Yi Qian avait envie de pleurer. C’était horrible. Elle avait perdu Puppy. Oui, Puppy. Quoi ? Vous ne connaissez pas Puppy ? Le chien de Mme Hatsumomo !? Moche, petit, qui passe son temps à aboyer ou à mordre les mollets de sa gentille voisine. Mais Yi Qian avait promis de s’en occuper le temps que sa voisine aille rendre visite à sa sœur à Osaka. Et voilà deux jours maintenant qu’elle avait l’impression d’avoir passé un pacte avec le diable en personne. C’est bien simple, son quotidien était devenu en à peine 48 heures l’équivalent de ce qu’elle n’avait encore jamais encore connu en terme de souffrance en 26 ans d’existence. Et elle était exténuée. Pire ! Elle n’avait plus qu’une seule envie : shooter dans ce petit cabot qu’elle promenait à présent dans le parc Yoyogi. Précisons qu’elle avait quand même honte de se traîner un spécimen pareil… En panda, il avait été peint lors de sa dernière visite chez le toiletteur. Non, ce n’est pas une blague. Elle se promenait en plein Tokyo avec un chien-panda.
Parce qu’en plus de ça, trop soucieuse de ne pas souiller le magnifique lieu qu’était le parc Koishikawa Koraku, pourtant bien plus proche de chez elle, elle avait traversé la ville pour permettre à monsieur de s’aérer dans le parc Yoyogi. Elle avait intérieurement blagué pendant tout le trajet en se disant qu’elle devrait essayer de le perdre. Ce qui, malheureusement, était arrivé… Vous me direz, facile de trouver un chien déguisé en panda. Eh bien, non ! Cela faisait plus de deux heures qu’elle tournait maintenant ! Elle avait voulu lui faire confiance. Détacher sa laisse. Ils avaient croisé un groupe et puis… Parti. Et elle était à bout, désespérée. Elle s’assit, pour ne pas dire s’affaler, sur un banc et fixa devant elle, le regard vide. Elle détestait ce chien. Vraiment. Vraiment… Beaucoup. Et elle n’aimait pas particulièrement sa voisine non plus. Alors pourquoi avait-elle voulu l’aider ? Peut-être pour se montrer un peu généreuse, redorer sa réputation de voisine peu présente. Et voilà à quoi elle arrivait.
Elle regarda à gauche, puis à droite, telle une âme désespérée. Dites, vous n’auriez pas vu mon Puppy, eut-elle envie de crier. Il lui manquerait presque maintenant le petit monstre… Elle s’appuya contre le banc et s’accorda quelques minutes pour reprendre son souffle. Qu’allait-elle faire si elle ne le retrouvait pas ? Une famille avec un chien passa devant elle. Et dire qu’elle gâchait ainsi un si beau dimanche… Elle n’allait pas appeler la police pour un chien quand même ? Ils avaient autre chose à faire. Mais il pouvait être n’importe où. Même parti sur la route. Elle frissonna à cette idée, imaginant le pauvre Puppy… Non, c’était trop horrible. Elle secoua la tête et sortit son téléphone. Aucun appel. Evidemment, c’était le numéro de Mme Hatsumomo et non le sien qui était inscrit sur le collier du petit chien. Et, Oh malheur !, si quelqu’un contactait l’ancienne fleuriste avant qu’Yi Qian ne le retrouve.
Elle se releva et l’immensité du parc lui éclata au visage. Elle retomba sur le banc. Elle était fatiguée, fatiguée. A tel point qu’elle posa la tête sur ses genoux, oubliant qu’elle n’était pas seule, et commença à se lamenter. « Puppy… J’ai perdu Puppy. » Elle sanglota, mais c’était plus nerveux qu’autre chose. Elle n’entendit même pas les pas qui s’approchaient d’elle. Ses pensées étaient toutes tournées vers le panda canin dont elle avait la responsabilité. Un vent léger parcourait les allées du parc et passa au dessus de sa silhouette penchée pour peut-être atteindre Puppy quelque part. Plus jamais elle ne se lancerait dans le babysitting pour chien. Et elle savait qu'elle n'avait pas fini de courir à travers le parc à sa recherche. Si ce n'est même plus loin encore. C'est bien cela qui la désespérait... Elle prit alors conscience d’une présence tout prêt d’elle et releva brusquement le visage. « Puppy ? »
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Ce message a été posté Mer 4 Jan - 18:13
Where is my puppy?
Yin Qian & Jessica
Outfit ━Jogging, oui c'était bien ce qui occupait mes journées quand j'avais du temps libre. Ca et mon boulot. Mais aujourd'hui, je n'avais pas cours et il semblait bien que j'avais réussis à échapper à la vigilance de l'insupportable Aiichiro. Peut-être bien qu'il serait ce soir au club mais, en attendant, cela me faisait un peu de répit. Résultat, comme il faisait plutôt beau et que j'étais d'assez bonne humeur pour une fois, je m'étais décidée à aller courir. Et pour changer, j'avais quitté Minato pour aller au parc Yoyogi. C'était uniquement histoire de totalement me changer les idées, de m'aérer l'esprit et de faire travailler mes muscles. J'étais étudiantes en arts martiaux, mon corps c'était un peu ce qui me permettait de vivre. Le pire c'est que c'était aussi ce qui me ramenait de l'argent, travailler comme strip-teaseuse n'avait rien de glorieux mais, c'était le boulot qui payait le mieux et qui m'arrangeait le mieux dans mes horaires. C'est ce que j'essayais de me dire tous les soirs ou à chaque fois que ces pervers lubriques me reluquaient. Le problème c'est que même dans un parc il y a des pervers lubriques. Mon aversion pour la gente masculine ne faisait que se renforcer d'années en années, à tel point que cela risquait de finir par être handicapant. Heureusement que je n'en était pas encore à l'étape où la simple présence d'une de ces créatures dans une salle me faisait me sentir mal. A vrai dire, ce n'était pas que je me sentais mal, plus qu'ils me tapaient sur le système. Je glissais mes écouteurs dans mes oreilles afin d'écouter de la musique. Du rap coréen, c'était ma dernière lubie entre Zico et Mad Clown, ou encore Jay Park. Bref, la question n'était pas là. Je mis ma playlist en marche en commençant à courir à un bon rythme. Il ne s'agissait pas d'une course de vitesse mais, j'étais assez sportive, ce qui faisait que je n'étais pas non plus trop lente. J'aimais l'ambiance d'un parc en pleine journée quand les enfants étaient encore entrain de jouer. C'était le meilleur moment pour faire un jogging. Cela avait tendance à me redonner le sourire de les voir heureux. Bref, j'étais partit pour une bonne petite trotte. Un quart d'heure, vingt minutes plus tard, je fis une petit pause pour boire un peu. J'ouvrais ma bouteille, me désaltérais quand une jeune fille entrain de pleurer sur un banc attira mon attention. Qu'est-ce qu'elle avait. J'enlevais mes écouteurs pour m'approcher d'elle, sauf que ce qu'elle dit me fit reculer un peu.
-"Puppy... On m'a appelée de nombreuses manières mais jamais comme ça. Non, désolé moi c'est Jessica."
Vu son visage, quelque chose la faisait paniquer, et la faisait paniquer grave. Est-ce que je devais lui dire que son maquillage avait couler et qu'elle ressemblait à un panda? Non, cela ne me semblait pas être le bon moment, peut-être plus tard mais pas tout de suite. Je me grattais le front et cherchais un mouchoir dans la ceinture que j'utilisais lorsque j'allais courir. Elle me permettait de porter ma bouteille mais aussi d'y ranger mon porte-monnaie, mes clés et mon téléphone. Sans oublier que cela m'ajoutait un poids et une difficulté pour courir. J'aimais le challenge. C'est pour cela que je m'étais lancée dans une discipline quasiment uniquement composée d'homme et que je passais mon temps à m'imposer des choses de plus en plus compliquées.
-"Vous avez un problème? Je peux peut-être vous aider si vous le voulez?"
J'étais sûre que si certaines personnes étaient là, elles trouveraient mon comportement étrange. Je ne passais pas pour quelqu'un de franchement sympathique en général, parce que je voulais renvoyer cette image mais, en réalité, j'étais plutôt serviable, uniquement avec les filles et les personnes qui savaient se comporter correctement en société. Bref, elle avait l'air tellement désespérée que si je pouvais lui donner un coup de main, je comptais bien le faire.
Le ciel aurait pu lui tomber sur la tête que cela n’aurait pas été forcément plus douloureux. Ce n’était pas Puppy qui se tenait juste à côté d’elle. Non, forcément… Comment avait-elle pu imaginer qu’il reviendrait de lui-même ce petit… monstre. Après le stade de l’angoisse, de la tristesse, voire de l’affolement, tous les sentiments qui l’habitaient semblaient à présent tendre vers la colère. Elle inspira profondément, dépitée. Elle ne l’avait pas retrouvé mais, en plus, il la faisait passer pour une folle. Elle renifla, se passa la main sur le visage, ne se doutant pas une seconde que, à l’instar du chien, elle ressemblait à son tour à un panda. Fichu mascara ! Elle releva le visage vers la jeune femme qui la saluait, mi-gênée mi-reconnaissante. Elle se présenta. Jessica. Et ne s’enfuit même pas après s’être entendue appeler Puppy. Yi Qian lui sourit difficilement et hocha la tête quand elle lui proposa son aide.
La jeune femme avait l’air plus sportive qu’elle-même ne l’avait jamais été et, en cet instant, leur différence d’âge s’effaçait complètement tellement Yi Qian donnait l’impression d’une gamine venant de commettre un énorme bêtise. Elle s’efforça de retrouver une contenance pour sauver le peu d’honneur qui lui restait, mais le stress continuait de prendre possession de tout son être et l’empêchait de réfléchir correctement. Elle baissa les yeux sur la pelouse impeccable puis les releva. « Merci, c’est très gentil. » Si l’un de ses étudiants ou même collègues la voyaient dans cet état, elle était fichue. Il inspira profondément, ce qui manqua de la faire s’étrangler. Elle releva finalement des yeux implorants. « En fait, j’ai perdu Puppy… » Elle renifla. Le fait de le dire tout haut rendait la chose encore plus réelle et douloureuse.
En vérité, elle s’en fichait bien d‘avoir perdu ce chien. Ce qu’elle craignait, c’était les conséquences… Elle essaye de ne pas trop y penser pour éviter de stresser encore plus et se releva. Elle n’allait pas baisser les bras maintenant que quelqu’un lui venait enfin en aide. « Puppy, c’est un chien. Petit. Et peint en panda. » Bon, c’est sûr, elle allait la faire fuir maintenant. Et pourtant, c’était la vérité. Elle regarda autour d’elles, de nouveau sur le qui-vive. Mais qu’est-ce qui lui avait pris d’être aussi abattue ? C’était une perte de temps évidente. Elle inspira profondément et posa les mains sur ses hanches avec détermination. « J’étais chargée de le garder et je l’ai perdu il y a une demi-heure environ. Depuis, impossible de le retrouver. » Évidemment… Avec une lueur d’espoir, Yi Qian orienta son regard vers Jessica. « Est-ce que vous l’auriez vu ? »
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