-il tout simplement. C'est donc le plus vite possible que je me sèche et me change, revêtant un maillot de bain sec et le survêtement de mon équipe par-dessus. C'est en quelque sorte la tenue obligatoire durant la compétition. Et puis ça ne me dérange pas, j'aime porter ce survêtement, j'en suis fière, et en plus on est à l'aise dedans. C'est fou qu'une folle de la mode comme moi parle ainsi.

Je cours dans les bras de Shun dès que je le vois. Ca fait tellement longtemps qu'il n'est pas venu me voir nager, mais en plus pour une compétition si important que ça pour moi. Je le remercie d'abord pour ça, mais surtout parce que je suis heureuse qu'il m'ait vu gagner. Je sens Shun serrer un peu plus cette étreinte, me faisant encore plus sourire. Je ferme les yeux et profite de ce moment avant de me détacher de lui. Même si mes parents me soutiennent un minimum dans mes compétitions, eux non plus ne sont pas venus me voir depuis bien longtemps, et ne font à vrai dire aucun effort. Ils n'ont pas des empêchements comme Shun, ils pourraient venir bien souvent, surtout ma mère. Mais non, aujourd'hui, c'est Shun qui est venu, malgré toutes les difficultés du monde qu'il a dû avoir pour convaincre son agence. Je penserai à remercier fortement son manager la prochaine fois - malgré que d'habitude j'ai plutôt envie de lui faire la tête au carré... « Merci ! ». Je lève fièrement ma médaille vers leur visage pour qu'ils puissent voir à quel point elle brille « Alors ? Elle brille autant que vos trophées ? » Je rigole, toute fière de moi. Si on n’est pas des warrior franchement dans cette famille...

Finalement je me tourne un peu plus vers Miyuki et prend mon courage à deux mains pour lui parler et ne pas me planquer derrière mon frère. Il a visiblement l'air heureux que je lui parle, quant à moi je fonds littéralement sur place. J'ai presque envie de crier tellement je suis heureuse. MON idole préférée me félicite et me dit que je suis splendide. Nan mais sérieusement, une fan a-t-elle déjà entendu ça de la part de son isole favorite ? Je me liquéfie totalement sur place, tellement que j'ai envie de fuir en courant. Il faut que je me ressaisisse, je me suis promis de faire des efforts face au meilleur ami de Shun. C'est pourquoi je propose d'aller un boire un truc, comme on a du temps. « Non ça sera gratuit, on va aller à la petite cafétéria qui est là-bas, pour nous. » J'indique de la tête la localisation de la salle, vers le fond du couloir où se situent les vestiaires. « On a pas le choix en fait, tu sais j'ai pas le droit de quitter la piscine avant la fin de la compétition. »

Tenue ✘ « Ne penses plus à lui Honey. T'es à New-York, avec moi, pour venir voir Eri, faire du shopping et des tas d'autres choses.  » Du pouce, je caresse le dos de sa main que je n'ai toujours pas lâché. J'aime ce contact avec lui, à la fois tellement simple et signifiant tant de choses. Ça peut paraître idiot pour certains, totalement déplacé pour d'autres aux mœurs moins souples – et dieu seul sait qu'ils sont nombreux – mais moi j'ai besoin de se contact avec lui. Au début c'était juste un jeu mis en place par l'agence, parce qu'on se détestait et qu'il était juste inconcevable pour nous de devenir réellement aussi proche. On en a passé des heures à se faire la gueule et a râler parce qu'il fallait qu'on se tienne la main ou que je passe un bras autour de ses épaules, que j'enlace sa taille. Mais aujourd'hui, tous ces petits gestes qui nous sortaient littéralement par les yeux sont devenu aussi naturel que de respirer et tout aussi vitale pour moi. Il y a longtemps que je ne me pose plus de question sur le "comment ça va être perçu". J'agis à ma guise. Si j'ai envie de lui prendre la main, je le fais sans penser une seconde aux regards qui se poseront sur nos doigts enlacés. Si j'ai envie de caresser sa joue ou de l'enlacer même en lieu public, je ne me gêne plus. Après tout, là où il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir. Et si je relâche sa main quand Eri arrive, ce n'est certainement pas par honte de tenir la main d'un autre homme ou par peur du "quand dira-t-elle"… Non, parce qu'il est le seul à pouvoir me faire peur concernant ça. Non. Si je lâche sa main c'est juste parce qu'il est plus facile de serrer ma sœur contre moi à deux bras plutôt qu'à un seul. Mais mes doigts ont à peine lâché les siens que le contact me manque déjà, même si je sais qu'il n'est pas loin. Pour faire face au vide que ça crée, je me réfugie dans l'étreinte douce et chaleureuse que j'offre à Eri, même si je suis avant tout plus qu'heureux pour elle. Je la garde un peu plus que nécessaire contre mon cœur, mais il faut dire que je ne prends jamais plus le temps de la serrer dans mes bras, vilain grand frère que je suis. Pour le coup, je me rattrape un peu. Puis, je ne cacherai pas que c'est agréable. Je fini néanmoins pas lui rendre sa liberté, tellement fier de la prouesse qu'elle vient d'accomplir.

Un sourire sincère et joyeux aux lèvres, je la félicite, lui faisant remarquer combien elle a été exceptionnelle, Miyuki surenchérissant dès qu'elle daigne lui accorder son attention. Je jette un coup d'œil à la médaille qu'elle remue joyeusement sous nos nez. « Hey, c'est que c'est pas du toc. Un instant j'ai cru qu'elle était en chocolat.  » Je plaisante, lui adressant un sourire en coin. « Nan, elle vaut sans doute plus que tous nos trophées.  » Peut-être pas en réalité, mais une médaille d'or dans ce genre de compétition c'est toujours un truc extra et je suis super heureux pour elle. Elle va pouvoir en mettre plein la vue à ses amis et à nos parents, qui n'ont même pas fait le déplacement. Venant de mon paternel adoré, ça ne m'étonne guère. A par ses affaires, rien ne compte pour lui. Il a toujours pensé que les enfants c'étaient plus encombrant qu'autre chose, même s'il ne l'a jamais dit textuellement. Cependant, notre mère dispose de tout son temps. Elle aurait au moins pu venir voir sa fille nager. Une fois de plus, je prends note du peu d'importance qu'on a pour eux, ajoutant un peu plus à la rancœur qui me noie déjà le cœur quand je pense à eux. C'est à se demander pourquoi ils ont décidé d'avoir des enfants.

C'est avec un plaisir certain que je laisse Eri et Miyuki discuter un peu entre eux, échanger quelques mots. Je rêve de voir les deux personnes que j'aime le plus au monde s'entendre comme cul et chemise, alors voir ma sœur adresser la parole à mon "meilleur ami" aussi naturellement que possible, comble mon cœur. Et même si je sais que fasse à ses compliments elle n'a qu'une envie, celle de s'enfuir en courant, le fait qu'elle reste me fait sourire tendrement. Quand elle propose d'aller boire quelques choses, j'accepte à la seule condition que je sois celui qui invite. Avec Miyu, on échange un regard complice quand je parle des gorilles qui jouent les gardes à l'entrée et qui ne nous aiment pas vraiment. Mais c'est vrai que je n'ai pas pensé au fait qu'Eri ne pouvait pas quitter la piscine avant que la compétition soit finie. « Hum, on va considérer que c'est toi qui nous invite alors et pour me faire pardonner, on t'emmène dîner ce soir.  » Pas besoin de préciser que c'est moi qui paierai. J'ai invité mon meilleur ami en lui offrant l'intégralité du séjour, du billet d'avion à l'hôtel en passant par les divers et nombreux achats qu'on a déjà fait et qu'on ne manquera pas de faire encore. Du coup, je peux me montrer galant et inviter ma sœur au restaurant. Et si en plus, mes dépenses peuvent mettre les nerfs à mon père, c'est tout bénef'. « On te suit. Passe en premier, c'est toi la championne.  » Laissant passer ma sœur devant, je récupère d'un geste possessif la main de Miyuki que j'ai lâché un peu plus tôt. Pressant légèrement  ses doigts entre les miens, je l'entraîne avec moi vers la cafétéria.

Tenue ✘ J’entends une personne courir vers nous, et je devine facilement l’identité de celle ci. Eri saute littéralement dans les bras de Shun et lui fait un gros calin. Je m’adoucie devant cette scène touchante. Ils sont mignons. Eri peut être fière d’elle car elle nous a montré une belle victoire. Et je sais que Shun est, lui aussi très fier d’elle. Quant à moi, je suis honoré d’avoir pu assisté à ce beau spectacle. Je regrette juste de ne pas avoir pris de photos pour immortaliser leur étreinte. Ce simple câlin signifie tant pour eux. Je suis sur qu’ils ont beaucoup de choses à se dire mais ce geste est bien plus significatif que des centaines de mots. C’est d’ailleurs assez peu commun de voir mon meilleur ami serrer quelqu’un d’autre que les Colorful dans ses bras. Eri reste sa soeur, j’en suis conscient mais, je les vois ensemble pas si souvent que ça. Je me contente juste de sourire devant la scène, moi non plus, je n’ai pas besoin de dire quoi que ce soit. Briser ce silence signifierait casser cette magie.

Shun finit par libérer sa soeur, et nous voilà de retour dans le monde « réel ». Il l’a félicite avec un grand sourire aux lèvres. Il est tellement fier et heureux ! Le voir ainsi me met dans le même état que lui. Je voudrais tellement remercier Eri d’avoir rendu mon meilleur ami ainsi. Elle est bien la seule à avoir cet effet là. J’en serai presque jaloux si je ne l’appréciai pas autant. Eri nous montre sa médaille. Elle a tellement la classe. Je grimace puis lui met un petit coup de coude dans son bras devant la remarque de Shun. Il prend vraiment sa soeur pour une enfant. Mais comme ça vient de lui, je trouve ça attendrissant malgré tout. Je ne suis pas très objectif, je sais. De tout façon, je ne l’ai jamais été alors ça ne risquerait pas de changer. Je ne contredis pas la deuxième remarque de Shun. Je ne suis pas insensible à ce point. Cette médaille vaut beaucoup pour Eri et Shun. C’est comme pour le premier prix que nous avons reçu en tant que Colorful Diamond, il nous est spécial. Après, il n’y a pas de prix plus importants d’autres, ce sont juste les souvenirs autour qui diffèrent. «   Et encore, ce n’est que la première !  » Je suis persuadé que notre petite Eri ira loin. Elle continuera à briller et elle pourra compter sur ses supporter - à savoir Shun et nous autres Colorful - pour l’encourager.

Eri est très mignonne. Je pense qu’elle n’est pas encore très à l’aise avec moi, mais je vois qu’elle fait un effort de ne pas se cacher derrière son frère. Et cela me fait sourire. J’avais tellement peur qu’elle ne « m’aimait » pas. Je la félicite de nouveau et la remercie. Après tout, si je suis ici à New York, c’est bien grâce à elle. J’espère qu’un jour je ne pourrai lui parler « normalement » sans pour autant perdre son admiration pour moi. Je tiens à ma fan numéro un. Eri propose de nous emmener à la cafet, puis Shun parle du diner de ce soir. «   Réfléchis à ce que tu veux manger, c’est toi qui décides et c’est ton frère qui régale !  » Je ris doucement, je suis toujours sans pitié avec Shun. Notre championne passe devant nous pour nous montrer le chemin. Je sens la main de Shun qui attrape la mienne. Je ne dis rien, et me contente de serrer mes doigts, le laissant m’entrainer.

Arrivés à la cafétaria, nous nous installons à une petite table. Puisque tout le monde a mis du sien jusqu’à maintenant, c’est à mon tour de faire de me montrer « utile ». «   Rien que pour aujourd’hui, je fais le service. Je vous prends quoi ?  » Et puis, ce serait aussi une occasion de les laisser seuls quelques instants.

Etre dans les bras de mon frère est l'une des choses que je préfère. Même si ça n'arrive pas tous les quatre matins, les bras musclés de mon frère et son torse me paraissent si réconfortant. J'entour justement son torse avec mes deux bras, joignant mes mains dans son dos, comme pour ne pas le laisser s'échapper de cette étreinte. Je suis mille fois plus petite que lui, alors ma tête arrive à peine dans le creux de son épaule mais je suis à l'aise comme ça. Finalement, je le laisse se détacher de moi et le regarde, le regard victorieux. Je suis fière de ma victoire et je suis encore plus fière que mon frère ait pu y assister. J'ai l'impression de ne plus être simplement la gamine, petite soeur de Shun, sur qui ce dernier veille et protège plus que lui-même, comme si j'avais cinq ans, mais bel et bien Aomine Eri, nageuse japonaise, qui remporte des médailles à chaque compétitions qu'elle fait depuis déjà plusieurs années. « Tu rigoles, c'est de l'or, du vrai, contrairement à vos trophées ! ». Bon en vérité, je ne sais pas du tout en quoi sont fait leurs trophées, et vu tout ceux qu'ils ont, ils ont certainement plus de valeurs que ma petite médaille. Je les défi du regard avant de rigoler légèrement. Puis je me tourne vers Miyuki et acquiesce légèrement. « Oui, la première de la journée, j'espère que ça ne sera pas la dernière.». QUoi que, même si j'aimerai en avoir une autre, je serais déjà comblée avec celle-ci.

Je rigole à la seconde remarque de Miyuki. Ca me plait plutôt bien de choisir et de me faire payer le repas, et étrangement je me doute que ça sera plutôt à mon frère qu'à son meilleur de payer. Mon frère est bien trop gentil, il cède tout, autant à moi qu'à Miyuki j'ai l'impression. J'hoche le menton puis rétorque, non sans une timide hésitation « Je croyais que mon idole allait me féliciter avec un bon gâteau...». Je baisse timidement le regard en me mordillant la lèvre inférieure. Je n'ai pas vraiment l'habitude de taquiner le meilleur ami de Shun alors je ne sais pas trop comment il va le prendre.

Je leur propose alors d'aller à la cafétéria mise à notre disposition pour prendre quelque chose à boire ou à manger. Je pense devant et les conduit jusqu'à l'endroit, me retournant vers eux une fois sur place. Mon regard se dirige rapidement vers les mains jointes des deux meilleurs amis, m'arrachant un sourire que j'essaie de rendre discret. Ces deux là sont vraiment proches. Je vois souvent sur les forums et les sites du genre, que ce n'est que d'une fanservice et qu'il faut arrêter de croire qu'ils s'aiment tant que ça, mais moi j'en ai la preuve. Et je reste objective malgré que mon frère et Miyu forme mon pairing favoris du groupe. Ils sont d'ailleurs assez louches, je suis sur qu'il se passe un truc entre eux, ce n'est pas normal d'être si proche que ça nan ? Quoi qu'il en soit je m'en fiche, ça serait loin de me déranger, bien au contraire, même si ça serait peut-être encore un peu plus gênant pour moi... « Je veux bien une boisson énergisante s'il te plait ». Je souris, remerciant Miyuki d'aller chercher les commande, tout en lui tendant ma carte pour qu'il l'a montrer et n'ai pas a payer les consommations. Une fois le chanteur parti, je me retourne vers Shun. « Je fais des efforts là, tu peux pas dire le contraire hein !! ». Je parle bien évidemment de mon attitude envers mon idole.

Tenue ✘ C'est vrai qu'Eri a toujours eu ce don de réussir à me faire rire, à me faire pleurer, à m'émouvoir ou encore, à me mettre en colère en une fraction de seconde. C'est encore pareil cette fois. A peine je la vois arriver qu'un grand sourire prend place sur mon visage et lâchant la main de mon meilleur ami, je réceptionne ma sœur quand elle me saute littéralement dessus, refermant les bras sur son corps svelte. Je la garde un moment contre moi, profitant juste pleinement de cette étreinte qu'elle m'offre. Si j'ai toujours veillé sur elle, je n'ai jamais été plus câlin que ça. À vrai dire, pour être franc, je suis même plus câlin avec Miyuki que je ne l'ai jamais été avec elle. Les grandes effusions sont donc assez rares entre nous, peut-être parce que j'ai toujours été assez pudique concernant ma relation avec elle, que ce soit vis-à-vis du groupe ou des médias. Mais à l'instant, je m'en contre fiche. Tous les journalistes people pourraient encore nous mitrailler de photo, que je n'en aurais rien à faire. Eri vient de reporter une nouvelle médaille d'or et c'est la seule chose qui compte. Je fini néanmoins par desserrer mes bras, lui rendant sa liberté, gardant le sourire aux lèvres. Je suis heureux pour elle et je ne me prive pas pour la féliciter comme il se doit, mais en même temps ça me rends un peu triste. C'est assez difficile à expliquer, mais dans l'ensemble je dirais qu'elle grandi beaucoup trop vite pour moi. La petite fille qu'il fallait aider pour tresser ses cheveux me manque, même si j'aime ma sœur telle qu'elle est devenue. C'est mon petit côté paternel qui ressort, ce qui est relativement étrange quand on voit le modèle que j'ai eu. Il n'a même pas fait le déplacement pour venir encourager sa championne de fille. Sans doute trop occupé comme toujours. Enfin, rien ne m'étonne plus venant de lui. Eri me détourne de mes sombres pensés, malgré mon air joyeux, pour me mettre sa médaille sous le nez et je ne peux pas m'empêcher d'imaginer qu'elle est en chocolat. Pas que j'ai fin, non, pas du tout. C'est juste qu'elle est ronde, plate et dorée, comme une pièce en chocolat. Enfin, quand même plus large et plus épaisse. En même temps ça me permet de la taquiner, mais dans le fond, sa médaille me donne l'a même impression que nos trophées, même s'ils ne sont pas en or. Mais je ressens cette même fierté, alors que ce n'est pas moi qui l'ai gagné.

« Hm, oui… C'est toi qui choisi, je t'emmène où tu voudras. » J'adresse un petit sourire un peu gêné et désolé à ma sœur suite aux derniers mots de Miyuki. Bien sûr que c'est moi qui paie, comme tout ce qui concerne ce voyage d'ailleurs. Il n'aura pas déboursé un centime, pas plus que l'agence qui au final y gagne dans l'histoire, puisque j'ai promis de lui ai céder tous les rares moments de temps libre qu'il me reste pour pouvoir venir. Mais ça je me suis bien garder d'en faire étalage. Personne ne sait et ne saura ce que j'ai du offrir pour qu'on puisse s'offrir ces quatre jours à New-York. Du coup, je pense que ce n'est pas vraiment la peine d'afficher juste sous le nez d'Eri que je me fais plumer comme un vrai pigeon. Heureusement, si j'ai tendance à répliquer avec les poings, ma sœur à plus de répartie que moi et même si c'est dit sur le ton de la plaisanterie, sa remarque me fait plaisir. Non seulement parce que c'est une attaque directe à Miyuki, mais surtout parce que ça me fait plaisir de la voir tenter de plaisanter avec lui. On fini par la suivre jusqu'à la cafétéria. Instinctivement, j'attrape la main de mon meilleur ami, pressant doucement ses doigts entre les miens avant de le sentir répondre de la même manière. Ça me fait sourire tendrement tout seul, comme un ado pré-pubère devant la première marque de tendresse de son premier amour. Je dois avoir l'air d'un con à sourire pour trois fois rien, mais ça me fait chaud au cœur mine de rien. Je suis vraiment stupide, le genre à avoir des étoiles pleins les yeux parce que ses doigts ont pressés les miens.

C'est le cœur étonnamment léger que j'arrive à la cafétéria. On suit Eri jusqu'à une petite table et après une dernière caresse du pouce sur la main de mon meilleur ami, je le libère à regret, même si je n'en laisse rien paraître, toujours cet air joyeux collé au visage. Je m'installe sur la première chaise à ma portée quand Miyu, annonce que c'est lui qui va aller chercher les boissons. Ça me surprend un peu venant de lui, surtout de manière si spontanée, pas que ce soit le dernier à rendre service, bien au contraire, mais c'est pas forcément le premier a le faire non plus. Une eau plate pour moi, Honey. Merci. Je le regarde s'éloigner pour aller passer commande avant de reporté mon attention sur la raison de ma présence ici. « C'est vrai que tu fais des efforts. Je suis certain que ça lui fait plaisir de pouvoir échanger plus de deux mots avec toi. » Je lui offre une petite moue narquoise. C'est vrai qu'à par "Bonjour" et "Au revoir", ils n'ont jamais vraiment eu l'occasion de discuter ensemble. Et les voir échanger un peu plus n'est pas pour me déplaire. « Ça me fait plaisir à moi aussi. Vous êtes les deux personnes qui comptez le plus pour moi. Alors si vous ne vous parlez pas, c'est pas franchement amusant. »