Bien que le siège qu’on partage soit légèrement étroit c’est la meilleure excuse possible pour laisser nos corps coller entre eux sans se justifier, sentir ses cuisses frotter contre les miennes à travers mon jean, nos épaules se caresser, nos regards se croiser. Je ne vais pas me plaindre de cette proximité, je veux simplement pouvoir en profiter et rester à ses côtés. Il ne me semble pas à l’aise, mais en même temps l’avion malgré des statistiques rassurantes est la hantise de pas mal de personne, surtout quand on y est pas habitué, je peux donc comprendre ses craintes, moi-même au début je n’étais pas aussi serein. Puis le décollage est une épreuve, il faut un peu de temps pour ne plus ressentir les effets désagréables que cela procure et encore... Quelquefois cela ne s’efface pas avec le temps. J’affiche un sourire satisfait tandis que je l’observe, mon cœur battant, j’en étais presque venu à oublier que Nikita n’étais pas loin, pour une fois qu’on ne l’entend pas s’exciter, c’est rare. D’ailleurs quand Yu Jin me demande si je suis content d’être parti et que mon ami et rival répond, je le fixe avec un regard surpris... J’avais bien envie de lui dire « hey, c’est à moi qu’il parlait mon chou », mais il est tellement mignon que c’est dur de dire quoi que ce soit. Un soupire puis un sourire, il a l’air tellement content que des fois j’ai vraiment l’impression que c’est notre enfant, maintenant que j’ai un fils je sais ce que c’est et Nikita me fait parfois penser à Ihn Ja... En version grandeur nature.

J’essaie de voir ce qu’il compte faire, mais rapidement je repose mon regard sur Yu Jin en souriant, me rapprochant pour murmurer.

« Je suis content oui. Puis même si c’est long ça ne risque pas de me déranger, au contraire. » Subtil... Mais faut dire que j’ai une bonne place pour le trajet, donc plus qu’un supplice c’est une opportunité. Aaaah, je me mets des claques imaginaires, sérieusement je suis trop con, si les gens voyaient ce que je pense ils ne comprendraient certainement pas pourquoi je suis celui qui refuse de briser les tabous et les interdictions... Moi-même je ne les comprends pas toujours et suis confus de cette situation, de cette relation, ce "bazar" qui nous lie.

Un frisson me parcoure en sentant la main de Yu Jin se balader sur ma cuisse tandis que tous nos gestes sont cachés par le plaid, c’est dangereux. Ce genre de geste, de contact n’est pas facile, mais ça fait tellement de bien que je ne peux pas le repousser, cette chaleur qui s’empare de moi lorsqu’il me touche ou qu’il est près de moi malgré un côté nostalgique et douloureux, m’apaise. Écoutant ses mots, je souris en venant poser ma main sur la sienne, caressant ses doigts lentement.

« Okay, reposes-toi bien. » Un nouveau sourire chaleureux, je suis le premier à souhaiter que Yu Jin puisse dormir et si ma présence l’aide alors ça me suffit. Le temps que je réfléchisse à ce que j’allais faire, j’hésiterais entre me reposer et regarder un film, mais mes « projets » sont interrompus par la voix de Nikita. Me... faire une manucure ? Enfin je n’ai rien contre les vernis, pendant mes concerts il m’arrive d’en porter, mais je ne suis pas très porté là-dessus pour autant contrairement à mon camarade ! D’ailleurs je n’ai pas le temps de répondre qu’il est déjà entrain de se peindre les doigts, je l’observe faire, puis lorsqu’il me montre un large sourire prend place sur mon visage.

« Tu es incorrigible, mais ça te va bien ! Tu seras assorti au Pays comme ça, ce n’est pas un si mauvaise idée. » Je lui fais un clin d’œil tandis qu’il me demande ensuite de souffler sur ses ongles... Je ris, amusé par cette requête, mais m’exécute.

« C’est bon monsieur, satisfait ? » Je le taquine avant de reposer ma tête contre le siège et de jeter un œil à mon manager, mes doigts entrelaçant les siens.

« Je vais me reposer un peu aussi Niki » le prévenant pour qu’il puisse pourquoi pas, faire de même ? On aura de quoi faire une fois arriver, autant dormir pendant qu’on le peu. Fermant les yeux essayant de rejoindre à mon tour Morphée.

Le fait que ça soit Nikita qui réponde à la place de Sehen me surprend un peu et je reste étonné un instant avant de faire comme si de rien était, roulant mes yeux au ciel parce que bien entendu, personne ne met de côté Monsieur Park et il a bien raison de nous rappeler qu’il est là, il a le droit à tout autant d’attention que le reste. Et puis… Il est vraiment adorable, je ne peux pas lui en vouloir… Il pourrait voler des millions de ¥en, mettre le feu au studio d’enregistrement et s’enfuir de l'agence que je serai toujours là pour lui… On a bien plus qu’une simple relation d’idole/manager après tout !

Mais rapidement, Sehen et moi repartons dans notre petit monde, les yeux dans les yeux, nos chaleurs corporelles se mélangeant et les mots coulant dans des susurres et des chuchotements, ne voulant perturber le silence dans l’appareil. Je souffle un « Tant mieux », restant coincé sur le « au contraire », sachant très bien qu’il insinue bien plus que la longue durée du voyage. Je lui souris en retour et expire lourdement,  appréciant sa main sur la mienne, mon pouce en caressant ce qu'il peut atteindre. Il n’y avait rien de mieux que ça pour simplement me donner envie de dormir et je hoche la tête à sa réponse, un rictus moue et paisible sur le visage, le front tombant contre le hublot fermé, ma nuque se tordant dans une drôle de position qui pourtant, ne génère aucune douleur…

Je grogne au « TADAM » de Nikita mais tout devient sombre, tout devient gris, tout devient noir, je dors finalement… Quelques secondes, quelques minutes, une heure ou deux ? Je ne sais pas trop, je bouge dans mon sommeil et ma tête heurte quelque chose de plus tendre et moelleux, sentant un parfum qui m’est familier, serrant un peu plus fort la cuisse sous mes doigts… Qu'est-ce que c'est ? Lentement, mes paupières s’ouvrent, battant des cils en discernant une peau opaline juste en plein devant mon nez, reconnaissant là le cou de mon ex-petit-ami… Tout le monde dort ? Je jette un coup d’œil vers notre russe et recule mon menton avec minutie, admirant avec fascination les traits faciaux de ce coréen avec j'ai partageais plus d’une fois lits et draps. Ma gorge se serre et ma salive me manque, j’humecte de ma langue mes lèvres et me rapproche des siennes, comme hypnotisé par la beauté de la scène : Et si je l’embrasse, se réveillera-t-il de sa confusion, de ses sentiments perdus ?

Mais immédiatement fais une halte en face de ses magnifiques commissures et me recule, retirant ma ceinture en quatrième vitesse, le recouvrant bien du plaid, les joues rouge de honte et d’embarras. Je me faufile hors du siège, les oreilles sifflant et l'épiderme moite sous l'angoisse,fuyant aux toilettes pour m’enfermer dedans.

Yu Jin, qu’est-ce que tu viens de tenter ? J’arrose mon visage d’eau et fixe mes paumes trembler sous les émotions. Je… J’arrive même à me rappeler du goût de ses baisers… Ça ne peut plus continuer comme ça, un jour je vais finir par craquer.

Je retiens un rire lorsque j’imagine Nikita avec les cheveux au couleurs du drapeau brésilien. Non non, ça serait ridicule, il ne passerait plus inaperçu nulle part et vaut mieux éviter, quelquefois il a des idées... incroyable. Lâchant un soupire bien mérité, je lui dis simplement dans un chuchotement pour éviter de réveiller Yu Jin, dormant à mes côtés.

« Oublie cette idée, les ongles c’est plus que suffisant ! Je t’achèterais un t-shirt si tu veux. »  Non mais sérieusement, je vous jure... C’est du Nikita tout craché. Je lui souffle gentiment sur son vernis qui sèche assez rapidement, mais pour le coup j’ai juste envie de me reposer un peu, il devra se débrouiller pour l’autre main. Une fois obtenu « l’approbation » de mon camarade, je lui offre un sourire et gardant la main de mon ex collé à la mienne, je ferme mes yeux, n’ayant pas énormément dormi la nuit dernière je m’assoupis rapidement.

J’ignore les minutes ou les heures pendant lesquelles je suis resté endormie, mais le sommeil de plus en plus léger je ressens ce qui se passe autour de moi, ouvrant un œil lentement, je remarque que Yu Jin s’est réveillé, mais encore trop peu habitué à les garder ouvert, je le referme et reste ainsi somnolent. Je peux sentir le Coréen se rapprocher, j’entends les battements de son cœur dans ce silence dont l’avion est gratifié et surtout je sens son souffle sur mes lèvres. Mon Cœur bat à son tour, j’essaie de le calmer pour qu’il ne comprenne pas que je suis conscient, mais c’est difficile dans ces moments-là... Yu Jin, qu’est-ce que tu fais ? Et moi... Qu’est-ce que je fous ? Au fond de moi je n’attends que ça, qu’il m’embrasse comme autrefois, qu’il s’empare à nouveau de mon cœur et de mon corps comme il en avait l’habitude. Je suis totalement perdu dans cet ouragan de sentiments contradictoires, ma conscience est partagée en deux, mais moi... Laquelle dois-je suivre ?

Je l’aime, ô Dieu sait à quel point. Alors qu’est-ce qui me retient a ce stade ? Lorsqu'il s’éloigne de moi, mes yeux s’ouvrent, abaissant le plaid qu’il a posé sur moi, tournant la tête dans sa direction... Emporté par le sentiment de vide et d’incompréhension, je ne met que quelques secondes à me décider de le suivre, détachant ma ceinture à mon tour, je remarque du mouvement dans la direction de Nikita, mais là... Tout de suite ce n’était pas ce qui occupé mes pensées.

Toquant à la porte des toilettes où Yu Jin se trouve, je n’attends aucune réponse pour entrer et lui faire face. Je ne sais pas vraiment ce que je suis censé dire ou faire, mais je me tiens devant lui et je le fixe du regard. Mon corps semble lourd, je perds mes mots, j’en ai assez de cette situation, mais ce que je voulais dire s’entête à rester muet. Je finis par souffler et simplement lui demander.

« Yu Jin... Qu’est-ce que ça veut dire?... »  Son regard me déstabilise un peu, bon sang je suis vraiment un idiot. « Qu’est-ce qu’il se passe ? »  Demandais-je simplement, tandis que je me rapproche de lui.

« Si tu en avais envie, tu aurais dû m’embrasser.»  Avec cette phrase je devais paraître égoïste et déplacé... Mes mots sont peut être mal choisis, mais sincèrement même si je suis un enfoiré, je suis simplement déboussolé, j’ai l’impression de ne plus savoir qui je suis parfois ni ce que je veux vraiment et c’est surement le pire.

Je veux savoir ce qu'il se passe dans la tête de mon manager, je veux comprendre.

Bien que mes camarades de sièges fassent du bruit, je n’en dormais que mieux, rassuré par leur présence et leur vivacité.  Il m’en faut peu direz-vous, mais le silence maintenant me rappelle les années calmes que j’ai dans mon enfance eu la joie de goûter… Et la douleur qui survient quand tout cela s’arrête, quand le brouhaha prend place et qu’on vous force dans un monde que vous ne désirez pas. Le changement m’effraie, l’inconnu me fait peur et pourtant, toute ma vie n’a été que des montagnes russes de modifications et virages à plus de quatre vingt dix degrés. Tout le long de mon existence, ce fût eau profonde, sécheresse, abîmes et pénurie. Alors, c’est un peu de réconfort de retrouver des rires que je connais, d’entendre des voix qui m’aspirent confiance et me réchauffent le cœur. C’est pour ça que dormir est si facile auprès de Sehen, c’est pour ça que même les exclamations de Nikita ne me touchent plus : C’est tout ce qu’il me faut pour me dire que je suis bel et bien à ma place. Être manager n’est pas du tout une chose que je regrette comme certains peuvent le penser, non, petit à petit, les raisons pour lesquelles j’avais commencé ce métier ont complètement changées. Et ceux, même avant que j’arrive au Japon.

La musique, retrouver mon ex-petit-ami : Tout cela passe après toutes ses relations aussi diverses  et variées que j’ai pu me faire. Moi qui passais pour l’éternelle racaille sans ami, je suis devenu un marginal entouré d’affection et de tendresse. Même s’ils ont tous leurs propres façons de le montrer… Je ne doute pas qu’ils tiennent à moi autant que je tiens à eux et c’est pour ça qu’endosser ce rôle me plaît. Je peux rendre la pareille et même rendre heureux quelqu’un d’autre. J’ai honte de dire cela, cependant, je dois bien avouer que j’ai pas mal d’amour à revendre…

Euhm. Passons outre ma nostalgie.

Qu’est-ce que j’ai essayé de faire bon sang ?! Ma naïveté passée et mon impulsivité me perdront et embrasser Sehen par amour m’est strictement interdit : Voir même sans amour c’est interdit ! Je veux dire, l’embrasser se résumerait à ne pas respecter son souhait de… De… Euh. Prendre son temps et me torturer avec ses beaux yeux et son beau visage.  Avec ses paroles mielleuses et son comportement de merde. De l’amour à revendre que je disais pff, tu parles, je suis qu’un pauvre frustré sexuel. Je grogne et tapote mes joues encore une fois, m’exaspérant sur mes limites que je vois bien trop approcher, sursautant presque en voyant la porte s’ouvrir d’un coup.

« Qu’est-ce que ? »

Il n’y a plus que les battements de mon cœur et mon vis-à-vis fixé sur lui, fronçant mes sourcils par habitude et défense, mes muscles se raidissant à son approche. Jusqu’à ce que je le plaque contre le mur le plus proche, mes poings serrant son col et mes lèvres si proches des siennes, à peine séparer par quelques centimètres que lorsque je parle, mon regard noir ne peut que s’attendrir et devenir attrister en sentant son souffle chaud et la douceur exquise de ses chaires :

« Tu meurs tant d’envie que je te saute dessus Sehen ? » Je chuchote avec agression malgré l’anxiété faisant paniquer mon sang dans mes veines.

« Je suis si pathétique qu’il faut que tu viennes quasiment me chercher quand j’essaye de te fuir pour ne pas flancher ?! » Je grince et crisse, mes mots brûlants contre sa lippe tandis que ma langue menace de sortir goûter la sienne.

Mes ongles se plantent le tissu de son haut et je siffle entre mes dents :

« Arrête de jouer avec mes sentiments, bon sang ! » Je me recule et le jette contre la porte, haineux et rempli de rage, la main levée prêt à le frapper, tout mon bras tremblant sous la force de ma retenue, une douleur me prenant à l’épaule. J’abandonne…

« Tu m’aimes et j’en suis ravi. Mais tu sais très bien ce que je veux alors ne me demande pas plus quand tu n’es pas foutu de me rendre autant. » Peut-être qu’au final, j’en demande trop ?

Je deviens désespéré. Parce que je suis à bout et parfois, j’ai juste envie de m’écrouler et ne plus me relever, que tu vois combien j’ai mal d’attendre, de devoir rêver de quelque chose qui ne viendra peut-être pas parce que tu m’as clairement dit que tu ne pouvais pas. J’allais rétorquer, m’excuser une énième fois pour toutes mes erreurs, tenter de me repentir à nouveau cependant on tape à la porte, des frissons parcourant mon échine me rappelant à l’ordre. Un soupire, je fais bref :

« Pardon pour…  M’être énervé... » Je ne suis qu’un monstre. Incapable d’exprimer ses émotions par des mots.

Droit comme un pique, je calme la fureur sur mon visage et fausse l’indifférence en ouvrant, ignorant le corps chaud qui se trouve au final serré contre moi, ma main naturellement se collant contre la sienne, sans aucune rancune, sans aucune peur… Tout ce que j’ai dit, tout ce dont je me suis plaint, ce n’est rien comparé à l’amour que je peux ressentir :

« Oh. Nikita ? Qu’est-ce qui se passe ? C’est toi que j’ai entendu crier ? Désolé, je ne me sentais pas bien et Sehen est venu voir ce qui se passait. Petite crise de panique je suppose… T’inquiète pas ? »

Petit à petit, je reprends ma respiration et me retourne vers mon amant une seconde, pupilles fondues dans les siennes. Je pince ma bouche nerveusement et souris :

« Désolé de t’avoir dérangé comme ça. Et merci d’être venu jeté un coup d’oeil. Prends ton temps. » Je sors et ferme la porte derrière moi, ne sachant comment gérer la situation autrement… Autrement que de mettre de la distance…

« Pourquoi tu t’es mis à hurlé mon ptit ? Il t’arrive quelque chose ? Et… C’est quoi ces ongles… »

Je juge ses doigts à l’aide d’une grimace (ce russe est beaucoup trop new wave pour moi), et retourne m’assoir, laissant au final de la place à côté de moi… De la distance mais pas trop. Je veux dire. Ce n’est pas comme si je le haïssais ? Et si lui ne veut pas venir… Ben… Tant pis.

Moi = 0. Sehen = 2.

« Tu as reçu un message sur… Euh… Fa-Fa-Cebook ? »

Moi = 0. La modernité = 1.

Heureusement que je ne suis pas mauvais perdant.

Je n’avais pas hésité une seconde à le suivre dans ses toilettes ni à entrer à l’intérieur d’ailleurs. Je voulais lui parler, obtenir des réponses, j’aimerais simplement que ça m’aide à savoir où j’en suis, ce que je veux et ce qu’il veut. J’ignore si je fais le bon choix, mais ça fait des mois que justement je ne sais pas lequel c’est ! Je vis chaque jour sans vraiment savoir quoi penser ni comment agir devant mes sentiments qui s’emportent, s’évapore pour finalement disparaitre et faire demi-tour. Je suis fatigué. Et je peux lire la surprise sur son visage lorsque j’entre, il ne devait clairement pas s’attendre à ce que je sois réveillé et sans vraiment m’y attendre à mon tour c’est contre le mur que je me retrouve plaqué, son poing me tenant le col et son regard ancré dans le mien. Je peux sentir son souffre, nos lèvres sont si proches que mon cœur s’affole devant l’envie de supprimer cette infime séparation qui nous unit.

Sa question n’arrange pas mon état, au contraire. Que suis-je censé répondre ? Est-ce que c’est ce que je veux ? Bien sur, je l’aime qu’est-ce que ne je voudrais d'autres que lui appartenir ? Qu’est-ce que ne je voudrais d'autres que le lui dire ? Mais je le regarde, le sent si proche et mes mots restent muet. Mes poings serrés me maudissant d’être si indécis, j’aimerais me frapper pour que mes idées, mes doutes disparaissent, que plus rien ne m’empêche d’enfin rejoindre ses lèvres que je désire. Je ne veux pas le blesser et pourtant c’est ce que je n’arrête pas de faire. Mon égoïsme nous détruit autant moi que lui, je serre les dents et ferme les yeux lorsque je suis projeté contre la porte attendant de recevoir ce coup que je mérite. Mais ses mouvements s’arrêtent et mes paupières s’ouvrent de nouveau pour l’observer un regard empli de culpabilisation mais aussi... d’amour. Je ne peux pas lui en vouloir, il n’a rien fait et l’idiot c’est moi.

Qu’il comprenne... Je veux lui rendre, je veux lui crier que je l’aime, la peur me paralyse et je vais à contre-courant de mes propres sentiments. Je suis fatigué de résister et pourtant c’est ce que je continue sans cesse de faire.

Je t’aime, je t’aime tellement Yu Jin. Ces mots... sont bloqués dans ma gorge, je voudrais les lui dire tous les jours, chaque minute qui passe, mais seule la frustration de ne pas y arriver subsiste. Son soupire, ses excuses, j’ai peur qu’un jour il abandonne, peur que mon obstination l’éloigne de moi.

J’entends Nikita, mais leurs paroles me sont silencieuses, les mots qu’ils échangent ne m’atteignent pas, je suis perdu dans mes pensées et lorsque j’en sors Yu Jin est sur le point de s’en aller. Ma bouche s’ouvre pour l’arrêter, mais trop tard... un profond soupire s’échappe tandis que je m’adosse à la porte.

« C’est moi qui suis désolé... »  Murmurais-je une fois seul en me cognant ma tête contre le mur. Ne souhaitant pas rendre tout ceci encore plus suspect, je reviens auprès d’eux sans réellement savoir ce que je vais faire, ce que je vais dire. Mais Nikita prend les devants en me poussant aux côtés de Yu Jin, je le regarde sans un mot avant de me retrouver avec une vidéo entre les mains. J’aime beaucoup l’ost et je lui souris en levant le pouce pour lui faire comprendre.

Je suis fier de lui, de le voir aussi excité et j’aime définitivement sa voix, ça a toujours été le cas.
Pour ce qui concerne le brun a mes côtés je ne veux pas que cette histoire gâche nos vacances, je veux en parler sérieusement avec mon ex petit ami quand on se retrouvera tous les deux, je dois prendre des décisions, mettre les choses aux clairs et mes idées... mes sentiments les lui avouer sans tournant. Ce sont les mots que Yu Jin me dit qui me poussent toujours à me remettre en question.

Je l’aime, je ne veux pas le perdre, à moi de faire tout ce qu’il faut pour ça.