TENUE ☍ Journée calme, journée sans vague, ce genre de journée où je m'ennuie quoi que je fasse. Pas l'envie de bosser en cours, pas l'envie d'ouvrir la bouche pour répondre aux gens, pas l'envie de rire avec mes potes. Je n'ai juste l'envie de rien, à part mater le paysage par la fenêtre, le menton appuyé sur la paume de main, mon coude sur le bureau. à quoi puis-je bien penser pour être autant absorbé ? J'ai l'impression que ma tête est en désordre, que mes songes se mélangent et se dispersent à la fois. C'est confus, incompréhensible et cela m'arrive de plus en plus souvent depuis plusieurs semaines. Mon esprit n'est généralement pas à la réflexion, pourtant il n'arrête pas de fumer à force de tourner à plein régime. Les heures tournent, les cours s'enchaînent et je n'ai rien fichu de mieux que détailler la cour en contre-bas ou les nuages, perdant parfois des longues minutes à savoir leur forme, les comparant à des animaux, des objets, des personnes. Quand la sonnerie annonçant la fin de la journée retentit en milieu d'après-midi, c'est tel un automate que je quitte ma chaise, retrouvant Tora et Saru dans les couloirs. Ils me parlent, mais je n'écoute pas. Cette fois-ci, le sol ou les murs semblent plus intéressant que leurs aventures de la journée. Je suis perdu, dans un autre monde, je ne les entends même plus. Ce petit manège dure encore et encore, même quand je quitte les frères qui vont à leurs clubs de l'après-midi pour rejoindre le miens, en salle de boxe... Sauf que je n'arrive jamais là-bas. Mon attention revient brutalement dans mon corps quand celui-ci touche le sol, brusquement bousculé par une personne encore inconnu. Le temps de revenir à moi, face à cette réalité insensée et la légère douleur dans mon dos devient rapidement insignifiante quand un poids s'abat dans mon nez, me rétamant sur le sol poussiéreux de la cour. Il n'y a personne à cet endroit, caché par les bâtiments et les arbres. Ils ont choisi le meilleur point de l'université pour s'en prendre à moi, cette petite bande de tafiole. La colère grimpe à la vitesse grand V quand je me redresse, le nez en sang. La veine sur mon front annonce le début de la fin et même s'ils sont cinq ou dix, je ne compte pas faiblir et me laisser faire. Les coups pleuvent, ces cons n'ont pas cessés de viser mes jambes pour me faire tomber et toucher mon ventre ou mes côtes. à la fin, le nombre l'emporte et bien que je me sois battu comme un fauve, ils ont réussi à m'achever, me laissant pour mort. Une demi-heure s'est écoulé avant que je ne reprenne connaissance, des hématomes, des contusions et du sang un peu partout sur mon corps, recouvrant presque chaque centimètre visible ou non de ma peau. C'est insupportable, mais je ne compte pas m'abattre pour si peu, me relevant difficilement pour traîner ma carcasse jusqu'aux dortoirs, le seul endroit où je pourrais récupérer mes forces. Sauf que je m'étale dans les marches, avant même d'atteindre la porte menant à l'intérieur du bâtiment. Je suis épuisé par la douleur qui me submerge de partout, telle une tornade balayant mes organes et soulevant mon épiderme tiraillée. La baston, c'est soit ça passe, soit ça casse... Et je suis cassé.

TENUE ☍ Les jours sont encore passés si vite pour devenir des semaines, je ne sais même pas quand rentre mon petit frère, aujourd’hui ? Demain ? Ils ne devraient pas tarder à revenir, les trois mois sont écoulés. Allongé sur mon lit le bras sur le visage et les yeux fermés, je ne suis pas sortie aujourd’hui, trop fatiguée j’ai simplement dormi les trois quarts du temps avant de me rendre compte qu’il était déjà si tard. Me redressant en passant ma main dans mes cheveux, je les ai un peu attaché n’importe comment avant de me lever pour prendre mes médicaments, le soleil semble sur le point de se coucher, le ciel est rouge. Attrapant mon portage je prends ce dernier en photo avec un sourire satisfait qui se dessine sur mes lèvres, admirant ma prise j’ai les jambes complètement engourdies et la gorge sèche. L’eau n’étant pas fraiche je quitte le dortoir avec quelques pièces dans la poche de mon jean histoire d’acheter une cannette au distributeur, il y en a un dans les couloirs à l’entrée, j’en profiterai pour me prendre un truc à manger, je n’ai rien avalé de la journée c’est difficile, mais je tiens le coup. Comme je l’ai dit j’attendrais le retour de mon petit frère avant de lâcher prise, je tiendrai ma promesse finalement. Ma main posée sur le cœur, je mets les sous dans la machine, prenant un jus de fruit et un paquet de friandise, j’ai envie de sucre. Ouvrant ma boisson je bois une gorgée avant de regarder vers la cour du campus, devant les habitats des étudiants, je ne sais pas ce qui m’a poussé à me diriger vers là, mais plus j’avance et je voir quelqu’un au sol, écarquillant les yeux en remarquant qui c’est, je sors en faisant tomber ma canette au sol, pour m’abaisser à ses côtés. « Momo ? » Je peux voir qu’il est mal en point, ses vêtements sont tâchés de sang, il a des bleus sur les parties visibles de sa peau et son visage, caressant sa joue pour tracer une blessure, avant de soupirer. « Ce n'est pas vrai, je savais que ça finirait comme ça un jour, pauvre idiot. » Je peux lui faire la morale, sur ce coup il a été battu et je suis sûr que c’est encore à cause de son caractère ça, même si peu savent qui il est vraiment ou ce qu’il fait. Je n’hésite pas malgré le peu de force qu’il me reste à passer son bras autour de mon cou pour le soulever et le guider jusqu’à ma chambre, poussant la porte, je l’allonge sur mon lit. « Je devrais appeler le docteur, tu dois avoir des côtes cassés. » Le mieux serait qu’il soit transporté à l’hôpital.

TENUE ☍ La douleur est lancinante, comme si on me plantait des coups de couteau un peu partout dans le corps. Ce n'est pas la première fois que je me bats, ni la première fois qu'on me tape dessus, et ce ne sera sûrement pas dernière non plus. C'est atroce, malgré que je tente de penser le contraire pour ne pas faiblir et paraître vulnérable. ça ira, c'est la seule chose que je me répète mentalement depuis que j'ai rouvert les yeux et que je me suis relevé. ça ira, ce ne sont que quelques hématomes, rien de bien grave. Soufflant fortement par les narines, le souffle court, mes jambes m'ont supportés assez loin jusqu'au bâtiment des dortoirs, mais les marches ont eu raison d'elles puisque je ne parviens pas à aller plus loin. C'est fatiguant, douloureux, mais surtout fatiguant. La respiration saccadé, je garde mes mains contre mes côtes, sans savoir où se situe vraiment les piques de souffrance. J'ai mal, c'est tout ce que je peux affirmer. J'ai mal en bougeant, j'ai mal en respirant, j'ai mal quoi que je fasse. Pourtant je ne pleures pas. Aucune larme ne vient souiller mon visage contusionné et coloré par les marques de leurs poings. Même à terre, je resterai digne et fier. Ils m'ont peut-être battu, mais seulement parce qu'ils étaient plus nombreux. Ce n'était pas loyal, mais je ne peux pas me plaindre là-dessus puisque je joue le même jeu avec ces pauvres innocents. à moitié conscient, une voix me garde éveillée. Une voix que je reconnais parfaitement et à ce moment-là, je maudis tous les dieux de l'avoir encore mit sur ma route. Pourquoi ? ça les amusent de s'acharner de la sorte sur moi ? Sur nous ? Je souffle, mes muscles se crispant quand il touche mon visage de son doigt. C'est à moi qu'il parle comme ça ? Il a de la chance que je sois k.o, sinon je l'aurai fait ravaler son « pauvre idiot ». Plutôt que réponse, je lâche un « hmpf » offusqué. Je n'ai même pas la force pour le repousser, ni pour marcher par moi-même. C'est lui qui me porte jusqu'à sa chambre, jusqu'à son lit dans lequel je m'étale comme une crêpe, un couinement franchissant la barrière de mes lèvres. « Fermes-là. » Un docteur, puis quoi encore ? Je râle, cherchant à me retourner pour être de côté et lui lancer un regard noir. « Je vais bien. » Et c'est toujours quand on dit ça que la douleur revient sournoisement, me forçant à me remettre sur le dos.

TENUE ☍ Je n’aurais jamais pensé qu’en sortant de ma chambre je tomberai encore sur Momiji, en fait je ne sais pas pourquoi on est toujours l’un sur le chemin de l’autre. Le destin ? Aucune idée, je ne me pose pas ce genre de question, en fait je n’ai même pas le temps de me demander quoi que ce soit car vu son état j’étais déjà préoccupé et accroupis à ses côtés pour voir comment il allait, remarquant déjà sans peine son corps meurtri et encore ses vêtements tâcher de sang doivent cacher d'autres blessures sous les tissus, j’ignore qui l’a mis dans cet état mais même moi je peux imaginer que cela n’a rien eu de loyal. Je me fiche qu’il prenne mal mes mots ou râle sous mes remarques, il est idiot et ça je ne vais pas le retirer, y a qu’à voir son état. Je réussis à le lever pour l’emmener jusqu’à ma chambre, je n’allais pas le laisser là de toute façon c’est impossible. Il n’y a personne de disponible dans le dortoir et même, je suis sûr que Momo ne veut pas que ça s’ébruite donc je préfère prendre sur moi et m’en occuper seul, quoiqu’il dise je pense quand même à ce qu’il doit ressentir plutôt qu’à mes propres faiblesses. Couché sur mon lit je parle de docteur, il est tellement mal en point que le fait qu’il ait quelques côtés cassés ne me surprendrait pas une seconde. « Toi ferme là, tu as vu ton état. » Je rebelle, mais il m’énerve à jouer les fort alors qu’on le croirait presque aux portes de la mort. « T’es pas censé crever avant moi, idiot, regardes-toi. » Je vous jure. Je soupire en hochant la tête désespérée, il veut vraiment me faire croire ça ? « À qui tu comptes faire croire ça ? » Je m’approche de lui pour soulever son haut sans demander sa permission. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Je suis curieux et en même temps il ne veut pas se faire soigner à l’hôpital... « Je ne peux pas te guérir ici d’un claquement de doigt tu sais. » Mais je peux toujours le nettoyer et m’occuper des blessures visibles.

TENUE ☍ La plus part diront que je l'ai bien mérité, à force de chercher la bagarre, de pourrir la vie des autres ou d'ouvrir toujours ma bouche. Ils leur donneront sûrement raison, parce qu'ils ont dû être victime avant moi. En terme de justice, du moment où tu te venges sur ton agresseur, l'agresseur devient lui-même la victime et les victimes deviennent les agresseurs. Or là, il n'y a pas tout ça et qu'importe qui est qui, ça ne change rien à la douleur, ni aux faits. Pour moi, je n'ai pas fauté. Ils m'ont frappés, ce sont des choses qui arrivent. Si Saru et Tora étaient là avec moi, sûrement qu'on aurait gagnés contre eux, mais ce n'est clairement pas une baston pour la victoire, mais juste pour faire mal, par esprit de vengeance. Ils ont réussi, en tout cas. à venger qui ou quoi, j'en sais rien, mais c'est fait. Je dois peser lourd, mine de rien. Kellian est physiquement faible à cause de sa maladie mais il n'hésite pas à puiser dans ses dernières forces pour me soulever et me transporter jusqu'à sa chambre. Pourquoi ? Pourquoi faut-il qu'il se donne autant de peine pour moi ? J'aurai pu me relever seul, après un peu de repos sur ces marches. Je m'en fou si l'école le sait, j'aurai rendu les coups plus tard, quitte à les avoir un à un. Ouais, c'est ça qui me permet de rester droit et vivant, rendre les coups. Une fois sur son lit, je continue d'être méprisable avec lui, mais il me le retourne bien. J'y crois pas, ce sale ... Si je n'étais pas aussi mal en point! Crever avant lui, ce serait la meilleure blague. « Je ne vais pas... Pour ça... » C'est difficile de parler, ça me tire de partout. Qui pourrait me croire ? Attendez... Je ne vois que lui dans cette pièce. « Toi. » Il pourrait le croire et me foutre la paix. Au lieu de ça, il soulève mon haut et je grince des dents. « Un cheval m'a marché dessus... à ton avis ? » Il ne voit pas la marque des poings ? L'un d'entre eux m'a même laissé des rougeurs sur les poignets pour m'avoir retenu debout. Si je vais à l'hôpital, mon père va le savoir. Je ne veux pas qu'il rapplique encore pour me sermonner, me traiter d'idiot ou avoir honte à nouveau de son unique fils. à cette pensée, je me pince les lèvres, jurant mentalement. « Où ça ? » Demandais-je. Où est-ce qu'il peut me soigner ? « Je vais bien ... Pour les autres. » Peut-être pas pour lui, puisqu'il me voit ainsi, mais personne d'autre ne doit savoir.

TENUE ☍ Je n’ai jamais été friand de baston, je n’ai pas vraiment un cœur solide pour me lancer dans toutes ses histoires de bagarre, de rivalité et même je n’ai jamais éprouvé aucune passion pour la violence contrairement à Momiji. Je sais ce qu’est la douleur, surement plus que personne ne pourrait l’imaginer, quand votre cœur s’arrête après avoir battu vite, très vite et serrant ma poitrine au point de ne plus laisser passer un brin d’air, je sais ce que c’est de « mourir » mais je revenais toujours. L’État de Momo est loin d’être beau à voir et tout ce que je trouve à faire alors que je suis épuisé et de l’emmener dans ma chambre, hors de question que je le laisse seul ici, il devrait se douter que ce n’est pas mon genre. Je l’engueule et lui fait un peu la morale, mais il faut dire qu’il le mérite cet idiot ! Il devrait savoir quand il doit se battre ou se replier cette andouille. « Chut. » Je le regarde, il est têtu et borné, pour pas changer, mais cette fois il n’a pas son mot à dire ! « Trouve autre chose. » Je ne suis pas crédule. Je demande ce qui s’est passé et il me sort un truc plus gros que lui, il ne peut pas être sérieux deux minutes. Ayant soulevé son haut pour visualiser l’état de son corps, ce n’est pas super beau à voir. « Très drôle, mais sérieusement. » Je n’ai pas envie de rire en le voyant souffrir. « Je vais faire ce que je peux pour nettoyer tes blessures, alors je te préviens tu me laisse faire. Après tu devras aller faire des radios à l’hôpital, si tu as des côtes cassés, je ne suis pas capable de les soigner, je suis peut-être en médecine, mais y a des limites. » Je soulève davantage son haut pour le retirer, visualisant les hématomes. « Ils t’ont pas loupé en tout cas. » Je souris doucement avant d’aller remplir une bassine dans la salle de bain et prendre un chiffon propre, pour revenir m’installer sur le lit. Mouillant le tissu j’essuie le sang sur sa peau, me fichant bien s’il râle ou quoi que ce soit d’autre.

TENUE ☍ Faut toujours qu'il en fasse trop. Est-ce qu'il cherche à prouver ou à se prouver quelque chose en agissant ainsi avec moi ? Je n'ai rien demandé. Il aurait pu me laisser là et tracer son chemin, mais non. Faut qu'il draine le peu d'énergie restante dans sa réserve, tout cela pour m'aider à moi qui n'ai jamais été tendre avec lui. Il me fait la morale, mais c'est à peine si celle-ci me touche ou m'intéresse. Je sais très bien comment je dois agir, ce n'est pas à lui de me dire comment faire. Ce n'était pas vraiment une baston, plus un règlement de compte. J'ai déjà tapé sur eux avec mes potes et ils ne trouvent rien de mieux à faire que venir à plusieurs contre un seul. Certes, je fais la même chose durant mes hapslaps, donc je ne vais pas m'en plaindre et assumer chaque coup porté. Si moi je suis borné, lui il est chiant. Qu'importe la raison qui m'a poussé à être autant blessé, il n'a pas besoin de la savoir. Il n'a qu'à imaginer un cheval me piétiner, c'est exactement le même effet. Quoi que, je serais mort si c'était réellement un animal de plusieurs tonnes. Kellian est déjà occupé à examiner mes hématomes, et je ne vois pas ce que je pourrais lui répondre. L'hôpital n'est pas dans ma liste des choses à faire, côtes cassées ou pas. Je ne suis pas en médecine, je ne peux pas savoir comment se répare des os, mais me connaissant, j'attendrais qu'un truc se passe pour réagir. Torse nu, la douleur paraît plus vive, comme si son regard pesait trop lourd sur chacun de mes bleus. « Des cons. » Tous des cons, de toute façon. Kellian va chercher de quoi nettoyer les blessures, de l'eau et un chiffon, avant de commencer sa tâche. « Pourquoi tu fais ça ? » Demandais-je après avoir repris mon souffle, les poumons en feu. Il n'a aucune raison de me soigner, ni de me porter autant d'importance. « Dis-moi ... Je n'ai jamais été gentil avec toi... Pourquoi tu t'inquiètes autant ? » à sa place, je m'en serais pas fait s'il venait à se tordre de douleur sous mes yeux. Alors pourquoi n'est-il pas comme moi ? Pourquoi ne m'ignore-t-il pas ? Pourquoi faut-il que l'agneau soit doux avec le loup quand celui-ci ne pense qu'à le bouffer ? Je ne comprends pas.

TENUE ☍ Je ne cherche pas à en faire trop, ni à prouver quoi que ce soit, je suis simplement comme ça. Si lui m’aurait ignoré en me voyant blesser au sol ce n’est pas mon cas. Que je sois malade, faible, mourant, fatigué, rien ne change au fait qu’il est mal en point et que peu importe ce qu’il dit-il a besoin d’aide et rapidement. Si à ses yeux je ne vaux rien, il a quand même sa place aux miens et je ferai tout pour le soigner, si j’avais le temps de devenir médecin c’est ce que j’aurais fait, on ne choisit pas ses patients, on doit simplement sauver des vies. Du moins quand c’est possible et je sais de quoi je parle forcément. Allongé sur mon lit je commence à le déshabiller pour pouvoir voir l’étendue des blessures sur sa peau, il a des bleues partout, il saigne et ses hématomes n’annoncent rien de bon pour ses cotes qui ont dû prendre cher. Il doit passer un scanner, une radio, quelque chose pour voir les dégâts, ça ne peut pas être vu d’un regard extérieur. Je suis curieux donc je le questionne sur les personnes qui ont fait ça, des cons ? ça m’aurait étonné qu’il m’en dise plus. Ayant de quoi nettoyer ses plaies, je m’installe à côté de lui pour essuyer le sang, doucement et traçant ses blessures pour essayer de voir un peu ce que ça donne. « Je fais quoi ? » Je ne le regarde pas, occupé dans ma tâche, je réponds simplement, mais je m’arrête quand il reprend la parole pour lever les yeux sur son visage et le regarder dans les siens. « Pourquoi tu poses des questions, tu t’en fiche non ? » Je souris simplement en reprenant. « Est-ce que j’ai besoin d’une raison pour t’aider ? À chaque fois on se quitte en pensant que c’est la dernière fois et finalement jusqu’à la fin on a été ensemble. » Je me remets à m’occuper de ses blessures. « Puis tu pourras te souvenirs comment je t’ai soigné, ça compte pas comme héritage ? » Je plaisante en riant légèrement, prenant vraiment aux sérieux mes soins, passant délicatement le chiffon sur chaque partie de sa peau. Appuyant doucement au niveau de ses cotes où la couleur de son épiderme est violette, je le fixe pour voir sa réaction. « Douloureux hein ? Tu vas vraiment devoir aller passer une radio Momo. » Même s’il ne veut pas, il peut avoir des séquelles s’il ne se soigne pas correctement.

TENUE ☍ Kellian a sûrement l'âme d'un médecin à penser que tout le monde doit être sauvé, que sa vie, son passé ou les actions qui l'a fait ne mérite pas de le condamné à mort ou de l'abandonner. Je ne suis pas médecin. Qu'importe le personne face à moi, je sais que je ne sacrifierai pas de mon temps pour sauver le sien. C'est égoïste, puéril mais ainsi que certains vivent. Ces gars m'ont roués de coup et ont remportés cette bataille seulement par le nombre, mais ça ne se terminera pas ainsi. Je prendrai ma revanche, d'ici que je sois rétabli. Le tissu qu'il passe sur ma peau me fait mal, j'ai l'impression qu'il nettoie mes blessures avec une râpe, retirant mon épiderme millimètre par millimètre. Pour continuer à paraître insensible et froid, je me concentre sur ma respiration qui s'emballe et déraille par moment. Il se fout de moi ou comment ça s'passe ? Il ne voit pas ce qu'il fait ? Je lui lance un regard plus insistant, réitérant une nouvelle fois ma question, mais avec beaucoup plus de mot. « Exact... Mais réponds. » Ce n'est pas la mer à boire, il ne va pas me faire croire qu'il agit ainsi seulement parce que je l'ai « aidé » à notre dernière rencontre ? La fin ? ça ne ressemble pas encore à une fin. Dois-je supposer qu'on va encore se revoir à l'avenir ? Il n'est pas encore mort, c'est fort probable. Je vais finir par croire que nos routes se sont croisés pour ne faire qu'une ou que nos destins sont liés. « Fermes-là avec ton héritage. » Râlais-je, les sourcils froncés. Il me saoule à se voir déjà mort. Si le chiffon a été désagréable jusqu'à maintenant, la pression qu'il exerce sur mes côtes me semblent subitement insupportable, m'arrachant un gémissement d'agonie. Et merde. Je n'avais pas besoin d'avoir des côtes cassées, ni aucun autre os. ça me fait chier, je ne le cache pas en soufflant bruyamment, les paupières closes. Ma respiration est rapide, parfois je la retiens deux secondes pour la relâcher d'un coup. « Pas envie. » Je ne veux pas me pointer encore à l'hosto, voir ces regards qui me jugent de toute les manières possible, inquiéter mes amis, énerver mes parents. J'ai beau être un sale con, si je peux m'éviter certains supplices, je le fais. « Combien de temps ? » ça va être difficile pour moi de tenir longtemps. Combien de temps puis-je rester ici sans devoir passer par l'hôpital. « Combien de temps... Avant que ça n'se complique ? »

TENUE ☍ Je ne sais pas ce que c’est d’avoir l’âme d’un médecin, tout ce que je sais c’est que j’ai passé ma vie entourée de ces personnes en blouse blanche courant dans les couloirs pour sauver une vie de plus, soigner des gens, rassurant des familles, j’ai toujours trouvé ça cool même lorsqu’il ne pouvait rien faire pour moi. Si je peux aider je le fais, pas par obligation, mais parce que je le veux tout simplement, est-ce un crime ? Ai-je tort ? Je ne pense pas, c’est simplement comme ça que je vis. Il me questionne alors que j’essuie ses plaies, c’est normale que ça fasse mal, le sang à sécher dans certains endroits, obligé de bien nettoyer la blessure, je ne peux pas juste passer du désinfectant, je dois faire ça en plusieurs étapes. Il se fiche de la réponse, pourquoi il veut savoir ? C’est moi qui le comprends pas cette fois. « Parce que je ne veux pas que tu sois blessé ? » Je ne sais pas, ça me paraît évident. « Et que je trouve ça normal, il n’y a rien de plus à savoir. » Je souris en revenant sur l’héritage, riant un peu sur le sujet. « Quoi, tu n’aimes pas mes héritages ? Tu devrais être content, c’est à toi que j’en laisse le plus. » C’est vrai le pire. Je finis par appuyer sur ses cotes pour confirmer qu’elles sont cassées, ce n’est pas dur à deviner vu sa réaction. « Arrête d’être têtu pour une fois. » Je vous jure, il n'est pas croyable. Je ne sais pas combien de temps je pourrais le soigner avant de tomber, je suis fatigué et pourtant je suis comme lui, ne montrant rien et trop occupé à vouloir le soigner j’en oublie mon état. « Ça dépend de ce que tu fais, ce serait plus rapide de te soigner en passant une radio et en ayant des injections de corticostéroïdes tout de suite. Mais si tu ne veux vraiment pas... » Je soupire en me levant pour aller fouiller dans le congélateur, remplissant une poche de glace, revenant vers lui en posant la poche sur ses cotes. « Je peux au moins m’en occuper aujourd’hui, je suis certain que tu ne tiendrais pas mes indications si je te disais comment te soigner tout seul pas vrai ? » Je souris encore en attrapant sa main pour qu’il tienne lui-même la poche, pendant que je m’occupe de regarder ses autres blessures. Je fouille dans mon tiroir où tous mes médocs sont pour prendre des anti-inflammatoires qui sont disponibles sans ordonnance, attrapant la bouteille. « Prends ça. » Je l'aide à se soulever doucement pour qu’il avale. « Tu ne dois pas forcer et garder une position allongée stable, sinon ça peut véritablement empirer, si tes os viennent à perforer un de tes organes tu pourrais vraiment me suivre dans la tombe idiot. » Je soupire encore en reprenant la poche de glace, ma main se posant sur la sienne pour qu’il la retire... Il doit être vigilant avec sa santé et arrêter ses conneries.

TENUE ☍ C'est stupide de vouloir être médecin en sachant qu'on ne vivrait pas au-delà de ses vingt ans. Peut-être que ça lui a donné un but à suivre jusqu'à la fin, jusqu'à son dernier souffle. J'en sais rien, je n'arrive pas à le comprendre et je ne cherche pas vraiment à le faire non plus. Pourtant je l'interroge. Ses réponses m'importent peu mais je veux savoir malgré tout, l'esprit contradictoire. Je suis bloqué ici avec lui et il m'aide en soignant mes blessures, je ne peux pas juste faire le mort et attendre qu'il termine. Bien que ses paroles me passent par dessus la tête, je veux quand même l'entendre me répondre. Sauf qu'à la place d'être satisfait, je suis perdu. Pourquoi veut-il tant que je ne sois pas blessé ? Je n'ai pas eu de remord à le pousser, ni à lui faire du mal, ni à lui montrer ma pire facette. Pourquoi s'inquiéter pour moi ? Je ne le mérite sûrement pas. Normal ? Qu'est-ce qu'y est normal ? Qu'il me soigne ? Qu'il s'en fasse ? Qu'il me porte autant d'attention ? Qu'est-ce qui peut bien être normal pour lui ? Ce sale... « Je m'en passerais... » Crois-moi, je me passerais vraiment de toute ces choses qu'il laisse derrière lui. Que ce soit le baiser, nos moments ensemble ou maintenant, alors qu'il nettoie mes plaies. ça fait un mal de chien quand il presse ses doigts sur l'un de mes hématomes. Apparemment, c'est cassé mais je ne veux pas l'admettre, poussant mes limites toujours plus loin. Si je dois me faire soigner, j'attendrais de ne plus en pouvoir. Il m'explique un truc mais je ne pige pas la moitié, fermant mes paupières en canalisant la douleur au maximum. Sa poche de glace fait du bien, même si ce n'est que partie remise. « Tu vas me surveiller maintenant ? » Manquait plus que ça, mais ce n'est pas comme si je pouvais fuir à mon aise. La souffrance m'empêcherait sûrement de faire trois pas. Kellian me confit la poche et je la tiens sans rien dire, reprenant difficilement mon souffle. Je ne mesure pas la gravité d'une côte cassée, sûrement si elle touche un autre organe, mais je pense que je ne serais pas conscient si c'était le cas. Même ingurgité des médicaments est une épreuve mais Kellian ne cesse de me venir en aide. Oh, ça paraît sérieux. « Y aura plus aucun héritage comme ça. » Plaisantais-je, un sourire aux lèvres. Je divague un peu ou j'ai été moins méchant avec lui ? Sa main se dépose à nouveau sur la mienne pour reprendre la poche, mon coeur se serrant à ce contact. Je ne comprends pas. Mon bras retombe mollement sur le lit et je fixe le plafond, l'air absent. ça n'a duré qu'une seconde, mais ça m'a semblé tellement intense comme réaction ...

TENUE ☍ Je ne cherche pas à ce que Momiji me comprendre ou s’adapte à ma façon de penser ou d’agir, plus que de ne pas être dans ses cordes je sais aussi qu’il n’y a aucun intérêt à ce que cela arrive. Bien que mes rêves soient irréalisables et que j’aie entamé des études que je ne pourrais jamais finir, je ne porterai jamais de blouse blanche et ne sauverai personne de mes mains, mais est-ce parce que je sais que c’est impossible que je ne dois pas aller au bout de mes ambitions ? J’aurais au moins pu suivre des cours qui m’intéressait et apprendre des choses sur ce métier fantastique et rempli pourtant de tellement des responsabilités. Je trouve ça normal de m’inquiéter pour lui, normal de le soigner, en quoi est-ce étrange ? Je ne sais pas, je ne veux pas que Momo soit blessé, même si on ne peut pas être amis il a cette place unique forcée par ses rencontres et cette complicité qu’on se tue à négliger parce qu’il refuse de me voir comme un allié. Je souris simplement, sans répondre, je suis habitué à ses refus et ses remarques négatives, mais même s’il s’en passerait ses moments ont existais et j’espère qu’il pourra s’en rappeler un jour, ça me suffit de le penser. Il souffre et je fais tout ce que je peux pour le soigner, trouver des solutions et le conseiller pour amoindrir la douleur, une poche de glace, des anti-inflammatoires, tout ce qui est dans mes cordes je le fais. Je le laisse tenir la poche le temps de lui faire justement avalez-les cacher. À ses paroles je fais exprès de le taper sur ses blessures et appuyer sur ses cotes pour qu’il réalise qu’il dit des bêtises. Fronçant les sourcils. « Tu te fiches des héritages, je ne t’en donnerai pas, je les reprendrais tous s’il faut, mais crois-moi, mourir n’a rien de réjouissant. » Je soupire, il a beau sourire je ne veux pas qu’il pense à ce genre de connerie, posant ma main sur la sienne pour appuyé contre ses plaies. Levant les yeux sur son visage aussi marqué, je reprends le chiffon avec ma main libre, le rinçant dans l’eau propre pour essuyer les marques sur ses joues, ses lèvres, doucement, simplement pour retirer le sang et lui redonner meilleure mine. « Va à l’hôpital demain, ça ne te prendra qu’une journée, tu n’as rien à perdre à y aller. » Je ne suis pas Dieu, ce que je fais ne peut le soulager qu’un temps limité.

TENUE ☍ Inconsciemment, oui, je cherche à comprendre pourquoi il est comme ça. Extérieurement, je me borne à dire le contraire, à imposer ma façon indifférente de voir les choses, mais quelque part à l'intérieur, mon esprit s'interroge sur bien des choses. Sauf que ma conscience met des barrières et freine au mieux cet excès de curiosité ou d'humanité, cela dépend du point de vue. ça m'intrigue malgré moi, mais je me force à me dire que je m'en fou. Que je sois au courant ou non, ça ne changera pas nos vies, ça ne me rendra pas plus aimable, ni sympathique, ça ne fera pas de nous des potes, ni des amis, ça ne lui sauvera pas la vie non plus. Puis je dois être un peu comme lui, à ne pas vouloir m'attacher à des gens qui ne resteront pas, qui finiront par disparaître d'une manière ou d'une autre. Je sais que d'ici quelques semaines ou quelques jours, Kellian ne sera plus de ce monde. à quoi bon faire des efforts ? à quoi bon vouloir quelque chose ? à quoi bon s'ouvrir ? Je l'ai fait avec Saru et Tora, j'aurai pu avec Kellian, avec du temps et des nouvelles rencontres, mais sa vie est trop courte pour cela. Cet idiot n'était pas obligé d'appuyer sur mes blessures pour me faire passer le message. « Aaaah reprends les! Mais arrête d'appuyer! » M'énervais-je soudainement, non sans me faire mal évidement. Je me crispe, retenant mon souffle. Fait chier. « Tu crois que j'ai peur ? ... Ou que cela me réjouit ? » Mourir est une étape que tout le monde franchit un jour, lui ou moi, ça sera aussi mon tour plus tard. Je ne m'attendais pas à ce que mon coeur réagisse à ce simple touché, subitement perdu dans mes songes. ça non plus, je ne le comprends pas. Si même mes organes m'échappent, ça ne va pas aller. Il ramène le sujet de l'hôpital et je dois revenir à moi pour le regarder. « D'accord. » Je cède. Il n'y a rien à gagner à être têtu, mais je n'ai rien à perdre non plus. Nous savons tous les deux que j'ai un ou plusieurs côtes cassées, ce serait stupide d'attendre qu'elles se ressoudent seules. « Viens avec moi. » ça sonne plus comme un ordre qu'une supplication, mais l'un comme l'autre, ça revient au même. Si mon père se pointe, je ne pourrais pas lui expliquer la vérité et je me connais, je vais encore lui mentir pour le foutre en rogne.

TENUE ☍ On est tous pareil, pourquoi s’attacher à des personnes qui demain ne seront plus là, je suis celui qui disparaîtra soudainement, sans prévenir, mais je garde des distances lorsque je sais que je pourrais vraiment blesser quelqu’un. Si avec Momiji je ne cherche pas à l’épargner c’est simplement parce que je suis convaincu qu’il s’en fiche, on pourrait se rapprocher que lorsque je serais mort il m’oubliera, je ne suis qu’une personne de passage, je n’ai aucun titre, aucune relation fixe, je ne suis même son ami alors à quoi bon m’en éloigner pour l’empêcher de souffrir, il ne souffrira jamais pour moi. Je me suis amusé en lui laissant des héritages, mais si c’est pour ne pas faire attention à sa santé et se foutre de ce qui peut lui arriver alors je les reprends, j’appuie sur ses blessures pour le faire réagir et ça marche. « Bien ! » Je préfère encore ne rien lui laisser officiellement et oublier tout ça que l’entendre utiliser ces excuses injustement. « Tu ne peux pas savoir Momo. » Parler de mourir c’est facile, on peut faire les forts en disant des mots tels que « j’ai envie de mourir », « je préfère crever », « je n'ai pas peur de disparaitre ». Oui, on les a tous prononcés, mais quand on sait qu’on est condamné ses mots deviennent plus dur à accepter, certes nous mourrons tous un jour, certains jeunes, certains vieux, certain même avant de naitre, mais... Est-ce une raison pour prendre la vie à la légère ? « Moi aussi je n’ai jamais eu peur, je le sais depuis tellement longtemps et je pensais vraiment m’y être préparé, pourtant, maintenant que ce n’est qu’une question de jours... » Je suis terrifié et je ne veux pas disparaitre, mais ça ne changera pas le fait que ça va arriver et que je ne peux pas l’en empêcher, c’est mon destin, ma vie à moi était déjà programmée pour qu’elle termine ainsi. Je soupire, ne sachant pas vraiment pourquoi je lui dis ça, peut-être pour qu’il arrête de prendre tout comme un jeu ou de croire que jouer les fort est cool et intéressant, ce n’est pas vrai. Au moins il accepte d’aller à l’hôpital et je souris satisfait de l’avoir convaincu. « Pourquoi ? » Il peut demander à ses amis de l’accompagner. Mais je le ferai s’il le souhaite vraiment, ayant fini s’essuyer son visage, je reviens sur son torse, regardant le bas de son corps. « Tu es blessé autre part ? »

TENUE ☍ S'il veut tant que je l'oublie une fois mort, pourquoi s'acharne-t-il à me laisser des héritages ? Je n'en veux pas. Il peut les reprendre, cela ne me fait rien. Laisser un héritage à quelqu'un, c'est laisser un trace de son passage et je ne tiens à me souvenir de celui-ci. Il n'y a qu'à les garder pour lui, les emporter dans la tombe ou que sais-je encore. Mais qu'il cesse de se venger sur mes plaies! ça me fatigue de sentir toute cette douleur, alors je n'ose même pas imaginer à quel point ça doit être dure pour lui. Est-ce une façon de me foutre à sa place ? C'est assez cruel, quand même. Dieu, le destin, qu'importe qui, me force à ressentir ce qu'il doit justement ressentir à longtemps de temps et je déteste cela. Mourir ne me paraît pas si catastrophique, ça me semble même normal. Si c'est l'heure, c'est l'heure. Kellian doit le savoir, puisqu'il a déjà rendez-vous avec la faucheuse. Quant à moi, j'ignore quand est-ce que ce sera mon tour, mais sûrement bien assez tôt. à ce moment-là, est-ce que je l'accepterai ? En vrai, j'en ai aucune idée. Peut-être que j'accueillerai la mort avec le sourire, peut-être que je la repousserai comme j'ai repoussé Kellian. Comment le savoir quand il est trop tôt. Même lui n'est plus si sûr de ses convictions. Est-il prêt ? Il le croyait, mais plus les jours se rapprochent et plus cela doit le terrifier. Qu'est-ce que ça fait ? Souffre-t-on davantage ? Il doit sûrement s'interroger sur la fin. Aucune réponse ne franchit la barrière de mes lèvres mais mes yeux restent accroché à lui. Bon, l'hôpital n'est plus une si mauvaise idée finalement. Je ne sais pas pourquoi je l'accepte, ni pourquoi je lui demande de venir avec moi. Pourquoi ? Pourquoi quoi ? « Y a que toi ici. » Et parce que je n'ai pas envie d'inquiéter à nouveau mes amis. Ils ont suffisamment eu peur la dernière fois que j'ai disparu toute une journée, alors savoir que j'ai été passé à tabac par une bande de con ... Déjà ils vont me faire chier à moi, ensuite ils vont vouloir me venger. « Non. » J'ai réussi à marcher tout à l'heure, donc mes jambes semblent en meilleur état que mes côtes. Je ne peux pas en dire autant de mes mains et de mes bras qui m'ont servi de protection pour le visage, même s'ils ont réussi à passer à travers. « J'ai changé d'avis... Allons-y maintenant. »

TENUE ☍ Je ne pense pas que j’ai beaucoup à faire pour que Momiji m’oublie, il n’est pas du genre à s’attacher et répète depuis le début que je n’ai qu’à mourir vite, crevé et disparaitre alors quoique je puisse laisser comment « héritage » je sais que cela n’aura aucun impact sur lui, j’en suis convaincu même si au fond je peux me tromper, Momo ne laisse rien paraître dans ce sens-là. Mon passage dans sa vie sera futile, dès que la faucheuse m’aura emmené il n’aura pas de mal à continuer sa vie sans moi, il n’a donc pas besoin de s’inquiéter pour ce genre de broutilles, je ne fais que plaisanter avec lui justement parce que son cœur m’est inaccessible de toutes les manières possibles. Momo est le seul à qui j’arrive à me montrer vulnérable, du moins je ne cache pas que je suis effrayé, mais n’est-ce pas normal ? Au final je ne reverrai pas mes parents, ni ma maison ou mes amis encore en Corée, une fois que je suis parti il y a un an c’était définitif, un adieu sans retour possible, au fond je réalise que tout ce que je peux faire aujourd’hui, chaque chose est peut-être la dernière, boire, manger, voir une personne ou un paysage, un endroit que je fréquentais, jouer à un jeu, lire un livre, tout... Il y a des choses que je ne pourrais plus faire et c’est étrange arrivé à ce stade de le réaliser. Pourtant, même si je pensais ne pas revoir Momo il se trouve devant moi, sur mon lit et je le nettoie, le soigne sans gêne, sans hésiter, je veux qu’il comprenne que la vie n’est pas un jeu, bien que pour lui ça semble être le cas. « C’est vrai. » Il y a que moi... Je demande s’il a mal ailleurs, je ne sais pas où ses gars l’ont tabassé en dehors des blessures que j’ai déjà nettoyées. « Ok, tant mieux. » Reposant mon regard sur lui en souriant, c’est déjà ça... Il fait chaud, passant mon avant-bras sur mon front pour essuyer les goute qui commencé à se former. « Pourquoi tu as changé d’avis ? » Il commence à prendre ses blessures aux sérieux ? Je hoche la tête en laissant le chiffon tombé dans la bassine, avant de me mettre à tousser, tapant sur ma poitrine. « J’ai le permis, mais pas la voiture. J’appelle une ambulance, un taxi ? » Demandais-je comme si de rien n’était. « L’hôpital est quand même à plusieurs arrêts en métro et tu n’es pas en état de marcher autant. » J’attrape mon portable pour téléphoner, ça devrait prendre quelques minutes seulement. Je masse ma poitrine en même temps que je parle au tel, quand c’est arrangé je raccroche en cherchant une bouteille d’eau, j’ai laissé tomber ma canette à l’accueil. « D’ici 10 à 20 minutes. » buvant une gorgée, l’eau est chaude et je grimace. « Arg... » Je la repose et viens chercher la bassine pour la ramener dans la salle de bain, mais l’effort avec l’eau dedans n’est pas positif, même si j’arrive au bout. Je prends une chemise dans mes affaires. « Enfile ça, ton haut est plein de sang. » Dis-je en me rasseyant à côté de lui pour l’aider à enfiler le vêtement.

TENUE ☍ La vie est précieuse, elle vaut la peine d'être vécu, c'est le plus beau cadeau au monde. J'entends tellement de chose positif sur ce qu'ils nomment « la vie » que je commence à croire qu'ils m'ont refilés un truc similaire mais totalement pareil. Certes, c'est précieux, c'est peut-être un beau cadeau mais pour moi, ça toujours été un jeu. Quand je regarde Kellian, je me doute que ça été un super beau cadeau d'être vivant aussi longtemps, mais ça ne me rend pas plus intelligent pour que moi-même je puisse apprécier chaque petite chose de ce monde. La vie est belle, mais pas toujours. Il y a des hauts et des bas, sûrement beaucoup plus de bas pour lui que pour moi. Allongé sur son lit, j'ai trop souvent l'occasion de songé là-dessus, de me dire que j'ai un ticket pour l'avenir et que ce n'est pas son cas. Faut vraiment que je sois amorphe et dans un état critique pour penser à autre chose que mon nombril. En attendant, il n'y a que lui dans cette chambre pour m'accompagner, même s'il parle de faire la radio demain. Mes blessures se situent surtout vers mon ventre et mon abdomen, quelques unes aux bras et aux mains, mais les jambes s'en sortent plutôt bien. Demain, c'est trop long. Je ne sais pas pourquoi je change d'avis, mais je le fais quand même. « Comme ça. » Il n'y a pas de raison particulière à mon changement d'avis. Comparé à lui, j'ai l'air en bonne santé. « Hey ... Je ne suis pas encore aux portes de la mort. » J'ai vraiment l'impression d'être alité avec lui, même si ça risque d'être difficile de prendre le métro avec des côtes cassées. Finalement, il passe un appel et je le laisse gérer, soufflant doucement. C'est vrai qu'il fait chaud, mais je le supporte mieux que lui. « Arrête d'en faire autant. » Je l'avertis quand il me passe une chemise, prenant celle-ci pour l'enfiler, grimaçant à cause de la douleur. Il m'aide, mais je suis encore capable de me débrouiller seul. « Ton frère rentre bientôt ? » Vu à quoi il ressemble à l'instant présent, je crains que son petit frère rentre trop tard. Si ça arrive, alors j'aurai eu raison sur toute la ligne et Orion aurait gâché un vœu pour rien. Quant à Kellian, cet idiot aura été seul jusqu'au bout.

TENUE ☍ Je suis heureux d’être en vie, je suis heureux d’être né. Connaitre le sentiment de pouvoir respirer, voir les choses que peut apporter le monde, chaque jour est différents, chaque émotion, chaque sentiment, même malade mon cœur est tombé amoureux de tout ce que mes yeux ont contemplé et jamais je ne regretterai d’avoir eu cette chance même si elle s’est avérée courte. Tout ce qui m’importe à cet instant est d’aider Momo, j’ai beau être en mauvais état, avoir mal, m’essouffler, tousser, transpirer, ma santé semble passée après la sienne parce que je sais que de toute façon de mon côté il n’y a rien à faire. Je veux qu’il aille mieux et qu’il sorte de ce lit. Il a accepté d’aller à l’hôpital maintenant et c’est déjà ça, je pense qu’il est devenu plus raisonnable tout a coup et ça me rassure un peu. « Je n’ai jamais dit que tu l’étais. » Je soupire en appuyant encore sur ses cotes. « Je t’ai dit qu’un mauvais mouvement pourrait aggraver la situation. » Dans les métros on se bouscule, personne ne fait attention à personne, je ne veux simplement pas prendre se risque. Souriant pour qu’il le comprenne je passe un coup de fil pour avoir une ambulance, ce sera plus simple et il passera prioritaire une fois aux urgences. Je l’aide à mettre une chemise gardant le sourire, je suis habitué à souffrir, même avec la douleur je peux rester positif et agréable. « Je ne sais pas. J’espère. » J’ignore combien de temps je peux encore tenir, je suis déjà à la limite, je le sais et je le sens. Attendant qu’on vienne nous chercher, je reste assis en silence quelques minutes. « Tu peux te lever, on va devant l’entrée, on pourra surveiller comme ça. » Je suis prêt à l’aider encore s’il a besoin, il me dit de ne pas en faire autant, mais lui non plus.

TENUE ☍ Ce n'est pas parce que je passe un mauvais quart d'heure à cause de quelques glandus qu'il doit raccourcir ses jours à vouloir m'aider. Je ne vais pas mourir, ça ne fait rien si je suis blessé ou que j'ai mal, tôt ou tard, ça passera, ça guérira. Kellian ne devrait pas faire tant d'effort, il sait que je ne lui rendrais pas de toute façon. Râlant à nouveau, je voudrais bien qu'il arrête de s'épuiser pour quelques bleus, peut-être que je n'ai rien de grave et qu'il s'agite pour rien. Seule la radiographie pourra me dire ce que j'ai réellement. « Tu m'en donnes l'impression. » Rétorquais-je, et pas le plus tendrement du monde. à croire que je l'accuse, alors qu'il fait tout pour m'aider. Je grogne à nouveau quand il appuie sur mes côtes, me retenant de le pousser. « C'est toi qui va l'aggraver! » Bordel de merde! Il s'amuse ou quoi ? Je porte mes bras au niveau de mes côtes, comme pour les protéger d'une nouvelle attaque. Il va me perforer un poumon à force. Le temps que je reprenne mon souffle après m'être assis, Kellian passe un coup de fil pour avoir un véhicule. Taxi ou ambulance, j'en sais trop rien. ça me fatigue rien que de me redresser, je n'imagine même pas quand je vais marcher. Passant difficilement la chemise, je l'interroge sur son frère mais n'obtient pas une superbe réponse. Tant pis, on verra ça en temps et en heure, là je dois me lever et autant dire que ce n'est pas une partie de plaisir. « ça va. » Je veux bien être un connard et penser que je mérite ce passage à tabac, mais avoir sa mort sur la conscience est la dernière des choses que je désire dans ce monde. Doucement, je le repousse pour me relever, parvenant à tenir sur mes jambes cette fois-ci, sûrement grâce à l'anti-douleur qui limite la sensation de souffrance. « Je peux marcher seul. » Au cas où il ne l'aurait pas compris, mais déjà je marche vers la porte, abaissant la poignée. Je vais bien, tant que je peux foutre un pied devant l'autre, ça ira. Heureusement, y a un putain d'ascenseur dans ce bâtiment, sinon ce serait un coup supplémentaire dans ma fierté et mon égo.

TENUE ☍ Ce n’est sûrement pas la première fois que Momiji fini dans cet état et ce ne sera à mon avis pas la dernière, sauf que la prochaine fois je ne serais assurément plus là pour le soigner ou le voir. Je déteste la violence et il le sait, je déteste ça non pas parce que c’est puéril, bien que je le pense aussi, mais parce que ça fait mal, ça fait mal pour rien juste pour le plaisir de blesser quelqu’un d’autre. Momo le fait, il blesse des gens égoïstement et je ne supporte pas cette pensée c’est pour ça que je n’en parle pas, que je ferme mes pensées à ce que j’ai pu voir ce soir-là, j’ignore s’il a refait un truc pareil par la suite, mais je n’ose même pas lui demander car je ne peux pas l’accepter. J’ai beau me sentir mal je le suivrais à l’hôpital, tant qu’il aura besoin de moi je serais là. « Je ne l’aggraverai pas si tu arrêtes de dire des bêtises. » On peut déjà sortir dehors pour attendre l’ambulance, je lui demande s’il peut marcher, mais je suis là pour l’aider de toute façon. « Ok. » Il veut se débrouiller seul donc je le laisse faire non sans trop m’éloigner pour autant, je profite pour prendre mes cachets avec moi, sait-on jamais si je fais une crise, puis je le suis dans le couloir jusqu’à l’ascenseur. Appuyant sur le bouton j’attends que les portes s’ouvre pour le laisser entrer le premier. « Ça va ? » Je suis comme ça, prends soin des autres c’est un mode de vie chez moi. Je souris en regardant le chiffre changer et les portes s’écarter pour nous laisser sortir. Cette fois je descends le premier, mais l’attend, regardant vers la sortie. « On dirait qu’ils ne sont pas encore arrivé. » Ce n’est qu’une question de minutes avant que la voiture ne s’arrête devant les marches du dortoir et que ses occupants viennent chercher Momo. « Pour une fois que ce n’est pas pour moi qu’ont les appels. » Plaisantais-je en riant un peu.  

TENUE ☍ Qu'il se rassure, je n'ai tapé personne depuis la fois où j'ai voulu le piéger. Manque de temps, d'envie, j'en sais rien mais aucun de mes amis m'a lancés sur le sujet. La seule fois où je me suis battu, c'est aujourd'hui avec cette bande qui m'est tombée dessus. J'ai tout simplement continué de vivre comme tout le monde, sans chercher la merde, juste en étudiant, en sortant ou en rigolant, mais aucune bagarre assez grave ou illégale. Bref, ça ne va pas me permettre de guérir, ni d'effacer les coups de ces enfoirés. Des bêtises ? Il prend toute mes paroles comme des bêtises ? N'importe quoi. Ce que je raconte n'est pas débile, ni insensé. L'ambulance risque d'être rapide et Kellian propose d'aller l'attendre dehors, ce que j'accepte en refusant son aide pour marcher. J'ai encore la force pour ça, autant que je l'ai eu pour discuter jusqu'à maintenant. évidement, je garde ma main proche du mur au cas où j'aurai des vertiges ou une perte d'équilibre mais cela n'arrive pas jusqu'à atteindre l'ascenseur, appelé par Kellian. « ça va. » J'ai la nausée, mais c'est sûrement normal après avoir reçu autant de coup dans l'estomac. La cabine descend jusqu'en bas et je la quitte après lui, soufflant un bon coup une fois les portes passées. La douleur m'empêche de respirer correctement, comme si je venais de courir trois fois un cent mètres sans aucune pause. « Tiens toi z'y. » Rétorquais-je à sa plaisanterie. Un, ça va. Deux, c'est trop. Marchant jusqu'à l'entrée, le véhicule ne tarde pas à arriver et à se garer pile devant les marches, les ambulanciers sortant rapidement pour m'interroger, mais ça me file la migraine au point que j'en perds l'équilibre. L'envie de vomir revient, aussi vite que la pression sur mon ventre. Mon visage perd des couleurs, signe que ça ne va pas si bien, finalement.

TENUE ☍ Je ne peux pas savoir ce qu’il pense, ce qu’il fait de ses journées ou si encore il a été violent envers quelqu’un d’autre depuis que j’ai découvert ses activités, je ne pense avoir eu un tel impact pour qu’il puisse arrêter ses magouilles même si j’ai compris qu’il n’avait tout de même pas été indifférent suite à son isolement. En tout cas j’ai hâte qu’il soit conduit à l’hôpital pour faire des examens et sortir indemne, car si je force perpétuellement sur ma santé je sais aussi qu’il souffre à cet instant, je suis habitué à feindre mes douleurs il m’est donc aisé de voir celle des autres. « Ne t'inquiète pas. » Je ne vais pas m’écrouler de suite et lui voler la vedette haha, c’est le seul qui a besoin d’aide pour l’instant je peux gérer de mon côté sans problème... « Ils arrivent » dis-je en voyant l’ambulance devant le bâtiment, les soigneurs arrivent et je m’écarte pour qu’ils puissent interroger Momiji et l’aider, je préviens des soins et du médicament que j’ai donné pour que ça ne fasse pas conflit avec les antidouleurs qu’ils pourraient lui donner. Je les suis, l’un d’eux m’arrête en me disant que je peux rester là, je hoche la tête négativement en affirmant sans rejet possible. « Je vais avec lui. » Voyant que je n’allais pas changer d’avis il me laisse monter dans la voiture et je m’assieds à côté du brancard sur lequel il est allongé. Lui souriant simplement, le trajet jusqu’à l’hôpital n’est pas très long, au bout d’une dizaine de minutes nous sommes arrivés, et je sors le premier, profitant de prendre l’air, j’ai l’impression d’étouffé. Ils le guident aux urgences pour faire des radios, je dois attendre dans la salle d’attente cette fois, le regardant disparaitre après les portes coulissantes, une fois seul je m’écroule sur une chaise en relâchant la pression, j’en ai trop fait il a raison, je suis épuisé, mais ma seule préoccupation à cet instant c’est qu’il évite le pire et soit rapidement soigné.  

TENUE ☍ Je ne vais pas pleurnicher parce que j'ai mal, ni l'avouer à qui que ce soit. Je déteste montrer mes faiblesses, encore plus de les dévoiler à quelqu'un. Kellian doit s'en douter, autant qu'il sait à quel point je peux jouer le fort pour croire l'être. Malheureusement, mon corps ne peut pas tromper l'évidence, quand celui-ci est à bout, il est à bout. Je suis parvenu à prendre l'ascenseur, à marcher plusieurs mètres, et même à tenir debout sur mes deux jambes sans l'aide de personne, mais arriver à ce stade, mes forces me quittent doucement mais sûrement. Les ambulanciers savent quoi faire quand je flanche brusquement, pendant que Kellian explique ce qu'il a fait pour moi jusque là. Il est clair que je ne veux pas l'admettre, mais il m'a été d'une grande aide. L'un des hommes m'installe sur le brancard du véhicule, m'examinant rapidement pour constater l'étendu des dégâts. Ce n'est pas beau à voir, mais je vais survivre. Kellian grimpe aussi à l'intérieur du camion et mon regard croise le sien, en silence. Il sourit, mais je ne comprends pas pourquoi. Cherche-t-il à me rassurer ou me réconforter ? Est-ce un simple reflex ? Je ne peux le dire, mais dix minutes dans cette position me donne l'impression d'être enfermé depuis dix heures dans cette voiture. Quand on arrive à l'hôpital, ils m'amène de suite faire des examens, laissant Kellian en arrière. J'ai dû perdre connaissance entre temps, parce que je ne me souviens pas d'une quelconque machine, ni d'une tierce personne en blouse blanche. Quand j'ai rouvert mes yeux, j'étais allongé sur un lit, mais pas dans une chambre. Plutôt une grande pièce séparée par des rideaux, histoire d'avoir un minimum d'intimité. Je suppose que mon séjour ici sera de court durée, tant mieux. ça prouve qu'aucun organe n'a été touché et que je peux me soigner en dehors de cet endroit, d'ici que je reprenne des forces pour ne pas m'écrouler à nouveau. J'en oublie presque Kellian, jusqu'à me dire que la situation est hilarante. parce qu'il est mourant, mais que c'est moi qui suis allongé là.

TENUE ☍ Le temps dans un hôpital passe différemment pour tout le monde. Momiji qui est emmené par les docteurs va devoir subir quelques examens, pour lui le temps ne sera pas long tandis que de mon côté j’attends calmement dans cette salle d’attente, les personnes assises autour de moi s’impatientent, marchent et font les cent pas, parle au téléphone, se plaigne du temps qui passe et de cette interminable attente, prenne l’air, fume une cigarette, achète à la machine à café, tout le monde a sa propre façon de s’occuper, alors que certains dorment sur la chaise en espérant obtenir des nouvelles à leurs réveils et rentre chez eux sans tarder. Je suis habitué à cette ambiance, j’ai vécu ma vie dans ses couloirs, j’ai vu tous ses gens alors que je promenais entre ses murs blancs, aujourd’hui je ne suis pas le patient, mais je souris face à ce rôle inversé en comprenant leurs sentiments. Au final j’ignore combien de minutes ou d’heure sont passés quand on vient me donner des nouvelles de Momiji, il est installé dans un lit, content d’apprendre qu’il peut sortir à son réveil je souris en m’empressant de rejoindre son emplacement. Mais sur le chemin mes pas s’arrête et ma main se pose sur mon cœur, cette sensation d’étouffement revient, je prends cinq minutes pour me calmer, je peux le gérer et heureusement il n’y a personne dans le couloir pour me remarquer. Je m’arrête dans les toilettes pour hommes histoire de me rincer le visage, une bonne dose d’eau froide pour me rafraichir, mes cheveux mouiller dégouline alors que je reste penché et appuyé au-dessus du lavabo, ce sentiment oppressant ne s’amoindrit pas. Après dix minutes je quitte la pièce pour rejoindre enfin Momiji, passant les rideaux qui protège son intimité, il est réveillé. Depuis peu surement. « Hey. » J’annonce ma présence en souriant, regardant la perf qui lui ont faite. « Je pense que tu pourras sortir une fois qu’elle sera terminée. » On dirait que les blessures sont plus superficielles, tant mieux je préfère ça. « Tu es plus solide que tu en as l'air. » Le taquinais-je en m’asseyant sur le lit où il est allongé.

TENUE ☍ Ce n'est pas la première fois que je viens ici, mais à chaque fois mon père m'attend à la sortie pour me tirer les oreilles. Il sait que je me bats, que je me blesse inutilement et sans raison, que ça l'embête toujours quand je ressors avec des pansements, un plâtre ou des points de suture. Après tant d'année, j'ai pris l'habitude de venir ici, de voir les médecins, d'être réprimandé par les docteurs ou les infirmières qui me connaissent. Sauf qu'aujourd'hui, je n'ai nullement désiré de me pointé aux urgences pour des côtes cassées, ni pour aucune autre raison qui mérite de finir dans ce bâtiment qui pue les produits désinfectants. Heureusement pour moi, mon père n'est pas à mon chevet quand j'ouvre les yeux, celui-ci n'est même pas au courant de ce qui m'arrive. J'aurai vraiment eu les nerfs de supporter ses leçons moralisantes sur le sens de la vie et des responsabilités. Qu'est-ce que j'en ai à foutre, sérieusement. à la place, je peux voir Kellian débarquer dans mon espace intime qui se résume à quelques mètres autour d'un lit et entre des rideaux aussi blancs que les murs. Il me salut, mais je ne dis rien, comme d'habitude je me contente de le regarder. C'est à peine si j'ai remarqué la perfusion à mon bras, toujours un peu dans les vapes. Elle ? Mes pupilles s'abaisse sur l'aiguille soulevant mon épiderme et je grimace. Je déteste ça, les aiguilles. Je déteste voir mon propre sang aussi, mais celui-ci a été nettoyé par Kellian un peu plus tôt. Solide ? Mes iris se relèvent vers lui et je souris, seulement en coin. « Qu'est-ce que t'crois ? » Ma voix a perdu de son intensité mais je peux toujours l'utiliser sans mal. La douleur dans mes membres est moins présente, sûrement grâce aux médicaments ou produits injectés. « Je t'en dois une... » Soufflais-je en détournant mes yeux vers le plafond. C'est inévitable, il m'a aidé là où beaucoup ne l'aurait pas fait, sauf mes amis proches. Avec effort, je tente de m'asseoir, sentant la perfusion me gêner. Les doigts sur le tube, je retrace le parcoure du liquide jusqu'à tenter de la retirer.