Tenue ∆ Samedi, c’était le week-end, et le temps était affreusement sec et froid. Il avait neigé sur Tokyo mais la compétition n’avait pas été annulée pour autant. Dégageant la neige en montant le matériel sur le grand parc, ils avaient assuré qu’il n’y aurait aucun risque et que la compétition avait bien lieu. Un peu de neige n’allait pas nous tuer de toute façon. Que ça soit du freestyle ou du race, aujourd’hui était une grosse journée et je comptais bien rafler le premier prix du race. Je n’avais aucune idée du parcours qu’ils avaient monté et il me tardait de le voir. Assis dans un coin du stade ou des gens affluaient en pagaille pour venir voir les compétitions, moi je soufflais un coup en me préparant mentalement. Mon manager revenant, je me mis à rire en apprenant qu’il s’agissait d’un terrain whoops. En clair, des séries de bosses rapprochées. C’était ce que je kiffais le plus. Amusé, je le suivais enfin pour enfin effectuer la compétition. Plusieurs heures plus tard, et totalement mort, je me laissais tomber sur le sol en soufflant. Journée épouvante, fatigante et éreintante. J’avais gagné l’or dans ma catégorie,  mais je n’en étais pas fier. Pourquoi ? Car si l’autre n’avait pas raté son saut en tombant du vélo, j’aurai fini second. Gagner dans ce genre de condition ? Non. Je n’étais pas fier du tout. Fais chier. J’avais l’impression de ne pas mériter cette médaille. Et ce n’était pas une impression. Me relevant, énervé, j’annonçais à mon manager que je filais m’acheter à boire. L’abandonnant là, main dans les poches, je marchais en regardant autour de moi. Il y avait encore quelques compète de freestyle. J’irais voir plus tard. Détournant le regard en direction de la buvette, je le vis. Genre comme si une lumière clignotait au-dessus de lui pour annoncer qu’il était là. Wow. En même temps j’aurai dû m’y attendre. J’suis con ma parole. Le fixant en continuant de marcher, nos regards se croisèrent. Ils se sont croisé nos regards non ? Oh merde. Continuant d’avancer, arrivant à sa hauteur, je détournais le regard, mal à l’aise en me souvenant tout d’un coup de notre dernière conversation, pour passer devant lui sans m’arrêter. Mon cœur battait comme un dingue et moi, j’me sentais terriblement con. Fais chier.

TENUE ∆ Les compétitions se passaient souvent le samedi ou le dimanche de manière à attirer le plus de monde, ça paraissait logique en même temps et puis la semaine entre nos cours à l’université et les entrainements ça paraissait complètement impossible sauf en dehors des vacances bien entendu. Contrairement à ce que l’on peut penser le BMX est plutôt populaire, surtout chez les jeunes ou les amoureux de sport extrême, ce qu’on fait laisse souvent les gens bouche bée et ça nous amuse toujours, pour eux ça semble si incroyable, si compliqué, si dangereux alors que pour nous c’est simplement... dément, presque facile avec le temps, l’habitude, l’entrainement et la passion. Quand je suis sur mon vélo je me sens juste heureux et pire encore, malgré le danger je m’y sens en sécurité, comme si quoi que je fasse je retomberai sur mes deux roues, j’ai confiance en moi, c’est surement ça aussi qui m’aide à ne jamais douter, quitte à tomber, je me relève et recommence jusqu’à ce que ce soit parfait, je n’abandonne jamais.

Les heures sont passées et mon enchainement s’est déroulé sans faute, de quoi scotchent les spectateurs et récolter beaucoup de bruit positif qui a fini par m’offrir la première place, c’est le genre de concours où il faut tout donner pour montrer que le niveau qu’on a ne cesse jamais d’évoluer. Maintenant que la compétition et terminer je parle avec d'autres participants au stand, mon manager s’occupe avec les pros de vérifier que les réglages de mon bmx sont toujours au top, puis dans un rire communicatif échangé avec le groupe je tourne la tête pour reconnaitre un visage entre tous. Yuki ? Autant dire que je suis surpris, mes yeux s’écarquillent de surprise et mon rire se calme pour le fixer de loin, s’avancer vers moi, je me suis décalé du groupe pour pouvoir lui parler, mais il m’a juste... snobé ? Me passant à côté comme si de rien n’était, mais j’ai vu son regard et plus qu’être vexé je suis amusé, mon sourire sur mes lèvres en témoigne alors qu’un de mes potes s’approche pour me demander ce qui se passe ou pourquoi je rigole, ça donne la chair de poule n’est-ce pas ?

Je lui jette un regard en biais gardant mon sourire avant de lui taper l’épaule et m’échapper en suivant Yuki de quelques mettre d’écart, quand on se retrouve à bonne distance de la foule, les mains dans les poches, proche d’un distributeur de boissons, m’adossant à la machine à côté de lui. Avec mon accent habituel et charmant je lui lance « C’est un peu cruel de m’ignorer comme ça Yuki~ » d’accord c’est étrange de le voir en... vrai ? Mais quand même. Je ne vais pas passer à côté en le laissant filer comme si on ne se connaissait pas merde.

Tenue ∆ L’ignorer n’était surement pas la bonne manière de faire. Mais je ne savais pas quoi faire d’autre. J’étais tellement angoissé pour le coup que c’en était carrément flippant. Le voir en vrai, là, franchement c’était flippant. J’avais l’habitude de lui parler sur le net et tout de le voir à travers un écran, pas de le voir de mes propres yeux et de pouvoir le toucher de mes mains. J’avais surtout l’impression d’être une gamine qui voyait son crush du moment. Secouant la tête à cette pensée, je m’insultais d’abruti. De toute façon, ce qui se passait sur le net restait sur le net. Même concept que Las Vegas. Si je ne voulais pas finir par m’arracher mes pauvres cheveux, autant ne pas se prendre la tête. Soupirant longuement, je passais ma langue sur mes lèvres, en pressant le pas. Arrivant près de la machine à boisson, je sortis mon portefeuille de la poche arrière de mon jean, cherchant l’appoint pour insérer les pièces dans la fente. Clignant des yeux, je secouais la tête en préférant ignorer ce à quoi je venais de penser. Prenant un thé Sakura je me penchais pour prendre la boisson et l’ouvrir. « C’est un peu cruel de m’ignorer comme ça Yuki~ » Tournant le regard alors que je buvais, je le vis adosser contre la machine à me fixer. Si près. Le regardant sans rien dire, je continuais de boire avant d’éloigner le goulet de la bouteille de mes lèvres. Passant ma langue sur celles-ci pour enlever les légères gouttes qui s’étaient échappé, je mis le bouchon avant de sourire en coin. J’allais quand même partir en courant, même si franchement, c’était une option pas mal du tout non ? Mais je passerais pour un pauvre con. « C’est pour ça que tu m’as suivis Atlas ? Pour me gronder de t’avoir ignoré ? » Me gronder… Vraiment ? Mais j’utilisais des mots que mêmes les gosses n’utilisaient plus de nos jours. Riant doucement, je me détournais pour regarder autour de nous. Main libre dans la poche, je le regardais de haut en bas, comme pour confirmer qu’il s’agissait bien de lui. « Alors ? Comment c’est passé ta compétition ? Si tu es ici c’est pour concourir et pas en tant que simple spectateur. Je me trompe ? » D’un ton enjoué, je le provoquais du regard. Ce genre de regard enjoué, qui démontrait clairement ma passion pour le Bmx. « Quelle place ? » Etait-ce vraiment important de savoir quelle place il avait eu ? Un peu. On était de vrai combattant lui et moi. Et ça on le savait très bien. On en avait assez parlé.

TENUE ∆ Bien entendu c’était étrange de le voir en vrai, parce que ça me faisait réalisé que ces « sentiment » étrange, cette attirance qu’ont partagée sur le net sans se l’avouer n’était pas fictive, j’avais beau me dire que c’était un mec, mon regard se reposer sur lui avec insistance, des regards que je préfèrerais fuir, des pensées que j’aimerais oublié, des envies que je préfère effacer, c’est étrange, mais bien que je sois ouvert à tout et loin de m’enfuir en courant devant les situations difficiles à gérer, j’avais un énorme point d’interrogation qui spoter entre nous, comme pour me faire comprendre que justement, il n’y avait aucune réponse correcte ou vérité face à cette situation.

Je l’ai suivi parce que je n’imagine pas avoir la chance de le voir et le laisser filer pour ensuite parler sur internet comme si de rien n’était, on voulait se voir non ? Où était-ce seulement moi qui en avais envie ? Alors oui, je m’adosse à la machine à côté de lui et lui fait part de mon ressenti non sans un petit sourire sur mes lèvres, je sais qu’il fuit, mais justement... Que fuit-il vraiment ? « Te gronder ? » Je ris en sortant une pièce de ma poche pour me prendre une canette à mon tour sans rien rajoutent dans l’immédiat, ce n’est qu’une fois la boisson portée à mes lèvres et les premières gorgées avalées que je repris. « Pour quelle raison je devrai te gronder, pour me fuir encore ? » Je lui lance un regard explicite avant de répondre a son autre question concernant le BMX. « En effet, je t’avais dit que j’avais une compétition bientôt non ? » Sauf si ce qui s'est passé ensuite lui a fait oublier ce détail haha. Mais nos regards brillent de la même intensité lorsqu’on parle de notre métier, c’était déjà le cas au début, lorsque nous avions commencé à partager notre passion, partageant nos expériences et nos connaissances. J’aime ce regard qu’il a et qui doit refléter le mien, nous sommes différents tout en étant identique, une passion fait des miracles.

« À ton avis~ » Je lève le pouce. « La même que la tienne je suppose ? »

Tenue ∆ « Te gronder ?» Oui, le mot ne lui avait pas échappé. En même temps… Quel pauvre abruti de la vingtaine sortait ce mot à part moi ? Bonne question. Suivant tous ses mouvements, comme si c’était vital et qu’il ne fallait pas en rater un seul, je restais là, à baisser le regard sur ses mains et la canette qu’il prit. Clignant des yeux, je le regardais boire, en me disant qu’il faudrait peut-être que j’arrête de le regarder. C’était non seulement malpoli, mais ça devait le gêner. Ou alors ça ne gênait que moi dans le fond. « Pour quelle raison je devrai te gronder, pour me fuir encore ? » Nos regards se croisant je boguais le temps d’une demi seconde avant de rire légèrement, ma lèvres se dessinant dans un rictus amusé. Il avait raison, j’avais encore fuit. J’étais un fuyard fallait croire. Mais le contexte s’y prêtait. C’était trop bizarre ce qu’il se passait. Autant fuir avant que la guerre ne commence non ? « En effet, je t’avais dit que j’avais une compétition bientôt non ? » Passant légèrement ma langue sur le coin de ma bouche, je la remontais le long de ma lèvre supérieure avant de sourire un peu plus. Il m’en avait parlé en effet. Je n’avais pas oublié. J’aurai même dû y penser au fait qu’il serait là. Est-ce que lui aussi s’était dit qu’il pourrait me croiser ? Bonne question. « C’était indéniable dans le fond. Un jour ou l’autre fallait bien qu’on se croise. Qu’on le veuille ou non le monde du bmx est petit. » Susurrai-je amusé, en portant à nouveau la bouteille à mes lèvres, buvant longuement avant de soupirer quelque peu. Ignorant le fait qu’il devait me gronder pour avoir fui, je mordillant mes lèvres en lui demandant quelle place il avait eu à sa compétition. « À ton avis~ La même que la tienne je suppose ? » Regardant son pouce en l’air, mon sourire s’élargissait au maximum. Levant le poing pour qu’il me le check, je lui lançais un regard brillant de joie et de fierté. « Je suppose aussi qu’on a eu la même place. » Et ça, ça prouvait bien notre niveau. Même si aujourd’hui j’ai failli finir second. Mais je ne préférais pas en parler. Ça m’énervait rien que d’y penser. Autant omettre ce point-là de la compétition. Finissant ma bouteille, je l’écrasais d’un coup avant de la lancer dans la poubelle non loin de là. Panier, je souris amusé, avant de replonger mes mains dans mes poches. « J’sais pas toi, mais moi il me tarde déjà de remonter sur mon vélo. Qu’il pleuve qu’il vente ou qu’il neige. » Regardant le ciel blanc, démontrant qu’il allait surement encore neiger d’ici quelques heures ou surement ce soir une fois la fraicheur bien tombée.

TENUE ∆ Bien que cela ne me gêne absolument pas, je pouvais sentir son regard sur moi, plus que m’embarrasser je trouve simplement ça étrange ou incompréhensible, faisant la même chose, le regardant également comme quand je le dévisage ou l’observe de l’autre côté de l’écran, mais là il n’y a pas de distance entre nous, chaque mouvement, chaque regard sont directement en contact, on peut se toucher et sentir la présence de l’autre, ce mec me rend fou, il me fait me poser des questions sur des choses que je n’aurais jamais pensé voir venir, une attirance pour un homme... Ok, il est beau, il partage ma passion, il est cool, il est... wow doucement Hyôga. Mais est-ce que ça peut expliquer qu’en clair je pourrais avoir envie de me le faire ? Mon cœur s’emballe, putain quelle idée aussi de faire ressentir des trucs bizarres a des hommes ! Mon meilleur ami me contamine ce n'est pas possible, lui est sa manie de coucher avec tous les mecs qui passent... Sauf moi, même si dire qu’il n’a pas essayé serait un mensonge, toujours en chaleur. BREF, tout ça pour dire que Yuki est une grosse prise de tête, je ne sais même pas s’il en a conscience, en même temps s’il me fuit peut-être que c’est justement parce qu’il est dans le même cas. Je soupire, il ne répond pas à mes paroles pour enchainer directement sur le BMX, une autre façon de ne pas s’attarder sur un sujet délicat. « C’est vrai, tu marques un point. »  Je souris, parlant alors de nos places, ça paraît presque évident non ? Mon visage exprimant la joie et la satisfaction je cogne mon poing contre le sien. « Bien joué ! » Un clin d’œil, je le félicite quand même, n’empêche que ce check est le premier contact « physique » qu’on établit... Je soupire, je vais vraiment remarque chaque petit truc comme une meuf là ? Pas possible. Buvant de nouvelles gorgées de ma canette, je lève les yeux au ciel. « Pareil, puis j’aime la neige.» C’est étrange j’ai l’impression de lui faire une déclaration vue son surnom, ce qui me fait rire sans quitter pour autant le ciel. « D’ailleurs... C’est quoi ton prénom ? » Oui parce que depuis le début on s’appelle par nos pseudos, mais ça serait bien de se présenter officiellement maintenant qu’on est face à face non ?

Tenue ∆ « C’est vrai, tu marques un point. » J’avais toujours raison de toute façon. Pas que je sois imbu de ma personne, mais c’était comme ça. Le sourire aux lèvres, le poing en l’air, il leva le sien pour cogner le mien. C’était bizarre, la sensation que ça faisait. Comme si c’était la première personne à qui je cognais le poing. Non, pas du tout. Bon nombre de gens y était passé avant lui. Alors pourquoi ça me donnait des frissons ? Putain ça me rendait fou cette histoire moi. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. « Bien joué ! » Le regardant du coin de l’œil, un faible rire s’échappa d’entre mes lèvres. « Toi aussi. Qui sait, peut-être qu’un jour je ferai d’la compétition de freestyle face à toi. M’en veux pas si je te gagne, hum. » Petit claque dans le dos, bien évidemment je rigolais. Il était indéniablement plus balèze que moi en freestyle. C’était sa spécialisation. Je n’étais pas nul, mais je ne m’entrainais pas aussi souvent que lui. Tout comme le race pour lui. Soupirant longuement, et histoire de ne pas laisser de blanc s’installer, je me mis à parler, de la neige et du fait que malgré une météo de merde je n’hésiterais pas à monter sur le vélo. « Pareil, puis j’aime la neige. » Mon cœur s’emballant sur ces paroles, je déglutis en fronçant quelque peu les sourcils. Cette phrase sonnait à double sens et ça me… Ça me quoi bordel ? Rien du tout. Il aimait la neige point. Comme moi. Ni plus ni moins. Pourquoi je me prenais la tête sur la moindre de ses paroles là ? J’étais un mec, pas une meuf en train d’analyser si le mec m’aimait ou pas. Putain mais pourquoi il m’aimerait ?! « J’aime la neige aussi. A Fukuoka il neige bien plus souvent que sur Tokyo. C’est ce qui me manque le plus. » Petite confession anodine. Pas que je sois le gars à me trimballer dans la neige faire des bonhomme et tout ça. Non, au contraire, j’aimais simplement le paysage blanc que ça offrait. La nature, les animaux dans la neige et tout ça. « D’ailleurs... C’est quoi ton prénom ? » J’aurai dû m’y attendre à cette question. Yuki ne devait pas lui suffire. « Kyota. Et toi ? » J’étais habitué à l’appeler Atlas. Comment pouvait-il s’appeler ? Je n’en avais aucune idée. Le soleil commençant à décliner offrant un ciel légèrement orangé derrière tous ces nuages, je souris sous la vue en soufflant dans mes mains. « Et tu viens d’où sinon ? Pas que, mais je ne sais pas d’où vient ton accent, ça m’intrigue. Tu viens du nord ? »

TENUE ∆ Je ne pouvais savoir ce qu’il pensait comme il ne pouvait se douter de ce que j’avais en tête, mais il suffit d’échanger un regard pour le comprendre, certes c’était plus qu’étrange, mais on ne pouvait pas vraiment mettre de mot dessus, moi en tout cas je n’y arrivais pas, je ne savais pas comment déchiffrer cette attirance ou même les battements de mon cœur, je tombe facilement amoureux et je me lasse vite, mais jamais je ne me suis épris de loin ou de près d’un mec, il m’a parlé de nouveauté, d’essayer d’autre chose quand nous étions sur internet, mais comment comprendre quoi que ce soit à ce bordel, c’est trop compliqué, je crois que quelqu’un a foiré son coup là, que ce soit cupidon ou qui que ce soit il devrait juste donner sa démission parce qu'il fait le con. Je ris simplement a ses paroles, comme s’il pouvait me battre, je suis confiant devant mes compétences et je ne compte pas laisser quelqu’un me prendre la première place facilement, même lui. Je suis compétitif et il le sait, surement parce qu’il l’est aussi. « Dis ça quand tu m’auras battu hum~ » Je lui réponds sur le même ton qu’il a employé, parlant ensuite de neige, j’aime ça. Peut-être que ma façon de le dire ou le fait d’employer « Yuki » sonne étrange entre nous et met encore plus de doute, cependant je n’avais pas pour habitude de contourner mes paroles, tant pis si elles avaient des doubles sens gênant, embarrassant, troublant, pervers ou autres. « Oh, tu viens de Fuku'... Attends-tu vis à Tokyo ? » Ok, time, je pensais qu’il était dans une autre ville du Japon moi. Je demande son prénom surtout par curiosité, j’aime son pseudo et je continuerai surement de l’appeler Yuki, mais on a énormément parlé ensemble et pourtant on ignore des points basiques, on sait des truc plus poussé, mais maintenant qu’on est face à face il est peut-être temps de mettre des infos sur nos visages. « Hyoga. » Nos prénoms se ressemblaient même, c’est amusant. Je souris en le fixant, avant de terminer la dernière gorgée de ma canette tout en la jetant à la corbeille. « Haha, on me le sors souvent, mais je suis de Tokyo, je suis même né ici. » Oui, j’avais un accent totalement différent des autres, mais qu’est-ce que j’y peux. « Sauf si j’ai été adopté a ma naissance et là tout serait plus clair, m’enfin il y a peu de chance non ? »

Tenue ∆ « Dis ça quand tu m’auras battu hum~ » Un léger rire s’échappa d’entre mes lèvres. « D’accord. Ça me donne envie de te taquiner le parc avec toi. » Dis-je de façon sincère. Je ne l’avais encore jamais vu sur un vélo, et tout à coup j’étais curieux de voir ce que ça donnait. J’avais envie de le voir et de rester à le regarder s’entrainer pendant des heures. Drôle d’envie quand même. Soupirant légèrement, il me fit une sorte de révélation. Il aimait la neige. Mais sa façon de le dire me perturbait. Mon pseudo était Yuki, de surcroit neige en japonais, j’avais l’impression d’y voir un double sens. Ou alors c’était moi qui me faisais le plus gros film hollywoodien dans la tête. Je n’en savais trop rien. En tout cas moi ça me manquait. Ici la neige était moindre que Fukuoka. Le temps était plus humide et frais que sur Tokyo. « Oh, tu viens de Fuku'... Attends-tu vis à Tokyo ? » Surpris par sa façon de répondre, je le regardais sans trop comprendre. Il avait l’air surpris que je puisse vivre sur la capitale nippone. Il pensait que je vivais où ? Enfin, je sais que le Japon c’est grand, enfin tout est relatif, mais ce n’était pas une raison pour être si choqué. Il vivait aussi sur Tokyo ? « Quoi ? Pourquoi t’es si choqué ? Tu pensais que je vivais où ? » J’étais curieux de savoir où j’aurais bien pu vivre selon lui. C’était drôle quand même. Me demandant mon prénom, je le lui donnais sans hésiter. Passer de Yuki à Kyota, ça allait lui faire drôle. Tout comme moi passer de Atlas a… ? « Hyoga. » On avait des prénoms similaires. A deux lettres près, on pourrait même croire qu’on avait le même prénom. Suffisait de mâcher un peu le mot et ça passé crème. Bizarre quand même. Mais j’aimais bien son prénom. « Haha, on me le sors souvent, mais je suis de Tokyo, je suis même né ici. » Il était donc de Tokyo. Voilà pourquoi il s’étonnait. On vivait dans la même ville sans même le savoir. C’était marrant. J’aimerais bien savoir où il vivait sur Tokyo, quelle université il fréquentait et j’en passe. « Sauf si j’ai été adopté à ma naissance et là tout serait plus clair, m’enfin il y a peu de chance non ? » Passant brièvement ma langue sur mes lèvres, je passais mon pouce et mon index sur le coin de ma bouche, me tournant bien vers lui en le regardant droit dans les yeux. « Je vois. Ben écoute, je ne sais pas. Je n’ai pas vu tes parents, j’peux pas savoir à qui tu ressembles. Mais à mon avis t’es bien leur fils. T’es juste un peu bizarre. » Dis-je en lui tapotant l’épaule, comme pour le réconforter. Bien évidemment je me foutais de lui. Amusé, je lui donnais un rapide coup d’épaule en soupirant. « Il est cool ton accent. Au moins t’es différent des autres. »

TENUE ∆ « Quand tu veux, j’aimerais voir ce que tu vaux sur le terrain » Je rigole, mais c’était plus parce que je voulais le voir à l’œuvre, en aucun cas parce que je doutais de ses compétences, loin de là. Je sais qu’en race il déboite tout, sinon il ne serait pas premier aujourd’hui tout comme moi en Freestyle. Sur internet autant dire qu’on se draguer vraiment, même si au début ce n’était pas aussi direct, les sous-entendus et les phrases à double sens sont devenu un notre manière de nous exprimer, du coup forcément que ma phrase ne peut pas le laisser de marbre, je me serais déclaré à lui que ça aurait été les mêmes mots, qu’on se fasse des films sur notre attirance mutuelle ou non, la vérité c’est qu’elle est là, il la ressent et je l’ai ressens, nos regards sont parfois plus bavards que nos bouches. Apprendre qu’il vit à Tokyo me surprend en effet, je ne pensais pas qu’on vivait proche tous les deux, si c’était le cas depuis le temps qu’on se parle on aurait pu se croiser n’importe où, c’est frustrant. Pourquoi je suis choqué ? Disons plus surpris par la nouvelle j’imaginais justement qu’il vivait dans une ville du Japon, Fukuoka, Yokohama peu importe où, mais pas au même endroit que moi tout simplement. Kyota, Hyôga, décidément on enchaine les coïncidences, mais c’est cool. Je plaisante un peu suite à sa question sur mon accent, parfois ça m’énerve parce que je n’y peux rien, les gens se moquent souvent ou pensent que je viens du Kansai ou que sais-je, mais non, je viens bien d’ici jusqu’à preuve du contraire.  « Te gêne pas~ » Il venait quand même de dire que je suis bizarre hein, mais venant de lui ça m’amuse plus qu’autre chose, il pouvait se moquer  je hausse les épaules en souriant à son petit coup. « En effet, je suis unique. » Je prends un air sûr de moi et fier, riant quelque peu, le courant passe bien, même en face a face, mais le regard que je lance ou la manière que j’ai de le dévisage ne me laisse pas en paix, me remplissant toujours autant de questions sur notre relation. « N’empêche c’est fou de se dire qu’on aurait pu se croiser n’importe où, mais qu’on a réussi à attendre une compétition commune pour se voir. » Le destin peut être haha, qui sait~

Tenue ∆ « Quand tu veux, j’aimerais voir ce que tu vaux sur le terrain. » Hochant la tête, un léger sourire sur le visage, je pinçais l’intérieur de mes joues de mes dents avant de soupirer. « On s’organisera ça alors. J’sens qu’on va s’amuser. »Et c’était sincère. Pourtant d’habitude j’étais du genre à m’entrainer seul. Rare sont ceux avec qui j’ai taquiné le bitume. Pas que je sois prétentieux ou autre, juste que je préfère être seul, dans mon monde, ma bulle et m’entrainer comme je l’entends. Il ne le savait pas, mais il devrait se sentir honoré rien que de cette proposition. La conversation semblait naturelle, comme si ce n’était pas la première fois que nous nous rencontrions. Certes nous avions eu de nombreuses discussions via internet et c’était surement ce qui y jouait. Mais je ne pouvais pas oublier ce que nous avions vécu. Rien de bien méchant. Des conversations avec des paroles assez … Des phrases à doubles sens. Et quand j’y pensais c’était limite gênant. J’essayais de ne pas y penser d’ailleurs. Sinon, j’allais encore fuir. Une troisième fois. Surtout quand il m’annonça qu’il aimait la neige. Révélation qui me paraissait être, elle aussi, à double sens. Puis on se mit à parler de lui, avec son accent, je me demandais bien d’où il pouvait venir et en fait, il venait d’ici. Il était de Tokyo et n’avait jamais bougé. Comme quoi. Tout pouvait arriver sur terre. Je le taquinais d’ailleurs un peu plus en disant qu’il était simplement bizarre. « Te gêne pas~ » « Bah non écoute. Pourquoi je me gênerais ? » Petit ton provoquant pour le fun, un rictus se logea sur mes lèvres. J’avais envie de jouer. Voilà. Comme notre dernière conversation skype. Non. Surtout pas. « En effet, je suis unique. » Je levais les yeux au ciel amusé. Il ne ratait rien lui. Mais oui, il était unique. « N’empêche c’est fou de se dire qu’on aurait pu se croiser n’importe où, mais qu’on a réussi à attendre une compétition commune pour se voir. » Mordillant mes lèvres j’haussais les épaules en plongeant mes mains dans mes poches. « C’est vrai. Manquerait plus que tu me dises être dans mon université. J’suis à la Royal School. T’es où toi ? » J’étais curieux. Y’avait pas mal d’université sur Tokyo. Ça serait gros non, si on était dans la même université quand même. Se voir lors d’une compétition, ok, coïncidence. Mais là ça serait trop gros. Non ?

TENUE ∆ Je m’entraine seul aussi, avec mon vélo je peux le faire n’importe où c’est ça l’avantage du Freestyle, des escaliers, des pentes, des endroits bossés, je peux m’exercer dans n’importe quel endroit et ça laisse une grande liberté à mes mouvements. Bien entendu j’aime le faire sur un terrain à l’abri ou je peux créer de nouvelles figures sans me vautrer en pleine rue, j’ai ma fierté quand même ! Mais voilà... J’ai hâte de pouvoir en faire avec Yuki, de le voir à l’œuvre sur un bmx, de mettre des images sur toutes nos conversations, sur nos passions en action, oui, j’ai vraiment hâte et l’expression prenant place sur mon visage en est la preuve. La conversation s’enchaine et les doubles sens semblent être une habitude entre nous, que ce soit avec tous ses sous-entendus échangé sur le internet où je fais que je me « déclare » à lui en aimant la neige, ça paraît idiot, mais je sais que c’est loin d’être terminé, bien que de son côté il me trouve bizarre, je ris en secouant doucement la tête. « Tu as raison, à quoi ça sert hum ? » Encore une vision double, pas ma faute si mes pensées sont loin d’être sein et c’est encore plus troublant, pensant à notre dernière conversation sur Skype. Je me demande où elle serait allé si Yuki n’avait pas fui, c’est frustrant. Puis honnêtement je trouve ça étrange qu’on vive dans la même ville sans s’être croisé, on a le même âge et aucun de nous deux ne reste cloitré chez lui h24 n’est-ce pas ? Alors oui, pour moi c’est fou et encore plus lorsqu’il me répond, c’est le bug total. Je le fixe sans prendre une expression particulière, mais mes iris plantés dans les siennes sont comme figée, avant de pouffer et rire comme un idiot...

« Ok... Il y a une agiotage quelque part, ce n'est juste pas possible. » Qu’on soit dans la même ville d’accord, mais dans la même université, le même dortoir ? Je ris bon Dieu, ma main passant sur mon visage avant de la passer dans mes cheveux pour les ramener en arrière sous la nouvelle assez surprenante. « Et tu étudies en sport je parie ? » Bah allait hein, autant continué sur notre lancé. « Même ville, même université, même âge, même passion, même dortoir, même section et on s’est jamais croisé ? C’est qui l’enfoiré qui joue avec nous là ! » Je lève les yeux au ciel comme pour désigner quelqu’un d’invisible, mais présent ! En plus de nous attirer l’un vers l’autre, faut qu’on découvre qu’on était « voisin » WTF.

Tenue ∆  « Tu as raison, à quoi ça sert hum ?  » Lâchant un bref, héhé, je ne répondis rien de plus. Parce qu’il avait tout dit et que mon simple petit héhé voulait tout dire aussi. Je ne me gênerai pas car c’était comme ça. Je fuyais peut-être parfois, mais je savais aussi faire du rentre dedans et assumer mes dires. Pour cette fois j’assumais parfaitement le fait que je ne me gênais pas de faire ça. Mais soit. La conversation de vive voix me plaisait de plus en plus et il avait bien fait de me suivre. Il aurait pu me laisser fuir mais ne l’avait pas fait. Faudrait que je l’en remercie peut-être. Mais pas de vive voix. Ou plutôt pas face à face. Mais derrière un écran. C’était bien plus facile. Parlant du fait que nous étions en fait dans la même ville je ne pus m’empêcher de le taquiner en disant que ça serait bizarre si comme par hasard, nous étions aussi dans la même université. Ok, ça pouvait être une coïncidence pour la ville, mais si c’était la même université aussi… ça serait… Je ne sais pas. Je ne voulais pas réellement me plonger dans ce genre de théorie putain de foireuse. Il riait. Hein ? Pourquoi ? « Ok... Il y a une agiotage quelque part, ce n'est juste pas possible. » Ecarquillant faiblement les yeux, je le regardais faire avant d’entrouvrir la bouche. Non… ? Me dites pas que… ? Nous étions dans la même université ? « Et tu étudies en sport je parie ? » … Non. Mais non. Impossible. Je l’aurai forcément croisé ! Non ?! « Même ville, même université, même âge, même passion, même dortoir, même section et on s’est jamais croisé ? C’est qui l’enfoiré qui joue avec nous là ! » Passant une main sur mon visage, ce fut mon tour de rire. Oh putain. Non. C’était réellement sérieux ? « Tu me fais pas de blague hein ? T’es vraiment à la royal ? » Demandai-je comme pour confirmer qu’il ne me faisait pas de plan foireux ou que sais-je. Soupirant longuement, je me mis à marcher avant de sourire en coin. « Je suis dans la section sport. Foot plus précisément. C’est con qu’il n’y ait pas option bmx mais bon. » Un peu d’humour ne faisait pas de mal. « Attends. Laisse-moi deviner. T’es dans la section équitation ! » ça ne pouvait qu’être ça. Il faisait du cheval et tout… En tout cas il n’était pas en foot ça s’est sûr ! « Tu paris combien, que maintenant qu’on sait qu’on est dans la même fac et les mêmes dortoirs, lundi on va se croiser trente-six mille fois ? » J’étais prêt à parier gros là-dessus !

TENUE ∆ C’était tout de même un truc de fou, je ne pouvais que rire face à cette coïncidence bien trop énorme, je veux dire on ne passe pas inaperçu, ni lui ni moi, pas assez en tout cas pour qu’on ne se soit pas croisé durant des années, c'est complètement insensé, qui pourrait croire que ça puisse être la réalité et pourtant. Nous étions tous deux dans des pièces proches d’une de l’autre à se parler sur le internet, s’aguicher, s’attirer, se draguer, se... Bref, je dois arrêter là, je vais finir par prendre tout ça réellement au sérieux à force, c’est un mec merdé, faudrait que ça me rendre dans la tête à force, même si mon cœur loupe des battements sans raison quand je le regarde, c’est frustrant à force, pourtant aucun de nous ne veut voir cette vérité en face, lui fui et moi, je ne suis simplement pas encore sur de tout ce qui se trame, sinon je n’hésiterai surement pas à lui dire les choses comme tel, mais même quelqu’un de confiant comme moi peut se retrouver dans une situation trop étrange pour pouvoir la maitriser, Yuki est justement cette « chose » que je ne contrôle pas. On est aussi choqué l’un que l’autre par cette révélation, riant devant le fait que ce soit simplement un truc de dingue. « Yep j’y suis. En fait j’étudie à Royal depuis la primaire. » Si jamais il me sort que c’est son cas aussi je rigole, mais je crois que la plus rien ne va finir par nous étonner après ça. « Je pensais la même chose, mais là on aurait été ensemble sans le moindre doute. » Si le BMX était une matière on y aurait eu notre place tous les deux. « Exact ! » Pas difficile de deviner que je fais du cheval dans cette école, si ce n’est pas le vélo c’est forcément l’autre avec moi. « Ça j’en mets ma main à couper... Mais bon en même temps maintenant que je sais que t’es proche de moi j’imagine qu’inconsciemment je vais te chercher du regard. » Ou peut-être consciemment, mais dans tous les cas je n’avais pas honte de dire les choses ainsi, peut-être comment il le prend. « Au moins on pourra sortir ensemble sans avoir à traverser la moitié du pays, je suis plutôt satisfait avec ça. »

Tenue ∆ « Yep j’y suis. En fait j’étudie à Royal depuis la primaire. » Depuis la primaire ? Bon, il y était depuis bien plus longtemps que moi. Je n’étais ici que depuis mes dix-huit ans. Et encore heureux. Ça aurait été flippant de pas se connaitre après tant de temps passé dans la même école. « Je te rassure, j’y suis que depuis quelques années. Je n’ai fait que l’université. Le reste c’était sur Fukuoka. » Le destin était là mais pas trop non plus, fallait pas déconner. « Je pensais la même chose, mais là on aurait été ensemble sans le moindre doute. » Oui… BMX, y’avait pas photo, on ne serait croisé et on ne se serait pas raté. Enfin, c’était bizarre d’imaginer la chose. « Exact ! » Je ne m’étais pas trompé, il était bel et bien en équitation. Ça paraissait logique quand on le connaissait un minimum. Et c’était mon cas. C’est dingue comme je pouvais le connaitre alors qu’on ne s’était jamais vu avant aujourd’hui. Ça paraissait même un peu flippant en soit quand on y réfléchit un peu. « Cool, tu pourras me monter sur un cheval alors. » Dis-je avant de froncer les sourcils. Il ne manquait pas un mot dans la phrase que je venais de dire ? Réalisant que oui, je fis comme si de rien était. Valait mieux pas qu’il percute ou… Ou quoi ? C’était débile. J’avais juste oublié un mot ça ne voulait pas dire pour autant que je voulais qu’il… Oh wait. Non, pas de pensée bizarres. « Ça j’en mets ma main à couper... Mais bon en même temps maintenant que je sais que t’es proche de moi j’imagine qu’inconsciemment je vais te chercher du regard. » Inconsciemment ? Pourquoi il allait me chercher du regard ? Ce n’était pas un peu bizarre dit comme ça ? Ou c’était juste bizarre pour moi ? « Au moins on pourra sortir ensemble sans avoir à traverser la moitié du pays, je suis plutôt satisfait avec ça. » Qu… Quoi ? Sortir ensemble ? Ça sonnait comme… Comme un date putain ! Le regardant droit dans les yeux, sans trop savoir quoi faire ni que dire, je souris de façon… De façon… Je n’en savais plus rien. J’avais l’impression de me faire draguer comme un fou là. Toussant doucement je détournais la tête en soupirant. Je sentais même mes joues rougir. C’était flippant. « On pourra en effet se rejoindre devant les dortoir pour aller au parc ou autres. » dis-je simplement. « En tout cas moi j’ai une excuse pour pas t’avoir vu jusqu’à présent. Une tête brune y’a que ça à 90% à la fac. Alors qu’une tête verte… Franchement… ça court pas les rues. » Je le narguais en plissant le nez. Je savais pas trop pourquoi je le narguais de ne pas m’avoir vu avant. Mais je le faisais.

TENUE ∆ « C’est déjà bien quelques années non ? Putain c’est godiche comme situation. » Je ris, mais franchement ça ne pouvait pas arriver en temps normal, encore si on ne faisait que se parler sans jamais s’être vu, mais on se regarder, se détailler, se parler, bien que l’université soit grande faut pas non plus abuser, il n'y a pas trois mille dortoirs dans le campus... Je soupire en secouant mes cheveux avec ma main, alala, celle-là faut vraiment la raconter, on a fait fort. Dommage que le BMX ne soit pas une matière, on ne serait pas passé l’un à côté de l’autre avec ça. Mais bon ça ne sert à rien d’y penser, on peut toujours rattraper le temps perdu, il devine sans peine que c’est en équitation que je vais mes études, mais ... Je le fixe sans un mot, le jugeant du regard, croisant mes bras contre mon torse dans un « hum » explicite. « Je n'ai jamais essayé, mais pourquoi pas, c’est innovant. Je ne te savais pas si audacieux ~ » Oui je me moque de lui, mais honnêtement mon cœur me fait peur à chaque image qui peut traverser mon esprit, ce n'est pas normal, mais plus je pense que ça ne l’est pas et plus ça empire dans mon esprit. Comme un rebelle qui veut me pousser, me montrer qu'il n'y a rien de mal à être attiré par lui, sauf que lorsqu’on a passé toute sa vie en tant qu'hétéro c’est dur de s’imaginer qu’un seul bonhomme peut nous frustrer autant.

Pour la suite, je ne compte pas ignorer qu’il est proche de moi maintenant, mon regard le cherchera, que ce soit consciemment ou non, il va toujours être après lui et le pire c’est que je n’en doute même pas. Les doubles sens s’enchainent entre nous, c’est comme une façon de communiquer qui nous est propre et à laquelle on ne peut pas résister, mais au fond peut-être que des messages explicites tentent aussi de se faire comprendre à travers eux, qui sait. « Tu rougis ? » Dis-je en me penchant sur son épaule pour le regarder de plus proche, amusé par l’expression de son visage, il est mignon ce con. Je ris de plus belle en m’étirant les bras en l’air dans un soupire détendu. « C’est vrai, tu marques un point. » Mais bon il y a des extravagants de partout quoi. « Pardon d’être banal » Je lui tire la langue avant de fourrer mes mains dans mes poches. « On rentre ? » Nous allons au même endroit, autant faire le chemin ensemble en continuant de parler.

Tenue ∆ « C’est déjà bien quelques années non ? Putain c’est godiche comme situation. » … Quoi ? Go… Quoi ? Il me parlait en langue ancienne ou quoi ? Soit ce mec avait un penchant pour les vieux mots soit… Je n’en savais rien. Godiche quoi. Je souris quelque peu. Putain ça me faisait sourire comme un niais pathétique. « Yep. Enfin, heureusement que je suis venu boire hein. Sinon on se croisait pas et c’était parti pour passer une année de plus sans se voir. » Bon peut-être pas, mais qui sait. On ne s’était jamais vu jusque-là, alors bon tout était possible. En attendant, il était en équitation, moi j’étais en foot, mais ça, ça importait peu. Le plus important c’était le fait qu’il pourrait m’apprendre à faire du cheval bien plus rapidement. Sauf que comme un con, j’avais fait une connerie. J’avais oublié un mot. Je me sentais tellement con putain. C’était du grand n’importe quoi. « hum. Je n'ai jamais essayé, mais pourquoi pas, c’est innovant. Je ne te savais pas si audacieux ~ » … Je pouvais aller mourir s’il vous plait ? Non ? Rouge de honte, je toussais, m’étouffant presque, avant de lui tourner le dos. Mon dieu, cachez moi dans un trou de souris. « J’ai oublié un mot. Oublié. Je ne suis pas si… Oh bordel. » Me tapant le front mal à l’aise et ultra gêné, je soupirais lentement en essayant de calmer mon cœur qui lui battait à tout rompre. J’allais y laisser la peau moi avec tous ces sous-entendu et tout ça… Et maintenant qu’on vivait à côté, autant dire qu’on allait se voir et se croiser plus régulièrement. Qui me dit que demain en sortant pour aller en cours on allait pas se croiser dans le couloir du dortoir ? Je mettais ma main à couper putain ! C’était trop bizarre comme le destin parfois, était… Chelou ! Et puis lui il tournait ça là, comme si on allait avec un date. Ah bon ? « Tu rougis ? » Baissant mon regard alors qu’il était tout proche de moi, je le regardais droit dans les yeux, sans bouger. Putain, il était beau là. Trop… Beau. « C’est vrai, tu marques un point. » Le regardant s’étirer, je suivais les mouvements avant de détourner le regard. « Pardon d’être banal » Sa langue. Doux seigneur. « On rentre ? » Clignant des yeux en réalisant sa dernière phrase, je frissonnais comme pour me réveiller. « Ça va, t’es pas si banal. T’es mignon. » Et je sortais ça comme ça. Sans pression. Je ne voulais pas répondre ça de base. Mais soit. « Rentrons ensemble. Tu rentres en vélo ? Ou t’es venu en voiture ? » Je savais que certains venait avec les vélos dans le van. Enfin, ceux qui vivaient loin surtout. Mais étant sur Tokyo, j’étais venu en vélo. Autant s’entrainer et se chauffer pour venir. « On se rejoint là où on s’est croisé ? Je vais chercher mon vélo. Mon manager va me tuer. Je devais revenir vite. » Tant pis. Je préférais discuter avec Hyoga dans le fond qu’avec mon manager. Lui faisant un signe de main, je filais en direction du lieu où se trouvait mon vélo. Mains dans les poches, je discutais un peu avec le manager avant de récupérer mes affaires et retourner en direction de là ou on c’était croisé.  

TENUE ∆ Je ne fais pas attention aux mots que j’emploie, parfois je parle normalement puis j’incruste un langage étrange, mais je suis comme ça, même mon accent s’y ajoutant c’est parfois plus comique que si je sortais une blague ! M’enfin même si ça peut être vexant, ce n'est pas ma faute merdée, je fais avec. « Et heureusement que je t’ai suivi sinon tu aurais continué à me fuir aussi. » Au passage. N’oublions pas que monsieur m’est passé devant sans un mot comme s’il ne me connaissait pas, mais par chance j’ai pas une fierté démesuré, bien que confiant en mes capacités, pour le reste je fais souvent les premiers pas sans problème. Puis là ça dérape encore, la façon qu’il a de me dire ça... Le monter sur un cheval autant dire que j’ai eu des images étranges en tête et amusant aussi parce que je n’ai jamais pensé à coucher avec qui que ce soit sur le dos de l’animal, c’est étrange non ? Mais je me moque un peu de lui pour le coup et le voir aussi embarrassé avec son visage rougissant est encore plus craquant bon sang. « Haha, fais pas ton timide, t’es trop mignon Yuki~ » Je le regarde sans aucune gêne, je suis plutôt franc autant dans mes paroles que dans mes actes et ça se ressentent, même si intérieurement c’est la panique à bord. Mon cœur me trahis, je tente de ne pas craquer, de comprendre simplement où il me pousse à aller, mais c’est difficile, je me sens juste piégé. Nos paroles deviennent de plus en plus détournées, mais au fond est-ce que ce sont simplement des doubles sens sans conséquence ? Non, je ne pense pas et je suis certain que lui non plus, seulement aucun de nous n’est prêt à vraiment le réalise pour l’instant. Mignon ? « Pas si banal, c’est sympa. » Je l’embête, puis ma main vient s’écraser sur ses cheveux pour les secouer, ils sont doux... Mais je souris en rajoutant. « Merci~ » Bon aller, il vaut mieux rentrer, le temps tourne et il est déjà tard. « J’utilise toujours mon vélo~ » Hochant la tête je le regarde partir pour aller récupérer moi-même mes affaires et revenir à l’emplacement attendant qu’il revienne, assis sur la selle de mon bmx, le sac sur le dos, je patiente simplement. C’est la première fois qu’on va rentrer ensemble, mais surement pas la dernière.

Tenue ∆ « Et heureusement que je t’ai suivi sinon tu aurais continué à me fuir aussi. » Le vent passe… Non plus sérieusement, il avait peut-être bien fait oui. Enfin, j’aurai surement fait tout le tour du circuit pour ne pas repasser devant lui. Oui, oui j’aurais vraiment fait ça. Tout ça pour le fuir. J’étais quand même pathétique. [color:ebe3=82c8c9]« Hum, hum. » Simple. Je ne savais pas quoi dire. J’étais trop gêné pour le coup. Raclant ma gorge, je soupirais doucement en mordillant ma lèvre inférieure. Il était bien plus à l’aise que moi quand même. Fascinant quand même. Mais tant mieux pour lui dans un sens. Puis vint l’erreur. Oublier un mot ça nous arrivait à tous, mais dans ma phrase, franchement ça ne passait pas. Et bien évidemment ça n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Sinon ce serait trop facile. Rouge de honte, j’essayais de montrer que je n’avais pas fait exprès, mais lui il ne faisait que sur enrichir. Mon dieu. Je me sentais honteux. « Haha, fais pas ton timide, t’es trop mignon Yuki~ » … Posant mes mains sur mon visage, je raclais à nouveau ma gorge avant de lui donner un coup de coude. « Arrête avec ça. Et puis je ne suis pas mignon. » J’étais beau, mais pas mignon. Mignon ça faisait encore plus… Je ne sais pas. J’avais l’impression que dire ça là, non c’était bizarre. Et puis je réagissais comme une pauvre gamin pré pubère, ça me rendait encore plus fou mon dieu. Venant à parler du fait que nous étions dans le même établissement mais qu’on ne s’était jamais croisé, je le narguais sur le fait qu’il aurait dû me remarquer. Les cheveux vert clair ça ne passait pas inaperçu contrairement à lui qui était aussi brun que plus des trois quarts des étudiants. Banal… Oui mais mignon quand même. Cette phrase ne venait pas de moi. C’était sorti tout seul. J’étais surement possédé. « Pas si banal, c’est sympa. » Le laissant secouer mes cheveux je fronçais les sourcils avant d’arranger mes cheveux. Personne ne touchait mes cheveux d’habitude. Soit. On devait rentrer, et puisqu’on était dans la ville d’organisation, pour ma part je rentrais en vélo. « Merci~ J’utilise toujours mon vélo~ » Souriant en coin, je parti chercher mes affaires, mais surtout mon bmx. Montant dessus je me mis à pédaler, allant au lieu du rendez-vous. Le voyant m’attendre, je souris en coin, ralentissant sans pour autant freiner, laissant le vélo avancer tout seul vers lui, je le narguais du regard. « Pas mal ton bmx ! Tu ne m’en veux pas ? Je pars devant. » Passant à ses côtés sans m’arrêter je lui tirais la langue avant d’accélérer légèrement prenant la direction de la sortie, sans trop me presser, après tout il y avait encore du monde. Zigzaguant entre les gens, je finis par sortir de là, faisant un dérapage avant de poser le pied au sol et attendre Hyoga. Une fois près de moi, je démarrais à nouveau. Pas besoin de demander quel chemin prendre. On prenait le même.  

TENUE ∆ Le fait qu’on dérape sur internet c’était une chose, mais en face à face on était encore pire. Les doubles sens s’enchainaient et quand ce n’était pas ça, c’était des oublis de mot qui finalement laisser interpréter une chose bien moins innocente que ce qu’elle aurait dû être à la base. Je n’y peux rien, je suis peut-être calme et à l’aise en apparence, mais intérieurement c’est le bordel, je n’irais pas jusqu’à dire encore que c’est Hiroshima, mais mon cœur bat et l’incompréhension me rend fou. Je suis comme lui. Comment un hétéro pouvait être autant attiré par un mec, ce n'est pas normal, je ne trouvais pas ça normal ! J’avais beau tomber amoureux des filles, les utilisés et les trouver banale ensuite comme un connard, je n’ai jamais été amoureux d’un homme. Puis merde quoi, c’est sa faute là, il est trop mignon, sexy, beau, tout ce qu’il veut, ou alors c’est une fille ? Non... Oublions ça. Soupirant puis souriant a son coup de coude, je l’observais sans un mot, on devrait rentrer, sinon je sens que ça va encore dégénérer et puis il commence à se faire tard. Le laissant aller chercher son vélo pendant que je récupère le mien en l’attendant au point de rendez-vous, il arrive et me passe devant après avoir complimenté mon bmx, je souris, démarrant à mon tour pour me créer un chemin dans la foule, le rattrapant à la sortie. « Pas mal non plus le tien. » Mais contrairement à lui je ne m’arrête pas, lui passant devant à mon tour. « Tu ne m’en veux pas, je pars devant~ » Je ris en reprenant mot pour mot ce qu’il m’a dit plus tôt, deux gamins. Mais en tout cas une chose est sûre, on se retrouvera surement sur internet ce soir et en face à face demain, les choses sont en train de prendre une tournure qu’on n'est pas certain de pouvoir maitriser, ni lui, ni moi.

Tenue ∆ « Pas mal non plus le tien. » Je souris doucement en le suivant du regard. « Tu ne m’en veux pas, je pars devant~ » Amusé, je le regardais partir devant avant de pédaler à mon tour pour le suivre. Chemin identique qu’à l’allée je le rattrapais assez vite, me calant alors à ses côtés sans pour autant parler. Le regardant de temps en temps du coin de l’œil, je trouvais ça amusant de faire du bmx avec lui. C’était bien une première fois que je partageais ma passion avec quelqu’un d’autre que ma sœur. C’était… Plaisant. Du moins avec lui ça l’était. Traversant toute la ville sans se fatiguer, je n’arrêtais pas de garder un œil sur lui. De sourire comme un stupide et d’apprécier cette balade. Pouvais-je appeler ça une balade ? Vraiment ? Je n’en savais trop rien. En tout cas j’avais bien envie de recommencer un jour. Arrivant à l’université, on se stoppa tous les deux une fois devant les dortoirs. Un pied au sol, je lui souris doucement. « Peut-être à ce soir… Hyoga. C’était cool de rentrer avec toi. » Sans lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit, je l’abandonnais là. Pas que je fuyais, non je ne fuyais pas, enfin peut-être si un tout petit peu. Mais pas tant que ça. C’était pour laisser un peu de mystère dans tout ce qui venait de se passer. Si c’était trop facile ça n’avait plus aucun intérêt, n’est-ce pas ? J’étais débile d’agir de la sorte franchement. Je me compliquais pour rien du tout. Mais bon. C’était comme ça. Ce n’est pas que mais c’était bizarre de se sentir ainsi. Enfin non ce qui était bizarre c’est que ça se passait avec un homme et non pas avec une fille. Affaire à suivre.